Occupation surprise du CDN hTh

8367_1732986950275521_2447836528385497387_nLe CDN de Montpellier est  occupé depuis mardi soir par des professionnels du spectacle et des précaires.

« Nous, chômeurs, intermittents, précaires, décidons d’occuper cette maison nationale du peuple, de la culture et de la parole. Nous n’empêcherons pas les spectacles, ni l’accueil du public. Par cette occupation, alors que de nouvelles négociations sur l’assurance chômage prévoient encore des économies sur le dos des plus fragiles, nous interpellons le gouvernement. Précarisés dans nos existences, asphyxiés dans l’exercice de nos métiers, nous ne voulons plus vivre pour survivre. »

Cet extrait du texte lu mardi soir sur la scène du CDN de Montpellier marque le début d’une occupation surprise. A la suite du spectacle d’Ana Borralho et Joao Galante Allez mourir plus loin qui évoque le drame des migrants, entre 60 à 80 membres de la coordination des intermittents et précaires LR ont investi la scène. Certains avaient payé leur place, d’autres les ont rejoints. La CIP LR et la CGT Spectacle LR qui incarnent le foyer frondeur ayant fait trembler le gouvernement en 2014, remettent le couvert.

L’action a démarré à la veille du nouveau round des négociations qui se tient depuis hier à Paris sur les annexe 8 et 10 qui régissent le sort des  intermittents.  Le 24 mars dernier, le Medef est revenu à la charge en rendant sa feuille de cadrage financier. Celle-ci évalue les économies à faire sur le régime intermittent à 185 millions d’euros par an pour la convention signée avant juillet et à 400 millions d’euros à horizon 2020.

Totalement inacceptable pour les professions concernées qui estiment que cela signifierait la mort du régime. Pour rappel en 2014, le différé d’indemnisations des intermittents s’élevait à 80 millions pris en charge par l’Etat  à la suite d’une intervention de Manuel Valls pour acheter la paix sociale sans résoudre le problème.

« Nous demandons l’exclusion du Medef de l’Unedic, indique Paul-Marie Plaideau de la CIP. Ce sont nos salaires qui financent les caisses nous devons pouvoir décider de leur redistribution. Le Medef demande aux intermittents de faire des efforts insupportables. Ils représentent 3,4% des indemnités et devraient financer 25% du dispositif.  C’est un problème idéologique se situant bien au-delà de la question des intermittents. On  isole ce régime que l’on veut faire disparaître afin qu’il ne devienne pas une référence pour tous les emplois discontinus. »

La CGT spectacle s’est jointe au mouvement. « On s’inscrit totalement dans cette action qui démarre dans un climat social déjà très tendu avec le mouvement contre le projet de la loi El Khomri  et les sucreries offshore révélées par le Panama papers «  confirme la secrétaire général de la CGT Languedoc-Roussillon, Eva Loyer.

Hier les occupants ont ouvert un débat sans tension avec la direction et le personnel du CDN. « On les connaît tous, résume un membre de l’équipe qui est resté jusqu’à l’aube par solidarité. Au CDN, ils sont chez eux comme nous, dans un lieu symbole du volontarisme culturel de l’Etat ».

Personne donc, pour leur demander d’Aller mourir plus loin…

JMDH

Source : La Marseillaise 14/04/2016

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Mayotte. 13 jours de grève générale dans un silence médiatique assourdissant

Photo Mayotte hebdo

Photo Mayotte hebdo

Les habitants « d’Outre-Mer » ont l’habitude du mépris colonial des médias hexagonaux. Mais dans le cas de la grève générale mahoraise, en plein mouvement contre la Loi Travail, ce silence est évidemment très politique.

Depuis treize jours les syndicats et travailleurs de Mayotte, ce département français depuis janvier 2011 situé dans l’Océan Indien dans l’archipel des Comores sont en grève générale illimitée. Les grévistes et les manifestants veulent… l’application de la loi, tout simplement ! Car si Mayotte est un département français, elle a le droit à un régime d’exception défavorable.

C’est la raison pour laquelle les travailleurs réclament, notamment, l’application immédiate et intégrale à Mayotte du Code du Travail de droit commun, l’application immédiate à Mayotte des Conventions collectives nationales de branches ayant cours en France métropolitaine, l’alignement immédiat des pensions minimum au même niveau que la métropole, le reclassement avec reconstitution de carrière reprenant en compte la totalité de l’ancienneté de services des agents concernés par les intégrations dans les fonctions publiques ainsi que l’alignement au niveau de la métropole de toutes les prestations sociales.

Ces revendications sont donc tout simplement des demandes d’égalité ! Car Mayotte est le département le plus pauvre avec un coût de la vie extrêmement élevé et une situation proprement coloniale, relevant de l’indigénat, puisque les habitants n’ont pas les mêmes droits que ceux de la métropole. On le voit dans l’usage de la violence, face aux grévistes et à leurs barrages, le pouvoir de la « République » sort les blindés, comme déjà en octobre-novembre (lorsque ce mouvement avait commencé, interrompu un moment par l’état d’urgence). En octobre la police avait tiré à balles réelles sur les jeunes mobilisés.

Rompre le silence sur la grève générale à Mayotte c’est une nécessité absolue, pour créer des solidarités et pour nous renforcer dans nos combats respectifs.

A Mayotte les syndicalistes ont érigé des barrages routiers. A Koungou, par exemple, les jeunes ont mis en place un barrage, expliquant qu’ils en ont assez d’attendre en vain les transports scolaires. Un autre barrage est en place à Bandrélé, tandis que la mairie a été envahie, dans le calme, par des jeunes. Pourtant, de tout cela, pas un mot dans nos journaux et médias métropolitains. Une raison supplémentaire pour populariser leur mouvement et que la méthode et la détermination des jeunes et des travailleurs de Mayotte nous inspirent à l’heure où va s’ouvrir un second round dans la lutte contre la Loi Travail.

Léo Serge

Source : Révolution permanente 11/04/2016

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Islande : pourquoi les « Panama Papers » ont fait tomber le Premier ministre

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Le Premier ministre islandais cité dans les « Panama Papers » a annoncé ce mardi sa démission après des manifestations massives lundi. Un signe du traumatisme persistant de la crise dans l’île nordique.

Sigmundur Davíð Gunlaugsson, le Premier ministre islandais, a finalement cédé. Mardi 5 avril, il a annoncé qu’il démissionnait après avoir rencontré le président du pays et lui avoir demandé de convoquer de nouvelles élections. Le chef du gouvernement islandais est un des six dirigeants politiques mondiaux en exercice directement cité dans les « Panama Papers ». Lundi 4 mars au soir, une manifestation demandant sa démission a réuni entre 10.000 et 20.000 personnes pour une population totale de 330.000 âmes dans les rues de la capitale, Reykjavik.

L’affaire islandaise

L’enquête « Panama Papers » a révélé une rumeur qui circulait depuis plusieurs jours dans l’île nordique : la femme du chef du gouvernement, Anna Sigurlaug Pálsdóttir a utilisé en 2007 une société basée aux Îles Vierges Britanniques, Wintris, pour y placer sa fortune personnelle, issue de la vente de la vente de l’entreprise personnelle qui détenait le monopole de la vente des automobiles Toyota en Islande. Sigmundur Davíð Gunlaugsson était copropriétaire de la moitié de Wintris jusqu’en 2009, date à laquelle il a été élu député et a vendu sa part à son épouse pour 1 dollar des Etats-Unis.

Légalement, il n’est pas certain qu’il soit attaquable. Le quotidien britannique The Guardian affirme n’avoir « observé aucune preuve qui suggérerait de l’évasion fiscale, de la fraude fiscale ou aucun bénéfices malhonnête de la part de Sigmundur Davíð Gunlaugsson, d’Anna Sigurlaug Pálsdóttir ou de Wintris». C’était, du reste, la défense du Premier ministre jusqu’à ce mardi : il a vertement repoussé toutes les questions des journalistes et a déclaré lundi soir sur une chaîne privée qu’il ne « pensait pas à démissionner pour cette affaire ». Mais, en Islande, cette ligne de défense est intenable. Pour plusieurs raisons.

Le réveil des mauvais souvenirs

D’abord, parce que cette affaire rappelle de très mauvais souvenirs aux Islandais. Jusqu’en 2008, l’Islande a connu un développement financier débridé. En 2007, le bilan des banques islandaises a atteint 1035 % du PIB du pays. C’était l’époque des nouveaux riches et de la fortune étalée sans vergogne. Durant cette période, comme le remarque la journaliste islandaise Sigrún DavÍðdóttir sur son blog, les banques islandaises étaient spécialisées dans les constructions offshores. Elle rappelle qu’alors, « tu n’étais personne si tu n’avais pas une société offshore. »

L’affaire Gunlaugsson renvoie donc directement à cette époque. Elle rappelle que, huit ans après, rien n’a réellement changé : les hommes politiques restent liés au système financier. Ils restent des hommes d’un passé qui est désormais insupportable aux Islandais compte tenu de l’ampleur de la crise qu’ils ont traversé. Car si l’Islande a choisi une autre voie que les pays de la zone euro pour contenir la crise bancaire, les ménages islandais n’ont pas traversé sans dommages la crise, touchés par l’inflation causée par la dépréciation de 55 % en 2008 de la couronne islandaise et par plusieurs mesures d’austérité prises notamment dans le domaine de la santé. Ce que les Islandais ne veulent plus vivre, c’est cet effondrement qui a suivi la bulle. Or, avec cette affaire « Panama Papers », c’est donc un retour vers un passé honni qu’ils vivent.

L’affaiblissement de la confiance dans les élites politiques

La deuxième raison, c’est le manque de confiance dans les élites politiques que la crise a révélé et que cette affaire renforce encore. La bulle de 2000-2008 a été construite et encouragée par le personnel politique conservateur, à commencer par deux premiers ministres, Davið Oddsson, devenu ensuite président de la Banque centrale, et Geird Haarde, le chef du gouvernement lors de l’effondrement de 2008. Ce personnel politique a voulu consciemment utiliser le secteur financier comme levier de croissance après la crise de la filière piscicole dans les années 1990. Geird Haarde a, en 2012, été condamné par un tribunal pour sa gestion dans la crise de 2008. Il a alors déclaré que « nul parmi nous n’a pris conscience à l’époque que quelque chose clochait dans le système bancaire ». C’est cette irresponsabilité que le peuple islandais ne peut plus supporter. Or, même légal, l’existence d’une fortune placée aux Caraïbes, ramène l’actuel premier ministre a cette même irresponsabilité, à cette confluence entre le politique et le financier qui est insupportable désormais dans l’île nordique.

Un système politique en lambeaux

D’autant que le désaveu politique est quasiment général. La gauche, arrivée au pouvoir en 2009, s’est discréditée par sa volonté de protéger les créanciers étrangers et par les mesures d’austérité qu’elle a prises. C’est elle qui a négocié l’accord de dédommagements des créanciers néerlandais et britanniques dans le cadre du fonds Icesave, accord qui a été rejeté par deux fois par référendum en 2010 et 2012. La nouvelle majorité de droite issue des élections de 2014 s’est rapidement discréditée à son tour, notamment en rompant, sans le référendum promis, les négociations d’adhésion à l’Union européenne. Au final, la crise a ravagé le système politique islandais. Tous les partis traditionnels sont discrédités et c’est maintenant le parti Pirate, luttant pour la liberté d’Internet, qui est en tête des sondages avec plus de 35 % des intentions de vote.

D’autres ministres concernés

Dans un contexte aussi fragile, cette révélation achève ce système politique. D’autant que Sigmundur Davíð Gunlaugsson a très mal réagi, avec sa morgue habituelle, à ces informations et que deux autres ministres sont concernés par les « Panama Papers » : le ministre de la justice Ólöf Nordal et le vice premier ministre et ministre des Finances, Bjarni Benediktsson, président de l’autre grand parti de la coalition gouvernementale. Bjarni Benediktsson est le leader du parti de l’Indépendance, l’autre parti de la coalition gouvernementale avec celui de Sigmundur Davíð Gunlaugsson, le parti progressiste. Dès lors, c’est l’ensemble de la confiance avec la vie politique qui s’effondre. D’où l’exigence des manifestants islandais d’une démission pour organiser un « nouveau départ » à la vie politique locale et se débarrasser de cette élite désormais détestée.

Discours discrédité

Enfin, dernier élément clé : les révélations sur la femme du premier ministre le classent parmi ceux qui ont échappé au très strict contrôle des capitaux imposé en 2008 pour éviter la fuite des capitaux. Certes, ce compte n’a pas été ouvert pour « contourner » ce contrôle puisqu’il a été ouvert en 2007, mais cela ne change rien pour des Islandais qui vivent sous un régime restrictif qui, certes, a été affaibli, mais qui est très contraignant. Et comment ne pas soupçonner, même si on peut en douter, qu’il n’ait négocié avec les investisseurs étrangers la levée de ce contrôle en ayant son propre intérêt en tête ? Comme le résume un manifestant cité par le Guardian, « ce compte prouve que Sigmundur Davíð Gunlaugsson et sa femme n’avait aucune confiance dans la monnaie et le système financier de ce pays. » L’idée qui domine est donc encore celle d’une élite protégée. Une élite menteuse, puisque, protégé, le premier ministre a mené campagne en 2014 sur le thème de sa détermination à lutter contre les fonds étranger et la finance internationale. Un discours évidemment complètement discrédité désormais.

Symbole d’un traumatisme vivace

Sigmundur Davíð Gunlaugsson est ainsi devenu le symbole d’une société islandaise encore convalescente de la crise. Plus personne ne semble vouloir le sauver, et certainement pas son allié Bjarni Benediktsson, bien heureux que son propre cas passe au second plan dans cette affaire. Les élections anticipées sont donc inévitables, elles seront redoutables pour les anciens partis. Si la décision islandaise de 2008 de privilégier la dépréciation monétaire et la participation des créanciers a permis à l’économie de se redresser plus rapidement qu’ailleurs, il n’en reste pas moins que cette crise est demeurée un traumatisme et que les montages financier de l’épouse du premier ministre ramène à des réalités dont les Islandais ne veulent plus entendre parler. Cette crise politique islandaise de 2016, qui devrait entraîner le chef du gouvernement vers sa chute, est en fait un nouveau chapitre de la crise financière de 2008.

 

Source : La Tribune O5/04/2016

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LES VIOLENCES POLICIERES : MAIS QUI SONT LES VRAIS COUPABLES ?

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Un communiqué de la CGT Police.

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Panama Papers : les Islandais demandent massivement la démission de leur Premier ministre

Des milliers d'Islandais se sont réunis à Reykjavik pour demander la démission du Premier ministre, cité dans les Panama Papers. Photo Stringer. Reuters

Des milliers d’Islandais se sont réunis à Reykjavik pour demander la démission du Premier ministre, cité dans les Panama Papers. Photo Stringer. Reuters

Eclaboussé par les révélations d’un consortium d’investigation sur les avoirs de milliers de personnalités dans les paradis fiscaux, David Sigmundur Gunlaugsson refuse de démissionner malgré une manifestation d’une ampleur jamais vue dans le pays.

Des milliers d’Islandais ont manifesté en fin de journée ce lundi à Reykjavik pour réclamer la démission du Premier ministre David Sigmundur Gunlaugsson, pris dans la tourmente de la révélation de ses avoirs dans des paradis fiscaux.

Selon des documents dévoilés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), David Sigmundur Gunnlaugsson, 41 ans, a créé en 2007 avec sa future épouse une société dans les îles Vierges britanniques pour y parquer des millions de dollars, jusqu’à ce qu’il lui cède ses parts fin 2009 pour un dollar symbolique. Quand il a été élu député du Parti du progrès (centre-droit) pour la première fois en avril 2009, il a omis cette participation dans sa déclaration de patrimoine, alors que la loi l’y obligeait.

La police a indiqué que la manifestation rassemblait plus de monde que celles qui en 2009, après la révélation des graves manquements des responsables politiques dans la surveillance des banques, avaient poussé le gouvernement de droite à la démission. Mais les forces de l’ordre n’ont pas fourni de décompte.

«Prenez vos responsabilités» ou «Où est la nouvelle Constitution ?», lisait-on sur des pancartes, en référence au projet de nouvelle Constitution né de la crise politique de 2009, resté en rade au Parlement. Sur les réseaux sociaux, des Islandais confirmaient l’impression d’assister à un «séisme politique» d’une ampleur supérieure à celui causé par la crise de 2008.

#panamapapers causing a political earthquake in Iceland. Demand for immediate resignation of PM. Massive protest. pic.twitter.com/ii74KhqiEN

— Huginn Þorsteinsson (@huginnf) 4 avril 2016

David Sigmundur Gunnlaugsson, qui nie toute évasion fiscale, a exclu de démissionner. Pendant que se déroulait cette manifestation devant le Parlement, le Premier ministre était soumis à une séance de questions où seuls les députés d’opposition ont pris la parole. Il a expliqué ne pas avoir révélé plus tôt ces avoirs afin de ne pas faire de la fortune de sa compagne une question politique, a rapporté la chaîne de télévision RUV. Une motion de censure a été déposée par l’opposition, qui sera soumise au vote à une date indéterminée.

Source Libération avec AFP : 04/04/2016

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