Chers amis, je n’ai pas l’habitude de prédire la suppression de l’intermittence mais je peux vous assurer que si nous ne réagissons pas c’est de fait ce qui arrivera. Ce qui s’est passé hier jeudi 24 mars est l’attaque la plus grave portée à ce régime spécifique d’indemnisation chômage depuis bien longtemps. Ce qui est demandé par le Medef et la Cfdt est bien pire que la convention 2014 et son différé d’indemnisation qui avait mis le feu aux poudres.
Rappel des faits : Suite à la convention 2014, Valls prend en charge le différé d’indemnisations des intermittents pour une somme de 80 millions d’euros et en annule les conséquences. Autrement dit, grâce à la forte mobilisation de 2014, aucun intermittent n’a subi cette mesure injuste. Depuis, il a été décidé une mesure dont le but principal a été d’éteindre un mouvement social et surtout de faire la part belle à la communication du gouvernement à savoir : – Inscrire dans la loi Rebsamen la pérennisation des annexes 8 et 10 ainsi qu’une négociation des futurs accords par les syndicats du secteur Suite à cela Manuel Valls a pu communiquer sur le thème : les intermittents sont sauvés, les socialistes aiment la culture. Et tout le monde l’a cru, sauf nous.
Pour rappel, nous avons dit depuis le début (reprenez toutes mes publications) : – Attention, tout ceci est bidon et cette loi est de la pure communication. Seul le titre « annexes 8 et 10 » est « sauvé » mais pas le contenu. Ainsi on pourrait demander aux intermittents de faire 800h en 10 mois pour ouvrir des droits et ce serait compatible avec la loi. – Les accords négociés par les syndicats du secteur pourront facilement être torpillés pour la raison suivante : c’est le Medef et son partenaire la Cfdt qui fixent le budget !!! Autrement dit Le Medef pourra faire pire qu’en 2014 : supprimer les annexes 8 et 10 sans le dire. Et bien, tout ce que nous avions prévu est arrivé hier. Le Medef a rendu sa feuille de cadrage, elle a été acceptée par la CFDT et la CFTC. Que dit ce document ? Les intermittents devront faire 185 millions d’euros d’économies par an pour la convention signée avant juillet et à horizon 2020, 400 millions d’euros d’économies par an !
Rendez-vous compte : ces économies sont bien supérieures au différé d’indemnisation scandaleux de 2014. Pour rappel encore, Manuel Valls pavanait dans les rues d’Avignon l’été dernier en affirmant (source AFP) : « Aucune nouvelle économie ne sera demandée aux intermittents, ils ne doivent pas servir de variable d’ajustement » Nous avons tant bien que mal essayé de repousser le pire depuis 13 ans grâce à une forte mobilisation dans les moments critiques.
La situation n’a jamais été aussi grave. J’appelle tous les concernés à se réunir partout au plus vite et à venir très nombreux aux AG d’informations. Nous devons nous organiser pour cela et diffuser le plus largement les lieux et dates des futurs rendez-vous. Votre présence est essentielle. Nous devons lutter par tous les moyens possibles pour éviter une disparition programmée. Nous avons fait des propositions, participé aux tables, averti des dangers de la loi Rebsamen, annoncé à l’avance ce qui allait se passer. On nous a menti, on nous a répondu avec une morgue infinie, et maintenant on veut nous faire disparaitre en silence. Ne les laissons pas faire.
Plusieurs milliers de personnes ont lancé une occupation de la place de la République, à Paris, à l’issue de la manifestation contre la loi travail.
Un cercle s’est formé sous une bâche qui prend le vent. Une centaine de personnes détrempées font circuler un mégaphone, qui peine à percer le brouhaha ambiant. « Des tours de parole de 2 minutes et la priorité à ceux qui n’ont pas encore parlé ! », cadre un organisateur.
Dans l’assemblée, ni drapeaux ni mots d’ordre, à l’exception de quelques brassards blancs barrés d’une inscription au marqueur noir, « Nuit debout ». L’auditoire se tient en rangs serrés et utilise une gestuelle empruntée aux « Indignés » espagnols, pour voter ou marquer son approbation sans perturber l’écoute.
À l’ordre du jour, beaucoup de questions : « Comment fait-on pour rester ici ce soir ? Comment gagne-t-on cette bataille ? » Les échanges tournent autour des moyens d’action et des stratégies à mettre en place, pour amplifier le mouvement social né depuis un mois de la contestation contre la loi travail.
« Nous devons aller à la rencontre des gens moins politisés, dans le métro », lance une intervenante. « Il faut faire de nos manifs des moments festifs et animés, pour que les gens ne viennent plus seulement pour dire leur colère », ajoute un autre.
« Après la manif, on ne rentre pas chez nous »
La pluie, qui n’a laissé aucun répit aux manifestants durant l’après-midi, se calme peu après 18 heures et la place se noircit de monde au fil des minutes. Des distributions de nourriture, une infirmerie et des stands s’organisent sous une dizaine de tente et les débats commencent, par grappes, autour d’un mégaphone ou d’une sono.
Un camion-scène hurlant du hard rock déboule du boulevard Voltaire, pendant qu’une fanfare déambule dans la foule en chantant « Merci patron ! », en référence au film de François Ruffin et de l’équipe du journal Fakir. Ces derniers étaient à l’origine d’une assemblée, le 23 février, destinée à réfléchir collectivement à « comment les faire chier » et donner une suite à l’engouement rencontré par le film. Réunion d’où est venu le mot d’ordre « Nuit debout » et cette idée simple : « Après la manif, on ne rentre pas chez nous. »
Le premier bilan est positif. L’ambiance est détendue, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel et la parole circule dans un climat d’écoute réciproque.
Ce qui nous uni, c’est qu’on en a marre de ce système, lance un jeune homme au milieu d’une petite assemblée. Nous en avons marre des patrons qui nous exploitent, du système bancaire qui nous saigne jusqu’à la moelle et de ce système qui détruit notre environnement.
Un grand brun rasé de frais, qui domine d’une tête l’assemblée, tente un recadrage : « Nous ne devons pas perdre de vue la principale raison de notre présence ici. Pour des raisons stratégiques, nous ne devons pas trop nous éloigner de la loi travail qui a été un déclencheur pour nous tous. »
Il est suivi par un jeune, « chargé de communication » dans le civil, qui souhaite lui aussi parler « stratégie », et avertit de la nécessité « d’avoir une pensée critique sur notre propre communication » :
Il y a un prisme médiatique avec lequel nous sommes obligés de composer, dit-il. Nous devons faire attention à ne pas rebuter certaines personnes avec un folklore trop important.
Sortir du « syndicalisme couché »
La fanfare s’interrompt pour laisser place à la seule intervention de ce début de soirée, depuis la scène installée sous la grande statue de la place de la République.
Un brin gêné, l’économiste et philosophe Frédéric Lordon s’avance. Il tient une feuille jaune d’une main tremblante de froid. A moins que ce ne soit le stress. Il s’excuse presque, avoue avoir hésité à accepter cette charge de porte-parole qui ne l’attire en rien, puis commence un discours incisif, avec le verbe vif qui lui vaut une notoriété grandissante. Il remercie Myriam El Khomri «d’avoir poussé si loin l’ignominie que nous n’avons plus que le choix de sortir de notre sommeil politique ».
Extraits :
Il est possible que l’on soit en train de faire quelque chose. Le pouvoir tolère nos luttes lorsqu’elles sont locales, sectorielles, dispersées et revendicatives. Pas de bol pour lui, aujourd’hui nous changeons les règles du jeu. En donnant au capital des marges de manœuvre sans précédent, cette loi est génératrice de la violence néolibérale qui frappe désormais indistinctement toutes les catégories du salariat et, par là, les pousse à redécouvrir ce qu’elles ont en commun : la condition salariale même. Et ceci par-delà les différences qui les tenaient séparées. Oui, il y a bien quelque chose de profondément commun entre les Goodyears, les Contis, les cheminots en luttes, Henri, l’ingénieur super qualifié d’un sous-traitant de Renaud qui est licenciable pour avoir un peu trop parlé de « Merci patron! » sur son lieu de travail, avec Raja, salarié précarisé de la société de nettoyage Onet licencié et renvoyé à la misère pour une faute ridicule, et avec tous les étudiants qui contemplent à travers eux ce qui les attend. Je pourrais allonger cette liste indéfiniment, car la réalité, c’est qu’à l’époque que nous vivons, elle est interminable. (…) Merci El Khomri, Valls et Hollande, pour nous avoir enfin ouvert les yeux et fait apparaître qu’au point où nous en sommes, il n’y a plus rien à négocier, il n’y a plus rien à revendiquer. Que toutes ces pratiques rituelles et codifiées sont en train de tomber dans un grotesque rédhibitoire. Nous laissons donc un certain syndicalisme couché à ses reptations habituelles. Et pour notre part, nous sommes maintenant bien décidés à emprunter une autre voie. La voie qui révoque les cadres, les rôles et les assignations. La voie du désir politique qui pose et qui affirme.
L’occupation de la place de la République doit durer jusqu’à samedi, en vertu d’une autorisation en préfecture qui la protège théoriquement d’une intervention de la police. Des appels similaires circulent déjà pour que cette action soit reproduite mardi 5 avril, à l’issue de la manifestation, et mercredi devant le ministère du Travail. Sur internet, le site convergence-des-luttes.org et le mot-dièse #NuitDebout servent à centraliser les informations sur ce mouvement destiné à s’amplifier dans les prochaines semaines.
Le patronat, la CFDT et la CFTC veulent économiser 185 millions par an sur leur régime. La CGT juge cet effort « inacceptable » .
C’est un autre dossier explosif que le gouvernement devra surveiller comme le lait sur le feu. Un de plus… Réunis jeudi au siège du Medef pour une nouvelle séance de la négociation Unédic, les partenaires sociaux ont arrêté le document de cadrage des discussions sur l’avenir des règles spécifiques d’indemnisation des intermittents du spectacle. Ce document fixe le cadrage financier des économies à réaliser, charge ensuite aux syndicats et au patronat du spectacle d’établir, dans le cadre de discussions parallèles, les changements de règles permettant d’y aboutir.
Le texte patronal, qui devrait avoir l’aval de la CFDT, de la CFTC, voire de la CGC, mais pas de FO et de la CGT, évoque un objectif d’économies de « 185 millions d’euros en rythme de croisière en année pleine » d’ici à 2018. Cela correspondrait à une réduction de l’ordre de 15% des dépenses actuelles – autrement dit des allocations – des annexes VIII (techniciens) et X (artistes) de l’Unédic, tant la piste d’une hausse des cotisations patronales du secteur, déjà deux fois plus élevées que la normale, semble exclue. Mais ce total de 185 millions inclut les 80 millions d’euros d’économies annuelles que représente le différé d’indemnisation imposé lors de la négociation Unédic de 2014 aux intermittents mais pris en charge depuis, suite au conflit qui en découla, par le gouvernement. « Charge aux organisations ?[…] du secteur de demander à l’Etat de maintenir le versement de tout ou partie de sa participation actuelle », indique le document de cadrage rédigé par le Medef, tout en précisant que l’effort propre aux intermittents « ne pourra être inférieur à 105 millions d’euros » par an. Autrement dit : soit Matignon continue de payer pour les intermittents, soit ils devront trouver des économies équivalentes ailleurs… « L’Etat a mis le doigt dans l’indemnisation en 2014 sans qu’on lui demande. On le prend au mot, il n’a qu’à continuer… », commente Véronique Descacq (CFDT).
Une nouvelle manière pour le patronat de tenter de mettre l’exécutif face à ses responsabilités : « L’Etat doit prendre sa part de l’indemnisation des intermittents […] au titre de la politique culturelle française », indique le document. C’est surtout un nouveau pavé dans la mare, tant un tel objectif risque de tuer dans l’oeuf tout espoir d’accord entre patronat et syndicat du spectacle. D’autant que le document de cadrage fixe aussi un objectif à moyen terme pour les annexes VIII et X : revenir d’ici à 2020 à un ratio dépenses/recettes de 3 (il est de 4,1 aujourd’hui), ce qui nécessiterait de trouver 185 millions d’économies supplémentaires entre 2018 et 2020. « Ce serait la fin des annexes VIII et X. C’est totalement inacceptable » a réagi Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle, fustigeant un patronat « qui reste sur les mêmes antiennes qu’en 2014. » « On n’arrivera pas à un accord dans la branche sur la base de ce cadrage. On prévient Matignon : ce document va mettre le feu », abonde le négociateur Unédic de la CGT, Eric Aubin. « L’heure est à la mobilisation », conclut Denis Gravouil. Une de plus…
Les amendements du gouvernement à la loi sur le travail n’ont pas enrayé la dynamique de mobilisation étudiante ce jeudi 17 mars 2016. Si le nombre de manifestants est moindre que la semaine dernière, la jeunesse s’est plus mobilisée partout en France.
Après avoir occupé un amphithéâtre de la faculté de Tolbiac pour y faire une AG, des étudiants ont été évacués par les forces de l’ordre et «certains se sont faits taper dessus», assure l’un d’eux. Il y avait des visages en sang, des gens traînés par terre, lors des charges policières contre les étudiants. Les gens qui voulaient sortir du site devaient le faire à visage découvert et étaient filmés par la police rapporte Sylvain Mouillard de Libération.
Le résumé de la journée de mobilisation (chiffres Police)
Après le blocage de quelques dizaines de lycées et campus, plusieurs milliers de lycéens et étudiants sont descendus dans la rue jeudi pour réclamer le retrait de la loi Travail. Leur nombre a été estimé à 69 000 par les autorités. Hormis Paris où la police a compté entre 8 800 et 9 200 manifestants, les villes les plus mobilisées ont été Lyon (3 000), Toulouse (2 500), Bordeaux (2 200), Grenoble (1 300). L’Unef, principale organisation étudiante, évoque 150 000 manifestants dans toute la France, dont 35 000 à Paris, 12 000 à Rennes, 10 000 à Lyon ou 6 000 à Toulouse.
Des incidents se sont produits dans plusieurs villes, conduisant à 23 interpellations, dont quatre dans la capitale. A Paris et à Nantes des vitrines d’agences bancaires ont notamment été dégradées et des membres des forces de l’ordre légèrement blessés, selon la police. A Rennes, des centaines de manifestants ont envahi la gare et sont descendus sur les voies, provoquant l’interruption du trafic pendant une demi-heure. A Marseille, des échauffourées ont brièvement opposé une centaine de jeunes, dont certains cagoulés, et des policiers devant un commissariat sur la Canebière. A Strasbourg, plusieurs manifestants ont été blessés lors d’une intervention de CRS. A Cherbourg, une personne a été blessée après une altercation.
Le ministère de l’Education nationale a décompté 115 lycées bloqués en France, totalement ou partiellement, sur 2 500 lycées publics. Les organisations lycéennes évoquent une mobilisation «largement» supérieure à celle du 9 mars, parlant de 120 à 200 établissements bloqués. Côté universités, plusieurs sites étaient fermés: certains campus parisiens (Sorbonne, Tolbiac, Saint-Denis), Lumière-Lyon II et le campus Victoire à Bordeaux.
Pierre Jacquemain est ancien conseiller stratégie de la ministre du travail Myriam El Khomri et son ancien conseiller au secrétariat d’Etat à la politique de la ville (2014-2015). Il devait notamment se charger de la réforme du code du travail.
Cependant, face à ce qu’il a considéré comme une trop forte ingérence de Matignon dans la conduite du projet de loi, il s’est opposé aux orientations du premier ministre et de Myriam El Khomri pour finalement quitter sa fonction lundi 29 février.
« Pour faire de la politique, il faut rêver. Peut-être ai-je été trop naïf sur la capacité de la ministre du travail, Myriam El Khomri, à faire rêver et progresser les travailleurs de notre pays ? A incarner une parole de gauche, une parole libre, une parole utile, une parole forte. Une parole juste. Celle qui dénonce la paupérisation de la société, celle qui s’insurge devant la précarisation du monde du travail qui conduit des millions de Français à vivre au jour le jour – avec toujours cette peur du lendemain.
La réforme de Myriam El Khomri devait porter l’exigence d’un nouveau modèle de société. C’était, je le crois, l’ambition de la huitième ministre du gouvernement. Une place de choix dans la hiérarchie gouvernementale. Un porte-voix exceptionnel pour donner le la à une réforme majeure du quinquennat dans un gouvernement au parti pris libéral assumé. Le président de la République lui-même avait fait de cette réforme l’un des tournants de son quinquennat. Ce devait être une réforme de progrès, ce sera au mieux une réforme de compromis – voire de compromission. Au pire, cela restera comme une trahison historique – et destructrice – d’une gauche en mal de repères.
Pourtant, Myriam El Khomri a gagné des batailles. C’est une militante qui n’a peur de tenir tête ni au premier ministre ni au président de la République. Son parcours, ses engagements, son action à la Ville de Paris et au secrétariat d’Etat à la politique de la ville auraient pu – auraient dû – la conduire à porter haut et fort les revendications des travailleurs.
A défendre les salariés d’Air France quand 3 000 postes sont menacés. A s’opposer fermement au travail du dimanche. Ou encore à ne rien céder sur les commandes patronales, notamment en matière de licenciement. J’y ai cru. Et nous avons échoué. Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Myriam El Khomri y croit encore. Je n’étais donc plus utile à ses côtés. J’ai quitté son équipe sur un désaccord politique et stratégique majeur. D’ordinaire, un conseiller ministériel, petite main de l’ombre, ça ferme sa gueule.
Autoritarisme de Matignon et poids de la technostructure
Mais, parce que je suis profondément convaincu que cette réforme nous entraîne collectivement dans le mur, parce que j’ai la conviction qu’elle sert les intérêts politiques de quelques-uns et les intérêts économiques de quelques autres (privilégiés), enfin parce que je suis déterminé à ce qu’une autre voix pèse à gauche, j’ai assumé publiquement le désaccord qui m’opposait à la ministre. C’est déloyal diront certains. Je ne le pense pas. Il ne s’agit aucunement de remettre en cause une ministre en exercice, qui m’a fait confiance au cours de ces dix derniers mois et que je respecte pour ses qualités humaines. Il s’agit d’attaquer sur le fond un texte droitier, une réforme libérale qui déshonore la gauche – pis, l’atomise, alors que cette gauche-là est en responsabilité. Et quelle responsabilité ! Comment peut-on avoir raison contre tous ? A quel moment et de quel droit pense-t-on avoir raison contre ses propres alliés ? Pour qui parlent-ils ? D’où parlent-ils ? Ils ont tué la gauche.
Aujourd’hui, le malaise est partout. Dans les cabinets ministériels, sur les bancs de l’Hémicycle, à droite, à gauche, sur Internet. Et bientôt dans la rue. L’histoire se répète. Prenez Villepin, mettez Valls. Dix ans plus tard, même remède, même combat. Souhaitons à cette réforme le même sort que le CPE. Parce qu’il faut tout réécrire. Tout. Qui peut croire par exemple que favoriser les licenciements va permettre de lutter contre le chômage ? Qui pense sérieusement que la dématérialisation des fiches de paye est une révolution sociale ? Qui peut décemment parler de démocratie sociale, au plus près de l’entreprise, quand on sait le rapport de force qui se joue, au quotidien, entre employeur et employé ? Ce texte est un non-sens économique. Une aberration politique. Il résulte d’une équation terrifiante : d’une part, l’autoritarisme matignonnesque et, d’autre part, l’invasion, à tous les étages, de la technostructure. La technocratie aura-t-elle raison de la politique ? Le renouvellement générationnel de nos dirigeants n’est en vérité qu’une façade, une illusion. Un faux-semblant. Et je veux croire qu’une autre voie est possible. Elle est possible, souhaitable, et nécessaire. Dehors à présent. Pour construire l’alternative à gauche. La politique est une affaire de conviction, de colonne vertébrale, de vision, de transformation, et de rêve, disais-je. Parce que, pour faire de la politique, il faut rêver. »