Prostitution : « La pornographie devient la norme sexuelle »

 

Le mouvement du Nid favorable à la pénalisation des clients.

A l’heure où la mission parlementaire d’information sur la prostitution affiche l’ambitieuse volonté « d’en finir avec le mythe du plus vieux métier du monde », Le mouvement du Nid se dit globalement favorable aux mesures préconisées par le rapport rendu la semaine dernière. Celui-ci se prononce notamment en faveur d’une pénalisation des clients. Entretien avec le responsable départemental du mouvement du Nid, Jean Bevelacqua, qui accueillait hier à la salle des Rencontres de l’Hôtel de ville la pièce « Au bout de la nuit ». Un témoignage qui démonte l’engrenage du consentement.

« Comment avez-vous reçu le rapport de la mission parlementaire présidé par la socialiste Danielle Bousquet ?

Nous sommes globalement favorables aux propositions de la commission. Ce rapport compte une trentaine de propositions dont la pénalisation de la clientèle. Nous regrettons en revanche que la commission ne se soit pas prononcée pour l’abrogation du délit de racolage que nous considérons comme une forme de double peine.

Pourquoi la pénalisation des clients vous semble un moyen adapté pour lutter contre la prostitution qui elle même reste légale ?

Nous ne sommes pas des prohibitionnistes. Les personnes qui se prostituent partagent de notre point de vue une condition de victimes. Et notre expérience de terrain démontre, quoique l’on en dise, que dans une très grande majorité des cas, on ne choisit pas de vendre son corps. Les proxénètes et les clients impulsent de fait une forme de violence à autrui. Dès lors qu’il ne s’agit pas d’une relation librement consentie, il s’agit bien d’une effraction corporelle à caractère sexuel. Même si le client n’en a pas toujours conscience. Quand j’étais jeune, j’étais dans la marine et j’ai fréquenté des prostituées. C’est plus tard que j’ai pris conscience et réalisé le caractère violent que j’ai pu faire subir. Parallèlement à la pénalisation, il faut mener de fortes campagnes de sensibilisation.

Les données locales soulignent à la fois un rajeunissement et une massification de la clientèle régionale. Comment l’expliquez-vous ?

En terme d’éducation, c’est réellement une catastrophe. Personne ne parle vraiment de relations sexuelles. La pornographie est devenue la norme sexuelle. Ici les jeunes vont dans les bordels catalans pour demander ce qu’ils n’oseraient pas demander aux filles qu’ils fréquentent. Quand on leur demande ce qu’ils cherchent, les critères qui ressortent sont le fait de ne pas s’engager, les pratiques sexuelles particulières, la multiplicité de choix notamment ethnique et le fait d’avoir accès à des filles que leurs conditions sociales ne permettent pas. Ce qui est significatif à bien des égards.

Quelle est votre position vis-à-vis du Syndicat du travail sexuel (Strass) qui qualifie les propositions parlementaires de dangereuses et moralistes et revendique un statut de travailleur indépendant du sexe ouvrant des droits sociaux ?

Nous ne condamnons pas la liberté de choix, mais il faut savoir que le Strass représente environ 200 personnes alors que la prostitution concerne 20 000 dans l’hexagone. Un pays ne peut pas être réglementé à partir d’une revendication individuelle dont le choix propose par ailleurs une vision ultra-libérale du problème. En matière de prostitution, la politique française reste néanmoins très frileuse et hypocrite avec un comité national d’éthique qui interdit de vendre son sang mais refuse de se prononcer quand on vend sa bouche, son anus, et son vagin ».

Recueilli par Jean-Marie Dinh

 

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Petit Bard : ACM responsable du retard du projet selon un rapport

Commandé par l’ANRU, l’agence nationale qui finance la rénovation du quartier, le document démontre que l’office HLM de l’agglo de Montpellier ne fait pas suffisamment d’efforts pour reloger les habitants. Les bisbilles politiques entre frêchistes et anti-Frêche ont donc aussi des conséquences sur des citoyens bien éloignés de la bataille pour le pouvoir. Montpellier journal publie le rapport et la note de synthèse.

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Emmanuel Zemmour élu président de l’UNEF

Le 82e  congrès de l’UNEF  qui s’achève à Montpellier s’est conclu par l’élection de son président en la personne d’Emmanuel Zemmour de la tendance Majorité nationale. Celui-ci succède à Jean-Baptiste Prévos étudiant en Normal sup réélu en avril 2009. Âgé de 23 ans, Emmanuel Zemmour est étudiants à l’ENS (école normale supérieur) en master 1 économie. Il est adhérent à l’UNEF depuis quatre ans et membre du bureau national depuis deux ans où il a d’abord été en charge des questions universitaires avant d’être élu vice-président de l’Unef le 30 janvier dernier.

Seule candidat en lice pour prendre la tête du premier syndicat étudiant (L’UNEF dit compter 31.000 adhérents sur 2,2 millions d’étudiants au total, contre 30.000 en 2009), le nouveau président avait ouvert le congrès de Montpellier en marquant son attachement à imposer les aspirations des jeunes dans le débat public. « En refusant de nous écouter le gouvernement enfonce de plus en plus le pays dans la crise démocratique. »

Après avoir débattu du statut social de la jeunesse, des perspectives d’avenir syndicale et des moyens pour y parvenir, les 900 délégués étudiants ont approuvé les orientations du syndicat. La tendance Majorité national remporte 81,79% des voix, la tendance pour un UNEF unitaire et démocratique regroupe 11,78% des votes exprimés et la tendance refondation syndicale 6,43%. Elu à la proportionnelle, le nouveau bureau national a désigné sans surprise Luc Zémmour qui accède à la présidence pour deux ans.

Ce congrès est l’occasion d’affirmer que l’UNEF est une force de proposition mais aussi, et surtout, un moyen d’agir notamment sur l’emploi des jeunes. « Il faut tordre le coup à l’idée qui veut que les jeunes soient inemployables. Les entreprises raffolent des jeunes quand il s’agit de remplacer un CDI par un contrat précaire. Nous ne réclamons pas un statut dérogatoire comme les gouvernements successifs nous l’ont proposé. Nous réclamons le droit commun, un CDI pour tous avec une rémunération à la hauteur de nos qualifications. » a martelé le président en ouverture du Congrès. Vie étudiante, rénovation du diplôme de la licence, suivi critique de la loi LRU sur l’autonomie des universités, grand emprunt, les chantiers qui attendent M. Zemmour sont désormais nombreux.

Surtout, un an avant l’élection présidentielle. « Avec Emmanuel, c’est le changement dans la continuité », assure son prédécesseur Jean-Baptiste Prévost.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Education, rubrique Politique La part de vérité des acteurs du PSU,

Emmanuel Zemmour s’exprime  sur la dynamique qu’il compte insuffler à l’UNEF.

La part de vérité des acteurs du PSU et leurs implications

Michel Perraud a présidé l’UNEF de janvier 67 à mars 68. Photo Rédouane Anfoussi

L’histoire du PSU par ceux qui l’ont vécue. Un travail passionné né d’une rencontre d’anciens militants à propos de la commémoration de mai 1968 réunit un collectif de vingt-trois auteurs dans une publication qui rouvre le débat. « Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? » (éditions Publisud). Sous ce titre explicite, on découvre une mine d’informations et de témoignages  sur les rapports des ESU (Étudiants socialistes unitaires), de l’UNEF et du PSU (Parti socialiste unitaire).

Le PSU 1960-1989

Si diversifiée soit-elle, la représentation collective de l’histoire des années 60 retracée par les  auteurs* se rapproche de la pensée de Gramsci qui refusait dès les années 20 la tyrannie de la reproduction sociale et politique, conséquence d’un déterminisme marxisme réducteur. Le PSU créé en 1960 fonde principalement son action sur le combat pour la paix en Algérie et en est l’un des acteurs essentiels. Il incarne durant trois décennies la deuxième gauche qui se situait entre la SFIO social-démocrate et le PCF.

L’ouvrage parcourt les années soixante pour finir en 1971, année où les ESU quittent l’Unef et où Michel Rocard qui assumait la direction du Parti se trouve face à une forte opposition interne. En 1974 après le bon score de Mitterrand à la Présidentielle, les assises sont présentées comme la dernière étape du processus de reconstruction de la gauche non communiste autour d’une stratégie d’union de la gauche. Rocard choisit de rallier le PS pour se faire un profil d’homme d’Etat. En 1981, Huguette Bouchardeau qui dirige le Parti, est nommée ministre. Le PSU s’auto-dissout en 1989.

Les étudiants socialistes unitaires

Le PSU s’est appuyé sur la transformation (et la laïcisation) de la CFTC en CFDT. Il a défendu l’expérience autogestionnaire, en soutenant notamment les travailleurs de l’usine de Lip. Le livre donne un éclairage particulier sur les liens du Parti avec l’Unef.  Dans les années 60, ce sont en effet les étudiants du PSU, regroupés sous la bannière des ESU, qui se trouvent au cœur des luttes politiques contre l’impérialisme. Le Montpelliérain Michel Perraud qui présidait l’Unef de janvier 67 à mars 68 se souvient. « En 67 nous héritions d’une situation très difficile sur le plan politique et financier. Le ministère de l’EN nous avait supprimé les subventions, et les AGE (dirigées par la droite corporatiste) ne payaient plus leurs cotisations pour s’opposer à notre position internationale qui prônait la décolonisation. On mesurait la contradiction entre la fonction de gestionnaire (cités et restos U) et nos actions revendicatives. » Michel Perraud, co-auteur de l’ouvrage, souligne le rôle prédominant de l’Unef en mai 68. « L’engagement politique de l’Unef à l’époque nous a permis de mobiliser au-delà du périmètre d’influence des organisations politiques étudiantes, et d’engager une coordination avec la CGT, la CFDT et la FEN. »

Après la célébration du cinquantenaire de sa création en 2010, il importait de remettre en valeur le rôle du PSU où beaucoup d’hommes politiques français ont fait leurs classes. Cet ouvrage permet aussi de revenir sur l’histoire de l’Unef des années 60, quelque peu revisitée après la scission entre l’Unef et l’Unef ID. Enfin la situation que nous traversons actuellement avec des structures politiques qui apparaissent inadaptées aux urgences démocratiques, sociales et environnementales n’est pas si éloignée des problématiques politiques rencontrées naguère pour rompre avec l’impérialisme capitaliste. Le dialogue avec des acteurs d’hier, qui sont aussi témoins et acteurs de la réalité d’aujourd’hui, s’engage ce soir à la salle Pétrarque.

JeanMarie Dinh

Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? éditions Publisud, 413 p, 32 euros

Ce soir à 18h Salle Pétrarque, Présentation et signature du livre. Avec Jacques Sauvageot, Luc Barret et Michel Perraud, tous trois anciens militants du PSU et dirigeants du syndicalisme étudiant.

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Mobilisation contre l’arsenal répressif

Photo David Maugendre

Ils étaient une cinquantaine hier à 15h sous la pluie devant la préfecture a avoir répondu à l’appel de « Reste à quai » pour demander le retrait total du texte LOPPSI 2 adopté le 16 février dernier. Le collectif rassemble des citoyens, des associations, des partis politiques et des d’organisations syndicales de gauche, unis pour endiguer la dérive sécuritaire qui s’abat sur les libertés individuelles.

La récente décision du Conseil constitutionnel qui vient de censurer 13 articles de la loi Loppsi 2 est assurément un revers pour le gouvernement et le Président de la République. Parmi les articles jugés anticonstitutionnels qui font suite à la volonté de Nicolas Sarkozy exprimée dans son fameux discours de Grenoble, on relève pêle-mêle : la volonté qui permettrait à des personnes privées la surveillance générale de la voie publique et ainsi de leur déléguer des compétences de  police (art 18) ; celle d’étendre au mineurs des peines  minimales (plancher), jugée contraire à la justice pénale des mineurs (art 37) ; l’autorisation donnée au procureur de la République de convoquer un mineur sans saisir préalablement le juge des enfants (art 41) ; le fait de punir le représentant légal pour une infraction commise par un mineur (art.43) (bien que la possibilité pour le préfet d’instaurer un couvre feu pour les mineurs soit maintenue) ; l’autorisation donnée au préfet de procéder à l’évacuation forcée de terrains occupés illégalement, à toute époque de l’année, sans considération de la situation personnelle ou familiale de personnes défavorisées (art 90) ; l’extension à des agents de police municipale, qui relèvent de l’autorité communale, de procéder à des contrôles d’identité, disposition jugée contraire à la Constitution qui impose que la police judiciaire soit placée sous la direction et le contrôle de l’autorité judiciaire.

Résister à l’édifice sécuritaire

« Le Conseil constitutionnel n’est pas resté totalement sourd à la mobilisation contre ce texte, ont estimé hier les manifestants, mais ne nous y trompons pas, il se prononce sur le droit et ne s’oppose pas dans le fond à la surcharge des lois sécuritaires. 129 articles de LOPPSI 2 restent encore valides. »

Le texte déposé par le gouvernement en mai 2009, comptait quarante-six articles. Il n’a cessé d’enfler au fil des lectures pour en compter 142 à l’arrivée. Il complète l’édifice sécuritaire qui s’est constitué avec Loppsi, LSQ (sur la sécurité quotidienne), les loi Perben 1 et Perben 2, la loi sur la sécurité intérieure et d’innombrables décrets.

« La droite et l’UMP peuvent encore se satisfaire. Car elles progressent dans leur entreprise d’aggravation continue de l’arsenal répressif, constate Gerard Arnaud du collectif « Reste à quai ». Nous ne voulons  pas dissocier les articles un à un mais avoir une vision d’ensemble. Ce qui se passe, c’est qu’on nous impose toujours plus de contrôle social et toujours moins de droits sociaux. Sarko et sa bande ne sont que les valets de l’ordre libéral. Ils mettent en place l’étau  qui nous comprime pour mieux nous exploiter et exploiter les ressources de  notre environnement. » Le collectif « Reste à quai » appelle à maintenir la mobilisation et à sensibiliser les citoyens à une résistance pour la préservation des libertés individuelles et collectives.

Jean-Marie Dinh

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