Le printemps de toutes les promesses à gauche

Parti socialiste

L’exercice n’était pas réussi d’avance, mais dans la course d’obstacles qui conduit le PS à la présidentielle, l’élaboration du projet n’était pas le plus difficile. Pour preuve, le processus arrive à son terme sans qu’il n’ait été accompagné d’un de ces débats byzantins dont les socialistes ont l’habitude. Adopté samedi à l’unanimité par le Conseil national, le texte se veut la feuille de route de la gauche social-démocrate pour l’échéance de 2012. Pourtant il ne devrait être qu’un rapport d’étape avant que les choses sérieuses ne débutent enfin : le lancement des primaires qui, à l’automne prochain, désigneront le champion socialiste dans la course à l’Elysée.

C’est là tout l’ambiguïté de la stratégie élaborée par Martine Aubry et l’actuelle direction du PS. D’un côté, un projet très consensuel qui vise à cimenter l’unité du parti, de l’autre, une machine à désigner le candidat qui ne pourra qu’aiguiser les oppositions internes. Pour autant, tel qu’il est conçu, le projet du PS propose un état des lieux significatif de la pensée socialiste. Cette gauche qui se revendique « ambitieuse et sérieuse » inscrit ses pas dans la vieille histoire d’un réformisme tiède, capable d’innovations progressistes mais réticent à affronter les logiques du libéralisme économique. Malgré les défaites politiques de 2002 ou de 2007, le projet du PS reprend globalement des recettes qui ont montré leurs limites dans le contexte de la crise du capitalisme mondialisé. La cohabitation d’inspirations généreuses et de propositions timides caractérise les limites de l’exercice. Qui a au moins un mérite : rassembler toutes les sensibilités du parti. « Il a l’avantage de parler à tous », estime Henri Emmanuelli, figure de proue de la gauche du parti. « Un ensemble cohérent et crédible », ajoute Pierre Moscovici, strauss-kahnien pur et dur. « Crédibilité » aussi pour le hollandais Michel Sapin.

Chacun des candidats potentiels pourra ainsi utiliser cette boîte à outils programmatique. Que restera-t-il pour les différencier ? Et si les écarts idéologiques entre eux n’étaient pas aussi grands que la mise en scène de l’opposition des ambitions ne le laisse supposer ? Martine Aubry apporte des éléments de réponse en affirmant qu’un pacte existe entre elle et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Manière de souligner que peu de choses les sépare sur leur vision respective de l’alternative à la droite.

Le Front de gauche
Pour cette objet politique né lors des européennes de 2009, l’heure de vérité approche. Le Front de gauche est-il en mesure de « révolutionner la gauche » comme le souligne ses fondateurs ? Ou ne restera-t-il que comme une énième tentative avortée de redonner des couleurs à la gauche radicale ? La présidentielle et les législatives de 2012 vont apporter la réponse. Pour l’heure, le parcours est prometteur même s’il reste très tortueux et semé d’embûches. Au plan électoral, les messages envoyés par les urnes ont ratifié l’esprit de cette nouvelle construction politique sans pour autant signé un chèque en blanc à ces initiateurs. « Du potentiel, mais peut mieux faire » ont affirmé les électeurs. Lancé à l’automne, le travail sur « un projet partagé » est sur de bons rails. Même si toutes les questions n’ont pas encore été tranchées.

Reste la question des candidatures : à la présidentielle et aux législatives. Le Parti de gauche et la gauche unitaire se sont prononcés en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Pour sa part, la position énoncée ce week-end par la direction nationale du PCF muscle les fondations du Front de gauche. Sans ambiguïté, elle confirme la pérennité de cette expérience. « Le Front de gauche est pour nous la meilleure chance de relancer la gauche et de contribuer à son rassemblement pour gagner une majorité de gauche à la hauteur de ces attentes » affirme la résolution adoptée par une large majorité du Conseil national du PCF. A cet appel s’ajoute la prise de position courageuse du secrétaire national, Pierre Laurent, estimant « que la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d’un accord d’ensemble avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d’engagements collectifs à la hauteur des enjeux de la situation politique inédite que nous vivons, la diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti ».

Il revient désormais à l’ensemble des adhérents communistes de se prononcer sur la candidature soutenue par le PCF et surtout à confirmer ou pas cette stratégie du Front de gauche que conteste une partie  des responsables et des militants. Un choix essentiel pour le Parti communiste. Si l’heure de vérité va sonner pour le Front de gauche, elle concernera tout autant le PCF parvenu à un tournant majeur de sa longue histoire.

Europe-Ecologie-les Verts
Le contexte change mais l’histoire se répète pour l’écologie politique. Les poussées électorales et la naissance d’un nouveau parti n’ont pas empêché le retour des querelles de chapelle. Qui traduisent, en fait, l’ambiguïté du positionnement politique d’EE-Les Verts sur l’alternative au libéralisme ou encore sur les alliances politiques.

Plus encore que celle d’Eva Joly, la candidature annoncée de Nicolas Hulot renforcent ces zones d’ombre. L’animateur d’Ushuaïa et de TF1 devrait s’exprimer cette semaine. Choisira-t-il d’aller seul à la bataille ou acceptera-t-il le cadre des primaires vertes ? Son entourage entretien le doute.  Les supporters d’Eva Joly évoque la nécessité de « travailler ensemble » mais exprime leur scepticisme sur la ligne choisie par Nicolas Hulot.

Christian Digne (La Marseillaise)

La part de vérité des acteurs du PSU et leurs implications

Michel Perraud a présidé l’UNEF de janvier 67 à mars 68. Photo Rédouane Anfoussi

L’histoire du PSU par ceux qui l’ont vécue. Un travail passionné né d’une rencontre d’anciens militants à propos de la commémoration de mai 1968 réunit un collectif de vingt-trois auteurs dans une publication qui rouvre le débat. « Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? » (éditions Publisud). Sous ce titre explicite, on découvre une mine d’informations et de témoignages  sur les rapports des ESU (Étudiants socialistes unitaires), de l’UNEF et du PSU (Parti socialiste unitaire).

Le PSU 1960-1989

Si diversifiée soit-elle, la représentation collective de l’histoire des années 60 retracée par les  auteurs* se rapproche de la pensée de Gramsci qui refusait dès les années 20 la tyrannie de la reproduction sociale et politique, conséquence d’un déterminisme marxisme réducteur. Le PSU créé en 1960 fonde principalement son action sur le combat pour la paix en Algérie et en est l’un des acteurs essentiels. Il incarne durant trois décennies la deuxième gauche qui se situait entre la SFIO social-démocrate et le PCF.

L’ouvrage parcourt les années soixante pour finir en 1971, année où les ESU quittent l’Unef et où Michel Rocard qui assumait la direction du Parti se trouve face à une forte opposition interne. En 1974 après le bon score de Mitterrand à la Présidentielle, les assises sont présentées comme la dernière étape du processus de reconstruction de la gauche non communiste autour d’une stratégie d’union de la gauche. Rocard choisit de rallier le PS pour se faire un profil d’homme d’Etat. En 1981, Huguette Bouchardeau qui dirige le Parti, est nommée ministre. Le PSU s’auto-dissout en 1989.

Les étudiants socialistes unitaires

Le PSU s’est appuyé sur la transformation (et la laïcisation) de la CFTC en CFDT. Il a défendu l’expérience autogestionnaire, en soutenant notamment les travailleurs de l’usine de Lip. Le livre donne un éclairage particulier sur les liens du Parti avec l’Unef.  Dans les années 60, ce sont en effet les étudiants du PSU, regroupés sous la bannière des ESU, qui se trouvent au cœur des luttes politiques contre l’impérialisme. Le Montpelliérain Michel Perraud qui présidait l’Unef de janvier 67 à mars 68 se souvient. « En 67 nous héritions d’une situation très difficile sur le plan politique et financier. Le ministère de l’EN nous avait supprimé les subventions, et les AGE (dirigées par la droite corporatiste) ne payaient plus leurs cotisations pour s’opposer à notre position internationale qui prônait la décolonisation. On mesurait la contradiction entre la fonction de gestionnaire (cités et restos U) et nos actions revendicatives. » Michel Perraud, co-auteur de l’ouvrage, souligne le rôle prédominant de l’Unef en mai 68. « L’engagement politique de l’Unef à l’époque nous a permis de mobiliser au-delà du périmètre d’influence des organisations politiques étudiantes, et d’engager une coordination avec la CGT, la CFDT et la FEN. »

Après la célébration du cinquantenaire de sa création en 2010, il importait de remettre en valeur le rôle du PSU où beaucoup d’hommes politiques français ont fait leurs classes. Cet ouvrage permet aussi de revenir sur l’histoire de l’Unef des années 60, quelque peu revisitée après la scission entre l’Unef et l’Unef ID. Enfin la situation que nous traversons actuellement avec des structures politiques qui apparaissent inadaptées aux urgences démocratiques, sociales et environnementales n’est pas si éloignée des problématiques politiques rencontrées naguère pour rompre avec l’impérialisme capitaliste. Le dialogue avec des acteurs d’hier, qui sont aussi témoins et acteurs de la réalité d’aujourd’hui, s’engage ce soir à la salle Pétrarque.

JeanMarie Dinh

Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? éditions Publisud, 413 p, 32 euros

Ce soir à 18h Salle Pétrarque, Présentation et signature du livre. Avec Jacques Sauvageot, Luc Barret et Michel Perraud, tous trois anciens militants du PSU et dirigeants du syndicalisme étudiant.

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« Le PCF est marginalisé mais une culture communiste dégradée perdure »

Maurice-Thorez applaudi par les dirigeants du PCF

A l’occasion du 18e congrès de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), du 25 au 30 décembre 1920, à Tours, une majorité de congressistes votent pour sa transformation en Section française de l’Internationale communiste. La révolution russe s’est déroulée trois ans avant. Né le 29 décembre 1920, le Parti communiste français (PCF) célèbre son quatre-vingt-dixième anniversaire en 2010. Il n’est plus, aujourd’hui, que l’ombre du grand parti politique qu’il fut au lendemain de la Libération (28,6 % aux élections législatives d’octobre 1946) mais « une forme de culture communiste dégradée perdure », comme l’explique l’historien Marc Lazar, spécialiste des gauches européennes.

Il y a quatre-vingt-dix ans naissait le Parti communiste français à Tours. Qu’a apporté le PCF à la société française ?

Marc Lazar : Incontestablement, il est à l’origine ou l’inspirateur d’une série de conquêtes sociales. C’est l’apport essentiel du Parti communiste. Cette appréciation, toutefois, doit être nuancée par deux éléments.

Le premier est que cela n’était pas son but initial, ce n’était pas son objectif. Sa vocation, si l’on peut dire, était de faire la révolution. Mais à cause de son insertion dans la société politique, avec ses élus, il a, au fil du temps, changé son fusil d’épaule.

Le second élément de nuance est qu’il n’a pas été le seul à contribuer aux transformations sociales. En quelque sorte, pour reprendre une formule devenue célèbre, il n’a pas le monopole du cœur. D’autres forces politiques que le PCF s’y sont attelées avec succès.

La domination que le PCF a exercée sur la gauche française, des années 1930 à la fin des années 1970, a-t-elle été une chance ou un handicap ?

La première constatation est, d’abord, que cela a été une réalité. C’est vrai que le Parti communiste a exercé un magistère intellectuel et politique pendant plusieurs décennies.

Cette donnée a contribué à la radicalisation de la gauche française. Cette forme de domination a rendu la gauche, dans toutes ses composantes, totalement hostile à l’économie de marché et elle a délégitimé le réformisme.

Par voie de conséquence, la gauche française a du mal, maintenant, à analyser les mutations du capitalisme. La gauche non communiste a le réformisme honteux en raison de la détestation de celui-ci que le PCF a su faire naître et entretenir.

Enfin, ce magistère a empêché la gauche de dresser un bilan politique et historique du communisme au pouvoir ou dans l’opposition. Ce magistère s’exerce encore aujourd’hui.

Comment expliquer son effondrement en moins de vingt ans ?

La première raison – qui a une part de vérité – est l’habileté politique de François Mitterrand. Dès 1971 [dix ans avant sa victoire à l’élection présidentielle], il a opéré un renversement tactique : il a placé l’alliance électorale des socialistes avec les communistes avant leur confrontation idéologique. Il était ainsi en mesure de répondre, électoralement parlant, aux aspirations de nouvelles catégories sociales.

La deuxième raison est l’écroulement de ce monde industriel et ouvrier sur lequel s’appuyait et s’incarnait le Parti communiste. En un rien de temps, une partie de l’industrie lourde – les mines, la sidérurgie entre autres – a été rayée de la carte.

La troisième raison, ce sont les erreurs de la direction à partir des années 1970. Celle-ci s’est obstinément refusée à écouter les voix de l’intérieur qui appelaient au changement. Cela s’est traduit par l’enterrement de l’eurocommunisme, l’alignement sur l’Union soviétique avec un seul objectif : sauver, avant tout, l’appareil.

Par ses choix délibérés, le groupe Marchais, au-delà même de la seule personne du secrétaire général de l’époque, a une responsabilité considérable dans cet effacement. Cela trouve une traduction lors de l’élection présidentielle de 1981 avec l’échec de Georges Marchais, qui obtient moins de 15,5 % des suffrages exprimés. Le reste va suivre.

Il s’agit d’un véritable « divorce avec la société française ». Le PCF est un colosse aux pieds d’argile et la rapidité de son déclin va être spectaculaire. Aujourd’hui, le Parti communiste est marginalisé mais une forme de culture communiste dégradée perdure.

Son salut est-il du côté du Parti socialiste ou dans une alliance avec la gauche de la gauche ?

On est là au cœur du dilemme qui le terrasse littéralement. Soit il se range du côté du PS et il risque d’en mourir, soit il s’allie avec la gauche de la gauche et il perd ce qui lui reste d’identité. Ajoutons que dans ce second cas il mécontente tous ses élus.

De ce point de vue, le PCF est dans une impasse totale. Pour dire le vrai, ce quatre-vingt-dixième anniversaire est d’une tristesse absolue.

Propos recueillis par Olivier Biffaud

Le Monde

Commentaire à  propos de Marc Lazar

Dans son essai Le Communisme, une passion française (2002), Marc Lazard avance que le Parti communiste français a cessé d’exister dans la vie politique française, bien que sa culture politique se maintienne : « 2002 a sans doute marqué l’acte de décès du Parti communiste français (PCF), né en décembre 1920 au congrès de Tours. » Se distinguant des historiens et penseurs du politique qui considèrent le totalitarisme comme un phénomène historiquement et conceptuellement limité à quelques cas, il va jusqu’à considérer le communisme français comme une « passion totalitaire en démocratie ». Ces thèses seront reçues fraîchement par le PCF, la critique de l’ouvrage dans L’Humanité s’intitulant « Quand Marc Lazar furète »[1], en référence à François Furet et à son essai Le Passé d’une illusion (1995).

Voir aussi : Rubrique Livre politiqueDu brassage social et politique, Marx et le Père noël, rubrique Rencontre Alain Badiou hypothèse communiste du XXI e siècle,

Renforts en Afghanistan: l’Otan met en garde les pays réticents

Le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a lancé mercredi un avertissement aux pays alliés réticents à envoyer des renforts de soldats en Afghanistan dans le sillage des Etats-Unis, en prévenant que Washington pourrait abandonner son approche « multilatérale ».

« Les Américains ont opté pour une approche multilatérale et je crois que les Etats-Unis commenceront à mettre en doute cette approche si les autres alliés ne prennent pas leur part du fardeau » en Afghanistan, a-t-il dit lors d’un débat à Bruxelles.     « Le président (Barack) Obama a annoncé une augmentation significative du nombre de troupes en Afghanistan, dans cette situation il est crucial que les autres alliés suivent », a-t-il déclaré.

« L’équilibre de l’Otan est en jeu, il est important que l’opération en Afghanistan ne soit pas perçue comme une opération américaine pure et simple », a ajouté M. Rasmussen. Donc « j’appelle tous les alliés à augmenter leur contribution en Afghanistan », a dit le secrétaire général. Invité à dire s’il n’était pas déçu par la position du président français Nicolas Sarkozy qui exclut l’envoi de troupes de combat en renfort en Afghanistan mais pas celui de nouveaux formateurs militaires, M. Rasmussen a répondu: « Au contraire je suis encouragé par les commentaires du président Sarkozy ».

La France comme l’Allemagne veulent attendre la conférence de fin janvier sur l’Afghanistan avant de se prononcer sur leur contribution. M. Rasmussen a aussi appelé les Pays-Bas à poursuivre leur engagement. « J’espère que tous les alliés vont prendre en considération (le fait) que c’est une opération de l’Otan, j’ai confiance dans le fait que le gouvernement néerlandais et les autres tiendront compte de cela », a-t-il dit. Les Pays-Bas contribuent à raison d’environ 1.770 hommes à la Force internationale de l’Otan en Afghanistan (Isaf). Ils sont déployés pour la plupart dans la province d’Uruzgan (sud), où les talibans sont très virulents. Les Pays-Bas ont décidé de retirer leurs troupes en 2010 et ils doivent encore décider quelle suite ils donneront aux demandes qui leur sont faites de rester présents.

AFP

Voir aussi : Politique internationale  Obama joue gros en Afghanistan

France : La gauche pour un calendrier de retrait

La France risque d’être prise « dans l’engrenage » (Hollande, PS)

François Hollande (PS) a souligné mercredi le risque pour la France d’être pris « dans l’engrenage » après la décision des Etats-Unis d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan en raison de sa présence dans l’organisation militaire de l’Otan. « Pour l’instant, Nicolas Sarkozy dit non, je n’enverrai que des formateurs, mais nous ne sommes pas certains qu’il ne sera pas lui-même, dans le cadre de cette alliance militaire (l’Otan), pris dans l’engrenage », a déclaré l’ex-premier secrétaire du PS sur France 2.

Il a rappelé que c’est « sous l’autorité de Nicolas Sarkozy » que la France y est « entrée » et « donc de plus en plus nous allons être liés aux décisions des Etats-Unis ». Selon le député de Corrèze, « le risque de la mission d’Obama c’est l’escalade : on va envoyer sans cesse plus de troupes pour maintenir un ordre de plus en plus précaire ». « Ce que nous devons faire, selon lui, c’est changer l’orientation de la présence des troupes » en insistant sur « la formation, l’afghanisation, la reconstruction, la lutte contre la corruption et les trafics ».

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré mercredi qu’un nouvel ajustement du dispositif militaire français en Afghanistan était possible, après l’annonce de renforts américains massifs dans ce pays. La veille, le président Nicolas Sarkozy avait apporté son « plein soutien » à son homologue américain Barack Obama sans annoncer de renforts.

Afghanistan: la France « coincée » par l’engagement dans l’Otan (Chevènement)

Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a estimé mercredi que la France est « coincée » par sa réintégration dans le commandement militaire de l’Otan et devra probablement suivre ses alliés en envoyant des renforts militaires en Afghanistan.

« La France est coincée par la réintégration de l’organisation militaire de l’Otan », décidée par Nicolas Sarkozy, a affirmé l’ancien ministre PS de la Défense sur i-Télé. « A partir du moment où (Barack) Obama met 30.000 hommes de plus, en demande 10.000 aux alliés de l’Otan, où les Allemands malgré leurs réticences vont envoyer des renforts, où les Britanniques ont déjà annoncé qu’ils allaient en envoyer, la France est prise dans le sifflet », a-t-il déclaré.

« Je pense que le gouvernement ne tiendra pas, que le président de la République, vraisemblablement à la Conférence de Londres le 28 janvier, annoncera des renforts », a jugé le sénateur du Territoire-de-Belfort. Selon M. Chevènement, « ces renforts ne régleront rien du tout ». « Ce qui compte c’est la définition des objectifs politiques et le militaire vient après », a-t-il dit.

Renforts en Afghanistan: « fuite en avant » vouée à l’échec, selon le PCF

Le Parti communiste français (PCF) a dénoncé mercredi la décision du président américain Barack Obama d’envoyer 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, y voyant « une fuite en avant lourde de menaces ».

« Barack Obama vient d’annoncer l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan. Consternante pour un prix Nobel de la Paix, cette fuite en avant dans la guerre est lourde de menaces pour les peuples afghan mais aussi américain », écrit le PCF dans un communiqué.

« L’échec de la stratégie de l’OTAN est chaque jour plus criant. Il serait inacceptable que la France choisisse de s’aligner sur l’Administration des Etats-Unis dans cette stratégie belliqueuse en participant de quelque manière à l’envoi de nouvelles troupes. Le Président de la République doit refuser une telle perspective », ajoute le texte, rappelant que le Parti exige le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan.

Ayrault demande à Sarkozy une clarification et un calendrier de retrait

Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a demandé mercredi au président Nicolas Sarkozy de « clarifier sa position » sur l’Afghanistan, « de s’engager dans une stratégie de solution politique et d’annoncer un calendrier de retrait » des troupes françaises.

Invité de Questions d’info/LCP/France Info/AFP, M. Ayrault s’est félicité du « changement de stratégie » du président américain Barack Obama, qui, en annonçant un renforcement des effectifs américains de 30.000 hommes a donné « une date », 2011, pour « l’amorce d’un retrait ». Cela démontre, a dit M. Ayrault que Barack Obama considère qu’il « n’y a pas de solution militaire en Afghanistan. Il y a une solution politique ».

S’agissant de l’engagement de la France, le chef de file des députés socialistes a rappelé sa demande d’un débat à l’Assemblée nationale. « Nous redemandons un changement de stratégie (…) il n’est pas question d’envoyer des militaires supplémentaires », a insisté M. Ayrault en faisant observer que dans ce dossier « la France ne pèse pas dans la décision » et « Nicolas Sarkozy est spectateur et non acteur ».

« La France doit clarifier sa position, s’engager dans une stratégie de solution politique et annoncer un calendrier de retrait », a poursuivi le député-maire de Nantes. « Il faut un calendrier. L’objectif est une sortie par le haut », a-t-il ajouté, en estimant que « l’objectif de date » de Barack Obama était « audacieux ».
Il a jugé que la France en Afghanistan avançait « au fil de l’eau sans peser sur la décision, sans être associée aux orientations nouvelles malgré sa présence dans le commandement intégré de l’Otan ».

Marie NDiaye « persiste et signe », Frédéric Mitterrand refuse de trancher

Marie NDiaye maintient ses propos sur « la France de Sarkozy » mais, selon son éditeur, elle considère la polémique close après l’intervention de Frédéric Mitterrand, qui a toutefois refusé jeudi d’arbitrer le différend l’opposant au député UMP Eric Raoult sur un éventuel « devoir de réserve » des écrivains. « Je ne vois pas ce qui depuis le mois d’août a changé pour que je veuille revenir sur ces propos. Je persiste et signe », a déclaré sur France Inter la romancière, Prix Goncourt 2009 pour « Trois femmes puissantes ».

Dans un entretien publié cet été par le magazine Les Inrockuptibles, elle avait notamment qualifié de « monstrueuse » la France de Nicolas Sarkozy : « Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux », déclarait-elle. Avant même le début de la polémique, Marie NDiaye avait toutefois accordé un entretien lundi à Europe 1 dans lequel elle estimait ses propos « très excessifs ». Jeudi, Eric Raoult a lui même nuancé son propos en suggérant à Marie NDiaye non plus de respecter un « devoir de réserve », mais un « principe de modération ».

L’élu de Seine-Saint-Denis avait interpellé mardi le ministre de la Culture sur les propos, selon lui « insultants », de la romancière, soulevant un tollé dans les milieux littéraires. Pressés à la fois par Marie NDiaye et Eric Raoult de réagir, Frédéric Mitterrand a finalement estimé que l’un et l’autre avaient le droit de dire ce qu’ils pensent. « Je n’ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu’elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu’il a sur le coeur (…) Ca me regarde en tant que citoyen, ça ne me concerne pas en tant que ministre », a-t-il déclaré.

« Après l’intervention du ministre, Marie NDiaye estime la polémique close », indiquait-on jeudi chez son éditeur, Gallimard. L’affaire a continué en revanche d’agiter les milieux politiques. Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, a condamné la « volonté de censurer la parole libre d’une écrivaine » et a demandé à Eric Raoult de « présenter ses excuses » à Marie NDiaye. Et Ségolène Royal (PS) a estimé que « dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place ».

Le PCF a demandé pour sa part au ministre de la Culture de condamner les propos du député UMP et dénoncé un gouvernement qui « cherche maintenant à museler les artistes et à censurer leur liberté d’expression ». Et l’eurodéputé Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, a fustigé « la République des fayots », estimant qu' »il ne doit y avoir aucun devoir de réserve pour un intellectuel, comme pour toute autre personne ».

A l’UMP, le porte-parole adjoint, Dominique Paillé, s’est déclaré opposé à la « censure », tout en appelant Marie NDiaye à « la mesure » : « Je rappelle à Mme NDiaye que tout ce qui est excessif est insignifiant. Et ce qu’elle a écrit ne correspond pas à la France de Nicolas Sarkozy. C’est à cent lieues de la réalité », a-t-il ajouté, estimant que l’écrivain avait « entamé sa propre crédibilité ». « Si Marie NDiaye doit demander au ministre de la Culture ce qu’elle peut dire sans manquer de respect à Nicolas Sarkozy, quelle sera la prochaine provocation destinée à réveiller le ralliement de l’extrême droite à la majorité présidentielle », s’est enfin interrogée la Ligue des Droits de l’Homme.

Voir aussi : Rencontre avec Marie NDiaye