Indépendance de rigueur aux Palabrasives

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Festif et réfléchi. Neuf jours de solidarité, de créativité et de réflexion proposés par le collectif Avis de chantier, cap sur Villeneuve-lès-Maguelone du 10 au 18 octobre pour décrasser nos neurones.

Aujourd’hui s’ouvre au Prat de Castel (route de Mireval) et aux Salines de Villeneuve-lès-Maguelone, la troisième édition des Palabrasives. Neuf jours de découvertes en tous genres, de solidarité, de créativité et de réflexion. Avis de chantier donne la parole aux exclus des médias et à ceux qui envisagent d’informer autrement, artistes, comédiens, musiciens, réalisateurs, plasticiens, chercheurs et publics que l’on encourage vivement à participer !

L’événement citoyen proposé par Avis de chantier a pris le relais de La Grande Barge lancée en 1998 par un collectif de plasticiens et des Villeneuvois concernés par l’éducation. « Tout est parti d’un questionnement face à la poussée du FN. On était un groupe d’artistes et d’instituteurs impliqués qui cherchait à répondre à ce phénomène sans demander plus de flics, résume Dominique Doré un des plasticiens fondateurs de La Grande barge. Nous avons organisé de nombreuses rencontres- débats autours des problèmes sociétaux et environnementaux en alliant expos et concerts dans un esprit d’ouverture. »

La manifestation prend à l’échelle du village. Les instituteurs organisent des visites avec leurs élèves, les parents s’y intéressent et participent. D’année en année La Grande barge accueille de plus en plus de plasticiens et le public suit. « Tout a toujours été gratuit et nous n’avons jamais voulu demander de subvention pour conserver notre liberté. On a été victime de notre succès. A la fin, c’était un peu lourd, on arrivait à trois semaines d’expos avec une inflation de propositions à gérer. Il n’y avait pas de limite, ce qui demandait beaucoup d’énergie. On se perdait un peu par rapport à l’objet de départ alors on a suspendu ».

L’équipe s’accorde un court temps de réflexion avant de repartir en 2005 avec Avis de chantier. « Il fallait réinventer et réduire la voilure. On garde la souplesse d’organisation mais on a recentré le propos autour de l’information, explique Antoine Galibert. On n’est pas des bénévoles mais des citoyens engagés, chacun fait son métier. On mène des ateliers dans les écoles à la prison, on organise des rencontres, comme les Boules de noël ou les Palabrasives. »

Les créateurs de l’événement ont concocté un programme audacieux et politiquement incorrect  à éplucher sur leur page Facebook Les Palabrasives 2014 où l’on comprend qu’ensemble, devenir moins con est possible…

JMDH

« Croire à ce qu’on fait permet de créer d’autres mondes »

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La riche programmation des Palabrasives commence ce soir par trois concerts. A 19h30 on pourra écouter Les Jazz’Pirateurs (fanfare Nouvelle-Orléan) suivis à 20h30 par un Duo corps à cordes avec le danseur Paul George et le musicien Thomas Boudé. Enfin à 21h  Tango Charly Jazz, un jeune quintet bordelais célébrera John Coltrane. Demain, tout le monde est convié à un voyage dans les salines suivi d’un vernissage festif de l’exposition Les Salines à ciel ouvert. Une expo déambulatoire à suivre sur un parcours de trois kilomètres pour petits et grands avec la participation d’une trentaine de plasticiens. Dans la soirée on retrouve l’esprit de la fête avec le concert de  Békar et les imposteurs (chanson-rock, pop-folk, tango-ska, yiddish).

Côté cinéma

Le romancier réalisateur Lilian Bathelot sera de la partie pour la projection de son documentaire co-réalisé avec Renée Garaud : La fabuleuse histoire de la Paravision projeté samedi à 18h. Le film de 57 minutes tourné en 2013 révèle l’existence d’une firme cinématographique créée en Aveyron par Guy Brunet, un ancien ouvrier de la sidérurgie.

« C’était un de mes voisins qui passait ses journées à peindre dans une ancienne ville minière. Je passais devant sans vraiment y prêter attention jusqu’au jour où il a peint sa façade. Intrigué, j’ai commencé à discuter avec lui. Il m’a invité à visiter son petit immeuble de trois étages rempli de personnages en carton représentant des vedettes de cinéma et des grands décors au point où l’on était contraint de circuler à l’intérieur de profil ».

Cette rencontre insolite pousse Lilian Bathelot à tourner un film et quelques années plus tard, il se lance. Le film, passionnant, évoque la vie de Renée Garaud dont les parents faisaient du cinéma itinérant, allant de ferme en ferme avant d’ouvrir dans les années 40 un petit cinéma dans le village. Lui a passé son enfance dans la cabine de projection. « C’est un homme assez renfermé, un type tombé de la lune, témoigne Lilian Bathelot. Les gens du village le prennent un peu pour un idiot mais lui il n’a qu’une idée en tête. Celle de faire des films. Il en a fait une quinzaine qui vont de 1h07 à 4h40. C’est complètement dingue ! »

La Fabuleuse histoire de la paravision va être diffusée sur la chaîne cinéma de Canal plus, Ciné +. Les réalisateurs, Renée Garaud et le Decazevillois d’origine Lilian Bathelot, viennent de signer un contrat d’exclusivité avec la chaîne. Il a aussi été programmé dans différents festivals dont le Cinemed l’an dernier.

« C’est une très bonne idée de le programmer aux Palabrasives. Le message sous-jacent du film n’est pas de créer de nouveau monde mais de soutenir le fait que d’autres mondes existent déjà. Il suffit de croire à ce qu’on fait pour créer d’autres mondes. Renée Garaud l’a fait et il en parle avec pertinence. Moi je fais les choses à ma manière dit-il cet un homme libre. »

Source : L’Hérault du jour 10/10/2014

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Miro : Des libres racines aux constellations

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Exposition.  Miro «Vers l’infiniment libre et l’infiniment grand » Le Musée Paul Valéry à Sète nous ouvre les portes de l’univers onirique de l’artiste. A découvrir jusqu’au 9 novembre.

 Miro au Musée Paul Valéry, s’avère une escale incontournable pour tous ceux qui rêvent de croissance ou trouvent notre vie corseté un peu terne. Ceux qui ont déjà fait la visite savent que le titre de cette exposition : Vers l’infiniment libre vers l’infiniment grand, s’avère particulièrement bien choisi.  « L’exposition met en évidence l’extrême liberté de l’artiste sur les plans de l’esthétique, de son regard sur les guerres qui, en Espagne et en Europe, ont traversé son époque, de la représentation de la femme, et son aspiration à introduire dans ses oeuvres une cosmologie personnelle spontanément liée à l’immensité des espaces célestes.» commente la directrice du Musée Maïté Vallès-Bled.

C’est au milieu des années vingt que Miro qui travaille à Paris, trouve un style personnel. Sous l’influence des surréalistes, il donne vie à un monde d’irréalité, univers oniriques peuplés d’étranges créatures tout en développant la poétique d’un langage pictural novateur et initiateur. L’artiste conservera son indépendance d’esprit à l’écart des surréalistes. Ce qui ne l’empêche pas  d’entretenir des liens amicaux avec Delnos, Eluard, ou Péret et  une relation cordiale avec Breton qui lui concède que sa production « atteste d’une liberté qui n’a pas été dépassée

Joan-mirc peinture de 1952. Photo : Blog en revenant de l'expo

Joan-mirc peinture de 1952.

Le parcours de l’exposition est construit avec un louable soucis , celui du respect de la démarche artistique. Il démontre en l’occurrence que ce que cherche Miro est plus important que ce qu’il trouve. Une manière de réaffirmer que l’art n’est pas une histoire de circulation d’objet d’art mais bien une aventure profonde.

Le visiteur suit ainsi la quête esthétique et intérieure de Miro. Face aux oeuvres on saisit rapidement que l’artiste a dépassé la recherche plastique, plus de perspectives, de profondeur et de claire obscure.Les dimensions réelles n’ont plus cours, l’artiste s’exprime dans un langage plastique qui lui appartient. Il suffit de se laisser prendre au jeu de la narration pour nous retrouver entraînés au coeur de la poésie et de la joie.

L’infini dans l’art

Nous nous trouvons face à des formes simples dépouillées et identifiables « Les formes s’engendrent en se transformant » disait l’artiste.  Les lignes sont pures et les boules presque rondes. Avec un sens des volumes fascinant, Miro créé un univers de signes et de symboles. L’artiste affirme autant son aptitude à produire des formes que sa capacité incroyable d’en sortir. On touche là à la dimension spirituelle de l’artiste.

« Si nous ne tâchons pas de découvrir l’essence religieuse, le sens magique des choses, nous ne ferons qu’ajouter de nouvelles sources d’abrutissement à celles qui sont offertes aujourd’hui aux peuples, sans compter », écrit-il dans Cahiers d’art en 1939.

Quand la forme sort de la forme,  elle devient un sens transmis à autrui, une énergie de naissance, une force.

Oiseau dans la nuit 1967

Oiseau dans la nuit 1967

Miro révolté

Miro sait que l’art n’est pas la vie et que celle-ci impose de franchir des obstacles. Son travail ouvre des voies à la beauté et à son contraire, la menace. Les positions politiques de l’artiste transparaissent silencieusement à travers des références aux tonalités sombres que l’on retrouve dans son oeuvre, face à la Guerre civile espagnole, ou encore mai 1968. Il s’est réfugié à Paris en 1936. C’est un homme courtois mais loin d’être insensible.

Un jour, que Franco faisait exécuter un révolutionnaire et Miro était en train de peindre en écoutant la radio, il raconte avoir baissé son pantalon pour déféquer sur sa toile et s’exclamer «quelle belle matière».

Sur un autre chemin, celui de la liberté apparaît une représentation de la relation homme/femme. « La femme n’échappe pas au rejet général de Miro pour la conventions qui régissent la représentation de la figure humaine. souligne Stéphane Tarroux. « Ce que j’appelle femme, ce n’est pas la créature femme, c’est un univers » précise l’artiste. Dans une belle scénographie, l’exposition présente une dizaine de toiles interdépendantes réalisées à plusieurs mois d’intervalle de la série femme et oiseau.

Quitter la terre

Vipère exaspérée devant l'oiseau rouge 1955

Vipère exaspérée devant l’oiseau rouge 1955

Le goût prononcé du peintre espagnol pour l’esthétique le convie à une interrogation de l’infiniment grand des constellation. Des années 1939-1941 au composition des années 70 l’artiste fait un triomphe au Comos et à l’admirable nature. « Cette échelle de l’évasion qui est souvent mise en valeur dans mon oeuvre représente une envolée vers l’infini, vers le ciel en quittant la terre.»

Cet axe également présenté au Musée Paul Valéry confirme son éloignement de toute représentation de la réalité visible. Aux antipodes du descriptif et de la matériologie Miro nous rappelle que l’art n’est jamais l’objet que l’on a devant les yeux. L’invisible est partout, son oeuvre est une porte d’entrée que l’on traverse pour aller vers d’autres espaces un passage vers l’expérience non visible.

Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 25/08/2014

Photo : Blog en revenant de l’expo

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Espagne,

Bissière au Musée de Lodève. L’aventure picturale d’un artiste à redécouvrir

« Nu couché draperie brique », 1926.

Une mise en lumière du travail de Bissière au regard de la création artistique de son temps. Jusqu’au 2 novembre 2014 au Musée de Lodève.

Qui était Roger Bissière (1886-1964) dont on fête cette année le cinquantième anniversaire de sa mort ? Un peintre indépendant, un peu à part. Né dans le Lot, il suit les cours de l’Ecole de Beaux-Arts à Bordeaux et participe régulièrement aux salons artistiques bordelais.

Attiré par la modernité il partage un temps l’aventure des avant-gardes parisiennes. Aux débuts des années vingt, Bissière expose régulièrement au Salon des Artistes Indépendants et au Salon d’Automne avant de se retrancher dans sa maison familiale.

L’oeuvre très évolutive de cet artiste profondément humain traverse son époque en se confrontant aux temps et aux courants artistiques.

Le Musée de Lodève s’associe au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux pour suivre l’itinéraire de cet artiste méconnu. Si d’importantes rétrospectives de l’oeuvre ont été organisées au cours des vingt dernières années, l’exposition visible à Lodève jusqu’au 2 novembre se présente, elle, sous l’angle inédit de l’évolution de la place de la figure dans son œuvre.

« L’exposition se propose de questionner la lente maturation qui couvre la période allant de 1920 à la mort de l’artiste en 1964. On passe de la présence à la brutale disparition de la figure dans l’oeuvre.» commente la directrice du Musée de Lodève Ivonne Papin-Drastik qui partage le commissariat général de l’exposition avec son homologue bordelaise, Sophie Barthélémy.

Tradition et modernité

Bissière débute en tant que théoricien. Il s’exprime dans différentes revues dont L’Esprit Nouveau créée par Le Corbusier. Il cesse un jour son travail de critique pour se lancer dans ses propres recherches bien que l’ensemble de son oeuvre reste marquée par une approche théorique beaucoup plus intellectuelle qu’instinctive.

Dans les années 20 il entretient un dialogue critique avec le cubisme qu’il connaît bien. Son travail s’apparente au retour à la tradition picturale, inspiré par Corot, Cézanne, Braque. Bissière semble poussé par la volonté de faire pont entre tradition et modernité.
Dans le catalogue de l’exposition Robert Fleck évoque  : « une peinture pensée » en lien avec un des grands sujets du peintre : le temps. « La lumière et les couleurs autonomes rendent visible une idée du temps qui conjugue la durée des cycles naturels,et la rapidité de l’esprit qui arrive à penser ce temps par l’activité picturale.»

Vénus noire 1945. Huile sur toile avec reliefs en stuc peint 100 x 80 cm

Vénus noire 1945. Huile sur toile avec reliefs en stuc peint
100 x 80 cm

Evolution du vocabulaire

Roger Bissière se tient à distance des envolées lyriques. Marqué par la guerre, il quitte Paris en 1939 « pour retrouver l’essence des choses. » Retiré dans sa maison de Boissierette, il s’arrête de peindre, renoue avec la nature, l’activité agricole et s’inspire des dessins de son fils.

Au lendemain de la guerre l’artiste vit une forme de renaissance qui le pousse à restituer le monde et les émotions qu’il synthétise dans sa peinture. « J’ai oublié bien des choses inutiles. J’en ai appris d’essentielles. Peut-être ai-je appris à regarder en moi-même.» écrit-il en 1947.

L’exposition présente notamment un ensemble de tapisseries singulier composé de tissus taillés dans des tapis et vêtements usagers. L’artiste joue sur la diversité des couleurs et des matières pour opérer sa composition.

Chez Bissière la recherche permanente se conjugue avec l’évolution du vocabulaire. Son langage pictural traverse le temps comme sa Vénus noire.

Dans les années 50 la production de Bissière qui rencontre des problèmes de vue bascule dans une re création du monde. La théorie picturale semble oubliée, le peintre qui réduit sa palette travaille sur l’expressivité sensible.

«Bissière renoue avec la plus ancienne condition du langage et affirme au-delà de toute condition temporelle sa condition de primitif » observe le critique d’art Daniel Abadie.

En 1964, l’année de sa disparition, l’artiste représentera la France à la XXXIIe Biennale de Venise, époque qui voit le déclin de l’hexagone et la montée en puissance de la peinture américaine.

 Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise

 

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Biographie

1886

22 septembre naissance de Roger Bissière à Villeréal (Lot-et-Garonne) dans une famille de notaire.

1905

Bissière est inscrit à l’École des Beaux-arts de Bordeaux jusqu’en 1909.

1909-1910

Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il expose pour la première fois au Salon des Artistes français.

1912

A partir de décembre, il rédige des comptes-rendus d’expositions dans l’hebdomadaire parisien L’Opinion.

1919

23 janvier, il épouse Catherine Lucie Lotte, qu’il surnomme Mousse.
Il cesse sa collaboration avec L’Opinion. Entre 1918 et 1920, il peint quelques tableaux cubistes.

1920

19 janvier Bissière participe à une exposition collective à la Galerie Berthe Weill, il vend son premier tableau. A partir de cette date, il exposera régulièrement aux Salon des Artistes Indépendants et au Salon d’Automne jusqu’en 1923.
Il rédige la préface d’un livre sur Georges Braque publié par Léonce Rosenberg aux éditions de l’Effort moderne. En octobre, le premier numéro de la revue L’Esprit Nouveau créée par Le Corbusier-Jeanneret et Ozenfant publie ses Notes sur l’Art de Seurat, puis en 1921, pour le n° 4, il publie des Notes sur Ingres et dans le n° 9 des Notes sur Corot.

1921

Avril à mai, la galerie Paul Rosenberg lui consacre une exposition personnelle de vingt tableaux.

1923

Novembre, il accepte un poste de professeur de peinture et de croquis à l’Académie Ranson.
Sur la recommandation de Maurice Denis, il est intégré dans le 4ème groupe de peintres de la galerie Eugène Druet et participe régulièrement à ces expositions collectives jusqu’en 1937.

1924

10 mars, la galerie Eugène Druet présente une exposition personnelle de Bissière ; renouvelée en décembre 1925

1926

15 juillet, naissance de son fils Marc-Antoine, qu’il surnomme Loutre et qui peindra sous le nom de Louttre. B.
Juin, exposition personnelle à la Galerie Druet.

1928

6 mars, exposition personnelle à la galerie Eugène Druet.
Une série de paysages évoque, comme un pressentiment, l’œuvre à venir.

1931

Janvier, la Leicester Gallery à Londres lui organise une exposition personnelle, elle lui en organisera une seconde en janvier 1934.

1934

Septembre, il ouvre un atelier de fresque à l’Académie Ranson.
Il rencontre le critique d’art Jacques Lassaigne qui le soutiendra durant toute la suite de sa carrière.

1937

Il participe à l’Exposition Internationale pour les décorations du pavillon des chemins de fer et celui de la marine. Pour vivre, il multiplie les travaux de commande.

1939

A la déclaration de la guerre, Bissière se réfugie dans sa maison du Lot, et terriblement affecté par ce drame humain, cesse de peindre.

1944

11 février, à l’instigation d’Alfred Manessier, il expose deux pastels à la galerie de France. C’est son retour à la création.

1945

Décembre, il compose des tapisseries à l’aide de morceaux de tissus et de vêtements usagés. Après un assemblage rapide, chaque élément est cousu et brodé par Mousse.
Il reprend la peinture à l’huile.

1947

5 décembre 1947 au 5 janvier 1948, la galerie René Drouin expose trente peintures et sept tapisserieS.
Si la critique reste dubitative, des peintres, tel Jean Dubuffet, lui affirment leur estime.

1950

Juin, il est opéré avec succès d’un double glaucome des yeux, la menace de la cécité s’éloigne. Il peint une série de petits tableaux (Hommage à Angelico, Île de Ré) avec de l’œuf pour médium qui est exposée à partir du 19 octobre 1951 à la galerie Jeanne-Bucher, à Paris.
L’exposition rencontre un vif succès.

1952

6 décembre, 25 grandes toiles (Jaune et gris, Croix du Sud) sont exposées à la galerie Jeanne-Bucher. Le 23 décembre, le Grand Prix National des Arts lui est décerné.

1954

Il redécouvre la peinture à l’huile et réalise la maquette du livre François d’Assise, Cantique au Soleil de François d’Assise. Le livre est gravé sur bois puis imprimé en couleurs, en taille-douce, par Fiorini.

1955

15 juillet, il participe à la première Documenta de Cassel avec 6 œuvres.

1956

26 avril, la galerie Jeanne-Bucher expose 41 huiles, le catalogue est préfacé par Jacques Lassaigne.

1957

Juin à novembre, une exposition rétrospective s’enchaîne à la Kestner Gesellschaft de Hanovre puis au Stadtische Kunsthalle de Recklinghausen et enfin au St. Annnen-museum de Lubeck ; 82 œuvres sont présentées, la préface du catalogue est de Werner Schmalenbach. En décembre, c’est le Stedelijk van-Abbemuseum de Eindhoven puis le Stedelijk Museum d’Amsterdam qui présentent 88 numéros. Bissière écrit la préface du catalogue, reprenant dans un texte ses idées-forces.

1958

10 juin, la galerie Jeanne-Bucher présente une série de 34 huiles sur papier sur le thème des «Quatre saisons». Bissière exécute les maquettes des deux verrières pour les tympans nord et sud de la cathédrale Saint-Étienne de Metz.

1959

9 avril, Jean Cassou inaugure une exposition rétrospective au Musée national d’art moderne de Paris avec 121 œuvres.

1960

Dans Quadrum 9, Roger van Gindertael illustre son article «Réflexions sur l’École de Paris» par un tableau de Bissière. Il le considère comme l’artiste emblématique de l’École de Paris contemporaine.

1962

11 mai au 23 juin, exposition personnelle à la galerie Jeanne-Bucher, Dora Vallier signe la préface du catalogue.
Mousse meurt en octobre, après l’exposition. S’intéresse à la gravure.

1964

Depuis la mort de Mousse, Bissière peint son Journal en Images.
Une cinquantaine de ces huiles, souvent rehaussées de crayons feutres, sont exposées à la galerie Jeanne-Bucher à partir du 8 mai(Journal 20 août 63, Journal 20 mars 64).
20 juin, ouverture de la XXXIIe Biennale de Venise, Jacques Lassaigne, commissaire de l’exposition pour la France, invite Bissière à occuper la grande salle du pavillon français. Il remporte une mention d’honneur en raison  » de l’importance historique et artistique de son œuvre ».
Bissière meurt le 2 décembre 1964 à Boissierette.

Biographie : Isabelle Bissière

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Exposition,

Séville la féroce sous l’oeil de ses artistes

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Une Séville au-delà des stéréotypes. photo Dr

Exposition. Quarante artistes andalous dressent le portrait de leur ville en marge de « l’appareil muséal ».  Fin de fiesta à Séville  au Miam à Sète tout l’été.

Après les expositions consacrées à Manille et Mexico, le MIAM  (Musée des arts modestes) fondé par Hervé Di Rosa poursuit son exploration des grandes capitales culturelles en restant fidèle à son approche qui mêle cultures savantes, modestes et populaires pour ouvrir en grand l’accès au monde de l’art.

Cet été le MIAM redessine les contours de la capitale de la communauté autonome d’Andalousie à partir de ses créateurs contemporains. Sous le commissariat de l’artiste peintre Curro Gonzalez illustre représentant sévillan de la génération des années 80, période d’explosion du monde artistique qui accompagne la transition politique vers la démocratie.

Chimpanzé aux castagnettes

Fin de fiesta à Séville fait découvrir à un large public près d’une quarantaine d’artistes de renommée nationale et internationale. Du chimpanzé à castagnettes de Jabi Machado à la femme qui fume au lit avec un toro de Pilar Albarracin, en passant par les terres cuites à l’arsenic d’Anna Jonsson le parcours revisite la gloire et la splendeur de Séville.

On songe à la tournure spéciale qu’a pu prendre l’art contemporain en Espagne. Pays où les circonstances politiques exceptionnelles, qui maintinrent la monarchie dans une situation d’isolement prolongé, ont accentué les contrastes. Ce marquage torride s’accentue encore pour les artistes sévillans dont la ville au passé prestigieux, a légué un patrimoine artistique d’une immense richesse.

Vitalité créative

Parce qu’elle évoque la réalité, populaire et sans fard, l’expo met à mal l’auréole d’un certain prestige celui de son histoire glorieuse surexploitée par l’économie touristique, les fêtes traditionnelles et toutes ces Carmens dans leurs robes à pois mais aussi sa modernité de façade. Celle de son développement urbain sans âme pour accueillir devises et visiteurs d’Expositions universelles.

Maria Canas qui qualifie son travaille de « vidéomachie », monte un puzzle corrosif des quartiers pauvres «Le meilleur endroit du monde pour mourir» selon un de ses habitants. Joan Rodriguez filme la ferveur, le sang et les larmes de la semaine sainte. Antonio Sosa entoure ses Christs de vie quotidienne.

Tous les artistes se libèrent le cœur et l’esprit sans renier leur attachement à la grande Séville.Tous assument l’héritage mais parviennent à le dépasser, dans une fougue et une vitalité créative salvatrice. Leurs oeuvres, comblées de mémoire vivante, préservent une âme espagnole magnifiée par le mouvement de ceux qui y vivent avec une sensualité certaine.

Jean-Marie Dinh

Fin de fiesta à Séville au MIAM à Sète jusqu’au 21 septembre.

Source : L’Hérault du Jour 18/08/14

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Espagne,

Robert Combas pas loin du paradis

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Exposition. « La Mélancolie à Ressorts », cet été au Carré Ste-Anne de Montpellier.

Le Carré Sainte-Anne ouvre les portes de son espace désacralisé à Robert Combas jusqu’au 21 septembre. Pilier de la figuration libre, Combas investit ce lieu particulier avec conscience, son goût pour le mystère le porte à l’approfondissement, un peu comme si l’artiste s’était fixé l’objectif d’inventer de nouvelles prières païennes pour avoir le privilège d’en saisir toute l’âme.

Il joue, s’inspire des effets lumineux colorés des vitraux projetés par la lumière naturelle sur l’intérieur de l’église. Associe les effets dynamiques et les formes floues et aléatoires à la scénographie de l’exposition. Pour habiter le lieu, Combas s’empare des formes et des volumes de l’édifice néogothique qu’il fait sien en le peuplant de personnages.

L’univers vivant de l’artiste transporte sa propre mythologie, les êtres humains et les animaux se constituent d’éléments et de fantasmes en circulation. A l’image de sa sculpture de femme qui se fond dans l’architecture autant qu’elle occupe avec une présence forte le cadre spatial. Coiffée d’une caravelle, elle semble explorer le temps. L’allure de ce grand personnage est à la hauteur des colonnes de marbres, ses bras détendus, presque passifs, contrastent avec l’intensité de son couvre-chef qui change de voilure.

Chez Combas, la force du corps sur lequel s’inscrivent les éléments de la vie, s’impose. Et l’oeuvre, nourrie d’enthousiasme et de désinvolture, évolue dans le temps et l’histoire.

JMDH

Au Carré Sainte-Anne jusqu’au 21 septembre.

Source : L’Hérault du Jour 14/08/14

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Montpellier,