Festival de Radio France : Sur le thème musique et pouvoir

La photo de l'affiche de l'édition 2013

Festival de Radio France. La 29e édition de l’événement musical régional se tiendra du 11 au 25 juillet. 200 concerts dont 90% sont gratuits devraient mettre en valeur l’ensemble du territoire.

Le festival de Radio France et Montpellier Languedoc- Roussillon battra son plein du 11 au 25 juillet prochain. C’est la 29e édition de cette manifestation et la seconde pour son directeur Jean-Pierre Le Pavec. La conférence de presse de présentation de cet événement comporte généralement une double dimension : elle donne l’occasion de faire le point entre les différents partenaires concernés et permet à la Région, qui assure les deux tiers du financement, de faire valoir son orientation. L’autre partie est consacrée à la présentation de la programmation.

Concernant la dimension politique, Hélène Mandroux et l’adjoint à la culture Philippe Saurel pour la Ville, Jean-Pierre Moure et son adjointe à la culture Nicole Bigas côté Agglo, ont brillé hier par leur absence, tandis que le vice-président du conseil général Jacques Atlan s’est efforcé de rester consensuel, ne pouvant cependant retenir quelques bons mots : « Le festival est bienvenu. Lorsqu’on est dans le Domaine d’O, on peut presque se passer d’argent. » Ce à quoi le président Bourquin lui a plaisamment répondu : « Nous n’avons aucune objection à ce que vous gardiez votre O pour y substituer des espèces sonnantes et trébuchantes. » Au-delà de ces petites passes d’armes entre amis, le président de Région a affirmé son souci de décentraliser le festival dans l’ensemble du territoire régional et de maintenir sa vocation de service public à travers la gratuité. « 90% des concerts sont gratuits ». Il a aussi réaffirmé son plein soutien à J-P. Le Pavec pour tenir la feuille de route. Celui-ci manifestant ostensiblement ses bonnes relations avec le directeur contesté de l’Orchestre et opéra de Montpellier, Jean-Paul Scarpitta, présent dans la salle.

Après le duo Frêche Koering, l’avenir du festival semble désormais reposer sur le duo Bourquin Le Pavec. Si le modèle de gouvernance reste inchangé, la nature de la programmation elle, varie. Le nouveau directeur affirme vouloir maintenir la présentation d’œuvres inédites qui fait l’identité du festival de Radio France. Dans ce registre, on retient le concert d’ouverture Mass de Mass, qui sera l’un des temps forts de l’événement. «Mass, commande de Jacky Kennedy, est une oeuvre qui allie symbolique, électroacoustique, jazz, gospel, rock, pop, dans une emballante mosaïque musicale à l’image de la mosaïque des peuples qui composent les Etats- Unis d’Amérique », précise Jean- Pierre Le Pavec. Reste que son : « Nous essayons d’avoir des idées » manque un peu d’audace. A l’instar de l’affiche, on ne peut plus figée dans l’académisme, la programmation patine un peu trop sur les autoroutes.

Un retour sur la musique baroque méditerranéenne Au titre de la lisibilité et de la logique de programmation, le choix thématique a été à nouveau retenu. On comprend mal pourquoi le choix des thèmes recoupe quasiment celui de l’année dernière comme la séquence violon avec Renaud Capuçon en tête d’affiche, même si celui-ci n’a pas déçu l’an passé. On poussera volontiers notre curiosité vers le volet méditerranéen qui propose un retour sur la musique baroque médi- terranéenne sous la direction de Christina Pluhar.

La thématique Musique et pouvoir devrait être l’occasion de rappeler qu’il est important que les territoires respectifs des politiques culturelles et des programmations artistiques préservent leur autonomie, ce qui ne signifie pas forcément l’indépendance.

JMDH


Programmation complète sur www. festivalradiofrancemontpellier.com

Source : L’Hérault du Jour 11 /04/2013

Voir aussi : Rubrique Politique culturelle, rubrique Musique, rubrique Festival, Festival de Radio France,

«Midi libre» trop friand d’infos Frêche

propagande2Midi libre aurait-il fait campagne pour le président du Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, réélu haut la main dimanche ? «Nous avons tenu la ligne de l’indépendance vis-à-vis du président sortant d’un bout à l’autre», assure Philippe Palat, directeur de la rédaction du quotidien régional (édité par le groupe des Journaux du Midi, revendu en 2007 par le groupe Le Monde au groupe Sud-Ouest), dont la diffusion totale en 2009 était de 151 165 exemplaires en moyenne par jour. En interne, pourtant, certains journalistes se plaignent (sous couvert d’anonymat) du tournant frêchiste pris par leur canard et des pressions subies pour maintenir cette ligne.

«Une partie des journalistes est dégoûtée. Nous avons un regard très critique sur la manière dont ces élections ont été couvertes», rapporte un rédacteur du quotidien. L’un de ses confrères pousse plus loin : «Midi libre a participé au discrédit de la gauche anti-Frêche, en la rabaissant plutôt qu’en l’analysant. Les éditorialistes font du « parler Frêche », en reprenant son antiparisianisme ainsi que ce même langage populaire, cette familiarité de comptoir.»

Doléances. Certains évoquent la mise sous surveillance étroite, voire la modification de la ligne éditoriale du quotidien gratuit Direct Montpellier Plus, détenu, comme Midi libre, par le groupe des Journaux du Midi, et dont plusieurs articles ont eu le malheur de déplaire au président de région et d’agglomération. «Jean-Michel Servant [rédacteur en chef du gratuit, ndlr] et son staff font du bon boulot»,» réfute Philippe Palat.

Pourtant, toutes ces critiques trouvent un écho à l’extérieur. Ainsi le journaliste local Jacques-Olivier Teyssier écrivait, le 12 février sur son site Montpellier journal : «Chaque jour, on se dit : là, Midi libre a atteint le sommet. Et le lendemain, le quotidien apporte de nouvelles preuves de sa toujours plus grande révérence envers Georges Frêche.» Du côté des politiques, les perdants ne sont pas tendres non plus. Pour le candidat UMP Raymond Couderc, autant la couverture de la campagne par le quotidien en 2004 (entre Georges Frêche et l’UMP Jacques Blanc) était équilibrée, autant celle-ci ne l’est pas. Il s’est fendu de plusieurs coups de fil à la direction générale. «On me répondait vous avez raison, on s’excuse, on va rééquilibrer. Mais ça tenait deux jours.» Mêmes doléances dans l’équipe de campagne d’Hélène Mandroux, la candidate officielle du PS : «Les candidats de l’équipe Frêche avaient droit à leur article lors de leurs déplacements dans la moindre commune.» Des militants socialistes parlent même de censure sur le site du quotidien, Midilibre.com. «J’ai envoyé trois posts de soutien à Hélène, sans agressivité, en réaction à deux articles, puis un post « pro Frêche ». Seul ce dernier est passé», affirme ainsi David Sauvade, un soutien d’Hélène Mandroux.

Si l’on s’en tient simplement aux faits, la lecture des articles est troublante. «En frappant fort, ici et contre Paris, Georges Frêche a infligé un désaveu à tous ses ennemis. Le fiasco d’Hélène Mandroux est une double victoire. D’abord contre ses détracteurs locaux. Ses vrais faux amis de trente ans», s’enflamme dans un éditorial le rédacteur en chef, François Martin, au lendemain du premier tour. Lorsque Martine Aubry vient à Montpellier soutenir Hélène Mandroux, le 8 mars, aucune trace de son passage en une du quotidien le lendemain. Le reportage est relégué en page 5 du cahier Région. «Il n’y a qu’une chose qui préoccupait les Montpelliérains, c’était la neige. On a ouvert par l’actualité, les problèmes météo, le sujet majeur», justifie Philippe Palat.

Ce dernier a réponse à tout. Il récuse toute censure du site internet, «sauf en cas de diffamation». Il nie aussi être influencé par les coups de fil des communicants mécontents. Même ceux de Laurent Blondiau, directeur de campagne de Georges Frêche et directeur de communication à la région, qui admet l’avoir appelé «trois fois» en un mois ? «J’appelle quand je pense qu’on n’a pas demandé l’avis des intéressés. Montpellier Plus n’a clairement pas fait la campagne de Frêche. J’ai juste appelé pour dire que l’équilibre n’était pas respecté», reconnaît Laurent Blondiau.

Lèse-majesté. Mais cet ancien journaliste de l’Humanité reconverti dans la com de Frêcheest un trop fin politique pour ne pas avoir conscience de son influence. En 2005, Georges Frêche, sire de feu Septimanie, avait déjà fait des siennes en coupant pendant huit mois toute publicité au quotidien pour cause d’articles lèse-majesté. Le manque à gagner a été évalué à trois millions d’euros. Actuellement, la région et l’agglomération de Montpellier, ainsi que leurs organismes satellites, restent pourvoyeurs d’annonces publicitaires et légales à hauteur de «2 millions d’euros sur un budget publicitaire de 49 millions d’euros en 2009», veut relativiser Alain Plombat, président des Journaux du Midi.

Autre épée de Damoclès sur celui-ci, l’arrivée annoncée du gratuit 20 Minutes, concurrent de Direct Montpellier Plus. Ce dernier est distribué principalement sur les lignes de tramway, géré par la TAM, donc l’agglomération. Si Frêche décidait de l’en sortir en faveur de 20 Minutes, la situation serait plus que tendue pour le gratuit de Midi libre.

Carole Rap (Libération)

Voir aussi : Rubrique Médias, Rubrique Politique,

Dossier coopération décentralisée : Le jumelage Montpellier Chengdu

Arrêt de bus Cheng Du. Photo Jmdh

 Chengdu arrêt de bus. Photo Jmdh

La ville de Montpellier est-elle prête pour le grand bond ?

L’inauguration de la Maison de Montpellier au cœur de Chengdu le 16 mai 2006, marque le 25e anniversaire du jumelage entre Montpellier et Chengdu. Coïncidence, cette date correspond aussi au quarantième anniversaire de la révolution culturelle. L’union durable entre les deux villes fut initiée par Georges Frêche en 1981, cinq ans après le décès de Mao. Le maire de Montpellier de l’époque n’a d’ailleurs jamais caché sa fascination pour la puissance politique chinoise dont une des caractéristiques réside dans son utopie, pour le meilleur comme pour le pire. Un quart de siècle plus tard, l’ouverture promulguée par Deng Xiaoping (natif du Sichuan) produit ses fruits et le temps de l’apprivoisement mutuel, entre Montpellier et Chengdu a fait son chemin.

La nouvelle impulsion que tente de donner Hélène Mandroux à cette collaboration s’inscrit dans une nouvelle Chine. Une Chine où le discours idéologique définit toujours le PCC comme le parti dirigeant qui construit le socialisme, mais où l’économie évolue largement en dehors du plan et s’ouvre au monde. Une Chine où les élites politiques chinoises se sont fortement étendues aux élites locales. Au-delà du mythe, les réformes juridiques et institutionnelles, comme le lien d’amitié dont bénéficie Montpellier méritent assurément l’attention du nouveau maire. A l’issue de son troisième séjour à Chengdu, Hélène Mandroux s’est vue confirmer que les portes lui étaient ouvertes. Outre les effets directs sur le plan du développement économique et culturel, l’invention de nouvelles formes de coopération décentralisée participe à la construction d’un nouveau monde. L’organisation de l’échange à différents niveaux est aussi une façon d’échapper à l’intégrisme du marché.

Un dimanche de mai à Chengdu

Conduite par Hélène Mandroux, la délégation montpelliéraine va de surprise en surprise. Vingt-cinq ans après la signature en 1981 du jumelage entre Montpellier et Chengdu, une première nationale en matière de coopération décentralisée franco-chinoise, la lumineuse illusion de Georges Frêche en 1981 est aujourd’hui une réalité. A l’instar du développement local, les Chinois convient leurs homologues à passer à une vitesse supérieure, tandis que les montpelliérains souhaitent maintenir une approche raisonnable pour être à portée des réalisations

Montpellier a une carte à jouer dans le Sichuan. Quarante-huit heures après avoir foulé le sol chinois, les membres de la délégation en sont fermement convaincus. Après un long round d’observation se traduisant par une collaboration ponctuée de petits pas, les échanges d’expériences entre les deux villes se sont progressivement intensifiés et s’accélèrent depuis quelques années. L’acuité de la relation s’est notamment développée en 2002 à l’occasion de la 54 ème foire internationale de Montpellier où Chengdu fut l’invité d’honneur. Ce lien d’amitié entretenu de longue date se traduit également par une augmentation notable des échanges universitaires. Le nombre d’étudiants des deux villes en situation d’immersion culturelle et linguistique est passé de la dimension symbolique à un stade significatif. Chaque année plus de 50 étudiants montpelliérains ayant une bonne connaissance de la langue rejoignent la terre du milieu pour un an afin d’approfondir leurs connaissances. Dans la réciprocité, Montpellier accueille aujourd’hui 300 étudiants Chinois. Et les accords interuniversitaires entre l’Université du Sichuan et l’université Paul Valéry se consolident ce qui devrait intensifier le flux.

Boosté par un contexte très favorable lié a l’attrait économique incontournable de la Chine et à l’ouverture internationale tout azimut, impulsée par le gouvernement chinois, le renforcement des relations s’impose comme une évidence qui n’a pas échappé au maire de Montpellier. C’est la troisième visite d’Hélène Mandroux à Chengdu depuis son accession aux commandes de la ville. Dès son premier voyage, elle a émis le vœu de renforcer les liens. Lors de sa seconde visite, elle a manifesté sa volonté d’ouvrir une antenne sur place, un souhait validé par le Conseil municipal en octobre dernier. Ce troisième voyage en deux ans se concrétisera par l’inauguration de la Maison de Montpellier à Chengdu mardi.

le projet a bénéficié d'une bonne couverture par la presse

le projet a bénéficié d’une bonne couverture par la presse

Vue de Chine, la notion de vitrine s’avère avant tout un levier d’action pour la promotion du développement économique. Soutenu par le maire de Cheng Du, Ge Honglin, le projet a donné une nouvelle dimension à la collaboration. Il a notamment bénéficié d’une bonne couverture par tous les organes de la presse locale. Ainsi les trois millions d’habitants de la capitale du Sichuan, province de 80 millions d’âmes, ont pu être informé de la visite de la délégation montpelliéraine bien avant son arrivée. La presse chinoise a largement relayé l’événement. Elle a notamment souligné l’importance et la diversité de la délégation montpelliéraine composée d’une trentaine de personnes. Les secteurs représentés, à travers les membres de la délégation, pharmacie, recherche, universités, tourisme, congrès, parc expositions, médecine, hospitalisation, vin, environnement, urbanisme, voirie, sont autant de pistes que les chinois entendent explorer avec pragmatisme. Samedi, l’accueil de la délégation par la ville de Changedu a été marqué par la présence du premier secrétaire général adjoint du district, Li Chun Cheng, qui a affirmé pour la première fois son soutien au partenariat engagé. Une marche semble donc avoir été franchi dans la hiérarchie à travers la présence de ce dignitaire qui préside aux destinés des sept districts de Chengdu. Un territoire de 10 millions d’habitants qui affiche un taux de croissance de 11%.

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Un territoire de 10 M d’habitants qui affiche un taux de croissance de 11%.

Dimanche, la délégation montpelliéraine s’est rendue à Qionlai, ville historique de 2 300 ans qui fut en son temps la porte de départ de la route de la soie. La délégation française a profité d’une impressionnante reconstruction historique donnée en son honneur. Signe d’hospitalité et de respect, le maire a reçu les clés de la ville à l’issue d’une cérémonie en costume retraçant la tradition d’accueil des commerçants d’antan devant une population massée en nombre aux portes de la vieille ville. C’est la première fois que Qionlai reçoit une délégation française. Dans l’après-midi un partenariat a été initié entre Montpellier et le district de Qionlai, berceau de la pharmacie traditionnelle chinoise qui enregistre un fort taux de développement.

Ces deux premières journée vont se poursuivre par deux journées en groupe de travail associant les professionnels français et chinois pour approfondir les pistes d’un partenariat que chacun espère fructueux. Les premiers échanges avec les autorités démontrent une réelle détermination à faire bondir l’amitié dans le concret. Une chance à saisir sur un marché très disputé qui pose néanmoins un problème d’échelle. Avec la force que possède le réel chinois et sa capacité de développement en un temps record, il importe de saisir les bonnes perches sans tarder, et de savoir mutualiser les moyens.

Sichuan Province pilote de l’ouverture économique

Aux portes du Tibet, la capitale du Sichuan est une ville agréable. Les Chinois disent qu’il fait bon y vivre. La cité a pourtant connu une extraordinaire mutation au cours des 15 dernières passant d’une architecture traditionnelle à une mégapole où les tours continuent de monter à une vitesse impressionnante. Depuis la nuit des temps, les quatre fleuves nés des plus hauts sommets du globe viennent creuser et fertiliser le Sichuan, province de 80 millions d’habitants réputée pour sa civilisation et ses soieries.

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les tours continuent de monter

Dès les années 70, la politique de développement économique a été expérimentée autours de Chengdu, sous l’impulsion d’un de ses illustres enfants Deng Xioping. C’est dans cette province que le successeur du grand timonier a testé sa formule avant de l’appliquer à l’ensemble du pays.

Il a commencé par relancer l’agriculture, puis à industrialiser les campagnes pour assurer un développement efficace reposant sur les possibilités locales. Après la mort de Deng en 1997, Jiang Zemin s’attellera à intensifier l’ouverture en s’appuyant sur trois pierres angulaires. Celles du développement, du parti et du nationalisme.

Le résultat se mesure encore bien à Chengdu quelque peu excentré par rapport aux grandes mégapoles de la côte Est. Ici aussi le triomphe économique bascule dans la société des campagnes vers la ville. « On construit deux hôtels et un palais des congrès trois fois comme le Corum de Montpellier en 8 mois », s’émerveille Eric Berard, le directeur de la SERM. Mais les problèmes liés à la rapidité des changements préoccupent les responsables chinois du développement urbain qui ont sollicité des conseils sur la gestion équilibrée de la population. « La question de l’assainissement est particulièrement aiguë, témoigne l’adjoint au maire Michel Passet, les nappes phréatiques sont polluées pour 200 ans. » Sur ce terrain aussi, les partenaires doivent trouver de l’audace. »

L’ouverture d’un local sur place est un critère déterminant.

La délégation montpelliéraine qui s’est rendue à Chengdu la semaine dernière initie une nouvelle étape dans la collaboration entre les deux villes. L’ouverture d’un local sur place pour favoriser les rencontres s’avère un critère déterminant. A l’issue d’une visite officielle de quatre jours les feux sont au vert pour une intensification des échanges. Les Montpelliérains entendent approfondir les projets débattus pour passer au stade des réalisations.

De retour de Chengdu, capitale de la province du sud ouest de la Chine, Hélène Mandroux affirme sa satisfaction : « Nous avons bien travaillé. Il faut maintenant faire vivre la Maison de Montpellier à Chengdu. ». Le Maire s’est muée durant quatre jours, en ambassadrice aguerrie magnant le compliment avec dextérité pour présenter les attraits de la 8 éme ville de France. « Les tailles de nos collectivités sont différentes mais l’exigence de qualité est la même, a-t-elle fait passer au premier secrétaire général adjoint de la province.

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Dans le district de Qionglai

Dans le même temps, la délégation œuvrait à préserver l’harmonie dans un tourbillon de propositions pour traduire le rapprochement en termes de projets concrets. Le passage de la délégation dans le district de Qionglai a permis de mesurer l’intérêt du patrimoine naturel de cette région qui abrite à elle seule, la moitié de la population mondiale de pandas. Les autorités chinoises locales ont sollicité leurs homologues pour favoriser le développement du tourisme. Un point que l’office du tourisme de Montpellier devrait pouvoir satisfaire sans difficulté en diffusant des informations sur cette destination. Par ailleurs, la Foire de Montpellier, représentée par François Barbance et Alain Formentin, agira de concert en réservant une place privilégiée, aux attraits économiques et touristiques de Chengdu et de ses alentours. De son coté, Chengdu s’engage à valoriser la destination montpelliéraine dans tous les salons où elle est représentée.

Secteur viticole

L’échange commercial entre les deux villes jumelles concerne également l’exportation de vins régionaux. Alors que les importations de vin paraissent saturées sur les zones urbaines de la côte est, le Sichuan, offre encore des opportunités. « Il faut s’adapter. Quand on sait que 80% des importations de vin en Chine correspondent à du vrac, Il est peu réaliste de mettre en marché des bouteilles, explique Pierre de Colbert, président des Grès de Montpellier : Les Chinois sont demandeurs en terme de conseils et de formation. Ils ont aussi évoqué la construction d’une usine d’embouteillage. Le Sichuan est peu propice à la culture de vigne. C’est un atout à saisir pour l’implantation des opérateurs français. »

Secteur médical

Mais c’est sans doute dans le domaine médical bien représenté, que l’échange à été le plus fructueux. La présence des doyens de la faculté de médecine et de pharmacie, du directeur du CHU Alain Manville, et de l’entreprise Sanofi a permis de nourrir le pôle de réflexion sur les projets envisageables. Sur plus de vingt pistes envisagées lors des séances de travail, trois projets restent d’actualité. Et l’axe d’échange semble tracé. La médecine chinoise, plurimillénaire dont Chengdu est un des berceaux intéresse le pôle médical de Montpellier. C’est une des conclusions qui ressort des ateliers de travail tenus en Chine la semaine dernière. En Europe, Montpellier est connue pour sa vocation médicale précoce. Par ailleurs, le fait que la ville soit aujourd’hui, conduite par un médecin, n’a pas échappé au corps médical chinois. Ainsi, la création d’un diplôme universitaire de médecine chinoise sur Montpellier devrait voir le jour dès la rentrée 2007. « La médecine chinoise dispose d’une approche totalement différente de la notre, explique Alain Terol, doyen de la faculté de pharmacie, nous prenons en compte les effets alors que les Chinois s’attaquent aux causes. » A moyen terme, le directeur du CHU, Alain Manville est disposé à ouvrir le premier service français de médecine chinoise traditionnel. Les Chinois sont aussi demandeur de formation dans différentes spécialités. « Nous avons envisagé la possibilité de retransmettre par satellite des intervention en chirurgie de la main », confirme Jacques Touchon. Chengdu a aussi demandé une collaboration montpelliéraine pour la création d’un centre de fécondation in vitro et d’une unité de diagnostic pré-ambulatoire. Ce dossier qui fait appel à des techniques de pointes, est pour l’heure «à étudier ». Il en va de même pour la déclaration d’intention qui devait conclure l’intensification des échanges entre les deux villes jumelées. Un accord, qui sied en apparence parfaitement aux autorités chinoises, a été trouvé pour se donner le temps d’approfondir.

Jing hong Liu dirige la Maison

dir-maisonDénichée par le délégué aux relations internationales, Bernard Fabre, cheville ouvrière du jumelage, Jing hong Liu a effectué un stage de deux ans à la Maison des relations internationales de Montpellier. C’est la nouvelle responsable de la Maison de Montpellier à Chengdu. Elle aura notamment pour mission de promouvoir la ville et sa région à travers la présentation et la commercialisation de produits et l’organisation de manifestations thématiques. Elle œuvrera également à partir de l’antenne montpelliéraine pour faciliter les rencontres en vue d’éventuels partenariats et pour promouvoir le développement économique de Montpellier ainsi que ses richesses culturelles. Une mission qui ne paraît pas hors de la portée de Jing hong Liu. Tombée en amour pour la France après avoir lu Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Mais au-delà du coté fleur bleue, la jeune femme a ses entrées dans les réseaux du pouvoir local. La rémunération de son poste est partagée entre Montpellier et Chengdu.

Soutien du consul général

Le consul Général

Jacques Dumasy

Dans le cadre de l’année de la France en Chine, Chengdu a reçu Jacques Chirac en octobre 2004. C’est à l’issue de cette visite que le président a donné suite à la volonté du Président Hu Jintao d’amplifier le développement des relations franco-chinoises notamment de l’ouest de la Chine. Ainsi, depuis octobre 2005 un consulat français à ouvert ses portes dans la capitale du Sichuan. La circonscription consulaire couvre une zone de 200 millions d’habitants qui comprend le Sichuan, le Yunnan, le Guizhou et la Municipalité autonome de Chongqing. « Le ministère des finances et le ministère des affaires étrangères se sont entendus pour soutenir les entrepreneurs français dans la région, plaisante le consul général Jacques Dumasy, une série d’entreprises comme Alstom, Lafarge, Groupama, BNP Paris Bas, Carrefour, Auchan… étaient déjà présentes sur place ». »>La création du consulat et de l’Alliance française où 500 Chinois apprennent déjà notre langue, vise à développer une nouvelle vague d’implantation et à réduire le déficit de notre balance commerciale. Dans ce contexte les instances consulaires se déclarent prêtes au croisement d’intérêts avec Montpellier, pour être un pôle d’entraînement auprès des opérateurs français. « Les coûts de production sont plus intéressant ici, confirme le consul général, les fonds immobiliers et la main d’œuvre qualifiée sont deux fois moins élevés que dans l’est du pays et les démarches sont facilitées par les autorités locales. » Quelle place réserver à la coopération décentralisée et à la Maison de Montpellier ? « Montpellier bénéficie d’une antériorité et nous ne sommes pas de trop, compte tenu de l’ampleur de la tâche », assure Jacques Dumasy.

Coopération décentralisée : Nécessités possibilités obstacles

L’approche chinoise s’est mesurée en partie à l’aune du contenu du protocole pour affirmer la volonté de collaboration. Elle s’est aussi traduite par la volonté chinoise de montrer les besoins sur le terrain. Montpellier a visiblement une carte à jouer mais la partie n’est pas gagnée

De la rencontre et du voyage naissent les interrogations. A première vue, les besoins chinois paraissent sans commune mesure avec ce que nous connaissons. « Cette fois on mord dans le sujet, confie Louis Pouget, adjoint au maire délégué à la voirie, Nous sommes limités du fait que nous ne passons pas par les mêmes dispositions pour arriver à un résultat analogue. » C’est le défi que Montpellier doit relever si elle veut franchir une étape avec ses collaborateurs chinois. En d’autres termes, comment intégrer et inscrire un partenariat dans une dimension où l’échange paraît peu réalisable et plein de malentendus.

La compréhension de la différence apparaît comme une nécessité pour se retrouver sur des valeurs partagées. L’existence des différences culturelles pousse à inventer de nouveaux savoir-faire pour impliquer l’autre dans la relation mais ne saurait pour autant, masquer notre commune humanité. Une ville comme Chengdu offre bien des possibilités ; encore faut-il pouvoir évaluer les offres et les demandes émises par les autorités chinoises. Comment faire le tri dans une telle profusion ?

Jean-François Vergnaud

Jean-François Vergnaud

« L’organisation chinoise est pyramidale et il y a des petites pyramides dans la grande pyramide, explique le sinologue Jean-François Vergnaud, l’Etat central préside à la destinée des grands investissements mais il faut saisir les formes de l’autonomie locale qui sont loin d’être négligeables. » La montagne est haute l’empereur est loin, rappelle un proverbe chinois. Le cheminement vers la connaissance réciproque implique aussi de connaître les capacités des partenaires. Aujourd’hui, la nouvelle génération au pouvoir en Chine est formée dans les meilleures universités et les Chinois disposent d’une force d’investissement à la hauteur de leurs ambitions. « La langue de bois est plutôt française, parce que nous n’avons pas les moyens de notre politique», constate un observateur averti.

Malgré la différence d’échelle, Montpellier bénéficie d’une amitié entretenue depuis 25 ans. La relation de confiance fait sens pour les décideurs chinois. L’importance du rapport culturel ne doit pas être sous estimé et cela passe en premier lieu, par une intensification des formations linguistiques. A charge pour Montpellier de canaliser les énergies. Pour aboutir, la ville doit maintenant obtenir le soutien concret des autres collectivités, à commencer par l’Agglomération et la Région, voir les chambres consulaires. Elle doit aussi jouer un rôle d’interface avec les entreprises locales concernées, et coordonner les initiatives par secteur d’activité.

Enfin Montpellier consolidera l’échange si elle offre des clés à ses partenaires chinois sur la subtilité des processus de décisions. Il faudra également observer comment les Chinois prendront leur part de responsabilité dans la gestion de la relation. Les opérateurs le savent, il faut bien connaître les méandres de la décentralisation chinoise pour faire avancer les dossiers. L’ouverture de la Maison de Montpellier à Chengdu correspond à une nouvelle étape qui consiste à mettre l’accent sur la préparation des réseaux humains.

Dossier réalisé par Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique coopération Protocole entre l’Hérault et Quanzhou, rubrique Montpellier, Institut Confucius à Montpellier,

Rénovation urbaine du quartier Petit-Bard Pergola. Se méfier des étincelles

C’est non sans satisfaction qu’Hélène Mandroux a signé hier avec l’Anru, (agence de rénovation urbaine) les bailleurs sociaux, les co-propriétaires, la caisse des Dépôts, l’ANAH et l’Etat un contrat pour la réhabilitation du Petit Bard

L’accord de principe obtenu en mars par le maire de Montpellier avec l’ANRU a été le déclencheur de l’opération qui concerne aussi le quartier Mosson, et le quartier centre. Soit 21% de la population montpelliéraine. Le projet de rénovation urbaine du Petit Bard-Pergola (quartier Cévennes) signé hier a plusieurs objectifs. Il doit notamment améliorer les conditions de logement des habitants, ouvrir le quartier sur la ville, et redresser le fonctionnement et la gestion des copropriétés depuis longtemps laissés en désuétude.

Le contenu du programme prévoit la démolition de 483 logements sur les 864 actuels et leur reconstruction sur le site ainsi que la réhabilitation de 371 logements (99 logements publics et 272 logements privés). Le détail de la mise en œuvre est quant à lui plus complexe. ACM qui a repris en main par la force des choses la gestion sur le Petit Bard a lancé une opération d’acquisition. L’office public dispose aujourd’hui de 200 logements et entend intensifier sa démarche. Mais l’offre faite aux propriétaires selon l’évaluation des domaines paraît peu séduisante. « A l’avenir le Petit bard sera éclaté en neuf petites copropriétés » a annoncé le maire pour se garder de nouvelles dérives.

Dans le climat actuel des zones urbaines les signataires en présence ont lissé leur discours. « La rénovation urbaine est un dossier qui s’impose à nous tous. A nos postes d’élus responsables, nous savons tous qu’une étincelle suffit pour faire repartir le feu, » a introduit Hélène Mandroux. Très à l’aise, le président de L’ANRU Jean Paul Aduy, a su profiter de cette ambiance consensuelle pour vanter les mérites du plan Borloo en glissant sans se voir contredire que « le problème de la rénovation urbaine n’était pas financier. » Plus précis, le Préfet Thénault a souligné que la clef de réussite reposait autant sur le bâti que sur la considération des habitants en rappelant qu’il fallait prendre en compte l’ensemble du problème. « L’offre de relogement ne doit pas nous exonérer d’accroître l’offre de logement a-t-il prévenu en rappelant les besoins, ne pas les prendre en compte nous conduirait à ne plus faire de l’habitat mais de l’hébergement d’urgence

Force est de constater qu’Hélène Mandroux qui a toujours défendu le dossier marque des points avec cette première concrétisation. Le maire a su faire valoir sa détermination en ferraillant contre les réticences du président du conseil d’Agglo qui refusait il y a peu de soutenir le projet. Cette divergence qui met en jeu la question des limites de la responsabilité publique avait marqué la première crise entre Hélène Mandroux et Georges Frêche. C’est sans doute pourquoi le maire a bien pris soin hier de remercier le président de l’Agglo ainsi que celui du Conseil général, mais la part financière des bailleurs sociaux estimée à 63% du budget semble toujours être l’objet de négociations. La mise en œuvre de la réhabilitation et la gestion de la mixité urbaine restent un enjeu majeur pour l’avenir. D’autant que ce premier pas salué comme une grande avancée ne présente pour l’heure aucune visibilité pour les habitants.

Jean-Marie DINH

Voir aussi: Rubrique Rubrique Médias Médias Banlieue et représentations politique locale Georges Frêche fin de règne, Un petit dernier avant les régionales, Un îlot de soleil sous un ciel menaçant