Christophe Cavard, député écologiste du Gard, et Gérard Poujade, vice-président DVG du conseil régional de Midi-Pyrénées, ont annoncé vendredi leur volonté de présenter des listes composées d’élus locaux et d’acteurs du monde économique ou associatif lors du scrutin régional en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées.
« C’est une initiative particulière. Nous recherchons une représentation moins partisane mais plus de territoire« , a souligné M. Cavard qui a quitté en juin Europe-Écologie les Verts, dont il avait participé à la création en 2010. »On veut des élus locaux car ils agissent sur le terrain, des membres d’associations, d’ONG, de collectifs. Ce sont les premiers à pouvoir apporter une plus-value, une compétence« , a souligné Christophe Cavard, au cours d’une conférence de presse à Montpellier.
Dans leur démarche intitulée « acteurs de terrain pour un développement durable en Languedoc-Pyrénées (…) », MM. Cavard et Poujade espèrent être rejoints par des élus encartés et déjà candidats sur d’autres listes parce qu’ils « partagent cette logique de terrain« . Les deux hommes ont reconnu qu’ils envisageaient aussi de s’agréger à d’autres candidatures de gauche. En ce sens, ils se disent prêts à un accord aussi bien avec le PS qu’avec le PRG ou encore le Front de Gauche ou EELV à la condition que les listes restent ouvertes majoritairement à la société civile.
L’une des hypothèses est une fusion avec la candidature du maire et président de la métropole de Montpellier, le DVG Philippe Saurel, qui veut également construire des listes citoyennes. « Mais si la tête de liste est un préalable, c’est non ! » , a prévenu M. Poujade, reconnaissant que des discussions ont eu lieu et vont se poursuivre: « La démarche de M. Saurel est individuelle alors que la nôtre est collective. Et on ne se retrouve pas sur l’aspect d’un projet collectif « , constate Christophe Cavard qui va « faire des propositions sur les contenus en fonction des compétences de la région« . « On parle de cinq, six listes de gauche aujourd’hui. Mais à la fin il n’y en aura que trois et on peut même espérer une seule« , a ajouté M. Poujade, conscient que la division à gauche risque de faire perdre une région a priori favorable. Les deux hommes ont indiqué se donner jusqu’au 30 septembre pour construire l’architecture des listes des 13 départements, mais sans s’intéresser aux têtes de liste. « On ne veut pas d’homme providentiel », ont-ils insisté.
Bernard Cazeneuve, l’un des quatre porte-parole de François Hollande, est un ardent défenseur de l’énergie nucléaire. Photo Photo Joel Saget AFP.
Les écologistes auront tout tenté pour convertir le PS à la sortie du nucléaire. C’était sans compter avec les fervents défenseurs de cette industrie qui peuplent le Parti socialiste.
C’est pourtant bien parti… L’axe Aubry-Duflot devait révolutionner la pensée des socialistes sur la question du nucléaire, comme le raconte Le Monde dans son édition du 22 novembre. Mais en triomphant de la première secrétaire lors de la primaire, François Hollande a sapé le travail de fond entrepris depuis plusieurs mois. Pas question pour le vainqueur de reprendre à son compte l’objectif de sortie du nucléaire énoncé pendant la primaire par sa rivale. Le programme du candidat socialiste inclut toutefois la réduction de 75% à 50% en 2025 de la part du nucléaire dans la production d’électricité, avec à la clé la fermeture de centrales atomiques. Une inflexion importante lorsqu’on sait que le PS compte en son sein de fervents adeptes de l’atome.
D’ailleurs, l’un d’entre eux, le député-maire de Cherbourg Bernard Canezeuve vient d’être propulsé porte-parole du candidat Hollande. Lors de la primaire, ce spécialiste de la Défense s’était abstenu de s’engager en faveur de l’un des candidats. D’où cette interrogation: pourquoi ce fabiusien, certes hollando-compatible, a-t-il obtenu l’un de ces postes si convoités?
Certains mauvais esprits l’imaginent en caution donnée au lobby nucléaire qui aurait besoin d’être rassuré après l’accord PS-écolos. Il est vrai que Bernard Cazeneuve a dans sa circonscription le site de retraitement de La Hague géré par Areva. Environ 6000 personnes travaillent grâce à ce site. Du coup, l’élu socialiste a la réputation d’être proche de ce lobby et voit rouge dès qu’il entend parler de « sortie du nucléaire ». Avec les années, il est devenu l’un des plus ardents défenseurs de l’énergie nucléaire au Parlement.
L’intéressé dément fermement. « D’une part, je n’ai fait aucune démarche pour devenir porte-parole, jure-t-il. Et d’autre part, mes rapports avec Areva sont très mauvais depuis qu’ils ont choisi Le Havre pour implanter leur usine d’éoliennes. »
Pourtant, c’est bien lui qu’Areva s’est permis d’appeler, mardi 15 novembre, pour lui demander quel était le contenu de l’accord avec les écologistes sur l’avenir de la filière. Un coup de téléphone « court et froid », selon Bernard Cazeneuve. Toujours est-il que s’ensuit le retrait temporaire du passage sur le Mox qui a laissé perplexe de nombreux responsables d’Europe Ecologie-Les Verts, dont la candidate Eva Joly. « Il suffit d’un coup de téléphone d’Areva pour que le grand PS, avec sa tradition et son histoire, se mette au garde à vous! » a lâché, amer, Daniel Cohn-Bendit.
« L’OPECST, une bande de scientistes »
Les écologistes découvriraient-ils la Lune? A l’Assemblée nationale, les socialistes partisans du nucléaire ne manquent pourtant jamais une occasion de défendre ce fleuron industriel français.
Christian Bataille est l’un d’eux. La loi de 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs porte son nom. Spécialiste de ces questions, il compose avec l’UMP Claude Birraux le « duo nucléocrate » de l’Assemblée nationale, selon Greenpeace. Tous deux rédigent l’essentiel des rapports parlementaires sur le nucléaire. Christian Bataille est également membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dont Claude Birraux est d’ailleurs le président.
Dans leur livre Députés sous influences, Hélène Constanty et Vincent Nouzille qualifient l’OPECST de « poste avancé du lobby nucléaire ». « C’est un collège de scientistes convaincu que l’avenir du monde passe nécessairement par le développement de la technologie », surenchérit un élu écologiste.
Nucléocratie locale
Arnaud Montebourg n’est pas un spécialiste de ces questions, ni même un membre de l’OPECST, ce qui n’empêche pas Greenpeace de lui reprocher un discours très ambigu sur le sujet. En avril 2011, le député de Saône-et-Loire écrit pourtant sur son blog: « La crise nucléaire japonaise démontre que notre modèle de développement, plutôt que d’assurer la prospérité, risque de nous détruire ». S’il se prononce pour la réduction du nucléaire dans le mix énergique français, il rejette toutefois l’idée d’une sortie. « On ne peut pas raisonner en sortie du nucléaire à court ou moyen terme », expliquait-il durant la primaire.
Pour l’ONG écologiste, cette position s’explique avant tout par la présence dans le département dont il préside le conseil général de sites industriels qui fabriquent des pièces pour les centrales nucléaires. « Quand on a Areva dans sa circonscription ou dans son département, c’est difficile d’être anti-nucléaire », reconnait une élue socialiste. Gisements d’emplois importants, retombées fiscales non négligeables pour les communes: la filière nucléaire arbore de nombreux atouts pour séduire les élus locaux.
Dans cette catégorie, l’ancien socialiste Eric Besson fait figure d’exemple, dépeint comme un dévôt de la cause nucléariste par ses anciens camarades de Solférino. Il faut dire que sa commune de Donzère, dans la Drôme, se situe à quelques kilomètres de la centrale du Tricastin.
DSK le lobbyiste
Ces affinités ne datent pas d’hier. Dans les années 1990, Dominique Strauss-Kahn menait des opérations de lobbying en faveur de ce que l’on nommait à l’époque « le réacteur du futur », le fameux EPR. Dans leur livre, Les vies cachés de DSK, publié en 2000, Véronique Le Billon et Vincent Giret racontent comment DSK aurait reçu plus d’un million et demi de francs (environ 225 000 euros) d’EDF et de la COGEMA pour des missions en France et à l’étranger. Des activités tout à fait légales, même si la Cour des comptes s’était étonnée à l’époque de « l’insuffisance des termes des contrat d’origine, qui ne donne aucune indication sur le contenu de la prestation assurée ».
A l’époque, Dominique Strauss-Kahn est notamment assisté dans sa tâche par Jean-Yves Le Déaut, député socialiste depuis 1986 et toujours membre de l’OPECST, qu’il a lui-même présidé par le passé.
Hollande bien entouré
Aujourd’hui, l’entourage du candidat socialiste compte plusieurs anciens responsables de la filière nucléaire. Selon Le Monde, l’ancien président d’honneur d’EDF, François Roussely, proche des socialistes, aurait été contacté par son successeur, Henri Proglio, pour intervenir auprès du candidat PS et s’assurer que les désiderata des écologistes resteraient lettre morte.
Débarquée de la tête d’Areva en juin dernier par Nicolas Sarkozy, Anne Lauvergeon n’a pas oublié le soutien apporté à sa reconduction par François Hollande. L’ancienne « sherpa » de François Mitterrand connait bien le candidat socialiste. A Solférino, la rumeur court qu’elle pourrait même décrocher une investiture PS aux prochaines législatives.
D’un rien. C’est à 69 voix qu’Eva Joly a raté sa désignation au premier tour de la primaire écologiste. L’ancienne magistrate a atteint 49,75 % des voix contre 40,22 % à l’ex-animateur de télévision, Nicolas Hulot. Les deux petits candidats, étaient loin derrière (Stéphane Lhomme 4,44 % et Henri Stoll 5,02 %).
C’est bien à un duel entre les deux écolos venus de l’extérieur du mouvement que la primaire a donné lieu. Mais la surprise est venue de l’écart qui s’est dessiné entre les deux challengers. Le score de Mme Joly a ainsi contredit tous les pronostics qui donnaient M. Hulot largement vainqueur. Les proches du père du Pacte écologique pensaient même réussir à emporter le vote dès le premier tour.
En devançant largement son adversaire, la députée européenne démontre sa capacité à mener une campagne rythmée et qui a réussi à convaincre le peuple écolo. L’ex-juge avait adopté dès le début de la campagne interne une ligne plus radicale – insistant sur son « écologie de combat » – et cela a plu tant aux militants qu’aux sympathisants qui mesurent, dans leurs combats quotidiens, que les combats écologiques sont longs et âpres.
Hulot desservi par son positionnement « ni droite ni gauche »
Nicolas Hulot, lui, n’est jamais vraiment entré dans sa campagne. Réticent d’abord à se déclarer, puis à accepter les conditions du mouvement, il a sans cesse donné l’impression qu’il tablait d’abord sur sa popularité extérieure avant de comprendre qu’il lui fallait convaincre en interne. Il semblait oublier que popularité ne veut pas dire automatiquement intentions de vote : les derniers sondages le donnaient coude à coude avec Mme Joly.
Son positionnement « ni droite ni gauche » et son souci d’être toujours consensuel l’ont desservi. Enfin sa gaffe sur son souhait initial de faire un ticket avec Jean-Louis Borloo a brouillé un peu plus son image déjà floue et pas assez à gauche. Eva Joly, elle, avait dès le départ affirmé être à gauche et dit sa volonté de passer une alliance avec les socialistes pour 2012. Un positionnement qu’Europe Ecologie-Les Verts avait largement confirmé lors de son premier congrès en juin. Les militants ont donc joué la cohérence entre leur projet et leur candidate.
L’exercice n’était pas réussi d’avance, mais dans la course d’obstacles qui conduit le PS à la présidentielle, l’élaboration du projet n’était pas le plus difficile. Pour preuve, le processus arrive à son terme sans qu’il n’ait été accompagné d’un de ces débats byzantins dont les socialistes ont l’habitude. Adopté samedi à l’unanimité par le Conseil national, le texte se veut la feuille de route de la gauche social-démocrate pour l’échéance de 2012. Pourtant il ne devrait être qu’un rapport d’étape avant que les choses sérieuses ne débutent enfin : le lancement des primaires qui, à l’automne prochain, désigneront le champion socialiste dans la course à l’Elysée.
C’est là tout l’ambiguïté de la stratégie élaborée par Martine Aubry et l’actuelle direction du PS. D’un côté, un projet très consensuel qui vise à cimenter l’unité du parti, de l’autre, une machine à désigner le candidat qui ne pourra qu’aiguiser les oppositions internes. Pour autant, tel qu’il est conçu, le projet du PS propose un état des lieux significatif de la pensée socialiste. Cette gauche qui se revendique « ambitieuse et sérieuse » inscrit ses pas dans la vieille histoire d’un réformisme tiède, capable d’innovations progressistes mais réticent à affronter les logiques du libéralisme économique. Malgré les défaites politiques de 2002 ou de 2007, le projet du PS reprend globalement des recettes qui ont montré leurs limites dans le contexte de la crise du capitalisme mondialisé. La cohabitation d’inspirations généreuses et de propositions timides caractérise les limites de l’exercice. Qui a au moins un mérite : rassembler toutes les sensibilités du parti. « Il a l’avantage de parler à tous », estime Henri Emmanuelli, figure de proue de la gauche du parti. « Un ensemble cohérent et crédible », ajoute Pierre Moscovici, strauss-kahnien pur et dur. « Crédibilité » aussi pour le hollandais Michel Sapin.
Chacun des candidats potentiels pourra ainsi utiliser cette boîte à outils programmatique. Que restera-t-il pour les différencier ? Et si les écarts idéologiques entre eux n’étaient pas aussi grands que la mise en scène de l’opposition des ambitions ne le laisse supposer ? Martine Aubry apporte des éléments de réponse en affirmant qu’un pacte existe entre elle et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Manière de souligner que peu de choses les sépare sur leur vision respective de l’alternative à la droite.
Le Front de gauche
Pour cette objet politique né lors des européennes de 2009, l’heure de vérité approche. Le Front de gauche est-il en mesure de « révolutionner la gauche » comme le souligne ses fondateurs ? Ou ne restera-t-il que comme une énième tentative avortée de redonner des couleurs à la gauche radicale ? La présidentielle et les législatives de 2012 vont apporter la réponse. Pour l’heure, le parcours est prometteur même s’il reste très tortueux et semé d’embûches. Au plan électoral, les messages envoyés par les urnes ont ratifié l’esprit de cette nouvelle construction politique sans pour autant signé un chèque en blanc à ces initiateurs. « Du potentiel, mais peut mieux faire » ont affirmé les électeurs. Lancé à l’automne, le travail sur « un projet partagé » est sur de bons rails. Même si toutes les questions n’ont pas encore été tranchées.
Reste la question des candidatures : à la présidentielle et aux législatives. Le Parti de gauche et la gauche unitaire se sont prononcés en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Pour sa part, la position énoncée ce week-end par la direction nationale du PCF muscle les fondations du Front de gauche. Sans ambiguïté, elle confirme la pérennité de cette expérience. « Le Front de gauche est pour nous la meilleure chance de relancer la gauche et de contribuer à son rassemblement pour gagner une majorité de gauche à la hauteur de ces attentes » affirme la résolution adoptée par une large majorité du Conseil national du PCF. A cet appel s’ajoute la prise de position courageuse du secrétaire national, Pierre Laurent, estimant « que la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d’un accord d’ensemble avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d’engagements collectifs à la hauteur des enjeux de la situation politique inédite que nous vivons, la diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti ».
Il revient désormais à l’ensemble des adhérents communistes de se prononcer sur la candidature soutenue par le PCF et surtout à confirmer ou pas cette stratégie du Front de gauche que conteste une partie des responsables et des militants. Un choix essentiel pour le Parti communiste. Si l’heure de vérité va sonner pour le Front de gauche, elle concernera tout autant le PCF parvenu à un tournant majeur de sa longue histoire.
Europe-Ecologie-les Verts
Le contexte change mais l’histoire se répète pour l’écologie politique. Les poussées électorales et la naissance d’un nouveau parti n’ont pas empêché le retour des querelles de chapelle. Qui traduisent, en fait, l’ambiguïté du positionnement politique d’EE-Les Verts sur l’alternative au libéralisme ou encore sur les alliances politiques.
Plus encore que celle d’Eva Joly, la candidature annoncée de Nicolas Hulot renforcent ces zones d’ombre. L’animateur d’Ushuaïa et de TF1 devrait s’exprimer cette semaine. Choisira-t-il d’aller seul à la bataille ou acceptera-t-il le cadre des primaires vertes ? Son entourage entretien le doute. Les supporters d’Eva Joly évoque la nécessité de « travailler ensemble » mais exprime leur scepticisme sur la ligne choisie par Nicolas Hulot.