Festival de poésie les 17e Voix de la Méditerranée du 16 au 20 juillet.
La 17e édition des Voix de la Méditerranée devrait se tenir du 16 au 20 juillet à Lodève si le mouvement social des intermittents et précaires trouve une issue d’ici là. Depuis 17 ans, le festival favorise les échanges entre les riches composantes de la population lodèvoise et au-delà entre les artistes méditerranéens. L’événement culturel permet également la valorisation des sites patrimoniaux de la petite cité. Une cinquantaine de poètes venus de vingt-quatre pays du bassin méditerranéen investiront une trentaine de lieux dans l’ensemble de la ville.
La poésie reste au coeur de la programmation tout en faisant bon ménage avec les performances, les concerts et le spectacle vivant (théâtre, danse, cirque…). Le cinéaste photographe et poète iranien Abbas Kiarostami sera le grand invité de cette édition qui se propose de mettre en lumière ses textes poétiques méconnus. Autour de lui, d’autres grands poètes composent les couleurs de l’immense palette poétique méditerranéenne : Miloud Hakim (Algérie), Cèlia Sanchez-Mustich (Espagne/Catalogne), Hervé Brunaux, Anne-James Chaton, Guillaume Decourt, Dominique Sampiero, Chantal Dupuy-Dunier (France), Marwan Makhould (Palestine), Hazem Alazmah (Syrie), Ana Marques Gastao (Portugal) et bien d’autres encore se relaieront pour des lectures dans la langue d’origine suivies de la traduction française par des comédiens.
Avec le temps, le festival a permis d’abolir l’idée reçue que la poésie serait une discipline élitiste. C’est une vraie fête populaire à laquelle nous convie la communauté de commune Lodévois Larzac. Les Voix de la Méditerranée peuvent se vivre de multiples manières : pour une soirée ou pour trois ou quatre jours complets, que l’on soit féru de poésie ou pas, seul ou à plusieurs… L’offre est incessante de 10 heures à 1 heure du matin. Parmi les concerts du soir (seules manifestations payantes) on pourra voir : Jean Louis Murat, Rabih Abou-Khalil, Nourredine Khourchid et les Derviches tourneurs de Damas…
JMDH
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Suite au coup d’État militaire en Thaïlande, le 22 mai dernier, la junte au pouvoir menace de sévir contre toutes formes de rassemblements politiques de plus de 5 personnes, même pacifiques. Des centres commerciaux ferment leurs portes ou réduisent leurs horaires d’ouverture, les autorités bloquent la circulation dans certaines avenues, la censure est de rigueur en attendant que soient organisées des élections. Une transition qui pourrait prendre une année encore selon le chef de l’armée. Dans ce climat, le roman dystopique 1984 de George Orwell serait devenu un symbole de protestation dans le pays et la lecture en public un acte de résistance.
Selon l’Associated Press, samedi dernier, un groupe de manifestants s’est assis sur une passerelle surélevée de Bangkok afin d’y lire des livres en guise de protestation face à la prise de contrôle du gouvernement thaïlandais par l’armée du général Prayuth Chan-ocha.
Pour ce faire, ils se sont armés du célèbre livre d’Orwell mais aussi d’autres titres comme Unarmed Insurrection, The Politics of Despotic Paternalism, ou encore The Power of Non-Violent Means. En somme, tout un lot de lectures qui n’incitent pas à marcher au pas sur fond de fanfare militaire.
La campagne de répression actuellement menée par les putschistes vise à faire taire toutes dissidences pour rétablir l’ordre à sa façon. Les citoyens qui risquent de faire des esclandres sont mis en garde de même que les médias locaux sont tenus par la censure. 14 réseaux de télévision et près de 3000 stations de radio communautaires sans autorisation sont sous le coup d’un blocus.
Des chaînes indépendantes comme CNN et la BBC ainsi que des pages web ont également été bloquées, parmi lesquelles la page thaïlandaise de Human Rights Watch. Journalistes et universitaires sont dans le collimateur.
L’un des militants de la lecture publique, resté anonyme, a expliqué la démarche à l’AP : « Les gens sont en colère à propos de ce coup d’État, mais ils ne peuvent pas l’exprimer… Nous étions à la recherche d’un moyen alternatif de résistance, d’une manière qui n’est pas conflictuelle. Et l’un de ces moyens est la lecture. »
Certains libraires de la ville seraient moins téméraires et auraient d’ores et déjà retiré des ouvrages sulfureux de leurs tables. Pour un autre lecteur d’Orwell : « Nous avons Big Brother nous regarde désormais. Il est devenu trop risqué de parler. C’est triste . Mais il est plus sûr de garder le silence en Thaïlande en ce moment. »
D’autres Thaïlandais ont adopté le geste de salut tiré d’Hunger Games, une main levée en l’air, index, majeur et annuaire dressés, pouce et auriculaire baissés. Dans la trilogie de Suzanne Collins, le mouvement signifie Merci, Respect et Au Revoir, mais plus largement un geste de résistance aux pouvoirs répressifs, rapporte l’Associated Press.
Ce qui s’avère particulièrement adapté à la situation, mais également risqué : les autorités ont rapidement saisi le message et n’hésitent plus, désormais, à interpeler les individus qui refusent de baisser leur bras. « Si un seul individu lève ses trois doigts en l’air, nous n’allons pas l’arrêter », explique le Colonel Weerachon Sukhondhapatipak, porte-parole de la junte, « mais s’il s’agit d’un rassemblement de cinq personnes ou plus, nous devrons prendre des mesures ».
Washington, par l’intermédiaire du Secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, a appelé la junte militaire thaïlandaise à relâcher les prisonniers politiques actuellement détenus, et à organiser des élections au plus vite. « Nous demandons instamment aux forces armées royales thaïlandaises de libérer les personnes détenues, de mettre fin aux restrictions de la libre expression et de restaurer immédiatement le pouvoir du peuple thaïlandais grâce à des élections libres et justes. »
Fred Vargas. La reine du polar français assiste ce soir à la soirée hommage à Michel Gueorguieff organisée par Soleil noir, l’Herault du Jour et Cœur de Livres ce soir à 21h au Centre Rabelais..
On vous voit rarement dans les salons ou manifestations consacrés aux livres…
C’est vrai, et cela ne veut pas dire que je les snobe ! Mais ces manifestations me mettent trop « en visibilité » et je suis quelqu’un de discret.
Dans le cadre de l’hommage rendu à Michel Gueorguieff vous venez pour la 1ère fois à la Comédie du livre, à quoi tient votre motivation ?
Mais c’est tout simple : à Michel Gueorguieff ! Et au désir d’expliquer encore le « cas Battisti », que Michel a tant défendu. Mon attachement pour lui se compose d’admiration, respect, tendresse, compréhension tacite… c’est bien difficile à expliciter !
Outre le goût pour la littérature, vous partagiez celui de l’authentique et de l’implication…
Oui et oui, aux deux termes. Michel était toujours lui-même, sans faux semblant ni rôle, si bien que vous étiez assuré de pouvoir prendre pour argent comptant ce qu’il vous disait. Et il était toujours au front, de manière tenace. Il n’était pas dans d’éphémères batailles. Pour Battisti par exemple, alors que l’oubli s’installait fatalement avec les années, Michel n’était pas homme à accepter l’insouciance que génèrent le temps et l’éloignement. Il demeurait intensément présent et attentif.
A quoi tient votre engagement total pour Cesare Battisti ?
Pour le dire vite, parce que la machine judiciaire italienne a sciemment condamné cet homme en son absence, sans une preuve ni un témoin. Et que les justices française, européenne et brésilienne ont emboîté le pas et fermé les yeux pour des motifs strictement politiques. Face à de tels mensonges, c’est un devoir d’élever la voix, tout au moins si l’on rêve encore d’une « vraie justice ».
Vous venez de préfacer le livre « Cesare Battisti Les coulisses obscures » qui trouve très peu d’échos en France…
En effet. Seuls Le Point et l’Humanité ont publié un article. Le silence autour de ce livre est assourdissant et anormal. Ce qui invite évidemment à s’interroger : pour quelles raisons ce texte doit-il absolument rester caché ? Pour quelles raisons le public ne doit-il pas savoir ?
Le livre apporte-t-il des éléments nouveaux ?
Beaucoup. J’en citerai un, majeur : y sont reproduits les faux mandats fabriqués par la cour italienne pour pouvoir condamner Battisti. Faux mandats sciemment déclarés comme « authentiques » par les cours française, européenne et brésilienne ! Je les ai découverts en 2005, et en neuf ans d’efforts, je n’ai jamais pu les faire publier dans un journal ! Cette fois-ci, ils sont enfin à la disposition de tous. Ce qui explique le silence autour du livre : il est bien gênant en effet de faire savoir que la Cour d’appel de Paris et la Cour européenne des Droits de l’homme se sont appuyées sur des faux – qu’elles savaient faux – pour pouvoir extrader Battisti ! Ca « fait désordre », comme on dit…
Qu’elle est la situation de Battisti aujourd’hui ?
Précaire, alors que chacun croit l’affaire terminée. C’est loin d’être le cas. Il ne doit en effet sa liberté qu’à une décision présidentielle, celle de Lula, et non une décision de justice. D’autre part, sa situation de « résident » au Brésil, et non de réfugié, ne lui permet de voyager que dans les pays limitrophes du Brésil. Il ne pourrait poser un pied en France sans être aussitôt extradé vers l’Italie, en prison à vie.
Trouvez-vous de la disponibilité pour écrire ?
C’est vrai que cet engagement a pris beaucoup de temps, tant pour effectuer les recherches que pour voyager au Brésil. Mais j’ai publié quatre livres durant cette période. Le prochain roman est presque achevé.
Recueilli pas Jean-Marie Dinh
A l’issue de la soirée Fred Vargas dédicacera ce soir C Rabelais. DM
Un procès politique
« Un livre total qui expose enfin la masse des vérités enfouies sur cette terrible affaire », soutient Fred Vargas dans la préface. Le livre restitue notamment le contexte politique italien des années de plomb concentré sur les années 1970 marquées par la violence de l’activisme politique. Pour saisir l’affaire Battisti il est primordial de l’inscrire dans le contexte des années de Plomb en Italie. Cette période qui couvre les année 70 prolonge le mai 68 italien qui s’étire sur deux ans, entre 1967 et 1969. L’amplitude de ces protestations, s’explique par la conjonction entre la révolte étudiante et la révolte ouvrière. La dernière est constituée par la radicalisation de certains groupes d’extrême gauche qui, dans une situation extrêmement tendue, s’orientent vers la lutte armée clandestine. Dans la première partie du livre, Carlo A Lungarzo revient utilement sur le climat de guerre froide et le terrorisme d’Etat. L’Italie d’après-guerre n’a pas liquidé son héritage mussolinien. Malgré leurs différences, l’Etat, l’Eglise, les fascistes et le parti communiste italiens étaient unis contre le mouvement social étudiant et ouvrier. Les Etats-Unis œuvrent en sous-main via les stay-behind armies, réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN. Le plus célébre d’entre eux, le Gladio, mis en place sous l’égide de la CIA et du MI6, est financé par des hommes d’affaires et industriels italiens, soutenu par le Vatican, la magistrature et l’Etat. Avec l’aide de la loge clandestine P2, dirigée par Licio Gelli dont Silvio Berlusconi a été membre. Les années de Plomb débutent en 1969 par un attentat à la bombe qui tue 16 personnes et en blesse 88 à la Piazza Fontana, à Milan. Un acte terroriste commis par des activistes néofascistes, qui frappent la foule à l’aveugle puis diffusent de faux tracts au nom de l’ultragauche autonome. On compte plus de 600 attentats qui font prés de 400 morts et des centaines de blessés. Quatre sur cinq sont le fait d’organisations clandestines d’extrême droite. Alors que la terreur fasciste reste impunie, l’Etat italien promulgue des « lois spéciales », réactivant notamment des lois mussoliniennes, pour arrêter et juger les militants de gauche.
Livre Carlos A. Lungarzo « Cesare Battisti Les Coulisses obscures » éditions Viviane Hamy
Pour le polar scandinave, la fille qui arriva avec son allumette a pour nom Maj Sjöwall tandis que Per Walhöô se chargeait du bidon de pétrole. Le couple utilise plutôt le roman procédurier et policier, mais dès 1965 il en fait une arme politique. Le roman d’un crime dessine une virulente critique de la société suédoise mettant en scène la Brigade criminelle autour du commissaire Martin Beck. Avec cette série de dix épisodes, Sjöwall et Walhöô se livrent selon Jean-Bernard Pouy : à une analyse minutieuse et une attaque en règle de ce qu’on appelait alors le paradis suédois ; avec comme sous thèse, une explication des mécanismes criminels, essentiellement dus aux pouvoirs corrupteurs de l’argent et du libèralisme capitaliste. » Per Walhöô définissait le travail de son épouse et de lui-même comme « un scalpel ouvrant le ventre d’une idéologie appauvrie et exposant la morale discutable du pseudo bien-être bourgeois ».
Le constat implacable qu’ils ont fait de cette société suédoise déliquescente a finit par trouver un écho éclatant à la fin de la décennie 1980, lorsque le fameux modèle social commença à voler en éclats sous les coups de boutoir du libéralisme économique. Nesbö, Mankell, Stieg Larsson sont les grands exportateurs du polar scandinave.
Depuis la mort de Per Walhöô en 1975, Maj Sjöwall continue d’écrire, en duo avec Tomas Ross.
Rencontre. Les éditions Métailié fêtent leur 35 ans, à la Comédie du livre. La maison d’édition sera accueillie sur le stand de la librairie Le Grain des Mots.
Cette année, les éditions Métailié célébreront leur 35 années lors de la 29e Comédie du Livre. En présence de leur fondatrice Anne-Marie Métailié, de nombreux écrivains seront présents afin de représenter toute la diversité d’un catalogue de littératures étrangères exigeant et prestigieux.
Vous fondez la maison en 1979 avec un capital pour faire trois livres. Quelle était votre idée directrice à l’époque ?
Je voulais publier avant tout, cette idée me tenait à cœur, et plus particulièrement dans le domaine des sciences-humaines. Diplômée de science po, je n’avais pas de formation spécifique. C’était le début de la perte de vitesse dans ce secteur. Pour moi les sciences-humaines correspondaient à ce que nous vivions. Mais tout cela s’effondrait, et les livres ne se vendaient pas…
Qu’avez vous fait ?
Au bout de trois ans, j’ai renoncé et réorienté l’optique sur la littérature que j’aimais en commençant par publier des inconnus brésiliens comme Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et Portugais, comme Antonio Lobo Antunes, José Saramago…
Comment avez-vous rencontré Antunes ?
C’est assez drôle. En 1983, je me trouvais un verre à la main au salon du livre de Frankfort, soudain un garçon que je connaissais pas trébuche et tombe dans mes bras. C’était Antonio. C’est ainsi que nous avons fait connaissance. Quelques temps plus tard, je publiais Le Cul de Judas. Nous faisions tous les efforts pour que nos auteurs se sentent bien, nous n’avions pas de moyens, on offrait notre travail.
Comment décririez-vous vos relations avec les auteurs ?
Ce qui est important dans une maison d’édition ce sont les auteurs. J’y consacre l’essentiel de mon temps. J’aime découvrir. Je suis très curieuse, notre catalogue se compose de plus de 80% d’auteurs inconnus. Les livres arrivent de façon étrange. Les livres vous cherchent. Après c’est à nous à les faire arriver dans les mains des lecteurs.
Vous n’avez pas de comité de lecture ?
Non je lis tout, généralement dans la langue. Je choisis de façon dictatoriale et j’ai le goût du risque. Un ami m’a dit un jour : écoutez, vous n’en avez peut-être pas conscience mais vous êtes une joueuse. Lorsqu’on se trouve à une table de roulette, on ne choisit pas ses numéros à six ou sept. C’est comme ça, j’ai choisi de donner mon nom à la maison, et je joue comme je l’entends.
C’est ainsi que vous avez signé Luis Sepulveda ?
Oui il était totalement inconnu, je me souviens nous venions de changer de distributeur en passant au Seuil. Avec Le Vieux qui lisait des romans d’amour nous avons vendu 85 000 livres en six mois, et depuis plus de deux millions en France, ça vous rend crédible. J’ai pu payer mes dettes… Avec Luis on est comme un vieux mariage. On s’aime, on partage tous deux le sens de l’amitié et de la loyauté mais avant toute chose l’amour de l’écriture.
Quel regard portez-vous sur cette édition de La Comédie du livre ?
Je suis très heureuse de venir souffler nos trente cinq bougies à Montpellier. Avec beaucoup de nos auteurs. Il y a des représentants illustres des littératures nordiques comme Bragi, Thorarinsson, Indridason, Olivier Truc mais aussi des écrivains venus quatre coins du monde avec Giancarlo de Catalo, Jenni Fagan, Santiago Gamboa, Lidia Jorge, Rosa Montero, Luis Sepulveda. Je suis ravie.