Andersen au-delà des contes pour enfants

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Rencontre littéraire. En amont, de la Comédie du livre consacrée aux littératures nordiques, l’association Coeur de livres poursuit ce soir son cycle de découverte des classiques avec Andersen.

L’association Coeur de livres invite à la découverte des littératures classiques nordiques. Après le Kalevala du Finlandais Elias Lönnrot, l’association des libraires  propose une nouvelle rencontre autour de l’écrivain danois le plus connu : Hans Christian Andersen. Devenu célèbre grâce à ses contes, il est l’auteur d’une oeuvre riche et variée qui ne saurait se résumer à la littérature enfantine.

Andersen (1805-1875) est issu d’un milieu modeste. Son père est un libre penseur qui s’engage dans les armées napoléoniennes et qu’il perd à l’âge de 11 ans. Sa mère une robuste paysanne qui prend en charge la responsabilité de nourrir la famille. Séduit par le théâtre à l’âge de 7 ans, il semble prédestiné à une carrière artistique, puisque dès 14 ans, il veut être danseur, comédien ou chanteur.  Hans Christian, quitte Odense, sa ville natale, pour rejoindre Copenhague en 1819. Sa silhouette pittoresque et ses déclarations grandiloquentes aux directeurs de théâtres les déconcertent. Mais ses premiers essais d’écrivain dramatique sont remarqués et lui valent la protection du directeur du Théâtre Royal.

Il parfait ses études à l’école latine de Stagelse tout en publiant anonymement des poèmes (Enfant mourant en 1827). Un premier recueil de poésie paraît en 1830 suivi de plusieurs autres ( Fantaisie et Esquisses en 1831, les 12 mois de l’année en 1932.) Bien que reléguée au second plan de son oeuvre, la poésie ne cesse de le préoccuper. Il réunit une partie de sa production sous le thème  « Poèmes anciens et nouveaux ». Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique et sont entrés dans la conscience populaire.  Andersen poursuit son travail d’écriture pour le théâtre en mêlant le réalisme historique et la féerie mais ce n’est ni avec le théâtre, ni en tant que romancier qu’il gagne la célébrité, Ses récits de voyages sont appréciés, l’auteur ramène de ses excursions européennes une moisson d’images et de descriptions qui captent l’intérêt des lecteurs.

La vraie reconnaissance lui vient entre 1832 et 1842 avec la publication de six brochures de contes pour enfants. Encouragé par le succès qu’il a toujours recherché, Andersen regrette néanmoins la mention « pour les enfants ». Il use d’un style parlé et vif, tout en gardant la saveur de la tradition populaire et évolue vers des créations plus originales. Devenu un succès de la littérature mondiale Le vilain petit canard illustre à certains égards la recherche d’Andersen sur lui-même.

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

 

Michel Forget : « Ce qui caractérise le mieux Andersen, c’est la contradiction »
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Michel Forget sera ce soir l’invité de Coeur de livres. C’est un éminent connaisseur d’Andersen auteur de traductions de récits de voyages (Voyage à pied), de roman (Peer-la-chance) et de recueils de récits, (Le bazar d’un poète). Il vient de traduire aux éditions Les belles Lettres Poèmes, premier recueil de poésie disponible en français d’Hans Christian Andersen.

Comment avez-vous croisé l’oeuvre d’Andersen ?

C’est en dispensant une formation sur la littérature de jeunesse à l’Ecole normale que je me suis penché sur son oeuvre. Je devais connaître une dizaine de contes guère plus, et j’ai découvert la diversité de sa production. En m’y intéressant je me suis rendu compte qu’il était peu traduit en français. J’ai poursuivi mes recherches sur son oeuvre en allemand et me suis pris de passion. J’ai fini par apprendre le Danois.

Andersen commence et finit son oeuvre par des poèmes, comment avez-vous opéré votre choix pour ce recueil ?

Il a écrit des poèmes tout au long de sa vie, mais surtout dans les premières années, puis à la fin de sa vie où il a cultivé la poésie lyrique en ayant trouvé sa propre voie. Pour le recueil, je me suis efforcé de restituer un échantillon des différentes facettes de son oeuvre poétique en laissant de côté les textes de circonstance.

Issue d’un milieu modeste et doté d’une grande ambition, il semble fortement animé par un souci de reconnaissance ?

C’est un aspect important de sa personnalité avec le doute. Il a été étonné par sa réussite qu’il considérait comme miraculeuse en ayant pourtant tout fait pour y parvenir. A la fin de sa carrière, alors qu’il n’avait plus rien à prouver, il était toujours tenu par l’angoisse d’un tarissement possible de sa source créative. Il y avait chez Andersen une fragilité intérieure mais il pouvait aussi se coiffer de vanité qu’il contre-balançait par son sens de l’humour.

Son oeuvre poétique se situe à la charnière entre le romantisme et une modernité bien plus matérialiste, comment cela coexiste-il chez lui ?

Ce qui caractérise le mieux Andersen c’est la contradiction. Il a peur de tout et voyage dans les pays dangereux. Il déteste la noblesse et recherche sa compagnie. Il dispose d’un physique ingrat et veux plaire aux plus belles femmes…

Que savons nous de sa vie amoureuse ?

Il a été amoureux toute sa vie et toute sa vie éconduit. Cela transparaît dans ses contes, plusieurs ont comme fil directeur, l’amour à sens unique du personnage principal.

Quelle est la nature de la relation qu’il entretient avec la religion ?

C’était un croyant sincère. Dans sa poésie la religion prend une forme interrogative.

Que ressort-il de ses récits de voyages ?

Andersen est un voyageur curieux et observateur de l’Ecosse à la Turquie. Il offre une perception de l’Europe du XIXe. Ce qui déclenche son écriture c’est ce qu’il ne peut voir. Il était à ce point romantique. Il trouvait le vraisemblable plus intéressant que le réel.

propos Recueillis par JMDH

Rencontre avec Michel Forget ce soir à 19h, salle Pétrarque

Source : La Marseillaise 20/03/13

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Printemps des poètes Vénus Khoury-Ghata : Métaphores percutantes

Sète. Vénus Khoury-Ghata dimanche au Musée Paul Valéry.

Une femme aimante et libre.

Une femme aimante et libre.

Dans le cadre du Printemps des Poètes, une grande dame de la poésie est attendue dimanche à Sète; la poétesse d’origine libanaise Vénus Khoury-Ghata répondra à l’invitation du musée Paul Valéry en collaboration avec la Maison de la poésie de Montpellier-Languedoc. Insatiable et passionnée, Vénus Khoury-Ghata a su s’imposer très naturellement dans un monde d’homme et devenir l’une des plus célèbres écrivains et poétesses françaises.

Entre France et Liban; entre Orient et Occident, de  «l’araméen caillouteux» à «l’arabe houleux» et dans un français puissant, la mémoire des êtres aimés et blessés, une mère, un frère et celle d’un époux perdu, donnent à cette voix de femme aimante et libre un échos rapidement reconnu et une profondeur universelle.

Elle a bâti au fil des ans une œuvre riche, alternant poésie et roman, couronnée par de nombreux prix : prix Apollinaire pour «Les ombres et leurs cris», prix Mallarmé pour «Un Faux pas du soleil», grandprix de Poésie de la SGDL pour l’ensemble de son œuvre, grand prix de poésie de l’Académie Française.

Lecture poétique  et musicale de dim 16 mars à 16h, dans les jardin du Musée Paul Valéry entrée libre.

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UE. Le Parlement doit voter un rapport accablant sur l’activité de la troïka

Le Parlement européen doit voter ce jeudi un rapport accablant sur l’activité de la troïka (Commission, BCE et FMI) dans les pays sous assistance financière. Entretien avec l’eurodéputé socialiste Liem Hoang-Ngoc, coauteur de la résolution.

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Qu’avez-vous retenu des visites dans les pays sous assistance financière ?

iem Hoang-Ngoc. Nous avons vu que les gouvernements et Parlements nationaux avaient le pistolet sur la tempe. Soit ils entérinaient les propositions de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), soit ils n’avaient pas accès à l’aide financière. Quant aux partenaires sociaux, ils ont certes été consultés, mais leur avis n’a jamais été pris en compte. Au Portugal, patronat et syndicats s’étaient entendus sur un salaire minimum à 500?euros. La troïka a empêché l’application de cet accord qui, selon elle, menaçait la compétitivité.

Pourquoi critiquez-vous « l’absence de légitimité démocratique de la troïka » ?

Liem Hoang-Ngoc. Il n’y a pas eu de délibération démocratique au niveau européen sur les solutions préconisées par la troïka, avant que les propositions ne redescendent dans les États. Un tel débat aurait dû inclure la seule instance européenne élue au suffrage universel, le Parlement européen. S’il avait été mis dans la boucle, jamais l’Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro – NDLR) n’aurait proposé à Chypre de taxer les petits dépôts inférieurs à 100?000?euros, pourtant garantis par une directive. Nos travaux montrent que lorsque les membres de la troïka n’étaient pas d’accord, l’Eurogroupe tranchait les décisions, dans l’opacité la plus totale, et qu’en son sein, la Commission n’a pas été garante de l’esprit communautaire.

En Grèce, le Fonds monétaire international (FMI) souhaitait une restructuration rapide (annulation partielle – NDLR) de la dette. La Banque centrale européenne (BCE) et l’Eurogroupe s’y sont opposés. En conséquence, la Grèce a dû mener une politique d’austérité sévère. Celle-ci n’a pas porté ses fruits et a conduit à une restructuration tardive de la dette grecque. La BCE a quant à elle racheté des titres grecs à dose homéopathique et a attendu septembre?2012 pour mettre sur pied son programme de rachat illimité des titres souverains en cas de spéculation. Avec une délibération démocratique européenne, ces sujets auraient été mis sur la table plus tôt.

Quelle institution prédominait au sein de la troïka ?

Liem Hoang-Ngoc. Sur le sauvetage du système bancaire irlandais, le gouvernement irlandais et le FMI étaient favorables à la mise à contribution des grands détenteurs d’obligations bancaires. Ils voulaient faire participer le secteur bancaire, ainsi que les fonds de pension – allemands en l’occurrence –, au plan de sauvetage. La BCE a une fois de plus dit «?non?» et privilégié un plan de sauvetage dont le financement pèse encore sur le contribuable. Dans cette affaire, c’est encore la BCE qui l’a emporté contre le FMI. Ses solutions ont été avalisées par l’Eurogroupe.

Pourquoi cet alignement ?

Liem Hoang-Ngoc. L’Eurogroupe est le lieu informel où sont arbitrées de la façon la plus opaque les décisions de la troïka. L’influence des États les plus importants – et donc de l’Allemagne – y prévaut.

Dans ce rapport, on trouve beaucoup de choses sur les procédures institutionnelles et moins d’analyses de fond sur les politiques menées.

Liem Hoang-Ngoc. Ce n’est pas tout à fait vrai. La tactique de mon corapporteur (le conservateur autrichien Othmar Karas) a été de se concentrer sur les aspects institutionnels car il estime que les politiques menées étaient les bonnes, et qu’il y avait essentiellement un problème de légitimité démocratique. Le déficit démocratique est un aspect sur lequel on pouvait le rejoindre. Concernant l’autre aspect du rapport, l’évaluation des politiques économiques proposées par la troïka, l’essentiel du message provient de notre camp. Mais le Parti populaire européen a essayé d’adoucir ce message, en arguant que si ces politiques n’ont pas complètement porté leurs fruits, c’est que les États ne se les sont pas pleinement appropriées. Pour notre part, nous constatons que les objectifs macroéconomiques n’ont pas été atteints?: la croissance reste atone et le taux d’endettement a partout explosé. Nous avons souligné les désaccords entre les membres de la troïka, attestant que d’autres politiques étaient possibles. Le message que j’ai voulu faire passer est que les politiques d’austérité ont échoué. Le débat démocratique doit par conséquent être ouvert pour mettre en évidence l’existence de politiques alternatives.

Entretien réalisé par Gaël De Santis

Source L’Humanité 12/03/2014

Voir aussi : Rubrique UE, rubrique Politique, Politique Economique, rubrique Finance, On Line L’austérité en examen au Parlement , La charge des syndicats européens contre la troïka

Les Européens en pleines négociations sur l’union bancaire

 De gauche à droite, le président de la Banque centrale, Mario Draghi, le ministre de l'économie et des finances français, Pierre Moscovici, et le commissaire européen aux affaires monétaires, Olli Rehn, lundi à Bruxelles. De gauche à droite, le président de la Banque centrale, Mario Draghi, le ministre de l'économie et des finances français, Pierre Moscovici, et le commissaire européen aux affaires monétaires, Olli Rehn, Photo Reuters François Lenoir

Les ministres européens des finances ont peu progressé à l’issue d’une première journée de discussions, lundi 10 mars à Bruxelles, pour tenter de trouver un accord définitif sur l’union bancaire avant les élections européennes de mai. Mardi, les ministres des 28 poursuivront leurs discussions mais une réunion supplémentaire pourrait être nécessaire la semaine prochaine pour boucler le dossier.

Si tel est le cas, « ce ne serait pas dramatique, nous avons encore une semaine pour parvenir à un accord », a estimé le ministre français Pierre Moscovici, tout en rappelant la nécessité d’aboutir avant le prochain sommet européen les 20-21 mars à Bruxelles. « Si nous parvenons à réduire cette semaine considérablement la liste de sujets ouverts (…), nous avons la possibilité de tenir le calendrier qu’avaient fixé les chefs d’Etat et de gouvernement et que les citoyens européens ont le droit d’attendre de nous », a renchéri Michel Barnier, le commissaire européen en charge des services financiers.

Lire le décryptage : L’ambitieuse réforme des grandes banques européennes de Michel Barnier

Un accord sur l’union bancaire doit être trouvé pendant la mandature du Parlement européen, dont la dernière session plénière a lieu en avril. Mais les positions du Parlement et de certains Etats, notamment l’Allemagne, restent très éloignées. Une réunion du Parlement et du Conseil, qui représente les Etats, est prévue mercredi sur ce sujet.

Lire : L’adoption du projet d’union bancaire menacée par les différends entre les Etats et le Parlement européens

MODALITÉS DU FONDS DE RÉSOLUTION DES CRISES

Lundi, les discussions ont donc porté sur le second pilier de l’union bancaire : le mécanisme unique pour l’ensemble de la zone euro, dit « de résolution », qui permettra de procéder à la mise en faillite ordonnée des banques en difficultés. Le premier pilier, qui entrera en vigueur à la fin de l’année, consiste en un mécanisme unique de supervision du secteur bancaire de la zone euro, confié à la Banque centrale européenne. L’ensemble de cette architecture vise à faire en sorte qu’à l’avenir, les contribuables ne soient plus obligés de payer pour sortir le secteur bancaire d’une possible nouvelle crise.

Lire le récit : Si l’union bancaire m’était contée

Les ministres des finances et des représentants du Parlement européen ont notamment discuté lundi soir du fonds qui accompagnera le mécanisme de résolution et sera abondé par les banques. Il doit reposer sur un accord intergouvernemental entre pays participants. « Nous avons fait des progrès mais je ne peux entrer dans les détails », a indiqué le ministre néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, par ailleurs patron de la zone euro.

« CERTAINES POSITIONS BOUGENT PEU »

Mardi, les ministres des Vingt-huit poursuivront leurs discussions, notamment sur le rythme auquel ce fonds devra être abondé : les Etats prévoyaient jusqu’ici une période de dix ans, jugée trop longue par le Parlement. « Sur le rythme de mutualisation du fonds, l’option qui a été préférée est celle de huit ans mais il n’y pas d’accord » à ce stade, a précisé M. Moscovici lors d’une conférence de presse. Les ministres devront aussi discuter de la possibilité que le fonds puisse emprunter et des modalités de prise de décision en cas de « résolution ».

S’ils parviennent à s’entendre mardi, la présidence grecque de l’UE tentera ensuite de finaliser mercredi un accord politique avec le Parlement européen, ouvrant la voie à une adoption formelle du texte lors de la session d’avril à Strasbourg. Mais ce scénario semble désormais « un chouïa prématuré », selon M. Moscovici, concédant que « certaines positions bougent peu ».

Fin février, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait exclu la possibilité qu’un accord sur les règles de résolution bancaire puisse être trouvé dans l’immédiat. « Nous trouverons [une solution] dès que cela sera nécessaire, pas avant », avait-il affirmé.

Source : Le Monde AFP 11/03/2014

Ramon Fernandez : « L’union bancaire est une nécessité absolue »

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Quatre questions à Ramon Fernandez, directeur général du Trésor

Décideurs. Quelles sont les failles que la crise a révélées dans la régulation financière ?
Ramon Fernandez. Un certain nombre d’entités passaient sous le radar de la supervision. Les fonds propres des banques et des compagnies d’assurance étaient parfois de qualité discutable. Les risques de liquidités étaient insuffisamment pris en compte par les régulateurs. La transparence sur les marchés était trop limitée. Enfin, les incitations étaient parfois inadéquates et insuffisamment tournées vers le long terme. Une série de réformes a été menée à bien afin de réguler l’ensemble des acteurs mais aussi de protéger les contribuables.

Décideurs. Quelles sont les grandes réformes mises en place dans le secteur bancaire ?
R. F. Renforcer la résilience des banques et leur capacité à faire face aux crises s’est imposé comme une nécessité. Des mesures fortes ont été prises. S’agissant des vingt-neuf banques identifiées au niveau mondial par le Conseil de stabilité financière – dont quatre françaises– on estime que l’effort aura permis d’augmenter de deux cents milliards d’euros leurs fonds propres.

Le second volet des réformes concerne la mise en place de régimes de résolution qui permettent de gérer les crises bancaires de manière mieux ordonnée. Dans quelques années, on en verra la déclinaison en Europe puis en France, notamment sur la définition d’une capacité d’absorption des pertes qui est un des sujets discutés aujourd’hui au niveau international.

Enfin, l’adoption fin 2013, en Europe, de la directive BRRD portant sur le sauvetage des banques fixe les règles de bail-in applicable en cas de mise en résolution d’une banque. Ces évolutions ne se sont pas encore traduites de manière perceptible dans le coût de financement des banques mais l’entrée en vigueur de ces textes en 2016 devrait sensiblement changer la donne.

Décideurs. Pourquoi l’union bancaire est-elle indispensable ?
R. F. L’idée de l’union bancaire est née de la nécessité absolue de casser la boucle entre le risque bancaire et le risque souverain. Les gouvernements de la zone euro se sont dit qu’il fallait pour cela pouvoir soutenir les secteurs bancaires par des interventions directes dans le capital des banques sans passer par les États. L’idée était de permettre au Fonds européen de recapitaliser directement les banques. Mais pour avaliser ce process, il fallait mettre en place un dispositif de supervision centralisé en Europe qui justifierait qu’en cas d’échec le contribuable européen soit appelé à recapitaliser directement des banques. Nous avons donc construit ce superviseur unique.

Décideurs. Quand le superviseur unique sera-t-il opérationnel ?
R. F. Théoriquement en novembre prochain. Avant cela, il y aura un exercice d’évaluation des actifs bancaires et un stress-test très ambitieux. Cet exercice permettra de définitivement faire la transparence sur les bilans bancaires en Europe. Nous avons pour mission de terminer la mise en place d’un mécanisme de résolution unique avec un fonds dédié qui sera le pendant de ce dispositif de supervision. Les discussions sont en cours avec le Parlement européen. D’ici le mois d’avril, nous espérons parvenir à un accord définitif qui mettra en place le mécanisme de résolution unique.

En moins de deux ans, les Européens auront donc mis en place un dispositif centralisé de supervision et de résolution de l’ensemble des banques européennes. C’est une réforme d’une ampleur considérable comparable aux premiers pas de la construction de l’Union européenne dans les années 50 avec la mise en place de la Communauté énergétique du charbon et de l’acier.

Source : Décideurs stratégie finance droit 10/03/2014

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Festival Montpellier danse. Un panorama coloré de la danse mondiale

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Alonzo Kink « Concerto for two violins. Photo Dr

Montpellier Danse. Cette année, la 34e édition se tiendra du 22 juin au 9 juillet. Le festival suit l’instinct spatial des artistes et s’adapte aux désirs et aux bourses du public.

Trente quatre éditions, l’âge de la maturité dans le rétro, le festival Montpellier Danse s’étire comme un beau muscle, un long fil qui suit et révèle l’histoire de la danse contemporaine en France et dans le monde. A l’heure où le maintien d’un festival dans le temps devient un sport de compétition, où les rivalités pour une tête d’affiche s’exacerbent dans une ronde suicidaire, l’institution Montpellier Danse respire d’un souffle paisible.

« Notre budget n’est pas réduit, se félicite Jean-Paul Montanari, ce qui est préoccupant c’est le recul des dotations d’Etat aux collectivités territoriales qui vient d’être annoncé. Dans un tel contexte nous comprendrions que celles-ci ne puissent abonder en notre faveur, et nous savons que cela sera à contre-coeur. » Le directeur sait depuis longtemps que la voix de la sagesse politique est toujours la plus favorable.

Etat du lieu

L’édition 2014 s’exonère de thématique et d’artiste associé. Comme s’il suffisait d’un simple instant pour cueillir dans son jardin les quelques fleurs les plus épanouies. A l’instar de l’ikebana, la composition d’une programmation de Montpellier Danse est devenue un art traditionnel.

Cela permet de se consacrer à d’autres choses, comme les tarifs, ou les lieux, aspects qui peuvent paraître anecdotiques mais ne le sont pas. On apprend ainsi qu’hormis les nombreux spectacles gratuits, les places les plus chères – à 35 euros pour le Corum -, ne représentent que 10% des ventes, que le prix moyen est de 20 euros et que 40% des billets achetés pour le Corum sont à 12 euros ou moins.

« La cohérence de cette édition ne s’est pas construite autour d’une problématique mais d’un lieu : l’Agora, cité internationale de la danse », souligne J.-P. Montanari. Le festival suit ainsi l’instinct des artistes comme Raidmund Hogde, ou Emmanuel Gat qui s’inspirent des lieux pour créer. Ce dernier revient cette année dans la Cour de l’Agora équipée de gradins pour la circonstance.

Retour également prévu d’Israel Galvan et reconfiguration de l’espace pour l’interprétation d’un solo sans plateau, sans musique, à la lumière du jour devant 300 personnes. Dans une ancienne cellule, sous les gradins du Théâtre de l’Agora, le photographe d’origine russe Grégoire Korganow, qui signe l’affiche du festival, installera son labo. Il a dans l’idée d’arrêter le temps sur les danseurs à la sortie de scène, et d’afficher ses clichés au fur et à mesure dans la Cour de l’Agora.

Volonté universaliste

Consacrée en tant que lieu de création, la cité internationale de la danse donne à la capitale régionale un rayonnement nourri par une volonté universaliste. Cette année encore les pointures de la danse contemporaine vont s’y retrouver. L’Iranien Hooman Sharifi résidant à Oslo présentera Tout ordre perd finalement de sa terreur une création autour du rite Chiite Ashura qui célèbre la mort de l’Imam Hussein tué au VIIe siècle par un Sunnite.

La chorégraphe franco-algérienne Nacera Belaza créera Les Oiseaux, Salia Sanou chorégraphe d’origine burkinabée présente Clameur des arènes, un projet autour de la lutte traditionnelle en Afrique de l’Ouest. Sidi Larbi Cherkaoui s’est associé au Chinois Yabin Wang pour la création Genesis.

Sont également attendus le britannique Wayne Mc Gregor, jamais venu à Montpellier, la Cap Verdienne Marlene Monteiro Freitas, le Belge Jan Fabre, et trois détonnants chorégraphes français : Boris Charmatz, Matthieu Hocquemiller et Yann Lheureux.

« On pense que ce festival va cartonner, prédit son directeur, parce qu’il est tourné vers le public sans lequel on n’est pas grand chose. »

JMDH

Angelin Preljocaj. De la scène aux rues de l’Agglo
angeli10Invité au festival, le chorégraphe Angelin Preljocaj met un terme à sa recherche à partir de l’oeuvre Empty Words de John Cage. La pièce sera présentée dans son intégralité Empty move (part I, II & III). Par ailleurs, le chorégraphe et son ballet composé de 26 danseurs investiront comme l’année dernière des villes de l’Agglomération de Montpellier. Le groupe urbain d’intervention dansée (GUID) propose des pièces spécialement conçues pour l’espace public.Les danseurs aguerris aux méthodes du chorégraphe portent avec brio, non seulement ses oeuvres, mais aussi sa volonté de proximité avec le public.

Source La Marseillaise : 05/03/2014

Voir aussi : Rubrique Danse, rubrique Festival, Bilan du festival Montpellier Danse 2014 rubrique Montpellier