Rencontre Patrick Laupin, une soirée dédiée à Jean Joubert.
Le contexte était grave et solidaire pour cette rencontre en rangs serrés début décembre à la Maison de la poésie de Montpellier. Un de ses pères, Jean Joubert venait humblement de tirer sa révérence. En ce moment, comme l’a souligné la directrice Annie Estève en maintenant cette rencontre de poésie vivante, le poète Patrick Laupin avait toute sa place.
Lui, et ses multiples tentatives de restitution des lieux de la mémoire et de leurs effets vécus en corps, était venu là pour donner lecture de poèmes extraits de son nouveau recueil Le dernier Avenir*.
Il était aussi là, pour être avec les autres. C’est-à-dire avec nous. Patrick Laupin est l’un des poètes dont la Maison de la poésie suit le parcours depuis de nombreuses années. Elle n’est pas la seule. La Société des Gens de Lettres lui a décerné le Grand prix SGDL de poésie pour l’ensemble de son œuvre en 2013.
Ses derniers poèmes sont admirables pour leur force d’éveil, simples, en gardant une haute tonalité de langue. On entend de la musique, le rythme d’une respiration, le flux d’un monologue intérieur. « Quand l’écriture arrive, je tente de la suivre en laissant parler l’enfant pour la première fois », dit Laupin.
« L’essentiel n’arrête pas de se perdre Mais rien de ce qui est vrai ne peut jamais disparaître. »
« Mémoire du merveilleux » une installation évolutive par définition. Photo dr
Exposition. Jean-Luc Parant, un artiste archéologue de l’infini à découvrir au musée Paul-Valéry à Sète jusqu’au 28 février.
« On ne devrait prendre la parole que pour dire ce que personne n’a jamais dit, et on ne devrait ouvrir les yeux que pour voir ce que personne n’a jamais vu, afin de pouvoir garder intact l’espace où tout s’entend et où tout se voit, garder intactes la parole et la vue qui ne laisse aucune trace. » Ainsi s’exprime Jean-Luc Parant premier artiste invité du nouveau cycle, Une oeuvre une exposition, proposé par le musée Paul-Valéry à Sète. Il présente son installation monumentale et évolutive Mémoire du merveilleux exposée en 2012 par la galerie parisienne de Pierre-Alain-Challier et qui circule depuis.
Dans le hall du musée sétois, un amas de boules en cire à cacheter et filasse se répand sur le sol comme un glissement de terrain. Des animaux mammifères, poissons, reptiles et coquillages sont enchâssés dans les boules, certains comme les crocodiles, et les oiseaux semblent pouvoir se dégager. « On ne peut pas mettre un oiseau dans une boule », précise l’artiste comme si le reste de sa proposition découlait de l’évidence même. Il y a aussi un éléphanteau aussi intrigué qu’intriguant, libre de ses mouvements dans cette vision vertigineuse du monde. En se rapprochant on discerne une multitude de trous dans les boules qui sont comptés et chiffrés en romain. A partir de ces traces débusquées, on remonte le temps du langage. La somme des trous correspond au nombre de mots du texte écrit par le poète pour chaque boule.
Assemblage de signifiants
D’apparence, Jean-Luc Parant est un homme simple, un poète qui comme tout poète s’interroge sur son humaine condition. « J’écris des textes sur les yeux pour pouvoir entrer dans mes yeux et aller là où mon corps, ne va pas, où je ne suis jamais allé avec lui, où je ne me rappelle pas avoir été touchable. Pour aller là sur la page, dans ma tête, dans l’espace. » Jean-Luc Parant est aussi un plasticien qui fait des boules. « Je fais des boules pour pouvoir entrer dans mes mains et aller là où mes yeux ne vont pas, où je ne suis jamais allé avec eux, où je ne me rappelle pas avoir été visible. Pour aller là dans la matière, dans mon corps sur la terre (…) Dans l’idéal j’aurais aimé que tout soit noir. Je suis un impressionniste de la nuit. »
Le champ d’investigation de Jean-Luc Parant se constitue partiellement de son histoire personnelle. Il a logé dans les boules des choses invisibles comme des vêtements de sa femme et de ses enfants. Il est cependant perceptible que ce morceau d’histoire exposé à la vue du visiteur dépasse la dimension personnelle. Comme une invocation sortie du néant, il rejoint intuitivement les abîmes de la grande nuit. Aire transitionnelle assurant le passage entre représentation de choses et représentation de mots.
JMDH
Au Musée Paul-Valéry de Sète, jusqu’au 28 février.
Une association a perdu jeudi 10 décembre son procès contre le directeur du théâtre du Rond-Point. Jean-Michel Ribes était poursuivi pour provocation à la haine envers les chrétiens pour avoir fait jouer en 2011 la pièce Golgota picnic, du dramaturge argentin Rodrigo Garcia.
Tout comme l’éditrice du texte Solitaires Intempestifs, Jean-Michel Ribes a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
L’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif) reprochait à la pièce de présenter l’iconographie chrétienne comme une image de la terreur et de la barbarie, qui serait le support pour apprendre aux enfants à faire le mal.
« Dimension humoristique »
Si certains propos « ont pu et peuvent (..) paraître provocants pour certains lecteurs », « ils ne sauraient pour autant être considérés comme incitant au rejet ou à la haine des chrétiens », ont estimé les juges de la chambre de la presse.
Rodrigo Garcia est « connu pour son irrévérence, son goût de la provocation », relèvent-ils, et « la plupart des propos poursuivis » ont « à l’évidence une dimension humoristique ou satirique interdisant de les prendre au pied de la lettre », et ne peuvent « de ce fait induire une quelconque animosité ou sentiment de rejet à l’égard de ceux qui vénèrent le Christ ».
De surcroît, « il n’est nullement exclu que pour l’auteur, les chrétiens, loin d’apparaître comme une cible, doivent bien davantage être considérés comme les dupes ou les victimes » du Christ tel qu’il est dépeint par le dramaturge.
Lors de ses représentations en France (à Toulouse en novembre 2011 et Paris en décembre 2011), la pièce a opposé les catholiques traditionalistes, qui la jugent blasphématoire et « christianophobe », aux défenseurs de la liberté de création.
Source : Le Monde.fr avec AFP | 10.12.2015
NB Les éditions Solitaires Intempestifs vous propose l’intégralité du jugement et de commander le livre pour l’offrir (attention à offrir à une personne qui a de l’humour comme le précise le jugement de la 17ieme chambre correctionnelle) c’est ici
A l’école on apprend qu’Hitler et l’Allemagne sont responsables de laSeconde guerre mondiale. Mais des auteurs et chercheurs variés exposent l’arrière fond des évènements de l’accession au pouvoir d’Hitler.
Hitler a été financé par Wall Street dès le départ. L’historien Antony Sutton a étudié et parfaitement documenté les transferts d’argent des banques américaines vers des banques tampons dans son livre « Wall Street et la montée en puissance d’Hitler
Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir
par William F. Wertz, Jr.
La guerre économique et financière menée aujourd’hui par l’oligarchie peut se réclamer essentiellement de trois antécédents historiques : 1) l’empire vénitien au cours de la période précédant la guerre de Cent ans et l’âge des ténèbres du XIVème siècle ; 2) l’empire établi, sur le modèle vénitien, par la Compagnie des Indes orientales suite au traité de Paris qui mit fin à la guerre de Sept ans en 1763 ; et 3) les cartels anglo-américano-allemands mis en place dans les années 20. C’est ce dernier aspect que nous allons examiner ici, car il est l’incarnation la plus récente du danger que représente actuellement une oligarchie financière déterminée à dominer le monde sous couvert de « globalisation ».
Il s’agit ici de montrer que le système financier oligarchique d’après-guerre, décrit en partie par John Perkins dans son livre Confessions d’un tueur à gages économique [1], représente la continuation des accords de cartellisation des années 20, qui menèrent à la Deuxième Guerre mondiale. Ces accords, que le président Franklin Roosevelt comptait démanteler après la guerre, constituent en quelque sorte un précurseur de la globalisation actuelle. (Source)
Le Salaire de la destruction
Formation et ruine de l’économie nazie de Adam Tooze
Certains livres sont appelés à demeurer sans équivalent, dépassant tout ce que l’on a pu lire sur un sujet. Le Salaire de la destruction, une histoire économique du IIIe Reich, est l’un d’eux, tant pour le nombre d’idées reçues qu’il balaye que pour les conclusions inédites et l’approche globale qu’il propose.
La catastrophe de 1939-1945 est-elle née de la puissance implacable de l’Allemagne nazie ou bien a-t-elle été précipitée par ses faiblesses économiques? Captivant, unanimement reconnu, fruit des recherches d’un historien au sommet de son art, cet ouvrage capital donne un poids nouveau et central à l’économie dans la politique de conquête mondiale élaborée par Hitler. (Source & achat)
Cet ouvrage a été couronné par de nombreux prix : Economist Book of the Year, (catégorie « Histoire ») en 2006, Wolfson History Prize en 2006, Longmann-History Today Book of the Year Prize en 2007.
Revue de Presse :
Ce livre démontre avec brio la capacité de l’histoire économique à expliquer les événements historiques. –The Time
Cet ouvrage n’est ni plus ni moins qu’un chef-d’oeuvre, qui se lit avec enthousiasme de la première à la dernière page. –Sunday Telegraph
C’est le livre le plus passionnant qu’on puisse lire sur l’histoire économique (…) Tout simplement captivant. Il fera date dans le champ des études consacrées au Troisième Reich. –BBC History
Création. Jacques Allaire s’inspire du roman de J. Rudefoucaud Le dernier contingent.
Le Dernier Contingent, un roman d’aujourd’hui empreint de vie, la vraie, s’incarne corporellement pour devenir théâtre sous la main inspirée de Jacques Allaire qui le redessine : « Je détruis tout et reconstruit avec les morceaux en miettes. » Des cendres floconneuses du Phénix, le récit de Julien Rudefoucauld renaît sur le plateau, par les corps qui disent l’intérieur des choses. Les corps de ces jeunes comédiens dont on partage la fabuleuse expérience artistique d’un processus harassant qui laisse la narration et la psychologie au vestiaire du XXe siècle.
Ce qui est recherché et demande beaucoup de travail – moins peut-être pour des acteurs qui sortent tout juste des écoles – c’est l’évidence de l’émotion, la croissance des sensations qui surgissent dans le découpage de la pièce comme un geste politique.
La traversée d’un monde qui bascule au point de dévorer ses propres enfants que décrit Julien Rudefoucauld au moyen du roman s’active sous nos yeux. On plonge en eau profonde dans un spectacle parlant et silencieux qui débute par un morceau de pop musique interprété par un musicien perché sur une grande cage compartimentée. La douceur d’un monde ouvert aux possibles côtoie l’autre réalité qui s’impose impitoyablement.
En-dessous, dans la cage, sont parqués six adolescents qui font tache dans le paysage organisé de la civilisation de l’offre et de la demande. Le récit de leur vie s’enchaîne se chevauchant comme les recueils de nouvelles de Carver. Des parcours simples, touchants, qui diffèrent mais sont tous contraints à l’obéissance sans pouvoir concevoir leur désir. L’angoisse subit des adultes et l’absence d’amour apparaissent comme une impossibilité à produire le monde de demain.
Le spectacle stimule l’intelligence. Dans la démarche de Jacques Allaire, l’émotion brute se met au service d’une esthétique qui entre en résistance, s’édifie, face à l’uniformisation dans une société où le néolibéralisme écrit nos vies et les contrôles. Loin du cynisme de la violence surexposée la présence puissante sincère et dramatique des acteurs sort le spectateur de son apathie.