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Treize Vents. « Un Batman dans la tête » mise en scène par Hélène Soulié.
A la récré, Matthieu, un adolescent de Béziers, utilise un rasoir contre ses camarades de classe. Acte incompréhensible, juteux fait divers générateur de clicks. Les lecteurs avides de sensations fortes, plébiscitent l’article sur les sites des journaux. L’auteur David Léon, dessine un jeune homme dans une baignoire avec un miroir qui le surplombe et écrit un texte pour le théâtre (éditions Espaces 34).
Il a dans l’idée de faire entendre une autre voix. D’aller plus loin en explorant la situation de l’intérieur. Il donne la parole à Matthieu qui raconte l’histoire en cherchant à se comprendre lui-même. Est-il si différent des lecteurs de faits divers ? Oui assurément, lui a commis des actes brutaux, les raisons ? Il voulait « ressentir de l’émotion. » Sans doute à cause de «la femme qui ne voulait pas être une mère et du père lâche.»
Mathieu passe beaucoup de temps sur sa console de jeu. Depuis qu’il s’est plongé dans les aventures du Batman, il entend une voix qui s’adresse à lui de façon répétée et envahissante. Il devient difficile de distinguer le réel. Lui-même dont personne ne s’occupe, l’est-il vraiment, réel ? La destruction lui permet de se construire, d’apprendre des choses sensibles. Il use de ses capacités cognitives, comme il peut, sans les autres.
L’auteur recompose son histoire, celle du Batman, de la quête identitaire de l’ado, de la violence et du meurtre. La force du texte est au coeur de la mise en scène d’Hélène Soulié qui dessine l’altération psychique des fonctions humaines comme on peint une nature presque morte. Dans une scénographie juste et précise Thomas Blanchard livre une performance époustouflante. La vie étouffée respire.
JMDH
Source L’Hérault du Jour, 01/03/2014
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