Près de 12000 Intouchables se sont rassemblés, ici à Ahmedabad, pour dénoncer l’humiliant passage à tabac de 4 jeunes de leur communauté par des milices hindoues. REUTERS/Amit Dave
Dans l’Etat du Gujarat, au nord-est de l’Inde, près de 12 000 Intouchables se sont rassemblés pour dénoncer l’humiliant passage à tabac de 4 jeunes de leur communauté par des milices hindoues. Depuis que la vidéo de la scène a été massivement diffusée sur internet la semaine dernière, les Intouchables reprochent au gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi de ne rien faire. Et le mouvement contestataire prend de l’ampleur.
Non seulement ils ont bruyamment investi les places de plusieurs grandes villes, mais les Intouchables se sont mis depuis plusieurs jours en grève. Parmi les secteurs les plus touchés, ceux du ramassage et du dépeçage de bovins.
Résultat, des centaines de carcasses de vaches, animaux sacrés en Inde, sont à l’abandon au bord des routes et pourrissent à la vue de tous. Symbole d’une tension qui se cristallise en Inde mais aussi d’une contestation qui commence à se structurer.
Les manifestants demandent à ce que le gouvernement de Narendra Modiles protège des violences qu’ils disent subir régulièrement de la part des castes supérieures. Désormais ils ont également listé une série de demandes pour améliorer leur sort : la possibilité d’être propriétaire terrien par exemple, de toucher le chômage ou d’occuper des postes au sein de l’administration publique.
Un défi social mais aussi politique pour le parti au pouvoir. Les leaders du mouvement des Intouchables ont fait savoir que pour les élections régionales qui auront lieu en 2017, ils montreront « leur union et leur force ».
Shobhaa Dé une star indienne de passage à Montpelllier
Auteur à succès, journaliste, l’ex mannequin Shobhaa Dé est une star indienne qui s’est imposée avec détermination et dignité. Ecrivain très à l’écoute de la société, ses quatorze livres dont sept romans, abordent à travers le sexe et les problèmes de couples, la condition des femmes de manière décomplexée. Traduits dans plusieurs langues, ils se sont vendus en Inde à plusieurs millions d’exemplaires. Elle était hier l’invitée de la librairie Sauramps à l’occasion de la parution de La nuit aux étoiles, premier livre traduit en français qui dévoile les coulisses peu reluisantes de Bollywood.
Vous êtes un auteur très populaire en Inde où puisez-vous vos sources d’inspiration ?
De ma passion de vivre, de ma passion pour les mots, je pense que c’est cela qui me connecte avec mes lecteurs. C’est une connexion qui vient à la fois de la tête et du cœur.
La nuit des étoiles vous dévoilez l’envers du décor de Bollywood qui révèle un monde brutal…
Le travail d’un écrivain est de dire la vérité. Bollywood est en effet un monde de cruauté et de violence. Cela concerne tout le milieu mais cette violence se révèle plus particulièrement à l’encontre des femmes. J’ai écrit ce livre il y a vingt ans. Depuis les choses ont un peu évolué.
C’est le premier de vos livres traduit en français, pourquoi si tard ?
C’est sans doute lié au développement du cinéma de Bollywood en France. Je pense que chaque livre trouve son propre temps. Ce qui est très important c’est de trouver le bon éditeur.
Qu’est-ce qui a changé en vingt ans ?
Le cinéma indien concernait surtout le public national, avec la mondialisation, il s’est ouvert à l’international. Aujourd’hui les jeunes comédiennes choisissent de faire ce métier et font des études pour cela. Alors qu’auparavant leurs parents choisissaient pour elles. Comme dans le livre où les parents d’Aasha mettent quasiment leur fille de quinze ans dans le lit des producteurs. Le modèle de vie a beaucoup changé en vingt ans du moins dans les villes.
Dans le livre vous mettez en exergue les différences entre le Nord et le Sud ?
C’est différences s’expriment à travers la langue. Il est beaucoup plus difficile de réussir dans le cinéma si vous parler l’Hindi avec l’accent. Et puis il y a aussi la couleur de la peau. Le fait d’avoir des yeux clairs est un avantage.
La condition des femmes, un thème qui traverse votre œuvre, a-t-elle évolué durant cette période ?
A la tête du Congrès, Sonia Gandhi met un point d’honneur à la promotion des femmes dans la sphère politique. La semaine dernière un texte est passé. Il fait suite à la volonté du (BJP) parti nationaliste Hindous de réserver 33% des postes du parlement à des femmes. Elles n’étaient que 9% auparavant. C’est une avancée certaine. Les femmes sont de plus en plus puissantes en Inde.
L’émancipation des femmes s’opère-t-elle aussi face à l’hindouiste qui vénère la femme mais la considère comme servante et garante, à travers la parenté, du système de caste ?
Il y a un fossé entre le monde riche et urbain et le monde pauvre et rural où vit 42% de la population. Mais les choses sont en train de changer. Mayawati, leader du BSP, représentant les intouchables, a été élue à la tête de l’Etat d’Uttar Pradesh, le plus peuplé d’Inde. Aujourd’hui, 7o% de la population à moins de trente ans. Les jeunes femmes ont de plus en plus accès à l’information et elles prennent conscience de leurs droits.