Contes publics : La crise des ânes

Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes disponibles. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le village.

Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.

Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.

Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.

Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.

Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.

Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale… On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.

Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marché.

Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des maires sortants.

Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place? Que ferez-vous ?

Avant de nous retrouver tous sur la place du village samedi 15 octobre 2011 (journée internationale des Indignés), faites déjà passer cette histoire à votre voisin…

L’emprunt forcé, une arme des Etats face aux marchés ?

C’est parce qu’ils sont convaincus que les grands pays européens ne sont pas « sans défense face aux anticipations perverses des marchés » que l’ancien et l’actuel président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Jean-Paul Fitoussi et Philippe Weil, et le grand patron italien Gabriele Galateri di Genola, président de Generali, ont pris leur plus belle plume  pour inviter ensemble les Etats à se ressaisir.

Leur tribune initialement parue dans le Financial Times du 15 septembre est en ligne sur le blog de l’OFCE  sous le titre « L’emprunt forcé : l’arme de destruction massive de la politique budgétaire ».

Le propos des trois auteurs, décrypté par M. Weil, est simple : éviter que la crainte du pire demain (des écarts de taux trop forts, une dégradation de la note souveraine et un emballement de l’endettement)  n’entraîne dès aujourd’hui « une spirale dépressive » calamiteuse pour la croissance et pour l’emploi.

Quand des pays qui ont la même monnaie  (l’euro) et qui sont des partenaires commerciaux se mettent ensemble, par une coordination de fait, à adopter des politiques restrictives,  le résultat est catastrophique sur l’activité et le niveau de l’emploi, explique M. Weil.

Les Etats européens ne peuvent plus, comme autrefois, faire marcher la planche à billets pour réduire leur taux d’endettement (c’est-à-dire monétiser leur dette). Les eurobonds, dont le mérite économique n’est pas à démontrer, ne séduisent guère les Allemands. Et le marché unique ne résisterait sans doute pas à la création, au sein de la zone euro, d’un espace des pays du Nord et d’un espace des pays du Sud.

Pour autant, écrivent les auteurs, le sort de l’Europe n’est pas scellé. Il suffit pour cela que les gouvernements ressortent de leur arsenal budgétaire l’arme qui  leur a servi aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix : l’emprunt forcé.

Ce serait  une façon de « sortir des prophéties auto-réalisatrices des marchés » et un moyen  pour les grands pays européens de leur rappeler qu’il n’y a aucune raison que  les Etats fassent défaut et qu’une partie des dettes souveraines, lorsque les primes de risques sont trop élevées, peut fort bien être refinancée auprès de leurs propres citoyens.

Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand ne sont pas les seuls à avoir  recouru à l’emprunt forcé. Plus récemment, en 2009, la Californie a utilisé cette arme  : elle a augmenté de 10% le prélèvement à la source de ses contribuables pendant la crise, tout en les prévenant qu’elle les rembourserait, mais sans intérêts, en 2010. C’était aussi un signal adressé aux marchés. L’histoire ne dit pas ce que les Californiens en ont pensé.

Source Le Monde 20/09/11

 

La rigueur, ses excès et ce qu’en disent les économistes

La conversion des socialistes français à la nécessité de réduire le déficit public, manifeste lors du premier débat télévisé qui a opposé le 15 septembre les six candidats à la primaire, a quelque chose de paradoxal. Elle survient en effet à un moment où des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent chez les économistes, et au-delà, pour mettre en garde les pouvoirs publics contre un excès de rigueur et/ou une rigueur généralisée.

L’Allemagne, on le sait, a inscrit dans sa Constitution le passage à un déficit structurel quasi nul (0,35% de son produit intérieur brut) à partir de 2016 et elle a d’ores et déjà obtenu que  certains de ses 16 partenaires de la zone euro suivent son exemple.

Or, dans une note diffusée le 7 septembre 2011, Henri Sterdyniak et Catherine Mathieu, chercheurs à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), observent que la règle d’or allemande n’en est pas une. Et surtout, ils indiquent que la « vraie » règle d’or des finances publiques, énoncée par Paul Leroy-Beaulieu à la fin du XIXe siècle, reconnaît à l’Etat le droit d’avoir un déficit tant qu’il finance l’investissement public.

Il ne va donc pas de soi ni du point de vue de l’économie classique, ni, bien entendu, du point de vue de la théorie keynésienne, qu’il faille se fixer pour objectif d’avoir un solde nul des finances publiques. Le « bon » niveau de déficit structurel dépend de la situation économique.

« Un déficit de 2,3% du PIB correspondait à la vraie règle d’or en 2006 pour la France ; un déficit de 7,5% du PIB  était nécessaire en 2009, compte tenu de la situation économique », précisent les deux auteurs. Et d’ajouter en bons keynésiens : « Dans une situation de faible croissance, de fort chômage, où les taux d’intérêt sont déjà très faibles (le 1er septembre, la France s’endettait à 10 ans à 2,9%), la priorité n’est pas de réduire le déficit public mais de soutenir la demande privée ».

UNE REGLE TROP « SIMPLISTE »

Ces interrogations ne sont pas limitées aux seuls keynésiens. Ainsi Christian de Boissieu, professeur associé à Paris-I, confesse-t-il ne pas savoir « d’où les Allemands sortent leur chiffre de 0,35% ni à quoi il correspond ». « La règle d’or allemande pose des problèmes, en particulier parce qu’elle ne reconnaît pas à l’Etat le droit d’emprunter pour investir  et parce qu’elle implique, à terme, un taux d’endettement public tendant vers zéro, ce qui est absurde », analyse Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis. Et de pointer d’autres règles moins « simplistes », comme l’interdiction de financer par la dette les dépenses publiques courantes.

Autrement dit, il n’y a aucune raison de faire « le concours de celui qui réduira sa dette le plus vite », selon l’expression d’Arnaud Montebourg, et Martine Aubry trouvera dans la littérature économique de solides arguments à opposer à François Hollande sur la nécessité ou pas de se fixer un objectif de zéro déficit des finances publiques en 2017.

Le cas de la Grèce retombée en récession deux ans après un premier plan d’austérité montre que le rétablissement de la soutenabilité des finances publiques exige du temps et un certain doigté. « Lorsque l’on va trop vite et trop loin, on casse la croissance et on aggrave le ralentissement économique ou on accentue la récession », observe Christian de Boissieu.

Si, comme le confirme Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard et à l’école Polytechnique, « il n’existe pas à proprement parler de définition de la rigueur », les pays sinon les plus rigoureux, du moins  » les plus vertueux » sont, à ses yeux, « ceux qui ont des faibles niveaux moyens de dette publique ou de déficits publics sur PIB et qui, de surcroît, mènent des politiques contracycliques (augmentation des déficits en récession, réduction des déficits en période d’expansion), ce qui leur permet de minimiser les conséquences du cycle économique sur l’emploi et les investissements de croissance ».

Christian de Boissieu  met pour sa part en avant au moins trois indicateurs utiles pour donner un contenu à la rigueur, ce terme emprunté aux politiques (de Raymond Barre à François Fillon en passant, bien sûr, par le socialiste Pierre Mauroy et son fameux tournant de 1983 ) : la baisse des salaires nominaux et des salaires réels (donc du pouvoir d’achat) , la caractère restrictif des politiques budgétaire et monétaire et leurs coûts d’ajustement économiques et sociaux, qui peuvent être extrêmement élevés (les Irlandais, les Grecs et les Portugais en savent quelque chose).

UN RISQUE DE SPIRALE DEPRESSIVE

Si la rigueur peut se retourner contre la croissance et, dans les cas extrêmes, contre le redressement des comptes publics, sa généralisation, au même moment, à l’ensemble des pays de la zone euro, déjà affectés par le ralentissement économique mondial, ne peut qu’engendrer une spirale dépressive, alerte un nombre croissant d’économistes.

Dans son édition du 15 septembre, l‘International Herald Tribune rapporte qu’un des membres du comité de politique monétaire de la Banque  d’Angleterre est un économiste américain, Adam Posen. Et que ce spécialiste du Japon et de ce qu’on appelle souvent sa « décennie perdue » met en garde depuis des semaines cette instance et les pouvoirs publics en Europe et aux Etats-Unis contre les risques de répétition des erreurs des années 1930, à savoir amplifier le ralentissement économique par des politiques monétaires encore trop conventionnelles et par des coupes budgétaires.

Que la Banque d’Angleterre tolère semblable énergumène en son sein alors que le premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, plaide pour un Etat minimal et fait des coupes claires dans les dépenses publiques, montre bien, s’il en était besoin, à quel point les réponses aux problèmes de l’heure sont peu évidentes.

Source Le Monde 18/09/11

Voir aussi : Rubrique  FinanceAbaissement de la note de la dette américaineReprendre le pouvoir à la finance, La « règle d’Or », ou les rois de l’esbroufe, Rubrique UE, Dégradation de la note Italienne, Extension du domaine de la régression, La crise de la zone euro, mode d’emploi, Les dirigeants de gauche valets des conservateurs,

Montpellier Arts numériques: Instants sensibles sous les voûtes de Pétrarque

 

Festival ISI. Le rendez-vous des arts numériques s’achève ce soir salle Pétrarque avec Vladislav Delay.

Remplacement de décor et de public à la salle Pétrarque où l’on a changé de rituel en troquant les conférenciers avec des artistes porteurs de nouveaux symboles. Depuis jeudi, le festival d’Arts numériques ISI habite le lieu qui « moove » bizarrement sous d’autres horizons. Quand on bouge ainsi les choses, le plus important est de ne pas froisser les croyances

De la soirée de jeudi on retient le concert minimaliste et inspiré d’Arendel, dont le concepteur refuse l’idée de personnage comme celle de groupe. « Tout part de l’idée de créer un dogme sonore qui serait à la musique ce que le Dogma 95 de Lars Von Trier est au cinéma. » Arandel s’impose comme règle fondamentale de ne recourir qu’aux sons produits lors de ses propres enregistrements. On navigue en eau pure. Le goût de l’authentique livre des plages musicales hypnotiques avec des mugissements de sax et des écorchure de voix.

Vendredi c’est la performance pour machine à coudre et ordinateur de Cécile Babiole qui donne le La. Ce qui frappe dans cette liaison entre outils d’hier et aujourd’hui c’est que les contremaîtres où les managers opérationnels, comme l’on dit aujourd’hui, ont toujours la même gueule d’égout. Ce soir on attend entre autres le lunaire Vladislav Delay. Ce type n’a rien d’un merle siffleur. A l’origine, il était batteur de jazz. Il paraît qu’il arrive de Finlande pour nous faire flotter. C’est bon à savoir, même si aujourd’hui tout le monde se tape bien des frontières pour lesquelles on a empli les tranchés de poilus. Il suffit d’ouvrir son col et d’attendre le départ pour le cosmos. On aurait tort de s’en priver, l’entrée est libre…

Jean-Marie Dinh

Festival ISI à partir de 18h salle Pétrarque. Rens : http://isi.cellanova.org/

Montpellier : Métamorphose aoûtienne

Au cœur de la ville, on a tourné la page Juillet qui s’est éteint avec tous ses festivals et le sentiment d’excitation qui accompagne l’éclosion de l’été. Août à Montpellier c’est mortel disent certains. La majeure partie des habitants du centre désertent pour laisser place aux vacanciers du Nord. Tandis que la cité se peuple de Sphinx méconnus, les étudiants partent se refaire une santé familiale. Les activités culturelles se font plutôt rares, même si la relance des arts plastiques et visuels développée depuis quelques années offre de belles propositions *.

Désorienté il reste à se perdre

Les vendredis sur l’Esplanade, il y a les fameuses Estivales où prolifère une foule alcoolisée qui fait fonctionner les tiroirs-caisses et dore à peu de prix le blason de l’élu centriste en charge du commerce.

Pour circuler, mieux vaut louer un vélo ou s’entasser dans le petit train que de s’aventurer dans la ville en voiture. En temps normal, le plan de circulation décroche déjà la palme pour perdre tout  sens de l’orientation, y compris psychique, mais en été, on atteint des sommets. On vous aura prévenu. A Montpellier, si vous souhaitez vous rendre au Nord le plus sûr est de partir vers le Sud.

Les acteurs politiques et économiques de tous bords ne tarissent pas d’éloges sur les qualités visionnaires de l’ancien maire Georges Frêche qui a sorti la ville de sa torpeur méridionale. Le processus de changement permanent qu’il a mis en œuvre dans la cité se poursuit aujourd’hui comme une fuite en avant dans l’urbanisme pour faire face à la crise. Peut-être que le vrai défi politique serait d’en trouver la fin…

Pour l’heure, on continue hardiment à creuser des trous et à les reboucher, à poser des rails. Cet été les travaux des futures lignes du tram sont à l’origine d’une interruption partielle des lignes 1 et 2 ce qui promet d’allonger les bouchons sans empêcher une nouvelle augmentation des tarifs.

La lumière de l’insolite

En Août, le mieux est donc de rester sur place. A l’abri de l’invasion sonore des marteaux piqueurs, et autres scies circulaires, l’observateur trouvera dans l’espace urbain l’activité la plus équivoque des vivants libérés de toutes contraintes quotidiennes. Dans son prélassement, l’homme en vacances nous éclaire sur de nouvelles facettes de son identité. Un faux pas, une syllabe achoppée révèle souvent une excentricité insoupçonnée.

Sur la Comédie, le moment est choisi pour porter le regard sur la lumière de l’insolite. Sur le monde de l’éphémère, sur ceux qui font la sieste à l’ombre de l’Opéra.

Le café commandé à une terrasse ensoleillée semble produire des effets aphrodisiaques, clarté soudaine sous une jupe qu’on relève, d’une jambe qui se découvre. Sur l’asphalte brûlant, les jets d’eaux de l’Esplanade incitent à la déraison. Il suffit pour se combler de fraîcheur, d’enjamber la petite bordure et de se laisser glisser dans le bassin.

Jean-Marie Dinh

* Deux expositions gratuites à ne pas manquer actuellement Brassaï au Pavillon  Populaire, et Gérard Garouste au Carré St Anne, et la grande  expo d’été Odilon Redon au Musée Fabre. Rens : Office du Tourisme

Voir aussi : Rubrique Montpellier, rubrique Politique locale, Chroniques, Pas de bouchon sur la voie du milieu, On se retouvera sur la paille,

USA : Les agences d’évaluation abaissent le politique pour répondre aux exigences d’accumulations

Statue de la liberté (de salon)

L’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s a justifié l’abaissement de la note attribuée à la dette des Etats-Unis par les «risques politiques» face aux enjeux du déficit budgétaire. Voici les principaux extraits du communiqué publié vendredi soir:

«L’abaissement de la note reflète notre opinion selon laquelle le plan de rééquilibrage du budget sur lequel le Congrès et l’exécutif se sont récemment mis d’accord est insuffisant par rapport à ce qui, de notre point de vue, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique.

Plus généralement, l’abaissement de la note reflète notre point de vue selon lequel l’efficacité, la stabilité et le caractère prévisible des politiques publiques et des institutions politiques américaines se sont affaiblies à un moment de défis budgétaires et économiques persistants, à un degré supérieur à ce que nous entrevoyions lorsque nous avons attaché une perspective négative à la note, le 18 avril 2011.

Depuis, nous avons changé notre façon de voir les difficultés à établir un pont entre les partis politiques au sujet de la politique budgétaire, ce qui nous rend pessimistes sur la capacité du Congrès et du gouvernement à transformer leur accord de cette semaine en un plan de rééquilibrage plus large qui stabilise les dynamiques de la dette publique dans un avenir proche.

La perspective sur la note de long terme est négative. Nous pourrions abaisser la note à ’AA’d’ici aux deux prochaines années si nous voyons qu’une réduction des dépenses moindre que convenu, une hausse des taux d’intérêt, ou de nouvelles pressions budgétaires pendant cette période entraînent un relèvement de la trajectoire de la dette publique par rapport à ce que nous supposons actuellement dans notre hypothèse de base.

(…) La controverse durable au sujet du relèvement du plafond légal de la dette et le débat sur la politique budgétaire qui l’ont accompagnée indiquent que de nouveaux progrès à court terme pour contenir la croissance des dépenses publiques, en particulier dans la protection sociale, ou pour obtenir un accord sur une hausse des recettes, sont moins probables que nous ne le supposions auparavant et resteront un processus conflictuel et agité.

(…) Républicains et démocrates n’ont su s’entendre que sur des économies relativement modestes sur les dépenses tout en déléguant à la Commission bipartite des décisions sur des mesures plus complètes. Il apparaît que pour le moment, de nouvelles recettes ne sont plus à l’ordre du jour des possibilités. De plus, le plan entrevoit seulement des changements mineurs concernant Medicare et peu de changements dans d’autres programmes de protection sociale, dont nous et la plupart des autres observateurs indépendants, considérons qu’il est essentiel de contenir la taille pour la viabilité du budget à long terme.

Notre opinion est que les élus restent conscients de la nécessité de répondre aux questions structurelles qui se posent pour s’attaquer efficacement au problème de la montée du poids de la dette publique des Etats-Unis d’une manière conforme à une note ’AAA’et aux autres Etats notés ’AAA’».

Source AFP

Une autre littérature

Discours de la servitude volontaire

Prodige et précocité : en 1576, un garçon de seize ou dix-huit ans « accouche » d’un texte d’une absolue modernité dans lequel il établit que c’est le consentement des asservis, et non la puissance du tyran, qui fonde la tyrannie !

C’est l’acquiescement des peuples à leur sujétion, qui découle de leur envie, de leur égoïsme, de leur convoitise, qui permet à un seul, relayé par un réseau ténu mais fortement hiérarchisé et solidaire, d’asseoir son pouvoir, avec l’assentiment de tous…

Surgi dans sa galaxie, Montaigne devint aussitôt son ami, il convient de lire sa bouleversante lettre « sur la mort de feu Monsieur La Boétie » écrite peu après qu’il le précède dans la mort… Un spectacle citoyen poétique, tonique, édifiant ; apprécié par nous et que nous vous recommandons chaleureusement, après Avignon 2011.

« Comme vous le savez peut-être, ce texte est à l’origine de la grande amitié qui lia Michel de Montaigne à ce jeune juriste, ce Discours a marqué de manière durable la pensée philosophique et politique, du XVIe siècle à nos jours. Si l’idée m’est venue de travailler sur ce texte, c’est justement parce que je lui ai trouvé une formidable résonance actuelle ; il n’est jamais inutile de re-questionner les concepts de vivre-ensemble, de société, de démocratie, n’est-ce pas ? Dans son Discours, La Boétie interroge avec acuité les notions de liberté, d’égalité et même de fraternité. Et s’il analyse très finement l’image du tyran et les mécanismes de la tyrannie, c’est ce paradoxe de servitude volontaire qui retient le plus l’attention du lecteur, de l’auditeur. Qu’est-ce qui fait qu’un peuple tout entier se laisse asservir ? Et que doit-il faire, ce peuple, pour recouvrer sa liberté ?

Stéphane Verrue

« Le Discours de la servitude volontaire déborde de son cadre de lecture politique traditionnelle. La fascination répétée qu’il exerce vient de ce qu’il jette aussi les bases d’une étude des rapports de domination-servitude dans les relations intimes, interpersonnelles. Le tyran n’est pas seulement une catégorie politique, mais aussi mentale, voire « métaphysique ». Ce rapport domination-servitude ne se noue pas seulement dans la société constituée, mais encore au plus intime de la conscience. L’appel aux « saveurs de la liberté » engage sans doute le peuple et le citoyen, mais aussi et peut-être l’individu, toujours en quête d’un tyran qui le tyrannise, quand ce n’est pas la figure inverse : celle d’un « soumis » à tyranniser. Ce que dit La Boétie de la peur, de la bassesse, de la complaisance, de la flagornerie, de l’humiliation de soi-même, de l’indignité, de l’aliénation des intermédiaires (courtisans, lieutenants et porte-voix divers), par sa vérité crainte – et combien actuelle ! – donne, sainement, froid dans le dos. La tyrannie est toujours prête à se renouer dans un rapport d’emprise partiellement consenti. Nous ne tirons pas du Discours de la servitude volontaire une simple leçon politique, mais encore une leçon éthique, morale, comme l’appel à rejeter de nous-mêmes la figure menaçante, et cruelle, et adorée, du tyran.

La Boétie se garde bien d’offrir aux problèmes qu’il pose une quelconque « solution miracle », restant sur une position critique qui lui évite tout enlisement dans la pâte des réalités constituées. Cette lucidité critique n’implique aucun pessimisme, mais une constante invite à la vigilance, tant collective que personnelle. »

Séverine Auffret in La Boétie, Discours de la servitude volontaire,
Éditions Mille et une nuits, Paris, 1995

 

Bad Trip

Ce matin je sens comme une incohérence, oui… doublée de battements et d’un léger sentiment d’oppression. Mais je ne sais pas trop d’où ça vient...

« les rapports de production capitalistes ont ceci d’inédit qu’avec eux s’achève en même temps que s’occulte l’unité du despotisme qui s’exerce dans toute l’épaisseur de la société.« 

Peut être que je devrais prendre un médicament et me reposer un peu aujourd’hui. Mais je dois quand même faire  les soldes pour voir si je trouve quelque chose.

« Il y a nécessité de faire en sorte que l’acquiescement à l’acte de dépossession passe pour avoir été librement consenti (…)

Détenir le pouvoir politique, c’est détenir le moyen de travestir tel intérêt particulier en intérêt général, d’imposer une expression d’ensemble de l’intérêt social. »

Pour venir à bout des déficits publics par exemple, en se serrant toujours plus la ceinture pour satisfaire le monde politico- financier…

Citations de Louis Janover

On Line La démocratie comme science fiction de la politique

 

Voir aussi : Rubrique USA Finance Les plus pauvres feront les frais de la crise, Dette Américaine : les scénarios, Obama retrouve les élus du Congrès,Obama annonce un plan de réduction de la dette à long terme, USA Société la réforme santé  passe le cap parlementaire , adoption de la réforme santé au sénat,   Oui aux cadeaux fiscaux pour les riches non à la  taxe bancaire,

Rubrique UE, Extension du domaine de la régression, La crise de la zone euro, mode d’emploi, Les dirigeants de gauche valets des conservateurs, rubrique Grèce, Le plan grec,

Rubrique Finance, Comment l’injustice fiscale a creusé la dette greque, Les Etats-Unis vont-ils perdre leur note AAA ?

Rubrique Mouvements sociaux, Nouvelle donne pour les mouvements sociaux en Europe,

Adaptation de l’œuvre de Lobo Antunes. Demande de mutation

Madame monsieur,

nous vous invitons à porter une attention particulière à la présente note interne qui s’avère importante pour le bon fonctionnement de nos services en vertu de l’application des dernières circulaires ministérielles destinées à guider le débat sur l’identité nationale. L’affaire concerne la transcription des actes d’état civil du célèbre écrivains portugais Lobo Antunes.

L’agent en charge de ce dossier, un certain Georges Lavaudant, n’a visiblement pas respecté son contrat ni les règles d’usage les plus élémentaires. Est-il pensable de ne pas valoriser la nationalité portugaise de l’artiste ? Dans cette pièce incompréhensible, on entend même Antunes dire qu’il se sent angolais, vous imaginez ?

Cette pièce ne veut rien dire. Elle traverse sans respect chronologique, ni esprit de contradiction l’œuvre subversive de l’auteur, et  rend compte à l’aide de tableaux fort suggestifs de son univers malsain.

Tout cela manque vraiment d’ordre et le texte est bourré de contradictions. On parle de nos colonies, de la femme de l’auteur, on excuse les disfonctionnements mentaux de toute une génération. Il y a des scènes où l’honneur de nos glorieux soldats envoyés en Angola en prend un coup.

D’autres où l’on valorise la divagation des soldats livrés à eux-mêmes. Je ne m’explique pas  comment un médecin comme Antunes n’a pas compris qu’il devait soigner au lieu de perdre son temps à écouter les divagations de ses patients.

Le travail de cet homme qui se dit metteur en scène nuit gravement à l’efficacité de nos services administratifs et plus encore à l’intérêt général de notre nation. D’autant qu’il a fait appel à de jeunes comédiens du conservatoire de Montpellier auxquels il semble avoir injecté tout le poison de son âme.

Il faut voir sur scène la gravité de cette jeunesse. Les postures lascives des jeunes filles ne sont vraiment pas un exemple à suivre. L’effet s’intensifie encore avec la présence d’une voix puissamment évocatrice d’un activiste culturel dénommé Gabriel Monnet, encore un Français.

Nous étions déjà défavorable au montage de ce projet de spectacle pour aborder l’œuvre de Lobo Antunes. Malgré ses  origines bourgeoises, cet auteur s’applique à noircir tout ce qui fait l’honneur de notre beau pays, en dénonçant l’hypocrisie et le mensonge à l’endroit où se niche notre fierté historique.

Ce Lavaudant a beaucoup de peine à rétablir la réalité. Il se permet de prolonger les thèses d’Antunes en donnant un écho nouveau à son œuvre. C’est intolérable et véritablement dangereux dans un cadre de crise comme celle qui traverse actuellement notre nation.

En conséquence, nous vous demandons de prendre les mesures nécessaires pour le suspendre de ses fonctions dans les plus brefs délais. Une mutation au service des espaces verts pourrait être envisagée. Nous avons en ville de nombreux ronds-points où l’herbe folle et les œillets reprennent du terrain.

Jean-Marie Dinh

 

Il faut voir sur scène la gravité de cette jeunesse et les postures lascives des filles.


Etat civil : spectacle donné dans le cadre du Printemps des comédiens.

Antonio Lobo Abtune dernier ouvrage paru : Mon nom est légion , janvier 2011, éditions Bourgeois

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Festival,  Jean Varela « rassembler autour d’un projet artistique », rubrique Rencontre Gabriel Monnet,