La chorégraphie restitue la dimension comique de l’oeuvre. Photo Marc Ginot
Jeune public. L’Orchestre national de Montpellier et Montpellier Danse s’associent pour faire rêver les enfants
Un public vraiment rajeuni se pressait à l’entrée de l’Opéra Comédie samedi où l’on jouait les prolongations des fêtes de noël avec la présentation de La boite à Joujoux dans une version inédite. Le chorégraphe et danseur hip hop Hamid El Kabouss signe la chorégraphie de ce ballet pour enfants en quatre tableaux composé par Debussy en 1913.
Le musicien se consacra avec enthousiasme à ce projet qu’il dédia à sa fille Claude-Emma, dite « Chouchou », alors âgée de sept ans. Il déclarait même composer en arrachant « des confidences aux poupées de Chouchou » rappelle le narrateur au début du spectacle. Le conte musical raconte comment un soldat tombe amoureux d’une poupée ayant déjà promis son coeur à un polichinelle feignant.
Il est restitué dans une scénographie soignée où s’insèrent les dessins du plasticien Vincent Fortemps. L’Orchestre de Montpellier dirigé par le jeune chef David Niemann prend du plaisir à jouer. Hamid El Kabouss et ses danseurs insufflent une belle énergie à la pièce en se mettant totalement au service de l’oeuvre. Le verdict des enfants tombe, silence et yeux grands ouverts.
Musique. A Gignac le Sonambule poursuit sa mission culturelle avec ténacité. Les dates à venir à ne pas manquer
Le Sonambule est un lieu de diffusion du spectacle vivant, dédié plus particulièrement aux musiques actuelles. Implanté dans une zone frontière entre le péri urbain et le milieu rural, le projet conduit par l’association OCVH (Office Culturel Vallée de l’Hérault) est soutenu par la ville de Gignac, la communauté de commune Vallée de l’Hérault, le CG 34, la Région et la DRAC. Ce projet s’inscrit au service du développement culturel, économique et social de la vallée de l’Hérault. Il repose sur trois axes : la diffusion via la salle de 250 places assises (600 debout), l’accueil d’artistes régionaux en résidence et l’action culturelle en direction du secteur éducatif et des services sociaux (travail autour du jeune public en temps scolaire et hors temps scolaire) et de partenaires locaux comme la Caves coopérative de Montpeyroux qui associe sa production à l’identité culturelle du territoire.
Créateur de lien social et outil au service du maillage territorial les actions de l’OCVH sont en phase avec les projets communautaires. Le Sonambule développe sa programmation hors les murs, en partenariat avec l’école de musique intercommunale, ou le festibébés dans le cadre d’un travail sur les publics. Il collabore également avec le théâtre de Clermont-l’Hérault, ou le Silo pour les musiques du monde. Le coeur de l’activité demeure la programmation de concerts qui favorise les rencontres et permet la circulation des publics. La programmation à venir suscite l’envie d’aller y faire un tour.
JMDH
BD concert avec le Skeleton Band le 5 fév. Sortie de résidence du groupe Hum création autour des poèmes occitan de Joan Yves Roier,le 3 mars. Le Blues libanais des Wanton Bihops ,04 mars. Concert unique de The Liminanas et Pascal Comelade ,12 mars.
The Liminana & Pascal Comelade le 12 mars 2016 à Gignac. DR
L’émotion diaboliquement rock de Radulovic a soufflé sur le Corum. Photo dr
Concert. Le violoniste météor emporte l’Orchestre et le public de Montpellier.
Le violon à l’honneur au programme de l’orchestre national de Montpellier le week-end dernier ou plutôt, le violoniste, en la personne de Nemanja Radulovic. Le virtuose d’origine serbe, installé en France depuis l’âge de 14 ans, était déjà passé l’année dernière à Montpellier mais l’effet reste toujours soufflant.
Lorsqu’il débarque en tenue gothique et bottes à lacets sur la scène de l’Opéra Berlioz les membres de l’Orchestre paraissent vraiment très sages. Le contraste se marque davantage via les costumes que les générations, mais il transparaît surtout à travers la liberté d’expression musicale et l’énergie déployée. Révélé lors de Victoires de la musique classique en 2005, Radulovic s’est produit depuis avec les plus grands orchestres du monde ce qui voue à la difficulté toutes tentatives de marginalisation émanant de la culture académique.
On apprécie ou pas la cadence de l’allegro dans le concerto op. 35 de Tchaikovski ou les bourrasques de l’Est bien appuyées dans la Symphonie n° 2 de Scriabine mais le spectacle de la confrontation du soliste avec l’orchestre – qui accepte la lutte-, trompe inévitablement l’ennuie. Au final, les prédispositions de Radulovic pour le partage emportent l’ensemble qui s’envole et se transcende sous les applaudissements.
Pris dans l’ouragan, le jeune et talentueux chef Kirill Karabits joue le jeu après avoir livré une perle de finesse avec Vio-serenade pour cordes écrite par son père.
Foi, amour, espérance, Collectif La carte blanche en mars au Théâtre Jean Vilar
Politique de la ville. Frantz Delplanque, le directeur du théâtre Jean-Vilar, définit les axes de son projet culturel et artistique au cœur duquel il développe la citoyenneté à la Paillade à Montpellier.
Le théâtre Jean-Vilar change en même temps qu’il poursuit sur sa lancée toujours éclectique et ouverte aux compagnies régionales. Le passage en régie municipale directe en 2011 et la nomination de Frantz Delplanque ont marqué une transition dans la destinée du lieu, implanté à Montpellier dans le quartier de la Paillade. En ce début 2016, le directeur entreprend sa seconde saison avec détermination et lucidité. Comme si les inondations de l’automne 2014, ayant conduit à une interruption temporaire de la saison, avaient été mises à profit pour mûrir le projet. « Ce théâtre est un outil de développement culturel formidable. Nous sommes pleinement soutenus par la Ville mais nous avons les coudées franches, et gardons une entière autonomie artistique », indique le directeur.
Si l’implantation dans un quartier en difficulté a toujours été une donnée assumée par le théâtre à travers une approche volontaire de l’action culturelle notamment en direction des scolaires, l’environnement semble aujourd’hui véritablement au coeur du projet de Frantz Delplanque. Le contexte social économique et culturel hexagonal et le positionnement du maire Philippe Saurel en faveur d’une citoyenneté renouvelée balise plus que jamais la destinée d’un projet qui doit faire sens auprès des habitants du quartier.
« Je suis à la recherche d’une pertinence artistique et parallèlement, notre projet met en oeuvre une série d’actions pilotes qui consolide le lien avec le quartier. Parce que le seul fait d’être un lieu de diffusion ne suffit pas, assure Frantz Delplanque. Le théâtre mène depuis deux ans des projets participatifs favorisant une approche de la culture par les pratiques artistiques et les rencontres avec les artistes. »
Le directeur Frantz Delplanque.
Le bar rénové du théâtre propose une alternative à la grande salle de spectacle dont le taux d’occupation ne descend pas en dessous de 85%. Cette année, l’association Condamnés à réussir y programme des soirées rap. Des « boeufs?» géants entre habitants musiciens s’y déroulent autour d’un repas organisé par l’association Musiques sans frontières, Les goûteurs de texte associent, en partenariat avec La Baignoire, 10 habitants (pas nécessairement des lecteurs) lors d’un repas, au choix de 3 lectures spectacles ensuite programmées au bar.
« Quand il y a une déchirure ce n’est pas l’afflux de moyens qui permet de réparer mais une série de petits points solides aux bons endroits. Je continue à penser que l’on peut réparer, faire reculer le racisme qui n’a pas les racines qu’on lui prête », soutient Frantz Delplanque.
Au fur et à mesure de ces rendez-vous progresse la connaissance mutuelle. L’importance sociale de la culture qui passe aussi par les échanges oraux s’affirme, comme le fait que les textes peuvent être décodés à plusieurs niveaux de signification, y compris celui des implications inconscientes. Cette réflexion sur le sens aboutit à l’élaboration d’une méthode placée sous le signe de l’action culturelle, qui tient compte aussi bien de la forme que du contenu et du contexte.
Par ailleurs, le théâtre poursuit sa programmation diversifiée largement axée sur la création. « Là aussi, la prise en compte de l’environnement particulièrement rude pour les compagnies impose que le théâtre de la ville maintienne son attention aux artistes qui font de la région un territoire de production, porteur d’identité et de diversité », souligne le directeur qui leur consacre 50% de sa programmation en maintenant une exigence de qualité.
Le théâtre Jean-Vilar devient un fédérateur de talents artistiques, qui donne sens à la politique culturelle publique. Il a besoin de moyens et de temps.
JMDH
Repère
Implanté dans l’ancien domaine viticole du Mas de la Paillade, Jean-Vilar a ouvert ses portes en 1994 sous l’impulsion de Georges Frêche qui dote le quartier Mosson d’un vrai théâtre en confiant le projet à Luc Braemer. Le maire de Montpellier de l’époque donne le la?: « Je ne veux pas un théâtre vide et occupez-vous des compagnies de Montpellier.» Issu de l’éducation populaire, le directeur gardera ce cap durant vingt ans. Théâtre, cirque, chanson, danse, jeune public, l’éclectisme devient la marque de fabrique de Jean-Vilar qui laisse ses portes largement ouvertes aux artistes locaux qui composent 50% de la programmation. Après vingt ans d’existence, le théâtre affiche un taux de remplissage de plus de 80%. Le discret Luc Braemer part à le retraite serein. Mission accomplie.
Sous le double feu des réductions budgétaires et de la compétition politique le monde culturel et artistique démontre sa vivacité.
2015 fut une année riche en propositions culturelles et artistiques dans l’Hérault, avec la persistance d’un poids économique et politique qui pose plus de questions qu’il ne fournit de perspective. On s’est évertué à calmer les inquiétudes légitimes des artistes et acteurs culturels. Et on s’est souvent agité avec des spéculations fantaisistes sur l’apport culturel à l’économie ou aux stratégies politiques, mais la valeur de la culture en termes de socialisation, d’ouverture, et d’imagination demeurent largement ignorées. Ce qui n’a pas empêché les citoyens, trop souvent cantonnés dans le rôle de spectateurs, de nourrir leur appétit pour le changement et la curiosité.
Pavillon Populaire. Exposition consacrée à Aaron Siskind
Janvier. Au Pavillon populaire, Gilles Mora renoue avec sa passion pour les photographes américains, avec l’exposition Siskind, le photographe poète qui enquêtait sur la vie dans les quartiers populaires durant la grande dépression. Montpellier Danse invite la mythique Carolyn Carlson en prise avec l’inconscient et le comos. Serge Avedejian, évoque au cinéma Diagonal son dernier film le Scandale Paradjanov et la vie mouvementée de ce génial réalisateur.
Carolyn Carlson
Février. Les lodévois défendent la poésie et leur festival les Voix de la Méditerranée mais les plumes poétiques coulent sous le plomb de l’austérité. A Béziers, les irréductibles de SortieOuest résistent au coeur d’un combat politique et culturel exacerbé par les élections départementales.
Mars. A Montpellier, La Baignoire ouvre grand les portes aux auteurs dramatiques contemporains, avec Horizons du texte. Faute de soutient elle ne reconduira pas cet événement en 2016. Invité par les K-fé-Krime Sauramps, l’inquiétant auteur de roman noir américain Jake Hinkson nous explique pourquoi son héros Geoffrey kidnappe son kidnapper… «Je crois qu’il fait cela parce qu’à ce moment c’est le grand vide.» Dans le cadre de la saison hTh, le collectif de jeune acteur La carte Blanche, présente au Domaine d’O Lost in the same woods. avec un regard autocritique sur une génération qui tente de «réconforter son besoin d’être autre chose que des solitudes.» Le festival de théâtre novateur Hybrides, se voit couper les vivres par la mairie de Montpellier. Il organise sa soirée d’annulation qui donne matière à un débat sur la place des artistes dans la société. Piqué par la mouche des petits roitelets, Noël Ségura, le maire (Dvg) de Villeneuve-lès-Maguelone illustre sa détermination à faire disparaître la scène nationale jeune public qui rayonne depuis vingt-deux ans sur sa commune. Et y parvient au grand dépit de la région et de la Drac qui soutiennent le financement du projet.
Horizons du Texte. Béla Czuppon
Avril. Invité du festival de cinéma social de la CGT, le réalisateur Patrice Chagnard vient débattre de son film Les règles du jeuqui pointe les principales clés pour réussir dans le nouveau monde professionnel.
Festival Arabesques
Mai. Au Domaine d’O, Arabesques, le festival des arts arabes célèbre sa dixième année d’existence dans une clairvoyante chaleur humaine. La thématique des littératures ibériques de la Comédie du livre, offre l’occasion d’ouvrir le débat sur les drames ayant traversés l’histoire de l’Espagne et du Portugal au XXe. Douleurs d’un passé largement revisité par les auteurs contemporains portugais et espagnols. On y croise aussi de grands auteurs français, Lydie Salvayre, Jérôme Ferrari Antoine Volodine… L’édition 2015 est une réussite mais l’édition 2016 se fera sans l’association des libraires Coeurs de livres qui perd son financement municipal.
Jérôme Ferrari et Lydie Salvayre
Au Diagonal, Daniel Mermet passe présenter le premier volet du film Howard Zinn Une histoire populaire américaine, coréalisé avec Olivier Azam. A Sète, le Musée Paul-Valéry revient au source de la Figuration libre. Trois jours durant, le CDN hTh ouvre ses portes à tous vents à l’expression plurielle du sexuel. La Cie « A contre poil du sens » du chorégraphe Matthieu Hocquemiller assure la programmation du Festival Explicit. Les Amis de RKK dont l’équipe de Fiest’A Sète et de Nova, témoignent d’une perte énorme après la disparition de l’artiste attendu dans la région.
Go down Moses. Castellucci au Printemps des comédiens,
Juin. Pour sa 18e édition, le Firn convoque le monde à la grande table du noir à Frontignan sur le thème Etrange étrangers. Il édite un recueil de quatorze nouvelles noires sur ce thème en partenariat avec la Cimade. Le monde contemporain se croise pour dresser un état de la scène chorégraphique au 35e Festival Montpellier Danse. Après l’année blanche et sociale de 2014, Jean Varéla et son équipe passent brillamment la barre de la 29e édition du Printemps des Comédiens en gardant l’esprit d’un festival ouvert sur le monde