Dernière saison d’hiver au Domaine d’O ?

Renaud Calvat et les directeurs artistiques dans l’incertitude.

Renaud Calvat et les directeurs artistiques dans l’incertitude.

La nouvelle saison d’hiver du Domaine d’O est lancée dans le marasme lié à l’affrontement entre le Conseil départemental et la Métropole  montpelliéraine sur la compétence culturelle.

Le public du Domaine d’O prend enfin connaissance de la programmation d’hiver. Comme les personnels dédiés au fonctionnement de l’Epic, il reste en revanche dans l’expectative quant à l’issue définitive du bras de fer opposant le président (PS) du Conseil départemental Kléber Mesquida à Philippe Saurel, président (divers gauche) de la Métropole. La compétence culturelle dont le Conseil départemental n’entendait pas se dessaisir faisait partie des quatre compétences réclamées par le maire de Montpellier.

Suite au désaccord persistant (un an de surenchères stériles), comme le veut la loi NOTRe, ce sont finalement huit compétences qui seront transférées à la Métropole en 2017. Le mode de transfert, notamment les subventions versées par le Conseil départemental aux festivals et aux différents protagonistes de la culture sur le territoire métropolitain, restent l’objet d’un âpre combat politique qui échappent aux principaux intéressés, acteurs culturels, publics et citoyens.

A l’occasion du lever de rideau tardif sur la saison d’hiver, le vice-président délégué à la Culture Renaud Calvat a rendu public la position de la Chambre régionale des comptes et du préfet de Région délivrée aux intéressés le 15 septembre : « S’il devait y avoir un transfert,  le décret ne serait pas signé avant le 1er janvier 2018 »,  à indiqué le délégué à la Culture. En clair, les arbitres donnent le temps aux belligérants d’accorder leurs violons et la saison culturelle du Domaine d’O, qui comprend notamment un théâtre de 600 places, un amphithéâtre de plein air de 1 800 places et accueille pas moins de sept festivals dont le Printemps des comédiens, qui attire à lui seul plus de 40 000 spectateurs, aura finalement lieu. Ce temps supplémentaire offre-t-il de nouvelles perspectives pour sortir de cette absurde impasse ?

Le temps presse de trouver une issue à ce conflit. Hors Métropole, d’autres structures sont impactées comme sortieOuest à Béziers, qui n’a toujours pas présenté sa saison. Les dernières hypothèses échafaudées par le Département passeraient par un élargissement de l’actuel Epic à d’autres structures implantées sur le territoire régional.

Cette voie de contournement devra d’abord trouver une validité juridique. Concernant le Domaine d’O, le Département serait prêt à ne conserver que la programmation d’été, ce qui signifierait peut-être la fin de la saison d’hiver et du festival dédié à l’enfance Saperlipopette… Côté Métropole, Philippe Saurel se fait discret. Il lui sera pourtant difficile d’assumer seul  le coût d’un divorce avec le Conseil départemental sans rogner sur la qualité des services et de l’offre culturelle libre et qualitative qui s’est construite en plusieurs décennies…

Au  programme
C’est David Ayala qui a ouvert cette semaine la saison avec Le Vent se lève, pièce pleine d’ébullition qui a trouvé matière à résonner avec le contexte en présence. En octobre, la Cie de la Raffinerie prendra le relais avec Pleine, de Marion Pellissier, qui pourrait être une  genèse des relations humaines.

Le Domaine d’O inaugure une saison consacrée à la chanson en mettant l’accent sur les textes, la variété de style et l’équilibre entre chanteurs connus et émergents.  Six concerts au programme dont Michel Jonas, Alexis HK, Michel Arbatz, et Miossec. Durant les vacances Saperlipopette ouvre les portes à la magie du mime avec 24:42 par la compagnie montpelliéraine Blabla production et le spectacle suédois Marmelade. Comme le veut la tradition du Domaine, le cirque sera de la partie avec les stagiaires professionnels de  Balthazar, le spectacle Noos, un duo inspiré de portés acrobatiques ou encore la Cie toulousaine BettiCombo.

On pourra aussi entendre  un récital du pianiste Bruno Fontaine et l’opéra Orfeo de Monteverdi, en croisant les doigts pour que le Domaine D’O sorte des enfers !

JMDH

Source La Marseillaise 01/10/2016

CDN hTh Montpellier. Libre saison de feu et de fureur

hThThéâtre
La saison du CDN hTh  sera libre drôle et insoumise  à l’image de son directeur l’auteur et metteur en scène Rodrigo Garcia, mais surtout  dérangeante.

Rodrigo Garcia débute sa troisième année à la tête du CDN dont il  est peu de dire qu’il a bousculé les habitudes. La saison 2016/2017 s’annonce drôle, dérangeante fascinante, bestiale à l’image des créatures mi-homme mi animal d’Erik Sandberg qui illustrent le programme.

« Je poursuis le même chemin depuis mon arrivée ici, tentait d’expliquer hier Rodrigo Garcia face à la presse quelque peu dubitative. Cette nouvelle saison répond toujours à la volonté de proposer une quantité de langages, d’ouvrir la programmation à la scène internationale* – on pourra voir des artistes canadiens, brésiliens, allemands, belges, anglais, japonais, suédois, portugais, français, sud africain…-  et  de favoriser le mélange des genres et des tons entre performance, danse, théâtre,  musique, arts plastique. »

De quoi s’y perdre, surtout quand le directeur assume, depuis son arrivée, la disparition des pièces de répertoire. Ce qui lui a valu une levée de bouclier du monde  enseignant. En province, quelques propositions « expérimentales » bordées par une bonne armature de classiques,  si possible revisités, sont toujours bienvenue aux yeux du public cultivé, mais un tel déverrouillage produit une perte totale des repères des spectateurs habituels, y compris chez les professionnels locaux qui souffrent cruellement de la crise et souhaiteraient trouver une plus large place dans la grille de programmation. Le résultat se traduit par une baisse de la fréquentation assez conséquente bien que la courbe se soit inversée la saison dernière.

Rodrigo Garcia remplit cependant son contrat en assurant son cahier des charges. La prise en compte des publics notamment des jeunes, n’impose aucunement aux CDN de programmer du Molière ou du Marivaux. Dans un théâtre public, il serait intéressant de mesurer le renouveau plutôt que d’évaluer le poids de la valeur numéraire perdue.

Faut-il rappeler que les pièces de Genet ou Pinter ont fait scandale avant d’entrer dans le Panthéon des dramaturges. Le patron d’hTh assume sa démarche qui reste celle d’un artiste.  « Si je devais  me mettre à remplir le théâtre en changeant ma vision de l’art. Je n’aurais qu’à rentrer chez moi. »

Rodrigo Garcia. Photo JMDI Le vent se lève

Rodrigo Garcia. Photo JMDI Le vent se lève

JMDH

* Sont notamment programmés au CDN de Montpellier cette saison : Markus Ohrn, Toshiki Okada, Gisèle Vienne, Tino Sehgal, Jan Lauwers, Marion Aubert, Julien Bouffier, Stethias Deler, Luis Garay, Lola Arias, Jan Martens, Gob Squad, Philippe Quesne, Steven Cohen…

Source : La Marseillaise 15/09/2017

oir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Politique culturelle, rubrique Danse, rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, Entretien avec Rodrigo Garcia,

Jean-Michel Baylet règle ses comptes avec « Jazz In Marciac ».

39 EME FESTIVAL JAZZ IN MARCIACLa presse nationale salue la 39eme édition de « Jazz In Marciac ». Le Monde, Le Parisien, L’Express, Challenges évoquent une programmation exceptionnelle et un vrai succès. En revanche le quotidien de Jean-Michel Baylet fait dans le « couac » et parle d’une première semaine creuse. `Le décalage est troublant.

Problème de goûts musicaux ? Pas du tout. Ce n’est pas une affaire d’oreille mais de business et de protocole. Le mauvais traitement de la Dépêche du Midi est lié à une fibre culturelle particulière. Une fibre culturelle version familiale : le sens du clan et un « crime de lèse majesté » envers l’héritier Baylet mais aussi la fin d’un partenariat commercial entre l’entreprise Baylet et « Jazz In Marciac ».

« Le plus beau festival de jazz du monde ». « Jazz In Marciac : Ahmad Jamal, un monument du jazz enflamme le public». Le journal Le Monde, le quotidien Le Parisien, l’hebdomadaire L’Express, le journal Lacroix et le titre économique Challenges ne tarissent pas d’éloges sur le festival gersois. Belle affiche et affluence. Problème, la Dépêche du Midi décrit un tout autre tableau. Dans un article publié dans l’édition « Grand Sud » du 6 août, le quotidien de la famille Baylet pointe une mauvaise ambiance et une grogne des commerçants. Entre la réalité des faits et la présentation faite par le quotidien de Jean-Michel Baylet, il existe un gouffre.

La patronne de la Maison de la Presse de Marciac, Véronique Berné, relativise la mauvaise humeur des commerçants : « ce sont quelques commerçants et très peu. Je peux montrer mes tickets de caisse. Il y a une très bonne fréquentation journalière ». Un restaurateur est sur la même ligne : « Je n’ai rien à dire. Je suis très content. On travaille bien. J’ai le nez dans le guidon et on bosse. Je n’ai pas entendu parler d’un mécontentement ».

Selon nos informations, il y a bien des grincements de dents du côté de certains commerçants. Mais il est surtout lié au tarif de location des emplacements et, s’agissant de la grogne mise en avant par la Dépêche du Midi, elle est circonscrite à quelques personnes. L’autre clou planté dans la chaussure de « Jazz In Marciac », à savoir la fréquentation et la qualité de l’affiche, est également « tordu ».

Plusieurs journalistes couvrant le Festival démentent catégoriquement le « flop » décrit par le quotidien de Jean-Michel Baylet. Erwan Benezet suit pour Le Parisien, les concerts. Ce n’est pas sa première édition de « Jazz In Marciac ». Il déclare : « La salle est remplie tous les soirs. C’est le même succès qu’en 2015 et même plus haut ». L’envoyé spécial du magazine Challenges, Thierry Fabre dresse le même bilan de la première semaine du Festival : « Autant l’an dernier on aurait pu espérer de meilleures fréquentations pour certaines soirées autant cette année le chapiteau est quasiment plein tous les soirs. Il faut dire que c’est vraiment une belle affiche. D’un point de vue artistique, c’est meilleur que l’an dernier ».

Visiblement, les journalistes de la presse nationale n’assistent pas au même festival que leur confrère de la Dépêche du Midi. En fait, c’est normal car les envoyés spéciaux du Parisien et de Challenges n’ont pas comme patron le fils de Jean-Michel Baylet.

Le ministre n’a pas du tout apprécié l’affront subi par son successeur de fils lors de la précédente saison de « Jazz In Marciac ». Le 25 juillet 2015, Manuel Valls assiste au festival gersois. Jean-Nicolas Baylet est présent mais « relégué » en dehors des premières places. Colère volcanique de Jean-Michel Baylet. On ne badine pas avec les feux de la rampe et les fauteuils de prestige. Peu importe que les services de Matignon soient à l’origine de ce terrible faux-pas. Le coupable est désigné : le président-fondateur du Festival, Jean-Louis Guilhaumon.

Avant l’été 2016, les relations entre le groupe de presse Baylet et « Jazz In Marciac » sont déjà tendues. Les premiers mauvais articles tombent. Un papier est particulièrement négatif. Il est signé par un journaliste que personne ne connaît à la Dépêche du Midi. Et pour cause. Selon une source, c’est en fait Jean-Nicolas Baylet qui aurait signé, sous un faux nom, le brulot.

Mais, à cette querelle autour d’un ego, s’ajoute depuis cet été, un autre motif de guérilla. Un motif beaucoup plus sérieux : une perte financière. « Jazz In Marciac » a rompu son partenariat avec le groupe de Jean-Michel Baylet. Nouvelle grosse colère de Jean-Michel Baylet. Et même menace de poursuite judiciaire pour rupture unilatérale de contrat.

La friction prend une toute autre dimension : l’argent. Avant d’être remplacée, l’entreprise de Jean-Michel Baylet gérait la location des emplacements, la sono et la scène. Le business passe à la concurrence.

Pour une source, c’est clair : « Baylet lance une kabbale contre le Festival car il a perdu du business ». Ces propos reviennent en boucle dans la bouche de nombreuses personnes. Ils sont lourds de sens et de conséquences : « un mauvais papier » pour sanctionner une perte de délégation de service public, cela s’appelle en bon français du « trafic d’influence ».

Ce n’est pas la première fois que des élus ou des responsables associatifs se font l’écho de telles « accusations ». Il faut dire que certaines coïncidences sont troublantes. Des communes (Castelsarrasin et Toulouse par exemple) ont coupé leurs budgets publicitaires avec le groupe Baylet. D’un seul coup, les maires de ces villes disparaissent des photos du quotidien régional.

Ces précédents entretiennent un lourd sentiment de suspension et même de tension. On ne compte plus les anecdotes (réelles, réécrites ou inventées) sur les méthodes « commerciales » et le lobbying acharné de Jean-Michel Baylet. Des anecdotes qui vont du conflit ouvert entre Jean-Michel Baylet et l’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen, au sujet de la délégation de la gestion du Parc aux Expositions jusqu’au démarchage à la hussarde d’une commune du Lot.

Mais, pour la première fois, l’omerta laisse la place à des confidences et des confessions.

« Jazz In Marciac » a permis le retour sur scène d’un monument du jazz, Ahmad Jamal. Mais la 39eme édition du festival gersois écrit également une nouvelle partition : la fin d’une mise en sourdine.

Désormais, les représailles, les coups tordus et le mélange des genres entre presse et business familial, ça ne passe plus.

Comme le précise un élu gersois, « ça suffit ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

Source France 3 Midi Pyrénées 06/08/2016

Voir aussi : Actualité Locale, rubrique Médias, rubrique Festival, rubrique Politique , AffairesJean-Michel Baylet, un nouveau ministre encensé par ses propres journaux,

Festival de Radio France.Voyage d’Orient ouvert sans céder à la barbarie

Sonya Yoncheva  opéra de clôture du festival Iris de Mascagni .  marc Ginot

Sonya Yoncheva opéra de clôture du festival Iris de Mascagni . marc Ginot

Région Occitanie

La 32e édition du Festival de Radio France Montpellier Occitanie s’achève sur un bilan positif à plusieurs égards. Elle confirme la reprise et l’avenir d’un grand festival engageant toutes les radios publiques françaises à inscrire leurs identités  – plus que leur marque – dans un mouvement de décentralisation. Il existe, quoi qu’on en dise, une différence fondamentale entre une présence physique et une liaison radio. L’expérience vaut  pour le vaste ensemble du personnel de la maison ronde concerné comme pour le public, dont le statut passe d’auditeur à spectateur, voire à celui acteur.

Au-delà de retombées médiatiques nationales et internationales conséquentes, le Festival de Radio France permet à la Région Occitanie (65% du budget global) d’affirmer son ambition culturelle en terme d’accessibilité à la culture avec 90% de propositions gratuites, et de qualité. Il en va de même pour les Villes et Départements, parties prenantes de l’événement et particulièrement pour Montpellier, lieu de naissance du festival .

Plus 4,2%  de fréquentation
Côté chiffres, l’édition  2016 enregistre une hausse globale de 4,2% avec un total de 101 000 spectateurs pour 171 événements contre 212 l’année dernière. Les 15 concerts payants (deux de moins qu’en 2015,) se situent essentiellement à Montpellier dans le répertoire lyrique et symphonique.   Ils affichent une hausse significative avec 22 000 places vendues. Sur ce segment, la programmation semble  trouver un équilibre entre le répertoire courant de bonne qualité sauf exception,  et des propositions plus rares et appréciées comme  le Zoroastre de Rameau ou Iris de Mascagni avec la soprano Sonya Yoncheva qui a fait l’unanimité en clôture.

Pour cette 32e édition, la qualité artistique n’a pas failli à la réputation acquise dans chacun des genres musicaux dont la diversité constitue une singularité majeure du festival. Le volet musique du monde gagnerait à être développé même s’il se trouve parfois au carrefour de la programmation jazz  accueillie au Domaine d’O. La programmation électro de Tohu Bohu sur le parvis de l’Hôtel de ville de Montpellier renouvelle son caractère attractif auprès du public jeune qui trouve, fort heureusement, des occasions de prolongation en ville après l’extinction précoce des feux officiels.

Pour leur 30e anniversaire, les Rencontres de Pétrarque ont donné du grain à moudre. Autour de son livre Le procès de la liberté, qui fait revivre les idées de liberté ouvrière et des révolutions sociales du XIXe siècle, l’historienne Michèle Riot-Sarcey, à introduit cinq jours de passionnants débats.

Le thème du Voyage d’Orient choisi cette année s’est illustré de différentes et belles manières comme lors du concert d’ouverture autour de Shéhérazade. Il a aussi été tragiquement rattrapé par l’actualité. Quelques concerts ont été affectés par des annulations mais l’art musical a dignement pris le dessus sur les interrogations et la culture sur la barbarie, en gardant le cap sur l’humanité, la diversité et l’avenir.

JMDH

Source : La Marseillaise 30/07/2016

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Festival, rubrique Musique, rubrique Montpellier,

Concert Inaugural. Ravissement sur les ondes de Radio France

Le public conquis par le concert inaugural  Crédit Photo Marc Ginot

Le public du Corum conquis par le concert inaugural Crédit Photo Marc Ginot

Depuis lundi les auditeurs du Festival ne savent plus où donner de l’oreille. De l’electro avec Tohu Bohu  à la programmation jazz du domaine D’O en passant par les concerts symphoniques, les récitals et les  Rencontres Pétrarque de France-Culture Montpellier et la Région célèbrent la richesse et la diversité de la programmation .

Double ouverture du festival au Corum lundi avec une dimension découverte à travers le récital de Béatrice Rana et une création symphonique composée pour ciel étoilé intitulé Les mille et une nuits sous la baguette de Michael Schonwandt dirigeant l’Orchestre national de Montpellier accompagné par Karine Deshayes et Lambert Wilson dans le rôle de récitant.

Forte de ses 23 ans, la pianiste Beatrice Rana débute le festival avec les Variations Goldberg élaborées par Jean-Sébastien Bach en 1741.  Dès 18h, la grande salle Berlioz du Corum est quasiment pleine. Consacrée sur la scène internationale la jeune pianiste émergente s’attaque pour la première fois aux parcours redoutable des trente variations avec une tonicité régénérante. La technique parfaite de Béatrice Rana  vient à bout des vertigineux croisements de mains qu’exigent l’interprétation composée à l’origine pour un clavecin à deux claviers. La pianiste italienne fait preuve d’une impressionnante maîtrise  de l’oeuvre. Répondant aux nombreuses superpositions de formes, d’harmonies, et de rythmes. Mais la technique prend le dessus sur l’interprétation et la rigueur d’exécution s’exerce au détriment de la dimension spirituelle.  Béatrice Rana offre cependant la démonstration d’une précoce maturité annonçant l’aube d’une brillante carrière.

Sous le signe de l’Orient

Le concert de 21h, Les Mille et une nuits, suit le fil naturel de la thématique  de cette 32e édition,  Le Voyage d’Orient proposé par Jean-Pierre Rousseau. Il s’agit moins de piocher au rayon exotique, où s’entassent les centaines de compositeurs européens de Mozart à Berlioz en passant par Debussy, Schönberg et Szymanowski… ayant cédé à cet appel pour modifier leur rapport au monde, que de considérer la musique comme un vecteur d’altérité qui élude la question des différences, religieuses, sociales et culturelle.

L’adaptation musicale des Mille et une nuits proposée en guise de grand concert d’ouverture a répondu joliment à cette volonté en associant, sur le modèle de Maurice Ravel, poèmes, voix et orchestre. L’orchestre national de Montpellier dirigé par Michael Schonwandt et leurs deux invités, la mezzo soprano Karine Deshayes, et l’acteur et comédien Lambert Wilson, ont interprété des extraits de la Shéhérazade de Maurice Ravel de celle de Rimski-Korsakov et d’Aladin composé par Carl Nielsen pour la pièce d’Adam Oehlenscläger.

L’ensemble s’affirme avec cohérence et respiration en résonance avec l’esprit d’ouverture du festival. Il  éveille aussi la curiosité et capte l’attention comme  le mouvement de Nielsen La place du marché où l’Orchestre se sépare pour occuper différents espaces de la salle et rendre compte de l’ambiance populaire du marché.

L’idée des Mille et une nuits était heureuse, elle s’est révélée captivante. Shéhérazade a encore de beaux jours devant elle, si elle occupe nos soirées de la sorte.

JMDH

Source : La Marseillaise 14/07/2016

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Festival, rubrique Musique, rubrique Montpellier,