La richesse mondiale a doublé depuis 2000 (et 9 autres chiffres révoltants)

2678453389_b997dd3496_zLe groupe de services financiers Crédit suisse et la Croix-Rouge viennent chacun de sortir un rapport dont la lecture conjuguée est désespérante.

Le premier (en anglais, PDF) fait un bilan statistique de la richesse mondiale. On apprend qu’elle « a plus que doublé depuis 2000, atteignant un nouveau record historique de 241 000 milliards de dollars ».

Le deuxième (en anglais, PDF) parle des « impacts humanitaires de la crise économique en Europe » (42 pays étudiés dans l’Union européenne, les Balkans, l’Europe orientale). Il constate que « le nombre de personnes dépendant des distributions de nourriture de la Croix-Rouge dans 22 des pays concernés a augmenté de 75% entre 2009 et 2012 ».

Quelques chiffres à retenir de ces deux rapports.

46% du patrimoine mondial est détenu par 1% des ménages

La richesse mondiale a crû de 4,9% entre mi-2012 et mi-2013, la période examinée par Crédit suisse, et de 68% ces dix dernières années.

Le pourcent le plus fortuné des ménages commence à 753 000 dollars (557 000 euros) et amasse 46% du patrimoine mondial – part en hausse –, tandis que les deux tiers des ménages, dont le patrimoine reste stable, ne représentent que 3% de la richesse globale.

Il faut avoir un patrimoine de 4 000 dollars (environ 3 000 euros) pour être dans la moitié la plus riche du globe, et de 75 000 dollars (55 500 euros) pour être dans la tranche des 10% les plus riches.


Pyramide de la richesse mondiale. Lecture : « 22,9% de la population mondiale a un patrimoine de 10 000 à 100 000 dollars, et représente 13,7% de la richesse mondiale. » (Crédit Suisse)

25% de travailleurs pauvres en Allemagne

Le nombre de salariés allemands ne pouvant subvenir à leurs besoins est en constante augmentation, relève la Croix-Rouge : un quart d’entre eux ont des bas salaires – le montant n’est pas précisé, mais il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne.

Près de la moité des contrats signés en Allemagne depuis 2008 sont à court terme, sans sécurité sociale, et 1,3 million de travailleurs ne peuvent subvenir à leurs besoins.

Une étude de la Fondation Bertelsmann publiée en décembre 2012 montre que la classe moyenne est passée de 65% de la population en 1997 à 58% quinze ans plus tard :

  • 5,5 millions d’Allemands sont devenus « pauvres » ;
  • 500 000 sont devenus « riches ».

Dans toute l’Europe, « la Croix-Rouge signale un nombre important de “nouveaux pauvres”, des gens qui travaillent mais ne peuvent pas assumer leurs besoins primaires à la fin du mois et doivent choisir entre acheter de la nourriture et payer leur loyer ».

31 millions : le nombre de millionnaires en dollars

Le nombre de millionnaires en dollars n’a jamais été aussi élevé. Ils sont :

  • 14 millions aux Etats-Unis ;
  • 10 millions en Europe ;
  • 6,5 millions en Asie-Pacifique.

Parmi les près de 100 000 ultra-riches au capital supérieur à 50 millions de dollars (37 millions d’euros), la moitié environ est aux Etats-Unis. La Chine arrive loin derrière, devant l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et le Japon.

L’économie actuelle est propice à l’accumulation de fortune : tandis que la richesse mondiale a crû de 4,9%, le nombre de millionnaires a progressé de 6,1% et celui d’ultra-riches de plus de 10%.

5 : nombre de pays en Europe où le chômage des jeunes dépasse 50%

Bosnie, Macédoine, Serbie, Espagne, Grèce : dans tous ces pays, plus d’un jeune de 15 à 24 ans sur deux, en situation de travailler, était au chômage en 2012. Dans les trois derniers, le chiffre a explosé pendant la crise.

En Europe de l’Est, le chômage des jeunes, déjà élevé avant la crise, a atteint des niveaux alarmants. Il a doublé en Croatie, en République Tchèque, en Pologne et dans les Pays baltes.

Le rapport de la Croix-Rouge dénonce l’austérité qui « ajoute de la pauvreté, alors que les autres continents la réduisent avec succès ».

« Les conséquences à long terme de cette crise ne sont pas encore connues. Les problèmes engendrés se ressentiront pendant des décennies même si l’économie s’améliore dans un futur proche […] Nous nous demandons si, en tant que continent, nous comprenons vraiment ce qui vient de nous arriver. »

7e : la position de la France dans la hiérarchie des plus gros patrimoines moyens

Grâce à la valeur de l’immobilier (parisien, surtout), le patrimoine moyen français est très élevé : 296 000 dollars, soit 219 000 euros. C’est davantage qu’en Allemagne, en Belgique ou au Royaume-Uni.

L’immobilier compte pour deux tiers de la richesse et le niveau d’endettement des ménages est en France plutôt faible (12% des actifs).

Le Crédit suisse souligne que l’inégalité financière en France est plus grande que dans la plupart des pays européens : un quart des millionnaires européens réside en France. Cependant, les ultra-riches sont plus nombreux en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni.

14% de la population française sous le seuil de pauvreté

En 2011, selon l’indice d’Eurostat repris par la Croix-Rouge, le pourcentage de ménages français sous le seuil de pauvreté (moins de 60% de la richesse médiane dans le pays) s’élevait à 14%. Une hausse de 1,3 point, soit 350 000 habitants de plus, par rapport à 2008.

Malgré la crise, cet indice a baissé dans quelques pays d’Europe occidentale : Portugal (18%), Royaume-Uni (16,2%) et Autriche (5,2%). Mais ils constituent des exceptions. Commentaire de la Croix-Rouge :

« Non seulement de plus en plus de gens tombent dans la pauvreté, mais les pauvres sont de plus en plus pauvres et il semble que l’écart entre les plus riches et les plus pauvres aille croissant. Ce qui signifie que la “distance sociale” requise pour refaire partie de la société s’agrandit. »

40 : part des Chinois dans la « classe moyenne » mondiale

La Chine a, par rapport à sa population, peu de très pauvres et peu de très riches. En revanche, en rangeant la population mondiale par déciles de richesse, on s’aperçoit qu’elle constitue 40% de la classe moyenne supérieure : celle des déciles 6 à 9.


Composition régionale de la distribution de richesse en 2013. Lecture : « Il y a 25 à 30% d’Africains dans les 10% de ménages les plus pauvres du monde. » (Crédit Suisse)

L’inégalité des richesses en Chine est ainsi relativement faible comparativement au reste des puissances émergentes. Sa classe moyenne, moteur de la croissance mondiale se distingue de celle de l’Inde, quasi-inexistante et coincée entre une majorité de la population très pauvre et un nombre non négligeable d’ultra-riches.

« C’est dû à l’absence quasi-totale de fortunes héritées et à une division relativement égale des terres agricoles et de l’habitat privé. Les inégalités sont cependant en forte hausse avec l’enrichissement d’entrepreneurs et d’investisseurs », explique Crédit suisse.

40% : l’augmentation du taux de suicide en Grèce au premier semestre 2011

Selon le ministère grec de la Santé, le taux de suicide en Grèce a grandi de 40% entre janvier et mai 2011 par rapport à la même période en 2010. Les premiers effets des plans d’austérité se faisaient sentir. Le taux de suicide des femmes a plus que doublé.

Bien d’autres pays européens ont vu leur taux de suicide augmenter pendant la crise, après un long ralentissement, explique la Croix-Rouge.

« Un signe clair que le nombre de personnes souffrant de dépression et d’autres maladies mentales est en augmentation. »

Dans la plupart des pays européens, l’Etat a coupé dans les dépenses de santé pendant la crise économique, obligeant les associations à remplir de nouvelles missions.

35% de la richesse russe est détenue par 110 personnes

« La Russie a le plus gros niveau d’inégalité financière dans le monde, hormis les petits pays des Caraïbes où résident des milliardaires », souligne Crédit suisse.

Dans le monde entier, il y a un milliardaire pour 170 milliards de dollars de richesse. En Russie, le rapport tombe à un milliardaire pour 11 milliards de richesse. Les 110 milliardaires russes selon Forbes – ils étaient huit en 2000 – accumulent 35% de la richesse du pays.

Source Rue 89 10/10/13

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Enfoncée dans la crise, l’Espagne aux prises avec la pauvreté de ses enfants

AFP - Le 30 mai 2014, à la cantine d'une école publique de Burgos en Espagne

AFP – Le 30 mai 2014, à la cantine d’une école publique de Burgos en Espagne

Même avant la crise, Patricia Martin avait du mal à faire vivre sa famille de trois enfants sur le salaire modeste de son mari, balayeur. Lorsque la tempête économique a frappé l’Espagne, le foyer a glissé vers le dénuement.

Temps de travail réduit, salaire de 900 euros divisé par deux: la vie est dure dans leur petit appartement de Vallecas, un quartier populaire du sud de Madrid.

Le couple est menacé d’expulsion, avec plus d’un an de loyers impayés. Ils dépendent de banques alimentaires pour nourrir leurs enfants, qui doivent faire cinq kilomètres à pied pour aller à l’école. Il n’y a plus d’argent pour le bus.

« Si je n’ai rien à leur donner pour qu’ils emportent un goûter, je fais comme si j’avais oublié de le préparer », confie cette femme de 30 ans, tandis que son fils, âgé de sept ans, et ses deux filles, de huit et dix ans, jouent dans un parc près de la maison.

« Ils ne disent rien mais c’est très dur », ajoute-t-elle, des larmes plein les yeux. « Je m’efforce de leur rendre la situation moins pénible ».

Six ans après l’explosion de la bulle immobilière qui a détruit des millions d’emplois et lancé le début de la crise dans le pays, l’Espagne fait face à une forte hausse de la pauvreté infantile.

Un demi million d’enfants ont rejoint depuis 2007 la catégorie des petits risquant de tomber dans la pauvreté, portant le total à 2,5 millions, selon une étude de l’ONG espagnole Educo, spécialiste de l’enfance.

Et la cruauté du phénomène se voit dans les cours de récréation. « Ils viennent à l’école mal habillés et sans avoir bien mangé », témoigne Modesto Diez, curé et directeur de l’école catholique semi-publique San Pedro y San Felices, située à Burgos, dans le nord de l’Espagne.

« Ils n’ont pas d’électricité ni d’eau à la maison, ils vivent dans des logements défectueux, leurs premiers besoins ne sont pas remplis », énumère-t-il. De plus en plus d’enfants viennent en classe sans s’être douchés le matin, l’eau ayant été coupée chez eux après des mois de factures impayées.

– La cantine se vide par manque d’argent –

Pour beaucoup de parents, il est devenu impossible de payer les livres scolaires, sans parler des 102 euros mensuels pour la cantine scolaire. Plus de 100 enfants y déjeunaient l’année dernière. Il ne sont plus que 25, dont 10 aidés par Educo.

Beaucoup d’enfants rentrent désormais chez eux à midi « et mangent ce qu’ils trouvent », explique Modesto Diez. Autour de lui, plus de la moitié des tables du réfectoire sont vides à l’heure du déjeuner.

Le taux de chômage de l’Espagne, proche de 26%, allié à une baisse des salaires et une politique d’austérité drastiques, ont eu un impact brutal sur le niveau de vie des élèves, selon le directeur.

« C’est comme dans les années 1950 et 1960, lorsque les familles devaient s’en sortir avec leur peu de revenus, elles faisaient de longues journées pour un faible salaire ».

« Nous parlons de gens humbles, de familles de classe moyenne où les deux parents travaillaient parce que la construction créait beaucoup d’emplois. Ils avaient deux salaires de 1.000, 1.200 euros. Cela a, pour beaucoup, été réduit à aucun salaire du tout », ajoute Modesto Diez.

D’abord concentré sur des programmes déployés à l’étranger dans des pays comme le Salvador et l’Inde, Educo a lancé son programme d’aide pour la cantine scolaire en Espagne en septembre, après avoir constaté que de plus en plus d’enfants ne s’alimentaient que de riz, de pommes de terre et de pain.

« Ce sont « les nouveaux pauvres ». Des gens qui jusqu’à maintenant n’avaient pas besoin d’aide mais qui en dépendent désormais. C’est très angoissant », explique la directrice des programmes sociaux d’Educo, Pepa Domingo.

Conséquence de cette dégradation, les ONG relèvent également une augmentation du nombre d’enfants maltraités. Comme la Fondation d’aide à l’enfance ANAR qui s’inquiète de la hausse du nombre d’appels reçus sur sa ligne d’assistance téléphonique en 2013, venant d’enfants souffrant de mauvais traitements physiques ou psychologiques.

« Cette augmentation est due en partie à la crise », explique l’un de ses responsables, Benjamin Ballesteros. « Au chômage, et plus généralement aux difficultés économiques que traversent les familles, qui accentuent les tensions et l’agressivité dans les foyers. »

Daniel Silva

Source AFP : 01/06/2014

Voir aussi : Rubrique Espagne, rubrique Société, rubrique UE,

Europe sociale ? Quelle blague !

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De la gauche radicale à l’UMP en passant par le MoDem et les Verts, pas un parti n’oublie d’évoquer l’Europe sociale. Le vieux thème des campagnes européennes du PS, apparu il y a une vingtaine d’années, est devenu tarte à la crème. Un talisman censé séduire les électeurs désenchantés. À droite, il s’agirait surtout de préserver un « modèle social européen qui a fait ses preuves ». Mais de quel modèle parle-t-on ? L’Union européenne passe pour être la zone la plus riche du monde, mais dans la seule Europe des quinze, celle d’avant le grand élargissement de 2004, plus de 60 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, près de 3 millions y sont sans logement et 15 millions logés dans des conditions précaires.

À gauche, l’Europe sociale reste à bâtir. Ce qui vaut aveu d’échec pour les sociaux-démocrates. Aux commandes de 13 pays sur 15 à la fin des années 1990, qu’ont-ils fait pour éviter que les politiques sociales soient toujours soumises aux impératifs de compétitivité ? Qu’ont-ils obtenu en échange de leur approbation de tous les traités, depuis l’Acte unique (1987) jusqu’au traité de Lisbonne ?

On a vu ces dernières années la Cour européenne de justice limiter, à quatre reprises, l’action syndicale et les droits des salariés, au nom de la liberté du commerce. La différence entre les deux types de services publics, ceux considérés comme « économiques » et soumis sans retenue au droit de la concurrence, et les services « non-économiques », tend à être abolie, menaçant des secteurs comme l’éducation, la santé ou la protection sociale. Et même si elle était adoptée, la Charte des droits fondamentaux ne changerait rien. Les droits sociaux qui y sont énoncés sont de très faible portée et le texte indique lui-même qu’il « ne crée aucune compétence ni aucune tâche nouvelle pour l’Union et ne modifie pas les compétences et tâches définies dans les traités ». Mais si l’on veut une Europe sociale, le préalable est de commencer par ne pas se lier les mains avec des traités, comme celui de Lisbonne, qui la rendent impossible.

Source Politis  15 Mai 2014

Voir aussi : Rubrique UE, rubrique Politique, La politique européenne de Hollande, Politique économique, On Line Le PS et L’Europe sociale 35 ans d’une promesse non tenue,

40% des SDF salariés sont en CDI. Gattaz propose un salaire en-dessous du Smic

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Photo Maw PPP

 

EMPLOI – Une étude de l’Insee tord le cou aux idées reçues et montre que les SDF sont la plupart du temps des travailleurs pauvres.

Les SDF, des marginaux qui refusent de travailler ? Une idée reçue que brise une étude de l’Insee publiée mardi. Elle montre qu’un quart des SDF travaille régulièrement et que 40% de ceux-ci sont en CDI. Le rapport montre également que les SDF souhaitent travailler plus, mais que la précarité liée à leur logement les éloigne du marché du travail.

Avoir un logement facilite l’emploi. Afin d’obtenir un travail et de le conserver, les SDF ont souvent besoin d’une adresse. L’Insee estime qu’un tiers des SDF occupant un logement fourni par une association travaille. Ce chiffre tombe à un quart pour ceux qui sont logés dans un centre qui leur permet de rester la journée, 21% pour ceux qui résident à l’hôtel et seulement 13% parmi les personnes qui résident en centre d’hébergement qu’il faut quitter dans la journée ou qui vivent dans la rue.

Des travailleurs qui gagnent moins de 900 euros. Outre la précarité de leur logement et de leur situation professionnelle, les SDF occupent presque exclusivement des métiers d’ouvriers et de salariés. Les deux tiers sont salariés dans une entreprise ou chez des particuliers, 8% des sondés assurent travailler dans la Fonction publique, 5% pour un centre d’hébergement, souvent en échange du toit et du couvert, 19% pour une association. Seulement 4% déclarent être des travailleurs indépendants. Trois salariés sur cinq touchent moins de 900 euros par mois selon l’enquête de l’Insee et un sur cinq n’a pas de contrat de travail. Et si deux SDF sur cinq est en CDI, ce chiffre monte à 87% pour l’ensemble de la population.

25% des chômeurs travaillent, 39% sont au chômage. La proportion de personnes en emploi parmi les sans domicile fixe est inférieure de moitié à celle qu’on observe pour l’ensemble de la population. Et elle diminue, note l’Insee. Si 23% des hommes et 25% des femmes SDF ont un travail régulier, ou un petit boulot, ils sont 29% à être au chômage et 27% à être inactifs. Toutefois, leur taux d’activité est relativement élevé, un peu moins de 70%, mais bien en retrait des la population générale (près de 90%). Seuls les 18-24 ans ont un taux d’activité supérieur à l’ensemble de la population, leur situation empêchant 93% d’entre eux de faire des études, contre 58% en moyenne nationale.

L’enquête de l’Insee porte sur les SDF utilisateurs des services d’hébergement et de distribution de repas, dite enquête sans domicile, réalisée en janvier et février 2012 par l’Insee et l’Ined, reconduit celle réalisée en 2001 avec des adaptations pour tenir compte des évolutions du dispositif d’aide.

Par Alexis Toulon

Source Europe 1 08/04/2014

 

Le président du Medef propose un salaire « transitoire » en-dessous du Smic

 

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Pour Pierre Gattaz,  abaisser le niveau du salaire minimum permettrait de favoriser l’emploi des jeunes. Photo AFP – Nicholas KammI

Le président du Medef, Pierre Gattaz, s’est prononcé ce mardi pour l’instauration à titre « temporaire » d’un salaire « transitoire » inférieur au Smic, pour permettre aux jeunes, notamment, d’entrer sur le marché du travail. Une proposition jugée « indécente » par FO.

« Le niveau élevé du Smic est une marche d’escalier à franchir en France » pour trouver du travail, a souligné le patron des patrons, lors de son point de presse mensuel. Selon lui, une solution consisterait à « avoir temporairement un système permettant la première année » pour « un jeune ou quelqu’un qui ne trouve pas de travail, de rentrer dans l’entreprise de façon transitoire avec un salaire adapté, qui ne serait pas forcément le salaire du Smic ».

L’argument : c’est mieux que rien

Ce système, a-t-il fait valoir, « permettrait de mettre le pied à l’étrier ». « Il vaut mieux quelqu’un qui travaille dans l’entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le Smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage ».

« Avec un niveau de chômage à 11%, cela fait partie des pistes a explorer », a estimé M. Gattaz qui souhaite en débattre « avec le gouvernement et les partenaires sociaux ».

Abaisser (encore) le salaire pour créer des emplois

Comme on lui rappelait les précédentes tentatives avortées pour instituer un Smic jeune, M. Gattaz a affirmé qu’aujourd’hui « nous sommes au bord du précipice » et il qu’il faut « sortir de la doctrine et du dogme » pour créer des emplois.

Le président du Medef s’est dit en accord avec Pascal Lamy (pourtant PS, ndlr) ex-directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a plaidé il y a deux semaines pour plus de « flexibilité » sur le marché du travail, avec notamment des « petits boulots » payés en dessous du Smic.

Indécent pour Force Ouvrière

Dans une première réaction, FO a affirmé dans un communiqué que M. Gattaz « entend ressusciter un Smic jeunes ». « Une telle proposition est indécente et sera combattue par Force ouvrière ».

Selon FO, cette demande « devrait faire réfléchir le gouvernement qui accède très facilement aux revendications du Medef », notamment en dispensant « les employeurs de leurs cotisations aux accidents du travail et aux maladies professionnelles pour les salariés au Smic ».

Source AFP 15/04/2014

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Plan d’économies : comment Valls va s’attaquer aux prestations sociales

4402598_3_8200_manuel-valls-le-15-avril-a-l-assemblee_fc05a8a29ec173ef3f0551f72df7b4e9Sur le social, le gouvernement a donc décidé de faire des économies, sans vraiment réformer. Les premiers détails du plan de réduction des dépenses publiques de 50 milliards d’euros, présentés mercredi 16 avril par Manuel Valls, ont confirmé ce qu’on pressentait : la désindexation des prestations sociales va être massivement utilisée. Le premier ministre a notamment annoncé le gel jusqu’au 1er octobre de la quasi-totalité des allocations, qui normalement progressent chaque année en fonction de l’inflation.

Cette mesure, aussi discrète que massive, a tout du rabot. Elle permet de dégager immédiatement plusieurs milliards d’euros, sans déclencher de protestations massives. Elle rogne discrètement le pouvoir d’achat des Français qui les touchent, sans avoir besoin de s’attaquer à la réforme de la répartition de ces prestations. Michel Sapin, le ministre des finances, avait pourtant promis le 3 avril « un travail en profondeur », mais « pas de coup de rabot ».

MINIMAS SOCIAUX PRÉSERVÉS

Les retraites, dont la date de revalorisation avait déjà été décalée du 1er avril au 1er octobre, lors de la dernière réforme des retraites, n’augmenteront pas du tout cette année. Les allocations logement et familiales, revalorisées normalement au 1er avril, ne le seront pas non plus au printemps 2015. Ce gel dégage près de deux milliards d’euros, sur les onze que veut économiser le gouvernement sur la Sécurité sociale, en plus des dix milliards d’économies prévues sur les dépenses de santé. « De telles décisions vont pénaliser lourdement les plus défavorisés, et accroître les inégalités, la précarisation et la pauvreté », a dénoncé Force ouvrière dans un communiqué.

Seuls les minimas sociaux (RSA, allocation de solidarité spécifique, minimum vieillesse et allocation adulte handicapés) seront augmentés. « Pour veiller au sort des plus démunis, les minima sociaux seront préservés », a promis le premier ministre. Il a en revanche annulé pour 2014 la revalorisation exceptionnelle du RSA qui devait intervenir en septembre pour rapprocher progressivement son montant de 50 % du smic. Ce qui était une promesse faite en janvier 2013 par Jean-Marc Ayrault lors de la présentation du plan pauvreté. « Il n’est pas équitable de demander aux plus pauvres des efforts. Protéger les basses pensions, ce n’est pas seulement le minimum vieillesse », proteste Véronique Descacq, la numéro 2 de la CFDT.

LES RÉFORMES STRUCTURELLES RENVOYÉES À PLUS TARD

Les allocations chômage, gérées par les partenaires sociaux, devraient elles être épargnées. En revanche, le premier ministre veut visiblement que les syndicats et le patronat s’entendent pour élargir ce gel aux retraites complémentaires. Un accord, signé en mars 2013, prévoyait déjà d’indexer ces complémentaires à un rythme inférieur à l’inflation pendant trois ans. Mais Manuel Valls en demande plus, il espère 2 milliards d’économies supplémentaires avec un gel complet. Il demande aussi que les comptes de l’Unedic soient rétablis d’ici à 2017, alors que le dernier accord, signé en mars, prévoit « seulement » 400 millions d’euros d’économies. Le gouvernement estime par ailleurs que près de trois milliards d’euros d’économies sont déjà décidées dans le cadre des réformes des retraites et des allocations familiales menées en 2013.

Pour boucler son plan, Manuel Valls veut économiser deux milliards supplémentaires en faisant des économies de gestion dans les caisses de sécurité sociale et en réformant à nouveau les allocations familiales. Dans son dossier de presse, Matignon évoque la « dématérialisation, la simplification et la meilleure articulation entre les différents organismes » et des allocations « orientées davantage vers l’emploi des femmes ». Mais ces réformes, potentiellement les seules réellement structurelles, n’ont pas été détaillées. Pareil pour les dix milliards d’économies attendus sur les dépenses de santé, où le premier ministre s’est contenté d’évoquer « une meilleure organisation du parcours de soin » ou le développement de la « chirurgie ambulatoire ». Il faudra donc attendre le prochain conseil des ministres, le 23 avril, pour en savoir plus.

Source Le Monde .14/04/14

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