Benjamin Millepied. Vous l’aimez gentil, noir ou joli ?

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Photo Laurent Philippe

Montpellier Danse programmait Benjamin Millepied, futur maître de l’opéra de Paris, au Corum cette semaine.

Un peu l’ambiance des grands soir mardi au Corum avec une soirée proposée par Montpellier Danse signée Benjamin Millepied, futur maître du ballet de l’Opéra de Paris et mari de l’actrice Natalie Portman pour le côté people.

Trois pièces au programme et deux heures de spectacle entrecoupé d’un entracte pour faire causette. La Cie L.A. Dance Project que le chorégraphe ramène dans ses bagages a vu le jour à Los Angeles où Millepied s’est installé après avoir été dix ans étoile au New York City Ballet.

Dans la première partie , Millepied présente sa création Reflections en jouant sur le contraste anachroniques : décor ready-made/virtuosité néoclassique. La liberté des danseurs, un brun autosuffisante, s’affiche avec une grande décontraction. Mais la beauté plastique révèle la pauvreté des âmes. Mouvements maniérés et dislocation du groupe sur l’autel du narcissisme nourri à la société de consommation. Millepied se contente de reproduire la misère du monde contemporain en usant d’un langage chorégraphique plutôt pauvre.

La pièce de Cunningham qui suit, Winter branch, (1964) nous plonge dans un noir quasi-total, brillamment mis en lumière par Robert Rauschenberg. Même si l’oeuvre de Cunningham a perdu de son pouvoir de fascination, elle conserve de sa puissance créative. Les danseurs s’agrègent dans un tableau comme des taches presque noirs sur fond noir.

Pour conclure on regrette que la pièce de Forsythe Quintett ait été très malheureusement remplacée par Murder Ballades de Justin Peck un travail qui nous renvoie aux fêtes scolaires de fin d’année, coloré, précieux et vraiment très joli !

JMD

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Les intermittents debout entre le marteau et l’enclume

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Photo Rédouane Anfoussi.

Mobilisation. Reçus par l’Etat, la Région et l’Agglo les travailleurs de la culture attendent toujours du concret.

Le vice-président du Medef, Jean-François Pilliard, a réclamé hier à Paris « des premières mesures applicables de suite » pour réformer l’indemnisation chômage des intermittents, à « compléter » par de « nouvelles discussions » tandis que dans toute la France des cortèges unitaires défilaient à l’appel d’une l’intersyndicale des métiers de la culture.

Les syndicats rassemblés défendent des propositions pour un juste régime d’assurance chômage. Ils dénoncent les baisses programmées du budget du ministère et des collectivités locales avec les conséquences dramatiques sur l’emploi et l’économie locale.

A Avignon, les intermittents ont occupé la mairie. A Marseille, ils ont été gentiment gazés avant d’être reçus par le candidat socialiste Patrick Mennucci. A Montpellier, les intermittents ont rencontré le directeur régional des affaires culturelles, avant de se rendre à l’hôtel de Région puis de rencontrer J.-P Moure à l’Agglo. Au cœur de la discussion : l’illisibilité de la loi d’orientation qui devait régir les compétences et définir un programme.

« Il y aurait un volet concentré sur les métropoles et un volet régional. La loi prendrait effet en janvier 2015, mais on sent bien qu’il n’y a pas de projet et pour le budget, on nous renvoie sur Bercy », commente Yves Bommenel du SMA. La CGT spectacle souhaite une décentralisation basée sur des compétences partagées en refusant le transfert de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales.

« Ils veulent faire une loi alors que les collectivités ne s’entendent pas sur les compétences, souligne Eva Loyer. Le résultat sera une gestion à la petite semaine avec un retrait de l’Etat et nous au milieu. Ce gouvernement n’a aucune ambition culturelle. On perd tous sens du politique. On veut des écrits et des actes ! »

Au niveau national, le Medef n’évoque plus la suppression pure et simple du régime des intermittents. Provocation ?  « Notre mobilisations a joué, contre la casse de l’assurance chômage, constate Didier Taudière (SFA CGT). Mais, on peut aussi y voir un contre feu dans la négociation sur le pacte de responsabilité. » Prochain rendez-vous les 18 contre le pacte de responsabilité et 20 janvier, date de reprise des négociations sur l’indemnisation chômage.

   JMDH

Source : L’Hérault du Jour : 13/03/2014

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Municipales Montpellier. La culture du XXIe sur ordonnance politique

soiree culturePolitique culturelle. Jean-Pierre Moure précise la place de la culture et le soutien
à la création dans un nouveau modèle de gouvernance métropolitaine.

Le 5 mars dernier, devant 250 représentants du monde culturel montpelliérain, Jean-Pierre Moure a présenté ses engagements pour la culture. Le candidat socialiste à la mairie de Montpellier entend porter une dynamique collective à partir de trois axes qu’il a déclinés en suscitant espoir et scepticisme.

Le premier axe entend « promouvoir une culture de proximité avec les jeunes et pour le vivre ensemble. » Il s’agirait de favoriser les cultures urbaines pour « en faire un nouveau marqueur identitaire », avec la volonté de créer un « Printemps des cultures urbaines » qui associerait le Fise, la Battle, des expos…

L’idée générale consiste à s’appuyer sur la jeunesse de la population pour bâtir l’offre et intégrer la culture urbaine dans une réflexion urbanistique et de communication. La rénovation du skate park de Gramont, l’ouverture d’espaces polyvalents et des Maisons pour Tous ainsi que la mise à disposition de friches (avec le concours de la SERM et d’ACM) font partie des intentions qui étayent cette proposition.

Concernant le « vivre ensemble », la ZAT serait « vouée à évoluer » pour répondre à trois critères : « Plus simple, plus souple, moins onéreux ». Le nouveau projet qui rappelle Quartiers Libres s’étirerait sur toute l’année et concernerait tous les quartiers, « avec des projets co-construits avec les artistes locaux et les habitants ».

« Sécuriser les artistes »

Le candidat propose aussi la gratuité des activités périscolaires avec la création d’un pacte d’éveil éducatif et culturel. Les artistes seront invités à accompagner l’aménagement des rythmes scolaires…

Le second grand axe vise à soutenir les artistes et impulser une économie de la culture. Jean-Pierre Moure s’engage à signer des conventions pluriannuelles de trois ans avec les artistes. Pour s’adapter aux soucis de trésorerie des associations, il propose de verser les subventions en début d’exercice en conditionnant un quart du budget alloué, sur objectifs.

Le candidat souhaite mailler le territoire urbain de résidences artistiques qui seraient mises à disposition par les bailleurs sociaux. Il est aussi très attaché à la dimension économique de la culture, appelant de ses voeux des incubateurs d’entreprises culturelles, il veut encourager les investisseurs en capital risque à miser sur ces entreprises.

Le troisième axe concerne la mise en exergue du patrimoine et de la culture scientifique. Il s’agit d’élever la ville à travers un appel à projet autour de la valorisation des cultures méditerranéennes, d’une candidature au label « Art et Histoire » de l’Unesco, ainsi que d’un travail de mise en réseau des artisans d’arts, et des sites de collections scientifiques universitaires.

Le président de l’Agglo dispose d’une assez bonne image auprès des acteurs culturels qu’il a souvent défendus. Le budget culturel de l’Agglo a augmenté de 18% depuis 2011. Le schéma qu’il porte aujourd’hui relève d’une vision politique assez partagée en France et en Europe.

Cette politique culturelle repose sur une interprétation de la création dans une dimension matérielle et sociale de la ville. Jean-Pierre Moure imagine la ville de demain mais dans une configuration où le rêve légitime du politique englobe et sécurise celui des artistes dont on oublie d’interroger la vocation sociétale. Qu’est-ce que la culture ? Il y a là un thème de réflexion passé sous silence qui conditionne fortement l’avenir de l’offre et de la demande culturelle montpelliéraine.

Le passage de l’équipement culturel au mode de vie

Point de vue

imagesLe concept de ville et les fonctions urbaines connaissent un profond changement que va venir renforcer la loi sur la décentralisation et l’émergence probable d’une métropole montpelliéraine. Jean-Pierre Moure qui évoque désormais le terme Agglo-métropole pour désigner le territoire qu’il vise à conquérir l’a bien compris.

La politique culturelle qu’il a présentée intègre la culture dans le jeu relationnel urbain avec les flux de personnes et les marchandises qui y circulent. Lieux de production, lieux de création, lieux de divertissements, lieux sportifs, lieux de diffusion culturelle, sphère publique et privée, concourent indistinctement au même schéma directeur.

Aujourd’hui la ville est certes autant un lieu de production que de consommation mais la culture rappelons-le, n’est pas un produit comme les autres. Les dimensions de la culture sont multiples, hétérogènes, diverses et il semble important qu’elles le demeurent.

A l’instar d’une saison lyrique, un projet comme la Zat, pour ne citer que celui-là, ne se mesure pas en terme de coût mais de valeur et précisément, à travers la qualité du travail artistique réalisé pour l’espace public. De même, la construction d’une identité urbaine ne se décrète pas d’un perchoir.

C’est justement de la culture qu’émerge l’identité. Le pragmatisme utile en politique n’est pas de bon conseil en matière culturelle et l’inversion des valeurs qui pose l’action politique comme matrice de l’identité ne sort pas du flou les motivations qui déterminent les choix culturels, leurs effets sur la consommation, et sur l’espace urbain. Comment ce discours sera lu par les acteurs culturels ?

Jusqu’ici la culture reste un lieu où la confiance dans les élus est forte. Dans la crise de la démocratie que nous traversons, c’est un élément qui doit être mesuré à sa juste valeur. Non seulement la culture peut infléchir les résultats électoraux mais elle garantit notre dimension critique et par la même notre capacité à penser par nous-mêmes. La culture reste une réponse possible à cette crise, la gardienne d’une authenticité, d’un engagement, d’une liberté de vivre et d’expression.

Jean-Marie Dinh

Source L’Hérault du Jour 11/03/2014

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Le soleil et les fleurs appellent le poème, partons

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Annie Estèves devant une oeuvre de Raphaël Segura. photo Rédouane Anfoussi

Maison de la poésie. Le Printemps des poètes s’ouvre aujourd’hui à Montpellier et dans toute la région. Jusqu’au 23 mars, il rejoint le carrefour des arts.

Au plus profond de la splendeur du printemps s’éveille le temps des poètes. La Maison de la poésie de Montpellier Languedoc révèle  le banquet qu’elle a dressé pour les réjouissances autour du thème national « la poésie au coeur des arts ». Cette dimension qui associe d’indomptables signes au travail des plasticiens, musiciens, comédiens, photographes… prolonge   et ravive des liens tissés de longue date entre la poésie et ses « alliés substanciels ».

« La poésie c’est un état, souligne Annie Estèves, la directrice artistique de la manifestation, ce que le mythe d’Orphée transcrit peut-être le mieux. Celle qui envoûte la bête avec sa lyre, charme les rochers par une parole qui persiste et vous transforme. » Mais que se passe-t-il quand le poème s’échappe du livre pour se mettre en bouche et croiser d’autre formes d’art ? Il part à la rencontre de la vie. « L’oralisation est nécessaire parce que la poésie appelle naturellement un rapport à l’oral, y compris pour les poètes. Mais je la conçois avec un retour à l’écrit, à la lecture. Le poème c’est ce qui reste, ce que l’on a envie de retenir en soi. Je ne crois pas à une poésie uniquement livresque. Cet aller-retour entre l’oral et l’écrit est nourrissant. »

A l’occasion du lancement national de la manifestation, se tient ce soir à 19h, à la Maison de la poésie, le vernissage du peintre montpelliérain Raphaël Segura, compagnon de route de nombreux poètes, dont Béatrice Libert et Jean Joubert, qui seront présents. Bien d’autres artistes s’associeront aux poètes, jusqu’au 23 mars. Le 18 mars, l’éditeur Bruno Doucet présentera la première traduction de la poète Maria Mercè Marçal autour d’un spectacle de la Cie Fitorio Théâtre. Le 21 mars, ce sera la présentation de l’ouvrage Levée des ombres qui rassemble les poèmes de Françoise Ascal et les photos de Philippe Bertin autour d’un travail sur la mémoire de l’Abbaye d’Aniane qui fut une colonie pénitentiaire pour mineurs.

Toutes ces manifestations et d’autres* croisent les disciplines artistiques. « On est à l’initiative de ces rencontres et l’on reste à l’écoute des nouvelles formes. La poésie a vocation à se dresser où l’on ne l’attend pas, confirme Annie Estèves, elle se mêle au spectacle vivant à bien des endroits, mais le poème ne doit pas rester dans l’air. Que nous reste-t-il d’une performance ? Nous avons constaté que nos propositions vivantes donnaient envie d’aller en librairie ». La Maison de la poésie travaille en partenariat avec l’Association Coeur de Livres et Le Musée Paul Valéry qui reçoit la poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata et Franck Venaille.

                                     JMDH

w *programme www.maison-de-la-poésie-languedoc-roussillon.org

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Festival Montpellier danse. Un panorama coloré de la danse mondiale

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Alonzo Kink « Concerto for two violins. Photo Dr

Montpellier Danse. Cette année, la 34e édition se tiendra du 22 juin au 9 juillet. Le festival suit l’instinct spatial des artistes et s’adapte aux désirs et aux bourses du public.

Trente quatre éditions, l’âge de la maturité dans le rétro, le festival Montpellier Danse s’étire comme un beau muscle, un long fil qui suit et révèle l’histoire de la danse contemporaine en France et dans le monde. A l’heure où le maintien d’un festival dans le temps devient un sport de compétition, où les rivalités pour une tête d’affiche s’exacerbent dans une ronde suicidaire, l’institution Montpellier Danse respire d’un souffle paisible.

« Notre budget n’est pas réduit, se félicite Jean-Paul Montanari, ce qui est préoccupant c’est le recul des dotations d’Etat aux collectivités territoriales qui vient d’être annoncé. Dans un tel contexte nous comprendrions que celles-ci ne puissent abonder en notre faveur, et nous savons que cela sera à contre-coeur. » Le directeur sait depuis longtemps que la voix de la sagesse politique est toujours la plus favorable.

Etat du lieu

L’édition 2014 s’exonère de thématique et d’artiste associé. Comme s’il suffisait d’un simple instant pour cueillir dans son jardin les quelques fleurs les plus épanouies. A l’instar de l’ikebana, la composition d’une programmation de Montpellier Danse est devenue un art traditionnel.

Cela permet de se consacrer à d’autres choses, comme les tarifs, ou les lieux, aspects qui peuvent paraître anecdotiques mais ne le sont pas. On apprend ainsi qu’hormis les nombreux spectacles gratuits, les places les plus chères – à 35 euros pour le Corum -, ne représentent que 10% des ventes, que le prix moyen est de 20 euros et que 40% des billets achetés pour le Corum sont à 12 euros ou moins.

« La cohérence de cette édition ne s’est pas construite autour d’une problématique mais d’un lieu : l’Agora, cité internationale de la danse », souligne J.-P. Montanari. Le festival suit ainsi l’instinct des artistes comme Raidmund Hogde, ou Emmanuel Gat qui s’inspirent des lieux pour créer. Ce dernier revient cette année dans la Cour de l’Agora équipée de gradins pour la circonstance.

Retour également prévu d’Israel Galvan et reconfiguration de l’espace pour l’interprétation d’un solo sans plateau, sans musique, à la lumière du jour devant 300 personnes. Dans une ancienne cellule, sous les gradins du Théâtre de l’Agora, le photographe d’origine russe Grégoire Korganow, qui signe l’affiche du festival, installera son labo. Il a dans l’idée d’arrêter le temps sur les danseurs à la sortie de scène, et d’afficher ses clichés au fur et à mesure dans la Cour de l’Agora.

Volonté universaliste

Consacrée en tant que lieu de création, la cité internationale de la danse donne à la capitale régionale un rayonnement nourri par une volonté universaliste. Cette année encore les pointures de la danse contemporaine vont s’y retrouver. L’Iranien Hooman Sharifi résidant à Oslo présentera Tout ordre perd finalement de sa terreur une création autour du rite Chiite Ashura qui célèbre la mort de l’Imam Hussein tué au VIIe siècle par un Sunnite.

La chorégraphe franco-algérienne Nacera Belaza créera Les Oiseaux, Salia Sanou chorégraphe d’origine burkinabée présente Clameur des arènes, un projet autour de la lutte traditionnelle en Afrique de l’Ouest. Sidi Larbi Cherkaoui s’est associé au Chinois Yabin Wang pour la création Genesis.

Sont également attendus le britannique Wayne Mc Gregor, jamais venu à Montpellier, la Cap Verdienne Marlene Monteiro Freitas, le Belge Jan Fabre, et trois détonnants chorégraphes français : Boris Charmatz, Matthieu Hocquemiller et Yann Lheureux.

« On pense que ce festival va cartonner, prédit son directeur, parce qu’il est tourné vers le public sans lequel on n’est pas grand chose. »

JMDH

Angelin Preljocaj. De la scène aux rues de l’Agglo
angeli10Invité au festival, le chorégraphe Angelin Preljocaj met un terme à sa recherche à partir de l’oeuvre Empty Words de John Cage. La pièce sera présentée dans son intégralité Empty move (part I, II & III). Par ailleurs, le chorégraphe et son ballet composé de 26 danseurs investiront comme l’année dernière des villes de l’Agglomération de Montpellier. Le groupe urbain d’intervention dansée (GUID) propose des pièces spécialement conçues pour l’espace public.Les danseurs aguerris aux méthodes du chorégraphe portent avec brio, non seulement ses oeuvres, mais aussi sa volonté de proximité avec le public.

Source La Marseillaise : 05/03/2014

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