Treize Vents. « Un Batman dans la tête » mise en scène par Hélène Soulié.
A la récré, Matthieu, un adolescent de Béziers, utilise un rasoir contre ses camarades de classe. Acte incompréhensible, juteux fait divers générateur de clicks. Les lecteurs avides de sensations fortes, plébiscitent l’article sur les sites des journaux. L’auteur David Léon, dessine un jeune homme dans une baignoire avec un miroir qui le surplombe et écrit un texte pour le théâtre (éditions Espaces 34).
Il a dans l’idée de faire entendre une autre voix. D’aller plus loin en explorant la situation de l’intérieur. Il donne la parole à Matthieu qui raconte l’histoire en cherchant à se comprendre lui-même. Est-il si différent des lecteurs de faits divers ? Oui assurément, lui a commis des actes brutaux, les raisons ? Il voulait « ressentir de l’émotion. » Sans doute à cause de «la femme qui ne voulait pas être une mère et du père lâche.»
Mathieu passe beaucoup de temps sur sa console de jeu. Depuis qu’il s’est plongé dans les aventures du Batman, il entend une voix qui s’adresse à lui de façon répétée et envahissante. Il devient difficile de distinguer le réel. Lui-même dont personne ne s’occupe, l’est-il vraiment, réel ? La destruction lui permet de se construire, d’apprendre des choses sensibles. Il use de ses capacités cognitives, comme il peut, sans les autres.
L’auteur recompose son histoire, celle du Batman, de la quête identitaire de l’ado, de la violence et du meurtre. La force du texte est au coeur de la mise en scène d’Hélène Soulié qui dessine l’altération psychique des fonctions humaines comme on peint une nature presque morte. Dans une scénographie juste et précise Thomas Blanchard livre une performance époustouflante. La vie étouffée respire.
Des groupes de jeunes de 15-20 ans se donnent des rendez-vous de masse dans les centres commerciaux du Brésil, surtout à São Paulo, mais la pratique est en train de se diffuser à travers tout le pays, pour se promener, s’amuser et chanter/danser sur des rythmes de funk ostentação, un genre dérivé du funk carioca [de Rio de Janeiro, NdT] qui exalte la consommation, les marques de luxe, l’argent et le plaisir. Ces jeunes viennent des banlieues de São Paulo, ils sont pauvres, donc, souvent, noirs.
Le 7 décembre 6 000 jeunes ont convergé au Shopping Metro Itaquera, généralement fréquenté par des familles de banlieue. Le 14 plusieurs centaines d’entre eux sont entrés en dansant et criant au Shopping International de Guarulhos, et bien qu’il n’y ait eu ni dégâts ni vols ni consommation de drogues, la police a réprimé et en a arrêté 23 sans motifs.
En revanche, quand il s’agit de jeunes de banlieues, les propriétaires de centres commerciaux procèdent à des filtrages sous couvert de décisions judiciaires, les vendeurs ferment leurs boutiques et les clients les insultent et les traitent comme des criminels. Cela crée un climat favorable à la répression par la Police militaire, l’une des plus meurtrières du monde.
La journaliste Eliane Brum demande : “Pourquoi la jeunesse noire de la banlieue du Grand São Paulo est-elle criminalisée ? ” (El País – Brésil 23 décembre 2013). Dans l’imaginaire national, soutient-elle, pour les jeunes pauvres, s’amuser hors des limites du ghetto et désirer des objets de consommation est quelque chose de transgressif, parce que “les centres commerciaux ont été construits pour les garder en dehors.” Pas seulement lesshopping : toute la société les laisse en dehors.
Chaque fois que ceux d’en bas bougent, se montrent, que ce soit seulement pour sortir de la périphérie en utilisant les codes mêmes de la société capitaliste, ils sont discriminés et frappés, parce qu’ils occupent des espaces qui ne sont pas les leurs. Dans ce cas, ils commettent un crime majeur : leur défi ne consiste pas seulement à arborer sur leurs corps bruns les mêmes objets que les riches, mais aussi à vouloir occuper des espaces-temples sacrés pour les classes moyennes et supérieures .
Lorsque les périphéries bougent, elles dévoilent les relations de pouvoir qui dans la vie quotidienne sont voilées par les inerties, les croyances, les influences médiatiques, religieuses et idéologiques. La première chose qu’elles ont donné à voir, c’est la texture du pouvoir : le rôle de l’appareil répressif et de la justice comme serviteurs du capital, la manière dont le racisme et le classisme sont entrelacés et sont des axes d’oppression et d’exploitation, le rôle de la ville comme un espace de spéculation immobilière, autrement dit l’extractivisme urbain.
La deuxième chose est l’intransigeance des classes moyennes, en particulier le secteur de nouveaux consommateurs qui sont sortis de la pauvreté au cours des dernières années grâce à la croissance économique induite par les prix élevés des matières premières et les politiques de protection sociale. Il y a là un problème de génération : les jeunes qui font des rolezinhos sont les enfants de ceux qui les traitent de voleurs et les matraquent. Ils appartiennent au même secteur social, mais les uns sont reconnaissants alors que les autres veulent plus.
Nuno Guimares/Reuters
La troisième question nous concerne nous-mêmes. J’ai consulté un ami militant du Movimento Passe Livre [mouvement pour la gratuité des transports, NdT], qui a joué un rôle important dans les manifestations de juin dernier, pour lui demander son opinion sur ce qui se passe. Il m’a répondu agacé qu’ils sont fatigués d’être interprétés par d’autres, en particulier par des gens qui n’ont aucun lien avec les luttes mais s’érigent en analystes, établissant une relation de pouvoir coloniale, sujet-objet, dans laquelle ceux d’en bas sont toujours ravalés au second rang.
En quelques jours on a vu et entendu une rafale d’analyses prétendant expliquer ce que font les jeunes, et tombant généralement à côté de la plaque. Les discours les plus nocifs viennent de personnes et de groupes de gauche. Lors des manifestations de juin dernier, durant la Coupe confédérale, ils avaient taxé les manifestations de provocations pouvant favoriser la droite. Un calcul absurde mais efficace pour isoler et démobiliser.
En ce qui concerne les rolezinhos, ces mêmes voix prétendent que ce sont des « actions non engagées », «dépolitisées “, qu’en fin de compte ces jeunes ne cherchent qu’à s’intégrer à travers la consommation. Ici aussi joue un préjugé âgiste : l’ancienne génération (à laquelle j’appartiens) a coutume de faire des sermons aux jeunes sur ce qui est correct et ce qui ne l’est pas, avec le même air de supériorité que prenaient les cadres de partis qui nous faisaient la leçon dans les années 69 et 70.
Liberté de déplacement dans le Brésil esclavagiste (XVIè-XIXè siècle). Liberté de déplacement dans le Brésil démocratique : “rolezinhos” au XXIè siècle
Mais ce qui semble plus grave, c’est la mythification des luttes sociales. Les ouvriers de Saint- Pétersbourg qui ont mené la révolution de 1905 et créé les premiers soviets n’étaient pas politisés par les discours et les écrits de Lénine et de Trotski, mais par des balles du tsar quand ils ont défilé vers le Palais d’Hiver pour remettre une liste de revendications, sous la direction du prêtre Gapone, qui travaillait pour la police secrète. C’est le Dimanche sanglant qui a politisé les travailleurs russes. Quelque chose de similaire s’est produit suite à la marche des femmes vers Versailles en octobre 1789, qui a marqué la fin de la monarchie.
Il règne une profonde confusion sur le rôle des idéologies et des dirigeants dans les révolutions et les processus de changement. La spontanéité pure, qui selon Gramsci n’existe pas, ne mène pas très loin, et souvent à de sanglantes défaites. Mais la “direction consciente” et externe ne garantit pas de bons résultats. Nous pouvons essayer d’apprendre ensemble, surtout quand les banlieues se mettent en mouvement et remettent en question nos vieux savoirs.
La réforme des retraites a été adoptée le 18 décembre à l’Assemblée nationale. Une potion qui risque d’être amère pour les générations nées en 1973 et après. Retour sur l’impact prévisible de la hausse à 43 ans de la durée de cotisation .
La durée de cotisation nécessaire pour pouvoir toucher une retraite à taux plein va être progressivement relevée jusqu’à 43 ans pour les générations nées en 1973 et après, c’est-à-dire à partir de 2035.
Même diluée dans le temps, la potion n’en reste pas moins amère pour les générations concernées. D’autant plus qu’elles sont confrontées depuis longtemps à des difficultés d’insertion sur le marché du travail. L’âge moyen auquel on valide une première année de cotisation recule en effet sensiblement : il est passé de 20,8 ans pour la génération 1954 à 23,4 ans pour la génération 1974. De la même manière, la durée d’assurance validée à 30 ans diminue nettement : elle est passée de dix ans et trois trimestres pour la génération 1950 à sept ans et trois trimestres pour celle de 1974. Celle-ci devra donc attendre au moins l’âge de 65 ans pour avoir cotisé les 172 trimestres (ou 43 années) imposés par la nouvelle réforme.
Mais ce n’est qu’une moyenne : 20 % de la génération née en 1974 a cotisé moins de cinq ans à 30 ans, ce qui les amène à 68 ans dans le meilleur des cas. Ils pourront certes partir à 67 ans sans décote (c’est l’âge du taux plein), mais ils seront tout de même pénalisés au niveau du montant de leur pension puisqu’il leur manquera encore des trimestres. Dans la génération 1974, ils sont 44 % à avoir cotisé moins de sept ans et demi à l’âge de 30 ans. C’est donc presque la moitié de cette génération qui ne pourra de toute façon pas prétendre à une retraite à taux plein avant l’âge de 65,5 ans.
On ne connaît pas les chiffres, mais avec la crise, la situation s’est à coup sûr aggravée encore pour les générations arrivées ensuite sur le marché du travail, puisque le taux d’emploi des 15-25 ans a fortement baissé depuis 2008.
Quant à ceux qui auront connu des périodes de chômage non indemnisé ou qui auront travaillé à temps très partiel, ils devront rester en activité encore plus longtemps. S’ils ne le souhaitent pas ou s’ils ne le peuvent pas (pour des raisons de santé ou faute d’emploi), ils devront se contenter d’une retraite incomplète.
La Serbie et le Kosovo se sont entendus vendredi à Bruxelles sur une gestion commune de leurs frontières et sur une représentation internationale du Kosovo sans que la Serbie ne reconnaisse l’Etat. Ce compromis, qui intervient juste avant les délibérations de ce lundi des ministres des Affaires étrangères de l’UE sur l’éventuel octroi à la Serbie du statut de candidat à l’adhésion, est très positif pour Belgrade, estime le quotidien Lidové noviny : « Cet accord arrive littéralement au dernier moment. Aucun progrès n’a été possible pendant des mois. Ce n’est pas un hasard si les choses avancent maintenant : les Serbes sont en effet sous pression. Ils espéraient obtenir dès le mois de décembre le statut de candidat à l’adhésion européenne. … La deuxième occasion approche maintenant. … La Serbie mériterait le statut de candidat. Elle s’efforce de remplir toutes les conditions et ne se trouve pas dans une situation plus mauvaise que la Croatie voisine. Si le statut de candidat devait ne pas lui être accordé, cela pourrait jouer en faveur des nationalistes aux élections du mois de mai. Ce serait à nouveau une régression considérable. »
La Commission européenne a proposé mercredi de geler les 495 millions d’euros de fonds de développement que doit recevoir la Hongrie l’année prochaine, en raison du non-respect par celle-ci du pacte de stabilité. Mais bloquer ce fonds de cohésion est incompréhensible au vu de la situation économique actuelle, critique le quotidien conservateur Dziennik Gazeta Prawna : « Si les Hongrois veulent venir à bout de la crise, ils ont besoin d’une croissance économique au même titre que les pays d’Europe méridionale. Actuellement, les prévisions du PIB pour 2012 varient entre zéro et 0,3 pour cent. Comme si la Commission n’avait pas remarqué le rôle particulier que joue la politique de cohésion pour les pays relativement pauvres de la soit disant nouvelle Europe en matière de relance économique. Il est difficile de trouver judicieux le gel de versements de près d’un demi-milliard d’euros alors que Budapest est au bord de la récession. »
Dans le débat relatif à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite en Pologne, le vice-Premier ministre et chef du parti paysan, Waldemar Pawlak, a proposé que pour chaque enfant mis au monde, une mère de famille voit son âge de départ à la retraite diminuer de trois ans. Cette proposition est inacceptable car elle fait de la femme une machine à procréer et occulte les problèmes essentiels, s’emporte la féministe Magdalena ?roda dans une tribune au quotidien libéral Gazeta Wyborcza : « M. le vice-Premier ministre se permet de réduire les femmes à leur fonction purement biologique de procréation. … Pour Pawlak il s’agit de ‘tradition’. Espérons que Pawlak soit pour sa femme un époux fidèle et généreux. Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre une femme plus jeune. Car beaucoup d’hommes trouvent soudain une partenaire plus jeune. Une fois qu’ils mènent leur nouvelle vie, ils cessent tout bonnement de verser des pensions alimentaires convenables. Puis ils ne soutiennent plus leur ex-femme à l’âge de la retraite. C’est aussi une tradition. Et celle-ci est également soutenue par le parti paysan. »
Gazeta wyborcza 27.02.2012
Amsterdam : Big Brother à l’hôpital
Les autorités sanitaires néerlandaises ont ouvert une enquête contre la clinique universitaire d’Amsterdam (VU), celle-ci ayant autorisé une chaîne de télévision à filmer le service des urgences à l’aide de 30 caméras cachées. Les patients ont souvent été informés a posteriori que les prises étaient destinées à un reality show. La chaîne privée RTL a annulé l’émission prévue pour le samedi. Ce scandale digne de Big Brother est une conséquence du néolibéralisme, critique le quotidien de centre-gauche De Volkskrant : « Cette affaire dévoile clairement la dégénérescence des normes dans l’espace public. L’appétit de sensationnel des médias, soumis depuis l’avènement de la télévision commerciale au terrorisme de l’audimat, est aiguisé : tout ce qui peut rapporter de l’argent est le bienvenu. On constate en deuxième lieu la mercantilisation de la société. Les hôpitaux sont désormais eux aussi des entreprises qui doivent s’imposer sur le marché. Pour renforcer son image de marque dans une concurrence qui met en opposition les différentes cliniques universitaires, la VU est prête à tout. … Par manque de repères moraux, sa direction a oublié où étaient les limites. »
En Belgique, selon les données officielles, quelque 11.000 enfants et jeunes prennent des psychotropes. Une tendance dangereuse, estime le quotidien de centre-gauche De Morgen : « Sous la pression des vendeurs de médicaments, les sautes d’humeur pubertaires, les caractères rebelles ou les tendances à l’expérimentation – spécificités caractéristiques et même saines des jeunes – sont considérés comme les symptômes de maladies psychiques. … L’industrie pharmaceutique puissante et les médecins trop dociles sont responsables de cet état de fait, mais ils ne sont pas les seuls. La manière dont nous obligeons les enfants à prendre des médicaments reflète l’attitude de notre société en matière d’éducation. Les parents, peu sûrs d’eux, sont poussés dans ce piège par les images de parents et d’enfants parfaits. Ce qui est hors normes, appuyé par une littérature pseudo-scientifique, est jugé malade. … Nous nous rendons nous-mêmes dépendants de l’illusion d’un bonheur prescriptible sur ordonnance. »
Appel lancé par Stéphane Hessel et Edgar Morin sur Médiapart, le 19/10/2011
1. Nous constatons que la force libertaire de la jeunesse, utilisant les moyens informatiques nouveaux, a été capable d’abattre des despotismes dans les pays arabes, d’y réveiller tous les âges et toutes les classes sociales, et qu’elle est devenue une force déferlante d’indignés sur la planète, défiant les pouvoirs, notamment le pouvoir sans entraves du capitalisme financier. Si cette force est apte à provoquer des ruptures et des éveils, il lui manque une pensée politique capable d’ouvrir une voie qui unisse les forces vives des peuples sur un chemin d’espérance. C’est la formulation d’une telle pensée que nous proposons aux candidats.
2. Comme la France n’est pas seule dans le monde et que son destin en dépend en partie, elle devrait proposer une réforme de l’ONU qui la rende apte à traiter les conflits en cours, dont le douloureux conflit israélo-palestinien, et qui instituerait trois instances planétaires dotés de pouvoirs :
– pour surmonter la crise mondiale actuelle en régulant véritablement son économie ;
– pour protéger la biosphère dont la dégradation accélérée dégrade les conditions de vie de l’humanité ;
– pour entreprendre l’élimination des armes de destruction massive.
3. Comme la France est dans l’Union européenne, elle devrait y militer pour y développer une politique commune de protection de ses populations, de développement de ses coopérations, d’intégration des immigrations, et de justes propositions pour la paix dans le monde.
4. La politique en France devrait avoir pour orientation le « bien vivre » qui englobe et dépasse le bien-être matériel pour restaurer une qualité de vie de plus en plus dégradée.
5. Une telle politique pourrait, en même temps, traiter la crise économique et réduire le chômage en développant des mesures appropriées pour :
– juguler la spéculation financière ;
– combiner la mondialisation de coopérations et d’échanges à une démondialisation de protection des intérêts vitaux locaux, régionaux, nationaux ;
– opérer une vive croissance de l’économie verte, de l’économie sociale et solidaire, du commerce équitable, et une décroissance parallèle de l’économie du futile, du jetable, du gaspillage, elle-même liée au développement d’une consommation désintoxiquée ;
– favoriser la croissance de l’agriculture et de l’élevage fermiers et biologiques et la décroissance de la grande exploitation industrialisée.
6. Une telle politique entreprendrait la réduction des inégalités, notamment par une réforme fiscale et la création d’un observatoire des inégalités, qui ferait annuellement ses recommandations.
7. Une telle politique opérerait une régénération de la solidarité notamment en instituant dans toutes villes de maisons de fraternité et en établissant un service civique de solidarité.
8. Une telle politique inciterait à une débureaucratisation des administrations et des entreprises par décompartimentation des travailleurs et restitution de leurs possibilités d’initiatives.
9. Une telle politique inciterait à la démocratie participative en instituant des conseils de gouvernance urbaine et municipale, comportant élus, administrateurs, professions compétentes et citoyens.
10. Une telle politique comporterait une reforme de l’enseignement à tous niveaux de façon à ce que les problèmes fondamentaux et globaux, qui nécessitent des compétences polydisciplinaires y soient enseignées des les petites classes. Elle répondrait à ce que prescrivait Jean-Jacques Rousseau : « Enseigner à vivre ».
11. Toutes ce réformes devraient s’entre-compléter et converger en un grand dessein qui ouvrirait à la France le chemin de l’espérance.
12. Un Président de la République doit d’abord prendre acte des grands défis devant les quels se trouve notre monde, où la France a sa place et sa responsabilité (l’énergie, l’eau, la faim, le climat, la pollution, etc.). Il doit avoir le courage de réduire drastiquement les énormes dépenses inutiles ou nocives, comme les dépenses d’armement et de guerre et l’investissement nucléaire, et de réduire tous les énormes gaspillages qui empêchent l’essor d’une économie saine et productive. Il doit savoir que d’immenses ressources humaines sont inemployées, qu’il y a dans le peuple de France, s’il est rendu à l’initiative et à l’espérance, de très grandes potentialités créatrices. La nouvelle politique se mettre au service des citoyens, et ceux-ci se mettront à son service.
Nous sommes au seuil d’une nouvelle Histoire humaine et déjà partout, notamment dans les jeunes générations, naissent des initiatives porteuses d’un futur d’espérance.
Stéphane Hessel et Edgar Morin
Paris, le 19 octobre 2011