Séville la féroce sous l’oeil de ses artistes

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Une Séville au-delà des stéréotypes. photo Dr

Exposition. Quarante artistes andalous dressent le portrait de leur ville en marge de « l’appareil muséal ».  Fin de fiesta à Séville  au Miam à Sète tout l’été.

Après les expositions consacrées à Manille et Mexico, le MIAM  (Musée des arts modestes) fondé par Hervé Di Rosa poursuit son exploration des grandes capitales culturelles en restant fidèle à son approche qui mêle cultures savantes, modestes et populaires pour ouvrir en grand l’accès au monde de l’art.

Cet été le MIAM redessine les contours de la capitale de la communauté autonome d’Andalousie à partir de ses créateurs contemporains. Sous le commissariat de l’artiste peintre Curro Gonzalez illustre représentant sévillan de la génération des années 80, période d’explosion du monde artistique qui accompagne la transition politique vers la démocratie.

Chimpanzé aux castagnettes

Fin de fiesta à Séville fait découvrir à un large public près d’une quarantaine d’artistes de renommée nationale et internationale. Du chimpanzé à castagnettes de Jabi Machado à la femme qui fume au lit avec un toro de Pilar Albarracin, en passant par les terres cuites à l’arsenic d’Anna Jonsson le parcours revisite la gloire et la splendeur de Séville.

On songe à la tournure spéciale qu’a pu prendre l’art contemporain en Espagne. Pays où les circonstances politiques exceptionnelles, qui maintinrent la monarchie dans une situation d’isolement prolongé, ont accentué les contrastes. Ce marquage torride s’accentue encore pour les artistes sévillans dont la ville au passé prestigieux, a légué un patrimoine artistique d’une immense richesse.

Vitalité créative

Parce qu’elle évoque la réalité, populaire et sans fard, l’expo met à mal l’auréole d’un certain prestige celui de son histoire glorieuse surexploitée par l’économie touristique, les fêtes traditionnelles et toutes ces Carmens dans leurs robes à pois mais aussi sa modernité de façade. Celle de son développement urbain sans âme pour accueillir devises et visiteurs d’Expositions universelles.

Maria Canas qui qualifie son travaille de « vidéomachie », monte un puzzle corrosif des quartiers pauvres «Le meilleur endroit du monde pour mourir» selon un de ses habitants. Joan Rodriguez filme la ferveur, le sang et les larmes de la semaine sainte. Antonio Sosa entoure ses Christs de vie quotidienne.

Tous les artistes se libèrent le cœur et l’esprit sans renier leur attachement à la grande Séville.Tous assument l’héritage mais parviennent à le dépasser, dans une fougue et une vitalité créative salvatrice. Leurs oeuvres, comblées de mémoire vivante, préservent une âme espagnole magnifiée par le mouvement de ceux qui y vivent avec une sensualité certaine.

Jean-Marie Dinh

Fin de fiesta à Séville au MIAM à Sète jusqu’au 21 septembre.

Source : L’Hérault du Jour 18/08/14

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Espagne,

Quarté dans le désordre du monde au Musée Paul Valéry

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Liu Zhengyong « Looking Ahead », Jean Denant « Mappemonde », Grisor, C Gonzalez « El enjambre ». Photo DR

Musée Paul Valéry. Jean Denant, Curro Gonzalez, Grisor, Liu Zhengyong, « 4 à 4 », un nouveau cycle d’art contemporain.

Un nouveau cycle d’art contemporain s’ouvre au Musée Paul Valéry de Sète avec 4 à 4, première manifestation d’un rendez-vous qui se tiendra tous les deux ans et sera consacré à quatre artistes reconnus sur le plan international. Depuis samedi, on peut découvrir la première exposition issue, cette année, d’une collaboration avec Art Up !, la foire d’art contemporain de Lille qui s’est tenue en février dernier*. Le Musée Paul Valéry était présent au rendez-vous lillois offrant aux visiteurs un aperçu du travail des quatre artistes présentés actuellement en Île singulière.

Si Jean Denant (Sète), Curro Gonzalez (Séville), Dominic Grisor (Lille) et Liu Zhengyong (Pékin), oeuvrent dans le champ de la figuration, la juxtaposition permise à Sète donne une idée de la diversité à laquelle nous avons à faire. Le parcours débute avec Jean Denant qui partage sa conception du territoire. Un monde où se mêlent et s’opposent construction et déconstruction, un monde en chantier, un monde où l’homme qui se pense architecte en chef apparaît fragile. Dans L’Enterrement, l’artiste représente une scène de mise en bière. Le premier plan est occupé par un homme qui creuse à la pelle. Derrière lui en négatif, apparaissent les personnages proches du défunt. L’ensemble réalisé sur un tableau noir à la craie non fixée, dégage une force mystérieuse que l’on imagine disparaître et réapparaître en fonction des regards se portant sur le tableau.

Le Sévillan Curro Gonzalès joue d’une autre façon sur la notion de disparition en interrogeant la modernité. Il nous présente un monde familier teinté d’un « humanisme pessimiste » où se côtoient ironie et violence. Les couleurs sont parfois agressives. Les objets de consommation apparaissent comme des vecteurs de confusion. Dans le grand format El enjambre, l’artiste dissimule des grands hommes comme des cicatrices de l’histoire.

Les toiles de Liu Zhengyong font preuve d’une maîtrise enviable. Empreints d’un expressionnisme qui touche au spirituel, ses sujets, souvent des duos, affirment l’identité humaine à travers le temps tout en intégrant fortement le présent. Le peintre ose des conflits de teintes étonnantes. La matière picturale s’inscrit avec puissance et trouve sa liberté guidée par la lumière.

Fortement inspiré par le graphisme Dominic Grisor revisite les signes et les symboles de la profusion visuelle dans laquelle nous baignons pour inventer de nouvelles lignes. L’artiste fait preuve d’une belle maîtrise de l’espace et de l’épure.

JMDH

4 à 4 au musée Paul Valéry de Sète jusqu’au 11 mai.
Renseignements au 04 99 04 76 16
* voir notre édition du 5 février

Source : La Marseillaise 03/03/2014

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