Musée de Lodève Gleizes et Metzinger.Culture et curiosité sur l’échiquier du cubisme

Jean Metzinger, Femme nue à la lettre, 1946

Jean Metzinger, Femme nue à la lettre, 1946

Modernité. Gleizes – Metzinger du cubisme et après  : L’exposition d’été du Musée de Lodève est consacrée à deux figures marquantes du cubisme restées dans l’ombre de Picasso et Braque.

A Lodève, dans l’arrière pays héraultais on peut tromper pour quelques heures l’idéal moderne de la culture bling bling en poussant la porte du musée municipal qui propose une lecture approfondie des idées et des oeuvres de Gleizes et Metzinger autour du cubisme.

A propos du cubisme, on cite généralement le duo formé par Braque et Picasso et on élargit parfois les représentants de ce courant à un trio en y adjoignant Juan Gris, quand on ne se contente pas d’évoquer Les demoiselles d’Avignon pour solde de tout compte. Cette oeuvre de 1907, symbolise certes une rupture stylistique et conceptuelle sans précédent et pourrait suffire à exhiber ses connaissances en la matière.

L’intérêt de l’exposition du Musée Fleury est justement d’aller plus loin en soulignant à travers un parallèle entre les oeuvres d’Albert Gleizes et Jean Metzinger connus pour leur opuscule de 1912, Du Cubisme*, la variété des courants qui sont intervenus dans l’émergence du cubisme. Que l’on se rassure, l’expo qui se compose de trois parties, ne se limite pas à la connaissance circulaire des théories contenues dans cet ouvrage.

Le parcours didactique réunit 80 tableaux et dessins. Dans un espace un peu trop restreint, le cubisme s’expose sous tous les angles. La première partie de l’exposition présente un choix d’oeuvres de Gleizes et de Metzinger réalisées avant 1911, avant que les artistes ne basculent dans le cubisme. Gleize décompose les formes, optant pour un style massif et sombre (L’écluse de Suresnes, 1908) tandis que les toiles néo-impressionnistes de Metzinger font appel à une palette lumineuse, les touches de peintures révélant des paysages vivants et oniriques (Paysage Bleu, 1906,1907).

Albert Gleizes, Femmes assises devant une fenêtre, 1914, huile sur carton, 70 x 104.5 cm. Collection privée Solange Landau New York © photo maison de vente Aguttes

Albert Gleizes, Femmes assises devant une fenêtre, 1914.

A la faveur d’une suite d’innovations liées à la vie moderne qui se succèdent à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, le monde de l’art se transforme. L’école de Barbizon et de Courbet, l’usage nouveau des couleurs introduit par les Impressionnistes, le synthétisme de Gauguin et de l’Ecole de Pont-Aven et les audaces obstinées de Cézanne sont autant de révolutions à l’origine d’une nouvelle sensibilité collective qui permettra l’avènement du Cubisme.

Entre 1907 et 1914, ce mouvement bouleverse la notion de représentation. Des peintres comme Léger, Delaunay, Gris, Duchamp-Villon, Gleizes, Metzinger et d’autres s’émancipent de leur modèle. Le mouvement touche simultanément la littérature (Apollinaire, Reverdy…), la musique (Stravinsky, Schoenberg…), et le cinéma (Fernand Léger…). Le groupe de Puteaux animé par les frères Duchamp, fréquenté par Kupka, Léger et Picabia se réunit pour jouer aux échecs et débattre de théories mathématiques.

La seconde section de l’exposition en constitue le coeur. Elle rend compte de la diversité du mouvement cubiste. En complément des créations de Gleizes et Metzinger sont exposés les oeuvres de la Section d’Or, trois célèbres expositions dont la mythique Section d’or de 1912. Ces expositions montées à l’initiative des artistes voulaient rendre compte d’une esthétique commune avec des variantes singulières. La modernité d’un Léopold Sauvage (L’oiseau, 1915), ou la maîtrise du triangle d’un Jacques Villon (L’homme au canotier, 1913) en sont de remarquables exemples. La dernière section montre les trajectoires esthétiques différentes prises par chacun des deux artistes après 1914.

La rencontre entre Gleizes et Metzinger s’est faite autour du cubisme en 1910 et culmine avec le traité de 1912. La première et la troisième sections de l’exposition maintiennent cette rencontre sur des passerelles un peu bancales mais l’idée de parallèle ouvre des possibilités.

Si l’exposition de Lodève ne présente pas d’oeuvre majeure, son grand mérite est de nous renvoyer à la naissance du modernisme et à la grande diversité des appropriations. Le cubisme révolutionne l’ordre de l’art figuratif et insuffle une nouvelle conscience dans toute pratique de relation avec le réel.

Jean-Marie Dinh

*Premier livre jamais édité sur le mouvement cubiste.

Fernand Léger Le ballet mécanique

Léger Le ballet mécanique

Clique sur mon oeil

 

Visible dans le cadre de l’exposition, le film expérimental de Fernand Léger donne une idée de l’éclectisme du cubisme. Réalisé en 1924 « Le Ballet mécanique » date de l’époque où les architectes ont parlé de la civilisation machiniste. « L’erreur de la peinture c’est le sujet, l’erreur du cinéma c’est le scénario » dira Léger qui figure comme le premier artiste à réaliser un film sans scénario. « I l y a dans cette époque un nouveau réalisme que j’ai personnellement utilisé dans mes tableaux et dans ce film. Ce film est surtout la preuve que les machines et les fragments, que les objets usuels fabriqués sont possibles et plastiques (…) Des successions d’images rythmées,c’est tout (…). Nous insistons jusqu’à ce que l’oeil et l’esprit du spectateur ne l’acceptent plus. Nous épuisons sa valeur spectacle jusqu’au moment où il devient insupportable. Créer le rythme des objets communs dans l’espace et le temps , (…)  les présenter dans leur beauté plastique »…

Gleizes – Metzinger du cubisme et après à Lodève jusqu’au 3 novembre.

Source : La Marseillaise 07/08/2013

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T où ? chui o musée sa Dchire!

L'expo Signac accessible, chez soi, dehors, où devant la toile. Photo RA

L’expo Signac accessible, chez soi, dehors, où devant la toile. Photo RA

Techno Art. Jouer, colorier, découvrir l’expo Signac au Musée Fabre.

La société multimédia Mazedia qui avait collaboré à l’élaboration du site du musée Fabre à Montpellier vient de présenter deux applications innovantes pour permettre au public de suivre les traces du peintre néo-impressionniste Signac. Spécialisée dans les technologies tactiles et les parcours de visite immersive, la société bretonne s’est engagée à apporter son soutien à l’exposition d’été. Elle propose une application mobile présentant 46 commentaires d’oeuvres et permet également de découvrir les collections permanentes du musée.

L’application est téléchargeable gratuitement sur Applestore. Et devrait être bientôt disponible sur smartphone pour accompagner les visites in situ. Mais que vont donc bien devenir les guides traditionnels ? Si l’on considère l’âge moyen des visites en groupe, il semble qu’ils aient quelques temps devant eux pour se former à l’informatique mais il y a aussi les scolaires, et la jeunesse. Les conservateurs ont compris l’importance de s’adapter aux usages des plus jeunes et de rester en lien avec leurs futurs visiteurs. Avec un Ipad on peut aussi s’initier aux techniques du pointillisme. Comme quoi, la valeur émotionnelle et technique de Signac se trouve aussi au rayon Apple.

L’exposition Les couleurs de l’eau qui connaît un joli succès avec près de 13 000 vrais visiteurs depuis son lancement est désormais en mesure d’accueillir le public connecté techno. Une avancée ?

JMDH

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Gleizes et Metzinger : Approfondir le cubisme au Musée Fleury

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Peinture. Le Musée de Lodève consacre son exposition d’été à deux figures marquantes du mouvement : Gleizes et Metzinger. Du 22 juin au 3 novembre.

Le cubisme s’expose sous tous les angles au Musée de Lodève jusqu’au 3 novembre. Entre 1907 et 1914, ce mouvement bouleverse la notion de représentation. Il renvoie généralement à Picasso et à Braque : « Mais ce que retient l’histoire de l’art et ici lié au cé- lébre marchant Kahnweiler qui avait signé un contrat d’exclusivité avec ces deux artistes, précise la conservatrice du Musée Fleury, Ivonne Papin-Drastik, la notoriété de Gleizes et Metzinger en a un peu pâti alors que ces deux peintres dont nous présentons 80 oeuvres
jouèrent un rôle prépondérant dans la propagation du cubisme. » L’exposition de Lodève retrace les trois périodes clés des deux artistes. Leurs premiers pas dans le cubisme à travers un choix des œuvres réalisées avant 1911. Les deux artistes qui ont des parcours forts différents se rencontrent en 1910, date à partir de laquelle ils ne cesseront de confronter leur travaux.

La seconde partie de l’expo rend compte de la diversité du cubisme. Après la formation du groupe de Puteaux qui fédère les artistes autours des frères Duchamps (Raymond et Marcel), Metzinger développe les préoccupations psychologiques liées au cubisme qui s’exprime par l’interpénétration et la transparence des êtres et des choses. De cette confrontation naîtra l’exposition de la Section d’Or. Gleizes et Metzinger qui en sont les chefs de file publieront leur traité sur le cubisme en 1912. Ce manifeste a été suivi en 1913 par les Peintres cubistes dont l’exposition donne un aperçu. Une collection de réflexions et de commentaires de Guillaume Apollinaire montre l’attention qu’il portait à Metzinger, Gleizes, comme à Delaunay, Picabia et Duchamp.

La troisième section de l’expo s’attache à la trajectoire des deux artistes après 1914. Durant l’Entre deux-guerres, les deux artistes suivent le mouvement général qui se traduit par une forme de retour à l’ordre. Gleizes dont les influences pré-cubistes tendaient vers l’impressionnisme évolue vers l’abstraction tandis que Metzinger plus influencé par le fau- visme se réorientera vers la figuration.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 22/05/2013

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On est tous grecs !

Evi Tsirigotaki : « J’ai voulu mettre en avant la mobilisation des artistes ».   Photo Rédouane Anfoussi.

Expo. Collective éphémère et solidaire, Greeting From Greece. 20 artistes nous ouvrent les rues d’Athènes.

La Grèce fait la Une cette semaine. Dans une conciliante logique avec celle du couple Merkel-Sarko les médias français et allemands annoncent que le scénario catastrophe est évité, grâce à l’heureuse conduite des créanciers privés disposés à effacer une partie de l’ardoise grecque. Mais étrangement, on ne trouve que les comptables de l’addition pour s’en réjouir. On en sera un peu plus sur ce qu’en pensent, les Grecs et le peuple européen privés de banquet, en se rendant au bien nommé Luthier Gourmand* qui a ouvert, depuis hier, ses fenêtres sur Athènes.

A l’initiative de la journaliste Evi Tsirigotaki, l’exposition éphémère Greeting From Greece permet de découvrir les travaux d’une vingtaine d’artistes grecs qui inventent un autre mode de vie depuis le chaos de la réalité. « J’en ai marre de voir des images de violence sur mon pays. J’ai voulu mettre en avant la mobilisation des artistes, explique Evi. Beaucoup d’entre eux s’expriment actuellement en renouant avec le street art dans les rues d’Athènes ou à travers les collectifs qui se montent pour soutenir les victimes sociales de la crise. L’usage des nouvelles technologies permet de faire circuler des regards en contrepoint à la litanie des médias dominants. » A l’instar du patron du lieu d’accueil qui affirme avec simplicité « Je me suis senti concerné. On est tous Grec », l’initiative non subventionnée a rencontré un élan spontané très participatif.

Artistes et sphère publique

Documentaires, vidéos, photos, Djset, et concerts se succèdent jusqu’à 22h dans un lieu artistiquement désacralisé. Le temps semble en effet venu de porter un autre regard sur les créateurs grecs. L’annonce de la disparition, en janvier, du plus connu d’entre eux, le réalisateur Theo Angelopoulos décédé en raison du mauvais fonctionnement des services ambulanciers de la ville, invite à tourner la page. Comme le dit à sa manière, radicalement minimaliste, l’artiste Diohandi qui a emballé le pavillon grec de la dernière biennale de Venise dans une caisse en bois en portant à son entrée l’inscription « Sold Out », tout semble à reconstruire dans le berceau de la démocratie.

Cette expo offre l’occasion de découvrir une nouvelle génération  en prise avec le vide postmodernisme, pense le metteur en scène Théodoros Terzopoulos auquel est consacré un documentaire. « Si les artistes institutionnels restent très silencieux, les jeunes sont débarrassés du décorum. Ce qui leur permet d’exprimer des commentaires politiques, de la colère. Beaucoup ont recours à l’humour noir. On assiste a un vrai renouveau, indique Evi Tsirigotaki, la photographe Stefania Mizara montre dans un Webdoc, comment les Athéniens sont sortis dans la rue qu’ils ont occupée pendant des mois pour réagir contre les mesures d’austérité. Le salaire minimum à baissé de 40% en deux ans. Les créateurs qui s’expriment ici sont en contact avec le mouvement social. »

Les artistes participants à Greeting From Greece reflètent un état de la société. Ils ne sont pas les seuls à vouloir renouveler l’écriture de leur destin…

Jean-Marie Dinh

* Place St Anne à Montpellier, rens : 06 42 61 73 46.

Christos Chryssopoulos : l’intelligence par le vide

Roman. La Destruction du Parthénon de Christos Chryssopoulos.

Un livre vivement conseillé à tous ceux que l’odieuse version des faits qui nous est donnée de la crise obsède. La lecture de La Destruction du Parthénon, dernier ouvrage du jeune et talentueux écrivain grec Christos Chryssopoulos, apaisera certainement les esprits contrariés, mais peut-être pas tous… C’est un court roman d’anticipation pourrait-on dire, si l’on se réfère à la prévisible et hallucinante exigence de Berlin de démolir le Parthénon au motif non moins attendu  que le coût de l’entretien du site serait trop élevé et menacerait l’équilibre des finances publiques grecques.

Christos Chryssopoulos pose lui aussi comme nécessité vitale de s’attaquer au symbole de marbre vieux de vingt-cinq siècles, en situant l’action libératrice de son principal protagoniste dans la ligné du cercle surréaliste Les Annonciateurs du chaos. Ceux là même qui dès 1944, appelaient à faire sauter l’Acropole ! Un slogan choc et provocateur relayé à Athènes au début des années 50 par un groupe d’intellectuels affiliés au Mouvement des irresponsables.

L’action du livre a lieu soixante ans plus tard. Le jeune héros de Christos Chryssopoulos vient de passer à l’acte. Il a ruminé sur sa ville, son fonctionnement, la béatitude de ses habitants. L’absurdité de la situation lui a donné l’énergie d’agir.  Il a pulvérisé le Parthénon. La ville est orpheline. Est-elle encore elle-même ?

A Athènes, c’est la consternation. L’enquête s’ouvre. On recherche le terroriste, son mobile… Sur ce point, le probable monologue de l’auteur des faits, livre quelques pistes : «  Quand je me suis lancé, je n’avais pas la moindre idée de la façon dont je devais m’y prendre. Je n’avais pas de plan. Je n’avais aucun idéal. Le point de départ à été une impulsion, un élan qui m’a poussé à en arriver là. Cela aurait tout aussi bien pu m’emporter je ne sais où. »

Quel avenir, pour le pays amputé de son miroir déformant ? La beauté serait désormais à chercher dans chacun de ses habitants.

JMDH

La destruction du Parthénon, 12 euros, éditions Actes-Sud

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Abstraction : Forces et richesse créatives de la seconde école de Paris

Hartung T 1964 R8

Exposition. Le Musée Fabre poursuit son exploration des grands courants artistiques qui ont jalonné le XXe siècle avec Les sujets de l’abstraction. A découvrir jusqu’au 25 mars 2012.

 

Entrer dans l’abstrait par le sujet n’est pas la moindre des gageures. C’est l’objet ou le pari de l’exposition accueillie au Musée Fabre jusqu’au 25 mars 2012. Le choix des 101 œuvres présentées est issu de la collection de la Fondation Gandur pour l’Art.

Après le Musée Rath de Genève, Montpellier s’inscrit comme la première étape internationale de cette éclairante exposition sur les partisans de l’expressionnisme abstrait de la seconde école de Paris.  Le Musée Fabre poursuit ainsi son exploration des grands courants artistiques qui ont jalonné le XXe siècle. Son directeur Michel Hilaire, et Nicole Bigas, en charge de la culture pour l’Agglomération de Montpellier, ont tous deux souligné le dialogue ouvert entre l’exposition accueillie et les collections contemporaines du musée. Une relation où les œuvres, de Nicolas de Staël, d’Hans Hartung,  de Vieira da Silva, de Serge Poliakoff et bien sûr celles de son principal thuriféraire à Montpellier, Pierre Soulage, trouvent de nouvelles perspectives.

Ecole nouvelle

Le terme Ecole de Paris est apparu dans les années vingt sous la plume du critique d’art André Warnod. Il désigne la situation spécifique à la capitale, foyer de création incontournable qui attirait nombre d’artistes étrangers à la recherche de conditions favorables pour développer leur art. Il a été reconduit après la deuxième guerre mondiale sous le vocable Seconde école de Paris qui fait référence à la liberté d’expression vécue conjointement dans les années de combat de la seconde guerre mondiale.

 

Schneider Opus 27 C

Resserrées entre 1946 et 1962, les œuvres présentées retracent l’histoire de la peinture non-figurative expressionniste. Le choix muséographique répond à plusieurs objectifs. Une certaine fidélité au collectionneur, la mise en exergue des liens avec la collection du Musée Fabre et la volonté du commissaire scientifique Eric de Chassey de contribuer à une réécriture de l’histoire de l’art de l’après guerre en sortant des querelles nationalistes.

« Seules les oeuvres peuvent assurer une transformation des regards, un renversement des a priori et l’établissement éventuel de nouvelles hiérarchies, y compris à l’intérieur de la Seconde École de Paris, qui réhabiliteront des artistes que leur époque ou la postérité a, jusqu’à présent, mal ou peu considérés. » Cette démarche cognitive s’affirme à travers le parcours qui s’émancipe de la chronologie comme le fil le plus cohérent.

Fécondité créative

L’exposition se développe en sections permettant de saisir la fécondité créative de différentes tendances dans lesquelles s’affirment les personnalités.

 

Zao Wou-ki.1961

Née de la recherche d’un nouveau langage, la Sarah (1943) de Jean Frautier, se confronte au primitivisme renouvelé porté par Jean-Michel Atlan ou Karel Appel. Un peu plus sage, mais non moins puissant, Nicolas de Staël transmet son monde intérieur avec Fleurs blanches et Jaunes (1953). Partout la subjectivité s’affirme de manière radicale. Simon Hantaï combat avec la matière en « utilisant la peinture contre lui-même et contre elle-même. » Hans Hartung évoque  sa passion pour la foudre avec T 1964-R8 en souhaitant saisir le zigzag de l’éclair pendant l’orage.

Chaque faction, chaque courant esthétique a ses représentants.  Le niveau supérieur s’ouvre sur le courant « Paysage » saisi par les effets subjectifs qu’il suscite chez les artistes. On y retrouve la sensibilité polysensorielle de la nature des artistes chinois Chu Teh-Chun et Zao Wou-ki. Avec Paris la nuit (1951), Maria Viera da Silva déploie un paysage mental scintillant et sophistiqué comme une partition musicale à interpréter avec le regard.

Le parcours se clôture par une section « Ruine » où les artistes assument la fin du tableau. Cela peut passet par une attaque directe de la surface picturale chez Lucio Fontana, ou par sa transformation en une matière brute chez Jean Dubuffet.

 

Salvadore Scarpitta, Trapped canvas, 1958.

Les sujets d’abstraction des artistes européens ont longtemps été dépassés par l’hégémonie culturelle new-yorkaise, et méprisés plus tard par le scepticisme des soixante- huitards  et de leur fameux slogan «Abstraction piège à con »

« Je me suis rendu compte que l’Europe avait oublié ses propres enfants. Pourtant, la souffrance européenne qu’ils exprimaient au sortir de la guerre, n’est pas la même que celle des Américains », explique le collectionneur Jean-Claude Gandur, dont la collection permet de redécouvrir la richesse de leur conquête plastiques. Un sujet qui en recoupe beaucoup d’autres.

Jean-marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Arts, Artistes méconnus de RDA, Cy Twombly tire un trait, rubrique Exposition, rubrique Montpellier,