Emmanuel Macron a annoncé jeudi la création «dès cet été» de centres d’examen pour demandeurs d’asile en Libye
Dans l’impasse politique
La Campagne de Com permanente d’Emmanuel Macron dans la torpeur de l’été ne lui réussit pas. Son dernier fait d’arme photo ci-dessus, et ses déclarations sur les « hotspots en Libye suscitent des commentaires mitigés et éclairants dans la presse européenne.
Si la démagogie sans entrave du Figaro souligne une manière de « traiter le problème à la racine ». Le quotidien Autrichien Kurier trouve au moins le mérite de s’en remettre à la raison en parlant d’assumer les conséquences des actes posés, tandis que le quotidien à grand tirage italien Il Sole 24 appelle à une circonspection de rigueur.
Traiter le problème à la racine
L’idée de hotspots en Libye plaît aussi au quotidien Le Figaro :
«Il s’agit de traiter le problème à la racine, sur le continent africain, plutôt qu’à l’intérieur de nos frontières, lorsqu’il est déjà trop tard. … Cela ne suffira évidemment pas à éliminer ce problème complexe et de très longue haleine, d’autant plus que ‘s’installer’ en territoire libyen est une mission délicate. Surtout si les Européens, souvent remarquables d’inefficacité en la matière, ne nous suivent pas ou traînent des pieds.»
Cette idée peut être utile mais l’UE devra en assumer la responsabilité morale, juge Der Kurier :
«Nous renverrons des centaines de milliers de personnes vers un pays où elles seront maltraitées, violentées, dépouillées de tous leurs effets et contraintes de vivre dans des conditions indignes. Nous nous faisons les partenaires de milices armées, d’un dictateur qui bafoue les droits humains. Si la politique pense qu’il s’agit-là du bon moyen de protéger sa population de l’immigration clandestine, alors cette initiative est légitime. Mais elle doit alors reconnaître ouvertement ne faire aucun cas des droits humains.»
Il Sole 24 Ore, estimant que Paris veut négocier un accord sur les réfugiés avec la Libye, appelle à la circonspection :
«La France connaît d’importants problèmes dans sa politique d’intégration et elle tente de les résoudre en fermant ses ports et en cherchant désespérément quelqu’un en Libye, que ce soit le général Haftar ou le chef de gouvernement Al-Sarraj, qui soit prêt à faire le sale boulot. Car c’est bien là la fonction des hotspots. Après l’Allemagne, qui a fermé la route des Balkans grâce à l’accord conclu avec Erdo?an, Paris tente de faire de même en Afrique du Nord et au Sahel. Elle fait ainsi un pari risqué : les Libyens pourraient concevoir des chantages bien plus pernicieux encore que ceux d’Erdo?an.»
Ce sont des travailleurs «invisibles», disponibles à tout moment. Jour et nuit. 7 jours sur 7. Ils sont pourtant les moins bien payés. Parfois privés de salaire. Dans la plupart des pays africains, aucune loi ne les protège contre les abus. Il s’agit pourtant d’un secteur pourvoyeur d’emplois, à condition qu’il soit reconnu et organisé. Elles seraient plus de 60.000 fillettes âgées de 8 à 15 ans à travailler comme domestiques au Maroc, selon Human Rights Watch qui dénonce régulièrement le sort réservé à ces mineures forcées de travailler 12h par jour pour un salaire de misère.
Certains y laissent leur vie
La pauvreté pousse les parents à confier leurs enfants à des familles plus aisées moyennant des salaires de misère, explique le journal en ligne Contretemps qui a constaté que l’absence de contrat entre les parents et la famille d’accueil ouvre la voie à tous les abus. Cela devrait toutefois changer après le vote, le 26 juillet 2016, par le parlement marocain d’une nouvelle loi régulant les conditions du travail domestique. Le nouveau texte qui doit entrer en vigueur avant fin 2017 exige des contrats de travail et limite les heures de travail, prévoit des congés payés et fixe un salaire minimum. Les employeurs qui enfreignent ces dispositions s’exposent à des sanctions financières et à des peines de prison en cas de récidive.
Le sort de ces «petites bonnes à tout faire» avait ému le Maroc après le décès, en mars 2013, d’une adolescente qui a succombé aux sévices infligées par son employeuse. Un calvaire pour la jeune Fatym, âgée de 14 ans, brûlée au 3e degré sur le thorax, aux mains et au visage. L’employeuse a été condamnée à 20 ans de prison.
Des services non rémunérés
Qu’elles soient nounous, bonnes ou femmes de ménage, leur travail n’est pas considéré comme «un vrai travail», explique la Secrétaire générale du syndicat des domestiques sud-africains à Jacqueline Derens qui anime un blog sur le site de Médiapart. «Les patrons ne voient pas pourquoi une personne qui fait le ménage, la cuisine, le repassage et s’occupe des enfants quand eux partent pour un vrai travail pourraient revendiquer quoi que ce soit.»
Et si la domestique vit chez son patron, ajoute-t-elle, «elle doit toujours être disponible. La vieille ficelle de la domestique qui fait partie de la famille est toujours utilisée pour obtenir des services non rémunérés.»
«Une traite qui ne dit pas son nom»
C’est ce que l’Ivoirienne Chantal Ayemou qualifie de «traite qui ne dit pas son nom».
La présidente du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme se bat pour obtenir un cadre légal et une reconnaissance du travail domestique en Côte d’Ivoire. «Souvent on fait venir la petite-nièce du village»,explique-t-elle à RFI. «Souvent elle vient en bas âge et reste là pendant des années. C’est elle qui fait tout dans la maison. Pendant que les autres enfants de son âge sont en train de jouer, elle est affairée aux tâches ménagères. Ce sont des mentalités qu’il faut abandonner.»
La Côte d’Ivoire élabore difficilement un statut pour les travailleurs domestiques, «ces bonnes, servantes et boys» comme on les appelle à Abidjan, qui souffrent en silence. Pas un jour de congé, ni repos hebdomadaire. Selon Chantal Ayemou, 26% d’entre eux travaillent sans percevoir de salaire. «Des agences placent ces filles dans des ménages. Pendant que ces filles se tuent à la tâche, ces agences perçoivent le salaire mensuel.»
Un secteur pourvoyeur d’emplois
Tout le monde en convient, le travail domestique est un secteur pourvoyeur d’emplois à condition qu’il s’exerce dans un cadre légal. Certains pays africains ont décidé d’y mettre de l’ordre.
C’est le cas de la Namibie qui a instauré en avril 2015, un salaire minimum pour les 46.000 employés de maison enregistrés dans le pays. Ils bénéficieront désormais des heures supplémentaires, des congés payés et des frais de transport. Leur salaire minimum mensuel, estimé à 50 dollars, devrait désormais doubler.
La Namibie rejoint ainsi ses voisins, l’Afrique du Sud, le Zimbabwé et le Botswana qui ont déjà mis en place la même mesure. D’autres pays du continent pourraient leur emboîter le pas. D’autant que la plupart d’entre eux ont ratifié la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les travailleurs domestiques. Elle est entrée en vigueur le 5 septembre 2013.
Un bateau de réfugiés au large du Yémen, en septembre 2016.SALEH AL-OBEIDI / AFP
En mars dernier, un bateau civil avait été pris pour cible par un hélicoptère de la coalition menée par l’Arabie saoudite, indique un rapport confidentiel.
L’ONU accuse. Un rapport confidentiel, consulté par l’AFP, estime que le raid contre un bateau de réfugiés qui a fait 42 morts au large du Yémen au mois de mars a certainement été mené par la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite.
Un hélicoptère avait ouvert le feu sur cette embarcation contenant 140 personnes, faisant ainsi 42 morts et 34 blessés, dans ce qui constitue une violation du droit international humanitaire, selon le rapport.
«Cette embarcation civile a été sûrement attaquée par un hélicoptère armé utilisant des munitions de calibre 7,62mm», explique le rapport, présenté par des experts des Nations unies au Conseil de sécurité cette semaine.
«La coalition arabe menée par l’Arabie saoudite est la seule puissance impliquée dans ce conflit qui a la possibilité de déployer des hélicoptères de combat dans cette zone», détaille le document.
L’hélicoptère opérait sûrement à partir d’un navire.
Les forces de la coalition arabe, soutien du gouvernement yéménite, nient cependant que leurs troupes aient été présentes dans la région de Hodeïda, où l’embarcation a été attaquée.
Deux autres attaques
«La coalition n’a pas ouvert le feu dans cette zone», a déclaré à l’AFP son porte-parole, le général Ahmed Assiri.
Deux autres attaques menées par des hélicoptères ou des navires de guerre contre des bateaux de pêche les 15 et 16 mars ont également fait 11 morts et 8 blessés, précise le rapport.
La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite, aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et alliés à des unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.
Les civils constituent plus de la moitié des 8.000 morts du conflit depuis l’intervention arabe, selon l’ONU.
Le Yémen connaît également une crise humanitaire extrême: plus de 60% de la population est menacée par la famine, alors que le pays est touché par une épidémie de choléra qui a fait près de 1.900 décès et quelque 400.000 cas suspects.
« La marche du million » à Al-Hoceïma dans le Rif au Maroc a été émaillée de heurts, jeudi. Les forces de l’ordre ont tenté d’empêcher tout rassemblement, en vain. Les manifestants ont investi la ville dans un climat de répression et de violence.
La situation s’est de nouveau tendue jeudi 20 juillet à Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc. La « marche du million », manifestation prévue de longue date pour protester contre la marginalisation économiqe de la région du Rif a été le théâtre d’affrontements entre police et manifestants. Ces derniers, déterminés à se faire entendre malgré l’interdiction de manifester décrétée lundi, réclament la libération de leurs leaders emprisonnés depuis mai.
« Soixante-douze éléments des forces publiques ont été blessés (…) suite à des jets de pierre (…) onze personnes parmi les manifestants suite à l’usage du gaz lacrymogène », a indiqué jeudi soir la préfecture d’Al-Hoceïma, citée par l’agence de presse officielle MAP.
La ville en état de siège
Initialement prévue à 13 h, la manifestation des sympathisants du Hirak, nom donné localement à la protestation, a dû être repoussée à 17 h par les organisateurs. En cause : les barrages mis en place par les policiers sur les routes menant à Al-Hoceïma afin d’empêcher les habitants des environs de rejoindre la manifestation. Selon les témoignages recueillis par les Observateurs de France 24, certains se sont résignés à faire des détours de plusieurs kilomètres à pied en empruntant des petits chemins dans les collines afin d’entrer dans la ville.
Une équipe de la chaîne 2M a été prise à partie lors de sa couverture de la manifestation du 20 juillet à Al Hoceima.
« Nous étions en train de prendre une déclaration d’un des manifestants lorsque nous avons été apostrophés par une foule non loin de la mosquée Ghinia sur l’avenue Abdelkim Khattabi », nous raconte Abdelhamid Mourabit, reporter de 2M, présent à Al Hoceima pour couvrir les manifestations réprimées du 20 juillet. « Nous avons été frappés et insultés par une partie de la foule. Certains individus ont même tenté de se saisir de la caméra« , poursuit-il. Le journaliste constate « une atmosphère générale de refus des médias publics dans la ville ».
Une vidéo filmée par nos confrères du 360.ma témoigne de l’agression du journaliste et du cameraman de la deuxième chaîne par une foule lors de la manifestation du 20 juillet à Al Hoceima. À la 42e seconde, on peut voir un homme en rouge asséner un coup de pied à la caméra du technicien.
La poésie, chemin de paix à Sète au coeur de l’été méditerranéen. Photo dr
Festival Voix Vives, le grand rendez-vous de la poésie méditerranéenne contemporaine fête sa 20e édition du 21 au 29 juillet
Depuis 8 ans la Ville de Sète ouvre la cité à la poésie de l’aube à la nuit. Ce banquet poétique de neuf jours débute ce soir*. Il fédère poètes, musiciens, comédiens et habitants, et séduit un public averti ou amateur, autour d’une expérience unique.
Vivre librement (l’accès est gratuit) au rythme de la poésie et aux contacts des poètes en dehors des temples de la culture ouvre un accès indéniable à cet art réputé (à tord) difficile.
« C’est sous un ciel de combat que s’ouvre cette édition, pour que la poésie existe, indique la directrice du festival Maïthé Vallès-Bled, un ciel qui accueille à Sète une centaine de poètes en provenance de toute les méditerranées. Beaucoup des pays représentés sont en guerre. Cette présence forte des poètes permet d’ouvrir un espace à l’identité de l’autre. Cela se produit entre les poètes mais aussi au-delà, car cette force souterraine qui nous meut vers la compréhension de l’autre, nous permet de mieux nous comprendre nous-même. C’est un chemin de paix qui s’ouvre.»
Voix Vives offre aussi aux éditeurs et professionnels du secteur les conditions d’un échange fécond sur la place aux livres au coeur du festival. Ces rencontres entre poètes et éditeurs aboutissent chaque année à de nombreuses traductions et recueils qui n’auraient pas vu jour sans le festival.
Impossible ici de rendre compte des 80 rendez-vous quotidien qui cadencent ce flux poétique sous la lumière tranquille de la méditerranée. Le plus indiqué est encore de se rendre à Sète, et de se laisser porter par l’excédent d’énergie qui embrase la ville sans négliger de vivre les instants qui s’offrent.
JMDH
* A 21h30 dans le jardin du Château d’eau avec le spectacle Poésicales 2017, entrée libre.