Grèce : la logique des créanciers, jusqu’au bout de l’absurde

La Grèce a remboursé la BCE, mais va toujours aussi mal. (Crédits : Reuters)

Voici un an, le remboursement de la dette grecque envers la BCE attirait tous les regards. Cette fois, c’est dans l’indifférence générale que l’Etat grec a remboursé ce 20 juillet 2016 à l’institution de Francfort 2,3 milliards d’euros les obligations rachetées par la BCE sur le marché en 2010-2011 et arrivant à maturité. Un peu moins du tiers des 7,5 milliards d’euros versés par le Mécanisme européen de stabilité (MES) à la fin juin a donc déjà quitté les caisses helléniques pour venir annuler cette créances dans le bilan de la BCE. Les prochains paiements de la Grèce à venir, outre le remboursement des prêts à court terme réalisés sur le marché, sont prévus l’an prochain. Athènes devra encore payer 1,7 milliard d’euros à la BCE et 3,2 milliards au MES.

Une absurdité au regard des priorités de la BCE

Ce paiement conduit inévitablement à s’interroger sur la rationalité de ces remboursements de dettes qui étaient concernées par le défaut de mars 2012 (le fameux plan « PSI »), mais qui ont été maintenus en raison de la qualité « publique » de leur détenteur. La BCE affirme en effet tenter de dynamiser la croissance de la zone euro et s’est donné pour objectif, dans ce cadre, de relancer l’inflation par des rachats massifs d’actifs et, donc, par l’augmentation de son bilan. La Grèce, toujours membre de la zone euro et qui, pour le rester a accepté de grands sacrifices, est en récession depuis trois trimestres et est le pays qui, sans doute a le plus besoin de cette politique. Or, la BCE, qui ne rachète toujours pas d’actifs grecs, exige le remboursement d’une dette qui va contribuer à réduire son bilan. Certes, ces 2,3 milliards d’euros sont une goutte d’eau dans l’océan des 3.248 milliards d’euros du bilan de la BCE. Mais n’est-ce pas précisément une raison pour utiliser autrement cet argent au profit de l’économie hellénique ? Impossible, puisque les « règles » l’interdisent…

De lourds sacrifices

Pour réaliser ce paiement stérile pour l’économie grecque et européenne, le gouvernement d’Alexis Tsipras aura donc dû accepter les sacrifices les plus élevés : un nouveau plan d’austérité de 5,5 milliards d’euros avec des augmentations d’impôts, de cotisations et de TVA, une douloureuse réforme des retraites et une abdication de sa souveraineté budgétaire par l’acceptation de mesures « automatiques » de baisse des dépenses pour atteindre ces objectifs. Une nouvelle ponction qui va encore peser lourd sur une économie dont le PIB trimestriel en volume a reculé de 1,5 % sur un an entre janvier et mars 2016 après trois trimestres consécutifs de baisse. Son niveau, toujours en volume, n’a jamais été si bas depuis le quatrième trimestre 2002, voici donc plus de treize ans. En regard du pic du troisième trimestre 2008, le PIB trimestriel affiche un recul de 30 %.

L’excédent primaire record : un échec financier…

Mais ce n’est pas là le seul élément étrange de la politique économique menée en Grèce. Le budget grec a affiché sur le premier semestre un brillant résultat, un excédent primaire, hors service de la dette, de 2,47 milliards d’euros, soit près de 3 % du PIB semestriel, alors que l’on attendait un seul milliard d’euros. Ce succès laisse cependant songeur. D’abord, parce qu’en raison du poids de la dette grecque, plus de 177 % du PIB à payer pendant plus de 40 ans, ce niveau n’est pas suffisant et contraint la Grèce à demander « l’aide » de ses partenaires européens.

…un échec économique…

Ensuite parce que le prix à payer pour parvenir à ce résultat a été amer : les dépenses publiques ont reculé de 3,35 milliards d’euros, ce qui est autant qui ne sera pas versé dans une économie en récession. De plus, ce recul s’explique principalement en raison du renoncement de l’Etat à appliquer son programme d’investissement public. Seul 1,3 milliard d’euros a ainsi été dépensé sur les 6,75 milliards d’euros prévus sur l’année. Or, cette absence d’investissement est non seulement pénalisante pour l’activité, il est un problème pour l’avenir dans un pays où le secteur privé, exsangue, n’investit plus. Pour réaliser ces belles performances, on hypothèque donc le présent et l’avenir. D’autant que, selon le troisième mémorandum signé en août 2015, un tiers de cet excédent devra automatiquement être consacré à la réduction de la dette et non à l’économie hellénique. En réalité, compte tenu des échéances et des objectifs, cette proportion sera sans doute supérieure.

…et un échec politique

Enfin, alors que la Grèce est décidément un des pays le plus vertueux d’Europe en matière budgétaire, si l’on exclut le poids de la dette, les créanciers de ce pays refusent toujours de lui faire confiance. Pour preuve, ce mécanisme d’ajustement mécanique prévu pour 2018 si le pays n’est pas dans les clous de l’objectif d’un excédent primaire de 3,5 % du PIB. Et, en visite à Athènes en début de semaine, le commissaire européen Pierre Moscovici a prévenu qu’il ne veut pas rouvrir le dossier sur la pertinence de cet objectif, que le gouvernement grec aimerait bien voir réduit. L’objectif des créanciers, malgré les performances budgétaires, reste donc le même : orienter l’économie grecque non pas vers la croissance, mais vers le remboursement des créanciers. Bref, ce succès budgétaire est en fait un échec financier, économique, social et politique.

Fin de la crise ?

Après l’accord avec les créanciers du mois de juin, le gouvernement grec avait proclamé la fin de la crise en Grèce. Plusieurs éléments peuvent en effet plaider pour un apaisement de la crise. La BCE a à nouveau accepté les titres d’Etat grecs comme collatéraux et une partie du contrôle des capitaux devrait être levée dans les prochains jours. La saison touristique s’annonce aussi bonne, compte tenu du risque pesant sur beaucoup de destinations concurrentes, notamment la Turquie. Ceci pourra compenser, en partie, l’effet négatif sur la confiance des agents économiques. Les indices de climat des affaires tendaient à montrer une certaine stabilisation. Mais l’état de l’économie hellénique demeure encore très préoccupant. Avec des salaires en recul de 24 % au dernier trimestre de 2015 sur six ans et un chômage en recul, mais demeurant à 23,3 % de la population active, la demande intérieure demeure naturellement faible et sera encore soumis aux conséquences de la baisse des dépenses publiques et à la hausse de la TVA.

Du côté des investissements, hautement nécessaire dans un pays qui a connu une telle récession, non seulement pour croître, mais aussi pour reconstituer un équipement productif, il reste très faible. Au premier trimestre, il était en baisse sur un an de 2,7 %. Résultat de ce sous-investissement : les exportations restent peu performantes sur les marchés internationaux, quoique meilleur marché et les importations demeurent élevées, car l’économie intérieure est incapable de répondre à ses propres besoins. Du coup, les déficits commercial et courant, persistent. L’économie est donc sans moteur et soumise en permanence à la politique budgétaire restrictive du gouvernement. Elle peut rebondir légèrement dans l’avenir, mais il est illusoire de penser qu’elle puisse repartir réellement et durablement. Quel investisseur étranger, réformes ou pas, viendrait investir dans un pays soumis à un tel régime budgétaire pour des décennies ?

Les « réformes » comme baguette magique

Plus que jamais, donc, la Grèce a besoin d’un vrai plan de reconstruction économique que pourraient porter les créanciers européens s’ils sortaient de leur logique actuelle : celle qui consiste à imposer de l’austérité contre-productive pour payer eux-mêmes, par l’intermédiaire du gouvernement grec les dettes de la BCE, du MES et du FMI dans un schéma de Ponzi inquiétant. Cet argent, prêté pour relancer l’économie grecque serait sans doute mieux investi. Ou du moins, pas plus mal. Mais la même logique reste à l’œuvre : ce seront les « réformes structurelles » qui devront relancer l’économie grecque. Peu importe que la Grèce, qui selon l’OCDE est le pays le plus « réformé » de l’organisation, n’ait pas vu les bénéfices de ses efforts après six ans. En réalité, derrière ce glorieux vocable de « réformes », les créanciers dissimulent une version purement comptable de la réalité et a un revers : la volonté d’imposer à la Grèce la priorité au remboursement de ses dettes sur son propre développement. Là encore, l’imposition du mécanisme automatique de baisse des dépenses est l’illustration parfaite de cette logique. Pour éviter d’avoir recours à ce mécanisme, le gouvernement grec devra de toutes façons poursuivre la baisse de ses dépenses. Toute richesse grecque sera donc ponctionnée tant qu’il faudra rembourser la dette.

Pour en finir avec ce « péonage » de la dette, une relance alliée à une restructuration de la dette est donc nécessaire. On en est loin. D’ici à la fin de l’année, on devrait avoir de la part des créanciers une promesse d’étalement des remboursements. Mais dans la situation actuelle, cette mesure ne sera pas réellement efficace : elle maintiendra un poids énorme sur le budget grec qui pénalisera la croissance. Il faut donc couper sans la dette ou pratiquer une restructuration sans objectif d’excédent primaire. Des solutions proposées par le FMI, mais toujours refusées par les créanciers européens.

Le gouvernement impuissant

Le gouvernement grec, lui, ne peut plus guère agir. L’épisode de ce printemps a montré les limites de son action et sa dépendance vis-à-vis des créanciers. Il a dû accepter le « storytelling » des créanciers, faisant de l’action du gouvernement Tsipras I le responsable des déboires actuels du pays, alors même que le gouvernement Samaras refusait aussi les conditions des créanciers et que les faits prouvent que l’analyse sur la nécessité d’une relance de l’économie et de la restructuration de la dette n’était pas si absurde qu’on a bien voulu le dire. Désormais, Alexis Tsipras doit adhérer au discours des créanciers et compter sur les « réformes ». Sa marge de manœuvre est quasi-nulle, comme l’a montré la rebuffade de Pierre Moscovici sur l’objectif d’excédent primaire pour 2018… La Grèce est donc condamnée à aller jusqu’au bout de la logique de ses créanciers. Et à en payer le prix élevé.

Romaric Godin

Source : La Tribune 20/07/2016

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Congrès PS : ce texte que les ministres auraient dû mieux lire avant de signer

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Le Joker Macron qui n’a pas sa carte au PS…
DÉCRYPTAGE

Tous les socialistes du gouvernement ont apposé leur nom sur la motion Cambadélis. A lire le détail, ils se sont engagés à beaucoup d’ici la fin du quinquennat…

C’est le titre du dernier paragraphe : «Les orientations de notre congrès devront avoir prise sur le cours du quinquennat.» On le trouve à la fin de la «motion A», ce texte d’orientation porté par le Premier secrétaire sortant du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour le 77e congrès du PS à Poitiers et… signé par tous les ministres socialistes du gouvernement. Le premier d’entre-eux compris. Et à quoi se sont-ils engagés en le signant ? Si personne ne trouvera à redire aux chapitres «écosocialisme», «égalité réelle», «accès à la culture» ou encore «santé partout et pour tous», d’autres points sont en contradiction avec les prises de positions récentes de certains ministres. De quoi rappeler, dans les deux ans à venir, aux locataires de Bercy et de la rue de Grenelle (voire de la Commission européenne puisque Pierre Moscovici a aussi signé) ce que les parlementaires PS seront censés porter. Car, sur ce point, le texte est clair : «Les parlementaires devront en faire une référence pour guider leur action. De même, les grands textes de loi devront donner systématiquement lieu à un débat avec vote en conseil national». Morceaux choisis.

Sur le pacte de responsabilité

Si cette motion garantit le cadre du pacte de responsabilité, elle émet un bémol. «Les engagements ne semblent pas, à ce stade et par toutes les branches professionnelles, respectés», est-il écrit. Conséquence: «Si cette situation est confirmée par l’évaluation nationale, nous estimons que les 15 milliards du pacte qui restent à utiliser devraient dorénavant l’être plus directement pour favoriser l’emploi, l’investissement privé productif et les investissements publics.» Suffisant pour réallouer les sommes destinées à baisser les «charges» des entreprises ? A voir… Et si un premier passage demandant des «contreparties» a été supprimé, les ministres de Bercy s’engagent ainsi à «mieux cibler les dispositifs d’intervention pour les entreprises qui en ont un réel besoin – et d’abord les PME et ETI industrielles, ainsi que les secteurs exposés à la concurrence internationale – et sur les leviers réellement utiles à la compétitivité comme la recherche, l’innovation, la formation.»

Sur la fiscalité

«Plus que jamais, la grande réforme fiscale que nous avons voulue doit être menée à bien.» Au temps de Jérôme Cahuzac, on nous avait pourtant expliqué que cette réforme fiscale était «faite». Pas totalement apparemment… Le texte ressuscite donc l’engagement de campagne du candidat Hollande. Et il ne reste plus que le budget 2016 (discuté au Parlement à l’automne 2015) pour le tenir : «Pour les ménages, nous souhaitons que le chantier de l’impôt citoyen soit engagé dès le projet de budget pour 2016 par un prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu et une réduction de la CSG sur les premières tranches de revenus, est-il écrit. Lisible pour le contribuable, cette première étape permettra de poser le socle du rapprochement entre l’impôt sur le revenu et la CSG.» On attend donc Christian Eckert et Michel Sapin – tous deux signataires – lorsqu’ils présenteront le prochain projet de loi de finances.

Sur le contrat de travail

Passons au ministre du Travail, François Rebsamen. En signant ce texte, finie l’idée du contrat unique ou de tout autre nouveau contrat : «Les règles qui le régissent, qu’il soit à durée déterminée ou indéterminée, doivent permettre une sécurité pour les salariés et combattre la précarité qui les frappe, est-il rappelé. Ainsi une réforme telle que le contrat unique ou l’extension des contrats de chantiers à d’autres secteurs que le bâtiment, et a fortiori à l’ensemble des secteurs, est pour nous exclue.» Ça ne peut pas être plus clair.

Sur le «repos dominical»

Ce dossier concerne Rebsamen mais aussi le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Lequel, certes, n’a pas sa carte au PS… Sa loi sur la «croissance et l’activité» doit revenir à l’Assemblée avant l’été ? Le texte – qui engage donc les députés – est limpide : «Nous sommes opposés à une nouvelle extension du travail du dimanche.». Exit en principe les 12 dimanches travaillés présents dans la loi ? En tout cas, cette motion reprend les arguments défendus par les opposants à cette extension, Martine Aubry en tête : «C’est d’abord un choix de société. La consommation ne peut être l’alpha et l’oméga de nos vies. Le dimanche doit d’abord être un moment du vivre ensemble. C’est une question de protection des salariés les plus fragiles pour lesquels la liberté de choix n’existe pas réellement, de protection des petits commerces qui restent souvent les dernières activités présentes dans les quartiers en difficulté et dans les zones rurales désertifiées.» A suivre dans l’hémicycle…

Sur la «réorientation» européenne

Enfin, pas sûr que cette motion soit allée jusqu’à Bruxelles… Car ce texte engage aussi le commissaire européen, Pierre Moscovici, chargé des Affaires économiques, monétaires et de la fiscalité… donc de faire respecter la réduction des déficits. Or, cette motion demande à ce que «les disciplines budgétaires» soient «assouplies» et qu’«une part des investissements d’avenir [soient] exclus du calcul des déficits». L’Union bancaire doit être parachevée, «notamment par la garantie européenne des dépôts des épargnants», demandent aussi ces socialistes. Quant au plan Juncker, Moscovici trouve donc aussi qu’il est sous-doté et souhaite que «sa capacité de prêt [soit] portée à 200 milliards d’investissements par an (contre 100 actuellement prévus)». Le texte plaide enfin aussi «pour une initiative forte en Europe en vue d’une directive ambitieuse de séparation des activités des banques d’investissement et des banques de dépôt». Ce que Moscovici, lorsqu’il était à Bercy, a enterré.

Lilian ALEMAGNA

Source Libération :14/04/2015

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique, Politique économique, rubrique UE,

Commission Juncker : la finance aux manettes

imagesPierre Moscovici aux Affaires économiques,un conservateur anglais aux Services financiers : la composition de la nouvelle Commission européenne est pain bénit pour les banques et l’industrie financière. Mais c’est un camouflet pour les peuples européens, qui continuent à payer le prix de la crise de 2008 et ne sont pas à l’abri d’une prochaine crise financière.

Pierre Moscovici a été nommé commissaire européen aux Affaires économiques ; il sera notamment en charge de faire respecter la « rigueur » budgétaire et de mettre en œuvre la taxe sur les transactions financières.

Cette nomination n’est pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui souhaitent que la finance soit enfin mise sous tutelle. A Bercy, Pierre Moscovici, autoproclamé « ministre des entreprises », n’a cessé de défendre les intérêts des banques. Il a notamment concocté une réforme bancaire dérisoire, bien en deçà des projets pourtant modestes de la Commission. Il s’est aussi employé à torpiller le projet européen de taxe sur les transactions financières. Il pourra achever le travail à Bruxelles si la société civile n’intervient pas.

Pierre Moscovici a été un des ministres symboles du reniement de François Hollande, qui appelait, alors candidat, à museler la finance et à stopper l’austérité en Europe. Le nouveau commissaire sera en charge d’appliquer voire d’imposer l’austérité sous la tutelle du très orthodoxe Vice-Président finlandais Jyrki Katainen.

Moscovici sera bien entouré, avec Jonathan Hill en charge des services financiers. Hill est le fondateur d’une entreprise de lobbying spécialisée dans la finance, Quiller Consultants, qui travaille notamment pour HSBC ou la City [1].

La proximité avec les milieux d’affaires semble être une condition d’appartenance à la Commission Juncker, lui-même ancien dirigeant d’un paradis fiscal notoire. Le nouveau commissaire en charge du climat et de l’énergie, Miguel Arias Canete, a ainsi des parts dans deux entreprises pétrolières – Petrolifera Ducor SL et Petrologis Canarias SL, toutes deux domiciliées dans un paradis fiscal – les îles Canaries. Le nouveau commissaire maltais en charge de l’environnement, de la mer et de la pêche est un homme d’affaires qui était, jusqu’à 2013, en responsabilité dans une multinationale du tourisme [2].

Enfin c’est Cecilia Malmström, ancienne ministre libérale en Suède, le pays le plus favorable au libre-échange parmi les 28 aux côtés de la Grande-Bretagne, qui sera en charge de faire passer l’accord UE-Canada récemment conclu et de négocier le projet d’accord transatlantique.

La composition de la commission Juncker annonce le renforcement des politiques néolibérales qui entraînent l’Europe dans le gouffre. Pour Attac France, il s’agit d’une véritable insulte pour les millions de citoyens européens qui souhaitent rompre avec le dogme de l’austérité et la domination de la finance, pour engager la transition écologique et sociale.

« L’égalité réelle » réveille le clivage droite/gauche au PS

Benoît Hamon se dit confiant sur l'adoption du texte sur l'"égalité réelle". Photo AFP.

Les critiques fusent au Parti socialiste, mardi 9 novembre, contre le projet « égalité réelle ». Plusieurs personnalités ont annoncé leur intention de s’abstenir ou de voter contre ce texte qui devait être présenté dans la soirée devant le conseil national du PS. Ces défections proviennent de l’aile droite du parti, alors que le texte, destiné à servir de socle au programme électoral du PS, a été préparé par Benoît Hamon, porte-parole du parti et leader de l’aile gauche. Les proches de François Hollande -qui compte se présenter aux primaires- ont annoncé au cours de l’après-midi qu’ils n’étaient « pas en mesure de voter ce texte en l’état ». Le projet « ne prévoit aucune hiérarchie dans l’ordre des priorités, ni calendrier dans sa mise en oeuvre, ce qui lui fait perdre cohérence et crédibilité », écrivent dans un communiqué les eurodéputés Kader Arif, Stéphane Le Foll, et les députés Bruno Le Roux, Michel Sapin et André Vallini. « Etant donné que les débats sur les priorités et les choix sont renvoyés à la convention sur le Projet puis aux primaires, nous nous abstiendrons lors du Conseil national », indiquent les signataires.

« Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle »

Le député Pierre Moscovici s’est montré plus virulent. « Pour que je le vote, il faudrait qu’il soit très sérieusement changé », a-t-il prévenu mardi sur Europe-1. « Je pense que le socialisme ne doit pas être un retour à une forme d’étatisme et donc on ne peut pas être en train d’empiler des allocations universelles ». « Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle », a-t-il lancé, tout en précisant que le texte comporte « beaucoup de bons éléments ».

Le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen a pour sa part jugé que le texte manquait de hiérarchie et de réalisme. « Il va falloir, pour être un parti de gouvernement, un parti crédible aux yeux des Français, hiérarchiser nos priorités, ce que le texte ne fait pas. Les propositions sont là, mais il faut les ordonner », a-t-il déclaré sur Europe-1. « Il manque le chiffrage, il manque la base essentielle », a pour sa part prévenu le député Manuel Valls, qui a prévenu qu’il ne votera pas « en l’état » le texte sur l' »égalité réelle ».

Des propositions anti-inégalité

Le texte de Benoît Hamon présente un éventail de propositions anti-inégalité dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation. Il a été passé au crible, pendant de nombreuses heures lundi soir, lors d’une commission des résolutions du parti.

Le texte sera-t-il finalement adopté mardi soir ? Benoît Hamon s’est dit « très confiant ». « Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon, ces gens se sont engagés », a déclaré le porte-parole du PS.

« On a fait 200 auditions, on a plongé dans la France qui souffre et en même temps qui espère pendant cinq mois », a-t-il fait valoir. Et d’ajouter que « ceux qui de toutes façons critiquent » sont « toujours un peu toujours les mêmes ». Benoît Hamon a souligné qu’il y avait eu un « gros débat sur l’éducation » et qu’une bonne cinquantaine d’amendements » avaient été intégrés.

BL  Nouvelobs.com 09/11/10

Un PS divisé adopte le texte sur les inégalités

Le Parlement du PS a en effet voté mardi, à une large majorité, ses propositions sur l' »égalité réelle », un des textes phares du parti dans la perspective de 2012 élaboré sous la houlette du porte-parole du PS, malgré des résistances de certains comme François Hollande, Manuel Valls ou Pierre Moscovici.

C’est par 59 votes pour et 12 abstentions que le document a été adopté en début de soirée. Ce texte de 45 pages présente un éventail de propositions contre les inégalités dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation.

« Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon: ces gens se sont engagés », a fait valoir Benoît Hamon.

A son arrivée au Conseil national à l’Assemblée nationale, Martine Aubry avait dénoncé les critiques. « Certains semblent un peu pressés, je préfèrerais qu’ils soient plus pressés à nous faire des propositions », a dit la patronne du PS, dénonçant les « postures » -sans les nommer- de candidats aux primaires.

A l’adresse de ceux-ci qui critiquent notamment l’absence de chiffrage, elle a lancé: « Bien évidemment, nous travaillons sur les marges de manoeuvre et c’est en mars, avril prochain que nous formerons nos priorités ». « C’est un texte de choix de société, pas de dépenses publiques », a affirmé Jean-Marc Germain, directeur de cabinet de Martine Aubry.

« Ce qui m’intéresse, c’est que 99% du PS a compris que les Français voulaient qu’on soit tourné vers eux, qu’on apporte des réponses nouvelles » et « innovantes », a ajouté Martine Aubry.

Un PS divisé sur ce volet du projet

Devant le Conseil national, elle a martelé que « l’égalité réelle, c’est la véritable crédiblité des socialistes aujourd’hui », en réponse aux critiques sur les propositions irréalistes. « Notre voie: forcément à gauche car c’est cela qui portera notre crédibilité ».

Après les autres volets du projet présidentiel pour 2012 (économie, rénovation et international), cette quatrième et dernière Convention a recueilli un nombre conséquent d’abstentions, mettant à mal l’unité tant affichée du parti. « On rentre dans les primaires », commentait-on, pour expliquer cette tension. Mais « 12 abstentions pour Hollande et Moscovici, c’est pas beaucoup! », persiflait un dirigeant.

L’ex-Premier secrétaire François Hollande et ses amis ont décidé l’abstention, estimant que le texte ne prévoyait « aucune hiérarchie » de priorités, « ni calendrier ».

Autre leader critique, le strauss-kahnien Pierre Moscovici a annoncé qu’il s’abstiendrait également. « L’unanimisme sans concertation n’est pas possible », a jugé l’ancien ministre déplorant une « forme d’opacité des lieux d’élaboration ». « Le PS n’a pas à avoir peur des débats, de sa diversité », confiait-il.

Pour Manuel Valls, candidat déclaré aux primaires, « il manque le chiffrage », « la base essentielle », « nous ne pouvons pas tout promettre ».

Et le fabiusien Guillaume Bachelay d’ironiser: « Je veux rassurer nos camarades qui s’alarment d’une gauche qui promettrait tout: le premier danger serait une gauche qui ne changerait rien ».

Après le Conseil national, les militants voteront le 2 décembre. Le texte définitif sera entériné le 11 décembre en convention nationale.

AFP 10/11/10

Voir aussi : Rubrique politique France, Retraite ce que proposent les partis d’opposition, rubrique UE, Les dirigeants de gauche valets des conservateurs, rubrique livre Projets et caprices du pouvoir,