Suite à l’attentat terroriste de New York, qui a fait huit morts et onze blessés graves, le président américain a annoncé vouloir durcir les conditions d’entrée sur le territoire américain et mettre fin à la loterie des ‘green cards’. Les journalistes reprochent au président son hypocrisie, et craignent qu’il soit difficile d’empêcher les loups solitaires de sévir.
Trump a plus vivement réagi face à l’attentat de New York qu’à celui beaucoup plus grave de Las Vegas il y a un mois, critique The Guardian
«Lorsqu’un individu fonce dans la foule avec un camion-bélier dans une rue de New York en entonnant ‘Allahu Akbar’, il est accusé de terrorisme islamiste, fait la une de tous les journaux et représente une menace pour la sécurité des Etats. … Après le massacre de Las Vegas en revanche, il n’a aucunement été question de ‘contrôles de sécurité renforcés’ des propriétaires d’armes à feu qui sont largement plus dangereux pour les Américains que n’importe quel terroriste. Aucune déclaration n’a été faite sur la nécessité de modifier la loi pénale ou la juridiction dans ce domaine. Las Vegas a été traité comme un évènement x ou y dans l’histoire des Etats-Unis. Les armes ne sont rien d’autre qu’une forme de terrorisme à l’américaine.»
Situation à Fukushima, abolition des armes nucléaires, gestion des déchets radioactifs, contrepoints aux lobbies de l’atome… Un « Forum social mondial antinucléaire » se tiendra à Paris du 2 au 4 novembre. Il accueillera des opposants à l’énergie atomique venus du Japon, toujours en prise avec les conséquences de Fukushima, d’Inde où de nouvelles centrales nucléaires sont en projet, d’Australie, où de l’uranium est extrait, du Royaume-Uni, où EDF doit construire deux réacteurs EPR, ainsi que des travailleurs et sous-traitants français du nucléaire. Basta ! relaie leur appel et le programme de ce forum social.
« Depuis le premier Forum Social Mondial (FSM) à Porto Alegre en 2001, le mouvement altermondialiste s’est étendu et consolidé. Des FSM ont eu lieu en Amérique latine, en Asie, en Afrique et, en août 2016, en Amérique du Nord. De nouvelles thématiques sont venues enrichir cette dynamique. En 2013 et 2015, le nucléaire a fait l’objet de plusieurs activités de réflexion et le premier Forum Social Thématique Antinucléaire s’est tenu au printemps 2016 à Tokyo, où un « Appel pour un réseau mondial vers un monde sans nucléaire » a été lancé. A Montréal, un second Forum Antinucléaire a eu lieu à l’occasion du FSM.
La France étant le pays le plus nucléarisé au monde par rapport à sa population totale, des organisations et mouvements antinucléaires français ont jugé pertinent d’accueillir le prochain FSM Antinucléaire en France, du 2 au 4 novembre 2017, à Paris.
En France, ces dernières années ont connu une succession ininterrompue d’échecs retentissants pour la filière nucléaire : Areva n’a été sauvée de la faillite que par l’intervention de l’État ; des fraudes dans la construction des cuves et des générateurs de vapeur de centrales ont conduit à la mise à l’arrêt d’une bonne partie du parc nucléaire pour raisons de sécurité ; les aventures d’EDF dans les projets d’EPR (Olkiluoto, Flamanville, Hinkley Point) mettent en péril sa santé financière.
Dans le monde entier, le nucléaire a engendré des problèmes ingérables. Les déchets radioactifs sont là pour des millénaires et leur gestion est désormais imposée aux générations futures. Mais ne faut-il pas d’abord cesser d’en produire ? L’extraction de l’uranium dans les pays du tiers monde est une source majeure de pollution, dont souffrent en premier lieu les travailleuses et travailleurs de ce secteur. Celles et ceux de la maintenance du nucléaire subissent une exposition qui met leur santé en danger. Les catastrophes de Mayak, Windscale, St Laurent des Eaux, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima nous montrent à quel point cette activité est source de nuisances ingérables. Or les autorités censées en protéger les victimes tentent en réalité d’obliger les populations à vivre dans les territoires contaminés (programme Ethos).
Comment mettre un terme à cette activité qui, de l’extraction des matériaux jusqu’à la gestion des déchets, s’avère mortifère ? Comment éviter une nouvelle catastrophe majeure ? Comment entrer résolument dans la nécessaire transition énergétique ?
Contrairement aux affirmations du monde nucléocrate, le développement du nucléaire ne peut pas être une solution au problème du changement climatique, non seulement parce que cette activité émet elle aussi des gaz à effet de serre (extraction, construction, transport, démantèlement, stockage), mais surtout parce qu’il faudrait construire des centaines de réacteurs pour faire face aux besoins, avec la multiplication des risques que cela implique (accident, déchets, prolifération). Quelles seraient les stratégies permettant à la fois d’arrêter rapidement la production d’énergie d’origine nucléaire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique ?
Les liens entre nucléaire civil et nucléaire militaire sont nombreux, le premier étant vecteur de prolifération du second, avec les mêmes acteurs : en France, Areva, CEA et EDF.
En plus d’être coûteuse, la politique de dissuasion nucléaire est criminelle. Elle est en violation d’une résolution de l’ONU qui condamne l’emploi de l’arme nucléaire, considéré comme un crime contre l’humanité. Rappelons que la bombe a déjà fait plus de morts au cours de sa mise au point que du fait de son utilisation, et l’hémisphère Nord est toujours recouvert des rémanences radioactives des essais des années 1960. L’ouverture de négociations à l’ONU, en 2017, pour un traité d’interdiction des armes nucléaires sera-t-elle enfin un pas décisif vers le désarmement nucléaire mondial ?
C’est pour débattre de toutes ces questions que nous vous invitons à une rencontre internationale, où nous partagerons nos expériences et chercherons ensemble les moyens d’agir pour l’émergence d’un monde sans armes nucléaires et sans production d’énergie d’origine nucléaire. »
Le comité de facilitation du FSM Antinucléaire 2017
La visite en France du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dénoncé pour son bilan « catastrophique » en matière de droits de l’homme, est considérée par les ONG comme un test crucial pour Emmanuel Macron, sommé de mettre fin à la « scandaleuse tolérance » de Paris envers le Caire.
M. Sissi effectue à partir de lundi une visite officielle de trois jours et rencontrera pour la première fois mardi à l’Elysée M. Macron depuis qu’il a été élu président.
La France, qui entretient d’excellentes relations commerciales et sécuritaires avec l’Egypte, vue comme un « rempart » contre le terrorisme dans une région en constante ébullition, a promis que la situation en matière de droits de l’homme serait abordée dans cet entretien.
Mais plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, Amnesty International, la FIDH et Reporters sans frontières, ont souligné que l’Egypte connaît « la pire crise des droits humains depuis des décennies » et réclamé à la France des signes concrets pour mettre fin à son « silence », voire sa « tolérance ».
« Ce sera pour nous un test diplomatique crucial. M. Macron fait des déclarations publiques fortes, des discours vibrants. Maintenant, il est urgent qu’il mette concrètement en actions ses discours », a déclaré la directrice France de HRW, Bénédicte Jeannerod, au cours d’une conférence de presse à Paris lundi. Elle a notamment demandé que le soutien de Paris au gouvernement égyptien soit lié à des améliorations tangibles dans le domaine des droits de l’homme.
« Nous comptons sur vous pour rappeler que la France ne cautionne pas les pratiques répressives de l’Egypte et estime que des réformes significatives en faveur des droits humains, de la démocratie et de la société civile doivent être engagées », ont souligné de leur côté dans une lettre conjointe à Emmanuel Macron les ONG EuroMed Droits, Coordination Sud, FIDH, l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme et RSF.
– ONG ‘criminalisées’ –
Elles appellent M. Macron à demander au président égyptien « de mettre un terme à la campagne de criminalisation des défenseurs (des droits humains) ».
Depuis 2015, l’Egypte a conclu des contrats d’armement avec la France pour plus de six milliards d’euros, comprenant notamment 24 avions de combat Rafale, une frégate, deux porte-hélicoptères Mistral et des missiles.
M. Sissi doit rencontrer des entrepreneurs à l’occasion de sa visite. Il verra aussi des ministres, dont son « ami » Jean-Yves Le Drian, l’actuel chef de la diplomatie, qui a piloté ces ventes d’armes majeures avec le Caire lorsqu’il était ministre de la Défense sous l’ex-président François Hollande.
Dans une interview accordée lundi soir à la chaîne France-24, M. Sissi a affirmé qu' »il n y a pas de détenus politiques en Egypte », assurant que tous les détenus sont interrogés et déférés devant les tribunaux selon les procédures judiciaires normales.
Il a également confirmé qu’une « coordination existait » avec la France pour favoriser une solution politique en Libye, pays vers lequel les jihadistes vaincus en Syrie et en Irak « vont bouger », selon lui, de même que vers l’Égypte, le Sinaï et l’Afrique de l’ouest.
– ‘Difficile équation’ –
« L’Égypte souhaite atteindre l’équilibre nécessaire entre les droits et les devoirs des citoyens d’une part, et les défis sécuritaires de la lutte contre le terrorisme d’autre part », a encore déclaré le président égyptien dans une interview au quotidien Le Figaro, reconnaissant que « c’est une équation parfois difficile lorsque votre responsabilité est de sécuriser cent millions de citoyens. »
A propos de l’islam, M. Sissi entend « corriger les interprétations erronées des préceptes religieux érigés en prétextes idéologiques pour justifier la violence et le terrorisme ».
Pour la France, l’Égypte est « l’élément central de la stabilité régionale » et Paris travaille avec « dans un esprit de confiance et d’efficacité », selon un responsable gouvernemental, qui se défend de mettre la question des droits de l’homme sous le boisseau.
La rencontre entre MM. Macron et Sissi « permettra d’évoquer les sujets d’intérêt commun comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme, mais également la situation des droits de l’homme », indiquait la semaine dernière l’Elysée.
– Paris ‘têtu mais discret’ –
Toutefois, Paris revendique aussi la discrétion en la matière: « Si on arrive en leur disant ce n’est pas bien ce que vous faites, ce n’est pas efficace. Ce qui peut marcher, c’est d’évoquer des cas précis. Il faut être têtu mais discret », selon une source diplomatique.
« Il faut en parler publiquement », réplique Hussein Baoumi, responsable de campagne sur l’Egypte pour Amnesty International, pour qui « le silence des gouvernements étrangers » encourage la répression.
Mais pour Mohamed Zarea, vice-président de la FIDH, « la question n’est pas de critiquer, d’émettre des réserves, mais d’agir ».
Abdel Fatah al-Sissi est arrivé au pouvoir en 2013, après avoir destitué le président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi. La répression s’est abattue en priorité sur les Frères musulmans, mais a touché peu à peu toute l’opposition, les médias, les ONG et la société civile.
« Il n’y a plus aucun espace pour la contestation, de quelque ordre qu’elle soit, en Egypte. Une seule opinion est permise, c’est l’opinion d’Etat », a dénoncé Hussein Baoumi.
La menace d’affamer les Kurdes d’Irak après le référendum sur l’indépendance [du 25 septembre], proférée par le président turc Recep Tayyip Erdogan, reflète l’embarras et l’ambiguïté de la Turquie à propos de cette question. Car le Kurdistan irakien, depuis une dizaine d’années, a été une sorte de paradis pour les Turcs, du moins sur le plan économique.
De toute évidence, il est paradoxal qu’Erdogan, qui avait accusé Israël d’“affamer” la bande de Gaza, est celui qui aujourd’hui menace d’user des mêmes procédés envers les Kurdes. Et ce après avoir tiré un maximum de bénéfices de ses relations avec eux depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003. À croire que l’affaire palestinienne n’a été qu’une opération de marketing politique ayant quelque peu échappé au scénario initialement prévu, mais dont le but était uniquement d’affirmer le “leadership” d’Erdogan dans le monde musulman et de le présenter comme “seul défenseur” de ses causes.
Il faut rappeler que la Turquie soutient le gouvernement de la région autonome kurde dans le nord de l’Irak depuis quinze ans. Elle coopère avec lui dans la lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ce groupe [émanant des Kurdes de Turquie] qui se bat contre le pouvoir central d’Ankara sur le sol turc.
Elle échange avec les autorités d’Erbil des informations qui ont permis de restreindre les capacités du PKK à mener des opérations de guérilla. Il est même arrivé à la Turquie de [traiter avec la région autonome du Kurdistan comme si elle était d’ores et déjà indépendante], quand elle a envoyé en 2013 son ministre des Affaires étrangères à Erbil sans passer par Bagdad.
Fameux “réalisme”.
Ankara a également tissé des liens économiques avec le Kurdista irakien. C’est en passant par la Turquie que l’essentiel de la production pétrolière kurde est exporté. [À la mi- septembre], cette production s’élevait à quelque 600 000 barils par jour, et est susceptible de monter à 1 million. C’est encore la Turquie qui lui fournit l’essentiel des produits alimentaires et de consommation, devenant ainsi un partenaire non seulement proche, mais incontournable.
Autrement dit, Ankara était le premier à bénéficier de la coupure entre Erbil et Bagdad, à faire en sorte que Bagdad n’assume pas ses responsabilités envers les Kurdes et à encourager les tensions entre le Kurdistan et l’Iran, allant jusqu’à utiliser les Kurdes pour briser le monopole de l’influence politique et militaire de l’Iran en Irak.
Or depuis que les Kurdes essaient de prendre leur destin en main, la Turquie a totalement changé d’attitude à leur égard.Kurdistan. Ankara choisira le pragmatisme. Après le résultat du référendum des Kurdes d’Irak, en faveur de l’indépendance, les gesticulations du président turc Erdogan ne tiendront pas la route devant la realpolitik et les gros bénéfices économiques que tire Ankara du Kurdistan.
Comme si la relation entre les deux ne pouvait être qu’à sens unique. C’est probablement le calendrier choisi par les Kurdes qui a agacé Ankara. Car le référendum coïncide avec la tentative des Kurdes de Syrie d’affirmer une sorte d’autonomie élargie. Et la situation dans le nord de la Syrie [le Kurdistan syrien] inquiète sérieusement la Turquie, parce que le PKK y est beaucoup plus présent qu’il ne l’est au Kurdistan irakien. Néanmoins, de bonnes relations avec les Kurdes d’Irak pourraient permettre aux Turcs d’avoir un soutien indirect pour “maîtriser” les Kurdes de Syrie.
La Turquie est peut-être également déçue par les Kurdes parce qu’ils essaient depuis un certain temps d’être moins exclusivement dépendants à son égard et de diversifier leurs relations économiques, notamment au profit de Moscou, depuis que le géant pétrolier russe Rosneft [a annoncé de gros investissements] dans le secteur des hydrocarbures au profit d’Erbil.
La région autonome a également emprunté près de 2 milliards de dollars auprès de différentes instances financières internationales. Toutefois, cela ne changera pas fondamentalement la grande dépendance kurde à l’égard de la Turquie. D’où cette question que l’on peut se poser : l’attitude turque ne s’explique-t-elle pas par de simples considérations tactiques, dans le but de préserver ses intérêts dans un futur État kurde indépendant, ou pour avoir un maximum de cartes en main lors des négociations à venir avec les Américains sur une redéfinition des zones d’influence régionales ?
C’est dans un avenir proche qu’on verra jusqu’où les Turcs sont prêts à aller pour briser le droit des Kurdes à disposer d’eux-mêmes. Ils peuvent très bien reculer, au nom du fameux “réalisme”, qui est la marque de fabrique de la diplomatie turque.
Cesare Battisti lors de sa sortie de prison le 8/06/11. Photo Reuter
L’ancien militant d’extrême gauche Cesare Battisti interpellé à la frontière brésilo-bolivienne
Condamné par contumace en 1993 en Italie à la perpétuité pour quatre homicides, Cesare Battisti a été placé en détention. Ses avocats exigent sa libération immédiate.
Il a d’abord prétendu qu’il partait pêcher. Mais lorsque les forces de l’ordre brésiliennes, qui le suivaient discrètement, l’ont interpellé dans la ville de Corumba (sud-ouest du Brésil), mercredi 4 octobre, alors qu’il tentait de franchir la frontière bolivienne, lesté de quelques milliers de dollars et d’euros, Cesare Battisti n’a pu nier longtemps sa fuite.
Aujourd’hui âgé de 62 ans, l’ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme (PAC, extrême gauche), condamné par contumace en 1993 en Italie à la perpétuité pour quatre homicides commis durant les « années de plomb », a été aussitôt placé en détention.
Ses avocats ont exigé sa libération immédiate, redoutant que le gouvernement brésilien ne profite de cette détention pour donner droit à une nouvelle demande d’extradition de l’Italie. Une inquiétude qui n’avait cessé, ces derniers jours, de prendre de l’importance parmi les défenseurs de l’ancien militant d’extrême gauche.
Réfugié au Brésil depuis 2004
Le 28 septembre, pour parer à toute éventualité, les avocats de M. Battisti avaient ainsi déposé une demande d’habeas corpus (procédure qui énonce la liberté fondamentale de ne pas être emprisonné sans jugement), auprès de la Cour suprême brésilienne.
L’épisode signe un nouveau rebondissement du feuilleton Battisti, devenu le symbole parfait des plaies des années de plomb italiennes.
Réfugié au Brésil depuis 2004, l’ancien membre des PAC, en cavale depuis 1981 et son évasion de la prison de Frosinone (Latium), avait d’abord élu domicile au Mexique avant d’arriver à Paris au début des années 1990, se croyant protégé par la « doctrine Mitterrand », par laquelle la France avait assuré, en 1985, qu’elle renonçait à extrader vers l’Italie d’anciens militants d’extrême gauche ayant renoncé à la violence, pour peu qu’ils n’aient pas commis de crime de sang.
A Paris, il avait obtenu une carte de séjour et un emploi de gardien d’immeuble, en même temps qu’il écrivait plusieurs romans policiers, sur lesquels plane l’ombre des années de plomb. Il ne cessait par ailleurs de clamer son innocence, mais il avait refusé de se présenter devant la justice italienne ; cette dernière l’avait condamné définitivement en 1993 pour « assassinats et complicité d’assassinats ».
Mais la protection de la France s’avère plus fragile que prévu. Début 2004, il est arrêté par la division nationale antiterroriste (DNAT), en réponse à une nouvelle demande d’extradition italienne. Il est bientôt remis en liberté, sans que la menace s’éloigne.
La présidence Temer signe le retour des tourments de l’Italien
Ayant épuisé tous les recours, en dépit d’une mobilisation de nombreuses figures de la gauche (Bertrand Delanoë, François Hollande) ou des milieux culturels (Fred Vargas, Bernard-Henri Lévy), il rejoint la clandestinité et ne doit son salut qu’à une fuite vers le Brésil, que le gouvernement français est accusé de n’avoir pas cherché à empêcher.
Ses années brésiliennes ne seront pas non plus de tout repos. Débarqué clandestinement dans le pays, il est arrêté en mars 2007, à la demande de l’Italie, et libéré quatre mois plus tard, suite à l’intervention in extremis du président Luiz Inacio Lula da Silva.
Au dernier jour de son mandat, le 31 décembre 2010, Lula avait rejeté la demande d’extradition formulée en 2009 par Rome. Les juges brésiliens avaient in fine estimé, en juin 2011, que Rome ne pouvait contester cette décision « souveraine » de l’ancien chef de l’Etat. Cesare Battisti disposait depuis d’un visa de résident permanent.
Selon le quotidien O Globo, celui que son entourage surnommait « le petit fou » en raison de ses longues promenades solitaires, vivait dans la ville de Rio Preto, dans l’Etat de Sao Paulo, où il aurait récemment suivi un traitement contre l’hépatite C.
La prise de pouvoir de Michel Temer, en 2016, suite à la destitution polémique de l’héritière de Lula, Dilma Rousseff, signera le retour des tourments de l’Italien. La demande d’extradition qu’aurait réitérée récemment Rome aurait déjà reçu le feu vert de deux ministres : ceux de la justice et des relations extérieures, rapporte la presse brésilienne. Le gouvernement Temer, impopulaire, verrait dans cette acceptation un « geste diplomatique important » envers l’Italie, qui n’a de cesse d’exiger que Cesare Battisti lui soit remis, afin qu’il purge sa peine.
Rattrapé par son passé
A en croire les avocats de Cesare Battisti, une telle démarche serait juridiquement irrecevable, un éventuel recours à la décision prise par Lula en 2010 étant, selon eux, prescrit.
« Cela ne fait aucun sens, à moins de déformer le système juridique brésilien. Ce qui semble être actuellement le sport favori à Brasilia », se lamente Igor Tamasauskas, l’un des avocats de M. Battisti, cité par O Globo. Une référence aux batailles entre le Sénat et la Cour suprême qui semblent avoir une interprétation différente des textes et variable selon le profil des intéressés.
S’érigeant en simple « rouage de l’une des innombrables organisations d’extrême gauche alors en guerre contre l’Etat », Cesare Battisti est donc à nouveau rattrapé par son passé.
« Ce que je veux ? Une réconciliation avec le peuple italien. Il faut une amnistie, d’autres pays ont bien réussi », plaidait-il en décembre 2011 lors d’un entretien accordé au Monde. « M. Battisti doit seulement se présenter dans notre pays pour expier, selon les normes pénitentiaires italiennes, les peines auxquelles il a été condamné en conclusion de procès déroulé selon les normes du droit », lui avait répondu sèchement le président italien, Giorgio Napolitano, peu de temps après.