En Iran, poussée des alliés du président Rohani aux législatives, pas de majorité claire

Le président iranien Hassan Rouhani le 27 février 2016 à Téhéran

Le président iranien Hassan Rouhani le 27 février 2016 à Téhéran

Les alliés réformateurs et modérés du président iranien Hassan Rohani qui compte sur eux pour accélérer sa politique d’ouverture ont fortement progressé aux législatives face aux conservateurs, mais aucun des deux camps n’obtient de majorité claire dans l’attente des derniers résultats.

Sur les 290 sièges du Parlement élu pour quatre ans, les réformateurs et modérés en ont pour l’instant obtenu 89 contre 86 pour les conservateurs, selon des résultats partiels publiés dimanche par l’agence de presse Isna. Dix candidats indépendants ont également été élus mais sont pour l’instant inclassables.

Les résultats pour une soixantaine d’autres sièges devraient être annoncés d’ici mardi.

En revanche, un second tour devra être organisé en avril ou en mai pour départager les candidats briguant 51 autres sièges, et dont aucun n’a récolté suffisamment de voix pour être élu au premier tour.

D’ores et déjà, les réformateurs et modérés peuvent se targuer d’avoir trois fois plus d’élus au Parlement, où ils en comptaient trente jusqu’à présent contre environ 200 pour les conservateurs.

Ils ont réalisé une percée remarquable à Téhéran où ils raflent la totalité des 30 sièges qui étaient jusqu’alors détenus en grande partie par les conservateurs.

Parmi ces derniers, plusieurs étaient de farouches opposants à l’accord conclu en juillet 2015 entre les grandes puissances et l’Iran sur son programme nucléaire. L’accord est entré en vigueur mi-janvier, entraînant la levée de la plupart des sanctions économiques qui asphyxiaient l’économie iranienne.

– ‘Lourdes charges’ –

« Le progrès du pays est l’objectif principal » et le « prochain Parlement aura de lourdes charges », a estimé dimanche le guide suprême Ali Khamenei, dans un message lu à la télévision, en mettant en garde contre « un progrès superficiel sans indépendance ni intégrité nationale ».

Le président Rohani a pour sa part affirmé dans un tweet que « les électeurs ont créé une nouvelle atmosphère ».

Religieux modéré, il misait sur l’avancée majeure qu’a été l’accord nucléaire et les investissements étrangers attendus par son application, pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement.

Il entend mettre en place une série de réformes économiques et sociales avant la fin de son premier mandat de quatre ans en 2017.

Autre motif de satisfaction pour le président iranien: son élection et celle de son allié Akbar Hachemi Rafsandjani, ancien président de la République islamique, à l’Assemblée des experts après être arrivés en tête à Téhéran.

Cette chambre, composée de 88 religieux élus pour huit ans, est chargée de nommer le guide suprême iranien et pourrait être amenée à jouer un rôle déterminant durant son mandat puisque le guide actuel, Ali Khamenei, est âgé de 76 ans.

L’élection pour son renouvellement a eu lieu vendredi en même temps que les législatives. Le taux de participation aux deux scrutins a été d’environ 60%.

Deux religieux conservateurs connus pour leur hostilité envers les réformateurs, les ayatollahs Mohammad Yazdi, actuel chef de l’Assemblée des experts, et Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, ne seraient pas en position d’être élus, selon des résultats partiels portant sur la presque totalité des bulletins dépouillés.

En revanche, l’ayatollah Ahmad Janati, chef du puissant Conseil des Gardiens de la constitution (conservateur), serait élu.

– Un vote contre ‘les radicaux’ –

M. Rafsandajani a affirmé dans un tweet que « personne ne peut résister à la volonté de la majorité du peuple et ceux dont il ne veut pas doivent se retirer ».

La percée des pro-Rohani est d’autant plus notable que la plupart des grandes figures du camp réformateur avaient été écartées de la course aux législatives par le Conseil des gardiens de la Constitution, qui a un droit de veto sur les candidatures.

Analyste iranien indépendant, Amir Mohebbian, interrogé par l’AFP, a jugé que ces résultats sont « une réaction (des électeurs) contre les radicaux ».

A Téhéran, le chef de liste des conservateurs, Gholam-Ali Hadad-Adel, un ancien président du Parlement, n’arrive qu’en 31e et est battu.

En tête de liste des candidats élus figurent Mohammad Reza Aref (réformateur) et Ali Motahari (modéré conservateur).

Les réformateurs avaient inclus dans leur liste trois conservateurs modérés, dont M. Motahari, qui ont tous été élus.

La liste des réformateurs/modérés à Téhéran était menée par Mohammad Reza Aref, ancien candidat réformateur à la présidentielle de 2013, qui s’était retiré en faveur du candidat Rohani.

Stéphane BARBIER, Siavosh GHAZI 

Source : AFP 29/02/2016

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Paris et Téhéran jouent l’ouverture économique et diplomatique

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Une série de gros contrats ont été annoncés dans plusieurs secteurs. Les deux pays veulent approfondir leur dialogue politique pour mieux discuter des dossiers chauds au Moyen-Orient.

Hâtons nous mais prudemment. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, a invité les entreprises françaises à « se ruer en Iran tout en faisant attention à la question du financement », à l’occasion de la visite en France du président iranien, Hassan Rohani. Certes, c’est un marché de 80 millions d’habitants, deuxième économie du Proche Orient, qui s’ouvre à l’occasion de la levée progressive des sanctions internationales. Mais demeure l ’épée de Damoclès des sanctions résiduelles des Etats-Unis prises pour atteintes au droit de l’Homme qui ont valu une amende de 8,9 milliards de dollars à BNP-Paribas.

De ce point de vue, les choses pourraient rapidement s’améliorer, a indiqué François Hollande. La banque centrale d’Iran a pris langue avec la Banque de France et trois établissements bancaires français pour faciliter les transactions financières entre les deux pays et faire jouer à la Coface sont rôle de garant.

Les Français prudents

Les Français sont prudents mais n’ont pas d’état d’âme pour autant envers un pays qui compte, selon Hassan Rohani, « tourner la page sur les anciennes rancoeurs  ». Il a énuméré devant 320 chefs d’entreprise, les secteurs où l’Iran mise sur la coopération des Français : l’énergie, l’agriculture, la santé, les transports, l’aéronautique. Une coopération d’ores et déjà illustrée par la signature d’accords jeudi entre Téhéran et PSA Citroën, Airbus et Total, mais aussi Bouygues Vinci et ADP pour développer trois aéroports.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a lui aussi appelé à «?ouvrir un nouveau chapitre? » entre l’Iran et la France, le pays européen qui a «?le plus souffert des sanctions internationales?» selon Pierre Gattaz, puisque les échanges entre Paris et Téhéran sont passés de 3,7 milliards d’euros en 2004 à 500 millions en 2014.

Manifestants à Paris

Si des centaines de manifestants ont défilé, lundi à Paris, pour protester contre le régime des mollahs, le président Rohani a reçu, distinction rare, les honneurs militaires sur la place des Invalides, en présence du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Ce dernier incarnait la «?vigilance?» envers l’Iran durant les négociations nucléaires conclues le 14 juillet dernier à Genève. La relation est d’ailleurs moins chaleureuse qu’entre Rome et Téhéran , une défiance remontant aux attentats de 1986 à Paris. «?Nous nous connaissons?», a simplement observé Hassan Rohani qui était reçu dans la matinée à l’Institut français des Relations internationales. Il a évoqué, devant Valéry Giscard d’Estaing, les années où l’ayatollah Khomeini avait trouvé refuge à Neuf le Château d’où il avait fomenté la révolution islamique.

Ouverture économique et diplomatique indispensable au président

Cette tournée européenne est plus qu’une ouverture économique et diplomatique. Elle est indispensable au président Rohani lui-même. Les conservateurs sont en train de saboter les élections législatives du 28 février en invalidant les candidats qui lui sont proches. Il doit donc trouver des relais à l’extérieur pour l’aider à contenter une jeunesse et une population qui aspirent à travailler et à consommer des produits occidentaux. Les Iraniens doivent renouveler leur aviation commerciale, et cette commande à Airbus (23 milliards d’euros) a aussi pour objet de titiller Boeing dont le lobbying auprès du gouvernement américain pourra un jour faciliter les affaires avec les Etats-Unis.

Le faible prix du pétrole est alarmant pour l’Iran mais le président iranien est optimiste : « La pression sur les pays producteurs de pétrole se traduira par un retour à l’équilibre à court terme ». Tout cela dans un Moyen-Orient à feu et à sang ou l’Iran tente de renforcer son rôle de puissance régionale. «?Cela va être très difficile de revenir à la stabilité au Moyen-Orient. La reconstruction pourra prendre plusieurs dizaines d’années », a souligné le président iranien. La Syrie, l’Irak, le Yémen et le terrorisme ont été évoqué par les deux chefs d’Etat. Une mission a été confiée aux ministres des Affaires étrangères des deux pays pour approfondir le dialogue politique entre Paris et Téhéran.

Yves Bourdillon et Virginie Robert

Source Les Echos 28/01/2016

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Moyens Orient, Iran, rubrique Politique, Politique Internationale, Politique Economique, On Line, Les banques européennes tétanisées par le marché iranien, Iran : moisson de contrats pour les groupes français

Qu’est-ce qui oppose les sunnites et les chiites ?

Chiite et Sunnite dans le monde musulman

Chiite et Sunnite dans le monde musulman

La rupture par l’Arabie saoudite de ses relations diplomatiques avec l’Iran, dimanche 3 janvier, a creusé la cassure confessionnelle entre chiites et sunnites au Moyen-Orient. Cette montée des tensions entre les deux puissances rivales de la région est trop rapidement réduite à un conflit confessionnel entre sunnites et chiites. Pour y voir plus clair, voici un résumé de ce qui lie, différencie et oppose ces deux grandes familles de l’islam.

Une division historique

La division entre sunnisme et chiisme est historiquement le fruit d’un conflit de succession, après la mort du prophète, en 632 à Médine, dans l’actuelle Arabie saoudite. Les compagnons du prophète choisissent l’un d’entre eux, Abou Bakr, en conclave selon la tradition tribale. Selon les chiites, le pouvoir légitime revenait en droit aux descendants directs du prophète, par sa fille Fatima et son gendre Ali. Ecarté du pouvoir, ce dernier deviendra, vingt-cinq ans plus tard, le quatrième calife. Son règne, contesté par Mouawiya, un proche du troisième calife, Osman, assassiné, se termine dans la confusion et il meurt tué par d’anciens partisans devenus dissidents, les kharidjites.

Hussein, le fils d’Ali, qui se soulève contre l’autorité du calife Mouawiya, installé à Damas, sera tué lors de la bataille de Kerbala, en 680. Les chiites révèrent Ali, ses descendants et successeurs comme les « douze imams », persécutés, qui servent d’intermédiaires entre les croyants et Dieu. L’islam sunnite, lui, se voit comme la continuité des premiers califes de l’islam, qui ont conservé intacts et fait observer les commandements de Mahomet.

Une différence de doctrine

Le sunnisme, qui rassemble environ 85 % des musulmans, tend à se définir par opposition aux sectes qui ont parcouru l’histoire de l’islam, en premier lieu le chiisme, et revendique un idéal de consensus. Il se veut fidèle aux origines et pur d’influences étrangères, bien qu’il comprenne une grande variété d’interprétations et de traditions.

Il se définit par l’acceptation du Coran, parole de Dieu, et des enseignements et exemples donnés par le prophète, transmis sous forme de récits et d’informations (« ?adith » et « khabar »). Il opère un constant retour à ces textes.

Le chiisme partage ces sources fondamentales. Il est, lui aussi, très diversifié. Sa branche principale (« duodécimaine ») est caractérisée par le culte des douze imams et l’attente du retour du dernier d’entre eux, Al-Mahdi, « occulté » en 874 aux yeux des hommes mais toujours vivant, qui doit réapparaître à la fin des temps. En son absence, le clergé est investi d’une autorité particulière : il permet une médiation de l’autorité divine. Les religieux chiites sont structurés en une véritable hiérarchie cléricale, à la différence des oulémas (théologiens) sunnites.

Quelle répartition géographique ?

Le sunnisme est majoritaire au Maghreb et en Afrique noire, en Libye et en Egypte, en Turquie, en Arabie saoudite et dans le Golfe, en Syrie, en Afghanistan et au Pakistan, en Inde et en Indonésie. Les chiites sont majoritaires en Iran, en Irak, à Bahreïn et en Azerbaïdjan, et significativement présents au Liban, au Yémen et en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan et en Inde.

  • Voir aussi : Carte interactive : où vivent chiites et sunnites au Moyen-Orient
  • Des rivalités exacerbées par les luttes politiques
  • Les divisions entre sunnites et chiites fluctuent à travers l’Histoire, selon les luttes politiques. Au XVIe siècle, la dynastie safavide, qui impose le chiisme en Iran, combat ainsi la Turquie ottomane, sunnite, même si la religion n’explique qu’en partie leur différend.
  • A l’époque moderne, en 1979, la révolution islamique iranienne polarise le Moyen-Orient. La volonté iranienne d’exporter sa révolution et sa politique de soutien à des groupes armés chiites, en premier lieu le Hezbollah, au Liban, mais aussi au Koweït, cristallisent les rivalités avec les pays arabes sunnites de la région, qui soutiennent Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran (1980-1988). Au même moment l’Arabie saoudite, où le wahhabisme, un courant du sunnisme ultrarigoriste et antichiite, est religion d’Etat, soutient le djihad antisoviétique en Afghanistan. Al-Qaida s’y forgera.En 2003, l’invasion américaine de l’Irak déclenche une guerre civile entre chiites et sunnites irakiens. La branche irakienne d’Al-Qaida y développe un djihad spécifiquement antichiite, et forme, avec le renfort d’anciens cadres du régime de Saddam Hussein, la matrice de l’actuelle organisation Etat islamique (EI). Celle-ci profite aujourd’hui du ressentiment des populations sunnites d’Irak contre le gouvernement dominé par les partis chiites, et sous influence iranienne. L’EI a par ailleurs mené des attentats terroristes contre des communautés chiites loin de ses lignes de front d’Irak et de Syrie, jusqu’en Arabie saoudite, au Koweït, au Yémen et au Liban.

    En 2011, dans la foulée des « printemps arabes », la Syrie bascule dans la guerre civile. La répression du régime, tenu par la minorité alaouite (une branche du chiisme) à laquelle appartient la famille Assad, a favorisé la montée en puissance d’un extrémisme sunnite, communauté dont est issue la quasi-totalité de la rébellion anti-Assad. Par la suite, le régime a libéré des prisonniers djihadistes sunnites, dont certains ont rejoint l’EI, le Front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida) et des groupes radicaux, afin de diviser et discréditer l’opposition comme la rébellion.

  • Une rivalité mise en scène par l’Iran et l’Arabie saoudite
  • Le conflit syrien est devenu un terrain d’affrontement, par alliés interposés, entre l’Iran, dont les forces et les milices chiites internationales (Liban, Irak, Afghanistan) combattent aux côtés des troupes régulières et de la Russie, et les puissances sunnites que sont l’Arabie saoudite, la Turquie et les monarchies du Golfe, qui appuient des groupes rebelles.

    Arrivé au pouvoir en janvier 2015 en Arabie saoudite, le roi Salmane a adopté une stratégie agressive pour contrer l’influence iranienne au Moyen-Orient. Ce raidissement s’est matérialisé par l’entrée en guerre de l’Arabie saoudite au Yémen, en mars 2015. Le royaume saoudien, qui a formé une coalition de neuf pays arabes sunnites, cherchait à empêcher la rébellion des houthistes, de confession zaïdite (une branche du chiisme), alliés à l’Iran, de s’emparer de son voisin du Sud.

  • Louis Imbert

Source : Le Monde.fr 08/01/2016

Etats-Unis : la Chambre adopte la suspension de l’accueil de réfugiés syriens et irakiens

 Des réfugiés irakiens. AZAD LASHKARI / REUTERS


Des réfugiés irakiens. AZAD LASHKARI / REUTERS

La réponse, attendue, du Congrès américain aux attentats de Paris se précise. La Chambre des représentants, à majorité républicaine, a adopté jeudi 19 novembre une mesure qui suspendrait l’accueil de réfugiés syriens et irakiens, malgré les appels au sang-froid et la menace de veto du président Obama.

Le texte a été adopté par la majorité républicaine avec l’appui d’une partie des démocrates, par 289 voix contre 137 et huit absents, et doit encore être examiné par le Sénat, où son avenir est incertain.

Quoi qu’il arrive, la Maison Blanche a annoncé que le président mettrait son veto, lequel ne pourra être surmonté qu’avec un nouveau vote à une majorité des deux tiers, soit 290 voix à la Chambre si tous les élus y participaient.

Vague de rejet

Le vote de jeudi est une manifestation de la soudaine vague de rejet des réfugiés syriens qui a gagné tout le pays, en pleine campagne des primaires pour la présidentielle, après les attentats de Paris.

Au moins une famille syrienne a dû être installée à la dernière minute dans le Connecticut après un refus du gouverneur de l’Indiana. Les réfugiés sont accompagnés par des ONG sous contrat avec le département d’Etat, et répartis dans tout le pays.

La proposition de loi républicaine veut obliger le directeur du FBI, le secrétaire à la sécurité intérieure et le directeur du renseignement national à certifier personnellement que chaque réfugié ne pose pas de menace sécuritaire, de nouveaux obstacles qualifiés de dilatoires et d’impraticables par la Maison Blanche et par les ONG. La suspension pourrait durer des années, se sont alarmés des démocrates.

« Ce plan décrète une pause dans le programme. C’est un critère sécuritaire, pas un critère religieux », a déclaré le président républicain de la Chambre, Paul Ryan. Les conservateurs font valoir que le directeur du FBI, James Comey, a lui-même souligné que les Américains disposaient de peu d’informations sur les ressortissants syriens. « Aucun processus n’a de risque zéro », avait dit en octobre le secrétaire à la sécurité intérieure, Jeh Johnson.

« Nous avons déjà commis cette erreur »

L’administration défend fermement sa procédure de sélection des réfugiés, qualifiée de plus rigoureuse que pour n’importe quel autre type de voyageurs aux Etats-Unis. Seulement un peu plus de deux mille réfugiés syriens ont été acceptés à ce jour depuis le début de la guerre civile, en 2011, a rappelé Anne Richard, responsable des réfugiés au département d’Etat.

Leon Rodriguez, directeur des services d’immigration américains, a expliqué que chaque candidat était d’abord sélectionné par l’ONU dans ses camps en Turquie, en Jordanie et en Egypte. Plusieurs bases de données militaires, diplomatiques, criminelles et de renseignement sont ensuite consultées, et les demandeurs passent des entretiens personnels.

L’ajout de la certification par les plus hauts responsables des services de sécurité américains « paralyserait complètement le système sans le rendre plus efficace », a témoigné Mark Hetfield, directeur de l’ONG américaine d’aide aux réfugiés HIAS (Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society).

Les démocrates comparent l’attitude républicaine au rejet pendant la seconde guerre mondiale de réfugiés juifs allemands. « Nous avons déjà commis cette erreur, ne recommençons pas », a dit le représentant Luis Gutierrez.

Source : Le Monde AFP 19/11/2015

Voir aussi : Actualité Internationale, Amérique du Nord, Etats-Unis, rubrique, Moyen-Orient, Irak, Syrie, rubrique Politique, Politique de l’immigration On Line : Les attentats de Paris sont devenus un sujet de politique intérieure aux Etats-Unis

Attentats de Paris : Le temps de la récolte est venu

 

parisattacks-510x287Par Chris Floyd. Article publié dans CounterPunch, le 14 novembre 2015: The Age of Despair: Reaping the Whirlwind of Western Support for Extremist Violence

Nous, les Occidentaux, avons renversé Saddam par la violence. Nous avons renversé Kadhafi par la violence. Nous essayons de renverser Assad par la violence. Tous des régimes très durs s’il en est – mais bien moins implacables et cruels que nos alliés saoudiens et autres tyrannies. Et, quel a été le résultat de ces interventions ? L’enfer sur terre, un enfer qui s’étend, plus virulent d’année en année.

Sans ce crime perpétré par les Américains, leur guerre d’agression en Irak – laquelle, selon les mesures utilisées par les gouvernements occidentaux eux-mêmes, a fait plus d’un million de morts parmi la population civile – il n’y aurait pas d’Etat Islamique, pas d’« al-Qaïda en Irak ».  Sans le financement et l’armement par l’Arabie Saoudite les Occidentaux d’un amalgame de groupes extrémistes sunnites dans tout le Moyen-Orient, utilisés comme mandataires pour frapper l’Iran et ses alliés, il n’y aurait pas d’Etat Islamique.

Mais remontons un peu plus loin en arrière. Sans la création directe, étendue et délibérée par les Etats-Unis et leur allié saoudien d’un mouvement mondial d’extrémistes sunnites armés, durant les administrations Carter et Reagan, il n’y aurait pas de « Guerre contre la terreur » – et il n’y aurait pas eu d’attaques terroristes à Paris la nuit dernière.

Une fois encore, essayons d’être aussi clairs que possible : le monde infernal dans lequel nous vivons aujourd’hui est le résultat de politiques délibérées et d’actions entreprises par les Etats-Unis et leurs alliés au cours des dernières décennies. Ce fut Washington qui dirigea et/ou soutint la répression de la résistance politique laïque dans tout le Moyen-Orient, afin de mettre à genou des dirigeants récalcitrants comme Nasser et de soutenir des dictateurs corrompus et brutaux qui serviraient le programme états-unien de domination politique et d’exploitation des ressources naturelles.

L’histoire de ces cinquante dernières années est très claire à cet égard. Si l’on remonte jusqu’au renversement du gouvernement démocratique d’Iran [Mossadegh], en 1953, les Etats-Unis ont délibérément et consciencieusement appuyé les groupes sectaires les plus extrêmes, afin de saper la résistance laïque à grande échelle, en vue de faire avancer leur programme de domination.

Pourquoi revenir à cette « ancienne histoire », lorsque du sang tout frais coule dans les rues de Paris ? Parce que ce sang n’aurait pas coulé, si ne n’est à cause de cette ancienne histoire ; et parce que la réaction à ces dernières répercussions de l’extrémisme religieux cultivé par Washington, aussi bien par les Démocrates que par les Républicains, conduira très certainement à plus de massacres, plus de répression et plus d’interventions violentes. Lesquelles, à leur tour, produiront encore plus d’atrocités et de bouleversements, comme nous l’avons vu à Paris hier soir.

C’est le désespoir qui guide ma plume. Le désespoir face, bien sûr, à la dépravation de ces meurtriers d’innocents dans les rues de Paris. Mais un désespoir encore plus grand, face à la dépravation de ces formidables assassins qui nous ont amenés à cet endroit épouvantable dans l’histoire humaine : ces personnages du capitalisme triomphant qui ont investi les hauts lieux du pouvoir en Occident depuis des décennies, tuant des innocents par centaines de milliers, écrasant l’opposition laïque au bénéfice de leurs dictateurs favoris, et – encore et toujours – soutenant, finançant et armant certains des sectaires les plus virulents de la planète.

Et j’ai une autre raison d’être empli de désespoir : bien que ces données historiques soient là, accessibles à tous, disponibles pour la plupart des sources du courant dominant, elles continueront d’être totalement ignorées, à la fois par ceux qui luttent pour le pouvoir et par le grand public. Ces derniers continueront de soutenir les premiers, tandis qu’ils reproduisent et régurgitent les mêmes vieilles politiques d’intervention, les mêmes programmes éculés de domination et de cupidité, encore et encore – créant toujours plus de nouveaux enfers pour nous y faire vivre tous, et empoisonnant la vie de nos enfants et de tous ceux qui viendront après nous.

Voir aussi : Actualité nationale Rubrique SociétéCitoyenneté rubrique Politique, Société civile.