Afghanistan : «L’outil militaire ne peut résoudre des crises»

Sarkozy en Afghanistan "Il faut savoir finir une guerre" ...En visite éclair en Afghanistan, Nicolas Sarkozy a déclaré « il faut savoir finir une guerre ». Cinq soldats français sont morts mercredi en Afghanistan dans un attentat perpétré par un kamikaze. La France est présente depuis 10 ans en Afghanistan. Quel est le sens de l’engagement français dans des opérations extérieures à durée, par nature, indéterminée ? Comment interpréter le quasi-unanimisme des hommes politiques sur les opérations conduites en Lybie et en Afghanistan ?

Pierre Conesa: Il y a, effectivement, une communauté de vues entre les experts militaires du PS et de l’UMP sur le fait que la France doit assumer des responsabilités en matière de sécurité internationale. La plupart de ces experts justifient les engagements extérieurs français par un discours qui se résume en une expression-slogan « la France membre-permanent-du-conseil-de-sécurité-puisssance-nucléaire ». Cette espèce de consensus qui unit les penseurs stratégiques de l’UMP et ceux du PS relève de la même matrice intellectuelle, celui du statut international de la France souvent sans rapport avec la crise elle-même.

C’est ce qui explique l’engagement des politiques dans des opérations que la France -et plus globalement l’occident- n’a pas toujours les moyens militaires d’assumer. Il y a à la fois une fascination sur le fait que l’outil militaire va résoudre les crises et une incapacité à penser la guerre. Nous sommes allés en Afghanistan faire une sorte de guerre par induction, par solidarité avec les Américains. Nous ne devions faire qu’une bouchée des talibans. Cela fait 10 ans que nous y sommes, soit autant que les Russes! Et nous n’avons pas beaucoup de certitudes – c’est le moins que l’on puisse dire – sur l’état de stabilité dans lequel nous laissons le pays au moment de partir parce que nous n’avons aucune idée des formes de contestations que cela suscite.

Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye, Nicolas Sarkozy a multiplié les engagements alors que le Livre blanc préconisait d’être plus sélectif.  Vous pensez qu’il faut revoir radicalement la politique d’intervention extérieure de la France, qu’elle n’a plus les moyens de ses ambitions politiques ?

Depuis des dizaines d’années, la France est engagée militairement dans des crises où son statut international n’est en rien menacé ! Le Tchad, Djibouti, la Côte d’ivoire, la Centrafrique c’est une mobilisation permanente. Avec 20 ans de recul, nous nous rendons compte combien c’était futile. La réflexion stratégique qui consiste à penser que la disposition d’une armée pour résoudre des crises comme celles-là n’a pas vraiment été convaincante. Mais derrière, il y a tout un appareil administratif, qui  explique que nous ne sommes pas à bout de souffle et des politiques qui vivent dans l’illusion d’une France puissance militaire d’envergure internationale, qui s’interdisent tout débat sur le rôle de la France dans le monde.

Si demain un Rafale est abattu en Libye, la question se posera : cela valait-il la peine de risquer la vie d’un pilote en Libye alors qu’aucun pays arabe ne s’y est engagé – à part les qataries et les Emirats Arabes Unis ?

Pendant ce temps-là les Saoudiens  envoient des troupes contre les Bahreïnis parce qu’ils ne supportent pas que les chiites se révoltent contre les sunnites. En Syrie, la répression continue pendant les travaux. Et la ligue arabe ne dit rien. C’est le monde à l’envers. Il est assez truculent d’entendre la Ligue arabe, qui est composée à moitié de monarques, à moitié de dictateurs –pour la plupart pro occidentaux- venir nous expliquer qu’il ne faut pas tuer des civils. Pourquoi la France se sent-elle concernée par ce conflit alors que la Ligue arabe est incapable de faire le moindre geste. Pour moi, c’est une des questions clés de ce conflit : que fait la Ligue arabe ?

Avec toutes ces opérations, l’armée est-elle en surchauffe ?

Le fait d’être sollicité perpétuellement par des politiques qui envoient des militaires partout a évidemment des conséquences. Ces interventions émargent sur les budgets d’équipements, ce qui retarde tous les programmes d’équipements. Il faut organiser des rotations, « civilianiser » beaucoup de fonctions occupées par des militaires, les formations sont retardées, le renouvellement des matériels ne se fait pas, la maintenance n’est pas assurée ou retardée. En cas de besoin, il serait encore possible d’envoyer des hommes au sol en Libye, si le mandat de l’ONU le permettait, ce qui n’est pas le cas.

Mais pour continuer à mener un tel rythme, il faudrait repenser toute l’organisation du Ministère qui est un peu à bout de souffle. Il s’agit moins d’un problème de surchauffe au moment où nous intervenons que de la capacité à préparer le coup d’après. Nous n’avons plus les moyens d’une politique de cette nature. Quand nous sommes partis en Afghanistan, en 2002, je me souviens d’un militaire français qui me disait « j’espère que nous ne serons pas sollicités parce que nos Véhicules Avant Blindés ne peuvent pas résister à un RPG 7 (NDLR : lance-roquettes de conception soviétique) ». C’était une question de vie ou de mort pour ses hommes. La décision politique ne tenait absolument pas compte de ce genre de choses.

Un débat critique sur le thème des interventions extérieures françaises n’a jamais eu lieu en France?

Il n’y a pas de débat. Nous faisons comme s’il était évident qu’il était de notre responsabilité d’aller sauver des gens.

Cette crise est complètement caricaturale dans son déroulement. Nous votons une résolution humanitaire avant d’essayer d’inventer toutes les solutions possibles pour la contourner : parachutage d’armes, envoi d’hélicoptères. Nous sommes bloqués par notre propre prétention, sans jamais se demander pourquoi nous faisons ça sinon l’émoi médiatique suscité par les massacres de Kadhafi.

Au moment du vote sur la prolongation de l’intervention en Libye, dans une tribune au Monde, Louis Gautier, ancien conseiller de Lionel Jospin en matière de défense, appelait les socialistes à la prudence pour ne pas tomber dans ce qui pourrait se révéler un traquenard pour la représentation nationale ?

Effectivement, Louis Gautier appelle les socialistes à ne pas signer un blanc seing. Il appelle l’opposition socialiste à un peu plus de prudence. Mais, il ne demande finalement que des précisions sur le calendrier de l’engagement français. Au pouvoir, le PS aurait eu la même démarche que l’UMP. Je ne vois pas au PS de réflexion stratégique alternative sur la question de l’engagement français.

Dans une interview au Journal Du Dimanche, le Général Vincent Desportes explique que les guerres sont de plus en plus déclenchées sans analyse stratégique préalable et qu’elles échappent presque toujours à ceux qui les ont décidées ?

L’appréciation politique de la décision qui doit se prendre au moment où se perpétue un massacre est quelque chose de très compliqué.

Mais il y a un consensus sur le fait qu’il y a des bonnes crises et des mauvaises crises. La Libye, c’était le bon ennemi, parfait pour faire un coup médiatique et militaire. Mais quand nous regardons de plus près  la composition du CNT, les difficultés à appréhender l’aspect tribal de la société libyenne, nous ne sommes pas du tout sûrs que le CNT représente une opposition politique crédible et encore moins une alternative démocratique. Il faut quand même se rappeler qu’il est composé d’anciens ministres de Kadhafi, notamment l’ancien ministre de la justice qui avait fait condamner les infirmières bulgares et le Ministre de l’intérieur qui les a fait torturer. Et nous y allons, parce que BHL, « l’allié médiatique », a appelé Sarkozy pour l’assurer que les insurgés étaient prêts au combat que c’était la crise sur laquelle on ne pouvait pas ne pas réagir.

Je préfère en rire parce qu’il n’y a pas si longtemps Kadhafi, c’était le type qui nous faisait  le coup de la tente à Paris et devait nous acheter des Rafale –heureusement que nous ne lui avons rien vendu, au passage. Les historiens feront leur travail là-dessus, mais le sentiment qui domine, c’est que c’était un coup de cœur des Français et des Anglais qui trouvaient là un bon moyen de régler son compte à Kadhafi qui nous avait suffisamment ridiculisés.

Partagez-vous son pessimisme quand il estime que la stratégie d’attente de Kadhafi pourrait être payante ?

Personnellement, je pense qu’il a raison de dire que les politiques et l’Etat major font des erreurs en Libye. De là à affirmer que c’est Kadhafi qui a la main, cela me semble exagéré. Le Général Desportes est un des rares militaires qui se donnent la peine de réfléchir sur l’évolution des conflits tout en ayant une expérience opérationnelle. Et quand il a émis quelques réserves sur l’opération en Afghanistan, on l’a convoqué pour l’engueuler. Il y a quand même quelque chose qui ne va pas dans le système.

Dire pour autant que l’opération en Libye est un échec militaire me semble prématuré. Sur quatre mois, les opérations ont été assez peu nombreuses : 5000 sorties aériennes pour la Libye qui est trois fois grande que la France contre 50.000 pour le Kosovo qui fait la taille de deux départements français. La situation a quand même évolué depuis le début. Il y a trois fronts ouverts contre Kadhafi : la tripolitaine, la Cyrénaïque et un troisième, dans le Djebel Nefoussa, plus au Sud où des tribus se sont rebellés contre Kadhafi. Mais c’est une guerre tribale,  le souci des chefs tribaux sera toujours de protéger leur tribu et pas l’intérêt de la nation. Ils peuvent très bien se ranger derrière Kadhafi s’ils pensent qu’il reprend la main ou le lâcher  quand il perdra trop de terrain. Un chef de guerre afghan disait « on ne peut pas acheter un chef de tribu, mais on peut le louer », c’est la logique de la guerre tribale. L’allié d’un jour peut devenir l’adversaire du lendemain. Avec toutes les incertitudes que cela engendre.

Aujourd’hui, une issue politique vous paraît inéluctable ?

Je crois. On ne sait pas quel est le point de rupture du système Kadhafi. Le fait qu’il appelle les Africains pour ses milices est significatif. Il n’est pas sûr que ses soutiens se battront jusqu’au bout. Il n’a pas de relations solides sinon celles basées sur l’argent mais comme il est privé de ses concessions pétrolières, il puise dans ses réserves. L’issue politique dépendra du fait que ses alliés se retourneront contre lui parce qu’il ne pourra plus les payer. Mais ce qui risque de se passer après peut être beaucoup plus compliqué à gérer.

Dans quelle mesure ?

Il faudra installer une nouvelle constitution. Nous avons vu le succès de ces démarches dans des sociétés tribales comme en Afghanistan et en Irak. Ce sont des pays où il n’y a pas de sentiment national. Ils ne négocieront pas sur le thème : « la Libye doit redevenir une puissance régionale ». C’était le rêve de Kadhafi. Les chefs tribaux auront bien plus en tête la distribution des ressources, le pouvoir des tribus etc.. Il n’y a pas de front uni contre Kadhafi et on peut même penser qu’il y aura beaucoup plus de difficultés à gérer après le départ de Kadhafi. Il tenait le pétrole, donc il distribuait la manne. Dès que les tribus ne reçoivent plus leurs subsides habituels, elles changent d’alliances.

Malgré tous ses défauts, Kadhafi assurait une certaine sécurité. Les Libyens étaient des sujets. En démocratie, ils deviennent des citoyens et ils ont des droits. Notamment le droit de décréter pour des raisons X ou Y que leur tribu est supérieure à une autre. De fait, le risque de guerre civile est important. C’est ce qu’il se passe en Afghanistan. Stabiliser la Libye sera une opération d’une autre ampleur que l’intervention elle-même compte tenu des stocks d’armes qui circuleront.

Propos recueillis par Régis Soubrouillard Mariane 2

*La fabrication de l’ennemi ou comment tuer en ayant sa conscience pour soi. Pierre Conesa.  A paraître en septembre aux éditions Robert Laffont.

Voir aussi : Rubrique Méditerranée, rubrique Lybie, intensification des frappes signe de faiblesse politique, rubrique Afghanistan, rubrique Côte d’Ivoire, On Line, http://www.inversalis-productions.eu/blog/2011/04/libye-un-conseil-de-transition-neoliberal/,

Le Parlement débattra mardi de l’intervention française en Libye

Le Parlement doit se prononcer mardi sur la poursuite de la participation française à l’opération militaire de l’Otan en Libye, dont l’issue reste très incertaine quatre mois après le début des frappes aériennes.

Cette consultation est rendue obligatoire par la réforme institutionnelle de 2008, qui stipule que toute opération militaire engagée par l’exécutif doit faire l’objet d’un débat assorti d’un vote si elle n’est pas terminée au bout de quatre mois.

Peu de surprises en vue, puisque UMP et PS considèrent l’opération contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi légitime dans le cadre de la résolution 1973 de l’ONU et devraient voter sa prolongation.

L’opération a débuté le 19 mars à l’initiative de Paris et Londres. Mais quatre mois plus tard, la coalition multinationale passée sous commandement de l’Otan peine à trouver une issue, notamment à se débarrasser de Kadhafi, qui continue de narguer la communauté internationale et bloque toute solution politique. «La question n’est pas de savoir s’il doit quitter le pouvoir, mais comment et quand», martèle le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Si quatre mois de frappes aériennes ont considérablement réduit le potentiel militaire libyen et permis aux insurgés de ne pas être balayés, l’absence de troupes de la coalition au sol prolonge la durée des opérations. «Les forces du colonel Kadhafi sont affaiblies. L’attrition (leur épuisement) est lente, trop lente sans doute, mais elle est régulière. Les gains du Conseil national de transition (CNT) sont réels (…) C’est pour cette raison que la coalition doit poursuivre son effort», a fait valoir le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le 29 juin devant les députés.

Le coût en débat

L’avancée actuelle des rebelles sur Tripoli à partir des montagnes du sud montre un régime de plus en plus acculé autour de la capitale libyenne. «On voit bien que le régime de Kadhafi est à bout de souffle. Il continue à tenir grâce à quelques fidèles et à ses mercenaires, mais l’issue fait peu de doute. La situation idéale, c’est que cette affaire se termine pendant l’été», estime Axel Poniatowski (Val-d’Oise), le président UMP de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Le coût de l’opération et les conditions de l’engagement français, avec la décision d’envoyer des hélicoptères de combat et le largage en juin d’armes aux rebelles libyens, devraient être au coeur du débat à l’Assemblée puis au Sénat.

Pour le budget de l’Etat, le surcoût, selon l’amiral Guillaud, «peut être décomposé en deux parties : la première représente 100 millions d’euros et la deuxième, qui correspond au maintien en condition opérationnelle (MCO) de nos matériels, ne peut être chiffrée qu’a posteriori. On peut néanmoins l’estimer à 60 millions d’euros». Ce chiffre de 160 milliards d’euros est confirmé dans le JDD par la ministre du Budget, Valérie Pécresse. Elle estime qu’au regard du «budget de la Défense, qui est de 40 milliards d’euros» le pays «peut l’absorber».

A gauche, les députés PS soutiennent la poursuite des opérations. «Aujourd’hui», y renoncer, «serait permettre à Kadhafi de regagner le terrain perdu», estime Bernard Cazeneuve (PS) de la Commission de la Défense. Il n’entend pas moins être «très critique sur certains aspects», comme la coordination au sein de l’Otan.

Droite et gauche réclament par ailleurs une issue politique. «Nous demandons qu’on rende lisible très rapidement la suite de l’opération en créant les conditions d’une issue politique», souligne Cazeneuve. Axel Poniatowski juge, lui, «souhaitable que puisse être trouvée le plus rapidement possible une solution s’agissant de la famille Kadhafi».

AFP

Voir aussi : Rubrique Libye, rubrique Politique international

Le printemps de toutes les promesses à gauche

Parti socialiste

L’exercice n’était pas réussi d’avance, mais dans la course d’obstacles qui conduit le PS à la présidentielle, l’élaboration du projet n’était pas le plus difficile. Pour preuve, le processus arrive à son terme sans qu’il n’ait été accompagné d’un de ces débats byzantins dont les socialistes ont l’habitude. Adopté samedi à l’unanimité par le Conseil national, le texte se veut la feuille de route de la gauche social-démocrate pour l’échéance de 2012. Pourtant il ne devrait être qu’un rapport d’étape avant que les choses sérieuses ne débutent enfin : le lancement des primaires qui, à l’automne prochain, désigneront le champion socialiste dans la course à l’Elysée.

C’est là tout l’ambiguïté de la stratégie élaborée par Martine Aubry et l’actuelle direction du PS. D’un côté, un projet très consensuel qui vise à cimenter l’unité du parti, de l’autre, une machine à désigner le candidat qui ne pourra qu’aiguiser les oppositions internes. Pour autant, tel qu’il est conçu, le projet du PS propose un état des lieux significatif de la pensée socialiste. Cette gauche qui se revendique « ambitieuse et sérieuse » inscrit ses pas dans la vieille histoire d’un réformisme tiède, capable d’innovations progressistes mais réticent à affronter les logiques du libéralisme économique. Malgré les défaites politiques de 2002 ou de 2007, le projet du PS reprend globalement des recettes qui ont montré leurs limites dans le contexte de la crise du capitalisme mondialisé. La cohabitation d’inspirations généreuses et de propositions timides caractérise les limites de l’exercice. Qui a au moins un mérite : rassembler toutes les sensibilités du parti. « Il a l’avantage de parler à tous », estime Henri Emmanuelli, figure de proue de la gauche du parti. « Un ensemble cohérent et crédible », ajoute Pierre Moscovici, strauss-kahnien pur et dur. « Crédibilité » aussi pour le hollandais Michel Sapin.

Chacun des candidats potentiels pourra ainsi utiliser cette boîte à outils programmatique. Que restera-t-il pour les différencier ? Et si les écarts idéologiques entre eux n’étaient pas aussi grands que la mise en scène de l’opposition des ambitions ne le laisse supposer ? Martine Aubry apporte des éléments de réponse en affirmant qu’un pacte existe entre elle et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Manière de souligner que peu de choses les sépare sur leur vision respective de l’alternative à la droite.

Le Front de gauche
Pour cette objet politique né lors des européennes de 2009, l’heure de vérité approche. Le Front de gauche est-il en mesure de « révolutionner la gauche » comme le souligne ses fondateurs ? Ou ne restera-t-il que comme une énième tentative avortée de redonner des couleurs à la gauche radicale ? La présidentielle et les législatives de 2012 vont apporter la réponse. Pour l’heure, le parcours est prometteur même s’il reste très tortueux et semé d’embûches. Au plan électoral, les messages envoyés par les urnes ont ratifié l’esprit de cette nouvelle construction politique sans pour autant signé un chèque en blanc à ces initiateurs. « Du potentiel, mais peut mieux faire » ont affirmé les électeurs. Lancé à l’automne, le travail sur « un projet partagé » est sur de bons rails. Même si toutes les questions n’ont pas encore été tranchées.

Reste la question des candidatures : à la présidentielle et aux législatives. Le Parti de gauche et la gauche unitaire se sont prononcés en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Pour sa part, la position énoncée ce week-end par la direction nationale du PCF muscle les fondations du Front de gauche. Sans ambiguïté, elle confirme la pérennité de cette expérience. « Le Front de gauche est pour nous la meilleure chance de relancer la gauche et de contribuer à son rassemblement pour gagner une majorité de gauche à la hauteur de ces attentes » affirme la résolution adoptée par une large majorité du Conseil national du PCF. A cet appel s’ajoute la prise de position courageuse du secrétaire national, Pierre Laurent, estimant « que la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d’un accord d’ensemble avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d’engagements collectifs à la hauteur des enjeux de la situation politique inédite que nous vivons, la diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti ».

Il revient désormais à l’ensemble des adhérents communistes de se prononcer sur la candidature soutenue par le PCF et surtout à confirmer ou pas cette stratégie du Front de gauche que conteste une partie  des responsables et des militants. Un choix essentiel pour le Parti communiste. Si l’heure de vérité va sonner pour le Front de gauche, elle concernera tout autant le PCF parvenu à un tournant majeur de sa longue histoire.

Europe-Ecologie-les Verts
Le contexte change mais l’histoire se répète pour l’écologie politique. Les poussées électorales et la naissance d’un nouveau parti n’ont pas empêché le retour des querelles de chapelle. Qui traduisent, en fait, l’ambiguïté du positionnement politique d’EE-Les Verts sur l’alternative au libéralisme ou encore sur les alliances politiques.

Plus encore que celle d’Eva Joly, la candidature annoncée de Nicolas Hulot renforcent ces zones d’ombre. L’animateur d’Ushuaïa et de TF1 devrait s’exprimer cette semaine. Choisira-t-il d’aller seul à la bataille ou acceptera-t-il le cadre des primaires vertes ? Son entourage entretien le doute.  Les supporters d’Eva Joly évoque la nécessité de « travailler ensemble » mais exprime leur scepticisme sur la ligne choisie par Nicolas Hulot.

Christian Digne (La Marseillaise)

La part de vérité des acteurs du PSU et leurs implications

Michel Perraud a présidé l’UNEF de janvier 67 à mars 68. Photo Rédouane Anfoussi

L’histoire du PSU par ceux qui l’ont vécue. Un travail passionné né d’une rencontre d’anciens militants à propos de la commémoration de mai 1968 réunit un collectif de vingt-trois auteurs dans une publication qui rouvre le débat. « Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? » (éditions Publisud). Sous ce titre explicite, on découvre une mine d’informations et de témoignages  sur les rapports des ESU (Étudiants socialistes unitaires), de l’UNEF et du PSU (Parti socialiste unitaire).

Le PSU 1960-1989

Si diversifiée soit-elle, la représentation collective de l’histoire des années 60 retracée par les  auteurs* se rapproche de la pensée de Gramsci qui refusait dès les années 20 la tyrannie de la reproduction sociale et politique, conséquence d’un déterminisme marxisme réducteur. Le PSU créé en 1960 fonde principalement son action sur le combat pour la paix en Algérie et en est l’un des acteurs essentiels. Il incarne durant trois décennies la deuxième gauche qui se situait entre la SFIO social-démocrate et le PCF.

L’ouvrage parcourt les années soixante pour finir en 1971, année où les ESU quittent l’Unef et où Michel Rocard qui assumait la direction du Parti se trouve face à une forte opposition interne. En 1974 après le bon score de Mitterrand à la Présidentielle, les assises sont présentées comme la dernière étape du processus de reconstruction de la gauche non communiste autour d’une stratégie d’union de la gauche. Rocard choisit de rallier le PS pour se faire un profil d’homme d’Etat. En 1981, Huguette Bouchardeau qui dirige le Parti, est nommée ministre. Le PSU s’auto-dissout en 1989.

Les étudiants socialistes unitaires

Le PSU s’est appuyé sur la transformation (et la laïcisation) de la CFTC en CFDT. Il a défendu l’expérience autogestionnaire, en soutenant notamment les travailleurs de l’usine de Lip. Le livre donne un éclairage particulier sur les liens du Parti avec l’Unef.  Dans les années 60, ce sont en effet les étudiants du PSU, regroupés sous la bannière des ESU, qui se trouvent au cœur des luttes politiques contre l’impérialisme. Le Montpelliérain Michel Perraud qui présidait l’Unef de janvier 67 à mars 68 se souvient. « En 67 nous héritions d’une situation très difficile sur le plan politique et financier. Le ministère de l’EN nous avait supprimé les subventions, et les AGE (dirigées par la droite corporatiste) ne payaient plus leurs cotisations pour s’opposer à notre position internationale qui prônait la décolonisation. On mesurait la contradiction entre la fonction de gestionnaire (cités et restos U) et nos actions revendicatives. » Michel Perraud, co-auteur de l’ouvrage, souligne le rôle prédominant de l’Unef en mai 68. « L’engagement politique de l’Unef à l’époque nous a permis de mobiliser au-delà du périmètre d’influence des organisations politiques étudiantes, et d’engager une coordination avec la CGT, la CFDT et la FEN. »

Après la célébration du cinquantenaire de sa création en 2010, il importait de remettre en valeur le rôle du PSU où beaucoup d’hommes politiques français ont fait leurs classes. Cet ouvrage permet aussi de revenir sur l’histoire de l’Unef des années 60, quelque peu revisitée après la scission entre l’Unef et l’Unef ID. Enfin la situation que nous traversons actuellement avec des structures politiques qui apparaissent inadaptées aux urgences démocratiques, sociales et environnementales n’est pas si éloignée des problématiques politiques rencontrées naguère pour rompre avec l’impérialisme capitaliste. Le dialogue avec des acteurs d’hier, qui sont aussi témoins et acteurs de la réalité d’aujourd’hui, s’engage ce soir à la salle Pétrarque.

JeanMarie Dinh

Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? éditions Publisud, 413 p, 32 euros

Ce soir à 18h Salle Pétrarque, Présentation et signature du livre. Avec Jacques Sauvageot, Luc Barret et Michel Perraud, tous trois anciens militants du PSU et dirigeants du syndicalisme étudiant.

Voir aussi : Rubrique Mouvements sociaux, La grève en France un test pour l’Europe, Rubrique Livre, rencontre surréaliste entre Marx et le père noël,  Essais, Le mouvement 68 en surchauffe, Rubrique Philosophie Deleuze et les nouveaux philosophes, Rubrique Politique entretien Jean-Claude Milner, Michela Marzano, Daniel Bensaïd, Bernard Noël, Alain Badiou,

La gestion Guérini : Des Bouches à incendie pour le PS

Jean Noel Guerini à Marseille. Reuter Jean-Paul Pelissier.

Sale histoire et mauvais tempo. Un an après la campagne des régionales polluée par les dérapages nauséabonds de feu Georges Frêche le féodal languedocien, voilà Martine Aubry aux prises avec une nouvelle affaire de potentat local, cette fois à Marseille. «Montebourg balance une grenade sur le parti à quinze jours des cantonales», s’étranglait hier un proche de la première secrétaire du PS. Et ça fait un gros boum.

Dans un rapport «confidentiel» daté du 8 décembre sur «les pratiques de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône» révélé mercredi par Lepoint.fr, Arnaud Montebourg, secrétaire national à la rénovation et candidat à la primaire socialiste, dresse un réquisitoire contre Jean-Noël Guérini, homme fort des Bouches-du-Rhône, à la fois président du conseil général et «président autoproclamé» de la fédération socialiste «en violation des statuts» du parti.

Montebourg met en cause «un système de pression féodal reposant sur l’intimidation et la peur» et qualifie le conseil général «d’instrument clientéliste» pour «asseoir sans partage le pouvoir de son président».«Le contrôle sans limite de Jean-Noël Guérini sur le parti s’exerce par la mise en place systématique à la direction des sections marseillaises d’employés du conseil général» dans «13 des 18 secteurs marseillais».

Déflagration. Le député de Saône-et-Loire fait état de «menaces physiques et d’intimidations» subies par un «élu résistant aux méthodes du président». Et demande à Martine Aubry «la mise sous tutelle de la fédération du PS» et «la destitution» de son patron. Guérini a riposté, hier, en annonçant qu’il portait plainte pour diffamation contre Montebourg. Jean-David Ciot, premier secrétaire fédéral, lui a emboîté le pas, accusant en sus le député de Saône-et-Loire de «collusion avec la droite».

Rue de Solférino, on appliquait hier la stratégie de l’édredon. Objectif : limiter la déflagration, alors que la première secrétaire s’évertue à mobiliser les cadres et les militants en faisant le tour des cantons et vient de préfacer un ouvrage d’intellectuels Pour changer de civilisation, premier étage de la fusée du projet pour 2012 lancée début avril. «Il n’y a pas d’éléments précis dans ce rapport, avait réagi mercredi Martine Aubry. Il faut laisser la justice faire son travail.» Hier, François Lamy, son premier lieutenant, déminait. «Dans le Languedoc, on a réagi. Là il n’y a rien, aucun témoignage ni document. C’est du déclamatoire. Les comptes et les fichiers de la fédération ont été expertisés comme ailleurs. Ils ne posent pas de problème.»

«Mousser». A Marseille comme à la direction parisienne du PS, on accuse Montebourg «d’avoir fuité cette affaire pour se faire mousser» et relancer sa candidature à la primaire. Ce dernier reconnaît que la publication de son rapport «ne tombe pas à la bonne date».«Le problème, ce n’est pas la fuite mais ce qu’il y a dedans. On a mis Frêche sous tutelle pour 40 fois moins grave», explique son entourage. Côté Aubry, on assure n’avoir reçu le rapport que la semaine dernière. Chez Montebourg, on affirme que la première secrétaire était saisie de l’affaire depuis la mi-novembre et a fait l’autruche. «Un secrétaire national à la rénovation qui découvre de telles pratiques et se tairait serait fautif !» s’exclame Arnaud Montebourg.

Matthieu Ecoiffier

Vaguelettes au PS

La secousse provoquée par le rapport d’Arnaud Montebourg sur la fédération PS des Bouches-du-Rhône commence à faire bouger certains socialistes. Si la direction du parti continue de laisser filer une polémique dont elle se serait bien passée à deux semaines des élections cantonales, des voix s’élèvent pour demander de ne pas laisser s’enkyster l’affaire.

Ainsi, «compte tenu du climat délétère», le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, propose la création d’un «collège constitué de personnalités incontestables» pour «rendre compte de la situation» dans la fédération dirigée par Jean-Noël Guérini, également président du conseil général des Bouches-du-Rhône – ce que les statuts du PS interdisent. «On ne peut pas rester inerte face à cette situation», alerte le chef des députés PS. Avant lui, Malek Boutih avait demandé, vendredi matin sur France Inter, la création d’une «commission d’enquête sur ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône».

«Féodal». Dans son rapport révélé cette semaine par Lepoint.fr, Montebourg dénonce un «système de pression féodal». Le député de Saône-et-Loire accuse aussi le conseil général des Bouches-du-Rhône d’être un «instrument clientéliste» pour «asseoir sans partage le pouvoir de son président». Il réclame une mise sous tutelle de la fédération et la «destitution» de Jean-Noël Guérini, dont le frère est mis en examen et incarcéré depuis le 1er décembre pour soupçons de malversations touchant à des marchés publics.

En déplacement à Nantes, Ségolène Royal a remis la tunique de chevalière blanche qu’elle affectionne : «Le Parti socialiste doit être exemplaire si nous voulons bâtir une société de la transparence, de l’équité, de la fraternité.»«Le PS doit bâtir une société basée sur la démocratie, la justice et les valeurs morales», a poursuivi la présidente de la région Poitou-Charentes.

Chez les proches de François Hollande, on s’est mis doucement en marche, par la voix de Stéphane Le Foll : «Arnaud Montebourg pointe un certain nombre de problèmes que nous avons pointés dès le départ. Dans les statuts du Parti socialiste, on ne peut pas être président du conseil général et premier secrétaire fédéral.»

Et à la direction ? Circulez, on ne bouge pas. Le rapport Montebourg ne comporte que «des affirmations»,«des allégations»,«des impressions personnelles», pour Harlem Désir. «Depuis que Martine Aubry est arrivée, poursuit le numéro 2 du PS, les fichiers d’adhérents ont été nettoyés. […] 50 000 noms de personnes qui ne renouvelaient pas leurs cotisations ont été rayés des listes. Très honnêtement, on a beau être candidat aux primaires, […] ça ne veut pas dire que tout est permis.» Même le strauss-kahnien Pierre Moscovici s’est mis au diapason de la direction. Pour le député du Doubs, ces accusations «ne reposent sur rien. Je crois que Montebourg fait de la politique».

Soucis.«Ce n’est pas le fonctionnement d’Arnaud de faire campagne comme ça, rétorque-t-on dans l’entourage du candidat à la primaire. Toutes les semaines, il fait au moins un déplacement, les thèmes qu’il porte et les sondages progressent… On regrette que ce rapport sorte maintenant. Il n’était pas fait pour être publié. Le Point nous met dans la merde. Mais maintenant, ce rapport existe, il faut en faire quelque chose.»

Prenant exemple sur les soucis de la direction PS avec la fédération de l’Hérault et Georges Frêche, les proches d’Arnaud Montebourg mettent en garde : «A ne pas traiter cette question, elle va nous poursuivre jusqu’à la présidentielle.»

Lilian Alemagna

Guerini demande un audit à Aubry

Dans un courrier adressé à Martine Aubry, première secrétaire du PS, Jean-Noël Guérini, premier secrétaire fédéral demande qu’un « un audit spécifique de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône soit réalisé, dans le cadre des statuts du parti socialiste ».

Dans un communiqué PS local dit vouloir « jouer la transparence » et ainsi « mettre un terme aux rumeurs mensongères et malveillantes relayées par la presse à la suite de la publication d’un pseudo-rapport rédigé par Arnaud Montebourg »

Il rappelle que « Deux plaintes en diffamation ont été déposées contre l’auteur de ce rapport : l’une au nom de Jean Noël Guérini, l’autre au nom de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône »

Invité de France inter, Malek Boutih membre du bureau national du PS demandait pour sa part la mise en place d’une « commission d’enquête »‘à la première secrétaire du PS.

AFP 04/03/11

Le PS se résout à enquêter

Le secrétaire national chargé de la rénovation, Arnaud Montebourg, qui a mis le feu aux poudres avec un rapport interne publié par Le Point la semaine dernière, a maintenu ses accusations dans une lettre adressée au Premier secrétaire du PS Martine Aubry qu’il publie sur son blog.

Il y dit détenir des « éléments de preuves précis et concordants » de ce qu’il avance et accuse Martine Aubry et son entourage de faire régner « la loi du silence » au PS. La commission d’enquête « vient bien tard mais je lui destinerai mes informations si elle est composée de personnalités indépendantes », écrit-il.

La création d’une commission d’enquête était réclamée par le chef du PS local, Jean-Noël Guérini, gravement mis en cause par le rapport Montebourg.La commission, qui sera formée dans les jours qui viennent, devra rendre ses conclusions avant l’été, a précisé lundi le porte-parole du PS, Benoît Hamon, lors d’un point de presse.

En tout état de cause, le PS doit agir vite pour ne pas risquer de voir ses primaires présidentielles, prévues en octobre, entachées des mêmes soupçons de fraude qui avaient terni le congrès de Reims où, fin 2008, Martine Aubry avait emporté la direction du parti d’un cheveu sur Ségolène Royal.

Toute commission d’enquête doit faire l’objet d’un vote du Bureau national, l’exécutif du parti. Elles sont composées au prorata des courants internes du PS. « Puisqu’il y a un doute, pour qu’il n’y en ait plus cette commission sera réunie et investiguera » dans la fédération des Bouches-du-Rhône, l’une des plus importantes de France, derrière le Pas-de-Calais et Paris, a dit Benoît Hamon lors d’un point de presse. « Notre main ne tremblera pas mais (nous agirons) à partir de faits et seulement de faits (…) On ne peut pas fonder des mesures de suspension à partir de témoignages et de on-dit », a ajouté le porte-parole.

Dans son rapport, Arnaud Montebourg réclame la destitution de Jean-Noël Guérini et la mise sous tutelle de la fédération. Il dénonce un « système de domination sans limite » et de « clientélisme féodal » entourant le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, dont le frère, Alexandre, est incarcéré depuis décembre dans le cadre d’une enquête sur les marchés publics du département.

Dans sa lettre à Martine Aubry, le secrétaire national du PS dit tenir à sa disposition « des éléments de preuves précis et concordants » et réaffirme qu’il lui a fait porter son rapport début décembre alors que le premier secrétaire assure ne l’avoir reçu que ces derniers jours. « Tes collaborateurs zélés ont depuis le mois de décembre commis l’erreur dans cette grave affaire de nous emmener sur le terrain de la loi du silence », écrit Arnaud Montebourg.

Pour nombre de dirigeants socialistes, le secrétaire à la rénovation a fait son « chevalier blanc » au détriment du jeu collectif. « Il a un parti idéal dans la tête et voudrait faire table rase de tout le reste mais nous avons des statuts qu’il faut respecter », explique Pascale Boistard, secrétaire nationale aux adhésions.

Mais les proches de deux présidentiables, François Hollande et Ségolène Royal, ont réclamé à leur tour que la lumière soit faite sur les agissements de la fédération des Bouches-du-Rhône.

Alors qu’on l’accuse de tirer contre son camp en alimentant les divisions internes à quelques jours des élections cantonales, il se défend d’avoir fait fuiter son rapport et déplore une publication « malheureuse et inappropriée ». « Je n’ai pas voulu être lâche en fermant les yeux (…) et je ne souhaite pas que le parti dont je suis un des leaders soit fait de ce triste bois-là », souligne Arnaud Montebourg, qui appelle à un PS « nouveau et débarrassé de ses compromissions ».

Laure Bretton Reuter 07/03/11

Repères

La fédération des Bouches-du-Rhône a longtemps été la plus importante du PS, après celle du Pas-de-Calais. Elle perd de son influence après la mort de Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986, qui ouvre une lutte fratricide entre Michel Pezet et Robert Vigouroux. Le PS perd la mairie de Marseille en 1995. En 2008, au congrès de Reims, la fédération a soutenu à 72,5 % Ségolène Royal.

Alexandre Guérini (52 ans), entrepreneur spécialisé dans les déchets publics et le plus jeune des deux frères, est très brut de décoffrage. Il menace, traite ses interlocuteurs de «p’tit pédé», «gros enculé», ou «tapette». Tête brûlée, il n’est pas toujours prudent. Un jour, il évoque au téléphone l’enquête en cours. A l’autre bout, son frère le reprend : «Parlu corsu, enfin  !» Comme si ça suffisait pour ne plus être compris. Il était sous écoute. Les enquêteurs ont traduit et bien rigolé. Mis en examen, Alexandre Guérini est incarcéré depuis le 1er décembre. photo claude almodovar . fedephoto

«J’ai constaté qu’il y avait des dysfonctionnements dans la fédération. A partir du moment où je constate, j’en fais part à la direction et c’est à la direction de s’en emparer.»

Arnaud Montebourg député et dirigeant du PS

6 085
C’est le nombre d’adhérents à jour de cotisation que comptait la fédération PS des Bouches-du-Rhône fin 2009. A l’époque de Defferre, elle en revendiquait trois fois plus.

Voir aussi : Rubrique Politique locale , La rénovation du PS patine en Languedoc-Roussillon, On Line, Derrière l’affaire la bataille pour Marseille,