Les maux de Fadwa, poétesse révoltée

Fadwa Suleimane à Sète : « Nous sommes les fantômes de ceux qui étaient là-bas. » Photo JMDH

Fadwa Suleimane à Sète : « Nous sommes les fantômes de ceux qui étaient là-bas. » Photo JMDH

Poésie à Sète
La Syrienne Fadwa Suleimane enflamme le public de Voix Vives qui fête son 20e anniversaire.

Fadwa Suleimane n’aura eu de cesse de maintenir inlassablement son cœur ouvert et de tirer les conséquences, des plus banales aux plus irrecevables, du drame vécu par le peuple syrien. Un drame dont les répercussions annoncent un changement civilisationnel pour l’humanité dans son ensemble. L’obscurité éblouissante, le dernier recueil de Fadwa Suleimane, fait écho au réveil nécessaire et attendu de tous les peuples face à une barbarie dont Bashar el-Assad et Daesh ne sont que les symptômes.

Née à Alep, Fadwa Suleimane grandit dans une petite ville en bordure de la Méditerranée. Elle perd son père très jeune. C’est sa mère, une femme de la terre, qui assume son éducation.  « A treize ans, j’ai refusé d’entrer dans les jeunesses du parti Baas. Cela ne se faisait pas. Cette décision choquait les gens. Moi qui me résignais déjà tous les jours à porter l’uniforme qu’il fallait mettre pour aller à l’école, je ne voulais rien savoir. J’ai tenu bon. Je me souviens que ma mère avait peur mais elle a fini par me laisser faire. »

Inlassablement curieuse, Fadwa ne se satisfait pas aisément des réponses quelconques ou toutes faites qu’on lui donne. Elle cherche a répondre à son propre questionnement. « Je me suis toujours insurgée contre la pauvreté, l’injustice, le vide dans nos vies. Je n’étais pas heureuse. J’ai rêvé toute ma vie qu’on pouvait faire quelque chose. A 17 ans, je me suis demandée qu’elle révolution je voulais. Même la Révolution rouge a tué des millions de gens. J’appelais de mes vœux une révolution qui aboutisse à une évolution, une Révolution blanche. »

Fadwa Suleimane est une visionnaire. Ses intuitions premières, qui passent sans cesse du je au nous, adviendront sous la forme d’un sombre destin. Femme d’action, qui s’engage et que l’on condamne à mort, femme sensible qui trouvera la poésie à la fois comme voie de transmission et comme ultime refuge. Fadwa rejoint Damas pour suivre des études d’Art dramatique. Elle joue dans plusieurs pièces de théâtre dont Une maison de poupée d’Ibsen au théâtre Qabbani à Damas et dans de nombreuses séries télévisées.

 

Miroir d’autres miroirs

«  Le milieu culturel ne se distinguait guère du système, tout y était dirigé par les services de sécurité. Au début des années 90, J’ai porté la langue du refus. Je voulais changer les modes d’action, convaincue que nous pouvions améliorer les choses à travers notre pratique théâtrale. J’ai découvert en travaillant que les artistes vendaient leur liberté critique au régime. C’est pourquoi je crois qu’ayant participé à la destruction, les intellectuels doivent aujourd’hui construire. »

En 2005, cinq ans après l’intronisation de el-Assad, le parti Baas décrète la fin de l’étatisme au profit de l’économie sociale de marché. « Le régime a détruit le peuple. Les grands groupes ont vu le jour tous aux mains de proches du pouvoir. Les écarts entre l’élite et la population, qui ne trouvait plus les moyens de vivre, se creusaient. C’est ainsi que la conscience du peuple syrien a mûri. »

Les effets des événements en Tunisie et en Egypte s’ajoutant, en 2011, le peuple descend dans la rue pour faire une révolution pacifique. « J’ai participé à ce soulèvement que j’attendais depuis longtemps. Nous avons commencé dans la joie en chantant et en dansant. Tout s’ouvrait, c’était formidable. Nous ne payions plus nos factures. Il y a eu un mouvement de solidarité immense. Les gens s’invitaient, se nourrissaient gratuitement. J’ai la chance d’avoir vécu ça. »

Tous responsables de tout

Réprimé brutalement par le régime dans tout le pays, le mouvement de contestation se transforme, malgré lui, en une rébellion armée. « Ce dont j’avais peur est arrivé. Parce qu’on ne voulait pas qu’on remplace Bachar par un autre dictateur ou par un religieux. Ce que demandait le peuple syrien c’est un Etat libre et laïque, en ce sens, nous menacions le capitalisme. »

Fadwa Suleimane prend part à la coalition des quartiers de Damas où elle organise plusieurs manifestations. Elle poursuit son combat humaniste en dénonçant le conflit communautaire attisé par le régime dans la ville assiégée de Homs. Elle devient le porte-voix de la contestation et parvient à faire tomber le veto pour permettre l’arrivée des ressources alimentaires. Alouite, elle rejette toute appartenance communautaire autre qu’au peuple syrien.

« Cette sauvagerie qui est apparue en Syrie ne tient pas  à Bachar ou à Daesh. Ce sont les cinq pays qui ont gagné la 2e guerre mondiale qui se partagent le monde aujourd’hui. Ils ont arrêté la révolution. Ils prétendent amener la démocratie mais aujourd’hui les masques tombent. Ils tentent d’effacer notre mémoire. On doit faire ensemble parce que nous sommes tous concernés. On doit partager cette responsabilité parce que nous sommes tous responsables de tout. »

En mars 2012, les armes sont arrivées de toute part. « Le conflit religieux était instrumentalisé, on entrait dans la guerre. J’ai compris que c’était fini. J’ai obtenu l’asile politique en France et j’ai commencé à écrire, de la poésie. »

Jean-Marie Dinh

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Dans l’obscurité éblouissante

mon visage est un charbon en fleurs

dans la blessure de la mémoire

et ma mémoire

est faite des villes qui meurent

effacées

par le déversement du temps dans un autre temps

 

 

Dans l’obscurité éblouissante

ma main droite est un pont formé des têtes de mes amis

et ma main gauche de forêts de bras coupés

qui continuent à réclamer la paix

 

dans l’obscurité éblouissante

Mon dernier souffle comme la chute de l’argent sur les villes

de cendres endormies brûlant

de Rome à la Palestine

d’Hitler à Daech

 

« La poésie peut faire comprendre. Ma place dans le déversement du temps dans un autre temps ? Je me sens perdue et parfois non, je suis dans les deux temps pour faire un trou entre ces deux temps. Parce que nous sommes ces deux temps. Cette situation m’assassine... »

« La poésie peut faire comprendre. Ma place dans le déversement du temps dans un autre temps ?
Je me sens perdue et parfois non, je suis dans les deux temps pour faire un trou entre ces deux temps. Parce que nous sommes ces deux temps. Cette situation m’assassine… »

 

Source : La Marseillaise 28/07/2017

Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique MéditerranéeLybie, Liban, Tunisie, rubrique Livre, PoésieSans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique /Méditerranée, rubrique Moyen Orient, Syrie, rubrique Rencontre, Hala Mohammad, rubrique Histoire, rubrique Livre, Littérature Arabe,

Un WE à Avignon nombril du Théâtre

De quelle manière se bat-on pour avancer dans  un monde anormal  ?

De quelle manière se bat-on pour avancer dans un monde anormal ?

Chronique
Une ville à l’heure du choix. Un million de visiteurs sont attendus au Festival d’Avignon  qui propose plus de 1500 spectacles.

Il y a foule à Avignon où l’on attend un million de visiteurs, touristes culturels, parisiens (environ 25% du public), professionnels et amateurs éclairés… jusqu’au 26 juillet. Ce qui vous laisse moins d’une chance sur dix de parler à un avignonnais lorsque vous cherchez votre chemin. C’est bien-sûr le Off qui saute aux yeux, pavé de 1 480 spectacles proposés en trois semaines, contre une quarantaine pour le In – dont 29 coproductions – qui revendique 110 000 places payantes. Autrement dit, il est indispensable et pourtant impossible de se forger un avis sur une édition du festival d’Avignon. On fait des choix heureux ou malheureux…

Dans cette ville théâtre, un des élément frappant est la dimension du temps. Le temps que votre café refroidisse entre le moment où vous l’avez commandé et où il arrive, le temps de transport et de parking. Le temps passé dans les queues, où il faut bien dire, n’en déplaise à Olivier Py,  les parisiens ont acquis dans ce domaine une civilité disciplinaire qui dépasse de beaucoup le degré moyen de patience d’un méditerranéen.

A la différence du Off où le business horaire tourne à plein, les programmateurs du In laissent se déployer la durée nécessaire à l’expression théâtrale. C’est la tradition, et le public joue le jeu en restant concentré sur des spectacles dont la majorité dépassent trois heures. C’est rassurant,  mais cela surprend quand même, dans le monde numérique du spot publicitaire intrusif et du rasage gratis qui forge désormais notre quotidien.

Comme l’étau se resserre et qu’il faut bien faire  son métier : Parlons des spectacles. Ceux qu’on a vu dont on se serait passé, comme Memories of Sarajevo de Julie Bertin et Jade Herbulot. Les deux metteuses en scène et leurs acteurs, nous plongent dans la guerre en ex-Yougoslavie.

Livré comme élément d’une fresque historique qui ambitionne d’embrasser l’Europe, le sujet est bien creusé mais ce Sarajevo peu crédible, voire brouillon dans l’identification des appartenances fait naître une pièce bien plus pédagogique que théâtrale. Besogneux dans la restitution des faits et des gesticulations politiques, le spectacle plombé par vision chargée de pathos, ne décolle pas.

Le temps trop long, laisse place à un temps juste, proche de celui de Bergman, pour l’australien Simon Stone et son Ibsen Huis. La scénographie inventive, parfaitement appropriée, nous permet de suivre à travers les générations les mensonges qui vont miner la famille Kerkman. Leur maison de vacances est en verre. Elle tourne sur elle même et dans le temps. Chaque chapitre de la généalogie est une pièce.

Simon Stone puise dans la mythologie d’Ibsen, Solness le constructeur, Une maison de poupée, le Canard sauvage, Petit Eyolf, pour travailler ses personnages et recomposer une famille du XXIe siècle qui résonne à nos consciences. Une autopsie glaçante, économe et précise sur les ravages des non-dit pour tenter d’y voir clair.

JMDH

Source La Marseillaise 19/07/2017

Voir aussi : Rubrique Festival, Avigon 2017, L’Antigone fraternelle de Miyagi, Les Parisiens d’Olivier Py,rubrique Théâtre, Ibsen : Le dramaturge des invisibles sauts de l’âme,

Voix Vives 650 rendez-vous poétiques à ciel ouvert

La poésie, chemin de paix à Sète au coeur de l’été méditerranéen. Photo dr

La poésie, chemin de paix à Sète au coeur de l’été méditerranéen. Photo dr

Festival
Voix Vives, le grand rendez-vous de la poésie méditerranéenne contemporaine fête sa 20e édition du 21 au 29 juillet

Depuis 8 ans la Ville de Sète ouvre la cité à la poésie de l’aube à la nuit. Ce banquet poétique de neuf jours  débute ce soir*. Il fédère poètes, musiciens, comédiens et habitants, et séduit un public averti  ou amateur,  autour d’une expérience unique.

Vivre librement (l’accès est gratuit) au rythme de la poésie et aux contacts des poètes en dehors des temples de la culture  ouvre un accès indéniable à cet art réputé (à tord) difficile.

« C’est sous un ciel de combat que s’ouvre cette édition, pour que la poésie existe, indique la directrice du festival Maïthé Vallès-Bled, un ciel qui accueille à Sète une centaine de poètes en provenance de toute les méditerranées. Beaucoup des pays représentés sont en guerre. Cette présence forte des poètes permet d’ouvrir un espace à l’identité de l’autre. Cela se produit entre les poètes mais aussi au-delà, car  cette force souterraine qui nous meut vers la compréhension de l’autre, nous permet de mieux nous comprendre nous-même. C’est un chemin de paix qui s’ouvre

Voix Vives offre aussi aux éditeurs et professionnels du secteur les conditions d’un échange fécond sur la place aux livres au coeur du festival. Ces rencontres entre poètes et éditeurs aboutissent chaque année à de nombreuses traductions et recueils qui n’auraient pas vu jour sans le festival.

Impossible ici de rendre compte des 80 rendez-vous quotidien qui cadencent ce flux poétique sous la lumière tranquille de la méditerranée. Le plus indiqué est encore de se rendre à Sète, et de se laisser porter par l’excédent d’énergie qui embrase la ville sans négliger de vivre les instants qui s’offrent.

JMDH

 * A 21h30 dans le jardin du Château d’eau avec le spectacle Poésicales 2017, entrée libre.

Source La Marseillaise 21/07/2017

Voir aussi : Rubrique Festival, Voix Vives 2016, 100 poètes dans la ville, Voix vives 2016 Les yeux brillants d’un monde vrai !Voix vives 2015, site officiel, Sans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique MéditerranéeLybie, Liban, Tunisie, rubrique Livre, Poésie, rubrique /Méditerranée, rubrique Moyen Orient, Syrie, rubrique Rencontre,

Paris admirable machine à détruire les âmes

Photo Christophe Reynaud De Cage

« Les Parisiens  »mis en scène par O. Py d’après son roman éponyme. Photo Christophe Reynaud De Cage

Avignon IN
Olivier Py adapte son roman à La Fabrica une cruelle et drôle de fresque initiatique à la vie parisienne

Paris est une fête. Né en 1965, un an après la publication du livre autobiographique d’Hemingway, Olivier Py pourrait avoir imaginé un envers à ce récit avec son roman, Les Parisiens (Actes Sud juin 2016) qu’il adapte à la scène. Un regard d’auteur provincial revendiqué qui témoigne des moeurs et coutumes en proposant une vue d’ensemble de cette vaste mosaïque qu’il a bien connue en tant qu’artiste et notable culturel dans la capitale. Les 4h30 de la pièce s’enchaînent avec des jeux de résonance où s’entremêlent les destins drôles et contrastés des personnages qui nous procurent une désolante sensation d’abandon.

Au milieu de façades haussmanniennes en noir et blanc, l’intrigue principale s’articule autour de la nomination d’un nouveau directeur à l’opéra au moment où le ministre de la Culture prépare ses cartons pour quitter la rue de Valois. Les prétendants aux nominations se déchirent en échafaudant des conspirations sur la base d’un jeu dont les cartes maîtresses leurs échappent.

On suit parallèlement, la carrière ascensionnelle d’Aurélien, jeune auteur et metteur en scène aux dents longues. Côté pile, Aurélien s’emploie à faire profiter de sa jeunesse à un éminent chef d’orchestre et à séduire une faiseuse de carrière. Côté face, il s’adonne à ses vraies amours. Lucas, enfant mal aimé, poète inaccompli qui cherche avec humilité et désespoir une raison de croire et de vivre. Et puis, Iris, Serena, Kamel, Gloria, Ulrika…, reines transgenres et faunes de la nuit, qui prennent d’assaut Pôle Emploi pour faire valoir la déclaration universelle des droits de la pute.

Un portrait de l ‘intérieur

« Dans ma (folle) jeunesse, j’étais double. En moi il y avait un contemplatif assoiffé de prière et un hédoniste qui dévorait le monde. Aurélien et Lucas sont ces deux parts de moi qui dialoguent encore. Le troisième personnage, c’est Paris. Je voulais faire un portrait de l’intérieur et convoquer toutes les figures du carnaval que j’ai admirées ou détestées

Le directeur du Festival d’Avignon cultive cette tension singulière typiquement parisienne entre le monde de la culture et les personnages de la République, sans délaisser la dualité qui anime son oeuvre entre mysticisme chrétien et folie dionysiaque.

L’amertume qu’a connue l’ex-directeur du Théâtre de l’Odéon, remercié sans ménagement par Sarkozy pour nommer Luc Bondy à sa place, se transforme chez le croyant Olivier Py en amour du théâtre qui permet d’échapper aux questions inutiles.

Toujours très lyrique, Py ne se départit pas d’un certain sens de l’autocritique théâtrale superbement campé par Mireille Herbstmeyer en roue libre dans le personnage sans ambage de Catherine : « Tu te prends pour Rimbaud mais tu ne renonces pas à Sacha Guitry...»

Un florilège théâtral, sur le sol en damier noir et blanc imaginé par le scénographe Pierre-André Weitz, activé par les mains invisibles de quelques huiles et grands argentiers du tout Paris, les pions bougent, cèdent, se sautent, disparaissent, apparaissent… dans une « party » sans fin. «Chacun pour soi et du champagne pour tous ! »

Jean-Marie Dinh

Aujourd’hui à 15h à La Fabrica. http://www.festival-avignon.com

Source La Marseillaise 15/07/2017

Voir aussi : Rubrique Festival, Avigon 2017, L’Antigone fraternelle de Miyagi, rubrique Théâtre,

 

 

Printemps des Comédiens : Un bilan d’ouverture

 

Jean Varela : ne lui parlez pas de taux de remplissage.  Photo dr

Jean Varela : ne lui parlez pas de taux de remplissage. Photo dr

Festival Montpellier
La réussite économique et artistique de la 31ème édition permet de pousser la réflexion pour aller toujours plus loin.

Chaque festival est singulier, chaque festival a son histoire.  Celle du Printemps des Comédiens créée par Daniel Bedos et le Département de l’Hérault est montée en puissance en s’ouvrant sur le monde et en portant une attention particulière au grand public.

L’arrivée de Jean Varela en 2011 marque une transition. « Le premier enjeu a été de  conserver un public large constitué de 40 000 personnes en déplaçant la programmation », explique l’actuel directeur.  Les premiers chiffres de cette 31ème édition confirment que ce défi a été relevé avec une stabilisation du public autour de 40 000 spectateurs et un taux de remplissage avoisinant les 90%.

« Cette approche à travers le taux de remplissage est une forme d’évaluation réductrice et parfois redoutable, s’insurge Jean Varela. Les recettes pour obtenir des résultats stratosphériques sont connues. Ce qui m’intéresse avec le festival aujourd’hui c’est la possibilité de proposer des spectacles en série. Lorsque vous proposez dix représentations d’Ariane Mnouchkine vous permettez à 600 personnes de venir dix fois, ce ne sont pas les mêmes qui viennent et donc vous élargissez votre public. »

Le beau travail d’Eric Lacascade  qui renouvelle la pièce Les Bas-Fonds, écrite par Maxime Gorki au tout début du XXe siècle, a empli le grand amphithéâtre du Domaine d’O  trois soirs d’affilée, fait rarissime pour un théâtre de combat ! L’espièglerie virtuose d’Isabelle Huppert a réuni 1 200 personnes autour d’une lecture de Sade.

Un autre enjeu relevé par le  Printemps que confirme cette édition – qui comptait pas moins de 83 rendez-vous, dont des propositions circassiennes d’une grande qualité artistique, le Cirque Rasposo, Dromesko notamment – réside dans la capacité acquise par le Printemps des Comédiens à proposer des exclusivités nationales.

Ce fut le cas cette année avec le captivant Democracy in America de Romeo Castellucci, pièce co-produite par le festival et données trois fois, librement inspirée du livre de Tocqueville, ou encore de la très belle proposition de Marthaler Sentiments connus, visages mêlés, présentée dans une scénographie originale, poétique et sensible.

Au fil des années Varela, le festival s’éloigne de la consommation, et se taille une visibilité nationale et internationale. La bonne ambiance, la convivialité et l’implication de toute l’équipe qui font partie de l’ADN du Printemps n’y sont évidemment pas étrangères. Les perspectives et les nouveaux enjeux dont celui d’accueillir davantage de jeunes, s’opéreront après cette édition sur une base consolidée.

« L’endroit où se trouve aujourd’hui le Printemps peut aller vers l’accueil de spectacles attendus et inédits et davantage de productions, confirme Jean Varela. Le travail sur les publics et notamment les jeunes est un vrai chantier que nous devons  poursuivre à l’année. »

Après un mois d’euphorie le festival a éteint ses projecteurs mais les lumières scintillent encore dans le corps et l’esprit de ses spectateurs. Ce qui est plutôt de bon augure…

JMDH

Source La Marseillaise 7/07/2017

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