La fabrique des indésirables

 Cécile Carrière. — de la série « Barques », 2014 cecilecarriere.fr - Collection Fondation François Schneider


Cécile Carrière. — de la série « Barques », 2014
cecilecarriere.fr – Collection Fondation François Schneider

Un monde de camps

Camps de réfugiés ou de déplacés, campements de migrants, zones d’attente pour personnes en instance, camps de transit, centres de rétention ou de détention administrative, centres d’identification et d’expulsion, points de passage frontaliers, centres d’accueil de demandeurs d’asile, « ghettos », « jungles », hotspots… Ces mots occupent l’actualité de tous les pays depuis la fin des années 1990. Les camps ne sont pas seulement des lieux de vie quotidienne pour des millions de personnes ; ils deviennent l’une des composantes majeures de la « société mondiale », l’une des formes de gouvernement du monde : une manière de gérer l’indésirable.

Produit du dérèglement international qui a suivi la fin de la guerre froide, le phénomène d’« encampement » a pris des proportions considérables au XXIe siècle, dans un contexte de bouleversements politiques, écologiques et économiques. On peut désigner par ce terme le fait pour une autorité quelconque (locale, nationale ou internationale), exerçant un pouvoir sur un territoire, de placer des gens dans une forme ou une autre de camp, ou de les contraindre à s’y mettre eux-mêmes, pour une durée variable (1). En 2014, 6 millions de personnes, surtout des peuples en exil — les Karens de Birmanie en Thaïlande, les Sahraouis en Algérie, les Palestiniens au Proche-Orient… —, résidaient dans l’un des 450 camps de réfugiés « officiels », gérés par des agences internationales — tels le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens — ou, plus rarement, par des administrations nationales. Souvent établis dans l’urgence, sans que leurs initiateurs aient imaginé et encore moins planifié leur pérennisation, ces camps existent parfois depuis plus de vingt ans (comme au Kenya), trente ans (au Pakistan, en Algérie, en Zambie, au Soudan) ou même soixante ans (au Proche-Orient). Avec le temps, certains se sont mis à ressembler à de vastes zones périurbaines, denses et populaires.

La planète comptait également en 2014 plus de 1 000 camps de déplacés internes, abritant environ 6 millions d’individus, et plusieurs milliers de petits campements autoétablis, les plus éphémères et les moins visibles, qui regroupaient 4 à 5 millions d’occupants, essentiellement des migrants dits « clandestins ». Ces installations provisoires, parfois qualifiées de « sauvages », se retrouvent partout dans le monde, en périphérie des villes ou le long des frontières, sur les terrains vagues ou dans les ruines, les interstices, les immeubles abandonnés. Enfin, au moins 1 million de migrants sont passés par l’un des 1 000 centres de rétention administrative répartis dans le monde (dont 400 en Europe). Au total, en tenant compte des Irakiens et des Syriens qui ont fui leur pays ces trois dernières années, on peut estimer que 17 à 20 millions de personnes sont aujourd’hui « encampées ».

Au-delà de leur diversité, les camps présentent trois traits communs : l’extraterritorialité, l’exception et l’exclusion. Il s’agit tout d’abord d’espaces à part, physiquement délimités, des hors-lieux qui souvent ne figurent pas sur les cartes. Quoique deux à trois fois plus peuplé que le département de Garissa où il se trouve, le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, n’apparaît pas sur les représentations de ce département. Les camps jouissent également d’un régime d’exception : ils relèvent d’une autre loi que celle de l’État où ils sont établis. Quel que soit leur degré d’ouverture ou de fermeture, ils permettent ainsi d’écarter, de retarder ou de suspendre toute reconnaissance d’une égalité politique entre leurs occupants et les citoyens ordinaires. Enfin, cette forme de regroupement humain exerce une fonction d’exclusion sociale : elle signale en même temps qu’elle dissimule une population en excès, surnuméraire. Le fait d’être ostensiblement différent des autres, de n’être pas intégrable, affirme une altérité qui résulte de la double mise à l’écart juridique et territoriale.

Si chaque type de camp semble accueillir une population particulière — les migrants sans titre de séjour dans les centres de rétention, les réfugiés dans les structures humanitaires, etc. —, on y retrouve en fait un peu les mêmes personnes, qui viennent d’Afrique, d’Asie ou du Proche-Orient. Les catégories institutionnelles d’identification apparaissent comme des masques officiels posés provisoirement sur les visages.

Ainsi, un déplacé interne libérien vivant en 2002-2003 (soit au plus fort de la guerre civile) dans un camp à la périphérie de Monrovia sera un réfugié s’il part s’enregistrer l’année suivante dans un camp du HCR au-delà de la frontière nord de son pays, en Guinée forestière ; puis il sera un clandestin s’il le quitte en 2006 pour chercher du travail à Conakry, où il retrouvera de nombreux compatriotes vivant dans le « quartier des Libériens » de la capitale guinéenne. De là, il tentera peut-être de rejoindre l’Europe, par la mer ou à travers le continent via les routes transsahariennes ; s’il arrive en France, il sera conduit vers l’une des cent zones d’attente pour personnes en instance (ZAPI) que comptent les ports et aéroports. Il sera officiellement considéré comme un maintenu, avant de pouvoir être enregistré comme demandeur d’asile, avec de fortes chances de se voir débouté de sa demande. Il sera alors retenu dans un centre de rétention administrative (CRA) en attendant que les démarches nécessaires à son expulsion soient réglées (lire l’article page 16). S’il n’est pas légalement expulsable, il sera « libéré » puis se retrouvera, à Calais ou dans la banlieue de Rome, migrant clandestin dans un campement ou un squat de migrants africains.

Les camps et campements de réfugiés ne sont plus des réalités confinées aux contrées lointaines des pays du Sud, pas plus qu’ils n’appartiennent au passé. Depuis 2015, l’arrivée de migrants du Proche-Orient a fait émerger une nouvelle logique d’encampement en Europe. En Italie, en Grèce, à la frontière entre la Macédoine et la Serbie ou entre la Hongrie et l’Autriche, divers centres de réception, d’enregistrement et de tri des étrangers sont apparus. À caractère administratif ou policier, ils peuvent être tenus par les autorités nationales, par l’Union européenne ou par des acteurs privés. Installées dans des entrepôts désaffectés, des casernes militaires reconverties ou sur des terrains vagues où des conteneurs ont été empilés, ces structures sont rapidement saturées. Elles s’entourent alors de petits campements qualifiés de « sauvages » ou de « clandestins », ouverts par des organisations non gouvernementales (ONG), par des habitants ou par les migrants eux-mêmes. C’est ce qui s’est produit par exemple autour du camp de Moria, à Lesbos, le premier hotspot (centre de contrôle européen) créé par Bruxelles aux confins de l’espace Schengen en octobre 2015 pour identifier les migrants et prélever leurs empreintes digitales. Ces installations de fortune, qui accueillent généralement quelques dizaines de personnes, peuvent prendre des dimensions considérables, au point de ressembler à de vastes bidonvilles.

En Grèce, à côté du port du Pirée, un campement de tentes abrite entre 4 000 et 5 000 personnes, et jusqu’à 12 000 personnes ont stationné à Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, dans une sorte de vaste zone d’attente (2). En France, également, de nombreux centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et centres d’hébergement d’urgence ont ouvert ces dernières années. Eux aussi souffrent d’un déficit chronique de places et voient se multiplier les installations sauvages à leurs abords. Les migrants refoulés de la structure ouverte par la mairie de Paris à la porte de la Chapelle à l’automne 2016 se retrouvent contraints de dormir dans des tentes, sur le trottoir ou sous le métro aérien.

Quel est l’avenir de ce paysage de camps ? Trois voies existent d’ores et déjà. L’une est la disparition, comme avec la destruction des campements de migrants à Patras, en Grèce, ou à Calais, en France, en 2009 puis en 2016, ou encore avec l’élimination répétée de campements dits « roms » autour de Paris ou de Lyon. S’agissant des camps de réfugiés anciens, leur disparition pure et simple constitue toujours un problème. En témoigne le cas de Maheba, en Zambie. Ce camp ouvert en 1971 doit fermer depuis 2002. À cette date, il comptait 58 000 occupants, dont une grande majorité de réfugiés angolais de la deuxième, voire de la troisième génération. Une autre voie est la transformation, sur la longue durée, qui peut aller jusqu’à la reconnaissance et à un certain « droit à la ville », comme le montrent les camps palestiniens au Proche-Orient, ou la progressive intégration des camps de déplacés du Soudan du Sud dans la périphérie de Khartoum. Enfin, la dernière voie, la plus répandue aujourd’hui, est celle de l’attente.

D’autres scénarios seraient pourtant possibles. L’encampement de l’Europe et du monde n’a rien d’une fatalité. Certes, les flux de réfugiés, syriens principalement, ont beaucoup augmenté depuis 2014 et 2015 ; mais ils étaient prévisibles, annoncés par l’aggravation constante des conflits au Proche-Orient, par l’accroissement des migrations durant les années précédentes, par une situation globale où la « communauté internationale » a échoué à rétablir la paix. Ces flux avaient d’ailleurs été anticipés par les agences des Nations unies et par les organisations humanitaires, qui, depuis 2012, demandaient en vain une mobilisation des États pour accueillir les nouveaux déplacés dans des conditions apaisées et dignes.

Des arrivées massives et apparemment soudaines ont provoqué la panique de nombreux gouvernements impréparés, qui, inquiets, ont transmis cette inquiétude à leurs citoyens. Une instrumentalisation du désastre humain a permis de justifier des interventions musclées et ainsi, par l’expulsion ou le confinement des migrants, de mettre en scène une défense du territoire national. À bien des égards, le démantèlement de la « jungle » de Calais en octobre 2016 a tenu la même fonction symbolique que l’accord de mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie (3) ou que l’érection de murs aux frontières de divers pays (4) : ils doivent faire la démonstration que les États savent répondre à l’impératif sécuritaire, protéger des nations « fragiles » en tenant à l’écart les étrangers indésirables.

En 2016, l’Europe a finalement vu arriver trois fois moins de migrants qu’en 2015. Les plus de six mille morts en Méditerranée et dans les Balkans (5), l’externalisation de la question migratoire (vers la Turquie ou vers des pays d’Afrique du Nord) et l’encampement du continent en ont été le prix.

Michel Agier

Anthropologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a récemment publié Les Migrants et nous. Comprendre Babel (CNRS Éditions, Paris, 2016) et dirigé l’ouvrage Un monde de camps (La Découverte, Paris, 2014), dont le titre de ce dossier s’inspire.
Source Le Monde Diplomatique Mai 2017

Union africaine : les personnes déracinées à l’ordre du jour du sommet historique de Kampala

« Au début de cette année, l’Afrique abritait environ 11,6 millions de personnes déplacées internes, soit environ 45 pour cent des déplacés dans le monde. On compte également 2 659 000 réfugiés et demandeurs d’asile à travers le continent africain. Quelque deux millions de personnes sont devenues des déplacés internes l’année dernière. »

1/ Union africaine : les personnes déracinées à l’ordre du jour du sommet historique de Kampala

Du 19 au 23 octobre 2009, Kampala, la capitale ougandaise, accueillera un rassemblement historique de responsables de pays africains. Ce sommet sera dédié au problème des personnes déracinées de force. Des chefs d’Etat et de gouvernement de tout le continent africain devraient assister à cette réunion, durant laquelle sera préparé un plan d’action. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres sera également présent, il représentera le Secrétaire général des Nations Unies. Ce sommet vise à répondre aux causes profondes du déplacement forcé et à y trouver des solutions ; à identifier des moyens d’empêcher le déplacement forcé ; à améliorer la protection pour les personnes déracinées de force ; à renforcer les mesures visant à répondre aux besoins spécifiques des femmes et des enfants déplacés ; à concevoir des stratégies pour réduire l’impact des catastrophes naturelles en tant que cause de déplacement des personnes ; à développer des approches visant à faciliter la reconstruction de communautés émergeant après un conflit et à accroître les partenariats pour répondre au déplacement forcé à travers l’Afrique. Ce rassemblement intervient 40 ans après le tournant qu’a constitué la Convention de I’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Durant cette réunion, les participants devraient examiner aux fins d’adoption une Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance en faveur des déplacés internes en Afrique, qui constituera également le premier instrument international juridique ayant force de loi sur les déplacés d’une portée continentale. La Convention, si elle est adoptée, fournira un cadre régional global régissant la protection et l’assistance aux personnes déplacées – avant, pendant et après le déplacement.

Le phénomène du déplacement interne continue à croître sur le continent africain, alors même que le nombre des réfugiés décline progressivement. Au début de cette année, l’Afrique abritait environ 11,6 millions de personnes déplacées internes, soit environ 45 pour cent des déplacés dans le monde. On compte également 2 659 000 réfugiés et demandeurs d’asile à travers le continent africain. Quelque deux millions de personnes sont devenues des déplacés internes l’année dernière.

Pour en savoir plus :http://www.auspecialsummitkampala.ug/

Source TERRA : http://www.unhcr.fr/cgi-bin/texis/vtx/events?id=4ad833062

2/ Rencontre ministérielle à Kampala avant le sommet de l’UA sur les déracinés

KAMPALA, Ouganda, 19 octobre (HCR) – Des ministres d’Etat venant de nombreux pays africains se sont aujourd’hui rencontrés à Kampala, en Ouganda, pour répondre aux défis du déplacement forcé auxquels est confronté ce continent.

Durant les deux prochains jours, les ministres présents pour la session extraordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) délibèreront sur le problème apparemment insoluble concernant le déplacement forcé en Afrique et paveront la voie pour le sommet historique de l’Union africaine sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés. Le Haut Commissaire António Guterres, actuellement en visite au Rwanda, représentera le Secrétaire général des Nations Unies lors du sommet qui commence jeudi. Ce sommet de deux jours, qui réunira des dirigeants d’au moins 36 nations africaines, devrait adopter une Convention pour la Protection et l’Assistance des déplacés internes en Afrique, qui constituera également le premier instrument international juridique ayant force de loi sur les déplacés d’une portée continentale.

Le Premier Ministre ougandais Apolo Nsibambi a indiqué aux délégués lors de la réunion de lundi qu’il était inacceptable que l’Afrique indépendante des puissances coloniales européennes depuis plus de 50 ans continue à être le plus important générateur de réfugiés et de déplacés internes. « L’incapacité à protéger et assister efficacement ainsi qu’à trouver des solutions en temps voulu aux problèmes ayant créé ces situations de déplacement pose une menace majeure sur le développement de l’Afrique… et a de sérieuses conséquences pour sa paix et sa stabilité », a-t-il prévenu.

Le Ministre des affaires étrangères sierra-léonais Zainab Bangura a indiqué que le déplacement constituait un fléau dévastant le paysage africain et que le sommet de Kampala était un signe clair de « l’intention de l’Afrique de prendre ses responsabilités et de trouver des solutions à nos propres problèmes intrinsèques. » La Commissaire aux Affaires politiques de l’UA Julia Dolly Joiner a indiqué qu’il n’était plus possible de penser que le déplacement pouvait seulement se résoudre grâce à l’assistance humanitaire, ajoutant qu’il nécessitait des efforts conduisant à des solutions durables. « Nous sommes ici pour réfléchir aux défis spécifiques auxquels sont confrontés les déplacés et pour adopter un instrument qui ferait le lien entre les politiques existantes et les vides juridiques, renforçant et soutenant les actions individuelles et collectives des Etats membres », a-t-elle déclaré.

Chris Ache, le délégué du HCR à l’UA, a indiqué être encouragé par l’esprit de compréhension et de consensus se dégageant lorsque les délégués en sont venus au principal problème inscrit à leur ordre du jour. « Il est réellement encourageant de voir l’Afrique paver la voie, prendre ses responsabilités et s’attaquer tête baissée aux causes profondes du déplacement pour trouver la bonne solution », a-t-il affirmé. De nombreux délégués proviennent de pays ayant récemment émergé de conflits, et certains sont d’anciens réfugiés ou déplacés. Ils ont évoqué avec émotion les souffrances des déracinés et ils ont appelé à une action africaine résolue.

« Souvenons-nous de nos frères et de nos sœurs, des personnes âgées, de nos mères, des enfants et des infirmes qui sont les premières victimes de la migration forcée. Ils espèrent tous que ce sommet conduira à un effort conjoint pour alléger et/ou mettre fin à leurs souffrances », a indiqué Tarsis Kabwegyere, le Ministre ougandais responsable des questions de réfugiés et de l’assistance humanitaire.

Yusuf Hassan (à Kampala, Ouganda)

Voir aussi : Rubrique internationale : L’Afrique doit prospérer,

HCR : 42 millions de personnes déracinées dans le monde

Le nombre de personnes déracinées de force en raison des conflits et des persécutions dans le monde atteignait 42 millions à la fin 2008 dans un contexte de net ralentissement des rapatriements et de conflits plus longs conduisant à des déplacements prolongés, selon le rapport annuel « Global Trends » du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) rendu public mardi. Ce chiffre comprend 16 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile et 26 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, précise le rapport. 80% des réfugiés dans le monde se trouvent dans les pays en voie de développement, de même que la grande majorité des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

Le nombre total de 42 millions de personnes déracinées à la fin 2008 représente une baisse d’environ 700.000 personnes par rapport à l’année précédente, mais les nouveaux déplacements en 2009 – qui ne figurent pas dans le rapport annuel – ont déjà plus que compensé cette diminution. « En 2009, nous avons déjà connu d’importants nouveaux déplacements, en particulier au Pakistan, au SriLanka et en Somalie », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres. « Si certains déplacements sont de courte durée, d’autres peuvent prendre des années voire des décennies avant être résolus. Nous continuons à faire face à plusieurs situations de déplacement interne de plus long terme dans des endroits comme la Colombie, l’Iraq, la République démocratique du Congo et la Somalie. Chacun de ces conflits a également produit des réfugiés qui fuient au-delà de leurs propres frontières ».

Environ 2 millions de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (« personnes déplacées ») ont été en mesure de rentrer chez eux en 2008, en diminution par rapport à l’année précédente. Le rapatriement de réfugiés (604 000) a baissé de 17% tandis que les retours de personnes déplacées (1,4 million) ont chuté de 34%. Cette baisse reflète en partie la détérioration des conditions sécuritaires, en particulier en Afghanistan et au Soudan.

Sur le nombre total de personnes déracinées, le HCR s’occupe de 25 millions, dont un nombre record de 14,4 millions de personnes déplacées – contre 13,7 millions en 2007 – et 10,5 millions de réfugiés. Les 4,7 millions de réfugiés restant sont des Palestiniens sous le mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.

Dans le cadre du processus récent de réforme humanitaire des Nations Unies, le HCR a été de plus en plus chargé d’apporter une aide aux personnes déplacées, ce qui s’ajoute à son mandat traditionnel de protection et d’assistance aux réfugiés ayant franchi des frontières internationales.

Depuis 2005, l’agence a vu le nombre de personnes déplacées dont elle a la charge plus que doubler. La Colombie accueille l’une des populations de personnes déplacées les plus importantes dans le monde, soit environ 3 millions selon les estimations. L’Iraq accueillait quelque 2,6 millions de personnes déplacées fin 2008 – dont 1,4 million ont été déplacées au cours des trois dernières années seulement. Il existe plus de 2 millions de personnes déplacées dans la région du Darfour au Soudan. Le regain des conflits armés dans l’est de la République démocratique du Congo et en Somalie l’année dernière a conduit à un déplacement total de respectivement 1,5 million et 1,3 million de personnes dans chacun des deux pays. Le Kenya a connu de nouveaux déplacements internes massifs au début de l’année, tandis que le conflit armé en Géorgie a contraint 135.000 personnes supplémentaires à fuir leur foyer.

D’autres augmentations dans les déplacements en 2008 ont eu lieu en Afghanistan, au Pakistan, au Sri Lanka et au Yémen. L’année dernière, la population de réfugiés relevant de la compétence du HCR a diminué pour la première fois depuis 2006 en raison des rapatriements librement consentis et de la révision à la baisse des estimations du nombre de réfugiés et de personnes dans des « situations similaires aux réfugiés » en Iraq et en Colombie.

Le nombre de réfugiés en 2008 s’élevait à 10,5 millions, contre 11,4 millions en 2007. Le nombre de demandeurs d’asile déposant une demande d’asile à titre individuel a cependant augmenté pour la seconde année pour atteindre 839 000, soit une augmentation de 28%. L’Afrique du Sud (207.000 personnes) a été le pays recevant le plus de demandes individuelles, suivi par les Etats-Unis (49.000, selon les estimations du HCR), la France (35.000) et le Soudan (35.100).

Les pays en voie de développement ont accueillis 80% de tous les réfugiés, ce qui souligne la charge disproportionnée assumée par ceux qui en ont le moins la capacité ainsi que le besoin de soutien international. Parmi les principaux pays d’accueil de réfugiés en 2008, on trouve le Pakistan (1,8
million), la Syrie (1,1 million), l’Iran (980.000), l’Allemagne (582.700), la Jordanie (500.400), le Tchad (330.500), la Tanzanie (321.900) et le Kenya (320.600). Les principaux pays d’origine étaient l’Afghanistan (2,8 millions) et l’Iraq (1,9 million), qui représentent à eux deux 45% de tous les réfugiés relevant de la responsabilité du HCR. Parmi les autres pays d’origine, on trouve la Somalie (561.000), le Soudan (419.000), la Colombie, qui inclut des personnes dans des situations similaires auxréfugiés (374.000) et la République démocratique du Congo (368.000).

Source TERRA

Obama plus fin que Bush en Afghanistan

Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés le peut quand Obama le veut. Pour certifier sa volonté le président américain sort 8 millions de dollars de la poche des Etats-Unis. Le HCR investit lui  150 millions de dollars dans le maintien des Afghans au Pakistan jusqu’en 2012.
En novembre 2008, dans une conférence internationale organisée à Kaboul, le HCR recherchait des fonds pour continuer à les rapatrier.
Barak Obama est beaucoup plus intelligent que Bush. Il a compris qu’une grande partie des Afghans « volontaires » au retour  n’avaient d’autre possibilité que de travailler pour les taliban contre 5 dollars par jour en raison de la misère.
Que vont faire, la Grande-Bretagne et la France, qui continuent de toute évidence à vouloir expulser ensemble des Afghans par « charters » dès la fin de l’hiver afghan ?
Le changement de politique du HCR devra servir d’argument supplémentaire aux militants pour déposer des requêtes devant la Cour européenne des droits de l’homme  contre ces probables « charters » et aussi contre toute expulsion individuelle