Chine. Hong Kong indignée après les révélations d’un libraire disparu

 Les gouvernements de Pékin et Hong Kong sont désormais confrontés à “une tempête de condamnations et de protestations dans toute la ville”, souligne encore le South China Morning Post, qui ajoute qu’aucun des deux n’a apporté de réponse. Pékin a banni toute couverture de ces révélations dans les médias chinois, rapporte The Guardian. Le quotidien local Global Times avait publié un éditorial critiquant Lam Wing-kee mais le lien a été rapidement supprimé vendredi 17 juin. Gabriel Hassan

Lam Wing-kee s’adresse aux médias alors que la foule se rassemble pour une manifestation à hong Kong le 18 juin. Isaac Lawrence/ AFP

Lam Wing-kee, l’un des cinq libraires “disparus” de l’ex-colonie britannique, a secoué Hong Kong en accusant les autorités chinoises de l’avoir enlevé, détenu et interrogé durant des mois. La censure chinoise veut étouffer l’affaire.

Plus d’un millier de personnes ont manifesté aujourd’hui pour protester contre les atteintes à la liberté d’expression, rapporte le journal. Le libraire, qui se trouvait lui-même en tête du cortège, a affirmé que la Chine “veut réduire progressivement la liberté du peuple hongkongais”.

Ses révélations posent “toutes sortes de questions sur la légalité du traitement qu’il a subi, les lois qu’il aurait soi-disant enfreintes, son droit à une procédure régulière, et la capacité du gouvernement hongkongais de garantir la sécurité et la protection de ses citoyens”, souligne le South China Morning Post.

  En définitive, la question se pose de savoir si cet épisode a mis à mal voire enterré le principe du ‘un pays, deux systèmes’, par lequel Pékin s’était engagé à assurer à la ville un haut degré d’autonomie, y compris judiciaire.”

 

“Tempête de condamnations”

Libéré sous caution, Lam Wing-kee a évoqué sa détention lors d’une conférence de presse à Hong Kong. “Si je ne parle pas, Hong Kong ne pourra plus rien faire. Ce n’est pas qu’une histoire personnelle”, a-t-il souligné. Il a par ailleurs assuré qu’un autre libraire, Lee Bo, lui avait confié avoir été lui aussi kidnappé à Hong Kong. Ce dernier affirme aider volontairement les autorités chinoises.

Les cinq libraires qui s’étaient volatilisés à l’automne dernier étaient tous liés à la maison d’édition “Mighty Current”, spécialisée dans les ouvrages sur la vie privée des dirigeants chinois et les intrigues politiques au sommet du pouvoir. Leur disparition avait provoqué l’effroi dans la région administrative spéciale. Trois d’entre eux avaient été arrêtés en Chine continentale et un en Thaïlande. Lee Bo était le seul à se trouver à Hong Kong.

Les gouvernements de Pékin et Hong Kong sont désormais confrontés à “une tempête de condamnations et de protestations dans toute la ville”, souligne encore le South China Morning Post, qui ajoute qu’aucun des deux n’a apporté de réponse.

Pékin a banni toute couverture de ces révélations dans les médias chinois, rapporte The Guardian. Le quotidien local Global Times avait publié un éditorial critiquant Lam Wing-kee mais le lien a été rapidement supprimé vendredi 17 juin.

Gabriel Hassan
Source Le Courrier International,18/06/2016
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L’accablant bilan des Street Medics après la manif du 14 juin

capture-d_ecc81cran-2016-06-16-acc80-09-52-54BILAN MANIFESTATION – Les bénévoles des Street Medics ont livré jeudi 16 juin un bilan accablant mais provisoire des blessés pendant la manifestation du 14 juin contre la loi Travail. Ils estiment avoir secouru au total une centaine de personnes. La Préfecture annonce de son coté 17 manifestants blessés. Un écart monstrueux qui minore les violences subies par les participants au cortège. Voici le communiqué des Street Médic à retrouver également sur leur page Facebook.

Nous sommes plusieurs dizaines de manifestantEs (étudiantEs, salariéEs, intermittentEs, précaires, grévistes ou non, Nuit Deboutistes de l’infirmerie militante de la place de la République) à avoir décidé de venir équipéEs de matériel de premiers soins en manifestation afin d’aider TOUTES les personnes victimes de la répression policière.
Face à la répression qui touche tous les mouvements sociaux, et pour citer les plus récents : les mobilisations contre l’état d’urgence et la COP21, les luttes des migrantEs de Calais et d’ailleurs, les Zad de Notre-Dame-des Landes et du Testet (souvenons-nous de la mort de Rémi Fraisse sous les grenades des Gendarmes Mobiles), et bien sûr aujourd’hui la bataille contre la « Loi Travail » et son monde.

Face aux assignations à résidence, aux interdictions de manifester, aux poursuites judiciaires, à la disparition progressive du droit de manifester. Face aux yeux crevés par les tirs de Flash-ball, aux brûlures et contusions parfois très sérieuses des grenades lacrymogènes et de désencerclement, aux os brisés par les coups de Tonfa et face aux traumatismes psychologiques que la répression génère.

Nous sommes plusieurs dizaines de manifestant-e-s à avoir décidé de venir équipé-e-s de matériel de premiers soins afin d’aider toutes les personnes victimes des violences policières durant les manifestations et les journées de mobilisations.

Le bilan des violences policières recensées ce mardi 14 juin ne prend en compte que les témoignages des street medics présentEs au débriefing post-manif’ effectué place de la République.

Bilan provisoire du mardi 14 juin. Pour commencer, nous tenons à souligner que cette manifestation était d’une ampleur exceptionnelle, tant par le nombre de manifestants présents que par la violence de la répression. Elle a été éprouvante pour touTEs les manifestantEs, medics compris. Plus de 100 medics venu-es de partout étaient présent-e-s pour l’événement.

La gazeuse à main était de sortie ce jour, beaucoup de camarades peuvent en témoigner. Nous avons pris en charge une cinquantaine de personnes brûlées au visage, parfois à bout portant. Elle a entraîné vomissements chez deux manifestants et des troubles de la conscience chez un autre.

Le trajet de la manifestation s’est fait dans un nuage plus ou moins épais mais toujours constant de gaz lacrymogènes. Les street medics ont pris en charge plus d’une centaine de crises de panique accompagnées de nombreuses détresses respiratoires réelles, des malaises dont certains avec perte de connaissance. Comme développé dans le communiqué du 10 mai, en plus des difficultés respiratoires et des pleurs/ aveuglements, nous constatons que l’utilisation intempestive des gaz provoque beaucoup d’effets à moyen terme tel que des nausées, des difficultés respiratoires, des inflammations des voies respiratoires, des maux de têtes, des inflammations du larynx et des cordes vocales, des bronchites, de l’asthme, des troubles digestifs, etc.

 

Les palets de lacrymo ont également engendré de multiples blessures chez les manifestantEs, notamment au niveau des mains, de la tête et du visage. Au moins un manifestant a été évacué après avoir reçu un palet sur le front. Nous précisons que les palets lacrymogènes font des brûlures et qu’ils ont ciblé directement des gens (dont parfois des médics)

Les tirs de Lanceurs de balles de défense (remplaçant du flashball) ont également fait des dégâts, de nombreux hématomes et plaies aux membres inférieurs et supérieurs, au moins trois personnes ont reçu des balles défense 40mm dans l’abdomen et une dans la tempe.

Mais en ce 14 juin, ce sont les grenades de désencerclement (GD) explosant au sol ou des grenades lacrymogènes à tir tendu et les coups de tonfa des multiples charges essuyées par les manifestantEs qui ont causé le plus de dégâts parmi nous.

En effet, les Grenades Désencerclantes ont causé des hématomes, des plaies, des brûlures au niveau des pieds, mollets, tibias, cuisses, fesses, parties génitales, abdomens, bras et mains, visages et têtes. En tout nous avons eu à soigner entre 90 et 100 blessures dues au G.D. et au matraquage, dont une vingtaine a du être évacuée. Nombre d’entre nous, manifestantEs contre la loi Travaille et son monde, souffraient d’acouphènes ce soir-là. Une personne a eu un doigt luxé, 3 personnes se sont retrouvées avec des éclats enfoncés dans le thorax, une personne a perdu connaissance suite à un tir tendu occasionnant une plaie au front, il a été évacué.

Un manifestant a également reçus un tir tendu de grenade lacrymogène au niveau des cervicales, entrainant une plaie importante et, le lacrymogène s’étant activé, une brûlure sur l’ensemble de la plaie et du haut du dos. La personne a été évacuée d’urgence à l’hôpital.

Les charges et matraquages intempestifs tout au long du chemin ont nécessité des soins au niveau des membres mais surtout au niveau de la tête et du visage : arcades ouvertes, plaies et hématomes du cuir chevelu, pommettes, mâchoires, lèvres, suspicion de fracture du nez, plaie ouverte sous l’œil, plaie au niveau du crâne avec arrachement au niveau du cuir chevelu… une centaine de manifestantEs ont été prisES en charge.

Toutes ces charges ont provoqué moult mouvements de foule, nous, manifestantEs, avons été victimes de chute, piétinéEs par les forces de l’ordre (suspicion de côtes fêlées), nous sommes fouléEs des chevilles, le tout toujours au milieu des gaz.

En tout, nous avons pris en charge des centaines de manifestantEs ce mardi, (pour information, la préfecture annonce un bilan de  » 17 manifestants tous en urgence relative », à quelle manifestation étaient-ils ?) et soulignons, encore une fois, la fulgurante escalade de la répression au fil des manifestations. Cette journée a été éprouvante pour nous tou-te-s, mais n’entame en rien notre détermination !

Nous ne sommes ni sauveteuses, ni sauveteurs, juste des manifestantEs qui se préfèrent debout plutôt qu’à genoux ! La solidarité est notre arme !

Des manifestantEs / street medics, présentEs à la manifestation du 14 juin 2016.
Pour prendre contact ou apporter un témoignage : street-medic@riseup.net

Source : gazettedebout.org/2016/06/16/

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Printemps des Comédiens. Séducteur impie des temps modernes

Photo Brigitte Anguerante


Bouchaud un Dom Juan diablement crédible Photo Brigitte Anguerante

A l’affiche du Printemps des Comédiens Cold Blood du  collectif Kiss & Cry et l’audacieux   Dom Juan  de Jean-François Sivadier

A l’image de cette 30e édition du Printemps des Comédiens, la soirée de jeudi oscillait entre texte du répertoire et recherche de nouvelles formes. Le festival reçoit la dernière création du collectif Kiss & Cry Cold Blood. Surprenant attelage composé de la chorégraphe Michèle Anne de Mey et du cinéaste Jaco Van Dormael.  La troupe avait subjugué le public il y a deux ans avec Kiss & Cry en associant simultanément spectacle chorégraphique, séance de cinéma et making of du film.

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Cold Blood, reprend le même principe technique consistant à déplier au fil de saynètes et de tableaux minimalistes un scénario s’appuyant sur le registre de  fables universelles. Autre surprise, pour ceux qui découvrent le procédé pour la première fois, la  dimension chorégraphique s’anime par les mains ou les doigts devenus des personnages, que l’on observe évoluer, sous les feux de la rampe. Dans Cold Blood, l’éclat visuel est une nouvelle fois au rendez-vous grâce aux qualités techniques et esthétiques des prises de vues, celles requises pour être un bon chef opérateur.

Le principe narratif appuyé joue beaucoup sur l’effet visuel. Le scénario reste assez proche de Kiss & Cry qui reposait sur la question : Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ?  Il s’agit cette fois d’appréhender la mort en sept épisodes distincts et de faire quelques pas dans un au-delà assez stéréotypé.

On songe parfois aux publicités  bien léchées pour les assureurs ou les banques. L’ensemble vise à séduire le spectateur que l’on accompagne dans ses émotions grâce aux belles images que l’on produit sous ses yeux. Passé l’effet de surprise,  la nécessité de calcul  laisse peu de place à la vie pourtant visible sur le plateau. On reste sur notre faim en terme de jeu de réciprocité et d’intensité dramatique.

De la séduction à l’angoisse

Attendu au festival en 2014, le Misanthrope de Jean-François Sivadier n’est jamais arrivé, son Dom Juan aux épisodes condensés accumule les instants passionnés et fait chavirer les coeurs. La mise en scène s’apparente à une symphonie du désordre totalement jubilatoire.

Face au mythe du désir et de la mort, les comédiens sont absolus. Le couple Bouchaud (Dom Juan), Guédon (Sganarelle) se livre entièrement dans une interprétation complice que ne renierait pas Camus qui voyait en Dom Juan, l’incarnation même de la représentation.  Où l’on saisit  que Dom Juan qui drague des spectatrices, chante Sexual Healing  de Marvin Gaye , lit des extrait de La philosophie dans le boudoir du divin marquis, est un être de rupture qui  résonne furieusement avec notre temps.

A travers ces deux spectacles la démonstration est faite qu’un spectacle novateur peut être bien moins surprenant qu’une pièce de répertoire totalement dépoussiérée.

JMDH

Source La Marseillaise 11/06/2016

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Bilan Comédie du livre 2016. Le pouvoir littéraire réaffirmé

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Le directeur artistique Régis Pénalva et son assistante Juliana Stoppa


La Comédie du livre 2016 confirme Montpellier comme un carrefour des  littératures méditerranéennes

L’heure n’est pas encore aux bilan chiffré, elle reste aux lettres. Les trois jours de la 31e Comédie du livre se sont achevés hier sur un sentiment partagé de satisfaction. Le public nombreux et diversifié aura assurément trouvé matière à épancher sa soif de curiosité dans une manifestation conçue pour ouvrir toutes les portes vers le livre sans se réduire à la coûteuse et facile recette des auteurs passe-partout. Une nouvelle fois, tous les acteurs de la chaîne du livre étaient concernés mais ici encore, les choix  consistent à inviter les meilleurs représentants de chaque  secteur, à un moment T en fonction de la thématique.

Celle de 2016, consacrée à la littérature italienne, respirait le Risorgimento. La présence rarissime des plus prestigieux écrivains italiens, venus de toutes les régions, a pu rappeler les grands moments de l’unification. Croisé au  fleuron de la littérature contemporaine convié par les éditions Verdier et Maylis de Kerangal, qui a généreusement usé de sa carte blanche, le grand rendez-vous littéraire de la Métropole s’est inscrit dans un processus d’échange commun à toutes l’Europe et plus largement , dans l’immense champs de pensée méditerranéen.

Rien pour déplaire à Phillipe Saurel, toujours sous le charme excentrique de Palerme qui devrait prochainement se concrétiser par un septième jumelage et une grande conférence des villes de la méditerranée en 2018.  Tout pour le conforter à investir dans la culture –140 M d’investissements annoncés d’ici la fin de sa mandature – en laissant a-t-il indiqué à cette occasion  « une liberté totale aux directeurs artistiques.»

Autre acteur déterminant pour le soutien de la filière, la Région  a  aussi débuté  son unification autour du livre en invitant 46 éditeurs sur le stand Languedoc-roussillon Midi Pyrénées. Elle devra prochainement signifier son soutien aux librairies indépendantes à travers les choix d’attribution du marché des livres scolaires. Comme l’avait annoncé Carole Delga au MRAC de Sérigan, le Conseil Régional a confirmé cette semaine une volonté significative en matière de politique culturelle en consacrant  à la culture 3,2% de son budget global.

Pour revenir aux lettres, et à l’ouverture d’esprit, l’Inde sera le pays invité en 2017.

JMDH

Auteur

L’écrivain romaine Franceca  Melandri livre un roman  politique  envoûtant

FM cusanusFrancesca Melandri est née à Rome, en 1964. Réalisatrice de documentaires et scénariste de nombreuses séries télévisées très populaires, elle est également romancière depuis 2011. Son premier texte, publié par Mondadori, Eva dorme (Eva dort), dresse le portrait d’une Italie à l’unité encore fragile, tout au long des 1397 kilomètres que parcourt Eva, de sa région natale, le Haut-Adige, jusqu’en Calabre. Partie retrouvée Vito, l’homme qu’aima sa mère et qu’elle connaît si peu, Eva se remémore l’histoire douloureuse de ce Tyrol du sud que Mussolini tenta d’italianiser de force, ainsi que l’admirable figure de sa mère, Gerda, et l’amour impossible d’une fille-mère pour un jeune homme riche. Avec Plus haut que la mer, la romancière romaine nous livre un grand roman politique, un récit d’une envoutante poésie. Pour cadre, une prison de très haute sécurité au moment des années de plomb, située sur une île d’une grande beauté. À la brutalité de la tempête, Francesca Melandri oppose la douceur des solitudes partagées, à la violence psychologique et physique de l’enfermement les odeurs épicées et les couleurs de la nature, en une évocation saisissante des paysages méditerranéens. Pas de péripéties extraordinaires dans Plus haut que la mer : le roman est avant tout l’histoire d’une rencontre, entre trois êtres marqués par la douleur et la violence, réfugiés au quotidien dans l’abstraction et le silence, qui trouvent là l’occasion d’exprimer un peu de leur peine et de s’en libérer. Plus haut que la mer a remporté le prix Stresa en 2012 et terminé finaliste du prix Campiello. Francesca Melandri est éditée en France chez Gallimard. 1979.

Plus haut que la mer
Luisa se rend en bateau sur l’île où est incarcéré son mari. Dans l’embarcation se trouve aussi Paolo qui vient rendre visite à son fils, condamné pour actes terroriste. Mais, après les visites au parloir, le mauvais temps les empêche de regagner la côte. Ils doivent passer la nuit sur l’île.
Plus haut que la mer, éditions   Gallimard 2015.

31 e  Comédie du  livre.  Rencontres pour le plaisir et  les idées

verdier

Programmer comme hier, quatre rencontres littéraires en parallèle avec une proposition de contenu assez soutenue, un dimanche matin à 10h, c’est prendre un certain risque. Cependant les quatre lieux de rendez-vous ont affiché un taux de fréquentation équivalent à au moins deux -tiers des jauges proposées.

(Photo du haut) : les auteurs et traducteurs de l’excellente collection italienne des éditions Verdier, Terra d’Altri qui ont notamment démontré la collaboration étroite entre les acteurs de la maison.

ESPAÑA MAYLIS DE KERANGAL

Au même moment (photo du centre) la rencontre féminine proposée par Maylis de Kerangal au Jardin des plantes a dû être déplacée, pour cause d’inondation, salle Pétrarque pleine comme un oeuf. La veille le débat entre Le magistrat anti-mafia Roberto Scarpinato et Edwy Plenel a provoqué un gros embouteillage.

milner

La littérature mais aussi la question de la crise démocratique abordée  dans une conférence de Jean-Claude Milner (photo du bas) suscitent beaucoup d’intérêt.

Significatif non ?

Source La Marseillaise 30/05/2016

Voir aussi : Actualité locale, Rubrique Livre, Comédie du livre 2016 1, Comédie du livre 2016 2Lecture, Littérature italienne, Edition, rubrique Montpellier, rubrique Italie, Rendez-vous de l’Italie littéraire,

Comédie du Livre. Claudio Magris. La littérature un voyage vers l’inconnu et le connu…

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Claudio Magris «La vérité fait une concurrence déloyale à la littérature». Photo dr

Ecrivain chercheur et voyageur né à Trieste Claudio Magris fait partie du patrimoine, bien vivant, de la littérature mondiale

A l’invitation de la Comédie du livre Claudio Magris est revenu vendredi sur son rapport à la littérature dans le cadre d’un grand entretien. La question des racines triestines de l’auteur né aux frontières orientales de l’Italie, habite son oeuvre. «Les problèmes d’identité liés à l’histoire incroyable de cette ville nous poussent à une continuelle mise-en scène. Quand on ne sait pas qui l’on est, la littérature s’impose comme le seul royaume possible...»

A 18 ans Claudio Magris quitte Trieste pour étudier à Turin l’autre  ville qui marque son parcours «Turin est le contraire de Trieste, pour la liberté de pensée. La ville est à l’origine du communisme italien, la capitale de 68, des Brigades Rouges et de la réaction contre les Brigades rouges. Turin a aussi accueilli massivement les immigrants venus du Sud de l’Italie. Je suis poursuivi par une bigamie entre Trieste pour la liberté gitane, et Turin ville de fièvre et de connaissance. Sans Trieste je ne serais pas devenu un écrivain. Sans Turin , je n’aurais pas pu écrire.»

Pour Magris le processus d’écriture ne peut se prédéfinir, il participe d’une démarche. Comme un voyage qui suit le fleuve en se détournant parfois de son lit. « C’est comme une aventure. Je suis entré dans un bois où j’avais des racines sans savoir ce que j’allais écrire et puis des sentiers se sont ouverts», rapporte-il à propos de son grand roman Danube.

Claudios  Magris exerce de longue date une activité de journaliste  pour le Corriere della Serra qu’il envisage comme une tentative de se confronter à la réalité. « Cela exige précision d’un côté et imagination de l’autre. La vérité fait une concurrence déloyale à la littérature. Je suis fasciné par la vérité. Dans mes romans je considère  que chaque personne à le même droit  à la philologie. J’ai le sentiment d’écrire à partir d’une mosaïque composé de morceaux de réalité avec lesquels je  crée de la fiction.»

JMDH

Les éditions Liana Levi : L’Italie au coeur

Liana Levi

Liana Levi

Liana Levi est une éditrice d’exception, discrète et exigeante. livre après livre, elle a offert aux lecteurs français un des plus beau catalogue de littérature contemporaine, française comme étrangère. L’itale au coeur, elle a révélé en France des auteurs transalpins importants. Autour d’elle, la célèbre romancière sarde  Milena Agus, Giorgio Scianna, très beau romancier récemment traduit en France, et l’agent littéraire Marco Vigevani, fils d’Alberto Vigevani, auteur de Un été au bord du lac. Une rencontre débat se tient à 11h30 avec Liana Levi et les écrivains Milena Agus et Giorgio Scianna et l’agent littéraire Matco Vigevani. A 11h30  Espace Rencontre Comédie.

Auteur : Milena Agus

Milena Agus

Milena Agus

Milena Agus enthousiasme le public français en 2007 avec Mal de pierres. Le succès se propage en Italie et lui confère la notoriété dans les 26 pays où elle est aujourd’hui traduite. Après Battement d’ailes, Mon voisin, Quand le requin dort, La Comtesse de Ricotta et Prends garde (janvier 2015, Piccolo 2016), Milena Agus poursuit sa route d’écrivain, singulière et libre. Mal de pierres, adapté au cinéma par Nicole Garcia avec Marion Cotillard, sortira en salle le 19 octobre 2016.

Milena Agus vient de collaborer avec l’historienne Luciana Castellina, figure de la gauche italienne à une expérience éclairante dans le livre Prends gardes. L’ ouvrage offre deux approches, l’une fictionnelle, l’autre historique d’un même fait divers.Chacune à sa manière raconte les tragiques événements des Pouilles.  En 1946, dans les Pouilles, des ouvriers agricoles se révoltent contre l’iniquité des propriétaires fonciers. Les soeurs Porro, quatre femmes aisées, à la vie monotone, sont agressées dans leur palais par la foule de paysans en colère. Deux d’entre elles, Luisa et Carolina, périssent lynchées.

Prends gardes Liana Levi 2016.

 

Goncourt 2015.  Grand entretien avec Mathias Enard

FRANCE-LITERATURE-ENARDMathias Enard  avait usé de sa carte blanche en offrant une superbe programmation en 2013. Il est de retour à la Comédie du livre cette année après avoir remporté le prix Goncourt 2015 pour son roman Boussole, une exploration sensible et érudite des liens qui rapprochent depuis des siècles Orient et Occident en une fascination réciproque.  Boussole est le dixième livre de Mathias Enard, né à Niort en 1972, diplômé de persan et d’arabe, qui a beaucoup voyagé au Liban, en Syrie et en Turquie, notamment, et dont toute l’œuvre porte la trace de sa passion pour cette partie du monde. Entré en littérature en 2003 avec La Perfection du tir (Actes Sud), où l’on se tenait au plus près d’un sniper, dans un pays ressemblant furieusement au Liban, il s’est imposé comme l’un des grands auteurs de sa génération grâce à son quatrième roman, Zone (Actes Sud, 2008), tour de force sans point, embrassant l’histoire du XXe siècle sur le bassin méditerranéen, récompensé par le prix Décembre et le prix du livre Inter.

A l’occasion de cet entretien animé par Thierry Guichard, du Matricule des Anges, le romancier reviendra sur l’ensemble de son oeuvre. A 15h30 Salle Molière.

 

Roman

Rome. Walter Siti La Contagion
waltersitiWalter Siti. Voyage dans les zones sombres de la  société italienne Professeur de littérature, romancier, essayiste et critique littéraire, Walter Siti est un spécialiste de Paolo Pasolini dont il prolonge l’héritage tout en le renouvelant dans un monde un peu plus usé. Chez Siti les coupables ne sont pas toujours les autres. On en trouve la preuve dans La contagion son dernier roman traduit en français (Verdier 2015).

A partir de l’immeuble de la rue Vermeer, l’auteur trace un portrait saisissant de la borgata quartier périphérique romain où se retrouvent les pauvres, les paumés et la faune, en gros  les victimes de la crise. La structure du roman, évoque un peu la Vie mode d’emploi de Perec pour le réalisme baroque, mais avec beaucoup  plus de noirceur, de came et de sexe. La vie de chaque foyer et les liens entre les habitants dressent une toile pasolinienne de notre siècle d’un pessimisme effrayants.

On y croise Chiara et son mari Marcello, ancien bodybuilder entre deux sexes, Francesca, handicapée militante, Bruno supporter de la Roma, Gianfranco, dealer qui veut s’élever, Eugénio ouvrier amoureux d’une prostituée…  Walter Siti observe avec délectation  ce petit laboratoire au quotidien qui révèle tout ce que la bienséance laisse dans le noir. Pour  pénétrer ce monde l’auteur semble s’être inoculer une partie du mal pour mieux en traduite son effet. La contagion morale, celle des péchés, des vices et des hérésies, est un de ses thèmes récurrents. Elle est antérieure au modèle théorisé par la médecine. Ne dit on pas que l’amour est une maladie contagieuse ?

L’oeuvre de Siti l’est aussi, parsemée d’éléments soulevant le comportement discutable de ses semblables. La cruauté provocatrice et destructrice de ses personnages, renvoie à certaines évidences. Pourquoi les gens agissent-ils de la sorte ?

« C’est qu’ils y prennent du plaisir, sinon ils ne le feraient pas » indique l’auteur qui prend également  un certain plaisir à imbriquer de manière obscène le cynisme, l’opulence, la politique, le sexe, l’affairisme, la drogue, la spéculation, la corruption, les assassinats commandités, les pots de vin et l’impuni.

Tous ces ingrédients font de La contagion un roman romain polymorphique incontournable.

JMDH

La Contagion ed Verdier 24 euros.

Source : La Marseillaise 29/05/2016

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