Au Printival le Garage électrique organise un débat sur le thème de la culture de proximité

Les échanges remettent la culture au centre du débat public

Table ronde et réflexions organisées dans le cadre du festival Printival,  explorent la question des dynamiques culturelles de territoires avec le soutien du Garage électrique et de Réseau en scène

Le festival Printival qui s’est clôturé le 23 avril à Pézenas offre une large place à la dimension professionnelle. Il s’agit de favoriser la rencontre entre artistes, programmateurs et producteurs mais aussi de mener des actions,  de rechercher des solutions pour l’avenir, comme de construire de nouveaux  modèles face à la situation inédite liée à la baisse des budgets et aux effets de la réforme territoriale.

Depuis  quatre ans le Printival invite le Garage Electrique à organiser des interventions sur des problématiques liées au domaine musical. Cette structure d’ingénierie culturelle créée il y a douze ans, a vu sa mission évoluer. Elle est passée de l’accompagnement de projets artistiques à une fonction qui favorise la mise en réseau et soutient les acteurs porteurs de projets culturels.

Nouveau modèle

«Le Garage électrique assure aujourd’hui la mission de centre ressources des musiques actuelles en Languedoc-roussillon, explique l’un de ses deux fondateurs Mathieu Lambert, La profession de manager a muté. Ce ne sont plus les maisons de disques qui structurent le chiffre d’affaires. La fonction de développeur d’artiste intègre aujourd’hui un ensemble comprenant les concerts, la production de disques, de livres, le merchandising  et la gestion des droits… Cette mutation comporte une dimension artisanale affirmée en rapport avec l’économie sociale. Elle se caractérise par un ancrage territorial assez fort

Une culture agissante

C’est notamment sur ce constat que s’est fondée la rencontre sur le thème Développer les projets culturels de territoire : pour une culture de proximité ? A travers l’expérience des différents invités, en lien avec la chanson et la musique, s’affirme l’idée que « les projets culturels de territoire créent les conditions propices à (re)tisser des liens de proximité pour une culture ouverte à tous.»

Dans le théâtre de Pézenas où se tient la rencontre, artistes et acteurs culturels prêtent une oreille attentive aux échanges qui remettent la culture au centre du débat public.

« Nous ne considérons jamais le mot professionnel au sens statutaire, précise Mathieu Lambert,  pour nous, quelqu’un qui se pose des questions professionnelles est un professionnel.» La nouvelle géographie administrative et la nouvelle répartition de compétence sont-elles une opportunité pour repenser le maillage culturel ? Il semble encore un peu tôt pour répondre.

A la table des invités, un conseillé de la Drac  Languedoc-Roussillon évoque la problématique  des  treize départements que compte la nouvelle région LRMP en terme d’équité territoriale.

«Nous sommes en pleine réorganisation de nos services. Auparavant j’exerçais ma mission dans un champ artistique de compétence sur cinq départements. Aujourd’hui je suis affecté à deux départements sur l’ensemble de l’action culturelle. Ce n’est pas mieux ou moins bien, c’est différent

« Ce qui ne change pas, souligne P-M Robineau de la Cité de la chanson du Mans, c’est qu’on impose toujours aux acteurs culturels d’adapter leur projet à une logique de guichet

Face aux changements les acteurs culturels se repositionnent et repensent leurs actions sur les territoires. «Je pense que nous avons une vraie responsabilité politique qui passe notamment par la construction de contre-pouvoir, souligne Mathieu Lambert, le risque c’est de se retrouver inféodés aux faits du prince.

JMDH

 

Source : La Marseillaise le 23/04/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Politique culturelle, Festival, rubrique Musique,

Printival la part belle à la chanson francophone et aux découvertes

Sages comme des sauvages

Pour sa 17e édition, Printival met à l’honneur la chanson francophone dans toute sa diversité jusqu’au 23 avril à Pézenas

Une passion comme héritage, celle de la chanson francophone, est à l’origine du Printival qui a vu le jour en l’an 2000 à Pézenas sous la houlette du fils de Boby Lapointe. L’idée d’un festival mêlant humour et chanson trouve tout de suite des adeptes.

Elle a fait son chemin depuis en concernant un public fidèle et varié. Durant les années 2007/2008 le festival passe sous chapiteau en tentant de faire croître la fréquentation mais les résultats ne sont pas à la hauteur de l’ambition et l’expérience se solde par une période de disette.

En 2010, Dany Lapointe, la petite fille de Boby, reprend le flambeau. Elle dispose d’une connaissance intime de la structure (gérée par l’association La maman des poissons). Au-delà de l’histoire familiale, elle y a déjà exercé tous les postes en tant que bénévole. Devant ses nouvelles responsabilités, Dany arrive avec des idées nouvelles et un objectif prioritaire : « Ancrer le festival dans le territoire. »

Le bureau de l’association niché dans le coeur historique de cette charmante cité de 8 000 habitants est un appartement réaménagé où se croisent les bénévoles.

Dany Lapointe Directrice du Printival. Photos JMDI

Dany Lapointe Directrice du Printival. Photos JMDI

L’Ancrage local

« Nous travaillons en direction des lycées. C’est une façon de faire connaître la richesse de la chanson aux jeunes qui y sont peu sensibilisés et de construire le public de demain explique Dany entre deux coups de fil et une table ronde. Au lycée Jean-Moulin, avec le concours de l’Académie Charles Cros, nous avons lancé un atelier où les lycéens écrivent des chansons. Nous avons des projets en cours avec l’école de musique de Pézenas et le Conservatoire de Béziers.» Cette dimension liée à l’action culturelle consolide la vocation d’opérateur local. A partir du festival dont la majorité du public est local l’association a développé des actions tout au long de l’année.

«Durant le festival nous mettons l’accent sur les rencontres professionnelles qui permettent de favoriser les relations entre les artistes et les programmateurs ou les producteurs. Après le festival nous organisons des spectacles dans les domaines viticoles avoisinants et des concerts en appartement qui réunissent entre 40 et 50 personnes.Tout le monde amène à manger et à boire et on partage le repas sur place avec les artistes à l’issue de leur spectacle. Cela génère des rapprochements. C’est aussi une autre manière d’aborder le spectacle », indique la directrice.

La maman des poissons s’implique également dans l’activité de production de concerts comme ceux de Bancal Chéri réunissant Nicolas Jules, Imbert Imbert, Dimoné, Roland Bourbon. Des production d’album sont également à l’actif de l’association. Le prochain sera celui de la circassienne et chanteuse Barbara Weldens.

50% d’artistes de la région

Cette 17e édition reste sur l’axe de la découverte de nouveaux talents notamment locaux. Près de 50% des artistes programmés sont issus de la grande région. Ce qui n’empêche nullement le festival de tisser des réseaux internationaux avec des festivals belges, suisses ou québécois. « Nous appréhendons la chanson francophone au sens large. Cela touche le monde du rock, du rap jusqu’aux musiques du monde. Il faut souligner la vitalité de la création dans un environnement morose lié aux baisses de budgets, indique Dany Lapointe. Si la chanson francophone reste peu médiatisée on trouve dans ce secteur beaucoup d’artistes de qualité. Je dois dire que nous avons l’embarras du choix pour établir notre programmation. Et une fois que c’est bouclé, nous allons chercher le public.»

JMDH

Source La Marseillaise, 22/04/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Festival, rubrique Musique,

Une offre artistique globale

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Par Jean-Marie Dinh

Sept  festivals incontournables se succéderont au Domaine départemental d’O du 7 mai  au 27 août 2016.

Les rapports à la culture se déplacent mais l’espace départemental dédié à la culture du Domaine d’O conserve son attractivité. Le président du Conseil départemental Kléber Mesquida entouré du président de l’Epic du Domaine, Michael Delafosse, et des directeurs artistiques des festivals d’été Elysé Lopez, président des Folies d’O, Habib Dechraoui pour Arabesques, Sabine Maillard pour les Nuits d’O, Jean Varela pour le Printemps des comédiens et Isabelle Grison pour Saperlipopette, Mélanie Villenet-Hamel pour la direction du pôle artistique ainsi que Jean Pierre Rousseau pour la longue escale du Festival de Radio France ont présenté succinctement l’offre culturelle du Domaine d’O jusqu’à la fin de l’été.

Qualité diversité accessibilité


L’offre est pléthorique et la qualité se dispute avec la diversité dans un souci d’accessibilité qui a toujours guidé la politique culturelle du département de l’Hérault. « Parce qu’elle émancipe et rassemble, la culture doit être ouverte à tous plus que jamais, le Département s’engage pour le savoir, les artistes et le spectacle vivant », résume le vice-président à l’Education et à la Culture Renaud Calvat.

La fête commencera les 7 et 8 mai avec Saperlipopette, festival dédié aux plaisirs des enfants et des parents qui répond cette année à la thématique « Il était une fois… Aujourd’hui ». Occasion d’aborder la dimension contemporaine des textes et des spectacles destinés au jeune public, souligne Isabelle Grison. Après le week-end d’ouverture à Montpellier le festival rayonnera dans pas moins de 18 communes du département jusqu’au 29 mai.

Du 11 au 22 mai le festival Arabesques, grand rendez-vous des arts du monde arabe, prendra le relais. Pour sa 11e édition, sans se départir de ses épices festives et éclectiques, l’expression artistique donnera de l’air à la confusion politique, aux idéologies pernicieuses et aux libertés confisquées sur le thème de L’Orient Merveilleux de Damas à Grenade. Les recettes de ce festival qui concerne un public  peu présent dans la sphère culturelle habituelle, s’avéreront savoureuses en termes de partage.

30e Printemps des Comédiens

En trente ans, combien de représentations ? combien d’artistes ? combien d’éclats de rire ? combien d’orages ? d’éblouissements ? de bonheurs de théâtre ? Le second festival de théâtre français après Avignon se tiendra du 3 juin au 10 juillet au Domaine d’O avec une nouvelle programmation, signée Jean Varela, d’un équilibre exceptionnel. Le public fidèle s’y rend désormais les yeux fermés. Un signe de confiance, dans un monde qui en manque, mais Jean-Claude Carrière, qui préside le festival et garde toujours les yeux ouverts, nous invite par ce geste à affirmer que nous sommes vivants. « Cette année nous avons une raison de plus d’aller au théâtre. Car il y a quelques mois, à Paris, un théâtre a été mitraillé, acteurs et spectateurs. »

Pour sa 10e édition, Folies d’O qui propose une programmation d’opérettes et comédies musicales en plein air présentera  Orphée au Enfers les 2, 3 et 5 juillet dans l’amphithéâtre d’O. Oeuvre parodique de libération pour Offenbach mis en scène par Ted Huffman sous la direction musicale de Jérôme Pillement. Le Festival de Radio France poursuivra la fête du 11 au 26 juillet avec son volet Jazz concocté par  Pascal Rozat et un Carmina Burana dans la version pour deux pianos. Les Nuits d’O musique et cinéma  clôtureront l’été du 18 au 26 août avec six fiévreuses soirées à déguster sous les étoiles.

Transfert de compétence

La bataille politique engagée pour la gouvernance du Domaine d’O servira-t-elle la culture ?

La présentation de l’offre culturelle départementale s’inscrit dans un âpre débat sur le transfert de compétence entre le département de  l’Hérault et la Métropole de Montpellier présidée par Philippe Saurel. Celui-ci dispute la compétence culturelle au département qui tente de conserver la vitrine d’une politique culturelle ambitieuse.

Alors que la carte  des nouvelles compétences des 13 Métropoles est presque achevée, ce combat fait de la Métropole montpelliéraine un cas d’école. A l’exception de la Métropole Rouen-Normandie qui a acquis par convention la gestion de trois musées, aucune des conventions de transferts signées à ce jour ne concerne la culture. L’enjeu semble avant tout politique pour Philippe Saurel, dont l’exclusion assumée du PS et le faible score aux Régionales, le pousse à asseoir son assise sur le territoire métropolitain.

La question de ce transfert se pose aussi en termes économiques. Le budget culturel global du Conseil départemental de l’Hérault avoisine les 12M d’euros dont 3M à 4M d’euros devraient être compensés par la Métropole en cas de transfert, si celle-ci conserve la qualité de l’offre actuelle.

Une troisième réunion sur le sujet est prévue prochainement entre les représentants des deux institutions. Dans le cas où les deux parties ne parviendraient pas à un accord, un ensemble beaucoup plus vaste de compétences serait transféré de plein droit à la métropole pour un budget estimé à 31M d’euros.

Pour l’heure, ce dossier n’a pas été débattu au Conseil de la Métropole. Dans l’hypothèse d’un transfert du Domaine d’O, Philippe Saurel s’est déjà prononcé pour y installer le CDN. Ce projet qui nécessite l’avis de l’Etat, avait naguère été évoqué par le Conseil général mais aujourd’hui, d’un côté comme de l’autre, personne ne se soucie de projet artistique et les directeurs qui jouissent d’une liberté de programmation n’ont pas voix au chapitre…

 

L’évolution des festivals

Faute de pouvoir présenter la programmation artistique de chaque festival et d’en mesurer la pertinence dans les équilibres, la présentation mutualisée  a été nourrie par le regard d’ Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS en Science politique dont les travaux confrontent les politiques culturelles à l’épreuve des pratiques.

Auteur de plusieurs études sur les festivals, l’expert a évoqué le phénomène de la  festivalisation en soulignant plusieurs grandes tendances.  Ainsi à quelques exceptions près concernant une poignée de grands festivals en Europe, l’inflation des festivals consolide leur ancrage territorial. Les festivals deviennent des opérateurs culturels  et développent des actions tout au long de l’année.  50% des manifestations étudiées «?génèrent?» ainsi une activité à l’année.  70% du public des festivals est local. Sociologiquement ont assiste à une féminisation du public ainsi qu’à son vieillissement, accompagné d’une fragmentation des goûts artistiques.

Si on  compare les coûts de fonctionnement d’un théâtre ou d’une salle de concert, les festivals permettent de faire des économies  notamment grâce au recours au bénévolat. Mais ils bénéficient moins des politiques publiques en matière de pédagogie et de démocratisation artistiques.

 

Voir aussi : Actualité Locale  Rubrique Politique culturelle, Vers un Domaine d’O multipolaire, Crise : l’effet domino, rubrique Festival, Théâtre, rubrique Musique,,

Avignon 2016 #00 La pré-programmation de la 70ème édition

ob_07e197_1209500-festival-davignon-2016-une-70eProgrammer une saison culturelle ou un festival est un acte majeur puisqu’il révèle le projet artistique décidé pour le lieu. Il est difficile d’évaluer cet acte tant il souffre de compromis nécessaires entre missions, budget, tutelles, désirs et réalités. L’indice de fréquentation n’est également pas un outil satisfaisant ou du moins pas sur le court terme. Malgré tout on peut voir, à la lecture d’un programme, s’il s’agit d’un fourre tout presque hasardeux, si une thématique se dessine, si des parcours se pensent pour les spectateurs… On peut voir, en fait, si c’est un acte pris à la légère ou si programmer veut dire éduquer, accompagner, poser un ancrage pour une réflexion collective, amener quelque part où reconnaissance, savoir, désir et attente sont heureusement bouleversés et malmenés.

La programmation au festival d’Avignon remonte à 1947 où Vilar inaugure un projet, celui de proposer aux spectateurs ce dont ils n’ont pas l’habitude et d’ores-et-déjà un rendez-vous culturel exigeant en province.

La semaine d’Art joue « Richard II » de Shakespeare, texte peu joué en France, « La terrasse de midi » de Clavel, auteur alors inconnu et « L’histoire de Tobie et de Sarah » de Claudel.

Vilar aura à cœur de faire découvrir de nouvelles formes et de transmettre un goût pour la curiosité et le risque tout en proposant son théâtre qui, à l’époque, se voulait moderne en s’inscrivant dans un dépouillement et une parole donnée frontalement au public. Après sa mort, en 1971, ce sont des programmateurs seuls, et non des artistes, qui prennent le relai de cette pensée en faisant du festival d’Avignon un festival reconnu et important tout en continuant de présenter des créations inédites et des formes nouvelles.

L’acte de programmation se fait d’autant plus marquant lorsque, de 2004 à 2013, les directeurs Hortense Archambault et Vincent Baudriller mettent en place le concept de l’artiste associé à l’édition du festival. Un ou deux artistes centralisent la programmation, dessinent des parcours possibles pour les spectateurs. Les directeurs vont jusqu’à publier un petit livre gratuit de discussions avec l’artiste associé, livre qui devient guide, matière à réflexions. Chaque année devient l’occasion de connaitre plus particulièrement un artiste et de se laisser porter – ou non – par son approche du théâtre.

L’édito de 2004 incite alors à trouver son propre chemin et indique qu’il y a « parfois différentes clefs pour entrer dans [l’œuvre des artistes invités] à travers d’autres spectacles, des concerts, des lectures, des films – de leur répertoire ou d’artistes complices – des expositions, des débats et rencontres. » Tout en se faisant écho, à d’autres endroits, des causes de l’annulation du festival en 2003, l’édito annonce et promet des chemins à arpenter dans un programme qui ne laisse que peu au hasard, où chaque proposition se pense comme un petit caillou blanc qui amène ainsi à suivre une piste.

En 2014, Olivier Py devient le nouveau directeur du festival, premier artiste programmateur depuis Jean Vilar.

Il définit alors son projet par l’importance donnée à la jeunesse, l’international et la Méditerranée, l’itinérance et la décentralisation de l’intra-muros d’Avignon, la poésie et la littérature contemporaine, le numérique notamment via le label French Tech. Le concept de l’artiste associé cède devant Olivier Py, artiste présent chaque année.

L’édito de 2014 promet une édition tournée vers l’émergence mais les propositions entrent en contradiction avec cette promesse. Bien sûr, de jeunes artistes sont présents mais ils se heurtent à de nombreuses grandes figures et à la présence écrasante du directeur qui, en plus de signer sa première édition, totalise trois spectacles et deux lectures.

L’édito de 2015 annonce un programme se voulant l’écho du monde, rien de moins, et une fois de plus, le directeur totalise trois spectacles dont « Le Roi Lear » de Shakespeare dans la cour d’honneur.

La présence ainsi importante et régulière de l’artiste directeur et programmateur est également celle d’un directeur de Centre Dramatique National mais ce dernier est justement sensé instaurer un accompagnement avec une ville qui ne le connait pas et pour un temps déterminé avant de céder sa place à un autre artiste.

Olivier Py directeur programmateur du festival d’Avignon, c’est contraindre les propositions à une présence qui est loin d’être inconnue à ce festival (neuf spectacles dans le IN depuis 1995 jusqu’en 2006). S’il s’agit d’un accompagnement, il est pour le moins excessif car être à ce point présent, cela oriente le regard, cela attire comme l’artiste associé pouvait attirer l’œil, c’est une entrée possible pour le spectateur/lecteur du programme.

A partir de là, comment peut-on prétendre amener un public à un endroit autre qu’à soi-même ? Comment peut-on prétendre amener un public vers l’émergence d’artistes tout en occupant le programme avec cinq propositions ?

Comment peut-on prétendre annoncer une programmation qui se veut écho d’une actualité tout en ouvrant le festival dans la cour d’honneur ?

Comment peut-on prétendre être directeur d’un festival attentif aux formes audacieuses et nouvelles tout en totalisant huit propositions sur deux éditions ?

Ceci étant dit, qu’en est-il à la lecture de la pré-programmation de la 70ème édition (édition anniversaire) pour ce mois de juillet 2016 ?

Dix ans plus tôt, les précédents directeurs proposaient un programme avec comme point de départ l’artiste Josef Nadj et un parcours lié au rapport que l’on peut entretenir avec la tradition et le maitre, les racines et le mouvement vers un ailleurs. L’édito pose la question « comment peut-on être moderne aujourd’hui ? », le programme fait venir des maitres du théâtre européen comme Ariane Mnouchkine, Peter Brook et Anatoli Vassiliev qui côtoient alors les écritures d’Edward Bond, de Pommerat.. Un programme où les corps en transe de Platel réinventent les vêpres de Monteverdi.

L’édito de cette édition 2016 est similaire à celui de 2015 : l’on y dresse un état du monde et l’on y raconte que le théâtre, qui croit encore en l’homme, saura nous sauver en faisant montre d’émerveillement et de courage. « Oui, nous insistons, si les puissants ne croient plus en la culture, c’est qu’ils ne croient plus à la souveraineté du peuple. Voilà ce que Jean Vilar est venu dire à Avignon et qu’inlassablement nous dirons encore lors de cette 70e édition. » Rien de moins et si l’édito, par son emphase quelque peu naïve, se fait fable où Jean Vilar annonce en terre provençale que le peuple est sauvé, il n’aborde pas la programmation.

A la lecture des propositions nous pouvons noter que Krystian Lupa réitère sa venue après « Des arbres à abattre » présenté l’édition précédente et une fois de plus sur un texte de Thomas Bernhard. Le festival poursuit la présentation de certains « jeunes » artistes comme Gosselin et Truong tous deux présents en 2013 et Jolly et Layera tous deux présents en 2014.

Des figures maintenant importantes pour le festival avec les présences d’Ivo Van Hove, Angélica Liddell et Sidi Larbi Cherkaoui.

Des noms reconnus qui ne sont pourtant jamais venus à Avignon comme Bérangère Vantusso, Madeleine Louarn ou encore Marie Chouinard.

Et puis c’est une programmation qui s’attache à présenter des artistes émergents dont le travail commence au début des années 2000 pour certains et au début des années 2010 pour d’autres.

Et nous pouvons observer la présence (en retrait) du directeur qui part en itinérance avec son seul spectacle « Prométhée enchaîné Eschyle, pièces de guerre ».

Finalement ce sont des artistes d’un peu partout en France, Athènes, Madrid, Damas, Bruxelles, Vienne, New York, Stockholm, Beyrouth, Montréal, Vilnius, Santiago du Chili, Moscou, Téhéran… qui composent cette programmation.

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Il est dommage que, par son édito, Olivier Py n’annonce aucun geste de programmation particulier si ce n’est un théâtre fait d’émerveillement et de courage car les propositions sont intéressantes et le retrait du directeur les rendent lisibles, il y a peu de figures habituelles et une majorité de jeunes artistes et le retour de Lupa en travail sur Bernhard insiste avec élégance.

Alexis Magenham

 

Source : Blog Saturne 30/03/2016

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Rendez-vous du cinéma mondial en Cévennes


La 34e édition du Festival Cinéma d’Alès Itinérances débute ce soir. Dans la cité minière aux pieds des Cévennes, les cinéphiles et amateurs du ciné mondial se préparent à un périple richement épicé de dix jours

Le Délégué général Antoine Leclerc  « Nous avons élargi les horizons avec gourmandise» Photo dr

Le Délégué général Antoine Leclerc « Nous avons élargi les horizons avec gourmandise» Photo dr

Comme chaque année depuis vingt ans, le Délégué général Antoine Leclerc est à son poste. Malgré  l’appréhension des derniers réglages, il semble encouragé par la motivation du public qui s’anime déjà à l’idée du coup d’envoi.  Il y a plus de trois décennies une bande de passionnés décidait d’offrir ce grand rendez-vous du cinéma aux Alésiens en s’appuyant sur un terreau cinéphilique. Les 1 000 personnes réunis lors de la 1ère édition se sont depuis démultipliés pour concerner 48 000 personnes en 2015.

« Nous avons élargi les horizons avec gourmandise, résume Antoine Leclerc,  en conservant la volonté d’un festival de cinéma généraliste sous toutes ses formes, court, moyen, long métrage, films documentaires, fiction et ouvert sur le monde  comme l’indique son nom, Itinérances. La lettre S, est celle à laquelle nous sommes le plus attachés puisqu’elle ouvre sur les cultures lointaines et le brassage qui caractérise  notre identité. »

Inédits et films en avant première

Le succès et l’effervescence d’Itinérances tient à la qualité de ses ingrédients que sont les films inédits et les avant-premières, 70 cette année sur les 230 films programmés. Les nombreux invités de marque reçus à Alès, avec la participation complice de la population,  sont aussi un atout de poids. On attend  notamment la documentaliste néerlandaise Heddy Honigmann, le polonais Jerzy Skolimowski, l’algérien Farid Bentoumi, l’écrivain et le réalisateur français Pascal Bonitzer dont le film Tout de suite maintenant compte parmi les trois avant-premières projetées aujourd’hui.

L’arrivée du Multiplex Cineplanet, 8 salles et 1300 places implantées en coeur de ville, ne perturbera pas la destiné du festival qui investi les lieux. « Le complexe dispose d’une labellisation Art et essai étendue à toutes les salles, ce qui est rare dans le cas d’un multiplex. Cela  permettra d’améliorer le confort du public. Mais nous conservons évidemment les projections et débats au Cratère (scène nationale d’Alès) avec qui nous travaillons depuis le début, ainsi qu’avec la Médiathèque et Pôle Mécanique où se tient l’ exposition dédiée à Steve Mc Queen A toute vitesse ».

A J moins quelques heures tous les fondus du 7 arts des Cévennes, de Basse Ardèche, de Lozère, du Gard et de l’Hérault s’apprêtent à rejoindre Itinérances pour lui donner le droit de rejouer en 2017.

JMDH

Cirque et musique au coeur de l’édition 2016

19187316Compétitions de courts-métrages, programmation jeune public, hommages, concert et nuits thématiques rythment ce festival qui, depuis près de trente ans, s’est fortement ancré dans le paysage culturel régional.

Cette année la rétrospective En Piste ! est consacrée à l’art du cirque sous toutes ses coutures. Une trentaine de films sont programmés de Chaplin (Le cirque) à Blancanieves  de Pablo Berger en passant par Freaks de Tod Browning. Tous les maîtres du grand écran inspirés par l’art et le monde  du cirque seront présents Fellini, Bergman, Ophuls, Feyder, Wenders Clint Eastwood… Sans oublier les Français, de Tati et Étaix à Jérôme Descamps. La thématique se déroule en collaboration avec la Verrerie d’Alès, le pôle national des arts du cirque et l’Université Paul Valéry de Montpellier.

Cinéma et Musique
La musique, inséparable du cinéma, sera aussi de la partie avec le concert de Zen Zila qui suivra la projection de l’avant-première du film de Wahid Chaïb et Laurent Benitah Chaâba, du bled au bidonville. Itinérances élargit ses collaborations avec des festivals Montpelliérains. Jacqueline Caux présentera, au travers d’un Super Talk mêlant musique, projections, photos et paroles, l’histoire passée et actuelle des femmes chanteuses et musiciennes arabes rebelles en partenariat avec Arabesques.  Musique encore avec la carte blanche offerte à Chassol, musicien et compositeur qui fait pont entre le son et l’image en partenariat avec le festival Tropisme.

Source : La Marseillaise 18/03/2016

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