Cinemed. Pour la 8ème année, le Studio du scénario organise la journée du scénario, avec Jean-Pol Fargeau.
Atelier scénario avec Jean-Pol Fargeau aujourd’hui au Cinemed
Jean-Luc Saumade enseigne à l’Université Paul-Valéry aux étudiants en Art du spectacle ayant choisi la motion cinéma. Il assure également des formations professionnelles avec Le studio du scénario qui invite cette année le scénariste de Claire Denis, Jean-Pol Fargeau, pour la journée du scénario sous l’égide du Cinemed. Entretien.
A qui s’adresse la journée du scénario ?
L’idée initiale était d’apporter un soutien aux réalisateurs. Notamment aux jeunes qui veulent tourner et ont parfois des difficultés à comprendre qu’une idée doit se développer avant de devenir un film. Cette journée a désormais un public fidèle composé de professionnels, de cinéphiles, d’étudiants et de passionnés de cinéma. Il n’y a pas de recette particulière pour écrire un scénario. D’ailleurs, nous ne proposons pas une approche figée mais des visions que chacun peut s’approprier à sa manière.
Toute idée peut aboutir à un scénario, non ?
C’est vrai, mais il se trouve que l’écriture du scénario et le montage sont des moments difficiles dans l’histoire d’un film parce qu’ils confrontent à la réalité. Le scénario pose la question de la faisabilité, technique, matérielle, il permet l’estimation budgétaire. C’est à partir du scénario que se bâtit la rencontre avec le producteur qui devra conduire les négociations pour financer le film et réunir l’équipe technique et artistique. Le scénario assure le passage entre le rêve et la réalité en prenant en compte le médium du cinéma, il présente la vraie idée cinématographique.
A ce propos, on peut dire que Jean-Pol Fargeau est un maître en la matière. Quelle sera la nature de son intervention ?
Bien qu’il soit aussi un auteur de théâtre, l’écriture de Fargeau est très peu littéraire. Elle est peu dramatique au sens théâtral du terme. On aime ou on n’aime pas, mais c’est vraiment quelqu’un qui fait du cinéma de cinéma. Les films de Claire Denis sont un peu choquants, ils donnent le sentiment d’être mal finis, ce qui les rapproche du cinéma expérimental mais on est toujours dans des situations narratives cinématographiques d’une grande intelligence de langage. Jean-Pol Fargeau a choisi de bâtir son intervention à partir des scènes qui n’apparaissent pas dans les films, soit parce qu’elles n’ont pas été tournées, soit parce qu’elles ont été coupées au montage. C’est une approche intéressante. L’étude du scénario permet l’accès à une autre grille d’analyse.
Recueilli par Jean-Marie Dinh
Jean-Luc Saumade est aussi réalisateur. Son film « Mère méditerranéenne » est projeté dans le cadre du festival le 30 octobre et le 2 novembre.
Soirée d’ouverture. Un court métrage palestinien suivi de la projection en avant-première du film « Suzanne » de Katell Quillévéré.
Coup d’envoi du 35e Cinemed ce soir au Corum avec Marisa Paredes en maîtresse de cérémonie. Un marathon de neuf jours très suivi par le public montpelliérain. Vous retrouverez nos coups de coeur ainsi que toute l’actualité du festival dans nos colonnes.
Deux films sont programmés ce soir. Le court métrage Condom Lead (préservatif de plomb) des frères jumeaux palestiniens vivant à Gaza, Arab et Tarzan Nasser, fait écho à l’opération militaire « Plomb durci ». Il nous plonge dans le quotidien d’une famille palestinienne en prenant non sans humour à contre- pied le slogan anti-guerre « Faites l’amour pas la guerre » pour évoquer les difficultés à s’aimer sous les bombes. Ce court métrage a été sélectionné en compétition au Festival de Cannes. Leur projet de long métrage, Casting, concourt cette année pour la Bourse d’aide au développement. En seconde partie de soirée, on découvrira en avant-première le deuxième long métrage de Katell Quillévéré Suzanne en présence de l’équipe. Le film retrace le récit de vie sensible d’une femme enfant (Sarah Forestier) cherchant à s’arracher à son modeste destin.
Marisa Paredes, la muse de Pedro Almodovar
Cinemed rend hommage cette année à la grande actrice et comédienne madrilène Marisa Paredes qui occupe une place emblématique dans la culture espagnole depuis les années 60. A son propos, le président du festival Henri Talvat évoque à juste titre un caractère rebelle qui s’est forgé dans la résistance affirmée au franquisme et s’est libéré en plein coeur de la Movida. Personnalité sensible et forte tout à la fois, il émane de cette grande comédienne une grâce naturelle qui fait l’étoffe des stars mais la part d’ombre qui a jalonné son parcours en fait aussi une femme engagée.
Le public français la découvre dans Talons aiguilles (Tacones lejanos), dans un rôle de mère indigne, capricieuse, et finalement sincèrement repentante. Pedro Almodovar lui offre ses plus beaux rôles, comme dans le peu connu La Fleur de mon secret (La Flor de mi secreto) et Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre).
La Fleur de mon secret sera projeté demain à 19h au Corum. Un film charnière dans la carrière d’Almodovar où Marisa Parades joue le rôle de Leo. Un auteur qui écrit des romans à l’eau de rose sous le pseudonyme d’Amanda Gris mais n’arrive plus à décrire les bons sentiments et ses ouvrages sont de plus en plus noirs. « C’est une histoire qui touchait intimement Pedro. Il devait le faire à ce moment-là. Pourtant, à cette époque, les spectateurs habituels du réalisateur auraient aimé qu’il fasse autre chose (…). Quand est sorti La Fleur de mon secret, le film leur a paru trop dur et désespéré. Pour moi, c’était une responsabilité énorme et aussi un plaisir immense, justement parce que je savais ce qu’il y avait derrière. Je le pressentais, même s’il ne m’en parlait pas explicitement », confiait l’actrice au Festival du cinéma espagnol de Nantes. Montpellier l’attend avec impatience.
Violence et passion. de Luchino Visconti
Considéré comme l’œuvre testamentaire de Luchino Visconti, Violence et Passion (1974) est un huis clos sombre et raffiné dans lequel Burt Lancaster endosse le rôle d’un professeur vieillissant, évoluant dans l’ambiance feutrée d’un appartement cossu de Rome. Rien ne semble pouvoir changer jusqu’à son dernier souffle, jusqu’au jour où s’incruste dans son salon la marquise Brumonti (interprétée par Silvana Mangano), l’épouse d’un riche industriel (que l’on suppose fasciste), qui cherche à tout prix à lui louer l’appartement de l’étage supérieur. Très réticent, le professeur finit par capituler et laisse le désordre prendre le dessus sur sa vie qui semblait vouée au silence, à la discrétion et aux regrets du temps passé. Impuissant, il voit se reconstituer autour de lui une famille dont l’arrogance et l’impertinence le dépassent.
Hommage Agusti Villaronga
L’hommage rendu au réalisateur espagnol Agusti Villaronga s’articule logiquement avec celui que le Cinemed rend à Marisa Paredes. Né à Majorque, le réalisateur partage des convictions profondes avec la comédienne madrilène, liées à l’après-guerre franquiste. C’est en outre dans le premier long métrage d’Agusti, le film culte et abrupte Prison de Cristal (1987) que Marisa trouve le grand rôle qu’elle attendait pour révéler la puissance de son interprétation dramatique. Villaronga mène de front une carrière d’acteur et de réalisateur. Ces films emprunts de réalisme et de poésie installent une atmosphère particulière dont il ressort une beauté sombre. En 2011, il a remporté le Prix Goya du meilleur réalisateur et du meilleur scénario adapté pour son film Pa negre. Le 27, à 19h, il présentera son film El Mar, un témoignage poignant sur la guerre civile. On retrouvera la force du propos de Villaronga lundi 28 oct à l’occasion d’une table ronde à 17h au Corum.
Le film du Dimanche Médée à 21h30 Opéra Berlioz
Sincère Pasolini
Le Cinemed tire un excellent parti des chefs d’oeuvres du cinéma trouvant une nouvelle vie après restauration. Il dévoile dimanche La Médée de Pasolini. En 1970, Pasolini s’empare de la trame d’Euripide pour restituer une adaptation toute personnelle. Pasolini donne à Médée le visage de Maria Callas, celui d’un souvenir, et motive son choix par : « les archétypes qui hantent l’âme de Maria Callas.» A sa sortie, le film (son 13e) n’a pas déçu les amateurs de tragédie. La sincérité de l’interprétation, la vérité de l’expression, sa force, sont renversants d’authenticité. En toile de fond se dessine le conflit culturel opposant Médée à Jason. Le réalisateur poète opère une transposition de lieux; de la Grèce antique il déplace le drame en Syrie et en Turquie où sa caméra capte les peuples et traditions ancestrales, au-delà de l’apparence onirique, la démarche est celle d’un documentariste.
Jean-Marie Dinh
Source : L’Hérault du Jour La Marseillaise 25/10/2013
Céline Minard : La puissance brute de l’imaginaire.
Céline Minard a récemment fait escale à la librairie Sauramps pour évoquer son dernier livre Faillir être flingué (Rivages), qui conserve ses chances dans les huit romans de la deuxième liste du prix Médicis.
L’auteur poursuit son exploration de la langue passant d’un genre à l’autre en ouvrant de nouveaux champs. Son livre est un western qui relève d’un territoire inconnu. Céline Minard dessine une galerie de portraits puissants des pionniers jouant leur va-tout dans l’appréhension d’une immensité sauvage. Indiens, pionniers, voleurs, filles de joie, les personnages sont bruts de décoffrage.
Minard s’est inspirée de la structure des Sept Samouraïs. Dans le grand Ouest, des destins se croisent et convergent vers un objectif incertain suivant une piste vers cette ville, « qui n’était une ville que si l’on voulait bien croire à son développement à venir. » Le rapport à l’espace et au temps se heurte aux pouvoir de la nature. On a le sentiment de se perdre dans cette plaine, et en même temps on y respire bien.
Dans cette longue procession, ce ne sont pas des hommes et des femmes qui façonnent la nature, c’est la flore et les animaux qui fuiront bientôt l’avancée humaine, qui gardent le dessus. Céline Minard ne s’est jamais rendue aux Etats-Unis ce qui ne l’empêche pas de revenir avec justesse et talent sur le fondement de cette nation. Faillir être flingué c’est finalement être toujours en vie…
Jean-Marie Dinh
Céline Minard sur les traces des pionniers de la grande plaine. dr
L’association Justice pour le Petit bard en réunion, on envoie les hélicos ?
Mobilisation contre l’expulsion d’un couple de retraités manu militari
L’association citoyenne justice pour le Petit Bard invite à un rassemblement le 25 octobre à 14h devant le TGI de Montpellier pour soutenir trois membres d’une famille expulsée et un bénévole de l’association qui comparaissent pour «Outrage, résistance en réunion avec violences aux dépositaires de la force publique». Un Forum se tiendra à 18h pour le droit au logement.
Dans cette affaire opposant à l’origine le bailleur ACM à un couple de retraités plusieurs points restent à élucider. Le couple accuse certes un retard de loyer de huit mois mais il occupe le petit appartement depuis 1984 sans avoir rencontré de problème. Pourquoi l’avis d’expulsion par les forces de l’ordre est arrivé comme l’éclair alors que tous bailleurs privés y compris les marchands de sommeil qui sont légion au Petit bard savent que le délais moyen pour se débarrasser d’un locataire est de deux ans ?
Pour justifier la sentence ACM argue que le foyer s’est muré dans le silence malgré les relances tandis que la famille affirme s’être rendue dans les bureaux d’ACM pour expliquer sa situation où on l’aurait reconduit prétextant que les agents n’avaient pas de temps à perdre. Il est vrai que l’Office public de l’habitat, le plus gros bailleur local, dont Claudine Frêche assure la direction générale ne dispose pas de service social. A ce propos l’association Justice pour le Petit Bard qui croule sous les dossiers de relogement dont une quinzaine de foyers menacés d’expulsion, souligne que le quartier ne dispose que d’une assistance sociale.
L’examen du dossier de ce malheureux couple de retraités vivant avec 900 euros par mois aurait permis de comprendre qu’ils ne pouvaient plus honorer leur loyer depuis qu’on leur a suspendu les APL. Enfin les deux cents CRS mobilisés pour évacuer deux retraités laisse songeur sur l’utilisation des effectifs de police et les capacités physique et mentale des membres de l’association qui auraient tenté de prendre le dessus par la force…