Les ministres Macron-compatibles

La pensée du jour

IMG_3399du Procureur, Roberto Scarpinato  qui a instruit les plus importants procès menés contre la mafia et ses liens au sein du monde politique et institutionnel.

Le gouvernement Macron 2

Florence Parly ministre des Armées :

Florence Parly, oublie qu’elle est « représentante » de la banque Rotschild à Zodiac !

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C’est une fonction qui ne figure pas sur sa page Wikipédia, qui est éliminée de sa biographie officielle, que les médias ont donc omise. Y compris « la prise de bec » du Canard, aujourd’hui consacrée à la ministre des Armées.

[Dernière minute: lundi 26 à midi, nous appelions le cabinet de la ministre des Armées quant à ses mandats industriels oubliés. Dans la soirée, Mme Parly annonçait dans une dépêche Reuters la démission de ces fonctions…]

Florence Parly vient de récupérer le ministère de la Défense. Et autant « les armées s’interrogent » (Les Echos, 23/06), autant les industriels sont ravis: « Au moins a-t-elle pleinement conscience du poids en France de l’industrie militaire et aéronautique… « Florence est une passionnée de technologie, d’aéronautique, de spatial, elle a volé en Mirage 2000, c’est un excellent choix », s’enthousiasme son ami Jean-Yves Le Gall, président du CNES. Les industriels, qui l’attendent aujourd’hui au Bourget avec le Premier ministre, semblent satisfaits. »

Satisfaits juste parce qu’elle aime les joujoux technologiques?
Non, plutôt parce qu’elle est de leur sérail.

Une info est omise par les médias, mais le chercheur à l’université de Liège Geoffrey Geuens nous a alertés :

Dans le cursus de Florence Parly, on mentionne bien « l’ancienne directrice d’Air France et de la SNCF ». On signale également que « son mari, Martin Vial, dirige l’Agence des participations de l’Etat (APE), présente dans les grands groupes de défense français », qu’il est même « membre du conseil d’administration de Thales ». Ce qui, par parenthèse, en dit long sur l’endogamie de notre élite.
Mais pour elle, on oublie une casquette: depuis janvier 2016, elle appartient au conseil de surveillance de l’entreprise Zodiac Aerospace. Elle y siège comme représentante du « Fonds Stratégique de Participation », qui n’a rien à voir avec le public Fonds stratégique d’investissement.

Qu’est, en effet, ce FSP?

C’est une émanation du groupe Edmond de Rotschild.

On lit sur leur site:

« Le FSP est géré par le groupe Edmond de Rothschild. Regroupant six assureurs majeurs en France (BNP-Paribas Cardif, CNP Assurances, Crédit agricole assurances, SOGECAP (groupe Société générale), Groupama et Natixis Assurances), le FSP est un actionnaire de long terme dans le capital de sociétés françaises ».

Voilà donc une ministre (de plus) dont les liens avec la banque et l’industrie sont étroits. Ici avec le groupe Edmond de Rotschild, basé en Suisse, qui, comme le révélait Cash Investigations, dispose de 142 sociétés écrans dans des paradis offshore…

Sans doute entre-t-elle au gouvernement par souci d’équilibre avec son président Macron qui, lui, oeuvrait, à la banque d’affaires Rotschild et Cie, basée à Paris. Voilà un gage de pluralisme.

Comme le disait (presque) Jean Gabin: « Ce n’est plus un gouvernement, c’est un gigantesque Conseil d’administration! »

Source François Ruffin 28/06/2017

 

 

Le gouvernement Macron 1

Les Ministres Macron-compatibles

L’équipe gouvernementale est marquée par l’arrivée à Bercy de deux ministres venus de la droite, par la présence de François Bayrou et de socialistes issus de l’aile sociale libérale du parti.

NB

Macron a renoncé au «ministère plein et entier des Droits des femmes».

Bonne nouvelle. On échappe au duo Tapie Lagarde.

On mesure l’aliénation des macroniens à leur enthousiasme pour des saloperies genre la nomination d’une ex-DRH comme Ministre du Travail.

 

Bruno Le Maire ; Eau dans le vin ?

Le nouveau locataire de Bercy penche beaucoup plus à droite que ce qu’a proposé Macron pendant la campagne de la primaire LR.

 

Le Drian. Réalisme musclé

M. Le Drian a quitté l’hôtel de Brienne en étant salué par les industriels de la défense, qu’il a comblés en signant des montants records de contrats d’exportations d’armement.

Dans le Golfe, en particulier en Arabie saoudite, M. Le Drian a aussi su réparer les pots cassés de la diplomatie de Nicolas Sarkozy et s’attirer le respect des princes sunnites. Intime des dirigeants subsahariens et arabes, de l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi au Tchadien Idriss Déby, il assume sans complexe ses liens avec des régimes souvent décriés en matière de droits de l’homme.

Le Drian à la tête du Quai d’Orsay représente, comme le souligne un diplomate, « la garantie d’une continuité dans le réalisme musclé ».

Gérard le vieux cumulard

En propulsant Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, Emmanuel Macron prend pourtant un risque, celui de se voir accusé de ne pas respecter ses engagements en matière de renouvellement et de cumul des mandats.

 

Nicolas Hulot, le vert démago

Nicolas Hulot espère profiter de la « nouvelle donne politique », malgré la présence au sommet de l’exécutif d’anciens lobbyistes des industries de l’énergie.

 

François Bayrou, le miraculé de la politique

Certains de ses anciens amis, devenus aujourd’hui ses pires détracteurs, le décrivent comme un « calculateur », « habité », « un intrigant et un opportuniste », « le melon comme une montgolfière », un centriste radical à l’orgueil démesuré et à la détermination absolue qui n’hésitera pas à sacrifier sa famille politique mais le ciel a fini par lui donner raison.

 

Gérard  Darmanin. De l’action ?

Ministre de l’Action et des comptes publics Gérard Darmanin, c’est juste le type qui avait dit que Taubira était un « tract ambulant pour le FN ». Sympa  !

Jean-Michel Blanquer, un spécialiste marqué à droite

Le Ministre de l’éducation est l’inspirateur d’évaluations en maternelle qui avaient, à l’automne 2011, provoqué un tollé. Il prend, en 2007, la direction de l’académie de Créteil, et s’y forge la réputation d’un recteur bouillonnant – l’« hyperrecteur » , donnant son feu vert à tous types d’expérimentations. Ce sont les débuts des internats d’excellence pour élèves méritants issus des milieux défavorisés.  Sans oublier la « cagnotte » pour les décrocheurs censée inciter les lycéens à plus d’assiduité. Payer les jeunes pour qu’ils ne sèchent pas les cours ? Le projet met en émoi la communauté éducative.

 

 

N’ oublions pas la garde rapprochée

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Olivier Dussopt soutenait Benoît Hamon à la présidentielle mais faisait passer une note à Emmanuel Macron

http://lelab.europe1.fr/olivier-dussopt-soutenait-benoit-hamon-a-la-presidentielle-mais-faisait-passer-une-note-a-emmanuel-macron-3506999

Vu du Québec. Emmanuel Macron, le frère siamois de Justin Trudeau

Justin Trudeau et Emmanuel Macron.  PHOTO CHARLY TRIBALLEAU/NICHOLAS KAMM/AFP

Justin Trudeau et Emmanuel Macron. PHOTO CHARLY TRIBALLEAU/NICHOLAS KAMM/AFP

La ressemblance entre le Premier ministre canadien et Emmanuel Macron est frappante, estime le correspondant à Paris du Devoir : jeunes, ils ont une foi indéfectible dans le progrès et sont adeptes d’un monde ouvert. Même s’ils semblent parfois déconnectés du réel.

Dans leur jeunesse, Justin Trudeau et Emmanuel Macron ont tous deux étudié chez les jésuites et fait du théâtre. Alors que le Premier ministre canadien a fait de l’improvisation, le futur candidat à la présidence française se passionna à ce point pour les planches qu’il… épousa son professeur ! Au lycée privé La Providence, à Amiens, il interpréta La Comédie du langage de Jean Tardieu, une réflexion souvent absurde sur le rôle de la parole.

Simple analogie ? Pourtant, entre le Premier ministre de 45 ans et le candidat [devenu président] de 39 ans, il y a plus qu’une communauté de génération. En France, on n’hésite pas à dire qu’Emmanuel Macron est le Justin Trudeau français. Comment ne pas être frappé, en effet, par leur commune décontraction et cette “coolitude” que rien ne semble pouvoir contrarier ?

Cette douce jovialité, à une époque pourtant unanimement qualifiée de déprimante, est un des secrets de leur popularité. Les deux hommes ne s’en cachent pas, cet optimisme rassurant prend sa source dans le “progressisme” qu’ils affichent et revendiquent sans scrupule. Cette conviction que l’Histoire a un “sens” et qu’elle va nécessairement dans la direction du Progrès leur donne ce sentiment que les difficultés ne seront jamais que temporaires. Ils ne croient guère au caractère tragique de l’Histoire. L’assurance se transforme parfois même en inconscience. Sur le coup, Justin Trudeau n’avait rien compris à l’importance de l’attentat du Bataclan. Il n’est pas sûr non plus que le candidat d’En marche !, pressé de fêter sa victoire, ait compris la gravité d’un second tour l’opposant à Marine Le Pen.

Certes, Emmanuel Macron a fait des études avancées alors que Justin Trudeau n’a pas dépassé le niveau du baccalauréat. On ne peut pas non plus imaginer Justin Trudeau dans le rôle d’assistant éditorial du philosophe Paul Ricœur. Il n’en demeure pas moins que l’un et l’autre accordent souvent plus d’importance aux images qu’aux mots.

C’est pourquoi ils sont de piètres orateurs. Si Justin Trudeau n’a pas atteint le niveau de français du cégep, Emmanuel Macron se complaît dans des formules vagues et technocratiques. Quand il ne parsème pas son vocabulaire de “start-up”, de “helpers” et d’“open spaces”. Ces éternels jeunes premiers sont par contre de véritables maîtres de la gestuelle et des poses. C’est pourquoi le premier a fait de l’égoportrait sa marque de commerce. Quant au second, phénomène nouveau en France, il adore terminer ses assemblées en rock star, hurlant les bras levés comme un preacher américain. “La politique, c’est mystique”, dit-il. Quand elle ne vire pas au burlesque !

Loin du “sang, de la sueur et des larmes”

Ces deux enfants issus de milieux bourgeois personnifient parfaitement ces “gens de n’importe où” (“people from anywhere”) que décrit le brillant essayiste britannique David Goodhart dans son dernier livre, The Road to Somewhere [Hurst & Co, 2017, non traduit en français]. Le fondateur de la revue Prospect estime que nos sociétés sont traversées par une contradiction profonde entre ceux qu’il appelle les “gens de n’importe où” et les “gens de quelque part”, qui sont à l’origine de la révolte du Brexit et de l’élection de Donald Trump. Macron et Trudeau symbolisent à leur manière la superbe des gagnants de la mondialisation qui ne jurent que par la mobilité, la flexibilité, la technologie, la suppression des frontières et l’ouverture.

Le dernier-né d’une dynastie et l’audacieux banquier de chez Rothschild sont tous deux arrivés au pouvoir sans véritable expérience. Sauf qu’ils avaient des réseaux exceptionnels. Pour eux, il n’y a guère de problème qui n’ait de solution économique. C’est pourquoi ils ne savent pas trop quoi dire du terrorisme islamique, et encore moins à ces ouvriers de Whirlpool, à Amiens, dont l’usine a déménagé en Pologne. Ni l’un ni l’autre n’arrive à imaginer une mondialisation qui ne soit pas heureuse. Loin du “sang, de la sueur et des larmes”, ils ne sont entrés en politique ni pour résister ni pour changer le monde, mais pour l’aider à aller encore plus vite là où tout le pousse déjà et où il doit inévitablement aller, croient-ils. Vers ce Progrès perpétuel qui est au fond leur religion commune.

Il y a longtemps que Trudeau se vante de diriger le “premier État postnational” du monde. Sans franchir le Rubicon, Macron n’a-t-il pas fait un pas dans cette direction en dénonçant la clause Molière, qui force à l’utilisation du français sur les chantiers, et en affirmant qu’“il n’y a pas une culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse” ? Quitte à provoquer la colère de son allié le plus proche, François Bayrou.

Mais ces frères siamois ne se contentent pas d’être libéraux en économie, ils sont aussi libertaires en matière de mœurs. La grande œuvre du premier mandat de Justin Trudeau pourrait être la légalisation de la marijuana. Emmanuel Macron propose de la dépénaliser. Aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, il n’hésite pas à se revendiquer de Mai 68. J’imagine avec impatience leur première poignée de main à Ottawa. Si le cœur leur en dit, ils pourront bientôt se prendre en égoportrait en fumant un joint dans les jardins de Sussex Drive [devant la résidence du Premier ministre, à Ottawa].

Christian Rioux
Source : Le Devoir Montréal 10/05/2017

Juncker avertit déjà Macron: «Les Français dépensent trop d’argent»

Jean-Claude Juncker le 29 avril © Reuters

Jean-Claude Juncker le 29 avril © Reuters

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a appelé lundi Emmanuel Macron à réduire la dépense publique en France quand l’ancien ministre de l’Economie sera au pouvoir, jugeant que son niveau actuel n’était pas tenable à terme.

«  Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d’argent et ils dépensent au mauvais endroit  », a déclaré à la presse à Berlin M. Juncker au lendemain même de l’élection de M. Macron à la présidence de la République française.

«  Les Français consacrent entre 53 % et 57 % de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette cela ne peut pas fonctionner dans la durée  », a ajouté M. Juncker.

« Faire un geste en direction des autres »

Il a estimé que le futur chef de l’Etat français ne pourrait pas compter à sens unique sur la mansuétude de ses partenaires européens sur ces questions. «  Il appartient aussi aux Français de faire un geste en direction des autres  » en faisant les réformes nécessaires, a-t-il dit.

Ces propos surviennent alors que la Commission européenne doit publier jeudi ses prévisions économiques de printemps pour les pays de l’UE, suivies le 17 mai de recommandations.

Or la France est sous pression pour respecter enfin les règles européennes, selon lesquelles les déficits publics doivent être en dessous des 3 % du PIB.

Source Le Soir 08/05/2017

Voir aussi : Voir aussi : Actualité internationale, Rubrique UECommission Juncker la finance aux manettes, rubrique Politique, Politique économique, rubrique Economie,

Demain, le travail sans l’emploi

Image à la Une : Arnold Schwarzenegger et un robot taxi dans Total Recall (1990)

Image à la Une : Arnold Schwarzenegger et un robot taxi dans Total Recall (1990)

« Réinventer le travail sans l’emploi. Pourquoi le numérique nous contraint à changer notre conception du travail » . Tel est le titre de la note écrite pour l’Institut Diderot par l’essayiste Ariel Kyrou. L’auteur a souhaité partager ce texte à Usbek & Rica, dans une version légèrement augmentée. Au cours des prochains jours, nous allons donc publier ce texte, chapitre par chapitre, en commençant – en toute logique – par une introduction savoureuse, dans laquelle Ariel Kyrou expose les enjeux du travail de demain à l’aune d’une fable de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick.

Ce texte a été publié en mars 2017 sous la forme d’une « note » de l’Institut Diderot. Dirigé par le philosophe Dominique Lecourt, l’Institut Diderot est un laboratoire d’idées français lancé en 2009 dont le but est de « favoriser une approche multidisciplinaire et une vision prospective sur les grands thèmes qui préoccupent la société ». N’aimant rien tant qu’utiliser la science-fiction pour penser notre présent comme notre futur, Ariel Kyrou participera, le samedi 1er avril de 11 à 18 heures, à « L’avenir du travail n’est pas un poisson d’avril » : quatre conférences-lectures en compagnie des auteurs Catherine Dufour, Alain Damasio et Norbert Merjagnan (sous réserve) à la Cité du design de Saint-Étienne dans le cadre de l’exposition EXTRAVAILLANCES ? WORKING DEAD. L’occasion rêvée pour engager ce feuilleton réflexif sur la fin de l’emploi et la nécessité de penser autrement le travail, finalement pas si futuriste que ça.

New York, 2180 : le New York Times sans journaliste

2180. Nous sommes à New York, dans la cave souterraine où était imprimé le plus grand « quotidien homéostatique » de la Terre, le New York Times, sans aucun besoin de journalistes biologiquement humains.

Jusque l’accident nucléaire qui a dévasté le monde, ce journal intégralement automatisé fonctionnait grâce à son « céphalon », c’est-à-dire son cerveau électronique, à ses capteurs, senseurs et autres terminaux disséminés partout sur la planète. Dix ans après le cataclysme, Terriens et envoyés du Bureau centaurien de renouveau urbain, venus de Proxima du Centaure, ressuscitent la machine avec une facilité déconcertante. Et voilà ce New York Times robotisé d’un lointain futur qui imprime à nouveau ses « milliers d’éditions différentes chaque jour », accessibles via une myriade de distributeurs eux aussi automatiques dans ce qui subsiste des États-Unis.

Nous qui, en 2017, nous interrogeons sur la façon dont le numérique est en train de bouleverser nos emplois, nous ne serons vraisemblablement plus là dans la deuxième moitié du XXIIe siècle pour constater si l’auteur de science-fiction Philip K. Dick avait vu juste dans Si Benny Cemoli n’existait pas…, nouvelle publiée en 1963. Sa mise en scène d’un journal sans journaliste, dont les « divers capteurs d’informations » seraient capables de « mener leurs investigations » jusqu’au cœur de la discussion de deux personnages du roman, n’en demeure pas moins fascinant de prémonition…

« Un paysage pas si étranger à la France de 2017 »

Par son exagération même, la fable futuriste crée un point de vue décalé d’où analyser notre présent. La première question que son décor soulève tient à la fin de l’emploi – en l’occurrence des journalistes, et par extension des classes moyennes, notamment pour des métiers que l’on croyait protégés comme ceux des juristes, des financiers et autres forts manipulateurs de données.

Le paysage qu’il décrit n’est donc pas étranger, même si ce n’est que de façon lointaine, à la France du début 2017, avec ses 3,47 millions de chômeurs sans la moindre activité et, surtout, sa masse, bien plus conséquente, de « sans emploi fixe » et de personnes vivant dans la plus grande précarité [1].

« La prose de K. Dick construit un phare d’où étudier le remplacement potentiel, anticipé par une myriade d’études, d’un nombre impressionnant de femmes et d’hommes par des robots »

Sur le registre prospectif, elle construit un phare d’où étudier le remplacement potentiel, anticipé par une myriade d’études, d’un nombre impressionnant de femmes et d’hommes par des robots, des logiciels et des dispositifs digitaux toujours plus smart. Pour preuve, les débats qui agitent dorénavant le monde de la presse à propos des « algorédacteurs » qui pointent leurs programmes dans les rédactions, notamment anglo-saxonnes, et qui annoncent la concrétisation à venir du New York Times intégralement automatisé du texte de science-fiction.

La prose de Philip K. Dick pose également l’horizon d’une apocalypse, que celle-ci soit nucléaire, climatique, politique ou… économique. Elle nous incite à envisager le pire pour l’humanité, c’est-à-dire notre incapacité à agir pour anticiper, donc éviter ou du moins amortir le choc de chamboulements considérables de notre environnement et, partant, de nos vies. Elle constitue ainsi l’un de ces « mythes rationnels » permettant d’en conjurer en toute lucidité la venue, à la façon du catastrophisme éclairé théorisé par l’ingénieur et philosophe Jean-Pierre Dupuy.

« Qu’est-ce qui nous différencie d’une machine, aussi intelligente soit-elle ? »

Enfin, les ressorts de la fable de cet avenir parmi d’autres, aux retournements multiples, mettent en place une expérience de pensée, à la façon des meilleures installations d’art numérique ou d’art contemporain. Ils positionnent en effet le facteur humain au centre de l’action fictionnelle où se projeter, donc de notre réflexion sur le devenir du travail et de nos rapports à nos rutilantes mécaniques.

Qu’est-ce qui nous différencie fondamentalement d’une machine, aussi intelligente soit-elle ? Avons-nous les moyens de jouer et de nous jouer d’elle ? Et donc d’imaginer le travail – activité au-delà de la notion utilitaire et conjoncturelle d’emploi – qu’elle ne pourrait jamais effectuer sans nous, imprévisibles êtres vivants au scepticisme chevillé au corps ?

 Ariel Kyrou

 1. Selon les chiffres officiels, publiés en février 2017, il y avait en France, fin novembre 2016, 3 473 100 de « demandeurs d’emploi de catégorie 1 », sans aucune activité, mais 6 575 000 demandeurs d’emplois « toutes catégories confondues » pour la France entière.

Voir aussi :Actualité Internationale, Actualité France : Rubrique Politique, Politique économique,  Rubrique Economie, rubrique Société, Emploi, Travail, rubrique  Chroniques,

En Allemagne, le conservateur Schäuble lâche Fillon pour Macron

Wolfgang Schauble, ministre des finances allemand, le 12 avril, à Berlin. STEFFI LOOS / AFP

Wolfgang Schauble, ministre des finances allemand, le 12 avril, à Berlin. STEFFI LOOS / AFP

Le soutien du ministre des finances d’Angela Merkel, réputé en Europe pour son austérité, ne présente pas que des avantages pour le candidat d’En marche !.

Après Sigmar Gabriel, Wolfgang Schäuble. En Allemagne, Emmanuel Macron pouvait déjà compter sur le soutien du ministre social-démocrate des affaires étrangères. Le voici désormais adoubé par son collègue conservateur chargé des finances. « Si j’étais français et habilité à voter, (…) je voterais probablement pour Macron », a déclaré ce dernier, mardi 11 avril, à Hambourg, à l’hebdomadaire Der Spiegel.

Invité, le lendemain, à participer à une émission consacrée à l’élection présidentielle française sur la radio publique Deutschlandfunk, M. Schäuble s’est montré plus prudent. « Mon parti, la CDU, est, comme celui de François Fillon, lié au Parti populaire européen, et nous avons naturellement des points communs. D’un autre côté, j’ai bien connu Emmanuel Macron quand il était ministre de l’économie, nous avons de très bonnes relations et partageons beaucoup d’idées », a t-il déclaré. Si les mots étaient plus mesurés que la veille, la mise en scène parlait d’elle-même. Dans le foyer plein à craquer du Deutsches Theater de Berlin, M. Schäuble partageait l’affiche avec l’eurodéputée Sylvie Goulard, membre de l’équipe de campagne de M. Macron, avec laquelle il s’est montré d’une totale complicité…

Le coût pour Fillon est indiscutable

Après l’émission, celle-ci se réjouissait d’ailleurs de ce soutien. « Un tel geste de la part du ministre des finances le plus expérimenté de la zone euro est, pour Emmanuel Macron, la reconnaissance d’une crédibilité. C’est un signe important », explique au Monde Mme Goulard.

En France, il n’est pas certain qu’un tel appui ne présente que des avantages pour M. Macron, compte tenu de la réputation qu’y a M. Schäuble, associé aux politiques d’austérité fort peu populaires auprès de toute une partie de l’électorat que compte séduire le candidat d’En marche !

Mais si le gain politique pour M. Macron est discutable, le coût pour M. Fillon est, lui, indiscutable. Au Spiegel, M. Schäuble, pour qui « le pire scénario possible » serait un second tour entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, a en effet expliqué qu’il avait fort peu apprécié les « attaques contre la justice » proférées par l’ancien premier ministre. Un sentiment largement partagé outre-Rhin, où l’image du candidat de la droite s’est considérablement dégradée depuis les révélations du Canard enchaîné, publiées vingt-quatre heures après sa venue à Berlin, le 23 janvier, lors de laquelle il avait été reçu par la chancelière, Angela Merkel, ainsi que par M. Schäuble.

Thomas Wieder

Source Le Monde 13.04.2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Actualité France, Rubrique  Politique, Politique Economique, , Un nouveau droit à l’opacité pour les multinationales, rubrique UE, Allemagne,