Congrès PS : ce texte que les ministres auraient dû mieux lire avant de signer

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Le Joker Macron qui n’a pas sa carte au PS…
DÉCRYPTAGE

Tous les socialistes du gouvernement ont apposé leur nom sur la motion Cambadélis. A lire le détail, ils se sont engagés à beaucoup d’ici la fin du quinquennat…

C’est le titre du dernier paragraphe : «Les orientations de notre congrès devront avoir prise sur le cours du quinquennat.» On le trouve à la fin de la «motion A», ce texte d’orientation porté par le Premier secrétaire sortant du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour le 77e congrès du PS à Poitiers et… signé par tous les ministres socialistes du gouvernement. Le premier d’entre-eux compris. Et à quoi se sont-ils engagés en le signant ? Si personne ne trouvera à redire aux chapitres «écosocialisme», «égalité réelle», «accès à la culture» ou encore «santé partout et pour tous», d’autres points sont en contradiction avec les prises de positions récentes de certains ministres. De quoi rappeler, dans les deux ans à venir, aux locataires de Bercy et de la rue de Grenelle (voire de la Commission européenne puisque Pierre Moscovici a aussi signé) ce que les parlementaires PS seront censés porter. Car, sur ce point, le texte est clair : «Les parlementaires devront en faire une référence pour guider leur action. De même, les grands textes de loi devront donner systématiquement lieu à un débat avec vote en conseil national». Morceaux choisis.

Sur le pacte de responsabilité

Si cette motion garantit le cadre du pacte de responsabilité, elle émet un bémol. «Les engagements ne semblent pas, à ce stade et par toutes les branches professionnelles, respectés», est-il écrit. Conséquence: «Si cette situation est confirmée par l’évaluation nationale, nous estimons que les 15 milliards du pacte qui restent à utiliser devraient dorénavant l’être plus directement pour favoriser l’emploi, l’investissement privé productif et les investissements publics.» Suffisant pour réallouer les sommes destinées à baisser les «charges» des entreprises ? A voir… Et si un premier passage demandant des «contreparties» a été supprimé, les ministres de Bercy s’engagent ainsi à «mieux cibler les dispositifs d’intervention pour les entreprises qui en ont un réel besoin – et d’abord les PME et ETI industrielles, ainsi que les secteurs exposés à la concurrence internationale – et sur les leviers réellement utiles à la compétitivité comme la recherche, l’innovation, la formation.»

Sur la fiscalité

«Plus que jamais, la grande réforme fiscale que nous avons voulue doit être menée à bien.» Au temps de Jérôme Cahuzac, on nous avait pourtant expliqué que cette réforme fiscale était «faite». Pas totalement apparemment… Le texte ressuscite donc l’engagement de campagne du candidat Hollande. Et il ne reste plus que le budget 2016 (discuté au Parlement à l’automne 2015) pour le tenir : «Pour les ménages, nous souhaitons que le chantier de l’impôt citoyen soit engagé dès le projet de budget pour 2016 par un prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu et une réduction de la CSG sur les premières tranches de revenus, est-il écrit. Lisible pour le contribuable, cette première étape permettra de poser le socle du rapprochement entre l’impôt sur le revenu et la CSG.» On attend donc Christian Eckert et Michel Sapin – tous deux signataires – lorsqu’ils présenteront le prochain projet de loi de finances.

Sur le contrat de travail

Passons au ministre du Travail, François Rebsamen. En signant ce texte, finie l’idée du contrat unique ou de tout autre nouveau contrat : «Les règles qui le régissent, qu’il soit à durée déterminée ou indéterminée, doivent permettre une sécurité pour les salariés et combattre la précarité qui les frappe, est-il rappelé. Ainsi une réforme telle que le contrat unique ou l’extension des contrats de chantiers à d’autres secteurs que le bâtiment, et a fortiori à l’ensemble des secteurs, est pour nous exclue.» Ça ne peut pas être plus clair.

Sur le «repos dominical»

Ce dossier concerne Rebsamen mais aussi le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Lequel, certes, n’a pas sa carte au PS… Sa loi sur la «croissance et l’activité» doit revenir à l’Assemblée avant l’été ? Le texte – qui engage donc les députés – est limpide : «Nous sommes opposés à une nouvelle extension du travail du dimanche.». Exit en principe les 12 dimanches travaillés présents dans la loi ? En tout cas, cette motion reprend les arguments défendus par les opposants à cette extension, Martine Aubry en tête : «C’est d’abord un choix de société. La consommation ne peut être l’alpha et l’oméga de nos vies. Le dimanche doit d’abord être un moment du vivre ensemble. C’est une question de protection des salariés les plus fragiles pour lesquels la liberté de choix n’existe pas réellement, de protection des petits commerces qui restent souvent les dernières activités présentes dans les quartiers en difficulté et dans les zones rurales désertifiées.» A suivre dans l’hémicycle…

Sur la «réorientation» européenne

Enfin, pas sûr que cette motion soit allée jusqu’à Bruxelles… Car ce texte engage aussi le commissaire européen, Pierre Moscovici, chargé des Affaires économiques, monétaires et de la fiscalité… donc de faire respecter la réduction des déficits. Or, cette motion demande à ce que «les disciplines budgétaires» soient «assouplies» et qu’«une part des investissements d’avenir [soient] exclus du calcul des déficits». L’Union bancaire doit être parachevée, «notamment par la garantie européenne des dépôts des épargnants», demandent aussi ces socialistes. Quant au plan Juncker, Moscovici trouve donc aussi qu’il est sous-doté et souhaite que «sa capacité de prêt [soit] portée à 200 milliards d’investissements par an (contre 100 actuellement prévus)». Le texte plaide enfin aussi «pour une initiative forte en Europe en vue d’une directive ambitieuse de séparation des activités des banques d’investissement et des banques de dépôt». Ce que Moscovici, lorsqu’il était à Bercy, a enterré.

Lilian ALEMAGNA

Source Libération :14/04/2015

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique, Politique économique, rubrique UE,

Intermittents précaires : Une pause dans l’action mais un préavis pour août

10458112_10203414127906920_4156938818515259355_nMobilisation. Premier bilan régional du mouvement des Intermittents et précaires en lutte depuis six mois. Mouvement parti, comme en 2003, de Montpellier où le Printemps des Comédiens a été annulé.

Ce combat symbolique que mènent les intermittents et les précaires depuis près de six mois pourrait bien célébrer le divorce entre la gauche socialiste au pouvoir et le monde de la culture. C’est aussi un combat bien réel comme le contenu du protocole qui aggrave une situation déjà tendue pour beaucoup de professionnels du spectacle, surtout pour les plus jeunes et les plus précaires.

De fait, les mesures qui sont préconisées accroissent les inégalités. L’instauration d’un délai de carence supplémentaire touche directement les bas revenus avec un effet global de dumping social que le gouvernement tentera de masquer jusqu’au bout même s’il parvient à donner des gages acceptables pour les métiers de la culture.

Le vrai enjeu politique concerne le Pacte de responsabilité. En jouant la provocation pour faire passer la pilule le Medef ne s’attendait pas à une telle résistance. Retour sur un conflit parti de Montpellier qui reprendra à la rentrée.

Montée en puissance

« C’est un jeu de dupe qui se joue entre le Medef et le gouvernement et ce sont les salariés qui vont trinquer » prévenait la CGT Spectacle associée à la Coordination des intérimaires et précaires L-R (CIP) dans le cadre du mouvement unitaire L-R. Début mars, les manifestations et occupations se multiplient sans trouver beaucoup d’échos.

Le 2 juillet, l’AG de l’équipe technique du Printemps des Comédiens vote l’annulation des premiers spectacles. L’AG du mouvement unitaire du L-R embraye. La grève connaît alors un retentissement hexagonal. Dans la presse on relève des similitudes avec le mouvement de 2003 parti du même lieu qui avait abouti à l’annulation du Festival d’Avignon. La lutte fait tache d’huile dans l’hexagone et les nuages s’accumulent au-dessus de Matignon.

Lors de la cérémonie officielle des Molière, Nicolas Bouchaud cite la mobilisation à Montpellier et décerne au nom des intermittents un « Molière de la meilleure trahison à François Rebsamen ». L’onde de solidarité se propage.  Et le Printemps des Comédiens ne démarre pas. Le président du conseil général de l’Hérault André Vezinhet maintient l’inauguration. Il aurait souhaité un mouvement plus flexible et fait part de ses craintes sur l’avenir tout en demandant au gouvernement de reprendre les négociations.

Les insurgés, décident en AG, et reconduisent la grève tout en menant d’autres actions et occupations dans les théâtres et festivals de la région. Le manque à gagner pour le Printemps des Comédiens se chiffrerait entre 350 000 et 400 000 euros. Le 4 juin, 250 personnes occupent l’Opéra de Montpellier, malgré les prises de paroles de la directrice Valérie Chevallier et du maire Philippe Saurel leur assurant un entier soutien. Le collectif reste sur la scène. La première de La Traviata est annulée.

Petits pas de Valls

Le 19 juin l’inflexible Manuel Valls recule à petits pas en reportant la mise en application du différé d’indemnisation et en s’engageant à financer la différence. Il promet aussi le maintien des crédits du spectacle vivant en 2015, 2016 et 2017. la CGT-Spectacle, qualifie l’offre de « mesurette ».

Le 21 juin le mouvement unitaire-LR négocie un passage à l’antenne sur France 2 où le président de la République est interpellé en prime time. Dans le Gard, Uzès Danse vote l’annulation du festival. « La seule décision possible pour préserver une équipe, des artistes et le public. »

Pris dans la tourmente le Festival Montpellier Danse maintient sa programmation. Fortement perturbé au début, le festival parvient à maintenir 38 spectacles sur 48 programmés. Le mode blocage se transforme en d’autres formes pour faire passer le message au public. Même processus à Avignon qui focalisait l’attention du gouvernement en raison des enjeux économiques.

Les grèves des 4, 12 et 24 juillet entraînent douze annulations dans le In et beaucoup d’actions dans le Off. A Montpellier le concert d’ouverture du Festival de Radio France, est annulé mais le reste des concerts a lieu.

Jeudi dernier s’est tenue la 4e réunion de concertation qui marque une pause avant de reprendre en septembre. Sur le thème des rémunérations, Jean-Patrick Gille un des membres missionné par le gouvernement a souligné « qu’il fallait trouver un système de discussions avec les intermittents et les employeurs du secteur. » Tandis que le secrétaire général de la CGT-Spectacle Denis Gravouil s’estime « au milieu du gué ».

Mais le conflit continue car les partenaires sociaux signataires disent qu’ils ne veulent pas rouvrir les négociations avant 2016. En attendant la rentrée sociale, la CGT-Spectacle a déposé un préavis de grève pour le mois d’août.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 31/07/14

AG au Printemps des Comédiens, AG au Festival Montpellier Danse, Sur le plateau de France 2… photos dr

« L’égalité réelle » réveille le clivage droite/gauche au PS

Benoît Hamon se dit confiant sur l'adoption du texte sur l'"égalité réelle". Photo AFP.

Les critiques fusent au Parti socialiste, mardi 9 novembre, contre le projet « égalité réelle ». Plusieurs personnalités ont annoncé leur intention de s’abstenir ou de voter contre ce texte qui devait être présenté dans la soirée devant le conseil national du PS. Ces défections proviennent de l’aile droite du parti, alors que le texte, destiné à servir de socle au programme électoral du PS, a été préparé par Benoît Hamon, porte-parole du parti et leader de l’aile gauche. Les proches de François Hollande -qui compte se présenter aux primaires- ont annoncé au cours de l’après-midi qu’ils n’étaient « pas en mesure de voter ce texte en l’état ». Le projet « ne prévoit aucune hiérarchie dans l’ordre des priorités, ni calendrier dans sa mise en oeuvre, ce qui lui fait perdre cohérence et crédibilité », écrivent dans un communiqué les eurodéputés Kader Arif, Stéphane Le Foll, et les députés Bruno Le Roux, Michel Sapin et André Vallini. « Etant donné que les débats sur les priorités et les choix sont renvoyés à la convention sur le Projet puis aux primaires, nous nous abstiendrons lors du Conseil national », indiquent les signataires.

« Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle »

Le député Pierre Moscovici s’est montré plus virulent. « Pour que je le vote, il faudrait qu’il soit très sérieusement changé », a-t-il prévenu mardi sur Europe-1. « Je pense que le socialisme ne doit pas être un retour à une forme d’étatisme et donc on ne peut pas être en train d’empiler des allocations universelles ». « Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle », a-t-il lancé, tout en précisant que le texte comporte « beaucoup de bons éléments ».

Le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen a pour sa part jugé que le texte manquait de hiérarchie et de réalisme. « Il va falloir, pour être un parti de gouvernement, un parti crédible aux yeux des Français, hiérarchiser nos priorités, ce que le texte ne fait pas. Les propositions sont là, mais il faut les ordonner », a-t-il déclaré sur Europe-1. « Il manque le chiffrage, il manque la base essentielle », a pour sa part prévenu le député Manuel Valls, qui a prévenu qu’il ne votera pas « en l’état » le texte sur l' »égalité réelle ».

Des propositions anti-inégalité

Le texte de Benoît Hamon présente un éventail de propositions anti-inégalité dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation. Il a été passé au crible, pendant de nombreuses heures lundi soir, lors d’une commission des résolutions du parti.

Le texte sera-t-il finalement adopté mardi soir ? Benoît Hamon s’est dit « très confiant ». « Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon, ces gens se sont engagés », a déclaré le porte-parole du PS.

« On a fait 200 auditions, on a plongé dans la France qui souffre et en même temps qui espère pendant cinq mois », a-t-il fait valoir. Et d’ajouter que « ceux qui de toutes façons critiquent » sont « toujours un peu toujours les mêmes ». Benoît Hamon a souligné qu’il y avait eu un « gros débat sur l’éducation » et qu’une bonne cinquantaine d’amendements » avaient été intégrés.

BL  Nouvelobs.com 09/11/10

Un PS divisé adopte le texte sur les inégalités

Le Parlement du PS a en effet voté mardi, à une large majorité, ses propositions sur l' »égalité réelle », un des textes phares du parti dans la perspective de 2012 élaboré sous la houlette du porte-parole du PS, malgré des résistances de certains comme François Hollande, Manuel Valls ou Pierre Moscovici.

C’est par 59 votes pour et 12 abstentions que le document a été adopté en début de soirée. Ce texte de 45 pages présente un éventail de propositions contre les inégalités dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation.

« Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon: ces gens se sont engagés », a fait valoir Benoît Hamon.

A son arrivée au Conseil national à l’Assemblée nationale, Martine Aubry avait dénoncé les critiques. « Certains semblent un peu pressés, je préfèrerais qu’ils soient plus pressés à nous faire des propositions », a dit la patronne du PS, dénonçant les « postures » -sans les nommer- de candidats aux primaires.

A l’adresse de ceux-ci qui critiquent notamment l’absence de chiffrage, elle a lancé: « Bien évidemment, nous travaillons sur les marges de manoeuvre et c’est en mars, avril prochain que nous formerons nos priorités ». « C’est un texte de choix de société, pas de dépenses publiques », a affirmé Jean-Marc Germain, directeur de cabinet de Martine Aubry.

« Ce qui m’intéresse, c’est que 99% du PS a compris que les Français voulaient qu’on soit tourné vers eux, qu’on apporte des réponses nouvelles » et « innovantes », a ajouté Martine Aubry.

Un PS divisé sur ce volet du projet

Devant le Conseil national, elle a martelé que « l’égalité réelle, c’est la véritable crédiblité des socialistes aujourd’hui », en réponse aux critiques sur les propositions irréalistes. « Notre voie: forcément à gauche car c’est cela qui portera notre crédibilité ».

Après les autres volets du projet présidentiel pour 2012 (économie, rénovation et international), cette quatrième et dernière Convention a recueilli un nombre conséquent d’abstentions, mettant à mal l’unité tant affichée du parti. « On rentre dans les primaires », commentait-on, pour expliquer cette tension. Mais « 12 abstentions pour Hollande et Moscovici, c’est pas beaucoup! », persiflait un dirigeant.

L’ex-Premier secrétaire François Hollande et ses amis ont décidé l’abstention, estimant que le texte ne prévoyait « aucune hiérarchie » de priorités, « ni calendrier ».

Autre leader critique, le strauss-kahnien Pierre Moscovici a annoncé qu’il s’abstiendrait également. « L’unanimisme sans concertation n’est pas possible », a jugé l’ancien ministre déplorant une « forme d’opacité des lieux d’élaboration ». « Le PS n’a pas à avoir peur des débats, de sa diversité », confiait-il.

Pour Manuel Valls, candidat déclaré aux primaires, « il manque le chiffrage », « la base essentielle », « nous ne pouvons pas tout promettre ».

Et le fabiusien Guillaume Bachelay d’ironiser: « Je veux rassurer nos camarades qui s’alarment d’une gauche qui promettrait tout: le premier danger serait une gauche qui ne changerait rien ».

Après le Conseil national, les militants voteront le 2 décembre. Le texte définitif sera entériné le 11 décembre en convention nationale.

AFP 10/11/10

Voir aussi : Rubrique politique France, Retraite ce que proposent les partis d’opposition, rubrique UE, Les dirigeants de gauche valets des conservateurs, rubrique livre Projets et caprices du pouvoir,