STRASBOURG (Reuters) – Greenpeace France et neuf de ses militants ont été condamnés, mardi, pour s’être introduits le 12 octobre dernier dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle), dont ils voulaient démontrer la vulnérabilité, a-t-on appris auprès de l’organisation écologiste et sur le site internet du Républicain lorrain.
Les activistes avaient franchi deux grillages pour s’approcher d’un bâtiment et avaient tiré des fusées d’artifice avant d’être interpellés par les gendarmes.
Deux d’entre eux, déjà impliqués par le passé dans des actions similaires, ont été condamnés à deux mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Thionville.
« C’est une première dans l’histoire de Greenpeace France », s’est insurgé l’organisation sur son compte Twitter.
Les sept autres, dont Yannick Rousselet, chargé de campagne chez Greenpeace, qui n’avait pas pénétré sur le site mais qui était présent à l’extérieur et se voyait poursuivi pour complicité, sont condamnés à cinq mois de prison avec sursis.
Greenpeace France devra en outre verser 20.000 euros d’amende et 50.000 euros à EDF en réparation du préjudice moral.
Le tribunal a ordonné une expertise pour le préjudice matériel.
Les militants encouraient cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende pour « intrusion en réunion et avec dégradation dans l’enceinte d’une installation civile abritant des matières nucléaires ».
Le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, qui représentait l’organisation à l’audience, a annoncé son intention de faire appel.
« Ces lourdes sanctions ne sont pas acceptables pour l’organisation, qui a joué son rôle de lanceur d »alerte », affirme-t-il dans un communiqué en dénonçant « l’irresponsabilité d’EDF en matière de sécurité nucléaire ».
Situation à Fukushima, abolition des armes nucléaires, gestion des déchets radioactifs, contrepoints aux lobbies de l’atome… Un « Forum social mondial antinucléaire » se tiendra à Paris du 2 au 4 novembre. Il accueillera des opposants à l’énergie atomique venus du Japon, toujours en prise avec les conséquences de Fukushima, d’Inde où de nouvelles centrales nucléaires sont en projet, d’Australie, où de l’uranium est extrait, du Royaume-Uni, où EDF doit construire deux réacteurs EPR, ainsi que des travailleurs et sous-traitants français du nucléaire. Basta ! relaie leur appel et le programme de ce forum social.
« Depuis le premier Forum Social Mondial (FSM) à Porto Alegre en 2001, le mouvement altermondialiste s’est étendu et consolidé. Des FSM ont eu lieu en Amérique latine, en Asie, en Afrique et, en août 2016, en Amérique du Nord. De nouvelles thématiques sont venues enrichir cette dynamique. En 2013 et 2015, le nucléaire a fait l’objet de plusieurs activités de réflexion et le premier Forum Social Thématique Antinucléaire s’est tenu au printemps 2016 à Tokyo, où un « Appel pour un réseau mondial vers un monde sans nucléaire » a été lancé. A Montréal, un second Forum Antinucléaire a eu lieu à l’occasion du FSM.
La France étant le pays le plus nucléarisé au monde par rapport à sa population totale, des organisations et mouvements antinucléaires français ont jugé pertinent d’accueillir le prochain FSM Antinucléaire en France, du 2 au 4 novembre 2017, à Paris.
En France, ces dernières années ont connu une succession ininterrompue d’échecs retentissants pour la filière nucléaire : Areva n’a été sauvée de la faillite que par l’intervention de l’État ; des fraudes dans la construction des cuves et des générateurs de vapeur de centrales ont conduit à la mise à l’arrêt d’une bonne partie du parc nucléaire pour raisons de sécurité ; les aventures d’EDF dans les projets d’EPR (Olkiluoto, Flamanville, Hinkley Point) mettent en péril sa santé financière.
Dans le monde entier, le nucléaire a engendré des problèmes ingérables. Les déchets radioactifs sont là pour des millénaires et leur gestion est désormais imposée aux générations futures. Mais ne faut-il pas d’abord cesser d’en produire ? L’extraction de l’uranium dans les pays du tiers monde est une source majeure de pollution, dont souffrent en premier lieu les travailleuses et travailleurs de ce secteur. Celles et ceux de la maintenance du nucléaire subissent une exposition qui met leur santé en danger. Les catastrophes de Mayak, Windscale, St Laurent des Eaux, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima nous montrent à quel point cette activité est source de nuisances ingérables. Or les autorités censées en protéger les victimes tentent en réalité d’obliger les populations à vivre dans les territoires contaminés (programme Ethos).
Comment mettre un terme à cette activité qui, de l’extraction des matériaux jusqu’à la gestion des déchets, s’avère mortifère ? Comment éviter une nouvelle catastrophe majeure ? Comment entrer résolument dans la nécessaire transition énergétique ?
Contrairement aux affirmations du monde nucléocrate, le développement du nucléaire ne peut pas être une solution au problème du changement climatique, non seulement parce que cette activité émet elle aussi des gaz à effet de serre (extraction, construction, transport, démantèlement, stockage), mais surtout parce qu’il faudrait construire des centaines de réacteurs pour faire face aux besoins, avec la multiplication des risques que cela implique (accident, déchets, prolifération). Quelles seraient les stratégies permettant à la fois d’arrêter rapidement la production d’énergie d’origine nucléaire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique ?
Les liens entre nucléaire civil et nucléaire militaire sont nombreux, le premier étant vecteur de prolifération du second, avec les mêmes acteurs : en France, Areva, CEA et EDF.
En plus d’être coûteuse, la politique de dissuasion nucléaire est criminelle. Elle est en violation d’une résolution de l’ONU qui condamne l’emploi de l’arme nucléaire, considéré comme un crime contre l’humanité. Rappelons que la bombe a déjà fait plus de morts au cours de sa mise au point que du fait de son utilisation, et l’hémisphère Nord est toujours recouvert des rémanences radioactives des essais des années 1960. L’ouverture de négociations à l’ONU, en 2017, pour un traité d’interdiction des armes nucléaires sera-t-elle enfin un pas décisif vers le désarmement nucléaire mondial ?
C’est pour débattre de toutes ces questions que nous vous invitons à une rencontre internationale, où nous partagerons nos expériences et chercherons ensemble les moyens d’agir pour l’émergence d’un monde sans armes nucléaires et sans production d’énergie d’origine nucléaire. »
Le comité de facilitation du FSM Antinucléaire 2017
Et voilà, les prix du gaz augmentent encore, de 5,2% cette fois. Soit une hausse de plus de 20% en un an. Quant aux tarifs de l’électricité, ce n’est pas vraiment mieux. Selon Les Echos, EDF réclame une hausse de 30% d’ici 2015. «Dans l’ensemble, depuis cinq ans, on constate une augmentation des prix des services essentiels, dont on ne peut pas se passer. Que ce soit le gaz, l’électricité mais aussi le fioul, l’essence, l’ADSL, les assurances…», énumère Thierry Saniez de l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).
Comme pansement social à ces hausses, les politiques, de droite comme de gauche, brandissent les tarifs sociaux, censés alléger les factures des plus démunis. Ils existent déjà pour l’électricité, le gaz et le téléphone fixe. Le Premier ministre, François Fillon, en a promis un (il y a plus d’un an) pour faciliter l’accès à Internet. Le Parlement vient de voter une loi instaurant un tarif social de l’eau. Quant à Yves Cochet (Verts), il veut dupliquer l’idée pour les prix des carburants. Efficace? L’idée est bonne mais en pratique le fonctionnement n’est pas satisfaisant. Revue des principaux problèmes. Et pistes de solutions.
La galère pour y accéder
Prenez le tarif première nécessité (TPN), mis sur pied par EDF en 2004 et le tarif spécial de solidarité (TSS) valable pour le gaz. Pour en bénéficier, il faut être éligible à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). Sauf que cela n’a rien d’automatique. La caisse primaire d’assurance maladie envoie un formulaire aux personnes concernées. Complexe, comme tous les formulaires, avec une mention spéciale sur le nombre de chiffres à recopier. «Cela multiplie les risques d’erreur, sans compter les documents qui se perdent, ceux qui ne sont pas envoyés à la bonne adresse… Et tous ceux qui n’ont pas de factures en leur nom, qu’ils vivent chez des proches ou en concubinage», explique Stéphane Mialot, directeur des services du médiateur de l’énergie.
Pour le téléphone fixe, France Télécom propose depuis plus de dix ans une réduction sur l’abonnement de base. Sont éligibles cette fois les personnes touchant le RSA (revenu de solidarité active), l’allocation adulte handicapé ou l’allocation de solidarité spécifique (pour les chômeurs en fin de droits). Aucun courrier n’est envoyé pour informer les bénéficiaires potentiels. Ceux qui par chance sont au courant doivent demander un formulaire au Pôle emploi.
C’est l’un des gros points noirs de ces tarifs sociaux, ils sont peu connus. «Il faut dire que les entreprises ne communiquent pas beaucoup sur le sujet. On avait mené l’enquête il y a quelques années sur les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz, peu de travailleurs sociaux en avaient connaissance», rapporte Pierre Mazet, de l’observatoire du non recours aux droits et services.
Très peu de personnes en bénéficient
L’écart entre les bénéficiaires potentiels et réels est important. Pire, il se creuse. L’année dernière, le nombre de ménages profitant du TPN (électricité) a chuté, et pas qu’un peu. Ils étaient 940.000 fin décembre 2009 et seulement 625.000 (-33%) en 2010. Comment expliquer cette baisse? EDF plaide la bonne foi, disant ne pas avoir d’explication. La nécessité de refaire chaque année la demande (et donc la paperasse) serait un élément d’explication.
Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont le signe du mauvais fonctionnement de ces tarifs sociaux. On estime à deux millions le nombre de personnes éligibles au TPN et à un million pour le tarif spécial du gaz (contre 300.000 dans les faits).
Concernant le téléphone, même constat. Quelque 330.000 clients bénéficient de la réduction sur l’abonnement à la ligne fixe. «Leur nombre baisse mais c’est normal, il suit l’évolution des abonnements de ligne fixe. Les gens préfèrent le portable», assure-t-on chez France Télécom qui se targue de proposer depuis un an et demi — «avant nos concurrents et avant que le gouvernement nous le demande» — un forfait mobile spécial RSA. Sauf que là, encore, ils sont très peu à en bénéficier, à peine 4.500.
Pas du tout à la hauteur des factures
Dans le cas du forfait mobile d’Orange, c’est 10 euros par mois pour 40 minutes de communication et 40 SMS. Sachant qu’une fois le temps épuisé, il faut racheter des recharges au prix fort. Quand on sait que les premiers forfaits classiques commencent à 15 euros par mois… On comprend mieux que peu de personnes fassent les démarches.
Pour l’électricité, c’est encore pire. «Le tarif première nécessité ne couvre pas du tout les frais de chauffage. Il a été pensé pour garantir le minimum de lumière et le fonctionnement du frigo», indique Stéphane Mialot. Le TPN n’offre qu’une réduction sur l’abonnement et sur les 100 premiers kWh consommés chaque mois. C’est très peu. Cela revient à une économie d’environ 88 euros par an! C’est rien du tout quand on sait que la facture moyenne d’électricité est de 600 euros par an, et monte facilement à 1000 euros quand on utilise un chauffage électrique. «Or, souvent les personnes dans le besoin vivent dans des appartements mal isolés avec des radiateurs électriques», rappelle comme une évidence Stéphane Mialot.
Comment améliorer
Première idée, valable pour le gaz et l’électricité: automatiser l’application des tarifs sociaux pour éviter la case paperasse. «Cela fait des années que cette mesure de bon sens est imminente, on attend toujours», ironise Pierre Mazet. «Concrètement, on voit mal comment cela va fonctionner, estime Stéphane Mialot. Encore faudrait-il que les fichiers des adresses soient à jour… Et cela ne résout pas tout : quand la personne n’a pas de facture à son nom, elle n’a pas droit à l’aide.»
L’association de consommateur CLCV milite pour une solution plus radicale : «Repenser le système, réfléchir à un dispositif global plutôt que de multiplier comme ça les tarifs sociaux pour colmater les trous, juge Thierry Saniez. On a fait des propositions, elles sont sur la table. Maintenant, cela relève d’un choix politique. Veut-on, oui ou non, garantir l’accès pour tous aux services essentiels ? »