Alep & Mossoul le même désespoir

Des civils fuyant les combats arrivent dans le quartier de Hal-Samah, à l'est de Mossoul. (Sebastian Backhaus pour le JDD)

Des civils fuyant les combats arrivent dans le quartier de Hal-Samah, à l’est de Mossoul. (Sebastian Backhaus pour le JDD)

Relire le contexte

Réunis à Londres en octobre dernier, les ministres des affaires étrangères français, britannique et allemand ont rencontré leur homologue  John Kerry au lendemain d’une réunion russo-américaine à Lausanne. Pour condamner l’escalade des bombardements à Alep au nord de la Syrie.

Au sortir de cette rencontre l’objectif était de rétablir un rapport de force avec Moscou sur la crise syrienne. « Il est vital de maintenir la pression et nous proposons de nouvelles mesures, de nouvelles sanctions contre le régime syrien et ses partisans« , avait déclaré Boris Johson le chef de la diplomatie britannique.

La « solution »  devait passer par une courageuse offensive sur Mossoul en envoyant les forces kurdes, les volontaires et les milices, l’armée et la police fédéral irakienne appuyé par les force de la mobilisation populaire  en première ligne comme naguère les vaillant tirailleurs sénégalais de l’armée coloniale . Tandis que les avions de la coalition internationale entamaient leurs frappes. Une ville de deux millions d’habitants les force de l’EI étant estimé par les militaires à 3 000 hommes dans la ville et ses alentours annonçaient un massacre nous y sommes…

L’oeil des masses médias des alliés occidentaux se tourne sur Alep en tordant souvent la réalité ( point sur la situation militaire) particulièrement dans les médias français. Après un départ en guerre en fanfare  sur le thème  » la bataille de Mossoul  » c’est maintenant silence radio ou presque sur ce conflit en Irak…  Le reportage du JDD ci-dessous donne une mesure de la situation. Tout laisse à penser que nous (les occidentaux) sommes très mal placés pour donner des leçons.

« la production des idées, des représentations et de la conscience, est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes : elle est le langage de la vie réelle » disait Marx

Ce qui compte avant tout pour ceux qui nous gouvernent, après l’émotion liée aux massacres et à la destruction, c’est que la reconstruction va nécessiter beaucoup de sacs de ciments

Irak : la bataille de Mossoul fait rage et frappe durement les civils

REPORTAGE – Après sept semaines de combats, les forces irakiennes et kurdes ont perdu plus de 3.500 hommes dans la bataille contre Daech. Les civils affrontent une situation humanitaire catastrophique. 

Une dernière fois, Hadj Amjed a voulu prendre entre ses mains puissantes le visage déjà cadavérique de son enfant. Puis l’infirmier militaire est venu et, dans une infinie douceur, a refermé les yeux de l’adolescent. Le père, drapé dans un long manteau crème, s’effondre, au pied de la civière, inconsolable. Le quinquagénaire avait pourtant cru que son fils s’en sortirait quand, à l’aube ce jeudi matin, il l’avait juché à l’avant du Humvee de l’armée irakienne. Il respirait encore quand le blindé a foncé à travers les ruelles du quartier d’Aden. Mais arrivé à l’hôpital de campagne de Gogjali, dans les faubourgs est de Mossoul, il était trop tard. Comment aurait-il pu survivre à cet obus de mortier qui l’avait déchiqueté?

Des civils enfermés dans une souricière

Un ciel gris et bas, le froid glacial du petit matin, cette boue gluante apparue avec les premières pluies de l’hiver. Sept semaines déjà que l’armée irakienne a lancé son opération pour libérer Mossoul des griffes de Daech. Sept semaines que les djihadistes défendent leur fief avec acharnement. Certes les militaires avancent, mais lentement, maison par maison. Et le mauvais temps qui s’installe n’est pas fait pour les avantager. « Nous contrôlons 22 quartiers, plus de 50 % de la rive gauche du Tigre, et nous avons éliminé au moins 1.100 terroristes, assure néanmoins le général Abou Omar Sabah, porte-parole de la CTS (Counter terrorism Service), ces troupes d’élite qui sont pour l’instant les seules à se battre à l’intérieur de la deuxième ville d’Irak. On a appris à connaître leur stratégie et eux s’épuisent. Le nombre d’attaques à la voiture suicide a d’ailleurs fortement diminué ces derniers jours. » Reste que le prix à payer est exorbitant. En novembre, 1.959 soldats seraient tombés en Irak, selon les Nations unies. Combien à Mossoul? Le commandement militaire refuse de le préciser. Mais depuis le 17 octobre, jour du lancement de l’offensive, le nombre de morts au combat a grimpé en flèche. Côté Kurde, une source officielle confirme au JDD le chiffre de 1.600 peshmergas tués, et un taux global de pertes (morts et blessés) dans les forces anti-Daech de 25 % !

Et puis, il y a les civils, enfermés dans cette souricière qu’est devenue cette cité tentaculaire, trois fois plus grande que Paris mais dont tous les axes majeurs d’approvisionnement ont été coupés. Le mois dernier, 332 civils auraient péri dans la plaine de Ninive, dont Mossoul est la capitale. Mais le vrai bilan est sans doute plus lourd. « Quand l’armée cherche à progresser, cela provoque plus de morts, note Marek Adamyk, un aide-soignant d’une ONG slovaque, qui officie dans l’hôpital de campagne. Pareil quand Daech lance des contre-­offensives ou se défend avec plus de vigueur, généralement le vendredi. » Ces jours-là, au centre de santé d’urgence, se déverse du cœur de la ville le flot de blessés. Comme ce quadragénaire hurlant de douleur au milieu du petit patio qui sert de première salle d’intervention. Son tibia est en miettes. « Un tir de sniper », se désole le capitaine Khali, médecin du CTS. À l’intérieur du petit bâtiment, un enfant gémit à son tour : Amer Mudher, 7 ans, a déjà été soigné la semaine dernière mais la plaie énorme à une jambe causée par les éclats d’un obus de mortier prend une mauvaise tournure. « Il faut faire quelque chose, implore son père. Je n’ai plus que lui. Sa mère est morte dans l’attaque. Nous avons dû l’enterrer dans le jardin. »

Pénétrer dans la ville équivaut à entrer dans le chaudron du diable. Certes, dans les premiers quartiers périphériques du nord-est, comme Al-Samah, l’un des premiers à avoir été libérés début novembre, un semblant de vie est revenu. Des vendeurs ambulants y proposent un choix restreint de légumes. Des petites filles saluent le passage de convois militaires. Quelques dindes, libérées de leur enclos, se dandinent sur le chemin cahoteux qui sert de route. Mais très vite surgit un paysage de chaos absolu. Aux abords du quartier de Nimrush, les imposantes avenues ne sont plus que des mers de gravats. Les rues plus étroites, elles, sont pour beaucoup inaccessibles, fermées par des barricades de terre surmontées de carcasses de voitures. Dans celles encore ouvertes, pourrissent des montagnes de détritus. Au milieu de ce décor crépusculaire, quelques habitants se tiennent sur le pas des maisons relativement épargnées, ils semblent perdus mais souriants. Il vaut mieux faire bon accueil aux convois militaires qui passent dans le coin même si l’armée se fait plutôt rare ici. Les forces du CTS ne sont pas assez nombreuses pour combattre sur la ligne de front et tenir les territoires conquis. Et les renforts se font attendre. Ces derniers jours, un bataillon de la 11e division est enfin arrivé de Bagdad pour sécuriser les zones libérées.

En s’enfonçant un peu plus vers le sud, même ambiance lugubre. Sur l’un des grands axes, une famille avance, traînant derrière elle des valises. Où vont-ils? Ils ne le savent pas vraiment. « Peut-être dans le quartier Tahrir, dit la mère. On nous a dit qu’il y avait des maisons vides là-bas. » Un peu plus loin, deux hommes poussent péniblement une charrette à bras. Y repose, allongé, un vieillard impotent.

Depuis une semaine, 500.000 habitants sans eau

Puis vient le quartier d’El-Bakr que l’état-major irakien assure avoir fini de nettoyer ces derniers jours. Dans l’air, flotte néanmoins une odeur de poudre qui dit que les combats n’ont pas tout à fait cessé. D’ailleurs aux tirs de mitrailleuses des soldats irakiens répondent les claquements des kalachnikovs de djihadistes postés quelques centaines de mètres plus loin. Ces combats, les rares résidents qui s’aventurent à l’extérieur, n’y prêtent même plus garde. Pas plus qu’ils ne font attention à ce cadavre putréfié qui gît à même le trottoir. C’est celui d’un combattant de l’EI, 15 ans à peine, dont la tête repose à un bon mètre du corps.

La guerre et son lot d’atrocités semblent devenues la normalité ici. Il n’est qu’à voir Allah Kamel, 31 ans, sortant de sa maison revêtu d’un sweat couleur moutarde. Le jeune homme parle d’une voix calme tandis que son frère tire avidement sur une cigarette. Il explique que quatre familles se sont réfugiées dans cette imposante demeure à la façade en faux marbre. Il y a quelques jours encore, elle était occupée par des hommes de Daech. « On n’en sort presque pas ou alors pour prendre la nourriture que l’armée nous donne. » Il concède que trouver de l’eau potable est devenu un problème. Selon l’ONU, 500.000 habitants en seraient privés depuis cette semaine. Mais pour le reste, les obus de mortier qui ont encore tué trois personnes à El-Bakr jeudi, Allah Kamel n’en fait pas grand cas.

La villa qui fait face, d’où émerge un généreux oranger, est pourtant une cible de choix. Elle été investie par un groupe des forces antiterroristes que dirige le commandant Arif, un trentenaire originaire de Najaf. Postés sur le toit-terrasse, ses hommes canardent des ennemis invisibles. « Nous avons des camarades plus loin, dans le quartier al-Zohour, explique le chef du groupe, désignant une zone d’où s’échappent des panaches de fumée grisâtre. Ici, il ne reste que quelques snipers. » Pas de quoi convaincre Allah Kamel de partir. « On vient de récupérer notre maison. Donc nous resterons là, comme l’armée le demande. »

Sous Daech, il s’enfermait dans ses toilettes pour fumer

De l’autre côté de la ville, celle encore contrôlée par Daech, la population ne fuit pas davantage. Mais a-t-elle le choix? Les civils servent désormais de boucliers humains à l’organisation djihadiste. Ahmed, sorti du quartier d’Aden, raconte : « La semaine dernière, ils ont demandé à tout le monde de sortir dans la rue alors qu’il y avait des combats. Ce n’est que le lendemain qu’ils nous ont autorisés à rentrer chez nous. » D’autres expliquent que les soldats du califat débarquent et mitraillent les rues sans raison apparente. Certaines histoires sont plus sombres encore. Comme celle de ce bébé, amené la semaine dernière à l’hôpital de campagne de Gogjali par ses parents. Enveloppé dans une couverture, le nourrisson respire difficilement. Depuis plus d’un mois, il avait de la fièvre et ses parents l’ont conduit dans un hôpital contrôlé par l’EI. Mais, parce que le prénom du garçon avait une consonance chiite explique le père, les médecins de Daech lui ont injecté un produit suspect. « Je ne sais pas ce que c’était, explique Marek, l’aide-soignant slovaque. Un truc à base d’essence peut-être… »

Ce genre de situation, Hadi Abdallah Hassan ne veut plus l’endurer. Fuyant Mossoul, ce père de famille de 48 ans, le crâne coiffé d’un keffieh, n’a pas souhaité rejoindre le lot des centaines de déplacés qui arrêtent leur course dès Gogjali et qui attendent chaque jour une hypothétique distribution d’eau et de nourriture de l’armée. Croisé à Bartella, à quelque 10 km de Mossoul, lui veut emmener sa famille dans un camp de réfugiés. Avant cela, il doit se soumettre à un interrogatoire musclé que lui soumet un jeune officier irakien à la recherche de possibles complices de l’EI. Une humiliation de plus pour ce cheikh qui, sous le joug de Daech, s’enfermait dans ses toilettes pour fumer. « Il fallait ne laisser aucune trace, raconte-t-il. Une fois fini, je jetais le mégot dans la cuvette. » Dans son quartier de Saddam, il a vécu bien pire : la mort de son frère, puis celle de quatre petits voisins juste avant son départ, tous tués par des obus de mortier. « Je ne sais pas de quel côté ça venait et je ne veux pas le savoir, soupire-t-il en montant dans son pick-up. De toute façon, les combats vont détruire la ville. Alors, je vais vendre la maison et on essaiera d’aller en Europe. En tout cas pour moi, là-bas, c’est fini. »

 

Source Le Journal du Dimanche 04/12/2016

 

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L’enclave rebelle d’Alep-Est sur le point de s’effondrer

Dans les rues d'Alep, un homme porte sur son dos un blessé, après une frappe aérienne.• Crédits : Mamun Ebu Omer / ANADOLU AGENCY

Dans les rues d’Alep, un homme porte sur son dos un blessé, après une frappe aérienne.• Crédits : Mamun Ebu Omer / ANADOLU AGENCY

Les rebelles ont perdu le tiers d’Alep-Est face aux forces du régime syrien, lesquelles espère faire rapidement tomber cette partie de la ville que fuit désormais la population en proie à la faim et au froid.

Elle se prénomme Bana. Elle a 7 ans. Et depuis plus de deux mois, rappelle le site de la chaîne américaine CNN, elle raconte via le compte Twitter de sa mère son quotidien à Alep. Dimanche matin, sous un déluge de feu et tandis que les troupes du régime de Bachar el-Assad resserraient un peu plus encore leur étau autour de la zone tenue par les rebelles, elle a posté ces mots : « L’armée est entrée, c’est peut-être sincèrement le dernier jour où nous pouvons nous parler. S’il vous plaît, s’il vous plaît, priez pour nous ». Une heure plus tard, Bana lancera encore un nouveau message, qu’elle imagine alors être le dernier : « nous sommes sous des bombardements nourris, dit-elle, nous ne pourrons pas rester en vie. Quand nous serons morts, continuez à parler pour les 200 000 personnes qui sont toujours à l’intérieur. » Plus tard, sa mère diffusera finalement une photo de sa fille, recouverte de poussière, manifestement sortie de justesse de chez elle en plein bombardement. Viendront ensuite ces derniers mots : « Ce soir, nous n’avons plus de maison. Elle a été bombardée. Et je me suis retrouvée dans les décombres. J’ai vu des morts. Et j’ai failli mourir. »

Interrogé au début du mois par THE SUNDAY TIMES sur le sort des enfants syriens, le président Bachar el-Assad avait rejeté la faute sur les « terroristes » qui, disait-il, « utilisent des civils comme boucliers humains ». Avant de préciser que lui-même « dormait bien ». Et depuis, hier, on imagine que le bourreau de Damas non seulement dort toujours aussi bien mais qu’il a même le sourire. En quelques heures, la bataille d’Alep s’est en effet accélérée. Et pour les partisans du régime syrien, c’est désormais une quasi certitude : la chute des quartiers rebelles se rapproche.

L’offensive a été menée simultanément des deux côtés de l’enclave, précise LE TEMPS, la sectionnant au nord de la vieille ville d’Alep, comme l’aurait fait une tenaille. Une fois les premiers verrous levés, les assaillants se sont répandus dans toute la partie nord de l’enclave, tombée comme un fruit mûr, à en croire la télévision d’État syrienne. Aux côtés des unités d’élite de l’armée, les alliés du président syrien Bachar el-Assad avaient pour cela regroupé des milliers de combattants chiites pro-iraniens, notamment du Hezbollah libanais, mais aussi des milices composées d’Irakiens, d’Afghans ou de factions palestiniennes établies en Syrie.

En 48 heures, les rebelles ont ainsi perdu le tiers d’Alep-Est, peut-on lire dans les colonnes du journal de Beyrouth L’ORIENT LE JOUR. Et face à la violence de ces combats, d’importants mouvements de civils ont lieu désormais à l’intérieur de la zone assiégée. Depuis samedi, on estime que près de 10 000 personnes ont fui, soit vers les quartiers kurdes, soit vers les zones gouvernementales. Sur la chaîne du Hezbollah libanais AL-MANAR, notamment, on peut voir ces habitants par dizaines (infirmes, femmes, enfants) en train de quitter certaines zones sous l’escorte de soldats, tandis que le bruit des canons rappelle la proximité des combats. Les médias d’État syriens, eux aussi, ne manquent pas de donner à voir ces habitants dirigés par des militaires tout en précisant, sans plus de détails, qu’ils sont conduits vers « des lieux sûrs ». On y voit l’accueil impeccable réservé à ces civils, une fois arrivés à Alep-Ouest. En réalité, la plupart des Aleppins désireux aujourd’hui d’échapper à l’enfer des bombardements savent qu’ils n’ont aucune garantie du régime. Et en particulier qu’ils seront, très certainement, soumis à un interrogatoire des services de renseignement militaires. Des informations, non confirmées, évoquent déjà une séparation immédiate des hommes âgés de plus de 15 ans au sein de ces groupes conduits en zone gouvernementale.

Désormais, tout le monde s’attend à ce que les forces du régime lancent une ultime offensive près de la citadelle, pour couper de nouveau la zone en deux, précise un expert au Washington Institute. Ce qui signifie qu’au terme de ces mouvements de cisaille, il ne restera plus qu’une dernière poche d’insurgés. Les hommes armés devront alors se rendre ou « accepter la réconciliation nationale », selon les termes fixés par l’État syrien. Ce qui, à lire les messages inscrits sur les tracts lancés à destinations des rebelles, a une toute autre signification, beaucoup plus radicale. Sur l’une de ces brochures, raconte ce matin THE NEW YORK TIMES, on peut lire notamment : « Ne soyez pas stupide, pensez à vous et à vos familles. Mais pensez vite, car le temps passe et il n’est pas de votre côté. Rendez-vous. Ou affrontez la mort. »

Et face à l’évolution des combats ces derniers jours, la communauté internationale, elle, ne dit mot. A l’exception hier du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, lequel a réclamé un « cessez-le feu-immédiat » à Alep, le silence de la communauté internationale est assourdissant. De sorte qu’à Alep, aujourd’hui, règne la certitude que tout espoir s’est évanoui. Personne ne viendra à l’aide des Syriens d’Alep. Et c’est, d’ailleurs, très probablement cette certitude-là qui explique pourquoi l’enclave assiégée est aujourd’hui en train de tomber comme un château de cartes, presque sans résistance. Et pourtant, note LE TEMPS, on pourra tourner l’affaire dans tous les sens, en laissant de côté les assassins directs, le régime syrien, la Russie et l’Iran, ou bien encore leurs acolytes-ennemis sunnites, pays du Golfe en tête, c’est bien l’Occident qui a laissé cette situation devenir ce qu’elle est.

Et le journal d’en conclure : il y avait le fracas des bombes. Cette angoisse intenable. Cette frayeur, qui n’a aucune sorte d’équivalent possible : celle de voir les siens emportés. D’être le prochain à assister au déblaiement des décombres, d’où l’on voit émerger un pied, puis la tête bleuie de son enfant mort. Il y a désormais l’élection d’un certain Donald Trump aux Etats-Unis et peut-être, demain, celle de François Fillon ou de Marine Le Pen en France. Il y a, maintenant, cette peur paranoïaque de l’Occident à l’égard de tout ce qui ressemble à un Musulman, inventorié comme djihadiste potentiel, fut-il en détresse au milieu de la Méditerranée ou mourant sous les bombes dans les quartiers de l’Est d’Alep.

Par Thomas CLUZEL

Source France Culture, 29/11/2016

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Essai nucléaire à Reggane : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains

Des Algériens ont été utilisés comme cobayes pendant l'essai nucléaire français en Algérie.

Des Algériens ont été utilisés comme cobayes pendant l’essai nucléaire français en Algérie.

René Vautier est mort le 4 janvier 2015. ?Résistant à 15 ans, il fut, avec pour seule arme sa caméra, engagé sa vie durant contre le colonialisme et les injustices ; emprisonné dès son premier film à 21 ans ; censuré comme nul autre réalisateur français ne le fut. Lui qui avait des liens si forts avec l’Algérie s’était fait l’écho d’un témoignage terrible. Il était surtout intervenu auprès d’amis algériens

Cela se passe au Centre saharien d’expérimentation militaire situé à Reggane, à 700 km au sud de Colomb Bechar. Les tirs sont effectués à Hamoudia, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Reggane. Le 1er avril 1960 a lieu le second essai nucléaire français, sous le nom de code “Gerboise blanche”. La bombe dégagea environ 4 kilotonnes.

Le tir a été l’occasion d’étudier la résistance des matériels militaires (avions, véhicules, parties de navires…) à une explosion nucléaire. L’armée française a mené des essais sur des rats, des lapins et des chèvres. Des exercices militaires en ambiance «post-explosion» ont été réalisés. Ils commencèrent vingt minutes après les tirs. Mais, environ 150 hommes vivants furent aussi exposés aux effets de la bombe, ligotés à des poteaux, à environ 1 km de l’épicentre.

Nous sommes en pleine guerre d’Algérie, cette guerre qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes algériennes, militaires et surtout civiles. Beaucoup de victimes meurent torturées. Pour le colonialisme français et son armée, la vie des algériens ne vaut pas cher à l’époque…

René Vautier, avait monté son film “Algérie en flammes”, tourné aux côtés des combattants algériens dans les studios de la DEFA (Deutsche Film-Aktiengesellschaft) en RDA. ?C’est là qu’il a appris que Karl Gass, réalisateur documentariste à la D.E.FA. avait recueilli le témoignage d’un légionnaire français d’origine allemande affecté à la base de Reggane. Le témoin affirmait avoir reçu, juste avant l’explosion, l’ordre de récupérer dans des prisons et des camps de concentration, 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes à proximité du point zéro . Il déclarait les avoir fait venir, les avoir remis à ses supérieurs hiérarchiques et ne les avoir jamais revus. Ce légionnaire a été affecté ailleurs en 1961.

M. Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach et M. Chennafi, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler, confirment ce témoignage (voir encadré “Ce que disent les Algériens”). En Algérie, la presse et les médias algériens, la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, des juristes, des médecins évoquent ces questions.

Le 14 février 2007, le quotidien Le Figaro cite une réponse à l’interpellation des Algériens. Elle est faite par le responsable de la communication du ministère de la Défense, Jean-François Bureau : « Il n’y a jamais eu d’exposition délibérée des populations locales ». Il s’agit, selon lui, d’une légende entretenue par la photo d’une dépouille irradiée exposée dans un musée d’Alger. « Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe », ajoute-t-il.

Mais alors, quels sont ces cadavres ? D’où venaient-ils ? Quelles étaient les causes des décès ? Où sont les documents tirant les enseignements de leur exposition à la bombe ? Et surtout, peut-on sérieusement croire qu’en pleine guerre d’Algérie, l’armée française pouvait transporter des cadavres sur des centaines de km pour des essais “éthiques” alors qu’elle torturait et tuait quotidiennement civils et combattants algériens ? Qui peut croire aussi, qu’un pouvoir qui se dote à grands frais d’une arme nouvelle, qui fera l’essentiel de ses forces, va s’abstenir d’en faire l’essai jusqu’au bout ? La logique “technique” à défaut d’être humaine, c’est de la tester “en vraie grandeur” c’est à dire sur des êtres humains vivants … Tous l’ont fait : lisez, pays par pays, l’ encadré à ce sujet.

Pourtant, il n’y a pas eu de scandale d’Etat à la hauteur de ce fait qui relève du crime contre l’humanité. Le fait que le FLN avait accepté, dans le cadre d’ »annexes secrètes », que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant quatre années supplémentaires a sans doute créé des conditions propices à ce silence officiel… En effet, ces essais se sont poursuivis dans les conditions de mise en danger des populations locales et des travailleurs algériens sur les sites contaminés, le pouvoir algérien ne souhaitait sans doute pas voir ce dossier sensible resurgir.

Derrière elle, l’armée française a laissé des poubelles nucléaires à peine ensablées, des populations victimes de multiples cancers, des nappes phréatiques radioactives. Mais elle laisse aussi le souvenir, mieux caché pour l’instant, d’une épouvantable expérimentation effectuée sur des êtres humains vivants. Merci à René Vautier pour avoir tenté, durant des années, de lever la chape de plomb sur ce crime. A présent les bouches et les archives doivent s’ouvrir.

Comme la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, exigeons l’ouverture compète des archives militaires sur les essais nucléaires dans le sud du Sahara (algérien) dans les années 1960 à 1966. Demandons aux nombreux militaires et civils français et algériens qui ont servi sur la base de Reggane et ont pu être témoins direct ou recueillir des témoignages de dire ce qu’ils savent. Que la France officielle reconnaisse aujourd’hui le crime. A défaut de pouvoir le réparer, qu’elle prenne ses responsabilités pour atténuer les conséquences de ses essais nucléaires sur les population algériennes :

La réhabilitation des sites d’essais nucléaires, conformément à la législation internationale.

La création d’une structure de santé spécialisée dans le traitement des maladies cancéreuses causées par la radioactivité. La mise en place d’un registre du cancer dans les régions d’Adrar, Tamanrasset et Béchar. La prise en charge totale des malades.

La création d’un pôle d’observation des différents sites ayant servi aux essais nucléaires comme ce fut le cas pour l’Angleterre et ses sites en Australie.Et enfin, que la mise au jour de ce crime soit une occasion de plus d’exiger de supprimer PARTOUT ces armes, qui avant même leur emploi dans un conflit, ont de pareilles conséquences.

Ce que disent les Algériens

Du côté algérien, des recherches ont été faites dans les années 2000 et résumées ainsi par l’avocate Me Fatima Ben Braham : «L’étude iconographique, de certaines de ces photos, nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. A côté de cela, nombre d’Algériens détenus dans l’ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants. Certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient, selon eux, été livrés à l’armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n’apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration.»

Après des recherches, l’avocate a retrouvé une séquence des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé, ainsi commentée : «Et voilà le résultat de la bombe atomique sur un rebelle.» ?De plus, une étude minutieuse des photos de mannequins, et particulièrement une, où plusieurs corps (5 environ) étaient exposés, indique que les mannequins auraient une forte ressemblance à des corps humains.

Elle a alors réuni un groupe de médecins et de médecins légistes à l’effet de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.)?Les résultats ont été concluants : il s’agit bien de corps humains (même le poids a été déterminé) et leur mort était certaine.?En 2005, la question a été posée aux autorités françaises qui ont d’abord répondu qu’il s’agissait uniquement de mannequins et de rien d’autre, pour tester les habillements face aux essais.

Après insistance des Algériens, les autorités françaises ont rétorqué que «s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie».

Source : Des cobayes humains ?

Lors d’un documentaire, réalisé par Saïd Eulmi et diffusé à l’ouverture du colloque, il a été rapporté que des prisonniers de guerre avaient été utilisés comme cobayes lors des essais. Des images de corps humains calcinés accrochés à des poteaux ont été montrées. « Les corps de ces martyrs (…) ont été retrouvés durcis comme du plastique», a souligné Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach. «Les conventions de Genève ont été violées. Il s’agit de crimes de guerre », a estimé Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales

Source : Metaoui Fayçal, El Watan

 

Le témoignage de M. Chennafi, « un sexagénaire, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit et préparer l’installation de la bombe nucléaire : « Après l’explosion de cette bombe, les victimes étaient parties en fumée. Même les ossements ont disparu». Plusieurs militaires et médecins Français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaia afin de « tester l’effet des radiations » sur eux. Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite.

Source : Planète non violence (webzine)

 

La LADDH pense que l’exposition directe, par la France de prisonniers dans l’expérience nucléaires constitue “une flagrante violation de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et à leur traitement.

Le FLN a accepté, dans le cadre d’ »annexes secrètes », que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires. Onze essais se sont ainsi déroulés après l’Indépendance du 5 Juillet 1962 et ce, jusqu’en février 1966.

La LADDH est porteuse d’exigences vis à vis de la France (voir article principal).? Source : Les essais nuclaires français

Radiations imposées : même les militaires n’étaient pas protégés

Si l’on compare avec ce qui a été fait en Polynésie pour la protection des populations – des blockhaus pour Tureia qui se trouve à 110 km de Mururoa et des «abris de prévoyance» sommaires pour les Gambier, Reao et Pukarua, dans le Sahara algérien, les précautions prises pour la protection des personnels militaires et des habitants des palmeraies voisines ont été très sommaires, voire inexistantes. ?Quelques documents estampillés «secret» permettent d’avoir une idée du mépris des autorités militaires à l’égard de leurs hommes. on peut constater que pour les populations sahariennes de Reggane (environ 40 km d’Hammoudia) et quelques palmeraies encore plus proches des points zéro, la protection était nulle. Aucun abri ou autre bâtiment n’a été construit pour ces populations, tout aussi bien que pour les personnels militaires de la base de Reggane Plateau ou les quelques dizaines de militaires et civils qui restaient sur la base d’Hammoudia pendant les tirs.

A Reggane au Sahara, à moins de 5 km de l’explosion, on donnait des lunettes noires aux soldats pour se protéger les yeux. Mais ils étaient en short et chemisette. Des retombées à plus 3 000 km, des conséquences sanitaires terribles.?Outre dans tout le Sahara algérien, les retombées radioactives ont été enregistrées jusqu’à plus de 3000 km du site (Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Dakar, Khartoum, etc.). 24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions, sans compter l’exposition aux radiations de toute la population de la région.

Le film « Vent de sable » de Larbi Benchiha montre clairement que si des dosimètres ont été remis à la population , puis des examens effectués pour mesurer les expositions aux radiations, c’était à des fins d’études et non pas de soins.

A Reggane où les essais ont été atmosphériques et ont couvert une vaste zone non protégée, selon les médecins l’exposition aux radiations ionisantes provoque plus 20 types de cancer (cancers du sein, de la tyroïde, du poumon, du foie, du côlon, des os, etc.). ?Les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région. Des malformations touchent aussi bien les adultes que les enfants, les nouveaux nés et les les fœtus. On constate également une baisse de fertilité des adultes. Des cas de cécité sont dus à l’observation des explosions. A Reggane le nombre de malades mentaux est très important. Des familles entières sont affectées, sans parler des lésions de la peau, des stigmates physiques et des paralysies partielles, ainsi que d’autres phénomènes sur lesquels les médecins n’arrivent pas à mettre de mots.

Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset. Au total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur en 201447, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt. « Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région », se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer.

« On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer ».

Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde

La France n’est pas la seule à utiliser des humains comme cobayes

USA?Le secrétaire d’Etat à l’Energie américain, Hazel O’Leary, a révélé que son pays a mené des expériences sur quelque 700 « cobayes humains ». C’était dans les années quarante, on administra à plus de 700 femmes enceintes, venues dans un service de soins gratuits de l’université Vanderbilt (Tennessee), des pilules radioactives exposant les foetus à des radiations trente fois supérieures à la normale. On leur faisait croire qu’il s’agissait d’un cocktail de vitamines. ..?En 1963 (là, on était pourtant édifié sur les effets de la radioactivité !), 131 détenus de prisons d’Etat de l’Oregon et de Washington se portèrent « volontaires », en échange d’un dédommagement de 200 dollars chacun, pour recevoir de fortes doses de rayons X (jusqu’à 600 röntgens) aux testicules.?Mais l’expérimentation humaine principale avait été menée lors des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 et après eux.?le Japon avait de toute façon déjà perdu la guerre et s’apprêtait à négocier, avant les bombardements nucléaires.?Les USA choisissent Hiroshima et Nagasaki pour leurs configurations différentes et y expérimentent deux bombes de types différents : plutonium pour Nagasaki ; uranium 235 pour Hiroshima . Plus de 2 00 000 victimes immédiates, sans compter celles des décennies suivantes.?Les archives américaines ont révélé que quatre des plus grandes villes japonaises avaient été retenues comme cibles potentielles et interdites de tout bombardement, afin de pouvoir attribuer à la seule bombe atomique les dégâts observables. Par ordre de « préférence», il s’agissait de Hiroshima, Niigata, Kokura et Nagasaki.?Après les bombardements les USA construisent tout un hôpital, implantent un camp de scientifiques pour examiner les survivants et mener des expériences sur eux, quelques semaines seulement après le bombardement. Mais ne soigneront personne.

URSS?En septembre 1954, l’armée soviétique exposa sciemment des civils et des militaires aux retombées d’une bombe atomique de 20 kilotonnes, explosée à 350 m au-dessus de la ville de Totskoye, dans l’Oural. outre les 45 000 soldats qui furent exposés – quand les généraux décidèrent de leur imposer des exercices militaires sur les terrains encore brûlants de radioactivité -, il y avait aussi des civils : un million de personnes environ, réparties dans un rayon de 160 km autour du site de l’expérience. En effet, Kouibichtchev (aujourd’hui Samara), alors peuplée de 800 000 habitants, se trouve à 130 km à l’ouest du site et Orenbourg, 265 000 habitants, à 160 km à l’est.?Au Kazakhstan un quart du territoire kazakh est occupé par les terrains d’essais et des usines militaires. On y a fait exploser 466 bombes atomiques : 26 au sol, 90 en altitude et 350 sous terre. Lors de l’essai, en 1953, de la première bombe à hydrogène 14 000 personnes furent exposées aux retombées. Une vaste région de ce pays est contaminée. Elle a subi une irradiation d’un niveau comparable à celui de Tchernobyl pendant quarante ans.?Source : Le scandale des cobayes humains

Chine?. Le site d’essais nucléaires chinois de Lob Nor, dans le Xinjiang, est le plus vaste du monde : 100 000 km2, dans le désert du Turkestan oriental, dont environ un cinquième a été irradié. ?Les populations locales se sont plaintes à de nombreuses reprises de maladies inhabituelles : cancers de la thyroïde ou malformations à la naissance. Les estimations du nombre de victimes vont de « quelques décès » selon les autorités, à 200 000 selon les sympathisants de la cause ouïghoure (ethnie majoritaire au Xinjiang). Des tests indépendants, conduits dans quelques villages, ont montré des taux de radioactivité très supérieurs à la limite d’alerte, et 85 000 personnes au moins vivent encore à proximité immédiate des anciennes zones d’essais. Au début des tests, ces riverains n’étaient même pas déplacés. Dans les années 70, on les faisait évacuer quelques jours avant de les faire revenir.?Source : Denis Delbecq et Abel Segretin.

Royaume Uni :?le gouvernement britannique a eu recours à des soldats australiens, anglais et néo zélandais pour les utiliser comme cobayes lors d’essais nucléaires.?Des centaines d’aborigènes ont probablement été contaminés à proximité du site d’essais de Maralinga.

Nicolas Pluet

Source : Le Matin d’Algérie 13/02/2007

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique International, rubrique Défense, rubrique Politique, Société civile, rubrique Méditerranée , Algérie,  rubrique Société, Justice,

On Line, Dossier Algérie : Les essais nucléaires français au Sahara. Annexes, Essais nucléaires en Algérie : la Laddh exige des réponses de la France, L’AVEN s’alarme des décès causés par le cancer à Tamanrasset partagé par notre ami Mèmoria, Les essais nuclaires français, Les méfaits nucléaires de la France coloniale

 

Fucking Tuesday

imagesUne sélection d’articles parus dans la presse française et anglo-saxonne pour comprendre et prolonger la réflexion.

 

LEçON POLITIQUE.

Viser l’intérêt premier de l’électeur même si tout ce que vous dites est contradictoire

No, Trump voters were not irrational 

Source The Washington Post

 

 

Trump, le châtiment

Défaite du néolibéralisme « de gauche »

Commencée il y a dix-huit mois, l’élection présidentielle s’est conclue après les dizaines de scrutins des primaires, deux conventions à grand spectacle dans des États industriellement sinistrés, des dizaines de milliers de spots de publicité politique et plusieurs milliards de dollars, par un match entre deux Américains richissimes, l’un et l’autre résidents de New York et détestés par la majorité de la population. C’est finalement le candidat républicain honni par les médias, les élites de Washington et même les caciques de « son » propre parti, qui l’a emporté. Celui qui a le moins dépensé et que tout le monde donnait perdant.

Durant cette interminable campagne, l’attention des commentateurs s’est souvent portée sur les provocations racistes et sexistes du futur président des États-Unis, ses scandales, ses excès, Mme Hillary Clinton étant présentée par contraste comme la candidate formée depuis toujours pour hériter de la Maison Blanche en même temps qu’elle briserait, raisonnablement, le « plafond de verre ». Mais rassurer l’establishment et séduire les électeurs ne sont pas des exercices toujours compatibles…

D’aucuns analysent déjà les résultats d’hier comme une preuve de la régression de l’Amérique dans le nationalisme, le « populisme », le racisme, le machisme : le vote républicain serait principalement déterminé par un rejet de l’immigration, un désir de repli, une volonté de revenir sur les conquêtes progressistes des cinquante dernières années. Or si M. Trump l’a emporté, en réalisant apparemment de meilleurs scores chez les Noirs et les Latinos que son prédécesseur Willard Mitt Romney, c’est avant tout parce que les démocrates se sont révélés incapables de conserver en 2016 l’appui des électeurs que M. Barack Obama avait su convaincre en 2008 et en 2012, en Floride ou dans les États de la « Rust Belt ».

La victoire de M. Trump, c’est donc avant tout la défaite du néolibéralisme « de gauche » incarné par Mme Clinton : son culte des diplômes et des experts, sa passion pour l’innovation et les milliardaires de la Silicon Valley, sa morgue sociale et intellectuelle. L’instrument du châtiment est redoutable. Mais la leçon sera-t-elle retenue ailleurs ?

Source Le Monde Diplomatique 09/11/2016

 

 

 

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Les électeurs blancs et riches ont donné la victoire à Donald Trump

Le résultat des élections américaines est loin d’être une simple  révolte  des Blancs les plus pauvres laissés pour compte par la mondialisation. Les sondages de sortie des urnes laissent apparaître que la victoire de Trump s’appuie aussi pour bonne part sur la classe moyenne blanche instruite et la classe aisée.

White and wealthy voters gave victory to Donald Trump, exit polls show

Source The Gardian

 

 

Le New York Times le reconnaît ce matin  : ses équipes n’ont pas pris la mesure de ce qui se passai

« Les journalistes n’ont pas remis en question les chiffres des sondages quand ceux-ci confirmaient ce que leur disait leur instinct : que Trump n’arriverait jamais, jamais, à la Maison Blanche, et de loin. Ils ont décrits les partisans de Trump qui croyaient à la victoire comme totalement déconnectés de la réalité. Mais c’étaient eux qui avaient tort. »

 

Source New York Times 10/11/2016

 

 

La démocratie après les faits (divers)

Depuis le Brexit et la campagne Trump, la presse anglo-saxonne s’interroge profondément sur le statut des faits dans les démocraties contemporaines.

La campagne pro-Brexit a été menée avec des arguments factuellement faux, aussi faux qu’environ 70 % des arguments de Trump selon les fact-checkers.

De plus en plus d’analystes avancent que nous sommes entrés, en grande partie avec les réseaux sociaux, dans une ère « post-faits », où les faits ne comptent pas, la vérité est une donnée annexe, et seuls pèsent dans la balance le spectacle et l’émotion.

Cela s’explique par, entre autres,

  • la montée de populismes centrés sur des individus charismatiques jouant sur l’émotion,
  •  le rôle des réseaux sociaux et des « chambres d’écho » ce phénomène qui fait que les filtres algorithmiques ont tendance à montrer des contenus homogènes à ceux des utilisateurs. Plusieurs voix dénoncent depuis longtemps ce filtrage algorithmique qui éclate le public en « bulles », et selon certains, menace la sphère publique démocratique telle qu’on la connaît,
  • la crise du secteur des médias, qui privilégient les titres sensationnels assurés de faire cliquer, et les contenus viraux.

C’est, selon de nombreux analystes, une des clés du succès de Trump. Il a été le spécialiste des contenus qui polarisent et qu’on adore ou qu’on déteste. Dans les deux cas, ils sont partagés sur les réseaux sociaux, par ses partisans et ses adversaires, puis repris à la télé. Tout ce cycle de viralité produit énormément d’argent, et de publicité pour Trump, qui a déboursé pour sa campagne bien moins qu’un Jeb Bush, par exemple.

Face à cela, le fact-checking est de moins en moins efficace.

source Washington Post.

Dans ce monde, les sentiments comptent plus que les faits et les chiffres valent comme indicateurs de ces sentiments (que ressentent les électeurs ?) non comme marqueurs de la vérité,  « L’époque de la politique post-faits ».

Source New York Times

 

 

Dans ce contexte, comment encore s’accorder sur des faits partagés, sur l’existence de vérités communes, sociales, économiques, environnementales ?

C’est ce que se demandait cet été la rédactrice en chef du Guardian cet été dans un long article désabusé. « Le statut de la vérité chute  », écrivait-elle.

La logique des réseaux sociaux a avalé tout le reste, dit-elle, et imposé une culture de la viralité et de l’équivalence, où tout contenu s’équivaut comme potentiellement doté d’une mesure de vérité, variable selon ses opinions.

Et le secteur qui était chargé d’informer le public est moribond :

« Nous sommes en train de vivre un bouleversement fondamental dans les values du journalisme : une transition vers le consumérisme. Au lieu de renforcer les liens sociaux, ou de créer un public informé, l’idée que l’information est un bien public et une nécessité en démocratie, il suscite des gangs, qui répandent des rumeurs qui les confortent comme des traînées de poudre,renforcent les opinions prééxistantes et s’auto-entraînent dans un univers d’opinions partagées plutôt que de faits établis. »

Source Le Guardian 12/07/2016

 

 

DANS LE MONDE

 

 

L’élection de Donald Trump va être un séisme pour le monde

Le candidat républicain a fondé sa campagne sur la promesse de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Quelles conséquences pour le reste du monde

Si le vote pour le Brexit, le 23 juin, a été un séisme pour l’Union européenne, l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, première puissance militaire, est un séisme pour le monde.

Le candidat républicain a fondé sa campagne sur la promesse de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Cette grandeur, cependant, ne s’entend pas par la projection de la puissance américaine à l’extérieur, mais plutôt sur une priorité donnée au retour du bien-être et de la prospérité des Américains chez eux. Le pays « est en ruines », dit M. Trump, il faut commencer par le reconstruire. Pour le reste du monde, cela donne un signal de repli et d’isolationnisme.

On sait, en réalité, assez peu de chose sur le programme concret de Donald Trump en politique étrangère car ses conseillers dans ce domaine sont peu connus ; l’establishment washingtonien et le petit monde des think tanks spécialisés dans les relations internationales, qui conseillent habituellement les candidats en politique étrangère, se sont tenus à distance de lui et de ses vues peu orthodoxes. Mais M. Trump a régulièrement émis quelques idées maîtresses qui donnent un canevas de ce que pourrait être sa diplomatie.

Vis-à-vis de l’Europe, Donald Trump, qui a soutenu le vote en faveur du Brexit en critiquant l’Union européenne, considère qu’il appartient aux Européens de se prendre en charge et surtout de financer leur défense, plutôt que de s’abriter sous le parapluie américain. Ainsi l’OTAN ne peut fonctionner, et les Etats-Unis venir au secours d’un allié dans l’éventualité d’une attaque, que si les Etats européens augmentent leurs budgets de défense.

Placer « les intérêts américains en premier »

Donald Trump est critique de l’interventionnisme américain à l’étranger et du cycle d’opérations militaires lancé par l’administration George W. Bush. Il est, dans ce sens, anti-néo-conservateur. Le président Obama lui-même avait promis de « ramener les troupes à la maison », mais la réalité du Moyen-Orient l’a contraint à maintenir ou à lancer un certain nombre d’opérations. M. Trump se veut plus radical, tout en souhaitant augmenter la taille de l’armée américaine : pour la coalition internationale (dont la France) actuellement engagée aux côtés des États-Unis, en particulier sur le théâtre irakien et syrien, c’est une nouvelle donne. Violemment hostile aux « djihadistes », qu’il accuse Hillary Clinton d’avoir engendrés, il a promis de les « mettre KO » – mais n’a pas précisé comment.

« Nous nous entendrons avec tous les pays qui veulent s’entendre avec nous » : dans son discours de victoire, mercredi matin, le président-élu Trump a voulu se montrer conciliant, tout en précisant qu’il placerait « les intérêts américains en premier ». Un grand point d’interrogation concerne les relations avec la Russie, qui se sont gravement détériorées depuis un an. Donald Trump a, à plusieurs reprises, chanté les louanges de Vladimir Poutine, qu’il considère comme « un meilleur leader que Barack Obama », et les services de renseignement américains ont accusé la Russie d’être derrière le piratage des comptes e-mail qui ont embarrassé le camp de Hillary Clinton pendant la campagne. Mais les deux hommes ne se connaissent pas personnellement, et le président russe s’est abstenu de souhaiter publiquement la victoire du candidat républicain. Comme Vladimir Poutine, Donald Trump est sensible aux rapports de force. Sa fascination pour l’homme à poigne de Moscou ira-t-elle jusqu’à accepter certaines de ses visées sur le voisinage de la Russie (Ukraine, Géorgie) et le Moyen-Orient, voire l’idée d’un deuxième Yalta auquel aspirerait M. Poutine ? Le candidat républicain est resté très évasif sur ces questions. Mais on peut parier qu’il s’entourera de vieux routiers de la guerre froide, qui vont retrouver quelques éléments familiers dans le paysage actuel et ne seront pas disposés à brader les intérêts américains en Europe.

Donald Trump veut dénoncer l’accord de Paris sur le réchauffement climatique : le fera-t-il ? Un autre axe de sa campagne a porté sur le rejet de la mondialisation et des accords de commerce international, accusés d’avoir détruit l’emploi aux États-Unis. L’une des grandes bénéficiaires de cette mondialisation, la Chine, est donc dans son viseur. Il veut instaurer des barrières tarifaires sur les produits chinois, il rejette l’accord de libre-échange avec l’Asie TPP (Partenariat Transpacifique) et a proposé de renégocier l’accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique conclu par Bill Clinton. Il ne s’est pas prononcé sur les tensions en mer de Chine méridionale. Sur ces très gros dossiers, cruciaux pour les Etats-Unis, il va avoir affaire à un autre homme fort, le président Xi Jinping.

Autre conséquence d’une victoire Trump : elle confortera les mouvements et leaders populistes du monde entier, de l’Europe à l’Asie. Cela aura forcément un impact sur les relations internationales.

Enfin, les institutions américaines accordent plus de latitude au président en politique étrangère qu’en politique intérieure, où les « checks and balances » servent de garde-fous. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le reste du monde. Mais on peut aussi imaginer que la réalité et le pragmatisme amèneront le président Trump à tempérer certaines de ses vues, comme cela a été le cas pour Ronald Reagan, et que les élites républicaines de politique étrangère, après leurs réticences initiales, le rejoindront une fois au pouvoir. La période de transition, au cours de laquelle il va former sa future équipe d’ici au 20 janvier, va fournir à cet égard des indications anxieusement attendues dans le monde entier.

Sylvie Kauffmann

Source Le Monde 09/11/2016

 

 

Au Proche-Orient, Donald Trump attendu sur le dossier syrien

Le républicain semble être plutôt favorable au régime de Bachar Al-Assad, tout en rejetant l’accord nucléaire iranien.

Le Proche-Orient s’est réveillé mercredi 9 novembre sous le choc de la victoire de Donald Trump. Alors qu’Hillary Clinton, forte de ses quatre années à la tête du département d’Etat, garantissait une forme de continuité diplomatique, l’inexpérience en politique étrangère du nouveau président et son penchant pour l’autoritarisme sont lourds d’incertitudes pour la région. « Les Etats-Unis ne peuvent plus se poser en champion de la morale », a tranché sur Facebook Sultan Sooud Al-Qassemi, un célèbre commentateur des Emirats arabes unis.

C’est sur le dossier syrien que le nouveau président est évidemment le plus attendu. Durant la campagne, le candidat républicain s’était signalé par des positions plutôt favorables au régime Assad, ou du moins à son allié russe, au point de contredire publiquement son colistier, Mike Pence, qui avait appelé à « l’usage de la force militaire » contre les autorités syriennes.

« Je n’aime pas Assad. Mais Assad fait la guerre à l’Etat islamique. La Russie fait la guerre à l’Etat islamique. Et l’Iran fait la guerre à l’Etat islamique », avait déclaré M. Trump, lors du second débat télévisé avec Hillary Clinton, avant de moquer l’intention de son adversaire, en cas de victoire, d’accroître le soutien de Washington à l’opposition syrienne : « Elle veut se battre pour les rebelles. Il y a seulement un problème. On ne sait même pas qui sont les rebelles. »

Mercredi matin, avant le bouclage de cette édition, Damas n’avait pas réagi au triomphe de M. Trump. Nul doute cependant que la chute d’Hillary Clinton ravit le président syrien, Bachar Al-Assad, qui voit ainsi disparaître l’une de ses bêtes noires.

  • Crainte et attentisme dans le Golfe

Dans le Golfe, une forme d’attentisme mêlée de crainte prévaut. Une vidéo du vainqueur déclarant que les Etats du Golfe ne seraient rien sans le soutien des Etats-Unis et qu’il entend les faire payer pour reconstruire la Syrie a été retweeté des milliers de fois en l’espace d’une heure.

L’inquiétude suscitée dans les palais de la péninsule par ce genre de déclarations, la rhétorique antimusulmans et l’isolationnisme revendiqué du nouveau président est cependant tempérée par un intérêt non dissimulé pour son opposition marquée à l’accord sur le nucléaire iranien conclu par Barack Obama, « l’accord le plus stupide de l’histoire », selon M. Trump.

  • Première réaction prudente en Iran

« Prévoir ce que sera sa politique étrangère au Moyen-Orient est la chose la plus difficile qui soit, affirme le journaliste saoudien Jamal Kashoggi. Il est contre l’Iran, mais il soutient Poutine en Syrie, ce qui le range du côté de l’Iran. »

La première réaction de Téhéran est prudente. « L’Iran est prêt pour tout changement », a déclaré le porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, à l’agence semi-officielle Tasnim.

Lire aussi :   En Iran, Hillary Clinton est perçue comme « la candidate la moins pire »

  • Sentiments mêlés en Israël

Israël, de son côté, accueille la victoire de Donald Trump avec des sentiments mêlés. Son entourage est connu pour être très pro-israélien, mais le candidat a charrié dans son sillage des forces suprémacistes et antisémites. Il s’est constamment opposé à l’accord sur le nucléaire iranien, mais sans expliquer ce qu’il en ferait, une fois élu. En outre, va-t-il marquer une rupture explosive en déménageant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem ? Il en a fait la promesse, à plusieurs reprises.

Mais auparavant, Donald Trump avait envoyé des signaux incohérents. En février, par exemple, il avait expliqué qu’il voulait être « une sorte de gars neutre » dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Une expression qui avait inquiété les officiels israéliens.

En mars, il avait dit qu’Israël, comme d’autres pays, « payera » pour l’aide militaire américaine, alors qu’un nouvel accord sur dix ans, d’un montant de 38 milliards de dollars, vient d’être conclu entre les deux partenaires. Depuis, il a multiplié les signaux amicaux à l’égard d’Israël. En mai, Sheldon Adelson, magnat des casinos aux Etats-Unis et soutien indéfectible de Benyamin Nétanyahou, s’était décidé à appuyer sa candidature.

Par Ghazal Golshiri (Téhéran, correspondance), Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

Source : Le Monde 09/11/2016

 

LES APPUIS

 

Le phénomène Trump s’explique aussi par l’histoire du parti républicain, indique un article du Times Literary Supplement. Il est l’aboutissement d’un long conflit entre deux tendances, qui remontent à sa formation  :

  • d’un côté les «  Yankees  », anciens aristocrates et barons industriels militants de l’abolition de l’esclavage et plutôt internationalistes,
  • et de l’autre «  les cowboys  », les nouveaux riches ayant fait fortune dans l’industrie du pétrole, l’aérospatiale et la défense, et le commerce, largement plus conservateurs.

La radicalité de Trump s’explique aussi par le changement de composition du parti démocrate. Celui-ci s’est opéré dans les années 1960. Auparavant, une partie des Démocrates du Sud ne votaient ainsi parce que c’était un Républicain, Abraham Lincoln, qui avait aboli l’esclavage. Cet électorat a basculé lorsque les Démocrates ont signé le Civil Rights Act, qui mettait fin à la ségrégation de fait dans les Etats du Sud.

« Quand la droite et la gauche étaient présents dans les deux partis, l’art du compromis était l’essence même de la politique. »

Mais une fois que tous les tenants d’une droite dure (radicaux, religieux et très largement Blancs) se sont retrouvés dans le même parti, « le fait de coopérer avec les Démocrates est devenu impensable ».

C’est cette histoire là qui a rendu possible l’émergence, puis la victoire, d’un candidat comme Trump

Source : Times Literary Supplement

 

 

Guerres culturelles et alt-right

Outre le rejet des élites (telle la ploutocratie incarnée par Clinton, comme l’écrit Slate) et de la mondialisation financière, comme l’explique La Tribune, le candidat Trump répondait aussi à de puissantes tendances culturelles chez tout une partie du peuple américain.

Sur la Vie des Idées, un autre article décrit les partisans évangélistes de Trump d’une petite ville du Midwest, Pleasant Fields. Là, le secteur industriel ne s’est pas effondré, au contraire et des emplois ont récemment été créé.

« De nombreux évangélistes soutenant Trump parmi ceux que j’ai interviewés font partie de classes sociales plutôt aisées », écrit l’auteur.

Persuadés que s’est engagée une guerre pour la sauvegarde de la civilisation chrétienne, ils votent Trump contre l’Islam et les LGBT. Pour eux, rapporte l’auteur, les musulmans sont des gens d’une autre civilisation, qui maltraitent leurs femmes et veulent partout faire régner la charia. Quant aux LGBT, ils incarnent un relativisme moral qui est la fin de l’Amérique.

« Tandis que la proportion de chrétiens évangéliques blancs dans la population américaine décroît, leur sentiment d’appartenance et leur attachement à la nation demeurent très fort.

Ils continueront ainsi de se battre pour leurs croyances et leurs valeurs en dépit du résultat de l’élection. »

 

source La vie des Idées

 

 

 

 

 

 

 

 

La pensée Trump l’extrême droite

Voici une enquête (en version abonnés) sur «  l’alt-right  », l’extrême-droite extrêmement active sur le Net (où, comme le rappelle le Monde, les partisans de Trump ont été particulièrement actifs) qui soutient Trump.

Ceux-ci partagent un rejet de ce qu’ils appellent

« le mensonge égalitaire, aussi bien comme fait que comme valeur, un goût pour l’ordre hiérarchique, ainsi qu’une grille de lecture raciale de la société. »

Dans cette mouvance, certains sont des «  néoréactionnaires  », libertariens purs et durs échappés de la Silicon Valley, autoritaristes convaincus que les libertés du peuple doivent être encadrés. D’autres – la plupart – sont des nationalistes blancs, qui «  rêvent tous de restaurer la grandeur de la civilisation occidentale, aujourd’hui engluée dans la médiocrité égalitariste, consumériste et multiculturelle  ». Ils sont obsédés par la question de l’identité blanche et militent pour limiter l’immigration et expulser tous les étrangers en situation illégale. Deux points qui figurent dans le programme de campagne de Trum

Source Mediapart

 

Pourquoi l’Amérique hait les intellos

Ce court article de la revue Books rappelle quelques-unes des raisons historiques et culturelles pour lesquelles l’anti-intellectualisme, sur lequel a tant surfé Donald Trump, est si fort aux Etats-Unis.

Crise des médias et le monde « post-faits »

Au lendemain d’une victoire que la plupart des grands médias et des instituts de sondage avaient déclarée impossible, les grands médias ont commencé à faire leur examen de conscience.

Source Books

 

 

Le président Trump pourra s’appuyer sur une majorité républicaine au Congrès

 

Les républicains conservent le pouvoir à la chambre des représentants du Congrès américain (« House of representatives« , ndlr), selon les projections électorale d’Associated Press.

Les républicains ont également remporté le Sénat et continueront ainsi de contrôler l’ensemble du Congrès des États-Unis, fournissant une majorité parlementaire sur laquelle le président élu Donald Trump pourra s’appuyer, selon plusieurs médias.

En contrôlant la Maison Blanche et le pouvoir législatif, les républicains auront la capacité de défaire les réformes du président Barack Obama et notamment sa controversée réforme de l’assurance-maladie baptisée « Obamacare« .

Majorité plus courte à la House of representatives

Bien que les républicains perdent un peu de poids, ils ont remporté suffisamment de sièges pour prolonger les six années consécutives dans la majorité de la chambre des représentants.

Le Grand Old Party a recueilli au moins 222 sièges, soit plus que le seuil de 218 requis pour contrôler la chambre basse, selon le New York Times. Les démocrates en comptabilisaient au moins 158 lors des dépouillements toujours en cours peu après minuit aux USA.

Les républicains disposaient de 247 sièges durant le mandat qui se termine. Ils devraient donc bénéficier d’une plus courte majorité. L’homme fort des républicains restera Paul Ryan qui a également été reconduit.

Le Sénat aux mains des républicains

La mainmise sur le Sénat, qui vient s’ajouter à celle de la Chambre des représentants, leur permettra par ailleurs d’avoir la haute main sur le processus de nomination des plus hauts responsables gouvernementaux et des juges de la Cour suprême.

La chambre haute du Congrès, qui était renouvelée mardi à un tiers (34 membres), avait basculé dans le camp républicain en 2014, restreignant considérablement la marge de manœuvre du président Obama.

Récemment, les sénateurs républicains ont ainsi bloqué le processus de confirmation d’un juge de la Cour suprême nommé par Barack Obama après le décès d’un de ses neuf membres.

Le nouveau rapport de forces au Sénat n’était pas encore connu dans l’immédiat. Jusqu’à présent, les républicains détenaient 54 sièges et les démocrates 46.

Source RTBF 09/11/2016

 

La bataille de Mossoul se joue aussi à Paris

bombardement-gaza-02En France aussi, ces derniers jours, la question de l’engagement militaire à l’extérieur et sur le territoire national est à nouveau posée : participation des Rafale, des forces spéciales et artilleurs français aux opérations de reconquête de Mossoul, en Irak ; hommage national, à Nice, aux victimes de l’attentat du 14 juillet ; naissance officielle d’une « Garde nationale » dans l’Hexagone, pour soutenir les forces armées ; surenchères à droite pour conjurer le risque terroriste ; retour d’un débat, à gauche, sur la légitimité d’une opération qui mettrait en danger les populations « ici et là-bas »…

La bataille lancée pour la reprise de Mossoul, deuxième ville d’Irak, présentée comme « décisive », est le fait de l’armée irakienne, appuyée par des milices kurdes, chiites, sunnites, et leurs protecteurs iraniens ou turcs. Elle a été précédée — côté coalition internationale — d’une opération au sol qui ne disait pas son nom, comprenant des milliers de soldats occidentaux.

Ainsi, par exemple, outre ses 150 instructeurs en poste à Bagdad, l’armée française déployait depuis plusieurs mois dans le secteur de Mossoul 140 éléments de ses forces spéciales, notamment auprès des combattants kurdes peshmergas, ainsi que 160 artilleurs chargés de mettre en œuvre les batteries de canons lourds Caesar.

Une telle intervention, décidée dans le secret des conseils de défense quasi hebdomadaires à l’Élysée, aurait mérité au minimum une information du Parlement, comme l’a rappelé par exemple l’ancien ministre Pierre Lellouche (du parti Les Républicains). La première déclaration officielle n’est intervenue que mercredi dernier, au Sénat, devant un hémicycle clairsemé, suivie d’un débat sans vote… et sans passion. (1).

La France avait également anticipé cette offensive sur Mossoul, en envoyant fin septembre en Méditerranée orientale — en concertation avec l’allié américain — son unique porte-avions, le Charles de Gaulle, avec son escadrille embarquée d’une vingtaine de Rafale qui ont multiplié les missions depuis le début octobre. Tout en restant très minoritaire dans la coalition, Paris a ainsi triplé les moyens de frappe de son opération Chammal au Proche-Orient, ce qui lui permettra — selon le général Vincent Desportes (francetvinfo.fr, 30 septembre) — « d’avoir un peu plus la parole au moment du règlement du conflit ».

Guerre sans images

À l’exception de ce qui reste du PCF et des organisations gauchistes, quelques rares voix s’élèvent contre l’interventionnisme militaire français. Le philosophe et essayiste Michel Onfray a relevé le défi ces dernières semaines, appelant à « faire la guerre à la guerre », pour une série de raisons exposées dans une de ses chroniques récentes sur sa nouvelle WebTV :

• Les bombardements génèrent le terrorisme, par l’enchaînement classique de répliques, vengeances, etc.

• Ils font le miel de la presse et des marchands de canon (qui possèdent, on le sait, plusieurs des médias les plus importants (2) ;

• en s’attaquant à Mossoul, puis Raqqa, en Syrie, on ne fait que déplacer le problème ;

• on fabrique des réfugiés qui débarquent sur le territoire français ou ailleurs en Europe ;

• on fait l’impasse sur les droits humains (par exemple, en coopérant et en commerçant avec l’Arabie saoudite, qui mène sa propre guerre sans principes au Yémen) ;

• on nous cache les images, les « dégâts collatéraux » (mort ou blessures de civils).

Ennemi-système

Sur ce dernier point, l’état-major fait valoir que :

• la France n’agit pas isolément, mais dans le cadre d’une coalition sous direction américaine (NDLR : dans une proportion de 5 % environ en temps normal, et de près de 20 % depuis que le porte-avions Charles de Gaulle croise en Méditerranée orientale) ;

• les sorties d’appareils français sont plus nombreuses depuis deux semaines (reconnaissance, appui aux troupes au sol, traitement de cibles programmées [assassinats ciblés], contrôle aérien, ravitaillement), mais menées selon une règle d’attribution en « time block », par jour et par secteur aérien, selon une programmation qui a peu de relation directe avec la situation du moment (3) ;

• le type de mission et d’armement varie selon les caractéristiques de la cible traitée ;

• le bilan concret d’un bombardement reste de toute façon difficile à établir, même si l’on procède toujours à des réunions d’évaluation post-frappes, et si des contacts, notamment avec des militants de certaines ONG sur le terrain (comme l’Observatoire syrien des droits de l’homme), combinés avec d’autres sources, permettent de s’en faire une idée, au moins quelques jours ou semaines plus tard ;

• l’issue d’un raid pris isolément « n’a pas de sens tactique », puisqu’il s’agit d’agir contre un ennemi-système (centres de commandement, garages, camps d’entraînement, ateliers, etc), l’objectif étant, selon le chef de la cellule de communication à l’état-major, de « déstructurer ce système ».

Règles d’engagement

Un haut-gradé de l’armée de l’air nous a par ailleurs rappelé, lors d’un point de presse récent au ministère de la défense, que les « règles d’engagement » françaises restaient très strictes, avec croisement et recroisement des sources : elles seraient « un poil plus restrictives que celles des Américains », et beaucoup plus que celles des Russes (qui ne s’interdisent pas de bombarder en zone urbaine). Cet officier assure qu’il n’a jamais eu d’écho de « bavures » d’origine française (qui auraient été signalées par une ONG ou d’autres sources) (4).

On relèvera, sur ce thème, le propos ironique récent du président russe Vladimir Poutine, accusé de « crimes contre l’humanité » pour les bombardements de ses chasseurs sur des quartiers d’Alep, en Syrie : au cours d’un conférence de presse à Goa, en Inde, le 16 octobre dernier, en marge d’un sommet sur les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), M. Poutine a dit « espérer que nos partenaires américains, et nos partenaires français aussi, agiront avec précision [dans leurs frappes sur Mossoul] et feront tout pour minimiser, ou mieux, exclure toute victime civile parmi la population civile ».

Guerre juste

Reste une vaste autre question : quelle utilité, quelle efficacité, quelle légitimité ont ces bombardements de la coalition ? Certes ils vont désormais s’amplifier, en appui aux troupes au sol, mais quid de ceux menés depuis plus de deux ans sans résultats déterminants ? Les frappes aériennes contribuent-elles à l’antiterrorisme, ou alimentent-elles au contraire le terrorisme, en raison des « dommages collatéraux » qu’elles engendrent inévitablement, du ressentiment qu’elles créent, etc. ?

Une question à laquelle s’est intéressé également Michel Onfray, décidément très porté sur le sujet, qui fait grand cas d’un livre de Howard Zinn, La Bombe, sous-titré « De l’inutilité des bombardements aériens » (réédition, récemment traduite en français, d’un ouvrage paru en 1955). L’auteur, jeune militaire, était à bord d’un des appareils de l’US Air force qui ont bombardé et détruit Royan en 1945, aux motifs d’une « guerre juste », mais sans raison militaire valable, selon lui (5). Professeur en science politique, membre de la gauche critique, auteur d’une somme sur le mouvements populaires aux États-Unis, Zinn (mort en 2010 (6)) avait également contesté dans ce livre le lancement par l’aviation américaine de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, ou la destruction de la ville de Dresde. (7)

Se référant à Jean Jaurès, regrettant l’alignement en 1990 de François Mitterrand sur George Bush père lors de la deuxième guerre d’Irak, Michel Onfray soutient que « le reniement de la tradition de la gauche pacifiste a mis les terroristes dans la rue » : la multiplication des interventions occidentales plus ou moins calamiteuses au Proche-Orient et en Afrique, sans légitimité ou utilité sinon celle de satisfaire les lobbies de l’armement ou assurer l’accès aux ressources pétrolières, a contribué, selon le philosophe, à créer un climat de ressentiment et de vengeance dans ces pays, terreau pour toutes sortes d’aventures.

Continuum défense-sécurité

Au gouvernement, on estime à l’inverse qu’il n’y a pas de connexion directe entre les frappes en Irak-Syrie et les attentats dans l’Hexagone : ce n’est pas parce qu’elle ne serait pas attaquée là-bas, entre autres par des soldats français, que l’Organisation de l’État islamique (OEI) renoncerait à frapper en France. Au contraire, le meilleur moyen de protéger la population est d’attaquer le mal à sa source, en Irak et en Syrie, comme en Libye et au Sahel.

Cependant, explique-t-on, il s’agit du « même ennemi » ici et là-bas. D’où la convergence entre la police — qui a tendance à se militariser, pour faire face à des menaces de type nouveau — et l’ armée, qui intervient de plus en plus sur le territoire national (opération Sentinelle) : une illustration du « continuum » défense-sécurité déjà pris en compte dans les deux derniers Livres blancs sur la défense.

La prochaine étape de ce processus sera vraisemblablement son extension en direction de la société civile (polices municipales, sapeurs pompiers, sécurité civile, sociétés privées de sécurité). Laquelle est déjà sur les rails, mais que ne manquera pas de mettre en œuvre, si elle arrive au pouvoir, une droite avide depuis des décennies de muscler et étendre les dispositifs de sécurité. D’ores et déjà, cette question de l’intervention des militaires dans la sécurité du territoire national aura suscité ces derniers mois un débat stratégique comme il y en a rarement eu en France, ainsi que le souligne Florent de Saint-Victor, sur le site spécialisé Mars attaque.

Vrais professionnels

C’est dans ce cadre aussi qu’il faut placer la création d’une Garde nationale, décidée le 12 octobre dernier en Conseil des ministres, « pour répondre au besoin de protection et au désir d’engagement des Français », souligne l’Élysée. Loin de constituer une armée-bis (comme elle l’est aux États-Unis, avec, dans chaque État, une garde nationale relevant du gouverneur), cette Garde nationale à la française relance et modernise les réserves des armées, de la gendarmerie et de la police, qui existent depuis toujours. Elles sont actuellement de 63 000 hommes et femmes, et devraient passer à 85 000 d’ici 2018 (40 000 pour la défense, 40 000 pour la gendarmerie, 5 000 pour la police).

Cette accélération du recrutement est donc la seule nouveauté du dispositif. Pour ce faire, des « mesures d’attractivité » ont été décidées, comme une aide de 1 000 euros à l’obtention du permis de conduire, des primes de fidélisation, un soutien aux entreprises qui « prêtent » leurs salariés pour des périodes de quelques jours à quelques semaines chaque année, etc. Le budget des réserves (qui se monte actuellement à 210 millions d’euros) a été porté à 311 millions. Un portail internet (garde-nationale.fr) a été créé.

Un secrétaire général (général d’armée ou de gendarmerie) coordonnera l’ensemble des réserves, sous ce nouveau label « Garde nationale » ; mais leur emploi sera de la compétence des chaînes de commandement des différentes forces, le ministère de la défense insistant sur le fait que les réservistes sont des vrais militaires, même s’ils sont de fait des « professionnels à temps partiel ».

L’objectif est de pouvoir déployer dans deux ans jusqu’à 9 250 réservistes chaque jour (contre 5 500 aujourd’hui), sans que soit définie, pour le moment, une éventuelle spécificité de cette Garde nationale, en terme de missions (de sécurité surtout, pour décharger Sentinelle ?), de champ d’action (le territoire national en piorité ?), de chaîne de commandement (plus autonome, avec commandement unifié ?). Pour l’heure, les plus réservés paraissent être… les réservistes actuels.

Philippe Leymarie

 

(1) La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a publié le 13 juillet dernier un rapport très complet sur les interventions extérieures de la France.

(2) Lire « Cet avion qui émerveille “Le Figaro” » et voir l’infographie « Médias français : qui possède quoi », Le Monde diplomatique, respectivement avril et juillet 2016.

(3) Sauf, bien sûr, en cas de demande d’appui feu, lorsqu’une unité au sol alliée est en difficulté.

(4) Ce qui paraît plutôt étonnant, puisque d’autres pays de la coalition, notamment les États-unis, n’y échappent pas, en dépit de l’extrême précision des tirs.

(5) Les unités de la Wehrmacht encore opérationnelles dans la région stationnaient hors de la ville ; et la capitulation paraissait inévitable. Le bombardement de Royan, en trois vagues, avait fait plus de mille morts. Le napalm y avait été utilisé pour la première fois.

(6) Lire « Howard Zinn est mort », La valise diplomatique, 28 janvier 2010.

(7) On trouvera, dans « Bombarder pour vaincre », de l’universitaire américain Robert Page ( Centre d’Etudes stratégiques aérospatiales-La Documentation française, 2011) une étude approfondie de l’exercice géopolitique de la puissance aérienne, et de la réaction des bombardés au Japon, bien sûr ; mais aussi en Corée, au Vietnam, en Allemagne ou en Irak.

Source Blog du Monde Diplomatique 22 octobre 2016

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Moyen-Orient, Irak, Syrie, Turquie, rubrique Politique  Politique de l’immigration, rubrique Méditerrranée, rubrique Géopolitique, Dans l’engrenage de la terreur. Cinq conflits entremêlés,