Les Dessous de l’ascension au pouvoir d’Hitler

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A l’école on apprend qu’Hitler et l’Allemagne sont responsables de laSeconde guerre mondiale. Mais des auteurs et chercheurs variés exposent l’arrière fond des évènements de l’accession au pouvoir d’Hitler.

Hitler a été financé par Wall Street dès le départ. L’historien Antony Sutton a étudié et parfaitement documenté les transferts d’argent des banques américaines vers des banques tampons dans son livre « Wall Street et la montée en puissance d’Hitler

Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir

par William F. Wertz, Jr.

La guerre économique et financière menée aujourd’hui par l’oligarchie peut se réclamer essentiellement de trois antécédents historiques : 1) l’empire vénitien au cours de la période précédant la guerre de Cent ans et l’âge des ténèbres du XIVème siècle ; 2) l’empire établi, sur le modèle vénitien, par la Compagnie des Indes orientales suite au traité de Paris qui mit fin à la guerre de Sept ans en 1763 ; et 3) les cartels anglo-américano-allemands mis en place dans les années 20. C’est ce dernier aspect que nous allons examiner ici, car il est l’incarnation la plus récente du danger que représente actuellement une oligarchie financière déterminée à dominer le monde sous couvert de « globalisation ».

Il s’agit ici de montrer que le système financier oligarchique d’après-guerre, décrit en partie par John Perkins dans son livre Confessions d’un tueur à gages économique [1], représente la continuation des accords de cartellisation des années 20, qui menèrent à la Deuxième Guerre mondiale. Ces accords, que le président Franklin Roosevelt comptait démanteler après la guerre, constituent en quelque sorte un précurseur de la globalisation actuelle. (Source)

 

Le Salaire de la destruction

Formation et ruine de l’économie nazie de Adam Tooze

 

le_salaire_de_la_destruction_adam_toozeCertains livres sont appelés à demeurer sans équivalent, dépassant tout ce que l’on a pu lire sur un sujet. Le Salaire de la destruction, une histoire économique du IIIe Reich, est l’un d’eux, tant pour le nombre d’idées reçues qu’il balaye que pour les conclusions inédites et l’approche globale qu’il propose.

La catastrophe de 1939-1945 est-elle née de la puissance implacable de l’Allemagne nazie ou bien a-t-elle été précipitée par ses faiblesses économiques? Captivant, unanimement reconnu, fruit des recherches d’un historien au sommet de son art, cet ouvrage capital donne un poids nouveau et central à l’économie dans la politique de conquête mondiale élaborée par Hitler. (Source & achat)
Cet ouvrage a été couronné par de nombreux prix : Economist Book of the Year, (catégorie « Histoire ») en 2006, Wolfson History Prize en 2006, Longmann-History Today Book of the Year Prize en 2007.

Revue de Presse :

  • Ce livre démontre avec brio la capacité de l’histoire économique à expliquer les événements historiques. –The Time
  • Cet ouvrage n’est ni plus ni moins qu’un chef-d’oeuvre, qui se lit avec enthousiasme de la première à la dernière page. –Sunday Telegraph
  • C’est le livre le plus passionnant qu’on puisse lire sur l’histoire économique (…) Tout simplement captivant. Il fera date dans le champ des études consacrées au Troisième Reich. –BBC History

Source  : L’Amer dessous des cartes : 21/12/2014

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Boualem Sansal : du totalitarisme de Big Brother à l’islamisme radical

 Boualem Sansal


Boualem Sansal Photo DR


Dans son nouveau livre, 2084, La fin du monde, Boualem Sansal imagine l’avènement d’un empire planétaire intégriste. L’auteur redoute la montée en puissance de l’islamisme dans une version «totalitaire et conquérante».

Boualem Sansal est un écrivain algérien censuré dans son pays d’origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Son dernier livre 2084, la fin du monde vient de paraître au éditions Gallimard.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

Votre nouveau livre s’intitule 2084 en référence au 1984 de George Orwell. De Jean-Claude Michéa à Laurent Obertone, de Alain Finkielkraut à Christophe Guilluy en passant par un comité de journaliste emmené par Natacha Polony, l’écrivain britannique est partout. En quoi son œuvre fait-elle écho à notre réalité?

Boualem Sansal: L’œuvre de George Orwell fait écho à notre besoin d’éclairer l’avenir, d’indiquer des caps, d’avoir une vision large et longue. Face à l’urgence de la crise, la dictature de l’immédiateté est en train d’écraser toute réflexion profonde et stratégique. Celle-ci se fait notamment dans les universités, mais ces dernières sont coupées du grand public et des acteurs politiques. La littérature est un moyen efficace de porter cette réflexion longue sur la place publique et de mobiliser les opinions. Dans 1984, Orwell avait prédit que le monde serait divisé en trois gigantesques empires Océania, Estasia et Eurasia, qui se feraient la guerre en permanence pour dominer la planète. Aujourd’hui, les Etats-Unis, l’Europe occidentale et la Chine se disputent le pouvoir mondial. Mais un quatrième concurrent décidé et intelligent émerge et progresse de manière spectaculaire. Il s’agit du totalitarisme islamique.

Pour imaginer l’empire intégriste de 2084, vous êtes-vous inspiré de l’actualité en particulier de la progression de l’Etat islamique?

Mon livre dépasse l’actualité et notamment la question de Daech car l’islamisme se répand dans le monde autrement que par la voie de cette organisation qui, comme dans l’évolution des espèces, est une branche condamnée. Cet «État» sème la terreur et le chaos, mais est appelé à disparaître. En revanche, l’islamisme, dans sa version totalitaire et conquérante, s’inscrit dans un processus lent et complexe. Sa montée en puissance passe par la violence, mais pas seulement. Elle se fait également à travers l’enrichissement des pays musulmans, la création d’une finance islamique, l’investissement dans l’enseignement, les médias ou les activités caritatives. L’Abistan est le résultat de cette stratégie de long terme.

L’Abistan, l’empire que vous décrivez, fait beaucoup penser à l’Iran …

L’Abistan est contrôlé par un guide suprême et un appareil qui sont omniprésents, mais invisibles, tandis que le peuple a été ramené à l’état domestique. Entre les deux, une oligarchie qui dirige. Un peu comme en Iran où on ne voit pratiquement pas l’ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution. L’Iran est un grand pays, qui a planifié un véritable projet politique tandis que Daech est davantage dans l’improvisation et le banditisme. L’État islamique est trop faible intellectuellement pour tenir sur la durée. L’Iran a l’habileté de se servir du terrorisme pour détourner l’attention et obtenir des concessions des pays occidentaux comme l’accord sur le nucléaire qui vient d’être signé avec les Etats-Unis. L’Iran chiite pourrait détruire Daech et ainsi passé pour un sauveur auprès des sunnites majoritaires qui lui feraient allégeance. Selon moi, l’État islamique est une diversion. La Turquie, dernier califat, est aussi dans un processus mental très profond de reconstitution de l’empire Ottoman. Il y aura probablement une compétition entre Ankara et Téhéran pour le leadership du futur empire. Cependant la position géographique de l’Iran est un atout. L’Iran est situé en Asie, entre l’Irak, à l’ouest, et l’Afghanistan et le Pakistan, à l’est. Il a également des frontières communes, au nord, avec l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. Ces pays riches en matières premières pourraient être les satellites de l’Abistan à partir desquels il poursuivra son expansion.

Vous écrivez: «La religion peut faire aimer Dieu mais elle fait détester l’homme et haïr l’humanité.» Toutes les religions ont-elles un potentiel totalitaire ou l’islam est-il spécifiquement incompatible avec la démocratie?

Toute religion qui sort de sa vocation de nourrir le dialogue entre l’homme et son créateur et s’aventure dans le champ politique recèle un potentiel totalitaire. Par le passé, l’Église catholique a fait et défait des royaumes, marié les princes et éradiqué des populations entières comme en Amérique du Sud. Dans le cas de la religion catholique, il s’agissait d’une dérive. Contrairement à l’islam qui se situe par essence dans le champ politique. Le prophète Mahomet est un chef d’Etat et un chef de guerre qui a utilisé sa religion à des fins tactiques et politiques. Par ailleurs, les textes eux-mêmes ont une dimension totalitaire puisque la charia (loi islamique), qui se fonde sur les textes sacrés de l’islam que sont le Coran, les hadiths et la Sunna, légifère sur absolument tous les aspects de la vie: les interactions avec les autres, l’héritage, le statut social, celui de la femme, celui des esclaves. Il n’y a rien qui ne soit pas encadré et défini dans le détail y compris la manière dont le croyant doit aller faire pipi! Un robot a plus de degré de liberté qu’un musulman qui appliquerait sa religion radicalement. Malheureusement, l’islam ne laisse théoriquement aucune place à l’interprétation des textes. Au XIIe siècle, il a été décidé que le Coran était la parole incréée de Dieu et qu’aucun humain ne pouvait le discuter. Il s’agissait d’une décision purement politique prise par les califes de l’époque qui voyaient leur légitimité contestée. Le prophète lui-même prônait le débat contradictoire autour des textes. La perte de cette tradition dialectique après le XIIe siècle a coïncidé avec le déclin de civilisation orientale.

Dans Le village de l’Allemand (Gallimard, 2008) vous faites le parallèle entre nazisme et islamisme radical. Quel est le point commun entre ces deux idéologies?

Nazisme et islamisme sont deux totalitarismes fondés sur le culte du chef charismatique, l’idéologie érigée en religion, l’extinction de toute opposition et la militarisation de la société. Historiquement, les frères musulmans, qui sont les premiers théoriciens de l’islamisme, se sont ouvertement inspirés de l’idéologie nazie à travers leur chef de l’époque, le grand mufti de Jérusalem, Haj Mohammad Amin al-Husseini. Celui-ci a noué une alliance avec Hitler et a participé activement à la guerre et à la Shoah en créant notamment des bataillons arabes nazis. Lors de sa rencontre avec le chancelier allemand, le 28 novembre 1941, et dans ses émissions de radio, Hadj Amin al-Husseini affirme que les juifs sont les ennemis communs de l’islam et de l’Allemagne nazie. Depuis cette période, l’extermination des juifs, qui ne figure pas dans le Coran, est devenu un leitmotiv de l’islamisme aggravé par le conflit israélo-palestinien.

Le totalitarisme décrit par Orwell est matérialiste et laïque. Plus encore que l’islamisme, le danger qui guette l’Occident n’est-il pas celui d’un totalitarisme soft du marché, de la technique et des normes qui transformerait petit à petit l’individu libre en un consommateur docile et passif?

Oui, c’est le monde que décrit Orwell dans 1984, très proche de celui que nous connaissons aujourd’hui où les individus sont domestiqués par la consommation, par l’argent, mais aussi par le droit. Ce dernier domine désormais les politiques, mais aussi le bon sens populaire. Le but est de conditionner l’individu. Cependant, ce système fondé sur l’alliance entre Wall Street et les élites technocratiques arrive à épuisement en même temps que les ressources naturelles. Dans cinquante ans, il n’y aura plus de pétrole et le problème de la répartition des richesses sera encore accru. Il faudra mettre en place un système encore plus coercitif. Une dictature planétaire, non plus laïque mais religieuse, pourrait alors de substituer au système actuel qui devient trop compliqué à cause de la raréfaction des ressources.

En quoi l’islamisme se nourrit-il du désert des valeurs occidentales?

Plus que la perte des valeurs, c’est la peur qui mène vers la religion et plus encore vers l’extrémisme. Depuis la naissance de l’humanité, la peur est à la source de tout: des meilleures inventions mais aussi des comportements les plus irrationnels. Face à la peur, des individus éduqués et intelligents perdent tout sens critique. La situation de désarroi dans laquelle se trouve l’Occident tient à la peur: peur du terrorisme, peur de l’immigration, du réchauffement climatique, de l’épuisement des ressources. Devant l’impuissance de la démocratie face à ces crises, la machine s’emballe. Il faut noter que le basculement dans l’islamisme ne touche plus seulement des personnes de culture musulmane. D’anciens laïcs ou d’anciens chrétiens sont de plus en plus nombreux à se convertir puis à se radicaliser.

Existe-t-il un chemin à trouver entre ce que Régis Debray appelle le «progressisme des imbéciles» et l’archaïsme des ayatollahs?

Dans l’histoire, l’humanité a toujours trouvé des solutions à ses problèmes, même ceux qui paraissaient les plus insolubles. Dans certains cas, la peur provoque des éclairs de génie. Hitler semblait avoir gagné la Seconde guerre mondiale, mais la peur que l’hitlérisme se répande partout dans le monde a provoqué un réveil salvateur. C’est l’intelligence qui a vaincu l’hitlérisme. Quand les Américains sont entrés en guerre, ils devaient fournir aux combattants européens armes et ravitaillements. Les cinq-cents premiers navires ont tous été coulés par les sous-marins allemands. L’Europe paraissait fichue et les Américains ont compris que sans celle-ci, ils étaient eux-mêmes morts. Alors, ils ont accéléré la recherche sur la bombe atomique et surtout ils ont inventé la recherche opérationnelle en mathématique qui a permis aux bateaux d’arriver à destination. Dans 1984, le héros d’Orwell, Winston Smith, meurt. Dans 2084, j’ai choisi une fin plus optimiste. J’offre la possibilité à mon héros, Ati, de s’en sortir en échappant à son univers. En traversant la frontière, qu’elle soit réelle ou symbolique, un nouveau champ des possibles s’ouvre à lui.

Dans Le Village de l’Allemand, Malrich, le personnage principal, prophétise: «A ce train, la cité sera bientôt une République islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles.» La France a-t-elle fait preuve de naïveté à l’égard de l’islam radical?

Tout le monde a fait preuve de naïveté à l’égard de l’islamisme, y compris les pays musulmans. Dans Gouverner au nom d’Allah, je raconte la montée de l’islamisme en Algérie dans les années 80. Les premiers jeunes qui portaient des tenues afghanes nous faisaient sourire. Puis le phénomène a pris une ampleur inimaginable notamment dans les banlieues dans lesquelles nous ne pouvions plus entrer, pas même les policiers ou les militaires. Nous sommes le premier pays au monde à avoir interdit le voile islamique dans les lieux publics en 1991. Celui-ci «poussait» dans tous les sens et était devenu un signe symbolique de reconnaissance. J’ai été auditionné lors du vote de la loi sur le port de signes religieux à l’école en 2004. J’ai apporté aux députés français les coupures de la presse algérienne de 1991. Le débat était le même aux mots près.

Vous avez vécu le traumatisme de la guerre civile en Algérie. Peut-on vraiment comparer la situation de l’Algérie et celle de la France comme vous le faite?Notre héritage historique est totalement différent …

Si l’on regarde de près la situation française, l’islamisme s’est d’abord développé dans des banlieues majoritairement peuplée de musulmans: des «little Algérie» comme il y a un little Italy à New-York. Quand je suis allé dans certaines banlieues françaises pour les besoin de l’écriture du Village de l’Allemand, j’étais en Algérie: les mêmes cafés, les mêmes commerces, les mêmes tissus, la même langue. Dans un contexte de mondialisation et de pression migratoire, les équilibres nationaux sont bouleversés. Il y a un siècle ou deux l’Algérie était un horizon lointain. Aujourd’hui Alger est à deux heures d’avion de Paris. L’Algérie est devenue la banlieue de la France. Enfin, le web et les chaînes satellitaires ont accéléré le processus. Plus besoin de prédicateur pour répandre «la bonne parole», il suffit d’une connexion internet. L’islamisme gagne du terrain à une vitesse spectaculaire.

Source : Le Figaro Vox 04/09/2015

Voir aussi : Rubrique Livre, Littérature, Littérature Arabe,

Abstraction : Forces et richesse créatives de la seconde école de Paris

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Exposition. Le Musée Fabre poursuit son exploration des grands courants artistiques qui ont jalonné le XXe siècle avec Les sujets de l’abstraction. A découvrir jusqu’au 25 mars 2012.

 

Entrer dans l’abstrait par le sujet n’est pas la moindre des gageures. C’est l’objet ou le pari de l’exposition accueillie au Musée Fabre jusqu’au 25 mars 2012. Le choix des 101 œuvres présentées est issu de la collection de la Fondation Gandur pour l’Art.

Après le Musée Rath de Genève, Montpellier s’inscrit comme la première étape internationale de cette éclairante exposition sur les partisans de l’expressionnisme abstrait de la seconde école de Paris.  Le Musée Fabre poursuit ainsi son exploration des grands courants artistiques qui ont jalonné le XXe siècle. Son directeur Michel Hilaire, et Nicole Bigas, en charge de la culture pour l’Agglomération de Montpellier, ont tous deux souligné le dialogue ouvert entre l’exposition accueillie et les collections contemporaines du musée. Une relation où les œuvres, de Nicolas de Staël, d’Hans Hartung,  de Vieira da Silva, de Serge Poliakoff et bien sûr celles de son principal thuriféraire à Montpellier, Pierre Soulage, trouvent de nouvelles perspectives.

Ecole nouvelle

Le terme Ecole de Paris est apparu dans les années vingt sous la plume du critique d’art André Warnod. Il désigne la situation spécifique à la capitale, foyer de création incontournable qui attirait nombre d’artistes étrangers à la recherche de conditions favorables pour développer leur art. Il a été reconduit après la deuxième guerre mondiale sous le vocable Seconde école de Paris qui fait référence à la liberté d’expression vécue conjointement dans les années de combat de la seconde guerre mondiale.

 

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Resserrées entre 1946 et 1962, les œuvres présentées retracent l’histoire de la peinture non-figurative expressionniste. Le choix muséographique répond à plusieurs objectifs. Une certaine fidélité au collectionneur, la mise en exergue des liens avec la collection du Musée Fabre et la volonté du commissaire scientifique Eric de Chassey de contribuer à une réécriture de l’histoire de l’art de l’après guerre en sortant des querelles nationalistes.

« Seules les oeuvres peuvent assurer une transformation des regards, un renversement des a priori et l’établissement éventuel de nouvelles hiérarchies, y compris à l’intérieur de la Seconde École de Paris, qui réhabiliteront des artistes que leur époque ou la postérité a, jusqu’à présent, mal ou peu considérés. » Cette démarche cognitive s’affirme à travers le parcours qui s’émancipe de la chronologie comme le fil le plus cohérent.

Fécondité créative

L’exposition se développe en sections permettant de saisir la fécondité créative de différentes tendances dans lesquelles s’affirment les personnalités.

 

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Née de la recherche d’un nouveau langage, la Sarah (1943) de Jean Frautier, se confronte au primitivisme renouvelé porté par Jean-Michel Atlan ou Karel Appel. Un peu plus sage, mais non moins puissant, Nicolas de Staël transmet son monde intérieur avec Fleurs blanches et Jaunes (1953). Partout la subjectivité s’affirme de manière radicale. Simon Hantaï combat avec la matière en « utilisant la peinture contre lui-même et contre elle-même. » Hans Hartung évoque  sa passion pour la foudre avec T 1964-R8 en souhaitant saisir le zigzag de l’éclair pendant l’orage.

Chaque faction, chaque courant esthétique a ses représentants.  Le niveau supérieur s’ouvre sur le courant « Paysage » saisi par les effets subjectifs qu’il suscite chez les artistes. On y retrouve la sensibilité polysensorielle de la nature des artistes chinois Chu Teh-Chun et Zao Wou-ki. Avec Paris la nuit (1951), Maria Viera da Silva déploie un paysage mental scintillant et sophistiqué comme une partition musicale à interpréter avec le regard.

Le parcours se clôture par une section « Ruine » où les artistes assument la fin du tableau. Cela peut passet par une attaque directe de la surface picturale chez Lucio Fontana, ou par sa transformation en une matière brute chez Jean Dubuffet.

 

Salvadore Scarpitta, Trapped canvas, 1958.

Les sujets d’abstraction des artistes européens ont longtemps été dépassés par l’hégémonie culturelle new-yorkaise, et méprisés plus tard par le scepticisme des soixante- huitards  et de leur fameux slogan «Abstraction piège à con »

« Je me suis rendu compte que l’Europe avait oublié ses propres enfants. Pourtant, la souffrance européenne qu’ils exprimaient au sortir de la guerre, n’est pas la même que celle des Américains », explique le collectionneur Jean-Claude Gandur, dont la collection permet de redécouvrir la richesse de leur conquête plastiques. Un sujet qui en recoupe beaucoup d’autres.

Jean-marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Arts, Artistes méconnus de RDA, Cy Twombly tire un trait, rubrique Exposition, rubrique Montpellier,

Mémoires combattantes

Livre document. Témoignages de résistant(e)s de l’Hérault et de la région recueilli par François Berriot.

resistance-zone-sudL’universitaire montpelliérain François Berriot vient de publier aux éditions de l’Harmattan La France Libre, la résistance et la déportation (Hérault, Zone Sud). Ce livre constitué de vingt-quatre témoignages d’hommes et de femmes qui furent des acteurs de la Résistance dans notre région a été réalisé avec le soutien du Centre régional d’Histoire de la Résistance et de la Déportation basé à Castelnau-le-lez.

En zone Sud, la Région 3 regroupe l’Aude, l’Aveyron, le Gard, l’Hérault, la Lozère et les Pyrénées-Orientales. La naissance des maquis, à partir du printemps 1943, répond à des contingences topographiques et sécuritaires, délaissant la plaine côtière et la frontière espagnole au profit de l’arrière-pays. Mais les actes de résistance débutent bien en amont. L’ouvrage met notamment en exergue comment le combat contre l’occupant s’est nourri ici de l’expérience des Républicains espagnols. Comme le démontre le témoignage de Candido Lopez, en charge du dynamitage des trains entre Mireval et Frontignan qui débute dans le village espagnol de Prahua dès 1934 et passe par les conditions lamentables du camp d’Argelès.  » Le 28 février 1939, nous arrivons à la frontière épuisés. Un autre cauchemar nous attend en France. « 

Beaucoup de jeunes combattants rejoignent la résistance pour échapper à la mobilisation des travailleurs français requis pour le S.T.O afin de travailler pour le Reich. Jean Soto de Paulhan, évoque, lui, son expérience au sein des  » Groupe Francs « , puis des M.U.R (Mouvement unis de Résistance) et les contacts avec le Maquis de Bir Hakeim qui se déplace dans le Languedoc-Roussillon et le Sud Ouest.

On survole les techniques de guérilla adoptées, ponctuelles et diffuses. On mesure la volonté d’action de la jeunesse comme l’incertitude liée à la particularité des luttes qui contournent l’affrontement direct avec l’ennemi.  » Ce livre se veut uniquement un recueil de témoignages, confié par l’écrit ou, ce qui est encore plus émouvant, par la parole orale, précise François Berriot dans la préface, il ne prétend ni à l’exhaustivité ni au réalisme historique. « 

Il est peu question de l’aide fluctuante des Alliés et des choix politiques qui ont joué sur la nature et l’activité de ces maquis. La force de ce recueil vient de l’expérience humaine vécue. De la détermination profonde que le lecteur saisit entre les lignes du récit. Une force qui contribua à la libération du territoire particulièrement violente autour de la capitale régionale. Le livre participe à la construction d’une mémoire combattante, mémoire collective en lien avec le passé des hommes et des femmes, complémentaire à la version historique.

Jean-Marie Dinh

La France libre résistance et la déportation  (Hérault zone Sud) Editions de l’Harmattan

Voir aussi : Rubrique livre La  marche écrivains,

 

Axel Odelberg : le 11 septembre début d’une nouvelle ère

 

Axel Odelberg

Les attaques terroriste du 11 septembre 2001 supplantent de plus en plus des évènements historiques majeurs comme la fin de la Seconde Guerre mondiale ou la chute du mur de Berlin, estime l’écrivain Axel Odelberg dans le quotidien Svenska Dagbladet : « Le 11 septembre marque de plus en plus nettement le début d’une nouvelle ère. En Afghanistan et en Irak ont lieu actuellement deux guerres qui ont un lien direct avec l’attaque terroriste. Le conflit entre Israël et les Palestiniens, où il a toujours été question de terre et de biens, a pris dans les deux camps les traits de l’extrémisme religieux. … Le 11 septembre a empoisonné l’atmosphère et créé un sentiment de défiance générale à l’égard des musulmans, et ce non seulement parmi les xénophobes notoires, mais aussi parmi des individus tout à fait normaux, ouverts et xénophiles. … Dans les années 1970, les Brigades rouges et Baader-Meinhof ont tenté de créer une situation révolutionnaire en instillant la défiance envers l’Etat démocratique. Ils ont échoué. Osama Ben Laden a connu un succès bien plus important. La défiance envers le monde musulman croît, et par la même, celle des musulmans envers le reste du monde. L’effondrement des tours du World Trade Center fait de plus en plus d’ombre à la chute du mur de Berlin. »

Svenska Dagbladet – ( Suède)