A tous vents la résistance se cultive à la cime

Ysabelle Lacamp : Un auteur est quelqu’un qui s’engage à travers l’écrit. Cela suffit-il pour garder le silence ?

En marge du bitume la forêt. Parallèlement au traditionnel défilé du 1er mai se tiendra ce jour-là à Lamalou-les-Bains, la Marche des écrivains. Une première qui voit le jour dans un de ces moments donnés par le hasard. « Je suis passé devant cet écriteau qui interpelle indiquant la Forêt des écrivains combattants. De là a germé l’idée d’associer des écrivains combattants d’aujourd’hui à ce lieu, » explique l’auteur Ysabelle Lacamp qui a travaillé au projet avec la femme de théâtre Mychèle Leca. Un projet monté de concert avec l’association des écrivains combattants et les Amis de la forêt des écrivains, qui mène un travail de terrain. « Il est question du souvenir et en même temps cette marche porte une réflexion qui se tourne vers l’avenir avec cet éternel débat de l’engagement a fortiori aujourd’hui. Un auteur est quelqu’un qui s’engage à travers l’écrit. Cela suffit-il pour garder le silence ? » questionne Ysabelle Lacamp.

L’âme du lieu

La Forêt des écrivains combattants à Lamalou-les-Bains, doit assez curieusement son existence aux inondations de 1930. Occupé à reboiser un sud de la France dévasté, L’Etat décide à l’époque et ce, grâce aux membres de l’association des Ecrivains combattants survivants de la guerre de 14, comme Maurice Genevoix, Pierre Mac Orlan ou Roland Dorgelès de dédier une forêt de 100 hectares à la mémoire des 560 écrivains morts au combat, « dressés contre l’invasion à l’image de ces arbres plantés contre l’inondation afin de resserrer les liens noués par les intellectuels et les hommes des champs sur le front.

Le front des écrivains* présent à Lamalou-les-bains s’annonce de très bonne consistance pour cette journée ouverte au public. Plus de quarante auteurs seront de la marche. « Nous en avons contacté un certain nombre. Beaucoup n’ont pas répondu. Ceux qui l’ont fait se sont engagés dans la seconde, précise Ysabelle Lacamp. Ce sont des engagés du cœur ». Cette adhésion ferme et individuelle à un projet collectif, l’interpelle : « Cette question de l’engagement touche à la définition de l’écrivain. A sa place dans un monde où les cartes se sont brouillées avec la fin supposée des idéologies. Pour certains auteurs, le mot engagement inspire une crainte parce qu’il est politiquement connoté. Il est galvaudé.

La notion de groupe tient place au cœur de cette manifestation. Et vient rompre quelque part avec l’image de l’écrivain solitaire. « C’est une rencontre entre une famille d’écrivains. Beaucoup d’entre eux ont un rapport à l’exil ou détiennent des racines multiculturelles qu’ils interrogent. Cela permet de prendre une certaine distance, à l’image de la matière littéraire d’Amin Maalouf qui ne pourra être présent mais apporte son soutien à notre démarche. »

Dès 10h, le public est invité à parcourir la forêt avec les auteurs : « Il s’agit d’une marche commune où auteurs et public se retrouvent main dans la main plutôt que chacun d’un côté d’une table » Dans l’après-midi, deux débats se tiendront pour faire lien entre le combat d’hier et celui d’aujourd’hui. Une belle idée est née dans un environnement porteur. Espérons quelle pourra se prolonger et grandir sur la crête fragile de la forêt comme à la cime des arbres autour du bien commun des écrivains qui versent aujourd’hui leur encre où d’autres ont hier, versé leur sang.

Jean-Marie Dinh

* Sont attendus Sylvie Genevoix , Marie-France Pisier, Denise Epstein-Nemirovsky, Lydie Salvayre, Michèle Gazier, Brigitte Kernel, Fatou Diome, Murielle Szac, Théodore Klein, Eduardo Manet, Jean Rouaud, Christophe Bourseiller, Nedim Gursel, Kebir.M.Ammi, Jean-Marie Besset, Pascal Ory, Bruno Doucey, Robert Colonna d’Istria. Rens : 06 26 42 71 64

Voir aussi : Rubrique Livremémoire combattante en région sud,

Démocratie de quartier et légitimité politique

La démoctatie participative à construire

La démoctatie participative à construire

Essai. A la lumière de l’histoire, l’ouvrage d’Anne Lise Humain-Lamoure analyse les enjeux politiques et les pratiques sociales de la démocratie de proximité.

Faire une démocratie de quartier ? L’ouvrage d’Anne-Lise Humain-Lamoure tombe à pic à l’heure où Montpellier reconduit l’opération Printemps de la démocratie sur fond de bataille pour devenir kalif surdoué. Sur le papier, notamment celui de la presse institutionnelle, il est question  » d’aller à la rencontre de l’expression citoyenne, au plus près des habitants, et de consacrer la prise en compte de l’expertise d’usage des habitants dans l’acte décisionnel.  » L’objectif affiché ne pouvant être que louable et désintéressé, tout citoyen comprend naturellement que l’intérêt de nos élus locaux pour la démocratie locale s’inscrit avant tout dans un souci électoral. Ce dont convient l’auteur en pointant   » le souci de légitimation de leur représentativité dans le cadre d’un contexte politique qui valorise fortement le principe d’une proximité. « 

Qu’est ce que la proximité ?

democratie-particip-arbreCette proximité incontournable et cruciale, devenue en quelques années une valeur politique de premier plan sans que l’on puisse pourtant en donner une définition claire, trouve place dans la recherche pluridisciplinaire (géographie, aménagement, sociologie et sciences politiques ) d’Anne-Lise Humain-Lamoure. L’auteure y consacre un chapitre. Sous le titre Quartier et proximité une nouvelle idéologie ? elle analyse le mécanisme de production de légitimité politique comme une rupture symbolique avec une légitimité naguère liée à la distance. Distance de l’intérêt général par rapport à l’intérêt particulier, de l’administration rationnelle par rapport à la relation personnelle et de l’Etat par rapport à la société civile.

De quel quartier parle-ton ?

 Si le quartier apparaît unanimement comme le territoire à construire, la division spatiale administrative comme la pertinence de son échelle dans l’espace urbain ne sont ni discutées ni imposées par le cadre légal.  » Le quartier apparaît comme une catégorie abstraite dont l’échelle et les critères de délimitation ne sont jamais définis.  » En fonction du contexte, les acteurs municipaux peuvent ainsi mobiliser le quartier différemment pour le mettre en lien avec les axes politiques qu’ils entendent mettre en valeur. Tandis que les habitants font référence, dans leur grande majorité, à l’idée de rencontre et d’interaction sociale. Pour la population  » Le quartier se définit avant tout par la diversité des personnes qui s’y côtoient. « 

 Critique du mode électif

L’objet de la loi de démocratie de proximité, adoptée en février 2002 est de lier gestion de proximité et démocratie locale. Le texte se fixe pour objectif de renouveler le lien entre élus et citoyens pour renforcer la démocratie, améliorer l’efficacité de l’action publique, et retrouver un lien social considéré comme érodé.

mosquee-manifCette loi répond avant tout à la crise de représentation  » souligne la chercheuse, en fournissant un cadre  » pour mieux décider au nom des gens en refondant la légitimité des élus.  » Le régime représentatif assuré par les élections certifie théoriquement la légitimité des décisions prises et de ceux qui les prennent. Mais il est aujourd’hui de plus en plus contesté comme l’indique les records atteints par l’abstention dans toutes les élections intermédiaires aux présidentielles.  » L’élection suppose une compétition pour la conquête des mandats et des pouvoirs qu’ils confèrent. Or, cette compétition, organisée par et dans les partis politiques, est souvent ressentie comme des réseaux de pouvoir dans lesquels une part croissante de citoyens se sent exclue et oubliée.  » A cela s’ajoute la litanie des promesses non tenues, autant que l’impression d’une caste fermée de politique issue des classes les plus favorisées. La critique du modèle républicain revendique aussi l’ouverture des systèmes décisionnels, et la reconnaissance de la différence entre les groupes sociaux, sur la base de leurs origines ethniques et religieuses.

La démocratie de proximité aurait donc pour but d’abolir ou d’atténuer la domination politique, sociale et culturelle. Mais pour la plupart de ses promoteurs officiels, ce n’est guère concevable.  » Pour la première fois depuis la Révolution, on choisit de découper un des territoires de la République  » rappelle Anne-Lise Humain-Lamoure dont l’essai ausculte la démocratie à partir du plus petit des territoires. Un miroir édifiant sur les pratiques et les questions que suscite notre système politique.

Jean-Marie Dinh

Faire une démocratie de quartier ? Editions Le bord de l’eau, 22 euros

Voir aussi : Rubrique Montpellier Rubrique Politique locale : Frêche et le serment du Jeu de paume , Mandroux et le village Gaulois, Tramway ligne trois,  Un petit dernier avant les régionales, Un îlot de soleil sous un ciel menaçant Petit Bard Pergola rénovation urbaine,

Mémoires combattantes

Livre document. Témoignages de résistant(e)s de l’Hérault et de la région recueilli par François Berriot.

resistance-zone-sudL’universitaire montpelliérain François Berriot vient de publier aux éditions de l’Harmattan La France Libre, la résistance et la déportation (Hérault, Zone Sud). Ce livre constitué de vingt-quatre témoignages d’hommes et de femmes qui furent des acteurs de la Résistance dans notre région a été réalisé avec le soutien du Centre régional d’Histoire de la Résistance et de la Déportation basé à Castelnau-le-lez.

En zone Sud, la Région 3 regroupe l’Aude, l’Aveyron, le Gard, l’Hérault, la Lozère et les Pyrénées-Orientales. La naissance des maquis, à partir du printemps 1943, répond à des contingences topographiques et sécuritaires, délaissant la plaine côtière et la frontière espagnole au profit de l’arrière-pays. Mais les actes de résistance débutent bien en amont. L’ouvrage met notamment en exergue comment le combat contre l’occupant s’est nourri ici de l’expérience des Républicains espagnols. Comme le démontre le témoignage de Candido Lopez, en charge du dynamitage des trains entre Mireval et Frontignan qui débute dans le village espagnol de Prahua dès 1934 et passe par les conditions lamentables du camp d’Argelès.  » Le 28 février 1939, nous arrivons à la frontière épuisés. Un autre cauchemar nous attend en France. « 

Beaucoup de jeunes combattants rejoignent la résistance pour échapper à la mobilisation des travailleurs français requis pour le S.T.O afin de travailler pour le Reich. Jean Soto de Paulhan, évoque, lui, son expérience au sein des  » Groupe Francs « , puis des M.U.R (Mouvement unis de Résistance) et les contacts avec le Maquis de Bir Hakeim qui se déplace dans le Languedoc-Roussillon et le Sud Ouest.

On survole les techniques de guérilla adoptées, ponctuelles et diffuses. On mesure la volonté d’action de la jeunesse comme l’incertitude liée à la particularité des luttes qui contournent l’affrontement direct avec l’ennemi.  » Ce livre se veut uniquement un recueil de témoignages, confié par l’écrit ou, ce qui est encore plus émouvant, par la parole orale, précise François Berriot dans la préface, il ne prétend ni à l’exhaustivité ni au réalisme historique. « 

Il est peu question de l’aide fluctuante des Alliés et des choix politiques qui ont joué sur la nature et l’activité de ces maquis. La force de ce recueil vient de l’expérience humaine vécue. De la détermination profonde que le lecteur saisit entre les lignes du récit. Une force qui contribua à la libération du territoire particulièrement violente autour de la capitale régionale. Le livre participe à la construction d’une mémoire combattante, mémoire collective en lien avec le passé des hommes et des femmes, complémentaire à la version historique.

Jean-Marie Dinh

La France libre résistance et la déportation  (Hérault zone Sud) Editions de l’Harmattan

Voir aussi : Rubrique livre La  marche écrivains,

 

Dans les coulisses peu reluisantes de Bollywood.

shobhaa_deShobhaa Dé une star indienne de passage à Montpelllier

Auteur à succès, journaliste, l’ex mannequin Shobhaa Dé est une star indienne qui s’est imposée avec détermination et dignité. Ecrivain très à l’écoute de la société, ses quatorze livres dont sept romans, abordent à travers le sexe et les problèmes de couples, la condition des femmes de manière décomplexée. Traduits dans plusieurs langues, ils se sont vendus en Inde à plusieurs millions d’exemplaires. Elle était hier l’invitée de la librairie Sauramps à l’occasion de la parution de La nuit aux étoiles, premier livre traduit en français qui dévoile les coulisses peu reluisantes de Bollywood.

Vous êtes un auteur très populaire en Inde où puisez-vous vos sources d’inspiration ?

De ma passion de vivre, de ma passion pour les mots, je pense que c’est cela qui me connecte avec mes lecteurs. C’est une connexion qui vient à la fois de la tête et du cœur.

La nuit des étoiles vous dévoilez l’envers du décor de Bollywood qui révèle un monde brutal…

Le travail d’un écrivain est de dire la vérité. Bollywood est en effet un monde de cruauté et de violence. Cela concerne tout le milieu mais cette violence se révèle plus particulièrement à l’encontre des femmes. J’ai écrit ce livre il y a vingt ans. Depuis les choses ont un peu évolué.

C’est le premier de vos livres traduit en français, pourquoi si tard ?

C’est sans doute lié au développement du cinéma de Bollywood en France. Je pense que chaque livre trouve son propre temps. Ce qui est très important c’est de trouver le bon éditeur.

Qu’est-ce qui a changé en vingt ans ?

Le cinéma indien concernait surtout le public national, avec la mondialisation, il s’est ouvert à l’international. Aujourd’hui les jeunes comédiennes choisissent de faire ce métier et font des études pour cela. Alors qu’auparavant leurs parents choisissaient pour elles. Comme dans le livre où les parents d’Aasha mettent quasiment leur fille de quinze ans dans le lit des producteurs. Le modèle de vie a beaucoup changé en vingt ans du moins dans les villes.

Dans le livre vous mettez en exergue les différences entre le Nord et le Sud ?

C’est différences s’expriment à travers la langue. Il est beaucoup plus difficile de réussir dans le cinéma si vous parler l’Hindi avec l’accent. Et puis il y a aussi la couleur de la peau. Le fait d’avoir des yeux clairs est un avantage.

La condition des femmes, un thème qui traverse votre œuvre, a-t-elle évolué durant cette période ?

A la tête du Congrès, Sonia Gandhi met un point d’honneur à la promotion des femmes dans la sphère politique. La semaine dernière un texte est passé. Il fait suite à la volonté du (BJP) parti nationaliste Hindous de réserver 33% des postes du parlement à des femmes. Elles n’étaient que 9% auparavant. C’est une avancée certaine. Les femmes sont de plus en plus puissantes en Inde.

L’émancipation des femmes s’opère-t-elle aussi face à l’hindouiste qui vénère la femme mais la considère comme servante et garante, à travers la parenté, du système de caste ?

Il y a un fossé entre le monde riche et urbain et le monde pauvre et rural où vit 42% de la population. Mais les choses sont en train de changer. Mayawati, leader du BSP, représentant les intouchables, a été élue à la tête de l’Etat d’Uttar Pradesh, le plus peuplé d’Inde. Aujourd’hui, 7o% de la population à moins de trente ans. Les jeunes femmes ont de plus en plus accès à l’information et elles prennent conscience de leurs droits.

recueilli par Jean-Marie Dinh

La nuit aux étoiles, Actes Sud, 23 euros

Voir aussi : Rubrique Inde

«Midi libre» trop friand d’infos Frêche

propagande2Midi libre aurait-il fait campagne pour le président du Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, réélu haut la main dimanche ? «Nous avons tenu la ligne de l’indépendance vis-à-vis du président sortant d’un bout à l’autre», assure Philippe Palat, directeur de la rédaction du quotidien régional (édité par le groupe des Journaux du Midi, revendu en 2007 par le groupe Le Monde au groupe Sud-Ouest), dont la diffusion totale en 2009 était de 151 165 exemplaires en moyenne par jour. En interne, pourtant, certains journalistes se plaignent (sous couvert d’anonymat) du tournant frêchiste pris par leur canard et des pressions subies pour maintenir cette ligne.

«Une partie des journalistes est dégoûtée. Nous avons un regard très critique sur la manière dont ces élections ont été couvertes», rapporte un rédacteur du quotidien. L’un de ses confrères pousse plus loin : «Midi libre a participé au discrédit de la gauche anti-Frêche, en la rabaissant plutôt qu’en l’analysant. Les éditorialistes font du « parler Frêche », en reprenant son antiparisianisme ainsi que ce même langage populaire, cette familiarité de comptoir.»

Doléances. Certains évoquent la mise sous surveillance étroite, voire la modification de la ligne éditoriale du quotidien gratuit Direct Montpellier Plus, détenu, comme Midi libre, par le groupe des Journaux du Midi, et dont plusieurs articles ont eu le malheur de déplaire au président de région et d’agglomération. «Jean-Michel Servant [rédacteur en chef du gratuit, ndlr] et son staff font du bon boulot»,» réfute Philippe Palat.

Pourtant, toutes ces critiques trouvent un écho à l’extérieur. Ainsi le journaliste local Jacques-Olivier Teyssier écrivait, le 12 février sur son site Montpellier journal : «Chaque jour, on se dit : là, Midi libre a atteint le sommet. Et le lendemain, le quotidien apporte de nouvelles preuves de sa toujours plus grande révérence envers Georges Frêche.» Du côté des politiques, les perdants ne sont pas tendres non plus. Pour le candidat UMP Raymond Couderc, autant la couverture de la campagne par le quotidien en 2004 (entre Georges Frêche et l’UMP Jacques Blanc) était équilibrée, autant celle-ci ne l’est pas. Il s’est fendu de plusieurs coups de fil à la direction générale. «On me répondait vous avez raison, on s’excuse, on va rééquilibrer. Mais ça tenait deux jours.» Mêmes doléances dans l’équipe de campagne d’Hélène Mandroux, la candidate officielle du PS : «Les candidats de l’équipe Frêche avaient droit à leur article lors de leurs déplacements dans la moindre commune.» Des militants socialistes parlent même de censure sur le site du quotidien, Midilibre.com. «J’ai envoyé trois posts de soutien à Hélène, sans agressivité, en réaction à deux articles, puis un post « pro Frêche ». Seul ce dernier est passé», affirme ainsi David Sauvade, un soutien d’Hélène Mandroux.

Si l’on s’en tient simplement aux faits, la lecture des articles est troublante. «En frappant fort, ici et contre Paris, Georges Frêche a infligé un désaveu à tous ses ennemis. Le fiasco d’Hélène Mandroux est une double victoire. D’abord contre ses détracteurs locaux. Ses vrais faux amis de trente ans», s’enflamme dans un éditorial le rédacteur en chef, François Martin, au lendemain du premier tour. Lorsque Martine Aubry vient à Montpellier soutenir Hélène Mandroux, le 8 mars, aucune trace de son passage en une du quotidien le lendemain. Le reportage est relégué en page 5 du cahier Région. «Il n’y a qu’une chose qui préoccupait les Montpelliérains, c’était la neige. On a ouvert par l’actualité, les problèmes météo, le sujet majeur», justifie Philippe Palat.

Ce dernier a réponse à tout. Il récuse toute censure du site internet, «sauf en cas de diffamation». Il nie aussi être influencé par les coups de fil des communicants mécontents. Même ceux de Laurent Blondiau, directeur de campagne de Georges Frêche et directeur de communication à la région, qui admet l’avoir appelé «trois fois» en un mois ? «J’appelle quand je pense qu’on n’a pas demandé l’avis des intéressés. Montpellier Plus n’a clairement pas fait la campagne de Frêche. J’ai juste appelé pour dire que l’équilibre n’était pas respecté», reconnaît Laurent Blondiau.

Lèse-majesté. Mais cet ancien journaliste de l’Humanité reconverti dans la com de Frêcheest un trop fin politique pour ne pas avoir conscience de son influence. En 2005, Georges Frêche, sire de feu Septimanie, avait déjà fait des siennes en coupant pendant huit mois toute publicité au quotidien pour cause d’articles lèse-majesté. Le manque à gagner a été évalué à trois millions d’euros. Actuellement, la région et l’agglomération de Montpellier, ainsi que leurs organismes satellites, restent pourvoyeurs d’annonces publicitaires et légales à hauteur de «2 millions d’euros sur un budget publicitaire de 49 millions d’euros en 2009», veut relativiser Alain Plombat, président des Journaux du Midi.

Autre épée de Damoclès sur celui-ci, l’arrivée annoncée du gratuit 20 Minutes, concurrent de Direct Montpellier Plus. Ce dernier est distribué principalement sur les lignes de tramway, géré par la TAM, donc l’agglomération. Si Frêche décidait de l’en sortir en faveur de 20 Minutes, la situation serait plus que tendue pour le gratuit de Midi libre.

Carole Rap (Libération)

Voir aussi : Rubrique Médias, Rubrique Politique,