Dans les coulisses peu reluisantes de Bollywood.

shobhaa_deShobhaa Dé une star indienne de passage à Montpelllier

Auteur à succès, journaliste, l’ex mannequin Shobhaa Dé est une star indienne qui s’est imposée avec détermination et dignité. Ecrivain très à l’écoute de la société, ses quatorze livres dont sept romans, abordent à travers le sexe et les problèmes de couples, la condition des femmes de manière décomplexée. Traduits dans plusieurs langues, ils se sont vendus en Inde à plusieurs millions d’exemplaires. Elle était hier l’invitée de la librairie Sauramps à l’occasion de la parution de La nuit aux étoiles, premier livre traduit en français qui dévoile les coulisses peu reluisantes de Bollywood.

Vous êtes un auteur très populaire en Inde où puisez-vous vos sources d’inspiration ?

De ma passion de vivre, de ma passion pour les mots, je pense que c’est cela qui me connecte avec mes lecteurs. C’est une connexion qui vient à la fois de la tête et du cœur.

La nuit des étoiles vous dévoilez l’envers du décor de Bollywood qui révèle un monde brutal…

Le travail d’un écrivain est de dire la vérité. Bollywood est en effet un monde de cruauté et de violence. Cela concerne tout le milieu mais cette violence se révèle plus particulièrement à l’encontre des femmes. J’ai écrit ce livre il y a vingt ans. Depuis les choses ont un peu évolué.

C’est le premier de vos livres traduit en français, pourquoi si tard ?

C’est sans doute lié au développement du cinéma de Bollywood en France. Je pense que chaque livre trouve son propre temps. Ce qui est très important c’est de trouver le bon éditeur.

Qu’est-ce qui a changé en vingt ans ?

Le cinéma indien concernait surtout le public national, avec la mondialisation, il s’est ouvert à l’international. Aujourd’hui les jeunes comédiennes choisissent de faire ce métier et font des études pour cela. Alors qu’auparavant leurs parents choisissaient pour elles. Comme dans le livre où les parents d’Aasha mettent quasiment leur fille de quinze ans dans le lit des producteurs. Le modèle de vie a beaucoup changé en vingt ans du moins dans les villes.

Dans le livre vous mettez en exergue les différences entre le Nord et le Sud ?

C’est différences s’expriment à travers la langue. Il est beaucoup plus difficile de réussir dans le cinéma si vous parler l’Hindi avec l’accent. Et puis il y a aussi la couleur de la peau. Le fait d’avoir des yeux clairs est un avantage.

La condition des femmes, un thème qui traverse votre œuvre, a-t-elle évolué durant cette période ?

A la tête du Congrès, Sonia Gandhi met un point d’honneur à la promotion des femmes dans la sphère politique. La semaine dernière un texte est passé. Il fait suite à la volonté du (BJP) parti nationaliste Hindous de réserver 33% des postes du parlement à des femmes. Elles n’étaient que 9% auparavant. C’est une avancée certaine. Les femmes sont de plus en plus puissantes en Inde.

L’émancipation des femmes s’opère-t-elle aussi face à l’hindouiste qui vénère la femme mais la considère comme servante et garante, à travers la parenté, du système de caste ?

Il y a un fossé entre le monde riche et urbain et le monde pauvre et rural où vit 42% de la population. Mais les choses sont en train de changer. Mayawati, leader du BSP, représentant les intouchables, a été élue à la tête de l’Etat d’Uttar Pradesh, le plus peuplé d’Inde. Aujourd’hui, 7o% de la population à moins de trente ans. Les jeunes femmes ont de plus en plus accès à l’information et elles prennent conscience de leurs droits.

recueilli par Jean-Marie Dinh

La nuit aux étoiles, Actes Sud, 23 euros

Voir aussi : Rubrique Inde

Florence Aubenas : « vous dites bonjour, on vous regarde comme si le balai allait parler »

aubenasGrand reporter au Nouvel Observateur, Florence Aubenas a fait la plus grande partie de sa carrière à Libération. Pour écrire Le quai de Ouistreham (éditions de l’Olivier) elle a pris la décision de se mettre dans la peau d’une femme de ménage pendant six mois.

 » Votre choix initial était-il de mener un travail de journaliste ?

Face à la crise qui se profilait à l’horizon, il m’a semblé intéressant d’aller voir à hauteur d’homme et de femme comment cela se passait sur le terrain. Je n’ai pas trop réfléchi à la forme, j’ai abordé le sujet comme un reportage au sens strict du terme. Je ne suis ni sociologue ni éditorialiste. J’ai voulu raconter le monde tel que je le rencontrais.

Cela correspond à une certaine vision du métier en rupture avec la réactivité immédiate…

En partant pour une durée indéfinie, je voulais me donner le temps dont on ne dispose pas habituellement. J’ai commencé par prendre un congé sans solde de quatre mois, que j’ai prolongé. Par rapport aux contraintes du métier, que j’apprécie, c’est évidemment un luxe journalistique. Au début, je pensais que cela prendrait la forme d’un journal de bord. Mais je rentrais tard, je reprenais tôt. Je n’y arrivais pas.

Quel regard portez-vous sur le traitement médiatique de la société qui se résume le plus souvent aux faits divers ?

Curieusement, les journalistes traitent davantage les éléments inhabituels. Les journaux sont fait pour ça. Nous sommes formés dans cette logique, et finalement on traite plus facilement l’extraordinaire que l’ordinaire. Dans tout type d’approche sociale, il faut plus de temps et plus de place. Raconter le quotidien est plus difficile compte tenu du cadre dans lequel les journalistes travaillent. Les rédacteurs en chef vous demandent un traitement optimiste des choses parce que les gens sont déjà déprimés… Il y a une conjonction d’éléments qui fait que ces sujets là sont difficiles à traiter.

Votre soutien aux confrères de France 3 tenus en otages en Afghanistan semble reposer sur une mobilisation nécessaire de l’opinion publique mais aussi contre une certaine dévalorisation de la profession par le gouvernement ?

Au départ, le gouvernement a demandé aux journalistes de ne pas faire trop de publicité à cette affaire pour optimiser les négociations et ne pas nuire aux conditions de leur libération. La presse a joué le jeu. Ceux qui n’ont pas respecté les règles sont ceux qui l’avaient demandé. Plusieurs membres du gouvernement, Claude Guéan, le général Georgelin… se sont précipités pour briser ce souci de confidentialité en dévalorisant leur travail. Le problème est, dès lors, double. Si c’était dangereux de parler d’eux, pourquoi l’ont-ils fait ? Et pourquoi accabler des gens qui ont déjà la tête sous l’eau ? On ne peut pas venir nous expliquer : l’Afghanistan est un endroit primordial pour l’Occident ; nous devons y envoyer des soldats pour y défendre nos valeurs fondamentales et interdire à la presse de s’y rendre parce que ce serait trop dangereux. Les journalistes sont partis là-bas faire leur métier, et je ne vois pas pourquoi on les accable d’un coup, comme s’ils avaient fait du ski hors-piste.

Voyez-vous un lien entre votre expérience d’otage en Irak en 2005 et celle que vous venez de vivre à Caen ?

Je n’y ai pas pensé du tout. Mais je ne suis pas quelqu’un de très introspectif. Cela ne veut pas dire que ce lien n’existe pas.

Votre livre permet la découverte du monde ignoré de la précarité. Je pense par exemple à la formation des agents d’entretien où l’on apprend surtout à être invisible …

Effectivement, en exerçant cette profession, vous réalisez que la principale qualité que l’on vous demande c’est d’être invisible. Pour parler de votre boulot, on va vous dire : elle est formidable, elle est venue, on ne l’a pas vue, on ne l’a pas entendue. On ne vous regarde pas, quand vous entrez et quand vous dites bonjour, on vous regarde comme si le balai allait parler. Parfois on parle de votre entreprise à la radio, c’est généralement pour annoncer le licenciement de 200 salariés mais on ne cite pas les intérimaires et les externalisés. Ces personnes sont dans l’ombre, dans le non-droit du travail dérégulé. Un certain nombre d’employeurs y trouvent leur compte. Dans cette catégorie de personnel, si vous dites je ne travaille pas le dimanche, vous ne travaillez pas.

La pression exercée et la mise en concurrence orchestrée par les marchands de main d’œuvre semble terrifiante…

La concurrence est omniprésente, entre les employés et les entreprises qui négocient les contrats de ménage à la baisse. Au bout de la chaîne, c’est la personne qui passe le balai qui se retrouve à courir. Tout ce qui concourt à la protection des salariés et à la régulation des relations employés – employeurs n’est pas pertinent dans cette zone là qui concerne quand même 20% des salariés français. Une zone où les syndicats n’ont plus prise.

Dans votre livre l’aspect humain est très présent à travers l’expérience de ces femmes qui s’anesthésient pour faire face aux humiliations. Vous mettez le doigt sur un processus d’auto-dévalorisation qui s’exerce chez certaines d’entre-elles…

C’est sûr que le travail précaire est avant tout féminin. 80% des précaires sont des femmes. 80% des Français qui sont sous le Smic sont des femmes. Et 80% des Français qui sont juste au-dessus du Smic sont des femmes. Donc les travailleurs pauvres et malmenés sont des femmes. J’avais une idée reçue très idiote qui était de penser que le travail précaire regroupe peu ou prou une population homogène. Ce qui est tout à fait faux. Il y a des retraitées, des lycéennes, des mères de famille, des gens qui débutent avec de l’ambition, d’autres qui ont dégringolé et qui subissent en souffrant. Il y a des réalités très différentes. Pour moi, une des grandes leçons de cette expérience, c’est de me dire que le travail précaire concerne tout le monde. Les femmes avec qui je suis restée en contact me disent, on n’est pas des précaires. Elles vivent cette désignation comme une forme de marginalisation. Elles disent on est la France de tous les jours. On est la France normale. Et elles ont raison parce que c’est là que l’on en est aujourd’hui. Mais comme ce monde est invisible on n’a pas vu cette France normale devenir précaire « .

Recueilli par Jean-marie Dinh

Florence Aubenas Le quai de Ouistreham aux éditions de L’Olivier

Voir aussi : Rubrique Livre les bonnes feuilles du Nouvel Obs, Rubrique Médias rassemblement de soutien aux otages , exemple pratique d’un petit soldat du journalisme , médias banlieue et représentations, rubrique Société, sans papier nouveaux esclaves, La France continue à détruire des emplois , 8 millions de pauvres en France,

Pas de bébé à la consigne

enfance_vignetteDe nombreuses crèches devraient être fermées jeudi, en raison d’un mouvement de grève des professionnels de la petite enfance, inquiets d’un décret en préparation visant à assouplir les règles d’accueil pour les moins de 6 ans. «Nadine Morano veut créer plus de places en crèche, sans ouvrir de nouvelles structures ni augmenter le budget. En pratique, on va appliquer le surbooking, comme dans les avions pour optimiser la place!», résume Christophe Harnois, membre du collectif «Pas de bébé à la consigne», créé il y a un an pour résister à la «marche arrière» enclenchée par le gouvernement.

Selon le collectif, le décret prévoit d’augmenter le taux de remplissage des crèches. Elles pourront être en surnombre certains jours, avec 20% d’enfants en plus (contre une limite maximale de 10% aujourd’hui). «On voit l’idée : augmenter le nombre d’enfants mais pas le personnel… ce qui revient à réduire le taux d’encadrement», s’indigne Corinne Chaillan, de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE). Elle dénonce aussi la déqualification programmée du personnel. «Avec le nouveau décret, on aura seulement 40% (contre 50% aujourd’hui) de personnel qualifié dans les crèches», à savoir auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants ou puériculteurs. Ce qui devrait augmenter du même coup le nombre de personnels moins qualifiés, comme les titulaires de CAP Petite enfance.

Au moins 300 000 places manquantes

Un rapport remis au gouvernement en 2008 estimait à 300.000 le nombre de places manquantes dans les structures d’accueil. Environ 240.000 enfants de moins de 3 ans sont accueillis en crèche, soit 10% de cette tranche d’âge. Rappelons aussi que Nicolas Sarkozy avait promis pendant la campagne présidentielle un droit opposable à la garde (et donc, en théorie, la possibilité d’un recours en justice pour tout parent qui ne se verrait  pas offrir un mode de garde pour son petit de moins de 3 ans.) Le collectif «Pas de bébé à la consigne» dénonce aussi la mise en place, «sous prétexte d’une diversification des modes d’accueil», des maisons d’assistantes maternelles et des jardins d’éveil. Les premières permettent à quatre assistantes de se regrouper dans un local quelconque, sans que soient appliquer les règles de base des structures collectives… «Ce sont les nouvelles crèches low cost ! D’ailleurs, on ne parle plus d’accueil des tout-petits mais de mode de garde. C’est un retour en arrière. C’est flagrant», déplore Corinne Chaillan.

Quant aux jardins d’éveil, la «trouvaille» de Nadine Morano, la critique est aussi aiguisée. Destinées à accueillir les 2-3 ans, ces structures inquiètent beaucoup les enseignants, qui voient là une manœuvre pour retarder l’entrée en maternelle à des fins budgétaires. Les professionnels de la petite enfance ne voient pas non plus cette évolution d’un bon œil. «Encore faut-il que le personnel encadrant soit là aussi en nombre suffisant, c’est-à-dire un pour huit. Et sur ce point, on n’a pas de garantie, rien n’est précisé dans le décret», insiste Christophe Harnois, éducateur jeunes enfants.

Des manifestations sont prévues dans une trentaine de villes jeudi. A Paris, le cortège partira du métro Glacière à 10h30. A Nice, le rassemblement de 10 heures à 13 heures place Massena… Toutes les informations sur le site du collectif.

Aubry organise un happening féministe contre Frêche

Martine Aubry. Photo Rosereau

Martine Aubry. Photo Rosereau

Lundi 8 mars, la direction du Parti socialiste fera d’une pierre deux coups. Elle célèbrera la Journée de la femme et en fera une journée anti-Frêche. Martine Aubry a finalement choisi cette date pour se rendre à Montpellier afin de soutenir Hélène Mandroux. La première secrétaire ne sera pas seule. L’accompagnera un aréopage de grandes figures féminines du PS : Elisabeth Guigou, Marylise Lebranchu, Adeline Hazan et Aurélie Filippetti, notamment, sont annoncées. En tout, la délégation devrait compter une quinzaine de « pétroleuses » comme dit en souriant l’une des participantes. Point de meeting à l’horizon mais une conférence de presse suivie d’une réunion sen compagnie de femmes de la région ayant décidé de soutenir la maire de Montpellier ». En début d’après-midi chacune repartira vers ses terres, Martine Aubry ayant aussi tenu à participer aux réjouissances liées à la journée de la femme organisées à Lille.

Choisir le féminisme comme angle de tir contre Georges Frêche ; a priori, le positionnement ne manque pas d’habileté. Les « pétroleuses » socialistes venues défier le beauf’ divers-gauche ; l’effet de contraste est tentant. Les mauvaises langues diront que l’argument portera davantage hors Languedoc-Roussillon qu’au sein de la sphère d’influence de Georges Frêche. Et ajouteront, que c’est bien l’effet escompté. En tout cas, les organisateurs-organisatrices de ce happening anti-Frêche découvriront avec intérêt le dernier entretien accordé par le président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, paru dans la livraison de Voici datée du 27 février. Toujours aussi « bon client » pour les médias, Frêche joue sa partition habituelle. Morceaux choisis : « je suis fils unique, c’est pourquoi j’ai besoin d’amour. J’ai été élevé par des femmes (…) : j’aurais du devenir soit homosexuel, soit macho. Je suis devenu macho ». « En m’attaquant, Martine Aubry m’a transformée en icône (…). Elle m’a donnée une aura nationale dont je n’aurais jamais osé rêver (…). Même si elle va tenter encore un coup fourré, je vais me charger de sa réputation après les régionales ». Conclusion de cet entretien : « en fait, le seul regret de ma vie est de chanter faux. Sinon, j’aurais fait carrière dans le lyrique ou dans l’opérette ».

 

Hélène Mandroux

Hélène Mandroux

Sur le terrain, les choses sont moins folkloriques et plus tendues. Les anti-Frêche se plaignent de recevoir des mails nominatifs injurieux et dénoncent le chantage aux subventions exercé à l’encontre de responsables associatifs, contraints de signer des appels publics en faveur du président sortant. Maigre consolation ; un sondage paru la semaine passée accorde 9% à Hélène Mandroux contre 6% la semaine précédente. Dans les rangs Frêchistes, on se compare aux hérétiques Albigeois et l’on dénonce « l’épuration » menée par la rue de Solferino. Chacun des 59 candidats présents sur les listes pro-Frêche a reçu un courte missive lui rappelant l’article 11.19 des statuts du PS concernant « les membres du parti candidats à un poste électif pour lequel les instances du parti ont investi un autre candidat ». « Tu as pris la responsabilité de t’exclure toi-même du Parti socialiste. Tu ne peux donc plus t’en prévaloir, ni utiliser ses logos ou emblèmes » conclut la lettre qui prie le camarade de croire « en l’expression des sentiments distingués » des trois signataires. Qui sont Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, Pascale Boistard, secrétaire nationale à l’organisation et Alain Fontanel, secrétaire national à l’animation et au développement des fédérations.

Jean-Michel Normand Le Monde

Voir aussi : Rubrique Politique locale :  Frêche et le serment du Jeu de paumeDémocratie de quartier , Mandroux et le village Gaulois, Le problème frêche : copie à revoir ! ,

 

Marie NDiaye « persiste et signe », Frédéric Mitterrand refuse de trancher

Marie NDiaye maintient ses propos sur « la France de Sarkozy » mais, selon son éditeur, elle considère la polémique close après l’intervention de Frédéric Mitterrand, qui a toutefois refusé jeudi d’arbitrer le différend l’opposant au député UMP Eric Raoult sur un éventuel « devoir de réserve » des écrivains. « Je ne vois pas ce qui depuis le mois d’août a changé pour que je veuille revenir sur ces propos. Je persiste et signe », a déclaré sur France Inter la romancière, Prix Goncourt 2009 pour « Trois femmes puissantes ».

Dans un entretien publié cet été par le magazine Les Inrockuptibles, elle avait notamment qualifié de « monstrueuse » la France de Nicolas Sarkozy : « Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux », déclarait-elle. Avant même le début de la polémique, Marie NDiaye avait toutefois accordé un entretien lundi à Europe 1 dans lequel elle estimait ses propos « très excessifs ». Jeudi, Eric Raoult a lui même nuancé son propos en suggérant à Marie NDiaye non plus de respecter un « devoir de réserve », mais un « principe de modération ».

L’élu de Seine-Saint-Denis avait interpellé mardi le ministre de la Culture sur les propos, selon lui « insultants », de la romancière, soulevant un tollé dans les milieux littéraires. Pressés à la fois par Marie NDiaye et Eric Raoult de réagir, Frédéric Mitterrand a finalement estimé que l’un et l’autre avaient le droit de dire ce qu’ils pensent. « Je n’ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu’elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu’il a sur le coeur (…) Ca me regarde en tant que citoyen, ça ne me concerne pas en tant que ministre », a-t-il déclaré.

« Après l’intervention du ministre, Marie NDiaye estime la polémique close », indiquait-on jeudi chez son éditeur, Gallimard. L’affaire a continué en revanche d’agiter les milieux politiques. Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, a condamné la « volonté de censurer la parole libre d’une écrivaine » et a demandé à Eric Raoult de « présenter ses excuses » à Marie NDiaye. Et Ségolène Royal (PS) a estimé que « dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place ».

Le PCF a demandé pour sa part au ministre de la Culture de condamner les propos du député UMP et dénoncé un gouvernement qui « cherche maintenant à museler les artistes et à censurer leur liberté d’expression ». Et l’eurodéputé Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, a fustigé « la République des fayots », estimant qu' »il ne doit y avoir aucun devoir de réserve pour un intellectuel, comme pour toute autre personne ».

A l’UMP, le porte-parole adjoint, Dominique Paillé, s’est déclaré opposé à la « censure », tout en appelant Marie NDiaye à « la mesure » : « Je rappelle à Mme NDiaye que tout ce qui est excessif est insignifiant. Et ce qu’elle a écrit ne correspond pas à la France de Nicolas Sarkozy. C’est à cent lieues de la réalité », a-t-il ajouté, estimant que l’écrivain avait « entamé sa propre crédibilité ». « Si Marie NDiaye doit demander au ministre de la Culture ce qu’elle peut dire sans manquer de respect à Nicolas Sarkozy, quelle sera la prochaine provocation destinée à réveiller le ralliement de l’extrême droite à la majorité présidentielle », s’est enfin interrogée la Ligue des Droits de l’Homme.

Voir aussi : Rencontre avec Marie NDiaye