Gabriel
La rencontre entre Monnet et Char dure le temps d’une journée.
« A mon insu, ma femme lui a écrit pour nous ménager une rencontre. J’ai passé ainsi une journée dans son grenier. Nous avons beaucoup ri échangeant et buvant du vin du Ventoux. Je ne l’ai jamais revu. Il tenait farouchement à sa solitude. Et il était tellement imprévisible. Cela m’impressionnait beaucoup ».
Toute l’œuvre théâtrale de Char est regroupée dans Trois coups sous les arbres. La langue de Char se prête-t-elle au théâtre ?
« C’est un théâtre très rare. Un théâtre intermédiaire entre la lecture, le jeu et la all slots représentation d’une très grande pureté et simplicité. Planchon a créé Claire en 1951. « Soleil des Eaux » a été donné à la radio avec le concours de Jacques Dupin. Char fait parler les personnages de tous les jours autour de la rivière menacée par une usine. Les pêcheurs de la Sorgue s’expriment dans un univers écologique. Mais l’auteur déborde le caractère écologique pour en faire une fable tellurique ».
La place de la poésie ici et maintenant ?
« A l’école bien sûr, mais pas seulement ; la place de la poésie doit être première dans la république. La poésie doit trôner au ministère de la culture qui devrait être autre chose que la cinquième roue du carrosse. Elle doit se trouver en lieu et place de la religion, construire des cathédrales. Il faut comme le souhaitait Char arracher au divin les mots qui se sont englués, pour faire autre chose ».
Recueilli par Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Poésie