Mouvement sociaux en Irlande. La taxe de trop

irlandeLa population irlandaise est en révolte ouverte contre le gouvernement et les structures politiques actuelles et appelle à un changement radical.

Un sondage national réalisé par le Sunday Independent et Millward Brown révèle qu’aux prochaines élections, le Fianna Fail (centre) et le Fine Gael (centre-droit) qui se partagent le pouvoir depuis l’indépendance en 1919, pourraient devoir former une coalition avec le Sinn Fein (social-démocrate), qui pour la première fois, dépasserait le Fine Gael pour devenir le premier parti du pays, lors des prochaines élections.

Les résultats de ce sondage sont parus ce weekend en pleine crise politique, alors que l’Irlande est secouée par deux scandales : la nouvelle facturation de l’utilisation de l’eau domestique et le viol de Mairia Cahill.

Irish Water dans la tempête

Comme nous l’évoquions hier (voir ici), samedi dernier, 120.000 personnes selon RTE sont descendues dans les rues en Irlande pour protester contre la taxe sur l’eau, dans environ une centaine de manifestations à travers le pays. Cette mobilisation est sans précédent. Comme certains analystes le pensent, il pourrait s’agir de la taxe de trop !

La rupture semble consommée entre le gouvernement et la population irlandaise sur ce sujet : le gouvernement désapprouve les manifestations ‘anti-water charges’ et confirme sa volonté de ne pas céder, mais de ‘clarifier’. En conséquence, le parti dominant au gouvernement, le Fine Gael perdrait 45 sièges aux prochaines élections législatives (en mars 2016) selon le sondage. La popularité du Taoiseach (prononcez ‘Tea-Shock’, le chef du gouvernement), Enda Kenny (également chef du parti Fine Gael) a également baissé avec 2/3 des sondés insatisfaits de son action.

Seulement 2 sondés sur 5 déclarent qu’ils paieront leur facture d’eau. Mais également plus de la moitié est outrée par la demande de l’Irish Water (la société semi-publique en charge de la mise en place de la réforme et de la gestion du service) de devoir renseigner la compagnie sur leur PPS number (Personal Public Service Number ou numéro personnel pour le service public). Il y a en effet des doutes, même au sein du gouvernement, sur la légalité de cette démarche, et sur les dangers qu’une telle collecte par une entreprise semi-privée pourrait représenter. Beaucoup d’Irlandais ont du mal à faire confiance à cette société, qui enchainent les bourdes de communication et dont la légitimité d’action est de plus en plus remise en question. Ils craignent également qu’elle soit entièrement privatisée dans le futur.

Le Sinn Fein légèrement avantagé

La deuxième grande affaire qui met à mal la relation entre le peuple irlandais et sa classe dirigeante est l’affaire Maria Cahill.

Mais malgré ce scandale qui éclabousse le Sinn Fein, le principal parti de l’opposition, clairement contre la réforme sur l’eau, celui-ci a gagné 4 points dans les sondages : il pourrait devenir le parti dominant après les élections. Mais les sondés réagissent au scandale Maria Cahill en punissant le leader du Sinn Fein, Gerry Adams, qui est de plus en plus désapprouvé. Certains indicateurs du sondage révèlent que même si le Sinn Fein sort vainqueur de cette séquence politique, les citoyens irlandais semblent perdent patience envers leur partis traditionnels, La moitié de l’électorat demandant la formation d’un nouveau parti politique.

De manière plus générale, seulement 29% des sondés déclarent avoir confiance envers le système politique actuel. Et seulement 8% disent ressentir les effets bénéfiques de la fin de l’austérité budgétaire tant vantée par le gouvernement. (Voir ici)

 

(www.lepetitjournal.com/dublin) mardi 4 novembre)

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La déflation dans la zone euro devient une menace de plus en plus réelle

Source Eurostat

L’inflation s’est établie à 0,4?% en octobre 2014. Elle était de 0,7?% en octobre 2013 et de 2,5?% en octobre 2012. Jusqu’ici les réponses au risque de baisse généralisée des prix sont très timides et risquent de ne pas suffire.

L’inflation dans la zone euro aurait-elle touché son point bas?? Aucun économiste n’ose en faire le pari. Après être descendus jusqu’à 0,3?% en septembre, les prix à la consommation ont enregistré une très légère remontée à 0,4?% en octobre, selon la première estimation d’Eurostat. Mais ce répit semble davantage lié au ralentissement de la baisse des prix de l’énergie qu’au rebond de l’activité. Hors énergie, l’inflation a d’ailleurs continué à se contracter à 0,7?% après 0,8?% en septembre, son niveau le plus bas depuis que cet indicateur existe. En Allemagne la hausse des prix a été très faible (0,7?%) le mois dernier et en Espagne les prix ont reculé de 0,2?%, pour le quatrième mois de suite. La déflation n’est plus un spectre lointain mais un risque réel qui menace les économies de la zone euro. Les prix sont désormais proches de zéro et la promesse de la BCE de maintenir les prix «?à un niveau proche de 2?% à moyen terme?» n’est plus qu’un lointain souvenir.

Certes, pour l’instant, «?nous n’y sommes pas et nous ne prévoyons pas de déflation, c’est-à-dire une baisse du niveau général des prix l’an prochain?», assure Christophe Blot, directeur adjoint des prévisions à l’OFCE. Pour au moins une bonne raison?: la baisse de l’euro vis-à-vis du dollar, qui devrait freiner le phénomène de baisse des prix. En effet, une monnaie faible génère de l’inflation importée. L’inflation pourrait donc ainsi reculer un peu moins vite même si, dans le même temps, l’énergie est moins chère. «?Mais au-delà, tous les ingrédients sont réunis pour que l’économie s’installe dans une spirale déflationniste?: peu ou pas de croissance, un chômage élevé, et une exacerbation des politiques de compétitivité.?» Jacques Cailloux, économiste Europe chez Nomura, surveille de près l’évolution des salaires. Ils sont pour lui l’indicateur le plus pertinent pour mesurer les risques de déflation. Le chômage élevé – il atteint 11,5?% dans la zone euro et sévit particulièrement en Grèce (26,4?%), en Espagne (24?% et au Portugal (13,6?%) – favorise la dénonciation des conventions collective et la pression à la baisse sur les salaires à l’embauche. En Allemagne, le seul pays où les salaires augmentent encore significativement, «?on note depuis la fin de l’été un ralentissement des hausses dans les accords négociés?», s’inquiète Jacques Cailloux.

«? La déflation, mieux vaut la prévenir que la guérir car, une fois ancrée dans la psychologie des agents économiques, c’est très difficile d’en sortir, comme le montre le précédent japonais?», avertit Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques au Crédit Agricole. Mais alors qu’ils sont au bord de cette trappe déflationniste, les gouvernements sont comme paralysés. La Banque centrale européenne est aussi embarrassée qu’elle est divisée sur la réponse à apporter à cette nouvelle menace. Son président, Mario Draghi, a alerté les Etats cet été que la Banque centrale ne pourrait à elle seule relancer la demande et que les Etats membres devaient y contribuer, y compris sur le plan budgétaire. Mais jusqu’ici, les réactions sont timides. «?Les politiques budgétaires restent relativement contraignantes, même si elles ne sont plus aussi restrictives que ces dernières années, ajoute l’économiste de Nomura. Les outils ne sont clairement pas adaptés à la situation. Ni la BCE ni les gouvernements de la zone euro ne prennent assez d’assurance pour enrayer le risque déflationniste?». Et de rappeler que la Réserve fédérale américaine a acquis par sa politique non conventionnelle d’achats de titres un montant équivalent à 23?% du PIB. A comparer à 2?% pour la BCE… A ce rythme, et même si elle ne sombre pas dans une franche déflation, la zone euro se condamne, selon Isabelle Job-Bazille, à «?une décennie de croissance faible et d’inflation basse?».

Catherine Chatignoux

Source : Les Echos 02/11/2014
Rubrique Actualité Internationale, Actualité France, rubrique Economie, rubrique UE, rubrique Politique, Politique économique,

Cinemed. Les courts témoignent de leur époque.

1101 PAGE13 104B P1 culture cinemed« Drag me » de Nikos Kellis 2014, 5,46mn. Photo dr.

Festival. La sélection de quarante courts métrages et d’une dizaine de films documentaires séduit le public très assidu du Cinemed.

Salle comble à l’Utopia pour le programme des six court métrages grecs. Jeudi, plusieurs dizaines de spectateurs n’ont pu assister à la soirée faute de places. Ils pourront se rattraper aujourd’hui : la programmation est rediffusée à midi salle Einstein.

Cet engouement pour les courts et moyens métrages ne se dément pas au Cinemed qui présente cette année une sélection de quarante films en provenance de tout le bassin méditerranéen sur les six cents reçus.

La sélection s’opère sur la qualité des images, celle du scénario et sur l’intention qui anime les réalisateurs. Pour beaucoup des élus sélectionnés au festival, la programmation à Montpellier leur permettra de poursuivre leur travail avec un soutien à la production pour leur futur film, court, moyen voire long métrage.

L’engouement du public cinéphile de Montpellier pour le court et les films documentaires (un peu sous représentés cette année) répond à plusieurs paramètres, à commencer par celui d’être informé. Les médias français, sont, on le sait, très sélectifs, dans le traitement  de l’information internationale, cela tant au niveau des zones géographiques prises en compte, que des angles choisis pour aborder les sujets, souvent limités et ethnocentrés.

Un regard comme celui du réalisateur égyptien Ahmed Nour, qui présente le documentaire très abouti Vagues dont le sujet questionne le quotidien de la population de Suez dans la société post-Moubarak, apporte une contribution historique et contemporaine à la compréhension, avec un sens affirmé de l’esthétique. La diversité des sujets, des lieux, et des formes figure parmi les  critères du public montpelliérain.

La manière dont le film d’animation de Nikos Kellis, Drag me, plonge dans la jungle urbaine et celle dont on suit l’engrenage dans l’extrémisme du jeune ouvrier Giorgos dans le court métrage Red Hulk d’Asimina Proedou offrent deux restitutions talentueuses de la violence sociale.

Si le court métrage donne de l’intensité aux émotions, il est aussi un lieu d’expérimentation et de découvertes. Par son exigence cinématographique et son ouverture, le festival Cinemed a au fil du temps permis d’aiguiser le regard du public et d’attiser sa soif de culture.  Il en redemande. Pourvu que ça dure !

 Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise L’Hérault du Jour 01/11/2014

Voir aussi : Rubrique Cinéma, rubrique Montpellier, rubrique Festival rubrique Méditerranée, Grèce, Egypte,

Cinemed. Standing aside watching. Un retour aux sources d’Antigone

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Antigone révèle les tensions et le pouvoir corrompus qui paralysent. Photo dr

« C’est mon premier film. Je n’ai pas réalisé de court-métrage auparavant », confie Yorgos Servetas. Ce jeune trentenaire athénien signe Standing aside watching, un film qu’il plante au coeur de la province voisine de Thèbes pour évoquer la déliquescence actuelle de la société grecque. « On voit mieux ce qui se passe que dans une métropole. Les choses apparaissent de manière plus lisible. En province il y a moins de distance entre la population et l’autorité.»

Référence subtile à la tragédie grecque classique, le film met en scène une Antigone du XXIème siècle qui quitte la capitale pour retrouver les sources de sa ville natale. Petit village de bord de mer où elle pense endiguer ses problèmes économiques et renouer quelque peu avec le sens des choses. Elle arrive dans une ville fantôme, à commencer par la gare où un vieil homme assis qui pourrait tenir le rôle du coryphée, lui prédit une tempête à venir. Dehors les bâtiments sont couverts de graffitis et la forêt a brûlé.

Antigone trouve un job d’institutrice, retrouve ses amis Eleni, et Dimitri, et répond aux avances  du beau et jeune Nikos qui travaille à la casse. Mais la tension est perceptible et sa personnalité de feu va vite se révéler incompatible avec le monde rural qui s’est assombri depuis son départ.

Le village heureux d’autrefois a laissé place à la violence et à l’intolérance. Comme dans la pièce de Sophocle, elle s’oppose au tenant du pouvoir incarné par Nondas, le patron de la casse, un repris de justice qui exerce sa domination sordide sur la population avec la complicité du responsable de la police.

Le réalisateur use du parallèle entre la nature à l’abandon et la désespérance des habitants résignés qui permet à Nondas d’exercer le pouvoir paralysant sur leur vie. « Seuls les Pakistanais arrivent, d’ici on ne peut que partir », lâchera l’homme de la gare au départ d’Antigone. « Pour moi, il incarne l’ancienne bourgeoisie du berceau de laquelle naît le fascisme », signale Yorgos Servetas qui met à jour le thème de la rébellion morale et offre une vision renouvelée de l’austérité contemporaine.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour La Marseillaise 31/10/2014

Voir aussi : Rubrique Cinéma, rubrique Montpellier, rubrique Méditerranée, Grèce,

 

Garcia Berlanga maître de la comédie noire

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Hommage. Drôle et savoureux Luis Garcia Berlanga.

Dans le cadre de l’hommage qui lui est rendu cette année, on redécouvre avec plaisir l’oeuvre de Garcia Berlanga. Disparu en 2010, le réalisateur espagnol est à l’origine de ce que l’on a « baptisé » la comédie noire.

Son premier film Bienvenue M. Marshall voit le jour en 1952. Le récit narre l’histoire  des illusions puis des désillusions d’un petit village d’Espagne à propos de l’aide américaine tant attendue après-guerre. Avec un sens de la narration très humain, Berlanga manie le sens de la dérision comme un orfèvre.

Pour échapper à la censure franquiste le réalisateur a développé un style aux effets incisifs. Le traitement comique force volontiers le trait mais n’omet jamais le point de vue politique comme la collaboration contre nature entre Franco et les Américains durant la guerre froide. Sa plaidoirie contre la peine de mort dans le Bourreau et la dénonciation des petites lâchetés humaines, lui vaudront dix ans d’interdiction de tournage.

Une oeuvre drôle et toujours d’actualité.

JMDH

Placideau, vendredi 31 octobre à 19h Opéra Berlioz. Le bourreau, sam 1er nov à 14h, Opéra Berlioz.

Source L’Hérault du Jour 30/10/2014

Voir aussi : Rubrique Cinéma, rubrique Montpellier,