L’Elysée
Malgré l’attitude combative du président, les Français ont été ébranlés par les réactions à la polémique sur les Roms. D’après un sondage [publié le 19 septembre dans Sud-Ouest Dimanche], 71 % entre eux estiment que l’image de la France à l’étranger a été ternie. Le pire fut la déclaration de Viviane Reding, la commissaire européenne à la Justice, qui s’est dite “consternée” par l’expulsion d’un groupe ethnique, une chose dont elle pensait que “l’Europe ne serait jamais plus témoin après la Seconde Guerre mondiale”. M. Sarkozy a contre-attaqué à Bruxelles, en se faisant habilement passer pour la victime de commentaires “scandaleux” et “profondément insultants”, détournant ainsi l’attention de sa politique elle-même. Mais les reproches sous-jacents demeurent.
Tenir tête à la Commission européenne a généralement bonne presse en France, où les électeurs entretiennent des sentiments mitigés à l’égard de l’Europe. Cette polémique peut donc être bénéfique à M. Sarkozy sur le plan intérieur. Le problème, ce sont les dégâts au niveau international. Les Français y sont sensibles. D’innombrables émissions de radio et de télévision sont consacrées à la détérioration de l’image de la France à l’étranger, non seulement à propos des Roms, mais aussi de l’affaire Bettencourt. Le Monde a parlé d' »un double abaissement : de l’autorité de Nicolas Sarkozy et de l’image de la France en Europe et dans le monde » [chronique de Gérard Courtois datée du 20 septembre].
Les prochains mois permettront à nouveau de tester l’image de M. Sarkozy. A la mi-novembre, la France prendra pour douze mois la présidence du G20, et elle présidera également le G8 en 2011. M. Sarkozy espère pouvoir utiliser ces tribunes pour redorer son prestige à l’étranger et améliorer ses résultats dans les sondages en France, comme cela s’était passé lorsque la France avait assuré la présidence de l’Union européenne dans la seconde moitié de l’année 2008. Il ne manque pas d’idées audacieuses, parmi lesquelles une taxe financière mondiale.
L’an prochain, l’élection présidentielle de 2012 sera proche. Plus M. Sarkozy s’assurera le soutien des Français par une position dure sur la sécurité et l’immigration, plus il courra le risque d’être à nouveau désapprouvé à l’étranger.
The Economist