RDC: heurts à Kinshasa entre la police et des manifestants de l’opposition

A Limete, à Kinshasa, des milliers de personnes se sont réunies autour de l'échangeur et la place Lumumba, RDC, ce lundi 19 septembre 2016. © RFI/Sonia Rolley

A Limete, à Kinshasa, des milliers de personnes se sont réunies autour de l’échangeur et la place Lumumba, RDC, ce lundi 19 septembre 2016. © RFI/Sonia Rolley

En RDC, des affrontements ont éclaté ce lundi 19 septembre à Kinshasa avant une manifestation pour réclamer le départ du président Joseph Kabila à la fin de son mandat, que les autorités ont finalement décidé d’interdire. Le dernier bilan donné par le ministère de l’Intérieur fait état de 17 morts, dont 3 policiers, et 14 civils blessés par balles.

Officiellement, la manifestation devait commencer à 13h. Mais dès le début de la matinée, des heurts ont éclaté entre manifestants de l’opposition et forces de l’ordre. « La police voulait nous empêcher de nous regrouper », affirment des militants joints par téléphone.

A Limete, par exemple, où siège le premier parti d’opposition UDPS, la tension est montée très vite avec jets de pierre d’un côté, et gaz lacrymogènes de l’autre. Quelques dizaines jusqu’à plusieurs centaines de jeunes avançaient aux cris de « Kabila dégage ! » ou « Kabila doit partir », jusqu’à ce que tout dégénère. Arrivés au point de départ du cortège, avenue Triomphal, des tirs à balles réelles ont éclaté.

Les autorités, de leur côté, dénoncent des pillages ciblés et des bâtiments du parti au pouvoir incendiés ainsi que trois policiers lynchés. Des actes qui les auraient obligés à intervenir, disperser et interdire la manifestation.

Selon un bilan du ministère de l’Intérieur, ces heurts ont fait 17 morts, dont trois policiers, et 14 blessés par balle parmi les civils.

Une marche « parfaitement pacifique » pour l’opposition

Parmi les personnes blessées, se trouve Martin Fayulu, membre de la dynamique de l’opposition. Joint par RFI, il affirme avoir été touché à la tête par un projectile envoyé par des éléments des gardes républicaines alors qu’il se trouvait dans un dispensaire du centre-ville.

Selon lui, la marche était parfaitement pacifique quand, arrivée sur le boulevard qui mène au Parlement, les forces de l’ordre ont commencé à réprimer la manifestation violemment. « Il y avait un monde énorme et une fois sur le boulevard Triomphal, la garde républicaine est entrée en jeu et a commencé à nous lancer des grenades lacrymogènes et même des balles réelles. Des amis qui sont avec moi ici ont été touchés par des balles réelles, rapporte Martin Fayulu. On ne comprend absolument pas pourquoi ils se sont comportés comme ça. Nous étions sur le terrain comme ça a été convenu. Une marche pacifique et on nous empêche de réaliser notre action convenue avec les autorités locales ».

« Schéma de guerre civile » pour le pouvoir

Du côté de la majorité, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, explique que la manifestation n’était pas pacifique. C’est la raison pour laquelle les autorités ont finalement décidé de l’interdire. « Ce qui se passe à Kinshasa, c’est qu’on vient de se rendre compte que ce n’était pas une manifestation que l’opposition avait préparée, contrairement à ce qu’ils avaient dit aux autorités municipales. C’était vraiment un schéma de guerre civile qu’ils voulaient répandre dans la grande agglomération, avec des destructions, des actes de vandalisme, des meurtres de policiers, affirme Lambert Mende. Nous avons pris comme décision d’annuler cette manifestation, parce qu’elle visait simplement à perturber l’ordre public et à détruire le maigre tissu économique de ce pays qui n’a que trop souffert ».

Lambert Mende ne confirme pas les tirs à balles réelles sur les manifestants ni les blessés et les morts du côté des protestataires, mais indique que de deux agents de police ont été tués à Limete devant le siège du PPRD par des manifestants « Les auteurs ont été arrêtés. On recherche maintenant ceux qu’ils dénoncent comme les ayant manipulés pour perpétrer ce crime », fait savoir le porte-parole du gouvernement.

Le ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, parle lui d’un mouvement insurrectionnel avec pour objectif la prise du pouvoir par la force.

Inquiétude des ONG

Des manifestations similaires avaient été interdites à Lubumbashi ou à Kisangani notamment. Dans ces deux localités, il n’y a donc pas eu de rassemblement et la police et l’armée sont se déployées aux points stratégiques. En revanche à Goma, dans le Nord-Kivu, la manifestation a été autorisée.

Ces tensions inquiètent vivement les ONG. Human Rights Watch appelait les autorités congolaises à respecter la liberté d’expression. Pour l’ONG de défense des droits de l’homme, le pays est « au bord du précipice ». Même préoccupation pour la Fédération internationale des droits de l’homme qui appelle les autorités à la retenue, à garantir les libertés d’expression et de manifestation.

C’est dans ce contexte qu’on attendait ce lundi la plénière du dialogue national consacré à la question du calendrier des élections. Une plénière qui devait être retransmise à la télévision, mais la facilitation vient d’annoncer son report à demain. Sur cette question, la France appelle à accélérer la préparation transparente de la présidentielle. « Il est nécessaire que le report soit aussi court que possible », dit un communiqué du quai d’Orsay.

Source RFI 19/09/2016

REP-DEM-CONGO_drapeau-[Converti]_0Chronologie Voir aussi : Actualité International, Rubrique AfriqueEn Afrique, le retour des présidents à vie, rubrique RDC, Joseph Kabila, Mobutu light ?, rubrique Congo Brazaville,

Matières premières : comment les traders suisses écoulent du carburant toxique en Afrique

Plateforme pétrolière en Angola. Photo Martin AFP

Plateforme pétrolière en Angola. Photo Martin AFP

Dans l’enquête intitulée « Diesel sale », l’ONG Public Eye (ex-Déclaration de Berne) dévoile les pratiques peu scrupuleuses de traders pétroliers suisses en Afrique. Quatre enquêteurs ont travaillé durant trois ans pour percer les mystères toxiques de l’essence et du diesel distribués sur le continent africain par les géants suisses du négoce de matières premières.

Les résultats de cette enquête publiée jeudi 15 septembre sont sans appel : les carburants écoulés en Afrique ont une teneur en soufre entre 200 et 1 000 fois plus élevée qu’en Europe, mettant gravement en péril la santé de populations exposées aux particules fines et à d’autres substances chimiques cancérigènes.

  • Des produits toxiques ajoutés aux carburants pour augmenter les profits

Pour augmenter leurs profits, les traders effectuent des mélanges avec des produits toxiques et particulièrement nocifs pour l’environnement et pour la santé. Des opérations souvent risquées qui s’effectuent à quai, notamment à Rotterdam, Amsterdam et Anvers, ou en pleine mer à quelques miles des côtes de Gibraltar ou des ports d’Afrique de l’Ouest.

Les traders ont un nom pour qualifier ces produits pétroliers : « qualité africaine ». Ce carburant toxique est écoulé en Afrique de l’Ouest où les négociants en matières premières profitent de réglementations qui permettent encore l’importation de diesel et d’essence contenant un taux de soufre très élevé. Ils en ont fait un marché parallèle et opaque.

  • Dans les stations essence de Trafigura, Vitol ou Oryx

Public Eye a effectué des prélèvements dans des stations essence de huit pays africains (Angola, Bénin, Congo-Brazzaville, Ghana, Côte d’ivoire, Mali, Sénégal et Zambie) détenues ou alimentées par ces maîtres du négoce pétrolier, comme Trafigura, Vitol ou Oryx. Plus de deux tiers des échantillons contiennent un taux de soufre supérieur à 1 500 parties par million (ppm). Avec une pointe à 3 780 ppm au Mali. La limite est de 10 ppm en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine, à compter de 2017.

Les grandes villes africaines pâtissent déjà d’une qualité de l’air déplorable et d’une urbanisation préoccupante. D’ici 2050, la population urbaine devrait tripler sur le continent. Et le nombre de véhicules devrait considérablement augmenter. Les grands acteurs suisses de ce marché du « diesel sale » disent respecter les normes en vigueur. Et ils insistent sur les efforts fournis par l’Association des raffineurs africains (ARA), une organisation basée… à Genève et dont ils sont membres, pour améliorer la qualité des carburants qu’ils importent, mélangent, revendent et distribuent sur le continent.

Lire l’intégralité du papier :   Les géants du négoce pétrolier écoulent depuis des années un carburant toxique en Afrique

Source Le Monde 15/09/2016

Voir aussi : Actualité Internationale,  Rubrique Afrique, rubrique Economie, rubrique Ecologie, rubrique  Politique, Affaires, Politique économique,

Agenda Ciné : On peut « Voir du Pays ».

"VOIR DU PAYS" Un long métrage de Delphine et Muriel Coulin

 Le film de Delphine et Muriel Coulin sort aujourd’hui.
Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression…
La thérapie militaire a plus ou moins de succès selon les individus mais elle a de pratique qu’elle procure un scénario pour accueillir l’expérience de la guerre.
Le « Voir » du titre est bien ironique, indiquent les réalisatrices : non seulement Aurore n’a rien vu du pays où elle est allée, mais elle ne « voit » pas davantage l’essentiel avec les multiples sources d’images qu’on lui propose…« 
Le croisement d’images provenant de simulateur, jeux vidéo, et images d’actualité, dessine la version officielle sensée tenir à distance les souvenirs douloureux et les remplacer par des images plus propres.
« Il y a une certaine violence à faire croire à des jeunes qui s’engagent qu’ils vont avoir une vie pleine d’aventure, une situation enviable, et qu’ils vont voir du pays, sans que la guerre ne leur fasse aucun mal. »
Chypre tient à la fois de lieu d’action et de sas de décompression. Les plans dans l’ hôtel cinq étoiles offrent de saisissants contrastes où s’entrechoquent des phases d’une même réalité comme celle du choix d’être femme et soldat, ou celle du contact entre la section revenant du front et les touristes dans une relation troublante, intrigante et inflammable.
« Il y a un lien entre ces guerres que nous avons menées et notre situation actuelle, que nous ne voulons pas voir. » rappellent les réalisatrices.
Le zoom arrière de Delphine et Muriel Coulin est évocateur. Comme si quelque chose d’inquiétant passait près de vous et la caméra se mettait en marche. Une deux, une…
Le Vent se lève : 7/09/2016
A Montpellier Cinémas Diagonal
Voir aussi : Actualité France, Rubrique Cinéma,

Ventes d’armes pour la Syrie et le Yémen : la filière des Balkans

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En recoupant contrats officiels, photos d’avions, de cargos ou d’hommes armés sur les front syrien ou yéménite, un collectif de journalistes met pour la première fois au jour un circuit de vente d’armes entre les pays des Balkans et du Moyen-Orient.

Très peu d’informations ont filtré jusqu’ici sur les quantités colossales d’armes qui parviennent depuis cinq ans aux différents groupes combattants en Syrie et au Yémen. L’enquête menée par un groupe de journalistes d’investigation des Balkans (1) lève une partie du voile sur la provenance et la trajectoire de ce matériel destiné aux champs de bataille du Moyen-Orient. Le marché, évalué à 1,2 milliard d’euros, implique huit pays vendeurs d’Europe centrale et orientale (Bulgarie, Croatie, République tchèque, Roumanie et Slovaquie, membres de l’Union européenne, mais aussi Serbie, Bosnie et Monténégro) et quatre acheteurs l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats arabes unis et la Turquie. Des partenaires qui avaient très peu de relations commerciales avant le conflit syrien. Or, depuis 2012, des avions gros-porteurs chargés d’armes légères – fusils-mitrailleurs, lance-roquettes et munitions – décollent régulièrement des aéroports de Zagreb, Sofia ou Bratislava pour se poser à Djedda, Abou Dhabi ou Amman. Les livraisons ont considérablement augmenté en 2015 et comprennent du matériel plus lourd, y compris des chars de fabrication russe, acheminé par bateau.

Embargo contourné

«Ce commerce est certainement illégal, selon les experts des armements comme des droits de l’homme», souligne le rapport des journalistes produit dans le cadre d’un projet «pour une meilleure gouvernance». Ils ont traqué des documents et des photos sur les vols, les contrats, les rapports de l’ONU et de sources gouvernementales. Les licences d’exportation accordées contournent l’embargo décrété par l’UE sur les ventes d’armes aux belligérants en Syrie. Or des photos et des vidéos du terrain en Syrie, postées sur les réseaux sociaux montrent certaines de ces armes aux mains de brigades de l’Armée syrienne libre, soutenues par certains pays occidentaux et arabes, mais aussi de certains groupes salafistes.

Transactions pays par pays

 

Belgrade Airport | BIRN

Belgrade Airport | BIRN

Ces contrats ont rapporté des centaines de millions d’euros aux pays concernés et fait tourner leurs usines de production de munitions à plein régime. L’enquête publie les chiffres détaillés des transactions pays par pays. Ainsi, la Croatie et la République tchèque figurent en tête des vendeurs et 4 700 tonnes de matériel ont été livrés par la Bulgarie et la Roumanie à l’Arabie Saoudite. Le royaume sunnite, acheteur de près de 80% des armes des Balkans est aussi le principal bailleur de fonds des rebelles syriens. Il est en outre engagé dans une guerre au Yémen où des groupes de combattants sunnites porteurs d’armes d’origine balkanique ont été repérés sur des photos.

Les informations inédites de l’enquête des reporters des Balkans ont le mérite de révéler l’existence de l’une des filières d’armes vers les conflits sanglants de Syrie ou d’ailleurs dans la région. Les journalistes reconnaissent qu’il doit y en avoir bien d’autres et s’étonnent par exemple que le Qatar, connu pour être l’un des principaux fournisseurs des groupes armés syriens islamistes, n’apparaisse pas dans le commerce qu’ils ont mis au jour.

Hala Kodmani

(1) The Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) and the Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP)

Source : Libération 28/07/2016

Voir aussi : Rubrique Politique Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes, rubrique Affaires, La France et l’Italie, premiers fournisseurs européens d’armes à KadhafiKarachi le dossier avance, Renault et la “fabrication de chars pour la Wehrmacht, rubrique Economie, Rubrique UE, rubrique Moyen Orient, Israël, Drones : les secrets de la success-story israélienne,

Voix Vives : 100 poètes dans la ville

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Sète. La poésie est une fête globale et lucide sur la réalité du monde.

Poésie, chemin de paix

« Quand la société est en crise le poète ne peut que prendre note dans sa poésie de la crise traversée », constate le poète libanais et président d’honneur du festival Salah Stétié. « Il arrive dans certains cas très rares qu’un souhait bien exprimé par un poète puisse se retrouver mobilisateur », ajoute-il encore.

A l’instar de ce vers du poète Abou Kacem Al Chebbi « Lorsque le peuple un jour veut la vie / Force est au destin de répondre / Aux ténèbres de se dissiper » devenu un élément de l’hymne national tunisien. Mais combien de poètes empêchés, emprisonnés, exilés pour leur amour de la liberté… Le festival Voix Vives qui bat son plein à Sète jusqu’au 30 juillet offre l’immense plaisir et privilège de les rencontrer dans les rues et d’éprouver le souffle de leur poésie et de leurs réflexions.

imagesAshur Etwebi est né à Tripoli, c’est un poète renommé en Libye qui a contribué à faire renaître une culture libre après la chute du président Kadhafi. Il a du quitter son pays en 2015  pour émigrer en Norvège. « Il n’est pas aisé de vivre cet exil… » Si le système intellectuel d’un Clausewitz a fait beaucoup de petits en s’évertuant à penser et à comprendre la nature et l’essence de la guerre, celui des poètes de la Méditerranée qui la subissent, cherchent les chemins de la paix.

« Il n’y a aucun courage dans la guerre. La guerre prend votre air, votre inspiration, la guerre prend votre ombre, la guerre prend ton âme, affirme Ashur Etwebi. Pendant 42 ans nous avons été sous le joug d’un dictateur fou. On attendait juste qu’une fenêtre s’ouvre à nous pour un lendemain. Lorsque le Printemps arabe a éclaté, nous avons vraiment cru que le paradis était juste à un bras de nous. Mais on s’est confronté quelques mois après à la réalité. Ce que nous pensions être un paradis n’était autre qu’un vrai enfer. Après avoir liquidé un gouverneur fou, on s’est retrouvé face à des milliers de fous sanguinaires qui ont mis le feu au pays. »

L’art des poètes est de nous toucher par leur sincérité. A Sète, les artistes témoignent parfois aussi de leur expériences politiques et sociétales apportant d’autres regards.

« La première année après la chute de Kadhafi, la société civile s’est développée. Pendant que nous essayons de la consolider, les islamistes extrémistes, travaillaient en toute intelligence à mettre la main sur le gouvernement. Le résultat du match fut la perte de la société  civile et la réussite des groupes extrémistes islamistes. Ce qui est  à noter, c’est que des pays étrangers, qui  pratiquent la démocratie en paroles et en apparence, ont appuyé et armé ces groupes terroristes extrémistes. C’est pour cela que les Libyens connaissent aujourd’hui une grosse déception. C’est un désastre dans les âmes, dans l’économie et dans tous les domaines de la vie finalement. »

Que font les poètes dans ce contexte ?  « Ils ont  à leur disposition leur inspiration, parfois un organe de presse mais si cet organe déplaît à telle ou telle faction, ou au gouvernement, on a vite fait de l’étrangler et le poète se retrouve muet et souvent jeté dans les caves et les prison du régime jusqu’à ce que mort s’en suive, indique Salah Stétié, C’est arrivé en Europe. Il ne faut pas croire que l’Europe est descendue du ciel avec l’idéal démocratique. Les poètes peuvent ramener un peu de paix, demain un peu plus de paix, et peut être un jour la Paix..

JMDH

Source La Marseillaise 28/07/2016

 

L'ouverture du festival Sètes quartiers hauts

L’ouverture du festival Sètes quartiers hauts dr

 

Poésie
Le festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée a débuté hier dans l’île singulière un marathon poétique de neuf jours qui éprouve les sens. L’entraînement n’est pas requis, il suffit de tendre l’oreille, sentir, voir… pour éprouver les embruns de toutes les rives.

La saison Voix Vives a débuté. Au bord de la grande bleue, c’est le moment où la ville de Sète s’ouvre à la mer comme un livre ivre.  Celui où les lettres s’émancipent pour tracer tous les sens imaginables de la liberté. Profitant de la léthargie temporaire des cahiers scolaires, les milliers de mots se rebiffent pour célébrer le culte de la poésie vivante. Cent poètes traversent les rives tels des prophètes, pour investir la ville de Sète où ils vont se croiser durant neuf jours dans pas moins de six cent cinquante rendez-vous  !  Les poèmes sont livrés par leur auteur en langue originale, puis traduit par des comédiens. Ils résonnent parfois aux rythmes des  musiciens, du balancement des hamacs, ou du frémissement des feuilles, ou encore de la houle des vagues pendant les lectures en mer…

Quarante pays représentés

Parmi les poètes invités on pourra notamment croiser dans les rues cette année Jacques Ancet (France), Horia Badescu (Roumanie), Mohammed Bennis (Maroc), Jean-Pierre Bobillot (France), Denise Boucher (Francophonie/Québec), Philippe Delaveau (France), Haydar Ergülen (Turquie), Déwé Gorodé (Francophonie/Nelle-Calédonie), Vénus Khouy-Ghata (Liban/France), Paulo Jose Miranda (Portugal), María Antonia Ortega (Espagne), Anthony Phelps (Francophonie/Haïti), Liana Sakelliou (Grèce), Yvan Tetelbom (Algérie) sans oublier son président d’honneur, Salah Stétié (Liban) empêché l’an passé pour des raisons de santé.

Cette liste pourrait se prolonger. Elle révèle l’ouverture du festival sur un monde que les visions éthnocentriques ignorent bien dangereusement. Quarante pays sont représentés  à Voix Vives cette années. On y accède gratuitement,  de l’aube à la nuit par le plus sûr des moyens, la poésie comme regards portés sur le monde et comme chemin vers l’humain.

 JMDH

Concerts du festival au Théâtre de la Mer avec Pierre Perret, Tiken Jah Fakoly et Misa Criolla. Réservation : 04 99 04 72 51

Source : La Marseillaise samedi 23 juillet 2016

Voir aussi : Rubrique Festival, Voix vives 2015, site officiel, Sans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique MéditerranéeLybie, Liban, Tunisie, rubrique Livre, Poésie, rubrique /Méditerranée,