sortieOuest un théâtre de toile et d’étoiles reconnu et défendu

sortieOuest pose la base d’un service public de la culture.  Son équipe artistique défend un projet citoyen de transmission et de création réfléchi au regard des problématiques actuelles.

sortieOuest pose la base d’un service public de la culture. Son équipe artistique défend un projet citoyen de transmission et de création réfléchi au regard des problématiques actuelles.

Mobilisation
Artistes, personnels et collectifs de spectateurs défendent la valeur de l’offre culturelle.

Imperceptiblement les lignes bougent. L’occupation du collectif les Amis de sortieOuest qui a rassemblé 600 personnes sur le Domaine de Bessan le week-end dernier s’est clôturé par un état des lieux et une feuille de route. Le constat débattu en assemblée générale revient sur le démarrage chaotique de la saison d’hiver, dont les événements s’égrainent sur le chapelet d’une mort annoncée : pas de présentation de saison, arrivée très tardive du programme, annulation de certains spectacles, absence de perspective sur la suite de la programmation, travaux sur le site, critiques sur la gestion et réduction budgétaire annoncée, absence d’information sur le devenir du personnel, volonté de dissoudre l’association sortieOuest…

Cet ensemble de faits que n’a pas su éclaircir le conseiller départemental et président de la structure Philippe Vidal dessine une menace réelle sur le projet artistique conduit par le directeur Jean Varela qui dirige par ailleurs le festival de Théâtre Le Printemps des Comédiens.

A la décharge du maire de Cazouls-lès-Béziers  Philippe Vidal,  figure la problématique du Domaine D’O vitrine emblématique de la politique culturelle départementale qui devrait rétrocéder tout ou partie de son action dans le cadre des nouvelles compétences de la Métropole de Montpellier. Malgré de nombreuses rencontres  entre le Département et la Métropole depuis le début de l’année aucune décision n’a été prise sur le transfert de compétences alors que l’accord doit être conclu au 31 décembre 2016. C’est sur la compétence culture revendiquée avec détermination par les deux collectivités qu’achoppe les discussions. Contraint  par la loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République) qui précise qu’en cas de désaccord sur la délégation de trois compétences, la totalité des huit compétences listées dont l’action sociale les personnes âgées et la gestion des collèges seront transférées à la Métropole. La crainte d’un transfert massif s’exprime par la voie syndicale la CFDT, Sud et la FSU qui relayent l’inquiétude des agents départementaux notamment dans le secteur social.

L’étendard de la culture

 

 «Amer» est pour l’instant  le dernier spectacle programmé à sortieOuest. Écrit et mise en scène : Amine Adjina et Azyadé Bascunana en partenariat avec la Cimade et Réseau en scène   le 13 déc

«Amer» est pour l’instant le dernier spectacle programmé à sortieOuest. Écrit et mise en scène : Amine Adjina et Azyadé Bascunana en partenariat avec la Cimade et Réseau en scène le 13 déc

De l’élu local au président de la République, la question de la culture s’est fondue dans un discours valorisé et valorisant dans la patrie des Lumières. La culture, socle de l’exception nationale, est devenue dans l’Hérault l’enjeu central d’une bataille pour la gouvernance.

La stratégie menée par le président du conseil départemental, Kleber Mesquida face au maire de Montpellier, Philippe Saurel a été d’englober sortieOuest dans un projet de nouvel Epic susceptible d’agréger l’offre culturelle départementale. Kleber Mesquida est sorti de l’échiquier, pour privilégier le plateau de Go.

Ce faisant le territoire biterrois est entré dans la partie avec ses enjeux artistiques et politiques spécifiques. Les protagonistes de ce bras de fer politique semblent avoir sous-estimé l’ancrage des politiques culturelles et les horizons de sens qu’elles ont ouverts sur les territoires concernés. L’action politique doit dorénavant tenir compte d’une société civile émancipée dans laquelle les citoyens ont les moyens d’exprimer leurs intérêts, leurs opinions et de les défendre.

L’action raisonnée et graduée menée par collectif les Amis de sortieOuest commence à porter ses fruits. Le conseil départemental vient d’annoncer qu’il reconduirait le budget de sortieOuest pour 2017. Ce premier pas pour éviter que l’incendie ne se propage laisse espérer qu’il y en aura d’autre y compris de la Métropole en direction des citoyens éveillés.

Jean-Marie Dinh

En marche

Aujourd’hui à 12h le collectif Les Amis de sortieOuest rejoindra celui Des Amis du Domaine d’O, ainsi que le collectif de professionnels pour la culture dans la métropole de Montpellier. « Si aucun accord n’est trouvé entre le conseil départemental de l’Hérault et Montpellier Méditerranée Métropole le 8 décembre, date de la dernière réunion technique sur le transfert de compétences entre ces collectivités publiques, des conséquences préjudiciables pour le service public de la culture seront à déplorer. » Indique l’association des Amis de sortieOuest qui compte plus de 400 adhérents après seulement deux semaines d’existence et sa page facebook réunit plus de 1080 soutiens. D’autres secteurs sont en cours de mobilisation…

Source : La Marseillaise 03/12/2016

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ZAL. Formes littéraires non identifiées

Expérimenter la pluridisciplinarité  photo Fred Trobrillant

Expérimenter la pluridisciplinarité photo Fred Trobrillant

Littérature
La sixième Zone d’Autonomie littéraire ZAL se tient ce samedi salle Pétrarque. Quand les auteurs donnent vie à des expériences scèniques.

Balayée la tragédie de l’auteur(e) qui sort fébrile de sa tanière pour affronter ses lecteurs. Celle des plateaux littéraires traditionnels où il doit jouer à l’écrivain en répondant aux questions de l’animateur qui se prend pour un érudit.

La ZAL envisage et expérimente les nouveaux champs du littéraire à l’aune des années 90. Avec des textes qui montent sur scène, accompagnés de création sonore, vidéo, plastique, théâtrale, dans des formats courts, entre 15 et 20 minutes qui s’amorcent vite et nous saisissent par leur intensité. De quoi donner des cauchemars à Modiano.

« La ZAL concourt à une désacralisation du personnage de l’écrivain. On s’émancipe de l’image du génie solitaire et élitiste en ouvrant le champ littéraire à tous les domaines du spectacle vivant », indique Renaud Vischi,  membre fondateur de la manifestation et partie prenante de la revue montpelliéraine Squeeze.

Le projet philanthropique de cette structure d’édition s’inscrit dans une redéfinition « des critères d’appréciation, des règles d’élaboration, des goûts et du jugement qualitatif sur la création littéraire. »

L’opération, qui vise au dépoussiérage, ne jette pas pour autant le bébé avec l’eau du bain. « Le support privilégié reste le livre et les relations intimes qui s’opèrent  entre l’auteur, le texte et le lecteur. On ne défend pas une école. On se voit comme une porte d’accès pour intervenir sur l’image de la littérature qui n’est pas séparée des influences contemporaines », précise Renaud Vischi. « L’écriture et la mise en scène sont deux compétences très différentes, on ne se situe pas dans l’analyse. La ZAL reste périphérique par rapport au champ littéraire, le défi est de trouver des point d’accès variés, de proposer des moyens pour servir le travail d’un auteur sur scène

L’accent sur la poésie

La programmation 2016 s’est construite autour du texte, une implantation sélective d’éditeurs, et un bar convivial.  Une place de choix est réservée à la poésie. 25% des invités sont de la région. La manifestation rayonne de plus en plus au niveau national.  L’an dernier, le rendez a accueilli 2 000 visiteurs curieux de découvrir les travaux d’auteurs mal représentés ou restés dans l’ombre.

Ce mariage de la littérature aux arts visuels et sonores est une fête, une occasion à saisir pour interagir avec les textes et leurs auteurs.

JMDH


Entrée libre salle Pétrarque ce samedi de 14h30 à 23h.

Source : La Marseillaise 19/11/2016

Voir aussi Actualité Locale : rubrique Livre, Littérature, Poésie rubrique EditionEditions Espaces 34,   rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,

Rémi Checchetto entre poésie et théâtre

Rémi Checchetto associe ses écrits à une pluralité d’expressions.  Photo dr

Rémi Checchetto associe ses écrits à une pluralité d’expressions. Photo dr

Auteur Rémi Checchetto lira ses poèmes vendredi  à la Maison de la poésie Jean-Joubert  et évoquera ses textes dramatiques le lendemain dans le cadre de la 6ème édition de la Zone d’autonomie littéraire.

La Maison de la Poésie Jean Joubert invite vendredi le poète  Rémi Checchetto pour une lecture performance extrait de son dernier recueil Ici même paru aux éditions Tarabuste. La lecture sera donnée par l’auteur accompagné à la contrebasse par Lina Lamont. Un moment de choix, à partager entre amoureux de la poésie vivante.

La Maison de la poésie conduit sa mission de diffusion avec goût et finesse dans le choix de ses propositions. La structure associative fraîchement rebaptisée en hommage à son fondateur Jean-Joubert, poursuit son objet sur une voie résolument ouverte sur le monde, saisissant toutes les occasions d’initier des instants exquis, comme récemment avec le poète Alain Lance.  Elle offre par ailleurs un appui aux nombreux poètes qui oeuvrent au partage du rêve dans la région.

Gageons que Rémi Checchetto qui est aussi dramaturge, ne se trouvera pas en terre étrangère dans cette phase, souvent complexe, de l’adaptation du texte à la scène.  Il donne à l’occasion des lectures de son travail et collabore régulièrement avec des musiciens comme Titi Robin, Louis Sclavis, Bernard Lubat. Pour paraphraser Vitez, il a su  faire poésie du tout .

Faut-il, dans cet extrait du recueil Boomerang, paru aux éditions Potentille (2015), trouver quelques pistes éclairantes sur sa démarche ? Ma singularité ? / je suis sorti d’une mère mauvaise/ ainsi je le dis / ainsi puis-je le dire puisque c’est ainsi / mais on ne sort pas d’une mère mauvaise, elle nous rejoint toujours, c’est une vérité éprouvée / la mère mauvaise ne nous rejoint pas /la mère mauvaise ne sort pas de nous / elle n’a nul besoin de nous revenir en boomerang / elle est là / elle brise une à une les brindilles de lumière.

Photo Rémi Checchetto

Photo Rémi Checchetto

Auteur de théâtre Les écrits poétiques de Rémi Checchetto se complètent par un goût pour la photographie et une abondante activité d’auteur. La force de sa langue est totalement  mise au service du propos. Ce qui l’a sans doute conduit à associer ses écrits à une pluralité d’expressions : metteurs en scène, musiciens, danseurs, photographes ou plasticiens.

Rémi Checchetto ne semble pas vouloir compartimenter son écriture entre théâtre et poésie, mais il contribue assurément au renouvellement de l’écriture dramatique en dépassant les formes arrêtées de la représentation. « Cela n’était pas déjà des mots, mais une vision qui réclamait et proposait des mots » commente l’auteur à propos de son texte L’Homme et cetera. Bela Czuppon et Jean-Marc Bourg notamment ont mis en scène ses textes pour le théâtre.

Checchetto fait partie des auteurs que l’éditrice Sabine Chevallier défend dans la durée. C’est une des références de l’excellente collection Théâtre contemporain des Editions Espace 34 qui a publié ses cinq dernières pièces.

JMDH

Source La Marseillaise 16/11/2016

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Opéra Berlioz. Élégance d’un songe ouvert sur le monde

Photo Marc Ginot

Photo Marc Ginot

Sous la baguette magique de Michael Schonwandt, l’Orchestre de Montpellier célèbre et renouvelle Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare avec le concours du captivant  récitant William Nadylam et de la talentueuse vidéaste Juliette Deschamps.

S’il est un dramaturge célébré en musique c’est bien Shakespeare. Au XVIe siècle déjà, ses pièces faisaient la part belle à la musique, qui était partie intégrante de la représentation. Verdi composa quatre opéras inspirés du dramaturge, dont Macbeth, Otello et Falstaff. L’histoire de Roméo et Juliette inspira plusieurs compositeurs romantiques, comme Gounod qui en tira un opéra, Tchaïkovski qui composa une ouverture, ou Prokofiev.  La pièce Le Songe d’une nuit d’été, où se mêlent des elfes et des fées, a donné lieu au semi-opéra de Purcell The Fairy Queen ainsi qu’ à une ouverture que compose Mendelssohn à l’âge de dix-sept ans. œuvre étonnamment mûre, dont l’équilibre, la fraîcheur, et l’imagination ne cessent d’étonner.

Dans le cadre du 400ème anniversaire de la disparition de William Shakespeare, la carte blanche offerte au directeur musical de l’Opéra national de Bordeaux, le chef britannique Paul Daniel, se combine sur scène avec la création d’une performance vidéo de la réalisatrice française Juliette Deschamps. Il était probable que cette démarche rencontre l’esprit d’ouverture qui anime la directrice de l’Opéra Orchestre national de Montpellier, Valérie Chevalier dont les choix artistiques budgétairement contraints, promeuvent le dépoussiérage du répertoire et l’innovation qui a du sens. C’est ainsi que les Montpelliérains et les Alésiens ont pu apprécier ce week-end l’adaptation de l’œuvre de Mendelssohn en images, en conte et en musique interprétée par l’OONM sous la direction de Michael Schonwandt avec le Chœur de l’Orchestre et celui  de l’Opéra junior.

 Le potentiel ravivé de l’œuvre

Dix-sept ans après son ouverture, en 1843, alors que Mendelssohn est un musicien très en vue en Europe, il reprend sa partition de jeunesse et l’augmente de douze numéros pour deux voix de femmes, choeur et orchestre à la  demande de Frédéric-Guillaume IV de Prusse. C’est cette version du Songe qu’il a été donné d’entendre avec les passages, chantés (interprétés par la soprano Capucine Daumas et la mezzo-soprano Alice Ferrière) qui se glissent dans le texte même de la féerie de Shakespeare.

Le processus d’écriture de l’œuvre offre de multiples possibilités combinatoires parfaitement adaptées et exploitées par l’acteur William Nadylam. Dans le rôle du narrateur, il donne une pleine mesure de ses qualités acquises auprès de Peter Brook. Il en va de même du travail de Juliette Deschamps qui mixe en direct les images vidéo qu’elle a tourné en Angola, renouant avec la dimension universelle de l’œuvre et son envoûtante mise en abîme. Ces trésors de poésie, de tendresse, et de goguenardise, nous sont restitués dans une version narrative totalement contemporaine.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 08/11/2016

Voir aussi : Rubrique Musique, rubrique Théâtre, rubrique Littérature, Littérature Anglo-saxone, rubrique Montpellier,

Cinemed. Jo Sol : Idée d’un corps révolutionnaire et universel

Jo Sol évoque son film en compétition  "Vivre et autres fictions".   Photo dr

Jo Sol évoque son film en compétition « Vivre et autres fictions ». Photo dr

Vivre et autres fictions, le dernier film du réalisateur espagnol Jo Sol, interpelle le regard  que nous portons sur la vie.  Il a été sélectionné  dans la compétition long métrage et concourt pour l’Antigone d’Or 2016  

Sur les neufs films en compétition, Vivre et autres fictions, affublé du sous-titre « Celui qui a envie de vivre finit toujours par avoir des problèmes avec la vie » – parce qu’il affronte la complexité -, figure assurément parmi les plus petits budgets. Il n’a bénéficié d’aucun soutien institutionnel, d’aucune coproduction venue des télévisions. C’est un peu comme si personne ne souhaitait que ce film voit le jour. Pourtant il existe. C’est un très bon film, engagé et émouvant, repéré et sélectionné par le Cinemed.

La volonté « de représenter ce qui n’existe pas dans l’imaginaire collectif » explique en grande partie cette situation. Le film livre par exemple un très beau plan sur l’orgasme d’un tétraplégique, bien loin des clichés porno et ultra classiques du cinéma.

A la frontière entre le  documentaire et la fiction, le film s’appuie sur la relation entre Pepe un sexagénaire condamné après avoir emprunté des taxis pour gagner sa vie qui tente de se réinsérer à la sortie d’un séjour en hôpital psychiatrique, et Antonio, un activiste espagnol connu qui milite pour le droit à la sexualité des personnes en situation de handicap.  Une rencontre   riche où se confronte les générations face à un monde « normal » qui n’a aucun sens.

« Le film évoque une nécessité qui n’a rien d’étrange et que tout le monde devrait comprendre », indique le réalisateur barcelonais  Jo Sol,  qui appuie son propos sur la revendication d’Antonio d’un corps non subjectif proche du corps deleuzien où les organes sont désorganisés par les forces qui le traversent. En Espagne, le combat d’Antonio à l’égard de l’institution, porte ses fruits. L’Etat concède progressivement le financement de l’aide personnelle à domicile.

Mais ce que révèle surtout le film de Jo Sol, c’est la résistance de la population à accepter la différence. A partir d’un corps révolutionnaire, le réalisateur met le doigt sur les tabous couvés par la morale judéo-chrétienne. « L’Espagne traverse une crise culturelle sans précédent. Les institutions attendent qu’on leur propose des films convenus. C’est comme si je me retrouvais dans la situation d’un type qui aime une fille circulant nue dans la rue. »

Quand au rapport à la politique : « Les socialistes se rallient à la droite et Podémos a essayé de nettoyer le pouvoir pour intégrer l’institution mais tout le monde préfère les gens dans la rue, avec cette fragilité qui est le contraire de la faiblesse... »

JMDH

Prochaine projection au Cinemed vendredi 28 octobre à 10h.

Source : La Marseillaise 25/10/2016

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