Etats-Unis : « Les plus pauvres vont faire les frais de la crise de la dette »

Au terme d’une âpre bataille entre démocrates et républicains, le relèvement du plafond de la dette américaine à été voté mardi 2 août par le Sénat. Le président Barack Obama a promulgué le texte dès son adoption par les deux chambres du Congrès. L’accord autorise le Trésor à relever de 2 100 milliards de dollars le plafond de la dette, repoussant ainsi le risque d’un défaut de paiement. Le plan de réduction des dépenses publiques de 2 500 milliards d’euros, approuvé par le Congrès, n’a pourtant pas rassuré les marchés.

Henri Sterdyniak est directeur du département « Economie de la mondialisation » à l’OFCE et professeur à l’université Paris-IX Dauphine. Il dénonce un texte qui « fait supporter l’ajustement aux plus pauvres ».

Le compromis trouvé entre républicains et démocrates est-il de nature à rassurer les marchés et les agences de notation ?

Il y a peu de risques pour que les agences de notation baissent la note (AAA, la plus élevée) attribuée aux Etats-Unis. Ces agences savent que le risque de défaut de paiement et de faillite est purement théorique : en cas de menace de faillite, la Fed (réserve fédérale) a les moyens d’intervenir pour financer la dette. En outre, le pays peut créer de la monnaie.

En réalité, le danger pourrait être politique : on peut imaginer qu’à l’avenir le mouvement conservateur du Tea Party paralyse le système en refusant tout compromis. Une agence pourrait prendre cette possibilité en compte pour dégrader la note américaine. Mais il y a peu de chances que cela arrive. Normalement, un pays qui crée sa propre monnaie a les moyens de rembourser sa dette.

Toutefois, une autre conclusion de ces quelques semaines de crise est que les Etats-Unis ont révélé leur fragilité à la face du monde : ils sont désormais moins fiables pour les investisseurs et auront du mal à encaisser un nouveau choc. Cet épisode a mis certains risques en évidence, accentués lorsque le Parlement et le président ne sont pas de la même couleur politique.

Sur le fond, l’accord vous paraît-il bon ?

Non, car il enferme la politique budgétaire américaine dans un carcan. Le texte ne prévoit pas de hausse d’impôt, ce qui enlève toute marge de manœuvre aux gouvernants pour soutenir l’économie, développer l’assurance maladie, lutter contre le chômage. Au final, ce sont les plus pauvres qui vont supporter l’ajustement, alors même que l’une des causes de la crise aux Etats-Unis, c’est la trop faible consommation, ou plutôt la trop forte consommation à crédit.

La tendance est même plus à la baisse de la protection sociale qu’à l’augmentation des impôts visant les plus riches. A court terme, il n’y a aucune chance pour que les impôts augmentent. C’est le point sur lequel la majorité des républicains ne céderont pas.

L’existence des aides sociales comme le programme Medicare peut-elle être menacée ?

La sécurité sociale américaine est fragile car elle ne suscite pas d’adhésion populaire massive. La crise a montré que ce système était protecteur et facteur de cohésion sociale, mais son poids sur les finances publiques l’affaiblit dans l’opinion.

Aux Etats-Unis, le système des aides sociales est remis en cause lors de chaque élection. Le pays n’est donc pas protégé contre un accident politique qui verrait la droite républicaine les supprimer. Les démocrates sont des défenseurs timides du système, ce qui rend l’équilibre fragile.

La solution de long terme face aux difficultés budgétaires serait une reprise de la croissance. En prend-on de le chemin ?

Les Etats-Unis sont dans une impasse. On l’a dit, l’économie américaine a besoin d’une plus grande consommation des plus pauvres, ce que ne va pas favoriser l’accord conclu sur la politique budgétaire.

Ils ont aussi besoin d’une croissance impulsée de l’extérieur, ce qui passe par une demande plus forte de la part de la Chine et des pays asiatiques. La seule marge de manœuvre des Etats-Unis pour être plus compétitifs en Asie est de faire baisser le dollar, de chercher un rééquilibrage des taux de change à l’échelle mondiale. Ils n’ont pas toutes les cartes en main.

Hugo Domenach (Le Monde)

 

Voir aussi : Rubrique USA Politique Dette Américaine : les scénarios,Obama retrouve les élus du Congrès,Obama annonce un plan de réduction de la dette à long terme, USA Société la réforme santé  passe le cap parlementaire , adoption de la réforme santé au sénat,   Oui aux cadeaux fiscaux pour les riches non à la  taxe bancaireRubrique Finance La spéculation attaque l’UE par le Sud, Les banquiers reprennent leurs mauvaises habitudes, La décision de la Fed suscite des critiques de toutes parts crise économique entretien avec Frédéric Lordon,

Un nouveau souffle de contestation en Espagne

Démantelement du campement des indignés de Barcelone

Des milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés vendredi 27 mai au soir à Barcelone et à Madrid, criant leur colère après une intervention musclée de la police le matin à Barcelone lors du démantèlement du camp de tentes des jeunes « indignés ».

 A Barcelone, plus de 5.000 personnes se sont rassemblées sur la Place de Catalogne, où le matin, des incidents avaient éclaté lorsque les services municipaux ont voulu démonter le campement installé depuis une dizaine de jours, afin de laisser place aux célébrations de la Ligue des champions samedi 28 mai. Dans la soirée, des milliers de manifestants ont aussi envahi la place de la Puerta del Sol à Madrid. La foule agitait des fleurs ou des bouquets de toutes les couleurs, hurlant « Barcelone n’est pas seule » ou brandissant des pancartes avec les mots « Catalogne, nous sommes avec vous ». Casqués et armés de matraques, les policiers étaient intervenus de façon musclée le matin pour disperser un groupe qui bloquait l’entrée de la Plaza de Catalunya, en plein centre de la capitale catalane, au moment où les camions de nettoyage emportaient les tentes et le matériel.

« Les politiciens n’écoutent pas »

« 121 personnes ont dû recevoir des soins, dont 37 policiers et 12 personnes qui ont été hospitalisées », a annoncé une porte-parole du service des urgences, précisant qu’il s’agissait surtout « de crises d’angoisse et de contusions ». Mais sitôt déblayé le campement, la foule des manifestants a de nouveau envahi la place. Dans la soirée, une dizaine de tentes avaient déjà été remontées. « Voilà à quoi mène la brutalité policière. Que beaucoup plus de gens se réunissent pour protester », affirmait Maite Loureiro, une dessinatrice au chômage de 30 ans, qui manifestait à Barcelone. « Mais ceci est aussi la faute des politiciens qui ne nous écoutent pas ». Comme sur la place de la Puerta del Sol à Madrid, où les manifestants ont installé un village alternatif devenu le foyer de la contestation, la Place de Catalogne était occupée depuis dix jours par des centaines de jeunes.

Place à la Ligue des champions

A Madrid, le ministre de l’Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a annoncé que les autorités « étudiaient » une éventuelle évacuation de la Puerta del Sol, à la suite de demandes insistantes du gouvernement régional et des commerçants riverains. Au moins une dizaine de cars de police étaient stationnés vendredi soir dans les rues menant à la place. Le mouvement des jeunes « indignés », rejoint par des citoyens de tous horizons et largement relayé par les réseaux sociaux, s’est développé depuis le 15 mai autour de revendications multiples, visant le chômage, la « corruption » des hommes politiques ou la loi électorale favorisant les grands partis. Vendredi 27 mai, la municipalité de Barcelone a décidé de faire place nette dans la perspective des célébrations prévues samedi soir, en cas de victoire du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions de football, contre Manchester United à Londres.

Une évacuation « lamentable »

Pendant que les camions des services de nettoyage emportaient le matériel, des policiers casqués ont fait usage de matraques et de balles en caoutchouc pour disperser plusieurs dizaines de manifestants. L’intervention policière et les images de manifestants traînés à terre ou à coups de matraques ont immédiatement provoqué des réactions de colère, relayées toute la journée sur Twitter. Des appels à des manifestations de soutien aux « indignés » de Barcelone ont été lancés pour vendredi soir dans toutes les villes espagnoles. « L’évacuation a été lamentable. Ils ne m’ont pas battu parce que suis en chaise roulante, mais je les ai vus frapper des gens qui voulaient entrer sur la place », déclarait un manifestant de 52 ans en chaise roulante, professeur d’université, qui s’identifiait sous son seul prénom de Manuel.

AFP

Voir aussi Rubrique Espagne, rubrique Mouvement sociaux, Relle democratie revue de presse et Manifeste rubrique Société jeunesse, Lien externe Spanish révolution en France reelledemocratie.com

Réelle démocratie, maintenant : revue de presse, et Manifeste de la plateforme

Le mouvement en France : Revue de Presse

L’été européen sera chaud, mais orageux, Le Monde 24 mai 2011

Le printemps arabe sera-t-il suivi d’un été européen ? La question revient à nous demander si l’ingrédient qui a mis le feu aux poudres en Tunisie pourrait exploser à la Puerta del Sol à Madrid et dans d’autres villes ibériques. « Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers » clame la banderole de cette photo.

Le problème de l’emploi des jeunes était l’un des premiers slogans tunisiens, et est au cœur de la réalité européenne. Depuis des années, les jeunes, même éduqués et diplômés, ne trouvent plus de travail dans la plupart des pays européens. Ils expriment un ras le bol face a l’egoisme de leurs aînés.

Des systèmes provisoires ont été mis en place pour organiser des formules contractuelles à court terme qui leur permettent de travailler. Les entreprises en ont fait un usage abondant, sans nécessairement se sentir la moindre obligation d’engager à la suite de ces « stages ». Il semblerait que les statistiques soient désastreuses et que les entreprises se soient contentées de « consommer » une main d’oeuvre à court terme. La demande classique « Venez nous revoir lorsque vous aurez eu un premier emploi » est un déni : quelles sont les entreprises qui offrent ces premiers emplois d’une manière qui permette d’envisager une carrière ?

Après l’Espagne, le mouvement des Indignés fera-t-il tâche d’huile en région ?

Jeunesse indignée à Madid

 

Le midi Libre le 24/05/2011 à 00h00 C. GREUET (avec AFP) 25/05/2011

D’inspiration espagnole, le mouvement « Réelle démocratie, maintenant ! » organise plusieurs rassemblements dans plusieurs régions de France, dont le Languedoc-Roussillon. (AFP) Le mouvement des « indignés » continue à faire rage en Espagne, alors que des sympathisants français commencent à se réunir, via internet, dans de nombreuses grandes villes françaises. Dans la région, des campements sont d’ores et déjà organisés à Perpignan, Nîmes et à Montpellier. Une foule de jeunes et de sympathisants a de nouveau envahi mardi soir le village alternatif de la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid, où se poursuit le mouvement de protestation des jeunes « indignés » contre le chômage, la crise et la classe politique « corrompue ». Des centaines de personnes participaient aux interminables assemblées qui émaillent les journées du campement, pendant que d’autres travaillaient à l’organisation du village, qui ne cesse de s’étendre et de se structurer depuis une semaine. « Il y a toujours une importante participation citoyenne », assurait Nerea, une des porte-parole. Les grands rassemblements de la semaine dernière, qui ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à la Puerta del Sol et tout autour, ont laissé place à une mobilisation moindre, une fois passées les élections locales qui avaient constitué le premier objectif du mouvement.

En France, le collectif  « Belle démocratie maintenant ! », calqué sur le « Democracia real, ya ! » des jeunes espagnols, appelle (sur le web et les réseaux) les citoyens à se réunir sur les places des grandes villes, pour la « régénération démocratique du système politique et défense d’une politique sociale ». Après la Place de la Bastille à Paris, des rassemblements sont organisés ce mercredi dans une vingtaine de villes françaises. Après que les forces de l’ordre aient prié lundi à une cinquantaine d' »indignés » de libérer la place de la République de Perpignan, de nouveaux rassemblements sont annoncés. Aujourd’hui, le mouvement appelle à rejoindre ce « campement permanent ». Des rassemblement similaire est également organisé aujourd’hui et demain à Montpellier, à l’Esplanade (18 h) et demain à Nîmes à la Maison carrée (19 h).

Les « indignés » se mobilisent , Le progrès de Lyon, le 26/05/2011 à 00:00

Ils sont une bonne centaine désormais à se regrouper sous la statue de Louis XIV au soleil couchant. Espagnols et Français qui veulent prendre part et relayer le printemps démocratique né sur la place Puerta del Sol à Madrid et qui progresse via les réseaux sociaux internet. Hier c’est à Athènes que des milliers de protestataires se sont retrouvés place Syntagma au cœur de la capitale grecque. Comme en Espagne, ils protestent contre les mesures d’austérité qui frappent le pays, englué dans la récession.

En France aussi des rassemblements fleurissent à Paris, à Lyon ou encore à Bayonne où a eu lieu hier un premier meeting. Ces personnes « courantes et ordinaires » réclament des « droits basiques » concernant le logement, le travail, la santé, l’éducation, l’égalité… Le droit au bonheur aussi. Parmi eux, Ophélie, petite brunette de 22 ans. « Je suis danseuse et je galère. Il n’y a pas de place pour les jeunes, pas de place pour la culture. On est à la veille d’élections et on se rend compte qu’aucun parti ne nous satisfait », déplore celle qui se dit « oppressée dans cette société qui manque d’humanité ».

Désenchantement et désir de changer les choses résument cette mobilisation citoyenne qui parle de révolution. « Je me retrouve dans ce qui se passe ici car l’état des lieux n’est pas acceptable. S’il y a un ailleurs pour sortir du désert dans lequel nous sommes, il faut y aller », développe de son côté un jeune qui après avoir enseigné deux ans à Marseille, a choisi de prendre une année sabbatique. Même constat de la part d’un étudiant en anthropologie. « Je suis en dernière année. On peut dire que ça va bien pour moi mais j’attends autre chose. » « Expliquer simplement la gravité de la situation actuelle », c’est ce que propose un peu plus tard dans la soirée, un plus âgé revendiquant des connaissances en économie. « Car il faut s’entendre et défendre les mêmes idées, les mêmes valeurs pour avancer et être toujours plus nombreux », défend à son tour au micro une jeune femme.

« Pour l’instant c’est le bordel, mais on va trouver une organisation », reconnaissait mardi soir un modérateur des débats. Chaque soir, des règles de fonctionnement sont prises ou rappelées. Et un nouvel ordre du jour est débattu. L’expulsion du site par la police risque de faire partie du rituel, même si le « yes we camp » exprimé ailleurs n’a pas encore gagné Lyon. Place Bellecour, des membres du campement libertaire monté en avril à la Croix-Rousse, poussent pour qu’un nouveau voit le jour. Leurs tipis et yourtes sont prêts à être acheminés. Pas forcément le genre des étudiants espagnols Erasmus du collectif lyonnais Democracia Real Ya ! (Démocratie réelle maintenant) à l’origine du mouvement lyonnais. Alors qu’en Espagne la jeunesse précaire, ceux que l’on appelle « los Indignados » (« Les indignés »), défie toujours les politiques après plus d’une semaine, à Lyon les citoyens indignés s’organisent pour durer. Un degré supplémentaire dans la mobilisation est attendue en fin de semaine.

« YES WE CAMP »: en France aussi les jeunes en ont ras-le-bol !

Le 24/05/2011 à 14h19 sur (Boursier.com) —

A l’image de ce qui se passe actuellement à Madrid, Génération Précaire relaie l’appel lancé par le mouvement « reelledemocratie.com » pour un rassemblement devant les marches de l’opéra Bastille à Paris tous les soirs à 19 heures « afin de faire entendre sa voix et rassembler de plus en plus d’ici dimanche 14H30 ». L’organisation commente : « Nous sommes des millions. Le mouvement est suivi dans toute l’Europe avec des manifestations en Grande-Bretagne ou encore en Grèce sous le slogan « People of Europe Rise Up » (Peuples d’Europe, soulevez-vous !). Solidaires de ces jeunes Espagnols qui ont eu le courage de se lever pour dire « stop », nous sommes à leurs côtés, et nous refusons le bizutage social actuel, tout en revendiquant une société ouverte à son avenir ». « Premiers touchés par la crise, les jeunes se révèlent une véritable variable d’ajustement et revendiquent un droit au travail qu’on leur refuse sous prétexte de crise économique mondiale » poursuit Génération Précaire qui « soutient les mouvements de protestations spontanés de cette jeunesse européenne et appelle à la mobilisation pour que l’on cesse de brader la jeunesse tout en consolidant un système qui a été sauvé sans contrepartie sociale ».

Rassemblements de solidarité avec les jeunes espagnols

(AFP) – le 24/O5/2011

Jeunesse indignée à Paris

PARIS — Inspirés par les manifestations espagnoles et les révolutions arabes, des centaines de jeunes se réunissent depuis quelques jours en France contre l’austérité et pour une « démocratie réelle », et prévoient un grand rassemblement dimanche place de la Bastille à Paris.

Depuis vendredi, entre 200 et 300 jeunes se retrouvent chaque jour sur cette place, symbole de la Révolution française, en soutien de la jeunesse espagnole, mobilisée sur la place de la Puerta del Sol à Madrid depuis plus d’une semaine. « On se mobilise en solidarité avec les jeunes Espagnols, pour suivre leur exemple et défendre notre dignité », a expliqué à l’AFP Benjamin Ball, du collectif « Les désobéissants », qui organise cette semaine des rassemblements dans une dizaine de villes (Paris, Nantes, Rennes, Lyon, Bordeaux, Montpellier…) « On attend deux grandes choses: une redéfinition des règles démocratiques avec la convocation d’une assemblée constituante, et une répartition des richesses parce qu’on vit dans la précarité », dit encore ce travailleur indépendant de 26 ans, habitant dans la banlieue sud de Paris. Environ 200 personnes se sont ainsi rassemblées mardi soir sur la place de la Bastille, lançant des slogans comme « Peuple de Paris, debout ! », ou demandant une « Démocratie réelle ». En France, le chômage touche environ 23% des jeunes, contre environ 9% pour l’ensemble de la population. « Nous, citoyens, nous nous reconnaissons dans les aspirations du peuple espagnol. Nous appelons chacun à devenir acteur de cette dynamique de changement. La révolte des pays arabes a traversé la Méditerranée », indique le site du collectif, reelledemocratie.com. Sur le parvis de l’Opéra Bastille, les pancartes et banderoles déployées proclament: « Spanish revolution, people of Europe rise up » (Révolution espagnole, peuples d’Europe, levez-vous), « Révolution ». Ou encore « Indignez-vous », le titre du best seller de l’ancien résistant et diplomate français Stéphane Hessel, 93 ans, qui a aussi inspiré « Los indignados » de la Puerta del Sol. « Et si l’Europe connaissait à son tour un printemps dont les tentes espagnoles seraient le signe annonciateur? » s’interrogeait mardi le journal Libération (gauche), qui consacrait sa Une à la contestation espagnole, de même que le quotidien communiste L’Humanité, pour qui « les Espagnols (…) montrent le chemin de l’insurrection ». Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés

Que revendique-t-on au fait ?

Posté par Virginie Beernaert le 26.05.11 à 17:27

Si les protagonistes du printemps arabe luttaient chacun contre un ennemi physique explicitement féroce à déloger – leurs dictateurs respectifs -, les indignados européens luttent contre un ennemi autrement plus caché : un système que contrôle le pouvoir politico-financier, pouvoir sans tête, latent et invisible par principe. Seulement armés de leur indignation inspirée de Stéphane Hessel, leur problème est complexe : critiquant la main mise des marchés financiers sur les décisions économiques des états, ils contestent des institutions échappant en large partie (FMI, Commission Européenne) ou totalement (les marchés financiers, les banques) à la souveraineté des peuples. C’est sans doute ce qui explique leur programme de revendications inégales mais pourtant pas inintéressantes. Passage en revue de ce que veulent les contestataires.

1. Une « réforme de la Loi Electorale pour que toutes les voix aient la même valeur »

Ce qu’ils dénoncent : en apparence mystérieuse (les voix n’ont-elles pas déjà toute la même valeur qu’on soit un homme ou une femme, puissant ou misérable ?), cette revendication tend en fait à faire disparaître le bipartisme, en allant vers des élections aux résultats proportionnels, qui garantiraient ainsi l’expression de toutes les opinions. Les manifestent exigent aussi en toile de fond que les partis retirent de leurs listes les candidats les plus compromis dans des scandales de corruption.
Ce qui existe : en France, le scrutin est uninominal à deux tours. Les citoyens votent pour un candidat qui doit être un des deux « meilleurs » pour accéder au second tour où il doit alors obtenir la majorité absolue pour être élu. Ce mode de scrutin conduit a des alliances entre les deux tours qui lissent les dissensions politiques. Ceux qui n’en font pas sont privés de représentation. Le vote proportionnel permettrait à chaque parti (même les micro-partis) d’être représentés ; c’est un système où il s’agit moins de voter pour un homme que pour un parti ou un programme. Seulement sa mise en place reste extrêmement compliquée pour des raisons de calcul de la proportionnalité justement. Qui le propose ? Certainement pas le think tank Terra Nova qui cherche à renforcer le bipartisme en supprimant toutes les candidatures « hors système », pas plus qu’un micro parti comme Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan, qui pourrait pourtant trouver son compte dans la proportionnelle. En revanche, Marine Le Pen rappelle que le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple exige le respect et la juste représentation dans les institutions politiques de tous les Français et des formations politiques qui les représentent et considère que cette exigence de démocratie passe par l’instauration de la proportionnelle intégrale.

2. « L’établissement de mécanismes de démocratie directe, tant à l’échelle nationale qu’européenne »

Ce qu’ils dénoncent : la perte de la souveraineté du peuple citoyen. Ils constatent en effet que ni les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, ni ceux de l’OCDE, de l’OMC ou encore des banques centrales, dont les décisions ont pourtant un fort impact sur la vie des populations, ne sont élus par elles. Ainsi les citoyens ne voteraient plus que pour des représentants sans pouvoir.

Ce qui existe : à l’échelle nationale, ça, c’est-à-dire un système en grande partie représentatif. A l’échelle européenne, les citoyens votent seulement pour le Parlement, qui partage ses pouvoirs législatifs avec le Conseil de l’Union Européenne.

Qui le propose ? Ceux qui pensent que la démocratie représentative dépolitise le citoyen, c’est-à-dire essentiellement des intellectuels. Le site d’Alain Soral Egalité et Réconciliation et l’association Attac arrivent aux mêmes conclusions sans proposer de moyens pour récupérer la souveraineté. Quelques socialistes arrivent aussi au même constat, mais se contentent d’en accuser la politique de Nicolas Sarkozy, tout en prévenant du danger d' »une démocratie directe ou d’une captation aristocratique des décisions. » Cette prise de position est symptomatique du paysage politique qui dénonce l’abstention, sans toutefois oser tenter de nouveaux modes électoraux. Le Front National se démarque de la classe politique en proposant « un grand référendum par an pourrait être organisé sur les orientations essentielles pour l’avenir de notre pays et de notre peuple » (réponse à Helder, dans l’article en lien).

3. La « création d’une Loi de Responsabilité Politique »

Ce qu’ils dénoncent : la corruption des politiques, particulièrement mise en valeur par les conflits d’intérêt de l’Affaire Woerth-Bettencourt. Ce qui existe : La loi (n°2007-1598) du 13 novembre 2007 relative à la lutte contre la corruption. Cette mise à jour de 2007 permet de réprimer « le trafic d’influence », c’est-à-dire le fait de monnayer l’influence d’un intermédiaire, pour obtenir un avantage d’un agent public exerçant dans une organisation internationale. La loi sanctionne aussi bien la tentative de corruption ou de trafic d’influence que sa réussite, et prévoit des peines spécifiques envers les commanditaires comme les bénéficiaires. Elle prévoit des peines spécifiques pour les actes de corruption commis dans le monde du travail. Seulement rien n’est prévu particulièrement contre la corruption politique et l’action de lobbying n’est toujours pas reconnu législativement. Qui le propose ? Les partis de la « droite des valeurs », c’est-à-dire Debout la République et le Fn qui oeuvrent pour une politique des mains propres et proposeraient l’inéligibilité en cas d’affaire de corruption.

4. Une « augmentation de la transparence au sein de l’Administration, publicité de toute information sur les dépenses publiques »

Ce qui existe : les rapports de la Cour des Comptes, une juridiction financière qui avertit le gouvernement, le Parlement et l’opinion publique sur l’état des comptes de l’Etat. Pour 2010, la Cour estime que le compte général de l’Etat en 2010 « est régulier et sincère et donne une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l’Etat « , même si elle enregistre un déficit historique. Le problème de ces rapports c’est qu’ils sont peu accessibles et nécessitent des médiateurs neutres qui décryptent et dégagent les points essentiels. Qui le propose ? Les Maquizards, un groupe émergent de hauts fonctionnaires anonymes, qui veulent « mettre sur la place publique ce que les gens du Siècle se disent entre eux, mais qu’ils n’oseront jamais écrire dans leurs papiers, ou dire dans leurs communications. »

5. La « défense de services publics et de qualité »

Ce qu’ils dénoncent : le sabotage des services publics pour justifier leur privatisation. Le Pr André Grimaldi l’expliquait déjà, indépendamment de la french revolution, au niveau du milieu hospitalier : l’Etat a fait entrer le service public dans « une logique gestionnaire », ce’st-à-dire de rentabilité. Il diminue son soutien financier aux services publics, sans que la demande baisse, ce qui entraîne une chute progressive de la qualité qui conduit, à terme, à se tourner vers le privé. Cet extrait du « Cahier de politique économique » n°13 de l’OCDE explicite bien cette logique : « Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Ce qui existe : un démantèlement progressif des services publics en déficit. Voilà ce que ça donne si on fait un petit état des lieux. Justice : un tribunal sur trois en instance de fermeture, suppression programmée des juges d’instruction ; santé : baisse du remboursement des médicaments à vignette bleue, fermeture d’hopitaux et de services pas assez rentables décidée par la loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires » ; éducation : 16 000 postes d’enseignants supprimés, tandis que le nombre d’élèves augmente. Qui le propose ? La défense du service public est un combat de gauche (du PS au Front de Gauche) mais aussi désormais d’extrême droite.

6. L' »introduction d’une taxe sur les transactions financières internationales »

Ce qu’ils dénoncent : la spéculation et l’hypocrisie de la fiscalisation censée maintenir les grandes entreprises en France. Ce régime fiscal privilégié déjà dénoncé avec l’Affaire Bettencourt s’explique de la manière suivante : en démantelant les frontières, la mondialisation permet aux entreprises de jouer sur deux tableaux. En effet, elles peuvent réclamer un allègement des impôts auxquels elles sont assujetties dans leur pays d’origine, en mettant en avant les faveurs fiscales que des pays moins développés leur offrent. La France a donc créé des niches fiscales qui permettent aux entreprises du CAC 40 d’être taxées aux alentours des 8%. Seulement, selon l’économiste Frédéric Lordon, ces entreprises ne joueraient pas le jeu et engageraient économistes et juristes pour profiter des deux systèmes. Elles échapperaient ainsi au fisc, tout en bénéficiant d’un environnement (infrastructures, formation, etc.) financé par les impôts des autres contribuables. Qui le propose ? Le PCF et le Front de Gauche qui propose la « suppression des exonérations et aides aux entreprises » et l’association Attac qui propose « trois taxes pour maîtriser la spéculation ».

Tout comme en Espagne, la french revolution ne propose aucune plate-forme revendicative claire (même si des débats se déroulent sur le site Réelle Démocratie) et pourrait bien prôner pour les élections de 2012, soit l’alternance politique soit l’abstentionnisme, alors qu’elle les disqualifie dans ses revendications. Les manifestants iront-ils au bout de leurs idées, tandis que leurs revendications entrent en résonnance avec des idées politiques issues des deux extrêmes -gauche et droite-, qui ont tous les deux en commun de réclamer un retour à une nation souveraine, y compris dans le domaine économique ?

Les jeunes Espagnols commencent à essaimer en France

PARIS (Reuters)

Plusieurs dizaines de jeunes français regroupés tous les soirs depuis quelques jours place de la Bastille par solidarité avec les « indignés » espagnols appellent à un vaste rassemblement à Paris dimanche prochain. Des rassemblements sont prévus d’ici à là un peu partout en France mardi et mercredi, notamment à Lyon, Toulouse, Lille, Nantes, Strasbourg, Nantes ou Bordeaux. Le mouvement « Démocratie réelle, maintenant ! » estime que la mobilisation citoyenne des jeunes Espagnols, qui occupent depuis le 15 mai des places jour et nuit, concerne tous les Européens, qui doivent devenir « acteurs de cette dynamique de changement. ». « La révolte des pays arabes a traversé la Méditerranée. Le réveil du peuple espagnol envoie un message clair à tous les Européens, à nous de saisir cette opportunité », écrit-il sur son site internet. « Nous sommes pris à la gorge par les plans d’austérité qui se multiplient partout en Europe », ajoute-t-il, estimant que la crise économique et financière « touche tout le monde ».

« Démocratie réelle, maintenant ! » estime qu’en France, où les profits du CAC 40 ont doublé, le chômage des jeunes atteint 25 %. « En Espagne, c’est 40 % des moins de 35 ans qui sont sans emploi. »

Le mouvement a reçu le soutien de Génération précaire, qui souligne qu’en France aussi, « les jeunes en ont ras-le-bol ». « Nous sommes des millions. Le mouvement est suivi dans toute l’Europe avec des manifestations en Grande-Bretagne ou encore en Grèce sous le slogan  » People of Europe Rise Up  » (Peuples d’Europe, soulevez-vous !), écrit le mouvement dans un communiqué. Pour l’association, les jeunes, premiers touchés par la crise, « se révèlent une véritable variable d’ajustement et revendiquent un droit au travail qu’on leur refuse sous prétexte de crise économique mondiale. »

Gérard Bon, édité par Patrick Vignal

La « révolution » virtuelle deviendra-t-elle réelle ?,

Place de la Bastille, à Paris, mardi 24 mai. Copyright : Benjamin SEZE, témoignage chrétien

Le mouvement de protestation qui secoue l’Espagne depuis le 15 mai gagne la toile française. Néanmoins la mobilisation dans les principales villes de France reste réduite. Depuis vendredi, le souffle démocratique qui agite l’Espagne ces dernières semaines essaie de gagner la France via Internet. « Democratia Real Ya », disent-ils là-bas. « Une démocratie réelle maintenant », l’idée a séduit des internautes français. Sur Twitter, les messages pullulent. A travers le mot clé #frenchrevolution, des appels aux rassemblements dans les principales villes de France sont lancés quotidiennement. Des pages facebook sont nées et un site dédié au mouvement a été créé : Reelledemocratie.com. Plusieurs dizaines de personnes à Nantes, Marseille et Perpignan, entre 100 et 200 à Grenoble, Lyon, Montpellier et Toulouse, une centaine de plus à Paris… Peu relayé par les médias, l’engouement peine à se concrétiser sur le terrain. Et pour cause : se définissant comme « une mobilisation citoyenne totalement indépendante et autogérée », le mouvement ne bénéficie pas des relais et du soutien logistique des organismes politiques, syndicaux et associatifs. « Il y a une méfiance, voire une certaine défiance, de la part de ces jeunes vis-à-vis de tout type d’organisation politique, et même syndicale », constate Françoise, 55 ans, qui participe aux rassemblements place du Capitole, à Toulouse. « On sent bien que certains viennent de courants de gauche. Mais personne ne le revendique. Pour eux, si une tendance gagnait, ce serait perdu. »

Apolitique

Rester apolitique est un moyen de toucher un maximum de monde. « Il y a évidemment des jeunes militants d’extrême gauche, pourtant, nous voulons avant tout porter un discours citoyen », insiste Pablo, 26 ans, présent place de la Bastille, à Paris, mardi soir. Ce jeune Espagnol, qui travaille depuis quatre mois en France, était Plaza Catalunya à Barcelone ce week-end. « Cela n’a rien à voir, nous étions 15 000. Mais ici, c’est une bonne manière de commencer. » À quelques pas, assis sur le trottoir ou sur les marches de l’Opéra, les 200 participants français et espagnols sont regroupés en commissions. Quelques pancartes appellent les passants à se joindre à eux : « Venez donner vos idées, on a besoin de vous, de tous ». « Le mot révolution n’est qu’une métaphore de ce qui est en train de se passer », explique Pablo. « Nous savons que ce n’est pas une révolution classique, mais une mobilisation pacifique et modérée. » Le but : échanger des idées, et faire émerger des propositions qui seront ensuite adoptées en Assemblée générale. Pour l’instant, le discours n’est pas encore structuré et les revendications peu concrètes, néanmoins cela devrait venir. « Le monde ne se refait pas en cinq jours », justifie Françoise. Un premier manifeste, voté dimanche 22 mai par les 150 participants de Bastille, explique : « Depuis le début de la crise financière en 2008, nos gouvernants ont décidé de mettre à genoux les peuples au lieu de faire payer les banques. » Il annonce donc deux axes de revendications : « Régénération démocratique du système politique et défense d’une politique sociale ».

Test
La mobilisation a-t-elle des chances de décoller ? « Je ne sais pas, répond Françoise. Je sais toutefois que ce mouvement fait suite à de nombreuses mobilisations de la jeunesse (CPE, réforme Fillon, réforme Darcos, loi LRU…) et qu’il est une pierre de plus apportée à la prise de conscience de la réalité du monde injuste dans lequel nous vivons. » Pablo explique le succès espagnol : « En Espagne, il y a effectivement un très fort taux de chômage, mais nous avions surtout un discours connecté au citoyen. Nous avons repris des sujets qui reviennent dans les conversations – le chômage, la précarité, les inégalités, la corruption – et nous avons dit « il y a un problème, nous devons réfléchir à des solutions ». » Concernant la France, « tout dépend de l’organisation à venir du mouvement et de notre capacité à avoir un discours qui peut concerner le citoyen classique », conclut-il. Premier test, dimanche 29 mai, dans plusieurs grandes villes où sont programmés des « grands rassemblements populaires en solidarité avec la révolte en Espagne ».

A Marseille aussi, une poignée d’ « indignados » essaient de se faire connaître et ont organisé plusieurs manifestations ces derniers jours.

Depuis le début de la crise financière en 2008, nos gouvernants ont décidé de mettre à genoux les peuples au lieu de faire payer les banques. Les démocraties européennes ont été séquestrées par les marchés financiers internationaux. Nous sommes pris à la gorge par les plans d’austérité qui se multiplient partout en Europe. Le chômage a explosé et plonge dans la précarité et la misère des millions de personnes. La crise touche tout le monde. En France, alors que les profits du CAC 40 ont doublé, le chômage des jeunes atteint 25 %. En Espagne, c’est 40 % des moins de 35 ans qui sont sans travail. Solidarité avec les indignés Barcelonais violemment réprimés vendredi 27 avril 2011 matin (121 blessés)
Démocratie réelle… Maintenant ! La Spanish Revolution débarque à Marseille

25 Mai 2011 par Philippe Leger

Samedi 21 mai à Marseille, vers 20 h 30, cours Julien, les terrasses des restaurants sont bondées, on tchatche, on galéje, on flirte, on regarde le foot sur les écrans en plein air et, tout à coup, irruption de plus d’une centaine de manifestants, scandant des slogans en espagnol, brandissant des pancartes polyglottes: «Democratia real Ya!»… «Marsella – Frenchrevolution»… «Spanishrevolution»… «People of Europe Rise up!» Je me maudis d’avoir laissé à la maison mon appareil photo. Je pars aux renseignements. Une Espagnole, la trentaine (comme beaucoup de manifestants) m’apprend que « dans toutes les grandes villes du monde, Berlin, New York… des membres de sa communauté se rassemblent et défilent pour clamer leur indignation contre un système démocratique dévoyé, aux ordres des banquiers et de la puissance financière, d’une oligarchie qui ne défend que ses intérêts et oublie le peuple. » Nous échangeons nos adresses mail. Elle m’informe « qu’un rassemblement aura lieu demain, devant la préfecture ». Le soir-même, Raquel me précise dans un courriel* l’heure du rendez-vous et me fournit des informations, des adresses de sites pour approfondir ma connaissance du mouvement en cours. Dimanche, à l’heure dite, petit attroupement très pacifique d’une quinzaine de personnes, 20-30 ans devant la préfecture… et sans autorisation administrative ! Ces jeunes ont été informés de cette réunion d’information grâce aux réseaux sociaux, Facebook est le plus cité. Il y a des Marseillais pur sucre, une Allemande, des Espagnols…

A Marseille aussi, on manifeste (très timidement) pour une « Democracia real ya »

Par Esther Griffe le 24 mai 2011

A Marseille aussi, une poignée d’ « indignados » essaient de se faire connaître et ont organisé plusieurs manifestations ces derniers jours. L’évènement a été très peu relayé par les médias et pourtant, depuis plusieurs jours maintenant, un mouvement de protestation s’élève auprès des jeunes espagnols qui réclament de profonds changements sociétaux, comme l’explique le site Réelle Démocratie, version française du site espagnol Democracia Real Ya. Depuis le 15 mai, ils occupent la Puerta del Sol à Madrid. Et dans plusieurs villes de France aussi, le mouvement essaie de décoller comme à Nantes, Toulouse, Lyon ou encore Paris, où ils étaient près de 400 samedi dernier. Ce mouvement de protestation reste encore très discret dans les médias nationaux, ce qui peut expliquer la très faible mobilisation en France. Pourtant, à l’image des dernières révolution arabes, des jeunes français voudraient eux aussi mener leur French Revolution. A grand renfort de réseaux sociaux, on tente par tous les moyens de faire passer l’information. Pas sûr que ça prenne. La France n’est pas l’Espagne, et encore moins la Tunisie. Malgré plusieurs manifestations prévues sur l’ensemble du pays pour les prochains jours. Dimanche, ils n’étaient qu’une vingtaine en début de soirée mais gardent pourtant bon espoir. Alors feu de paille où début d’un grand mouvement ?

Les jeunes Européens sont solidaires. Ils veulent être écoutés. Respectés. Et représentés !

Si les élections régionales espagnoles des 15 et 22 mai constituent le détonateur, il est évident que le mouvement ne s’arrêtera pas avec la proclamation des résultats électoraux, la déculottée du parti de Zapatero et le triomphe des partis de droite. Il est clair que Sheila, comme toutes les hirondelles hispaniques, souhaite un printemps des peuples pour chasser, comme en Islande, les « partis majoritaires et leurs politiciens corrompus, pour juguler banquiers et financiers internationaux, réorganiser les priorités économiques et sociales, la vie démocratique… » Mais peut-on faire de la politique en dehors des réalités institutionnelles ? Probablement pas. À tout le moins, pas plus plus que les « institutionnels » ne peuvent continuer à faire de la politique en dehors des réalités véritables, celles que les personnes vivent dans leur chair et dans leur sang, faites de chômage, de difficultés financières, de difficultés à trouver un logement décent etc. L’année 2011, une année conviviale, sympathique, avant la grosse tempête… en 2012 ?

Vers un printemps européen ?
Il faudra davantage, croyons-nous, que des « mots d’ordre » relayés par une « presse vénale » et des médias trop souvent déconsidérés, pour démobiliser une jeunesse européenne diplômée et au chômage, à la puissance décuplée par les outils technologiques et l’internet (sa force et son talon d’Achille). Une jeunesse qui fédère d’autres catégories de la population, dans toutes les tranches d’âge. Et qui n’a plus rien à perdre ! Mais il y a plus important : grâce à la jeunesse d’Espagne, les jeunes d’Islande, de France, d’Allemagne et probablement de toute l’Union européenne commencent à croire qu’ils peuvent changer le monde. Ça, c’est nouveau ! Et réjouissant !

Philippe Leger

 

Contacts

sur twitter: hashtag:

#frenchrevolution #acampadaparis #drparis #bastille #globalcamp #yeswecamp

Sur facebook:

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Manifeste de « Democracia Real Ya ! »

Nous sommes des personnes courantes et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui travaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entourent.

Parmi nous, certain-e-s se considèrent plus progressistes, d’autres plus conservateurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéologies très définies, d’autres se considèrent apolitiques. Mais nous sommes tous très préoccupé-e-s et indigné-es par la situation politique, économique et sociale autour de nous. Par la corruption des politiciens, entrepreneurs, banquiers, … . Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.  Cette situation nous fait du mal quotidiennement ; mais, tous ensemble, nous pouvons la renverser. Le moment est venu de nous mettre au travail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous soutenons fermement les affirma­tions suivantes :

*  L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.

* des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.

* Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.

* La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique.

* La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.

* La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.

Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.

* Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

A la vue de cela, je suis indi­gné/e. Je crois que je peux le chan­ger. Je crois que je peux aider. Je sais que, tous ensem­ble, on le peut. Sors avec nous. C’est ton droit.

MARSEILLE  – Lieu : Cours Estienne d’Orves
14 h – Dimanche 29 mai 2011 – Appel national aux citoyens

Inscrivez vous à l’evenement

http://www.facebook.com/event.php?eid=116829031733884

Manifeste de la plateforme

Qui sommes-nous ?

Nous sommes des personnes venues de manière libre et volontairement, et qui avons décidé après la manifestation de continuer à nous réunir pour revendiquer la dignité et la conscience politique et sociale. Nous ne représentons aucun parti ni association.

Ce qui nous unit, c’est une vocation de changement. Nous sommes ici par dignité et solidarité avec ceux qui ne peuvent pas être présents. Pourquoi sommes-nous ici ? Nous sommes ici car nous voulons une société nouvelle qui donne la priorité à la vie au-delà des intérêts économiques et politiques. Nous plaidons pour un changement de la société et de la conscience sociale. Démontrer que la société ne s’est pas endormie et que nous continuerons à lutter de manière pacifique pour ce que nous méritons. Nous soutenons nos compagnons arrêtés après la manifestation et nous demandons leur mise en liberté sans charge. Nous voulons tout, nous le voulons maintenant, si tu es d’accord avec nous: REJOINS-NOUS! “C’est mieux prendre des risques et perdre que perdre sans avoir rien risqué”

Manifeste de la plateforme http://www.democraciarealya.es/

Voici quelques unes des mesures que, en tant que citoyens, nous considérons essentielles pour régénérer notre système politique et économique. Tu peux donner ton avis et proposer tes propres mesures dans le forum.

1.- SUPPRESSION DES PRIVILÈGES DE LA CLASSE POLITIQUE:

Contrôle rigoureux de l’absentéisme des élus dans leurs fonctions. Sanctions spécifiques à l’abandon de fonctions. · Suppression des privilèges par rapport aux charges fiscales, aux années cotisées et au montant des pensions. Égalité du salaire des élus au salaire espagnol moyen plus les frais nécessaires indispensables pour l’exercise de leurs fonctions. · Suppression de l’immunité accordée aux responsables politiques. Imprescriptibilité des délits de corruption. · Publication obligatoire du patrimoine de tous les titulaires de fonctions publiques. · Réduction des postes à nomination discrétionnaire.

2.- CONTRE LE CHÔMAGE: · Une répartition du travail qui favorise la réduction du temps de travail quotidien et la conciliation de la vie professionnelle et la vie privée jusqu’à la disparition du chômage structurel (c’est à dire, jusqu’à ce que le chômage atteigne moins de 5%). · Retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de retraite tant que le chômage des jeunes n’ait pas disparu. · Prîmes pour les entreprises qui emploient moins de 10% de leur personnel en intérim. · Sécurité de l’emploi: interdiction de licenciements collectifs o pour des causes objectives dans les grandes entreprises tant qu’il y a de bénéfices, contrôle des grands entreprises afin de garantir qu’elles n’ont pas recours à l’intérim pour occuper des postes permanents. · Rétablissement de l’aide de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.

3.- DROIT AU LOGEMENT: · Expropriation par l’État des logements bâtis et non vendus afin de les placer dans le marché en tant qu’habitations à loyer modéré (HLM). · Aides au logement pour les jeunes est pour les personnes aux revenus modestes. · Possibilité d’hypothéquer sa maison pour rembourser son prêt immobilier.

4.- SERVICES PUBLICS DE QUALITÉ: · Suppression des dépenses inutiles dans les Administrations Publiques et mise en place d’un contrôle indépendant des budgets et des dépenses. · Embauche de personnel médical tant qu’il y a des listes d’attente de patients. · Embauche de personnel enseignant afin de garantir le ratio d’éleves para cours, les groupes de soutien scolaire et de rattrapage. · Réduction des frais d’inscription dans tous les établissements d’enseignement universitaire et mise à égalité du prix des licences et des masters. · Financement public de la recherche afin de garantir son indépendance. · Transport public à bas prix, de qualité et durable: rétablissement des trains qui sont en train d’être remplacés para les lignes de grand vitesse (AVE) à leurs prix initiaux, réduction du coût des abonnements de transport en commun, restriction de la circulation automobile privée dans les centres villes, aménagement de pistes cyclables. · Ressources sociales locales: application effective de la Loi de Dépendance, réseaux d’aides- soignant municipaux, services locaux de médiation et de garde.

5.- CONTRÔLE DES BANQUES: · Interdiction de toute sorte de sauvetage ou injection de capital aux banques: les banques en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisés afin de créer une banque publique sous contrôle social. · Augmentation d’impôts pour les banques au prorata du coût social généré par la crise occasionnée par leur mauvaise gestion. · Remboursement à la caisse de l’état par les banques de tout le capital publique qui leur a été apporté. · Interdiction aux banques d’investir dans des paradis fiscaux. · Réglementation des sanctions aux opérations spéculatives et à la mauvaise pratique bancaire.

6.- FISCALITÉ: · Augmentation du taux d’impôt su la fortune et de l’imposition pour les banques. · Suppression des SICAV. · Rétablissement de l’impôt sur le patrimoine. · Contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et de la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux. · Promotion international de la adoption d’une taxe aux opérations internationales (taxe Tobin).

7.- LIBERTÉS CITOYENNES ET DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE: · Non au contrôle d’Internet. Abolition de la Loi Sinde. · Protection de la liberté d’information et du journalisme de recherche. · Référendums obligatoires et contraignants pour les sujets d’ampleur qui modifient profondément les conditions de vie de tous les citoyens. · Référendums obligatoires pour toute mise en place des mesures dictées para l’Union Européenne. · Modification de la Loi Électoral afin de garantir un système représentatif et proportionnel réel, qui ne discrimine aucune force politique ou volonté social, où le vote blanc et le vote nul soient aussi représentés au sein du législatif. · Indépendance du Pouvoir Judiciaire: reforme du Ministère Public afin de garantir son indépendance; non à la nomination de membres du Conseil Constitutionnel et du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Pouvoir Exécutif. · Mise en place des mécanismes effectifs afin de garantir la démocratie interne au sein des partis politiques.

8.- RÉDUCTION DES DÉPENSES MILITAIRES

en cours…

Voir aussi Rubrique Espagne, rubrique Mouvement sociaux, Relle democratie revue de presse et Manifeste Montpellier : une ambiance électrique en ville, rubrique Société jeunesse, Jeunes esclaves modernes, rubrique Education, La détermination des lycéens ne faiblit pas,  La force de la liberté s’engouffre dans la ville, Lien externe Spanish révolution en France reelledemocratie.com

Electricité, gaz, téléphone: des tarifs sociaux bien planqués

Et voilà, les prix du gaz augmentent encore, de 5,2% cette fois. Soit une hausse de plus de 20% en un an. Quant aux tarifs de l’électricité, ce n’est pas vraiment mieux. Selon Les Echos, EDF réclame une hausse de 30% d’ici 2015. «Dans l’ensemble, depuis cinq ans, on constate une augmentation des prix des services essentiels, dont on ne peut pas se passer. Que ce soit le gaz, l’électricité  mais aussi le fioul, l’essence, l’ADSL, les assurances…», énumère Thierry Saniez de l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

Comme pansement social à ces hausses, les politiques, de droite comme de gauche, brandissent les tarifs sociaux, censés alléger les factures des plus démunis. Ils existent déjà pour l’électricité, le gaz et le téléphone fixe. Le Premier ministre, François Fillon, en a promis un (il y a plus d’un an) pour faciliter l’accès à Internet. Le Parlement vient de voter une loi instaurant un tarif social de l’eau. Quant à Yves Cochet (Verts), il veut dupliquer l’idée pour les prix des carburants. Efficace? L’idée est bonne mais en pratique le fonctionnement n’est pas satisfaisant. Revue des principaux problèmes. Et pistes de solutions.

La galère pour y accéder

Prenez le tarif première nécessité (TPN), mis sur pied par EDF en 2004 et le tarif spécial de solidarité (TSS) valable pour le gaz. Pour en bénéficier, il faut être éligible à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). Sauf que cela n’a rien d’automatique. La caisse primaire d’assurance maladie envoie un formulaire aux personnes concernées. Complexe, comme tous les formulaires, avec une mention spéciale sur le nombre de chiffres à recopier. «Cela multiplie les risques d’erreur, sans compter les documents qui se perdent, ceux qui ne sont pas envoyés à la bonne adresse… Et tous ceux qui n’ont pas de factures en leur nom, qu’ils vivent chez des proches ou en concubinage», explique Stéphane Mialot, directeur des services du médiateur de l’énergie.

Pour le téléphone fixe, France Télécom propose depuis plus de dix ans une réduction sur l’abonnement de base. Sont éligibles cette fois les personnes touchant le RSA (revenu de solidarité active), l’allocation adulte handicapé ou l’allocation de solidarité spécifique (pour les chômeurs en fin de droits). Aucun courrier n’est envoyé pour informer les bénéficiaires potentiels. Ceux qui par chance sont au courant doivent demander un formulaire au Pôle emploi.

C’est l’un des gros points noirs de ces tarifs sociaux, ils sont peu connus. «Il faut dire que les entreprises ne communiquent pas beaucoup sur le sujet. On avait mené l’enquête il y a quelques années sur les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz, peu de travailleurs sociaux en avaient connaissance», rapporte Pierre Mazet, de l’observatoire du non recours aux droits et services.

Très peu de personnes en bénéficient

L’écart entre les bénéficiaires potentiels et réels est important. Pire, il se creuse. L’année dernière, le nombre de ménages profitant du TPN (électricité) a chuté, et pas qu’un peu. Ils étaient 940.000 fin décembre 2009 et seulement 625.000 (-33%) en 2010. Comment expliquer cette baisse? EDF plaide la bonne foi, disant ne pas avoir d’explication. La nécessité de refaire chaque année la demande (et donc la paperasse) serait un élément d’explication.

Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont le signe du mauvais fonctionnement de ces tarifs sociaux. On estime à deux millions le nombre de personnes éligibles au TPN et à un million pour le tarif spécial du gaz (contre 300.000 dans les faits).

Concernant le téléphone, même constat. Quelque 330.000 clients bénéficient de la réduction sur l’abonnement à la ligne fixe. «Leur nombre baisse mais c’est normal, il suit l’évolution des abonnements de ligne fixe. Les gens préfèrent le portable», assure-t-on chez France Télécom qui se targue de proposer depuis un an et demi — «avant nos concurrents et avant que le gouvernement nous le demande» — un forfait mobile spécial RSA. Sauf que là, encore, ils sont très peu à en bénéficier, à peine 4.500.

Pas du tout à la hauteur des factures

Dans le cas du forfait mobile d’Orange, c’est 10 euros par mois pour 40 minutes de communication et 40 SMS. Sachant qu’une fois le temps épuisé, il faut racheter des recharges au prix fort. Quand on sait que les premiers forfaits classiques commencent à 15 euros par mois… On comprend mieux que peu de personnes fassent les démarches.

Pour l’électricité, c’est encore pire. «Le tarif première nécessité ne couvre pas du tout les frais de chauffage. Il a été pensé pour garantir le minimum de lumière et le fonctionnement du frigo», indique Stéphane Mialot. Le TPN n’offre qu’une réduction sur l’abonnement et sur les 100 premiers kWh consommés chaque mois. C’est très peu. Cela revient à une économie d’environ 88 euros par an! C’est rien du tout quand on sait que la facture moyenne d’électricité est de 600 euros par an, et monte facilement à 1000 euros quand on utilise un chauffage électrique. «Or, souvent les personnes dans le besoin vivent dans des appartements mal isolés avec des radiateurs électriques», rappelle comme une évidence Stéphane Mialot.

Comment améliorer

Première idée, valable pour le gaz et l’électricité: automatiser l’application des tarifs sociaux pour éviter la case paperasse. «Cela fait des années que cette mesure de bon sens est imminente, on attend toujours», ironise Pierre Mazet. «Concrètement, on voit mal comment cela va fonctionner, estime Stéphane Mialot. Encore faudrait-il que les fichiers des adresses soient à jour… Et cela ne résout pas tout : quand la personne n’a pas de facture à son nom, elle n’a pas droit à l’aide.»

L’association de consommateur CLCV milite pour une solution plus radicale : «Repenser le système, réfléchir à un dispositif global plutôt que de multiplier comme ça les tarifs sociaux pour colmater les trous, juge Thierry Saniez. On a fait des propositions, elles sont sur la table. Maintenant, cela relève d’un choix politique. Veut-on, oui ou non, garantir l’accès pour tous aux services essentiels ? »

Marie Piquemal (Libération)

 

Voir aussi : Rubrique Société Pauvreté, rubrique Consommation,

Les jeunes esclaves moderne

Le nouveau numéro d’Alternatives Economiques (n°300 du mars 2011) fait sa couverture sur la jeunesse dite « Génération galère ». Dans cette enquête, AE fait un état des lieux du chômage des 15-25 ans qui atteint les 24% en 2010. Notons qu’il s’agit là d’une enquête sur la jeunesse qui est déjà dans la vie active, ou qui essaye désespérément de l’être.

Un autre chiffre me vient en tête, dans un article du Time du 28 février sur les révoltes de la jeunesse arabe. Il y était mentionné que le chômage des jeunes dans ces pays atteignait les 25%. Drôle de coïncidence. Sauf que nous, jeunes Français, nous ne faisons rien pour changer les choses. Nous sommes pris dans ce marasme. Et pourtant, notre quotidien est de plus en plus difficile.

Difficile d’être jeune aujourd’hui

Selon les critères économiques et sociaux, la « jeunesse » est un terme bien plus vague qu’il y a cinquante ans. C’est pourquoi les limites de cette enquête sont très vite atteintes. Le quart de siècle ne marque pas la fin de la jeunesse et l’entrée dans la vie active et le monde adulte. Au contraire, le concept évolue en fonction des difficultés économiques et sociales auxquelles font fasse ces nouvelles générations. A 30-35 ans, nous rentrons encore dans la case « jeunesse ». Nous sommes des « vieux-jeunes ».

Aujourd’hui, être jeune est un réel défi. Entre faire des études plus longues car on nous a promis que plus d’études = plus de sécurité, trouver un stage, un premier emploi (souvent précaire), ou un CDI (sésame du droit au bonheur ? ) ou encore pouvoir être locataire, il semble bien loin le temps où la jeunesse française trouvera une stabilité pourtant bien méritée.

La pauvreté frappe lourdement les jeunes : 20% des 20-24 ans et 12% des 25-29 ans. Alors que le Smic a augmenté de 121 euros en quinze ans pour atteindre en 2011 la coquette somme de 1 071 euros mensuel net, la jeunesse doit se battre pour joindre les deux bouts.

Nous sommes de plus en plus dépendants de nos parents. Et même si nous finissons par trouver un travail, celui-ci demeure précaire. Aujourd’hui, si un jeune trouve un premier emploi, il a de grandes chances pour que ce CDD soit suivi d’une nouvelle période de chômage de plusieurs mois avant de retrouver un emploi.

Il est donc difficile d’accéder à une toute relative indépendance financière sans retomber au moindre revers dans les pattes de papa et maman. Et qu’en est-il d’une partie de cette jeunesse qui ne peut pas compter sur un parent pour le nourrir ?

En France aujourd’hui, une partie de la jeunesse vit en dessous du seuil de pauvreté. Et ce ne sont pas les dernières mesures du gouvernement permettant un RSA jeune qui arrivent à endiguer ce phénomène.

Alors que les Français se battaient pour sauver leurs retraites à l’automne 2010, la jeunesse était dans la rue, consciente que son sort était lié à ce mouvement. Nous étions aux côtés des manifestants et nous scandions ce message : « Laissez-nous payer vos retraites ». Délibérément provocateur, ce slogan avait pour but de sensibiliser l’opinion publique sur le problème du chômage des jeunes.

Les stages, une nouvelle forme d’esclavagisme

La réalité est brutale : la crise économique de 2008 a aggravé la situation. Aujourd’hui, la période d’essai payée est remplacée par un stage (rémunéré à 30% du Smic au-delà de deux mois de stage) qui est loin d’être la garantie de l’embauche à la fin du stage.

Autre fait majeur, les postes dits « juniors » ont eux aussi été remplacés par des stages. En gros, c’est du travail dissimulé. J’irai même plus loin, c’est une nouvelle forme d’esclavagisme moderne. D’ailleurs, quels sont les droits des stagiaires ? Ils ne sont pas comptabilisés dans les effectifs de l’entreprise, ils n’ont pas le droit à des congés payés, et n’ont pas de syndicat.

Par contre, ils sont très productifs ces petits jeunes, souvent surqualifiés, acceptant des postes déclassés, et prêts à faire des heures supplémentaires non rémunérées par espoir d’être embauchés à la fin de leur stage (ce qui demeure un fait assez rare). Il est bien loin le temps du stage café/photocopieuse.

Le collectif Génération précaire se bat depuis 2005 pour amener le débat dans la sphère publique, mais pourtant les abus continuent. De 800 000 stagiaires il y a quelques années, nous sommes passés à prêt de 1,5 million en 2010.

Les étudiants ne font plus un seul stage de fin d’étude, mais plusieurs stages tout au long de leur parcours académique. La multiplication des stages par étudiant découle de cette pénurie d’emplois. Drôle de société dans laquelle nous vivons où il y a du travail (les stages le prouvent) mais pas d’emplois.

Hela Khamarou Rue 89

Voir aussi : Rubrique Société, Citoyenneté, jeunesse, réelle démocratie, Mouvement sociaux, rubrique pauvreté, rubrique travail