La Zat sur les rails de l’innovation urbaine

Zone Artistique. La seconde édition du rendez-vous artistique se tiendra au parc Méric du 23 au 25 avril. Elle suscite une urbanité mixte dans la composition des publics et des expériences.

La ZAT, Zone Artistique Temporaire, dont la première édition s’est déroulée en novembre dernier, se déplace pour sa seconde édition dans le parc de Méric du 23 au 25 avril prochains. Manifestation culturelle innovante dans son concept, la ZAT s’articule dans le temps et dans l’espace urbain au fil des saisons et du tracé du tram pour proposer aux artistes et aux habitants de mettre la culture en partage dans l’espace public.

Politique culturelle

L’ambitieuse opération a pris le relais de Quartiers libres avec succès dans le quartier Antigone en 2010. La ville de Montpellier abonde financièrement pour conserver la culture au rang des priorités et assurer la gratuité de tous les spectacles (1). Sur trois jours le budget de l’événement printanier s’élève à 180 000 euros. L’adjoint à la culture Michaël Delafosse, qui porte  la manifestation avec la conviction qu’on lui connaît, projette déjà cette forme particulière de l’exploration urbaine à l’horizon lointain de 2020 en adéquation avec la  ligne 5 du tramway. Il recueillait hier, lors de la présentation de la 2ème Zat le soutien entier d’Hélène Mandroux par la voix de son premier adjoint Serge Fleurence : « La ville de Montpellier a toujours considéré  la culture comme un facteur prédominant du développement. Un sondage récent place la culture comme un élément d’attractivité déterminant de la ville. Nous ne comptons pas nous endormir sur nos lauriers, raison pour laquelle nous continuons à innover. »

Relation environnementale

La célébration du printemps prévue lors du week-end de Pâques prendra une orientation bien différente que l’embrasement hivernal du quartier Antigone. Le choix du Parc du domaine de Méric, superbe propriété ayant appartenu à la famille du peintre Frédéric Bazille, offre l’occasion aux Montpelliérains  d’envisager une relation avec la nature tout en demeurant dans leur cité : « une occasion de montrer que la ville de Montpellier agit sur les enjeux de l’environnement », glisse Michaël Delafosse. Durant la manifestation, la circulation sera limitée aux riverains. Une mesure très incitative à s’y rendre en tramway (2). Pour les personnes qui le souhaitent, un petit train-navette parcourra les 600 mètres de la rue Ferran jusqu’à l’entrée du parc.

Offre esthétique

Au-delà du marketing politique, sous la houlette de Pascal Le Brun-Cordier, un conseil artistique diversifié, composé d’acteurs culturels issus d’univers différents a travaillé sur une programmation conceptuelle forte dont les artistes se sont saisis pour mettre l’espace du domaine de Méric en récits. Attaché à la notion de désir des publics, le plan de médiation culturelle propose une ligne artistique subtile. Démarche approfondie que l’on perçoit dans le choix des artistes contemporains et accessibles, des formats, plutôt court, et des modalités d’interventions spécifiques. Un ensemble cohérent qui participe à une offre esthétique pertinente.

Propositions artistiques

Les vergers et l’écrin de verdure offerts par le domaine de Méric seront soumis durant trois jours à une tentative de greffes poétiques. On pourra y flâner du lever du soleil à son coucher. Dès 6h49, un petit déjeuner au soleil permettra d’observer les cocons du chorégraphe Patrice Barthès ou d’entendre au coucher Jean Boucault et Johnny Rasse dialoguer avec les oiseaux qui, paraît-il, ont ici l’accent du Sud. Plusieurs itinéraires sont proposés pour (re)découvrir notre rapport au monde et certaines vérités au contact de la nature. Avec Fugue / trampoline, la Cie Yoann Bourgeois interrogera le point de suspension, moment fugitif  dans les airs. Le fougueux musicien Dimoné nous invitera à l’écoute du silence. Jordi Cardoner et la compagnie BAO raconteront les histoires du fleuve dont celle du Loch Lez. L’espace réel croisera l’espace virtuel dans un dialogue en temps réel avec les citoyens tunisiens. Rien ni personne pour nous obliger à marcher au pas. L’expérience sensorielle pourra se vivre dans les chaises longues disposées dans le verger des arbres rares où l’on écoutera contes et poésies en se faisant masser. Au total c’est une centaine de propositions plus surprenantes les unes que les autres, qui s’enchaîneront dans la douceur et le dialogue des arts pour satisfaire et éprouver notre envie de différence.

Jean-Marie Dinh

(1) Pour un certain nombre de propositions la réservation est obligatoire voir la programmation sur le site zat.montpellier.fr
(2)Ligne 2 – arrêt Saint-Lazare.

2 réflexions sur « La Zat sur les rails de l’innovation urbaine »

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