Hélène Hoppenot au Pavillon Populaire. Un voyage à travers l’histoire

 Marchande  de jouet , Toluca, Mexique  1952-1953  Crédit Photo Hélène Hoppenot Expo Photo Première rétrospective photographique d’ Hélène Hoppenot. Le Monde d’hier 1933-1956 au Pavillon Populaire  jusqu'au 29 mai. Montpellier Hélène Hoppenot peut être considérée comme une préfiguratrice de la photographie de voyage. L’exposition que lui consacre le Pavillon Populaire présente 160 clichés, petits et moyens formats, issus des archives du ministère des Affaires étrangères. Par le truchement d’un regard intime défile une saga historique qui conduit le visiteur dans un autre temps, aux quatre coins de la planète. Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) commence à parcourir le monde à la fin de la première guerre mondiale au gré des nominations de son mari. Elle désire garder trace des moments vécus, souhaite rapporter des souvenirs de ses périples. La jeune femme tient un journal de voyage illustrant ses écrits par quelques photos. Bonheur intraduisible  Hélène Hoppenot s’installe en Chine en 1933 avec un plaisir certain. Ce bonheur sera à l’origine d’un vrai passage indique le commissaire de l’exposition Alain Sayag « Elle s’imaginait incapable de traduire en mots ce sentiment qui s’enroule autour d’elle, selon ses mots :  comme une chaude écharpe. Elle renonce alors à l’écriture pour se consacrer à la photographie.» Dans la foulée, Hélène Hoppenot acquiert son Rolleiflex 6x6 auquel elle restera fidèle toute sa vie. Hélène Hoppenot fait des photos dans le but de confectionner des albums. Les images sont souvent conventionnelles. Elles reflètent des excursions sur la colline parfumée ou au Palais d’été, mariage mondain, croisière sur le Yang Tsé... Un des intérêts de l’exposition est de révéler l’évolution de cette pratique amateur vers celle du photographe. Au fil de ses voyages à travers le monde, la femme de diplomate impose ses propres valeurs esthétiques. Quand la souffrance s’impose Si les photographies d’Hélène Hoppenot demeurent celles d’une bourgeoise expatriée et tombent parfois dans l’exotisme de l’aventure grisante, elle voit le jour dans des contextes culturels fermés. « La photographie est une manière réconfortante de maintenir une distance rassurante, tout en donnant un sens explicite à cette confrontation», analyse justement Alain Sayag. Au fil du temps on passe de la photo d’amateur à la photographie  documentaire, puis à une dimension plus esthétique. Le cadre se resserre, les angles se multiplient et Hélène Hoppenot qui s’est beaucoup consacrée aux moeurs et coutumes et aux paysages, se laisse interpeller par les hommes.  « Ainsi, au Japon j’avais envie de ne respirer qu’à moitié, de marcher à tous petits pas comme ces femmes, à courber l’échine pour me mettre à la taille de ses habitants, de leurs demeures, de leurs jardins» confie-t-elle en 1936. Cette confrontation avec la réalité est assurément à l’origine des meilleurs clichés de l’exposition. Lorsque l’on croise l’enthousiasme perdu du danseur Oaxaca mexicain, les indiens brûleurs d’encens guatémaltèques ou le travail de force de la paysanne chinoise.

Marchande de jouet , Toluca, Mexique 1952-1953 Crédit Photo Hélène Hoppenot

Expo Photo
Première rétrospective photographique d’ Hélène Hoppenot. Le Monde d’hier 1933-1956 au Pavillon Populaire  jusqu’au 29 mai. Montpellier

Hélène Hoppenot peut être considérée comme une préfiguratrice de la photographie de voyage. L’exposition que lui consacre le Pavillon Populaire présente 160 clichés, petits et moyens formats, issus des archives du ministère des Affaires étrangères. Par le truchement d’un regard intime défile une saga historique qui conduit le visiteur dans un autre temps, aux quatre coins de la planète. Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) commence à parcourir le monde à la fin de la première guerre mondiale au gré des nominations de son mari. Elle désire garder trace des moments vécus, souhaite rapporter des souvenirs de ses périples. La jeune femme tient un journal de voyage illustrant ses écrits par quelques photos.

Bonheur intraduisible
Hélène Hoppenot s’installe en Chine en 1933 avec un plaisir certain. Ce bonheur sera à l’origine d’un vrai passage indique le commissaire de l’exposition Alain Sayag « Elle s’imaginait incapable de traduire en mots ce sentiment qui s’enroule autour d’elle, selon ses mots :  comme une chaude écharpe. Elle renonce alors à l’écriture pour se consacrer à la photographie.» Dans la foulée, Hélène Hoppenot acquiert son Rolleiflex 6×6 auquel elle restera fidèle toute sa vie. Hélène Hoppenot fait des photos dans le but de confectionner des albums. Les images sont souvent conventionnelles. Elles reflètent des excursions sur la colline parfumée ou au Palais d’été, mariage mondain, croisière sur le Yang Tsé… Un des intérêts de l’exposition est de révéler l’évolution de cette pratique amateur vers celle du photographe. Au fil de ses voyages à travers le monde, la femme de diplomate impose ses propres valeurs esthétiques.

 

Quand la souffrance s’impose
Si les photographies d’Hélène Hoppenot demeurent celles d’une bourgeoise expatriée et tombent parfois dans l’exotisme de l’aventure grisante, elle voit le jour dans des contextes culturels fermés.

« La photographie est une manière réconfortante de maintenir une distance rassurante, tout en donnant un sens explicite à cette confrontation», analyse justement Alain Sayag. Au fil du temps on passe de la photo d’amateur à la photographie  documentaire, puis à une dimension plus esthétique. Le cadre se resserre, les angles se multiplient et Hélène Hoppenot qui s’est beaucoup consacrée aux moeurs et coutumes et aux paysages, se laisse interpeller par les hommes.  « Ainsi, au Japon j’avais envie de ne respirer qu’à moitié, de marcher à tous petits pas comme ces femmes, à courber l’échine pour me mettre à la taille de ses habitants, de leurs demeures, de leurs jardins» confie-t-elle en 1936. Cette confrontation avec la réalité est assurément à l’origine des meilleurs clichés de l’exposition. Lorsque l’on croise l’enthousiasme perdu du danseur Oaxaca mexicain, les indiens brûleurs d’encens guatémaltèques ou le travail de force de la paysanne chinoise.

JMDH

Au Pavillon Populaire, Esplanade De Gaulle Montpellier. (34). www.montpellier.fr


Projet d’Expo
Le photographe d’Hitler
Heinrich_Hoffmann_cropped« L’oeuvre »  du photographe Heinrich Hoffmann qui avait ses entrées dans la résidence d’Hitler et siégeait en tant qu’expert à la Commission des oeuvres dites « dégénérées » devrait être accueilli en 2018 au Pavillon Populaire, galerie municipale montpelliéraine dédiée à la photographie. Ce projet entre dans le cadre d’une exposition consacrée  à la photo et la propagande.« l’influence de la photographie comme  caution d’une dictature ignoble » a précisé le conservateur Gilles Mora.

Source : La Marseillaise 18/03/2016

Voir aussi :   Rubrique Artrubrique Photo, rubrique Exposition, rubrique Montpellier

Sète livre le paysage aux artistes d’aujourd’hui

Au CRAC

Dans la vallée des Merveilles

Dans la vallée des Merveilles

Les passeurs artistiques Philippe Durand, Philippe Ramette, Olga Kisseleva et Emma Dusong partagent l’espace du centre d’art régional jusqu’au 29 mai 2016

La pertinence de la notion de passeur d’art, pourrait bien être celle de la délimitation de ses contours, des liens de passage où circulent les hommes et leurs émotions…  L’artiste Philippe Durand développe une pratique photographique sur le mode de la déambulation, à la recherche de traces visibles dans l’espace public. En 2014, il décide d’explorer la vallée des Merveilles, situé dans le Parc National du Mercantour. Fasciné par cet espace naturel, il y découvre un patrimoine archéologique exceptionnel qui, selon lui, constitue «un autre espace public, évidemment non urbain mais balisé, marqué, transmis d’une personne à l’autre.» Considérant ce site comme un proto-musée en plein air, sans auteur, sans commissaire, sans public ni communication, l’artiste en fait un lieu de travail, dans une nouvelle dimension spatiale et temporelle.

Aire  initiatique archaïque
A la différence du monde de l’art contemporain, les aires culturelles sont rarement des champs clos. Elles subissent, le plus souvent au fil du temps des influences multiples. Influences restituées par les photographies de Philippe Durant qui documentent l’exposition. Les clichés de l’artiste mettent en scène le dialogue des échanges à première vue très inégaux qui s’instaurent entre les cultures à travers le temps. Des gravures anciennes telles les bêtes à cornes préhistoriques que nos lointains ancêtres gravaient dans la roche pour se mettre en contact avec la puissance chamanique de l’animal, côtoient des graffitis plus récents. Un type qui fume dessiné par un berger au début du XXe siècle, un Mickey déifié dans les années 80 ou un graff des twin towers localisé et daté au canif New York 2001. «C’est intéressant de voir que les premiers et les derniers dessins de l’histoire de l’humanité se ressemblent» souligne justement le critique Pacôme Tiellement.

Signes  de l’engagement
Le travail de l’artiste se rapporte à l’histoire de l’art, à l’histoire d’un continent disparu, retrouvé et déplacé. L’exposition tente de recomposer une topographie du lieu. Comme une mise en abîme du gigantesque musée à ciel ouvert de la vallée des merveilles reconstitué au sein du Crac de Sète. Une immense photo murale du site sert de structure à l’exposition. Dans la première salle quelques éléments gonflables évoquent le chaos rocheux du paysage, leur dimension ludique emprunte au parc d’attraction en parfait contraste avec les vidéos qui invitent à une lecture méditative du site. On passe le mur de roche comme l’on traverse un miroir pour se retrouver dans la seconde salle en présence des photographies. A la croisée entre individu et société, l’installation La Vallée des Merveilles pose les signes de l’engagement dans la collectivité. Cette proposition artistique peut être perçue sous une forme individuelle et singulière ou/et comme une forme sociale et donc socialement partagée.

La  force et l’émotion
Avec Suivre sa voix, la jeune Emma Dusong se situe sur le front des pionniers de l’émotion. Son installation Classe évoque les limites et les risques du système éducatif et l’espoir déchu face au désir d’apprendre librement. L’artiste suit les traces de l’intime dans la durée et la profondeur. La conversation avec sa grand-mère espagnole sétoise renvoie à la disparition, aux craintes qu’elle suscite, mais également à tout ou partie de l’histoire de l’enfance, de la famille, de l’amour. Elle transcende largement l’état affectif des individus pour les inscrire dans le paysage de l’art.

Solo exhibition
Emma Dusong Suivre sa voix

24456_1453372230_Emma-Dusong-IMG_7724-600pxEmma Dusong travaille avec la voix et le silence à travers divers médiums. Souvent déclenchées par des performances chantées (écrites et composées par l’artiste) ses pièces sonores proposent un univers  de doute et de métamorphose.
Elle présente son travail en France et à l’étranger depuis les années 2000. En 2008, elle a reçu le prix agnes b. En 2008-2009, elle fut résidente au Pavillon de Tokyo et en 2010, elle est nominée au prix Audi Talents Awards à la FIAC.

«Je m’intéresse à la voix humaine, sa dimension vivante et évanescente, tellement présente, expressive et tactile. Je viens au départ de l’image et j’ai eu besoin à un moment donné d’un médium qui soit le plus vivant possible dans le prolongement de la respiration. Chanter était aussi ce qui me faisait le plus peur et me permettait donc de donner un renouveau à ma pratique. Ce qui me trouble dans la voie chantée est le côté vertigineux de la voix. La voix a cappella émise sans amplification lui permet d’être le plus suspendue possible, la plus vulnérable

Monographie
Philippe Ramette  questionne le réel

11_philippe-ramette-10-6444bA l’occasion de cette exposition l’artiste Philippe Ramette réactive son travail photographique mis en sommeil depuis neuf ans et propose un portrait de l’artiste au fil de l’eau. « Ma démarche est une attitude contemplative. L’idée récurrente consiste à représenter un personnage qui porte un regard décalé sur le monde , sur la vie quotidienne. Dans mes photos, je ne vois pas d’attirance pour le vide, mais la possibilité d’acquérir un nouveau point de vue.»

JMDH

Source La Marseillaise 16/03/2015

Voir aussi : Actualité Locale. Rubrique Art, rubrique Photo, rubrique Exposition,

Un cadre d’idées vivantes en grand format

3e volet de La France vue d’ici pour la 8e édition du festival sétois qui se tiendra 4 au 22 mai. Photo Patrice Terraz

3e volet de La France vue d’ici pour la 8e édition du festival sétois . Photo Patrice Terraz

Image-Singulières. Le festival poursuit sa vocation autour de la photographie. De l’aristocratie à la classe ouvrière il aiguise notre regard et notre esprit. A Sète du 4 au 22 mai 2016.

L’affiche de la 8e édition d’imageSingulières signée Patrice Terraz est extraite du projet collaboratif La France Vue d’Ici que le festival mène en partenariat avec Médiapart depuis 2014. On y voit une jeune apprentie en bleu de travail dont le visage laisse entrer la lumière. Une de ses mains est occupée par un soda tandis que l’autre dresse un doigt oblique. Malgré toute l’énergie qui émane de cette jeune fille, il est fort improbable qu’elle soit un jour décorée de la Légion d’honneur. Ce projet conduit par 24 photographes et 4 journalistes s’est fixé la mission d’explorer la France d’aujourd’hui afin de produire un état des lieux d’ici 2017. Cette année le troisième volet de la série prendra d’assaut la Gare de Sète. Pour l’intégralité des reportages rendez-vous en 2017…

Particules artistiques

On ne connaît précisément les vertus de la poussière d’eau qui couvre les habitants des villes portuaires mais l’on sait que les ports brassent les populations qui entrent, circulent, et sortent et que cela influe sur la vie quotidienne. Le festival associe ses embruns depuis 2015 avec la Festival international de photographie de Valparaiso, première ancre d’une idée panoramique qui pourrait tracer ses escales dans les grands ports du monde. Pour cette édition quatre photographes chiliens tireront le portrait de Sète. ImageSingulières invite par la même occasion deux géants de la photographie en résidence dans le port du bout du monde à rejoindre l’île singulière. La confrontation inédite des regards entre l’espagnol Alberto Garcia-Alix et Le Suèdois Anders Petersen donne lieu à la production d’une exposition dont la première se tiendra à Sète avant qu’elle ne parcoure l’Europe.

Au Crac on pourra suivre l’évolution du travail photographique de Guillaume Herbaut dans un parcours ukrainien qui débute par une approche contemporaine de photojournaliste pour passer à celle du documentaire d’auteur. La Maison de l’image Documentaire met le cap sur la Belgique du bas avec les prisons vues et vécues par Sébastien Van Malleghem, et la Belgique du haut que donne à voir l’anglais Rip Hopkins à travers ses portraits d’aristocrates.

La classe ouvrière n’est pas oubliée avec l’exposition collective Working Class Heroes, au Boulodrome. Les photographes Flavio Tarquinio, Mehdi Ahoudig, Samuel Bollendorff évoquent la joyeuse déliquescence du Nord de la France, tandis que Kirill Golovchenko s’attache au profond désordre ukrainien. Enfin, aux Chais des Moulins, seront fêtés les 30 ans de l’agence VU à travers un coup de projecteurs sur 7 grands photographes espagnols qui ont trouvé à travers l’agence un soutien pour signifier leur travail à l’étranger. En bref, le festival conserve une détermination qui l’honore.

JMDH

Source La Marseillaise14/03/2016

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La pie de Claude Monet

CbGkhEPWIAEQAJyNous sommes en 1868-1869. Ce paysage enneigé marque le début de l’impressionnisme, cinq ans avant la naissance officielle du mouvement.

Sans en avoir l’air, ce modeste paysage enneigé de Claude Monet, intitulé La pie, marque le début de l’impressionnisme. Nous sommes en hiver 1868-1869, cinq ans avant la naissance officielle du mouvement. L’artiste traverse une période difficile. Ne parvenant pas à vendre ses œuvres, il vit dans le dénuement. Sa famille réprouve à la fois sa relation avec sa compagne, Camille, et son choix de carrière.

Il faut dire que Monet n’est pas vraiment issu d’un milieu artistique. Fils d’épicier né en 1840, il commence par se faire remarquer pour son talent de caricaturiste. Il se forme auprès de Boudin, qui l’initie à la peinture en plein air, puis de Jongkind. Mais la reconnaissance tarde. Plusieurs de ses tableaux sont refusés au Salon, unique manifestation officielle où l’on peut exposer des œuvres en les soumettant à un jury. Il traverse une période de dépression, faisant même une tentative de suicide en se jetant dans la Seine.

Capturer l’instant

Le peintre n’abandonne pas pour autant les objectifs qu’il s’est fixés. Au contraire, il développe le concept qui sera à l’origine de l’impressionnisme: capturer l’instant, l’état transitoire de la nature, en particulier par l’étude des variations de lumière. Pour y parvenir, il faut travailler rapidement, en posant directement les couleurs sur la toile. En résulte une liberté nouvelle de la touche, plus expressive que descriptive.

Des peintres comme Renoir, Sisley, Pissarro, Morisot et Degas partagent les préoccupations de Monet et son opposition à la peinture traditionnelle. Ils décident d’organiser leur propre exposition dans l’atelier du photographe Nadar, en 1874. Y est présenté le tableau de Monet Impression, soleil levant, qui donne son nom au groupe suite à une boutade d’un critique peu enthousiaste. Car le public n’est pas tendre avec ces artistes qui de nos jours attirent les foules. Leurs toiles, si différentes de l’art académique, provoquent même un véritable scandale.

Au fil des heures et des saisons

Mais peu à peu, les réactions évoluent. Au fil des huit expositions impressionnistes, des critiques positives se font entendre. En l’espace d’une douzaine d’années, les impressionnistes sont acceptés et deviennent même des artistes fort recherchés dans toute l’Europe. Monet meurt riche et célèbre, en 1926.

Le peintre reste fidèle à la philosophie impressionniste jusqu’à la fin de sa vie. Pendant toute sa carrière, il cherche à représenter la fugacité de l’instant, à travers des paysages mais aussi des figures. Il revient souvent sur un même sujet, créant les séries des Meules, Peupliers et Cathédrales. Sans oublier les variations autour du jardin qu’il a installé chez lui à Giverny, dont le cycle des Nymphéas. Ce principe permet de révéler les modifications des formes et des couleurs en fonction des conditions atmosphériques, des heures de la journée et des saisons.

La sensibilité de l’artiste

Le paysage enneigé, qui se prête particulièrement bien aux effets de lumière, fait partie des motifs qu’il traite à plusieurs reprises. Cette huile sur toile de 89 sur 130?centimètres, conservée au Musée d’Orsay, est l’une des premières qu’il exécute sur ce thème. Monet peint également des vues de routes et de villages sous la neige, ainsi que diverses versions de la débâcle sur la Seine, c’est-à-dire la rupture subite de la glace. Un Effet de neige, le matin, prend aussi place dans sa série des meules, en 1891. Il prolonge ses études jusqu’en Norvège, en hiver 1895.

Mais au fond, davantage que le sujet, ce qui compte surtout est la vision qu’en a le peintre et la sensibilité avec laquelle il la traduit. Monet compte parmi les premiers à oser exprimer l’émotion qu’il ressent face à son motif, créant ainsi des œuvres profondément personnelles qui révolutionnent l’art moderne.

Voir plus : agnès Verfaillie

Voir aussi : Rubrique Art, rubrique Expositions,

Culture Hérault. Rétrospective #1 de janvier à juin 2015

On ne peut pas faire feux de tout bois

Sous le double feu des réductions budgétaires et de la compétition politique le monde culturel et artistique démontre sa vivacité.

 2015 fut une année riche en propositions culturelles et artistiques dans l’Hérault, avec la persistance d’un poids économique et politique qui pose plus de questions qu’il ne fournit de perspective. On s’est évertué à calmer les inquiétudes légitimes des artistes et acteurs culturels. Et on s’est souvent agité avec des spéculations fantaisistes sur l’apport culturel à l’économie ou aux stratégies politiques, mais la valeur de la culture en termes de socialisation, d’ouverture, et d’imagination demeurent largement ignorées. Ce qui n’a pas empêché les citoyens, trop souvent cantonnés dans le rôle de spectateurs, de nourrir leur appétit pour le changement et la curiosité.

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Pavillon Populaire. Exposition consacrée à Aaron Siskind

Janvier. Au Pavillon populaire, Gilles Mora renoue avec sa passion pour les photographes américains, avec l’exposition Siskind, le photographe poète qui enquêtait sur la vie dans les quartiers populaires durant la grande dépression. Montpellier Danse invite la mythique Carolyn Carlson en prise avec l’inconscient et le comos. Serge Avedejian, évoque au cinéma Diagonal son dernier film le  Scandale Paradjanov et la vie mouvementée de ce génial réalisateur.

Carolyn Carlson

Carolyn Carlson

Février. Les lodévois défendent la poésie et leur festival les Voix de la Méditerranée mais les plumes poétiques coulent sous le plomb de l’austérité. A Béziers, les irréductibles de SortieOuest résistent au coeur d’un combat politique et culturel exacerbé par les élections départementales.

Mars. A Montpellier, La Baignoire ouvre grand les portes aux auteurs dramatiques contemporains, avec Horizons du texte. Faute de soutient elle ne reconduira pas cet événement en 2016. Invité par les K-fé-Krime Sauramps, l’inquiétant auteur de roman noir américain Jake Hinkson nous explique pourquoi son héros Geoffrey kidnappe son kidnapper… «Je crois qu’il fait cela parce qu’à ce moment c’est le grand vide.» Dans le cadre de la saison hTh, le collectif de jeune acteur La carte Blanche, présente au Domaine d’O Lost in the same woods. avec un regard autocritique sur une génération qui tente de «réconforter son besoin d’être autre chose que des solitudes.» Le festival de théâtre novateur Hybrides, se voit couper les vivres par la mairie de Montpellier. Il organise sa soirée d’annulation qui donne matière à un débat sur la place des artistes dans la société. Piqué par la mouche des petits roitelets, Noël Ségura, le maire (Dvg) de Villeneuve-lès-Maguelone illustre sa détermination à faire disparaître la scène nationale jeune public qui rayonne depuis vingt-deux ans sur sa commune. Et y parvient au grand dépit de la région et de la Drac qui soutiennent le financement du projet.

Horizon du Texte. Béla Czuppon

Horizons du Texte. Béla Czuppon

Avril. Invité du festival de cinéma social de la CGT, le réalisateur Patrice Chagnard vient débattre de son film Les règles du jeu qui pointe les principales clés pour réussir dans le nouveau monde professionnel.

Festival Arabesques

Festival Arabesques

Mai. Au Domaine d’O, Arabesques, le festival des arts arabes célèbre sa dixième année d’existence dans une clairvoyante chaleur humaine. La thématique des littératures ibériques  de la Comédie du livre, offre l’occasion d’ouvrir le débat sur les drames ayant traversés l’histoire de l’Espagne et du Portugal au XXe. Douleurs d’un passé largement revisité par les auteurs contemporains portugais et espagnols. On y croise aussi de grands auteurs français, Lydie Salvayre, Jérôme Ferrari Antoine Volodine… L’édition 2015 est une réussite mais l’édition 2016 se fera sans l’association des libraires Coeurs de livres qui perd son financement municipal.

Jérôme Ferrari et Lydie Salvayre

Jérôme Ferrari et Lydie Salvayre

Au Diagonal, Daniel Mermet passe présenter le premier volet du film Howard Zinn Une histoire populaire américaine, coréalisé avec Olivier Azam. A Sète, le Musée Paul-Valéry revient au source de la Figuration libre. Trois jours durant, le CDN hTh ouvre ses portes à tous vents à l’expression plurielle du sexuel. La Cie « A contre poil du sens » du chorégraphe Matthieu Hocquemiller assure la programmation du Festival Explicit. Les Amis de RKK dont l’équipe de Fiest’A Sète et de Nova, témoignent d’une perte énorme après la disparition de l’artiste attendu dans la région.

Go down Moses. Castellucci au Printemps des comédiens,

Go down Moses. Castellucci au Printemps des comédiens,

Juin. Pour sa 18e édition, le Firn convoque le monde à la grande table du noir à Frontignan sur le thème Etrange étrangers. Il édite  un recueil de quatorze nouvelles noires sur ce thème en partenariat avec la Cimade. Le monde contemporain se croise pour dresser un état de la scène chorégraphique au 35e Festival Montpellier Danse. Après l’année blanche et sociale de 2014, Jean Varéla et son équipe passent brillamment la barre de la 29e édition du Printemps des Comédiens en gardant l’esprit d’un festival ouvert sur le monde

Jean-Marie Dinh

A suivre

Voir aussi ; Culture Hérault 2015 Rétrospective #2  Rubrique Théâtre, rubrique Festival, rubrique Cinéma, rubrique Artrubrique Photo, rubrique Danse, rubrique Exposition, rubrique Livres, Littératures, rubrique Musique, rubrique Politique culturelle