Malgré les profondes divisions et des résultats très décevants au premier tour des élections régionales, la gauche de la gauche – Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste, le Parti de gauche – constitue un réservoir de voix crucial pour le Parti socialiste (PS) au second tour, dimanche 13 décembre. Les responsables socialistes et du gouvernement n’ont d’ailleurs pas manqué d’appeler à additionner les voix de gauche en vue du second tour. Cette addition peut aller jusqu’à la fusion des listes dès lors que cela était possible, c’est-à-dire pour les listes ayant obtenu au moins 5 % des voix. Un choix que les partis de la gauche alternative ont fait avec plus ou moins de facilité.
Dès dimanche soir, la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a appelé à « travailler à la fusion des listes de gauche et des écologistes au second tour ».
Selon elle, il faut « prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer le Front national, y compris, s’il le faut, en se désistant pour le second tour ».
Chez les écologistes, la députée de Paris et ancienne ministre Cécile Duflot a également appelé à l’union dès les résultats connus : « Ce n’est plus un avertissement, c’est une punition. Il faut un rassemblement de la gauche et des écologistes. »
Fusion dans sept régions
En Ile-de-France, le rassemblement a eu lieu très vite. Dès lundi 7 décembre la tête des listes socialiste, Claude Bartolone, écologiste, Emmanuelle Cosse, et du Front de gauche, Pierre Laurent, sont parvenus à un accord pour contrer Valérie Pécresse (Les Républicains), arrivée en tête.
Des fusions de listes ont également été réalisées dans sept autres régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, en Pays de la Loire, en Rhône-Alpes Auvergne, en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, en Normandie, en Centre-Val de Loire et en Corse.
Arrivé largement en tête en Bretagne, le candidat du PS, Jean-Yves Le Drian, a refusé toute fusion. Et en Bourgogne-Franche-Comté, la candidate du PS, Marie-Guite Dufay n’a pas pu bénéficier de fusion avec les autres listes de gauche, Front de gauche et EELV ayant obtenu moins de 5 %. Ces dernières appellent cependant à voter pour la liste PS.
« Regroupements techniques »
Au Front de gauche, la méfiance est davantage de mise avant le second tour des régionales. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a tenu à prévenir les socialistes pour la suite : « Dans ces listes, personne ne se rallie à personne. L’addition de ces listes est la seule manière d’empêcher la victoire totale de la droite et de l’extrême droite. »
La méfiance à l’égard des listes menées par la majorité socialiste est encore plus claire au Parti de gauche, où l’on se projette déjà au-delà du second tour, en 2017, pour la présidentielle. C’est ce que fait savoir notamment Eric Coquerel, interrogé par le Scan.
« Nous avons beaucoup hésité, beaucoup discuté, car le gouvernement et le PS assument des politiques de droite. Cette décision a été très dure à prendre, mais nous n’avons pas voulu laisser nos électeurs dans le flou »
« Nous demandons donc des fusions “techniques”, même si je préfère le terme de “regroupement technique” », poursuit-il.
De son côté, le chef de file du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s’est montré particulièrement discret depuis l’annonce des résultats. « Excédé » et déplorant une campagne « calvaire » avant même le premier tour, le député européen s’est contenté d’un post de blog avant de s’exprimer, mercredi 9 décembre, sur France Info, où il donnera son avis sur le second tour.
« D’ici là, c’est aux responsables des partis qui ont formé les diverses listes et mené cette campagne que revient la parole.Mardi soir seront déposées les listes du deuxième tour. On saura donc quelles consignes nous sont données. Dans ce moment, le mieux serait d’éviter les disputes publiques qui aggraveraient la débandade en cours. »
L’ancien candidat à la présidentielle 2012 tente pourtant de garder espoir : « N’oubliez jamais que le printemps revient toujours. Une affaire de patience. »
Manoeuvres. Malgré les critiques dans son propre camp, le chef de l’Etat veut accélérer le calendrier de la réforme territoriale, ce qui implique de reporter les élections cantonales et régionales prévues en 2015.
La prédiction émane d’un vieux copain du président : « Ça ne va pas être facile pour Valls de vivre avec Hollande, qui lui dit : à toi la rigueur, à moi la redistribution ! » De fait, alors que le Premier ministre doit faire passer les 50 milliards d’économies, le président entend porter en personne la réforme, populaire dans les sondages, du mille-feuille territorial : elle prévoit de ramener à 11 ou 12 le nombre de régions et de supprimer les conseils généraux d’ici à mars 2016.
Sauf surprise, c’est François Hollande, et lui seul, qui recevra dès le 14 mai à l’Elysée les chefs de parti pour les consulter sur le projet, et le report d’un an qu’il implique des élections régionales et cantonales prévues en mars 2015.
« Il a choisi de mener ça, lui-même », confirme un ami. Car Hollande, qui n’a plus guère de marge de manoeuvre sur la baisse du chômage ou le « retournement » économique, pense tenir là la grande réforme — « un marqueur », dit l’Elysée — de la fin de son mandat. Conscient que le temps presse s’il veut inverser la courbe des sondages, il assume avancer à la hussarde en se donnant vingt-deux mois pour tout dynamiter. Le 8 avril, Manuel Valls avait annoncé la division par deux du nombre de régions d’ici à 2017, mais n’avait parlé que de 2021 pour la fin des conseils généraux. Le président a choisi d’accélérer, pied au plancher.
Hollande le sait, il y a là de quoi braquer les baronnies du PS, qui dirigent la majorité des exécutifs locaux, après leur avoir déjà fait avaler la fin du cumul des mandats.Parti à la reconquête des Français, il n’a cure des critiques de son camp : il joue l’opinion contre l’establishement. « Il dit qu’il n’a rien à perdre. Y compris ses propres amis », constate Claudy Lebreton, président PS de l’Assemblée des départements, qui s’inquiète d’un « vrai coup d’arrêt à la décentralisation ».
Il joue sur les mots
Le bal de consultations prévues à l’Elysée n’est pas non plus dénué d’arrière-pensées politiques avant les européennes. En consultant les partis dès la semaine prochaine, le président veut mettre l’UMP face à ses contradictions. « Jean-François Copé a dit trois fois qu’il fallait supprimer les départements ! » relève le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. « On verra qui sont les réformateurs et les conservateurs », a défié Hollande mardi. « Soyez courageux », a appuyé Manuel Valls hier à l’Assemblée, en se tournant vers les bancs de la droite.
Autre objectif non avoué du pouvoir : enfoncer un coin entre l’UMP, dont le chef dénonce une « magouille électorale », et les centristes, dont certains sont tentés de dire oui. « On réclame tous cette réforme depuis vingt ans », a ainsi fait valoir Marielle de Sarnez, proche de François Bayrou.
Reste que l’exécutif joue un peu sur les mots. Car les départements ne seront pas supprimés. Ils figureront toujours par exemple sur les plaques d’immatriculation. Ce sont les conseils généraux qui disparaîtront, d’abord dans les zones urbaines. « Il y aura toujours un échelon départemental », confirme une source gouvernementale.
La nuance est de taille. Supprimer les départements, qui figurent dans la Constitution, supposerait une réforme constitutionnelle, donc les trois cinquièmes des voix du Parlement réuni en Congrès. Périlleux, voire impossible. Pas question non plus, pour un Hollande impopulaire, de risquer un référendum, comme l’exigent l’UMP, Bayrou ou Pierrre Laurent (PCF). L’Elysée évacue : « Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. »
Le Parti de gauche organisait, le week-end dernier, ses assises pour l’écosocialisme. Une journée ? de débats pour refonder la gauche en tenant compte des bifurcations du monde.
Construire une nouvelle doctrine pour le XXIe? siècle, c’est le but que s’était fixé le Parti de gauche pour ses assises pour l’écosocialisme, qui se sont tenues à Paris samedi. 700 personnes sur place et 15?000 sur Internet pour suivre les débats?: un succès pour le PG. Si ses membres constituent la grande majorité de l’audience, on peut aussi y croiser en nombre des associatifs, les équipes du journal satirique Fakir, et même… quelques militants écologistes.
Imaginer «?un nouveau projet politique, creuset pour sortir de la crise, et construire un monde meilleur?», selon le titre de l’introduction de la longue journée d’échanges par Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du PG, c’est bien le but réaffirmé par la plupart des intervenants, parmi lesquels la figure de l’altermondialisme Susan George, le philosophe Henri Pena-Ruiz ou l’économiste Jean-Marie Harribey. Thèmes abordés?: «?Marxisme et écologie, un mélange détonant???», «?Objection de croissance, socialisme gourmand et buen vivir?», ou encore pour présenter des expériences mises en œuvre, en Amérique latine, éternelle source d’inspiration de Jean-Luc Mélenchon et de ses partisans.
On se souvient que le thème de la «?planification écologique?» avait pris une importance majeure dans le programme de l’ancien candidat du Front de gauche. Il s’agit désormais de refondre en une seule les deux doctrines, socialiste et écologiste.
La gauche veut instaurer une règle verte
D’ailleurs, estime Myriam Martin, de la Gauche anticapitaliste, qui vient de quitter le NPA pour rejoindre le Front de gauche, «?on ne peut pas distinguer l’écologie du social. Le capitalisme vert, ça n’existe pas?». Il s’agit alors de prendre en compte la finitude des ressources naturelles. Pour le PG, elle rend impossible la croissance comme objectif indépassable. L’écologie rejoindrait là le socialisme?: le capitalisme veut redistribuer les fruits de la croissance, l’écosocialisme clame que «?la décroissance n’est pas une option, c’est une nécessité?» (Mélenchon) et que c’est donc «?le gâteau qu’il faut partager?». Le Parti de gauche se propose alors d’instaurer une règle verte?: ne pas produire et ne pas consommer plus que ce que la planète est capable de régénérer. Une bataille morale à mener pour François Delapierre, pour «?faire prévaloir la valeur d’usage sur la valeur d’échange?». Pour autant, on ne trouve ici nulle trace de l’écologisme romantique?: quitte à décevoir la poignée de militants de la «?cause animale présents?» dans l’auditoire, Jean-Luc Mélenchon affirme?: «?Nous ne défendons pas la nature, nous défendons l’écosystème humain?!?»
L’écosocialisme, un virage politique pour une gauche souvent accrochée au consumérisme comme une huître polluée au Esherichia coli à son rocher?? Le coprésident du PG ne cachait pas ses sources d’inspiration écolos dans une interview à Libération?: «?Les verts sont les fondateurs (…). Mon évolution témoigne de leur succès. Mais ils sont la préhistoire de l’écologie politique. Désormais, nous sommes en avance sur le plan programmatique.?» Le projet est ambitieux?: repositionner le centre de gravité de la gauche?: «?Une base existe, sur la base de l’écosocialisme?», qui permettrait de rassembler écologistes, une partie des socialistes et Front de gauche, selon Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est sauter des étapes?: la première se joue à l’intérieur du Front de gauche, où, sur des sujets comme la sortie du nucléaire ou l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, des divergences existent, notamment avec le PCF.
Pour l’universitaire Michel Galy, l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara met en danger l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire.
Les malheurs de l’université ivoirienne, en passe d’être détruite aujourd’hui, remontent pourtant plus loin: comme pour l’ensemble du pays, la zone rebelle a servi, depuis le coup d’Etat manqué de 2002, de banc d’essai; l’université de Bouaké, dans le fief de la rébellion ouattariste, a en effet été complètement pillée et rendue à ce point inutilisable qu’étudiants et professeurs se sont retrouvés à …Abidjan, squattant au début amphis et cours du campus de Cocody la nuit ou le dimanche -puis se retrouvant dans de nouveaux locaux construits malgré la guerre civile.
Une dégradation progressive de l’université
Que faire d’autre quand livres, bancs, équipements –jusqu’aux huisseries et métaux de construction ont été volés, pillés ou incendiés ? Cette libérianisation de l’université ivoirienne a été appliquée à grande échelle pendant et après le coup d’Etat franco-onusien d’avril 2011. Tout se passe comme si l’Université ivoirienne, ses professeurs et ses étudiants étaient devenus l’ennemi collectif du nouveau régime; dans une déclaration faite à Lomé, Alassane Ouattara ne vient-il pas d’annoncer la fermeture pour deux ans des établissements publics ivoiriens d’enseignement supérieur! La Côte d’Ivoire, entre maîtres de guerres et technocrates, sera-t-elle le seul pays au monde à avoir détruit sa propre Université ?
Le contraste est patent avec le régime précédent qu’on a pu nommer (en référence malicieuse à la III°république française), la «République des professeurs». De l’historien Laurent Gbagbo à l’économiste Aké N’gbo Gilbert- tous deux en déportation sans inculpation ni jugement à Korhogo et à Bouna, du philosophe Voho Sahi à l’historien Pierre Kipré- en exil quant à eux à Accra, capitale du Ghana, tous ont exercé, revanche sur l’affairisme houphouétiste et «l’idéologie du planteur», des responsabilités politiques; on aura reconnu, dans l’ordre cité, le président et le premier ministre ivoirien, le ministre de la Culture et l’ambassadeur de Côte d’ivoire en France. Et certes, contrairement aux calomnies, cette république des professeurs et des chercheurs, bien qu’en butte à une rébellion armée aidée par la droite française dans sa prise du pouvoir a bien été, par certains côtés, celle de l’intelligence.
J’en voudrai pour preuve ce formidable effort de réflexion national (et même panafricain) qu’a été en 2010 la commémoration des 50 ans des Indépendance, pauvre indépendance bafouée et humiliée lors du putsch sanglant de 2011! Ce qu’on pourrait nommer, en termes heideggériens, l’auto-affirmation de l’université ivoirienne, s’est notamment traduit par cinq colloques successifs, établissant l’état des lieux, prospectant les futurs possibles, cherchant les voies d’une «seconde indépendance». Et si c’était cette intelligence collective, critique et rebelle, mais en même temps porteuse des luttes des Indépendances comme des révolutions africaines encore à venir, qu’on a voulu, qu’on veut toujours anéantir?
La France, allié de poids de Ouattara
Car du point de vue géopolitique, un tournant était en cours, vers une pluralité d’acteurs, notamment la Chine ce qui n’était nullement exclusif avec une collaboration franco ivoirienne soucieuse des intérêts communs et du respect de l’autre; y a-t-il d’ailleurs des dirigeants plus francophones et francophiles par certains côtés que ces professeurs ayant pour la plupart fait leurs études dans les universités françaises, continuant à produire articles et ouvrages avec leurs collègues français- ceux-là même qui les ont abandonnés, reniés et parfois insultés quand ont commencé les temps mauvais de la délégitimation politique et des campagnes médiatiques préalables ?
Il y a bien eu, hélas trahison des clercs et forfaiture médiatique! Il faudra bien, un jour, faire l’inventaire des délateurs de la presse et des intellectuels organiques des Services ou du sarkosysme, intoxicant l’opinion publique internationale, jusqu’au monde intellectuel français qui connaissait pourtant les acteurs ivoiriens et, pour certains, le pays…
Un pays laissé à l’abandon
Le silence des intellectuels, lorsque tombaient les bombes franco onusiennes sur la présidence et la résidence, mais aussi campus et cités, CHU et camps militaires habités par des familles entières, tuant des centaines de civils (dont nombre d’étudiants engagés) semble, depuis avril, assourdissant.
A quoi bon disserter sur les «guerres humanitaires» au Kosovo, en Irak et en Libye- demain en Syrie ou en Iran, rappeler les immenses massacres du «Cameroun»sans voir que le même modèle d’intervention a été mis en œuvre en Cote d’ivoire- et que quelque part la mise à mort de l’université parachève les massacres ?
L’écrivain espagnol Miguel de Unamuno, depuis son université de Salamanque affirmait déjà qu’en entendant les franquistes louer la mort et la fin de l’intelligence («Abajo la inteligencia!», A mort l’intelligence!, osait clamer le général Millan Astray) c’était bien, au-delà du fascisme, le glas de toute civilisation qui se manifestait! Ses paroles de 1936 ne sont-elles pas, encore, prophétiques -pour d’autres temps et d’autres lieux:
«Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat».
Que dire des institutions internationales en charge de la Culture, de l’Education ou de la langue ? Si des «organisations des droits de l’homme» se sont définitivement discréditées par leur engagement partisan en Côte d’ivoire (cf. le dernier rapport d’Human Rights Watch…), si est patent l’honneur perdu de la Cour Pénale Internationale (CPI) dont Jean Ping, président de la commission de l’Union Africaine, a publiquement dénoncé l’instrumentalisation et le rôle de «néocolonialisme judiciaire» (le procureur Ocampo a récemment serré la main, à Abidjan, de criminels de guerre notoires), on attend encore un plaidoyer fort et des actions effectives de l’Unesco,Unicef ou Francophonie, en faveur de l’université d’Abidjan. Mais ne s’agit-il pas en fait d’une punition collective contre un milieu intellectuel sudiste largement favorable au président Laurent Gbagbo?
Le clivage Nord/Sud de l’enseignement universitaire
Démontrant que le régime Ouattara est plus fragile que sa propagande l’affirme, cette tentative de mise à mort de l’université rencontre pourtant des résistances inattendues; syndicats d’étudiants et de professeurs, partis politiques et journalistes qui commencent à tisser des liens par delà les frontières.
Le régime, par le biais d’une ministre dont l’incompétence, voire le semi analphabétisme provoque des gorges chaudes à chaque intervention, a cru faire une concession majeure ces jours ci; après l’annonce depuis Lomé de la fermeture universitaire et des deux «années blanches», on a cru bon d’en excepter l’université de Bouaké et de Korhogo: en somme les ex-rebelles à Abidjan, et les étudiants sudistes en ré-éducation au Nord ?
Il est plus probable que si elle était maintenue, cette surprenante décision se traduirait par une partition de fait du système éducatif, régionalisation et ethnicisation provoquant une «université dioula» (une langue très parlée dans la région) au Nord et … l’absence de tout enseignement supérieur au Sud!! Double peine pour une capitale qui a voté à 54% pour le candidat Gbagbo, toutes ethnies confondues…
Politique éducative au fond suicidaire pour le régime: exclus par les droits d’inscription d’une université désormais privatisée, que feraient les centaines de milliers d’étudiants désespérés et paupérisés, sans autre issue que la lutte politique et le combat de rue ?
Le régime Ouattara qui ferme sa seule université alors qu’il se targuait d’en construire «une par an» s’est lancé dans un projet aussi symbolique que caricatural: enfermer d’un mur d’enceinte le campus de Cocody- plutôt que de le réhabiliter; à grand frais ce «mur de Berlin» (déjà «mur de la honte» pour la débordante inventivité langagière d’Abidjan) pourra peut être ceinturer l’immense espace universitaire, peut être le cacher aux nouveaux maîtres; on doute qu’il enferme qui que ce soit, notamment les étudiants et la turbulente jeunesse abidjanaise. Quant à enfermer intelligence universitaire et esprit critique, mur ou pas mur, la tâche semble tout simplement impossible…
Michel Galy (Slate)
Questions sur le transfert de Laurent Gbagbo à la Cour pénale
Le transfert de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale soulève de lourdes questions de droit et de justice mais aussi des questions politiques cruciales sur le rôle de la France en Afrique.
Des crimes particulièrement graves, des massacres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en Côte d’Ivoire par les deux camps en conflit après le scrutin de novembre 2010. Pourtant, seul Laurent Gbagbo est directement poursuivi et incarcéré à La Haye. On se souvient pourtant, par exemple, que plus de 800 personnes (selon la FIDH) ont été atrocement massacrées à Duékoué en mars 2011, lors de la prise de la ville par les partisans d’Alassane Ouattara.
Amnesty International, parmi d’autres ONG de droits humains, a appelé les autorités ivoiriennes et le procureur de la CPI à enquêter sur tous les crimes de droit international commis par toutes les parties. On n’en est pas là et ce qui domine aujourd’hui est le risque d’une justice des vainqueurs. La crédibilité de la CPI ne sortira pas grandie de cette grave instrumentalisation.
Laurent Gbagbo est considéré comme le responsable de la crise ivoirienne, des confrontations armées et des violences que celle-ci a entraînée. Mais les résultats des élections de novembre 2010 – pour 20.000 bureaux de vote – furent-ils si évidents, si transparents et si honnêtes alors que les contestations déposées n’ont fait l’objet d’aucune analyse ou enquête sérieuse dans un dangereux contexte de tensions politiques et inter-communautaires qui a dégénéré en guerre civile? Alassane Ouattara «élu» dans de telles conditions, ou plutôt porté au pouvoir par la grâce sarkozienne de l’armée française dans les meilleures traditions néo-coloniales, est-il plus légitime que Laurent Gbagbo?
C’est ainsi qu’on entretient les hostilités, les désirs de revanche et les guerres civiles de demain. Il faudra s’en souvenir…et il faudra enfin sortir des pratiques de la Françafrique.
Le leader du Parti de gauche a été élu candidat du Front de gauche pour la présidentielle par les militants communistes. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a salué dimanche le « choix clair, net et massif » des militants communistes en faveur de la candidature de Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) et de « l’accord global » concernant notamment les législatives de 2012. Entouré de neuf cadres communistes au siège du PCF, place du Colonel Fabien à Paris, Pierre Laurent a dévoilé les résultats finaux de la consultation des quelque 130.OOO adhérents revendiqués, dont 70.000 à jour de cotisations, au lendemain de l’annonce par l’ex-secrétaire nationale Marie-George Buffet d’un vote à « près de 60% ».
Au final, 59,12% des votants ont choisi l’option accord global sur le programme partagé, les législatives et la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, a dit Pierre Laurent.
« A Jean-Luc, désormais notre candidat, je veux dire la valeur de notre engagement et de celui de tous les communistes », a-t-il dit. « Je sais que tu mesures la responsabilité qui est la tienne, tu peux compter sur nous (…) pour une grande et belle bataille unitaire, rassemblée, nous y veillerons ensemble », a souligné celui qui devrait prendre la tête du comité de campagne 2012.
Le député communiste du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, a obtenu un bon 36,82%, et l' »identitaire » Emmanuel Dang Tran, responsable d’une section communiste parisienne, opposé au Front de Gauche, 4,06%. Beaucoup pensaient que Jean-Luc Mélenchon dépasserait les 60% devant les militants après la conférence nationale du 5 juin, où il avait recueilli 63,6% des voix des délégués.
Un total de « 48.631 » communistes ont participé à la consultation, soit « plus de 70% des adhérents à jours de leurs cotisations », a souligné le numéro un communiste, y voyant une « mobilisation exceptionnelle qui souligne la valeur des choix effectués ». « Le choix des communistes est donc clair, net et massif » et « les communistes peuvent désormais se rassembler », a-t-il ajouté.