Brésil. La condamnation de Lula n’est pas une bonne nouvelle

L’ancien président brésilien Lula lors d’une manifestations des syndicats de la métallurgie à Sao Paulo, le 15 juillet 2017, quelques jours après sa condamnation pour corruption passive. PHOTO Miguel SCHINCARIOL/AFP

L’ancien président brésilien Lula lors d’une manifestations des syndicats de la métallurgie à Sao Paulo, le 15 juillet 2017, quelques jours après sa condamnation pour corruption passive. PHOTO Miguel SCHINCARIOL/AFP

L’ancien président brésilien a écopé de neuf ans et demi de prison pour corruption passive et blanchiment d’argent. Une lourde peine qui renforce le climat d’incertitude politique.

 

La condamnation en première instance le 12 juillet de l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva à neuf ans de prison pour corruption passive et blanchiment d’argent est une mauvaise nouvelle pour le Brésil. Hormis l’atteinte à la personnalité la plus emblématique du pays leader de l’Amérique latine de ces dernières années, cela aggrave le climat d’incertitude politique et institutionnelle qui règne dans le pays. Et augure un avenir bien sombre jusqu’aux prochaines élections présidentielles prévues pour octobre 2018.

Lula est une figure déterminante de l’histoire récente d’un pays qui a réussi à s’imposer comme l’une des principales économies mondiales et à intégrer dans la classe moyenne les 30 millions de personnes vivant dans des conditions de grande pauvreté. À la destitution contestée de la présidente Dilma Rousseff – n’oublions pas qu’elle a été accusée, non de corruption, mais d’avoir maquillé les comptes publics – il faut désormais ajouter la révélation d’une corruption endémique à très grande échelle. D’autant qu’une nouvelle tempête institutionnelle se profile à l’horizon, avec l’accusation de corruption portée contre le président en place, Michel Temer.

C’est dans ce contexte que Lula avait prévu de revenir sur la scène politique pour sauver le pays et relever son parti en mauvaise posture. On peut évidemment douter de la pertinence de ce projet, stoppé net aujourd’hui.

Un terrible revers pour le PT

Toutefois, puisqu’il est possible de faire appel de cette sentence – avec pour effet immédiat la suspension de son exécution et la possibilité donnée à l’ex-président de se représenter aux élections –, le verdict n’éloigne pas définitivement Lula de la scène politique. Mais cela constitue un terrible revers pour ses ambitions personnelles comme pour sa formation, le Parti des travailleurs (PT), qui se doit de rester légitime dans la défense des intérêts d’une grande partie des Brésiliens. Au cœur de nombreux scandales depuis bien des années, le PT a fait appel à Lula, consumant ainsi sa dernière cartouche, et ne dispose à présent d’aucun plan B.

L’affaiblissement des autres grands partis n’est pas une consolation en soi, loin s’en faut, compte tenu de l’état pitoyable du paysage politique brésilien. Une écrasante majorité des responsables politiques de ces dernières années a gouverné dans un système rongé par la corruption. Et ceux qui n’y ont pas directement participé ont préféré ne rien voir et n’ont rien entrepris pour la combattre.

Le Brésil a fait un pas de géant, suscité l’admiration du monde entier, et sa réussite est devenue un exemple pour un grand nombre de pays. Mais c’est ignorer que la corruption finit toujours par ronger les systèmes qu’elle infiltre. Ainsi, outre l’effondrement politique et institutionnel, la classe politique s’est totalement discréditée aux yeux de l’opinion publique. Si on y ajoute une stagnation économique résultant d’un processus de décision politique en état de paralysie, cette défiance peut très vite gagner l’ensemble du système démocratique et servir de socle aux discours populistes qui ont déjà fait preuve de leur efficacité sous d’autres latitudes. Le Brésil s’y expose.

Un verdict sans précédent

“Lula est le premier ancien président à être condamné”, titre le 13 juillet O Globo après la décision du juge Sérgio Moro, chargé des dossiers de l’opération Lava Jato, l’enquête sur le scandale de corruption impliquant la société pétrolière Petrobras. Lula a été reconnu coupable d’avoir accepté plus de un million d’euros – dont un appartement en bord de mer près de São Paulo – de la part de l’entreprise d’ingénierie OAS, en remerciement de son intervention pour l’attribution de contrats avec Petrobras. Pourtant, en raison du manque de preuves concrètes, “il y a une bonne dose d’interprétation dans le jugement de Moro au sujet de Lula”, estime la Folha de São Paulo. L’ex-président a fait appel, une procédure qui pourrait prendre jusqu’à dix mois.

Source : El País Brasil  São Paulo brasil.elpais.com  Courrier International 18/07/2017

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Cambodge. Les dessous du business de la gestation pour autrui

Dans le village de de Puth Sar, dans le sud du Cambodge, où vit Chhum Long. Treize femmes, dont sa fille, ont loué leurs utérus pour porter l'enfant de parents étrangers . PHOTO AFP/ Tang Chhin Sothy TANG CHHIN Sothy / AFP

Dans le village de de Puth Sar, dans le sud du Cambodge, où vit Chhum Long. Treize femmes, dont sa fille, ont loué leurs utérus pour porter l’enfant de parents étrangers . PHOTO AFP/ Tang Chhin Sothy TANG CHHIN Sothy / AFP

L’imposition par le gouvernement d’un moratoire sur la gestation pour autrui laisse de nombreuses femmes ayant loué leur utérus dans une zone grise. Reportage.

Les mains crispées sur sa longue jupe, Chhum Samphors se tient le bas-ventre au niveau de la cicatrice laissée par sa récente césarienne. Le 9 juin dernier, cette jeune femme de 34 ans, originaire du village de Puth Sar dans la province de Takeo [sud du Cambodge], a donné naissance à des jumeaux à Phnom Penh.

Elle aurait pourtant dû accoucher à Bangkok, comme l’avaient prévu les “parents d’intention”, un couple homosexuel, et leur agence de gestation pour autrui (GPA).

Le ministère cambodgien de la Santé a soudainement interdit cette pratique florissante en octobre 2016. Un procès sans précédent sur le sujet est également en cours [trois personnes sont inculpées, notamment la fondatrice d’une agence australienne de gestation pour autrui]. Mais, des bébés continuent à naître de la GPA au Cambodge.

Suite à cette interdiction – qui n’a pas encore force de loi –, beaucoup d’agences ont migré vers le Laos voisin, ne laissant qu’incertitudes sur leur chemin : certaines Cambodgiennes ont même déclaré ne pas avoir reçu tout l’argent qui leur avait été promis.

Trois fois le revenu moyen

L’accouchement en Thaïlande se fait dans de meilleures conditions médicales qu’au Cambodge, a-t-on dit à la jeune mère porteuse, Samphors. Mais cela permet également aux “parents d’intention” de contourner la fastidieuse procédure juridique pour obtenir la garde des enfants et ainsi les faire sortir du territoire.

Immédiatement après leur accouchement à Phnom Penh, certaines mères porteuses doivent aller remettre les nouveau-nés à leurs parents biologiques à Singapour.

Courant mai, Samphors s’est rendue dans la capitale thaïlandaise. Elle devait y rester jusqu’au terme de sa grossesse, installée dans un appartement perché au septième étage d’un immeuble. Elle est partie au bout d’une semaine.

“Les soins sont de meilleure qualité en Thaïlande, mais je ne parle pas la langue alors je suis revenue ici”, explique-t-elle.

À Phnom Penh, elle a accouché de jumeaux à tout juste sept mois de grossesse. Nés prématurément, ils ont été immédiatement transférés à l’hôpital Calmette [un établissement public mais réservé à une élite], et elle n’a donc pas vu leurs visages. Avec un grand sourire, Samphors affirme que les futurs parents ont été très bons avec elle.

Ils ont toujours versé les 300 dollars [260 euros environ] de revenu mensuel en temps et en heure. Le revenu moyen mensuel moyen était selon le FMI de 95 euros en 2016. Lorsque ses trois enfants aînés sont tombés malades, ils ont participé à l’achat des médicaments.

La jeune femme dit avoir touché la somme convenue (entre 10?000 et 11?000 euros), ce qui lui a permis d’acheter une parcelle, d’y construire une maison et de se lancer dans un commerce de fruits et légumes.

Elle n’imaginait pas gagner un jour tant d’argent. Lorsqu’elle était ouvrière dans une usine de textile, elle touchait environ 110 euros par mois. Son mari, ancien ouvrier en bâtiment, transporte et vend maintenant du bois de chauffage pour 7 euros par jour.

Des intermédiaires en fuite

La GPA n’a pas été à la hauteur des espoirs de certaines.

Sean Keo, mère porteuse originaire de la province de Kratie [dans l’est du Cambodge], affirme qu’elle n’a pas reçu l’intégralité du montant prévu sept mois après son accouchement. Et comme beaucoup d’autres, son agence a quitté le pays.

Ils avaient promis de me payer 7?400 euros en tout, en comptant les 260 euros par mois pendant la grossesse”, indique-t-elle.

Trois semaines après l’accouchement, elle a perçu 2?700 euros, soit un total de 4?800 euros : “Je n’ai reçu aucun autre paiement depuis sept mois. Je n’ai plus aucune nouvelle”.

Même lorsqu’elles ont bien été payées tout au long des neuf mois de leur grossesse, certaines femmes ne parviennent pas à sortir de la pauvreté comme elles l’avaient espéré.

Chhum Long, une femme de 60 ans également originaire de Puth Sar, raconte l’histoire de sa fille Va Tey, qui a été mère porteuse. Elle a été payée en plusieurs fois (un revenu mensuel, puis 3?400 euros à la naissance et un dernier versement de 1?700 euros), mais n’a pas réussi à rembourser toutes les dettes de la famille ni à acheter de terrain.

Elle a aussi dû assumer une dépense imprévue, l’achat de lait en poudre pour son bébé (qui a maintenant 20 mois), alors qu’elle portait celui d’un autre. Cette dernière grossesse lui a ensuite permis de recommencer à allaiter son enfant.

Après son accouchement en février, Va Tey est allée remettre le nouveau-né aux futurs parents, un couple homosexuel, à Singapour. Au départ, elle s’était installée à Phnom Penh pour travailler dans le bâtiment, explique sa mère Chhum Long, qui admet avoir eu quelques regrets :

J’avais l’impression que c’était mon petit-fils. Il était très mignon, il avait les cheveux bouclés. C’était un garçon, et j’aime bien les garçons. S’ils me l’avaient confié, je l’aurais élevé”.

Chhum Long déclare cependant qu’elle soutiendrait sa fille si celle-ci souhaitait faire une nouvelle GPA (ce qui ne sera pas possible avant trois ans).

Début juin, la nièce de Chhum Long est allée à Phnom Penh pour accoucher. Et une autre de ses filles a aussi essayé, sans succès, de devenir mère porteuse.

Le chef de Puth Sar, Ouk Savouen, précise qu’il y a eu au moins 13 mères porteuses dans son seul village. Il explique que malgré l’afflux d’argent, la plupart d’entre elles sont toujours aussi pauvres car elles ne savent pas gérer leurs revenus. “Je suis inquiet de voir cette pratique persister dans mon village… Et je suis inquiet pour la santé des mères et des enfants”, confie-t-il.

Ouk Savouen a récemment appris que deux nouvelles femmes étaient devenues mères porteuses, mais elles refusent d’en parler devant lui : “Elles craignent de ne pas être payées si elles nous le disent”.

Des pratiques douteuses

Cette peur leur est transmise par les agents, qui prélèvent une commission d’environ 1?700 euros auprès des “parents d’intention” et d’environ 870 euros auprès des mères porteuses.

Au Comité national contre la traite des personnes (NCCT), Chou Bun Eng souligne que le gouvernement a accordé une amnistie temporaire [jusqu’en janvier 2018] aux “parents d’intention” et aux mères porteuses, mais qu’il ne sera pas aussi clément avec les intermédiaires. Elle ajoute :

Nous ne voulons pas de ces intermédiaires qui tentent d’exploiter les femmes et de les tromper en les poussant vers cette pratique. Ils ne pensent qu’à leurs commissions et méprisent la vie de ces femmes”.

“Je pense, dit-elle, que les agents et intermédiaires qui essayent de convaincre les mères d’accoucher en dehors du Cambodge – en Thaïlande par exemple – ne le font que pour contourner la procédure légale ou pour échapper aux enquêtes de la justice”.

Depuis le mois d’avril, les Cambodgiennes peuvent s’enregistrer auprès du gouvernement pour signaler leur statut de mère porteuse, mais elles ne seront protégées que jusqu’au 8 janvier 2018, indique encore Chou Bun Eng :

Les femmes qui accoucheront avant cette date bénéficieront de notre aide, et les parents pourront quitter le pays avec leur enfant en suivant la procédure légale. Nous pensons que les femmes sont victimes de cette pratique et qu’elles n’ont pas accès aux informations nécessaires… [Mais] si elles continuent à devenir mères porteuses après la date annoncée, nous considérerons qu’elles ont agi en connaissance de cause et elles risqueront donc d’être poursuivies en justice”.

 

La pauvreté en fait des proies

Selon Ros Sopheap de l’ONG Gender and Development for Cambodia, la GPA commerciale est “une violation des droits des femmes” et ce n’est en aucun cas une solution durable pour les aider à sortir de la pauvreté – surtout quand elles ne reçoivent pas l’intégralité du montant convenu.

“Beaucoup ont été exploitées… Tout le corps de la femme, des pieds à la tête, est utilisé par d’autres pour se faire de l’argent. Ils les trompent. Ce sont des gens qui trompent des femmes vulnérables que personne n’écoute. Elles sont tellement pauvres qu’elles ne peuvent qu’accepter”.

Ros Sopheap a fait pression auprès du gouvernement pour que les mères porteuses soient protégées et que la loi tant débattue sur la GPA soit enfin adoptée et appliquée. Elle interroge aussi la capacité des femmes à séparer l’expérience de la grossesse de la pure activité commerciale :

Lorsqu’une femme porte un enfant dans son ventre, elle communique avec lui à chaque instant”.

Pour sa part, Samphors affirme ne pas avoir de regrets. Elle admet cependant, alors qu’elle se relève avec précaution, être un peu triste d’avoir perdu tout lien avec les jumeaux qu’elle a portés.

Yon Sineat et Erin Handley

 

Source : The Phnom Penh Post – Phnom Penh Le Courrier International 14/07/2017

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États-Unis. Donald Trump Jr. pris la main dans le pot russe

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Dessin de Ruben, Pays-Bas.

Les courriels publiés par le fils aîné du président sous la pression du New York Times font voler en éclats la défense du camp Trump, affirme le quotidien. Les plus hauts responsables de son équipe de campagne ont bel et bien cherché à obtenir l’aide de Moscou pour battre Hillary Clinton.

Depuis tout ce temps, la vérité était là, dans les courriels de Donald Trump Jr., qu’il a publiés sur Twitter le 11 juillet au matin, après avoir appris que le The New York Times s’apprêtait à en révéler le contenu.

Dans un langage brut et direct à faire rougir un scénariste hollywoodien, ces courriels confirment ce que le président, son fils et d’autres réfutent mordicus depuis plus d’un an : des responsables haut placés de la campagne de Trump ont bien rencontré des représentants du gouvernement russe, dans l’espoir d’obtenir un coup de main pour nuire à Hillary Clinton et faire élire Donald Trump.

Le 3 juin 2016, Donald Trump Jr. a reçu un message de Rob Goldstone, ancien journaliste dans un tabloïd britannique et chargé de presse pour des musiciens, l’informant qu’une avocate du gouvernement russe avait “proposé de fournir à l’équipe de Trump des documents officiels et des informations qui incrimineraient Hillary et ses relations avec la Russie, et qui seraient très utiles à [son] père”.

Et Rob Goldstone de continuer :

Ce sont naturellement des informations hautement confidentielles et sensibles, mais elles s’inscrivent dans le cadre du soutien du gouvernement russe à M. Trump.”

 

“J’adore”

À ce moment, n’importe quelle équipe de campagne à peu près compétente et dotée d’un sens de la déontologie aurait contacté le FBI. C’est ce qu’a fait la campagne d’Al Gore [le candidat démocrate] en 2000 après avoir mystérieusement reçu des documents confidentiels sur les débats qui appartenaient à l’équipe de George W. Bush.

Mais dans le monde du président Trump, l’éthique, c’est pour les imbéciles. Son fils a répondu à Rob Goldstone :

Si c’est ce que vous dites, j’adore, surtout pour la fin de l’été.”

C’est probablement à ce moment qu’il pensait pouvoir faire le plus de dégâts.

Le 9 juin 2016, Trump fils a rencontré l’avocate russe Natalia Vesselnitskaïa, qui a des liens avec le Kremlin. Deux autres proches de Trump père étaient aussi conviés : le directeur de sa campagne, Paul Manafort, et Jared Kushner, le gendre du président qui est aujourd’hui conseiller principal à la Maison-Blanche.

“Du grand n’importe quoi”

Que s’est-il passé à cette réunion?? Rien, à en croire Donald Trump Jr., qui assure qu’elle a eu lieu “avant la fièvre actuelle autour de la Russie”. Moins de deux mois plus tard, CNN l’a interrogé à propos d’affirmations selon lesquelles la Russie essayait d’encourager la campagne de son père. “C’est répugnant, c’est du grand n’importe quoi”, avait alors répondu le fils Trump.

Ce qui est vraiment n’importe quoi, ce sont ses multiples explications contradictoires à propos de ce qui a transpiré de ses échanges avec Mme Vesselnitskaïa. Dimanche, par exemple, il a dit qu’il n’avait révélé à MM. Manafort et Kushner “rien sur le contenu” de la réunion à l’avance. Mais l’objet de l’e-mail d’échanges avec M. Goldstone, que Trump a transféré aux deux hommes, était le suivant : “Russie – Clinton – confidentiel”.

Du point de vue juridique, l’affaire Trump Jr. est mal engagée. La loi sur le financement des campagnes fédérales interdit de solliciter le moindre “élément de valeur” à des ressortissants étrangers. À cette aune-là, le fait que Trump ait accepté la proposition de rencontrer Mme Vesselnitskaïa est déjà très douteux. Toutes les accusations allant dans ce sens pourront être portées par le procureur Robert Mueller III, chargé de l’enquête sur la Russie, ou par le ministère de la Justice.

“Montée en épingle”

Pendant ce temps, les républicains du Congrès restent sagement arrimés sur leurs fauteuils, en position de sécurité, en attendant le crash de l’avion Trump. À en croire le sénateur Orrin Hatch, cette nouvelle affaire de courriels est simplement “montée en épingle” et Donald Trump Jr. est “un charmant jeune homme”.

Quid du président?? Dans son message à Donald Trump Jr., Goldstone concluait sur ces mots : “Je peux aussi envoyer cette information à votre père” par l’intermédiaire d’un assistant. Donald Trump n’a pas eu connaissance de cette rencontre, affirme son fils, ce qui est difficile à croire quand on sait qui y a assisté – et qu’on ne peut prendre pour argent comptant les déclaration du fils Trump au vu de ses précédentes entorses à la vérité.

Mardi, le président américain s’est fait inhabituellement discret sur les réseaux sociaux, se contentant de faire publier un assez terne message de soutien à son fils par le service de presse de la Maison-Blanche : “Mon fils est une personne de haute qualité et je salue sa transparence.” Malheureusement, la transparence est une des qualités, avec la crédibilité, qui font sévèrement défaut à cette administration. C’est pourquoi, lorsque Donald Trump Jr. affirme avoir publié la “totalité de ses échanges d’e-mails”, on ne peut que se demander : que cache-t-il d’autre??

Éditorial The New York Times 12/07/2017

Japon. Tokyo dit non à l’arrogance d’Abe

7j-jonesLe parti du Premier ministre Shinzo Abe a essuyé une défaite cuisante aux élections de l’assemblée municipale de Tokyo, le 2 juillet. Un vote de sanction pour ce gouvernement qui bafoue les fondements de la démocratie, fustige le plus grand quotidien du pays.

Le Parti libéral-démocrate [PLD, conservateurs] a essuyé une défaite historique le 2 juillet aux élections à l’assemblée métropolitaine de Tokyo. À n’en pas douter, l’électorat attend beaucoup de Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, qui l’a emporté avec une large majorité. Mais cela ne suffit pas à expliquer la défaite désastreuse du PLD. Les résultats du scrutin doivent être interprétés comme un non retentissant à l’arrogance et à la suffisance du gouvernement du Premier ministre, Shinzo Abe.

On a pu constater à maintes reprises les effets néfastes de son autoritarisme. Shinzo Abe a refusé de répondre aux questions sur les scandales politiques dans lesquelles lui-même, son épouse Akie et son proche allié politique Koichi Hagiuda sont suspectés d’être impliqués. Son gouvernement a même rejeté la demande des partis d’opposition de tenir une session extraordinaire au Parlement, en vertu de l’article 53 de la Constitution.

Après avoir organisé à la hâte un débat en commission sur le projet de loi “anticonspiration” [loi adoptée le 15 juin], le gouvernement Abe s’est appuyé sur la large majorité dont il dispose dans les deux chambres pour faire passer en force cette législation très controversée [le texte est destiné à punir les individus se préparant à commettre des actes terroristes et est accusé d’être liberticide par ses opposants]. Par la force du nombre, le PLD a ni plus ni moins étouffé le débat au Parlement, qui est pourtant le cœur de la démocratie. Cela montre à quel point ce gouvernement ne respecte pas le Parlement.

Le discours de campagne qu’a prononcé M. Abe devant la gare d’Akihabara, à la veille du scrutin de Tokyo, a révélé le fossé qui le sépare du sentiment général. Quand l’assistance a commencé à scander des appels à sa démission, le Premier ministre a crié : “Nous ne serons pas vaincus par des gens pareils?!” Il a certainement pensé que ces huées ne provenaient que d’une poignée de détracteurs cherchant à saboter son discours. Les résultats de l’élection ont pourtant bien montré que sa politique mécontentait une part bien plus importante de l’opinion japonaise.

Des conséquences sur l’élection de 2018

Le mépris de son gouvernement pour le débat public n’est pas nouveau. Avant son retour au pouvoir en 2012, le Premier ministre s’est engagé, en campagne, à donner la priorité aux questions économiques. Les élections passées, il s’est empressé de faire adopter des lois soulevant de graves enjeux constitutionnels, à l’image de la législation sur la protection des secrets d’État ou de la nouvelle loi sur la sécurité nationale [qui a renforcé le rôle des militaires japonais].

Alors que de nombreux Japonais ainsi que des parlementaires ont dénoncé les problèmes posés par ces nouvelles législations, le PLD n’a guère pris la peine ni le temps d’en expliquer la nécessité pour qu’elles soient mieux acceptées. Pis, il s’est appuyé sur la majorité de son camp dans les deux chambres pour les faire passer en force, prétextant que les parlementaires leur avaient déjà consacré des heures de délibération.

Or le Parlement est la représentation du peuple, détenteur collectivement de la souveraineté nationale : les partis d’opposition représentent de larges pans de l’électorat japonais. Shinzo Abe semble avoir oublié ces principes de base de la démocratie.

Même si ces élections à l’assemblée de Tokyo restent un scrutin local, la défaite cuisante du PLD dans la capitale pèsera lourdement sur la mise en œuvre du programme national d’Abe. Cet échec aura des conséquences aussi sur l’élection à la présidence du PLD, prévue en septembre 2018, ainsi que sur les législatives, annoncées pour décembre 2018. À ce rythme, la révision de la Constitution, qui est le projet phare du Premier ministre, pourrait être compromise.

Ce qu’il doit faire aujourd’hui tombe sous le sens. Shinzo Abe doit réunir le Parlement en session extraordinaire et répondre à la demande de l’opposition, comme prévu par la Constitution, et donner des explications claires aux questions qui lui sont posées. Le gouvernement tire son pouvoir d’un mandat public qui le lui confie de façon temporaire : le Premier ministre n’en est pas le détenteur à titre personnel. Si Shinzo Abe n’a pas compris cette vérité simple, il n’est pas qualifié pour continuer à présider aux destinées du Japon.

Source Asahi Shimbun 04/07/2017

Gouverneure de Tokyo depuis 2016, Yuriko Koike, ancienne membre du PLD, a remporté une large majorité à l’assemblée de Tokyo avec 79 des 127 sièges. Sa campagne, lancée avec son nouveau parti, Tomin First no Kai (Association pour donner la priorité aux habitants de Tokyo), a mis en avant le besoin de transparence dans la gestion de la capitale. Première femme à diriger la mairie de Tokyo, elle partage certaines propositions controversées de Shinzo Abe, comme la révision de la Constitution pacifiste de 1947.

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Srebrenica: les Pays-Bas responsables du massacre

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Justice internationale En juillet 1995, 35o musulmans ont été massacrés par les Serbes dans une enclave sous protection des casques bleus néerlandais de l’ONU. L’Etat néerlandais est fautif, selon le TPI.

 

L’Etat néerlandais est tenu partiellement responsable du décès de 350 musulmans lors du massacre de Srebrenica en 1995, selon un jugement de la Cour d’appel de La Haye rendu mardi.

«La Cour juge que l’Etat néerlandais a agi illégalement» et «condamne l’Etat à verser une compensation partielle» aux familles des victimes, a déclaré la juge Gepke Dulek. Les Casques bleus néerlandais ont «facilité la séparation des hommes et des garçons musulmans tout en sachant qu’il y avait un risque réel qu’ils subissent un traitement inhumain ou qu’ils soient exécutés par les Serbes de Bosnie», a-t-elle expliqué.

Environ 8000 hommes et garçons musulmans ont perdu la vie en 1995 lors du génocide de Srebrenica, théâtre des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

30% des dommages et intérêts

Les troupes néerlandaises, connues sous le nom de «Dutchbat», retranchées dans leur base, avaient recueilli des milliers de réfugiés dans l’enclave des Nations unies.

Mais, submergées, elles avaient d’abord fermé les portes aux nouveaux arrivants, puis permis aux Serbes de Bosnie d’évacuer les réfugiés. Les hommes et les garçons avaient alors été séparés et mis dans des bus.

«Dutchbat aurait dû prévenir ces hommes des risques qu’ils couraient et aurait dû leur laisser le choix de rester dans l’enclave pendant que leur famille était évacuée», a poursuivi la juge.

Toutefois, la Cour d’appel condamne l’Etat néerlandais à verser seulement 30% des dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes car elle «n’est pas certaine que ces personnes n’auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l’enclave.»

Une cour inférieure avait déjà statué en 2014 que l’Etat néerlandais était responsable du décès de ces 350 hommes et garçons bosniaques.

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Présence contestée

L’Etat néerlandais avait fait appel du verdict, en disant que personne n’aurait pu prévoir un génocide. Aux Pays-Bas, le rôle des anciens Casques bleus néerlandais continue de susciter la controverse.

Plus de 200 d’entre-eux demandent également des dommages et intérêts au gouvernement pour les avoir envoyé à Srebrenica remplir «une mission irréaliste, dans des circonstances impossibles», selon les mots prononcés l’année dernière par Jeanine Hennis-Plasschaert, ministre de la Défense.

«A partir de demain (mardi), 206 de mes clients réclament une compensation de 22’000 euros chacun», a déclaré leur avocat à l’émission télévisée néerlandaise Jinek lundi soir. Au total, les dommages s’élèveraient à environ 4,5 millions d’euros. (ats/nxp)

Source : La Tribune de Genève 27/06/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique UE, rubrique  De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité, rubrique Pays-BasComment expliquer la réussite de Wilders aux Pays-Bas ?, rubrique PolitiquePolitique Internationale, rubrique Société, Justice,