Dans le secteur de plus en plus concurrentiel des manifestations techno, la Ville et la Métropole tentent de donner un nouvel élan à la « filière ».
Montpellier précurseur de la culture techno, si le trait semble un peu appuyé par la déléguée à la culture Sonia Kerangueven, il n’est pas dénué de sens. La ville estudiantine et géographiquement attractive tient une place honnête dans l’histoire du mouvement en France. Comme naguère avec le rock, Montpellier a su séduire un vrai public dans ce domaine. Depuis Boréalis, un des premiers grands festivals de musique techno français organisé par la tribu des Pingouins, qui eut lieu durant sept ans, de 1993 à 1999. En 2005, Electro Mind prit la suite jusqu’en 2009. Depuis, les initiatives se succèdent connaissant des fortunes diverses.
Contest dédié aux DJ locaux
Lundi, la Ville a saisit l’actualité du moment en lien avec la seconde édition du festival Dernier Cri qui se clôture le 13 novembre et l’arrivée prochaine de I Love Techno Europe le 9 décembre au Parc Expo, pour réaffirmer sa volonté de développement en matière de musique Electro.
La rencontre qui s’est tenue à la Salle Victoire 2 dont la convention SMAC arrive à son terme, présente le mérite d’associer deux manifestations, dont les philosophies divergent, autour d’artistes locaux. Les deux acteurs organisent un contest dédié aux DJs des 31 communes de la Métropole. Hier, à l’Antirouille s’est tenue la sélection House, dans le cadre de Dernier Cri, le 26 novembre, la sélection Techno aura lieu salle Victoire 2. Les quatre demi finalistes se produiront à I love Techno.
Sinon, culture oblige, rien d’officiel contre les adeptes nomades des free party.
Sous la baguette magique de Michael Schonwandt, l’Orchestre de Montpellier célèbre et renouvelle Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare avec le concours du captivant récitant William Nadylam et de la talentueuse vidéaste Juliette Deschamps.
S’il est un dramaturge célébré en musique c’est bien Shakespeare. Au XVIe siècle déjà, ses pièces faisaient la part belle à la musique, qui était partie intégrante de la représentation. Verdi composa quatre opéras inspirés du dramaturge, dont Macbeth, Otello et Falstaff. L’histoire de Roméo et Juliette inspira plusieurs compositeurs romantiques, comme Gounod qui en tira un opéra, Tchaïkovski qui composa une ouverture, ou Prokofiev. La pièce Le Songe d’une nuit d’été, où se mêlent des elfes et des fées, a donné lieu au semi-opéra de Purcell The Fairy Queen ainsi qu’ à une ouverture que compose Mendelssohn à l’âge de dix-sept ans. œuvre étonnamment mûre, dont l’équilibre, la fraîcheur, et l’imagination ne cessent d’étonner.
Dans le cadre du 400ème anniversaire de la disparition de William Shakespeare, la carte blanche offerte au directeur musical de l’Opéra national de Bordeaux, le chef britannique Paul Daniel, se combine sur scène avec la création d’une performance vidéo de la réalisatrice française Juliette Deschamps. Il était probable que cette démarche rencontre l’esprit d’ouverture qui anime la directrice de l’Opéra Orchestre national de Montpellier, Valérie Chevalier dont les choix artistiques budgétairement contraints, promeuvent le dépoussiérage du répertoire et l’innovation qui a du sens. C’est ainsi que les Montpelliérains et les Alésiens ont pu apprécier ce week-end l’adaptation de l’œuvre de Mendelssohn en images, en conte et en musique interprétée par l’OONM sous la direction de Michael Schonwandt avec le Chœur de l’Orchestre et celui de l’Opéra junior.
Le potentiel ravivé de l’œuvre
Dix-sept ans après son ouverture, en 1843, alors que Mendelssohn est un musicien très en vue en Europe, il reprend sa partition de jeunesse et l’augmente de douze numéros pour deux voix de femmes, choeur et orchestre à la demande de Frédéric-Guillaume IV de Prusse. C’est cette version du Songe qu’il a été donné d’entendre avec les passages, chantés (interprétés par la soprano Capucine Daumas et la mezzo-soprano Alice Ferrière) qui se glissent dans le texte même de la féerie de Shakespeare.
Le processus d’écriture de l’œuvre offre de multiples possibilités combinatoires parfaitement adaptées et exploitées par l’acteur William Nadylam. Dans le rôle du narrateur, il donne une pleine mesure de ses qualités acquises auprès de Peter Brook. Il en va de même du travail de Juliette Deschamps qui mixe en direct les images vidéo qu’elle a tourné en Angola, renouant avec la dimension universelle de l’œuvre et son envoûtante mise en abîme. Ces trésors de poésie, de tendresse, et de goguenardise, nous sont restitués dans une version narrative totalement contemporaine.
Anetha, entre dub acide et beats impénétrables. Photo dr
La seconde édition de Dernier Cri débute ce soir à la Villa Rouge et se répand en ville jusqu’au 13 novembre. Soirées débat, expo, cinéma, le festival explore et donne du sens à la culture technoïde.
Dernier Cri, ce sont des soirées où se produisent une flopée de DJs talentueux qui écument les capitales européennes, mais c’est aussi la volonté de revenir aux sources de la culture techno pour en diffuser les fondements. La première édition organisée en 2015 à Montpellier par Pascal Maurin, Jacqueline Caux et Edith Roland, a fait carton plein.
Pour la seconde, qui débute ce soir à la Villa Rouge, le festival poursuit les collaborations amorcées l’an passé avec ses partenaires montpelliérains. Ce sera le cas avec la Panacée pour une conférence-débat de Vincent Carry, le directeur du festival Les Nuits Sonores à Lyon.
Le cinéma Diagonal renouvelle également sa participation avec la projection du film Andreas Dresen Le Temps Des Rêves suivie d’une rencontre avec Tilman Brembs, photographe allemand contemporain de cette décennie mardi 8 novembre de 17h45 à 20h30. Tilman Brembs sera aussi présent avec une exposition des photos d’archives saisies pendant des rave party berlinoises de 1990 à 1997. On pourra découvrir dès lundi son exposition à L’Anacrouse (5 place du petit Scel, entrée libre à partir de 19h).
La ligne artistique reste la même avec une programmation qui reflète l’humeur du moment, les DJs et lives qui marquent notre époque et qu’on a très envie d’écouter et de découvrir sur scène. Les soirées ont lieu dans les bars et clubs qui programment des soirées électro tout au long de l’année (Rockstore, Antirouille, Villa Rouge, Zoo, PZ et le Montpe’l). Après Marseille, Lyon sera mis à l’honneur cette année le 11 novembre.
Côté nouveautés, le festival en partenariat avec l’Ecole des Beaux Arts de Montpellier propose la projection d’un doc-reportage en quatre épisodes réalisé par les étudiants lors d’un séjour à Manchester à la recherche du lieu mythique « l’Hacienda » et une master class animée par le producteur Ben Vedren.
Ouverture à La Villa Rouge
Riche affiche pour débuter sur des charbons ardent avec trois DJs français programmés ce soir à la Villa Rouge : Bambounou, Terence Fixmer et Aneta. A seulement 26 ans, Bambounou s’est rapidement imposé comme l’un des producteurs/DJs les plus prometteurs de la scène house et techno. Il a commis trois album sur le label berlinois 50WEAPONS évoluant d’une house fiévreuse à une techno précise et ultra contemporaine, n’oubliant pas d’y incorporer des sonorités break, garage, expérimental et ambient.
Terence donne lui dans l’Electronic Body Music (EBM), sous-genre de la musique industrielle. Il poursuit une carrière de producteur avec des sorties très remarquées notamment sur le label berlinois Ostgut.
Anetha est une jeune DJ productrice parisienne établie à Londres depuis peu. Adepte du vinyle only, oscillant entre dub, lignes acides et beats impénétrables, elle nous transporte dans une techno aussi envoûtante que raffinée. Nuit agitée en perspective…
Antoine Winling : l’ouverture en héritage. Photo JMDI
Antoine Winling a rejoint l’équipe qui préside à la destinée d’un lieu et d’un esprit qui traverse les générations. A l’occasion des trente ans du temple à la Cadillac rouge, il évoque les rouages d’une mécanique singulière.
Haut lieu de la vie nocturne montpelliéraine, le Rockstore fête ses 30 ans. La salle de concerts mythique avec sa légendaire Cadillac rouge encastrée dans la façade du centre ville, rue de Verdun a accueillis plus de 4 000 concerts depuis 1986. L’année 2016 marque une nouvelle étape dans l’histoire du Rockstore.
La programmation béton et éclectique dédiée à cet anniversaire sur un mois complet, se poursuit jusqu’au 19 novembre avec des concerts exceptionnels, (Wall of Death, Puppetmastaz, Catherine Ringer, DJ Shadow, Michael Kiwanuka… et l’expo RockStories, à découvrir à la Galerie d’Art La Fenêtre. La force du lieu tient à son esprit underground et ouvert défendu par un quatuor virtuose composé de Stéphane, Laurent, Olivier et Antoine, le fils de Fifi qui fut un des membres fondateurs. Rencontre.
Il se dit que tu es tombé dedans petit. Quels sont tes premiers souvenir du Rockstore ?
Je suis né en 84, au début je venais en journée. A l’âge de douze ans, j’y ai vu mes premiers concerts. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de fumée. A l’époque le public était très alternatif, tatoué, percé… J’ai mesuré l’importance du lieu dans le regard des autres, car mon père n’était pas du genre à faire état de ses faits d’armes en faveur du rock. Tous les gens autour de moi avaient une petite histoire vécue au Rockstore. Moi, j’habitais à Sète, j’étais un peu loin de tout ça. Je me souviens d’un prof qui avait flashé sur un tee-shirt que mon père m’avait ramené. A partir de 15 ans, je suis venu plus fréquemment.
Et par la suite, comment la mayonnaise est montée ?
Durant mes études d’histoire et de sciences politiques, j’ai commencé à travailler ici la nuit. Hormis la sécu, j’ai un peu tout fait, du vestiaire au bar en passant par les platines. Et puis après mes masters je me suis laissé prendre. Je gagnais ma vie et les contacts avec les producteurs et les tourneurs m’intéressaient. Il y a trois ans, les choses se sont précipités avec le décès de mon père. Stéphane, Laurent, Olivier, sont venus me dire qu’ils voulaient bosser avec moi. Même ma mère qui n’était pas très chaude à la base m’a encouragé. J’ai réfléchi et j’ai dit ok.
La spécificité du Rockstore tient à son identité qui a toujours évolué sans perdre son âme rebelle. Quel regard portes-tu sur cette évolution ?
A la base, tout part de la culture rock. Je pense que l’héritage que nous a laissé mon père c’est le goût de l’authenticité et la capacité d’ouverture. Le fait de maintenir sa curiosité musicale éveillée. J’ai vu évoluer la programmation comme je l’ai observé s’élargir du rock, pop, au hip-hop et à l’électro. Notre particularité est de se trouver au centre-ville et d’y développer une double activité, avec les concerts et la boîte, cela avec la volonté constante de faire profiter les acteurs locaux du lieu. En tant que salle de concert et lieu culturel, on à la possibilité de programmer 365 jours par an. Ce qui permet de prendre les risques artistiques nécessaires à notre démarche. Tenir cette ligne sur trente ans, à ma connaissance, ça n’existe nulle part ailleurs.
Ce mois d’anniversaire est un beau cadeau pour le public…
Je l’espère. Nous avons pensé une programmation qui puisse concerner tous les publics aussi bien dans les styles musicaux qu’à travers les générations. Nous souhaitions aussi sortir des murs ce que nous avons fait avec l’ avant-première du film de Jarmush Gimme Danger projetée au cinéma Diagonal et l’expo à la Galerie d’Art La Fenêtre.
Sinon, je compte bien fêter nos 60 ans avec la même équipe et la même énergie. Après on tirera notre révérence…
Le collectif des spectateurs du domaine d’O en débat jeudi dernier Crédit Photo dr
Mobilisation
A la recherche d’actions pour le maintien d’un projet artistique de qualité, le collectif des spectateurs du Domaine d’O envisage de converger avec d’autres collectifs dans l’Hérault
Le maintien de la saison culturelle d’hiver du Domaine d’O annoncé tardivement par le Conseil Départemental de l’Hérault n’a pas levé les inquiétudes du public sur l’avenir de la politique culturelle départementale.
Au court de plusieurs décennies, celle-ci s’est enracinée dans l’Hérault avec le soutien sans faille du président Saumade, puis Vezinhet. Elle a forgé un réseau d’acteurs culturels d’associations et de collectivités efficaces dans les zones les plus reculées.
Le maillage culturel du territoire, s’est organisé autour de deux pôles : Le Domaine d’O à Montpellier, et sortieOuest à Béziers, ainsi que plusieurs festivals singuliers : Saperlipopette, Arabesques, Le Printemps des Comédiens… L’ensemble de ces structures s’inscrit dans un projet global – soutenir la création, défendre l’art, la réflexion et l’ouverture des esprits sur le territoire – aujourd’hui menacés.
Si le conflit sur la compétence culturelle qui oppose le Conseil départemental de l’Hérault à la Métropole de Montpellier est à l’origine de la problématique, c’est aujourd’hui la volonté politique du président Kleber Mesquida, de poursuivre cette action, unanimement reconnue pour sa qualité, qui semble clairement mis en cause.
Jeudi soir une nouvelle réunion organisée par le collectif des spectateurs du Domaine d’O s’est tenue au Théâtre d’O. Spectateurs, personnels, directeurs de festivals, programmateurs, syndicalistes, acteurs culturels appartenant à d’autres structures, membres de différents collectifs… La palette des forces en présence s’accorde sur la nécessité démocratique d’une vraie politique culturelle.
Elle ne se contentera pas de déclarations d’intention. Elle attend un calendrier et des actes concrets et significatifs.
SORTIEOUEST. TOUJOURS EN ALERTE ROUGE !
Le 15 octobre devait se tenir un Conseil d’Administration de l’association sortieOuest qui aurait pu être le dernier puisque le Conseil départemental de l’Hérault avait annoncé sa volonté de dissoudre l’association. Le collectif les Amis de SortieOuest s’était mobilisé à cette occasion mais la réunion a finalement été annulée pour cause d’alerte rouge.
Depuis, le collectif maintient les feux au rouge, malgré le courrier, adressé au public, du Président Kléber Mesquida dans lequel il réaffirme son engagement en faveur de la culture. Et en dépit du communiqué du président de l’association Phillipe Vidal qui assure lui aussi, son engagement pour la culture, en listant les travaux d’aménagement entrepris, tout en pointant les déficits successifs de l’association.
Dans la même missive, le maire de Cazouls-lès-Béziers, annonce la création de l’EPIC Hérault qui remplacerait l’EPIC du Domaine d’O en y associant le Domaine de Bayssan. Cette nouvelle entité, dont la validation juridique n’a pas encore été démontrée assurerait la programmation de SortieOuest.
Un nouveau CA suivi d’une AG est convoqué durant les vacances le 24 octobre. Le collectif a décidé de ne pas appeler à un rassemblement ce jour-là. Il envisage les suites à donner au mouvement citoyen à l’issue de ces rencontres.