L’intime héberge l’alien libéral

Le système qui jouit de la crise vit en chacun de nous photo dr

Le système qui jouit de la crise vit en chacun de nous photo dr

Théâtre. Jean-Claude Fall met en scène Ivresse(s) de Falk Richter enrichi d’extraits de Protec me et  Play loud.

Deux pièces de Falk Richter sont à l’affiche cette semaine à Montpellier. Cela tombe bien parce que ce jeune dramaturge allemand a des choses à nous dire sur notre monde et la manière dont il entre dans nos vies.

Jean-Claude Fall et sa compagnie, La Manufacture ont intégré quelques extraits de Protect me et Play loud à la pièce Ivresse(s). Dans ce spectacle donné au Théâtre d’O, il est question des forces incontrôlables du néolibéralisme qui dérégulent les marchés, spéculent sur la faillite des Etats, et anéantissent les fondements de la politique. Au-delà de ces crises qui nourrissent une poignée de profiteurs jamais repus, l’auteur explore l’impact de ce modèle social sur les individus. La pièce met en lumière la puissance du conditionnement généralisé à l’origine de nos peurs, ambitions et états d’âme, ainsi que l’isolement auquel il conduit.

Les personnages qui peuplent la pièce renvoient le reflet d’une crise existentielle et d’une altérité empêchée, générées pour nourrir le système. Crises aussitôt pris en charge par les coachs, et autres gourous à tous les étages de la société. Jean-Claude Fall jubile dans son rôle de psychothérapeute de couple qui produit la crise dont il tire profit.

Nichée au coeur de la psyché contemporaine Ivresse(s) reflète la bataille que livre l’homme post-moderne aux images, et aux ombres qui l’entourent, redonnant un coup de jeune à la célèbre citation de Huis clos « L’enfer c’est les autres ». La mise en scène joue sur le mouvement général et permanent des personnages absorbés par les flux qui les redistribuent dans l’espace via des smartphones.

Tout n’est pas noir chez Richter on rit, et on espère dans l’effroi, trouver les moyens de résistance, d’ébranlement du système.

JMDH

Source La Marseillaise 10/03/2016

Voir aussi : Rubrique  Théâtre, Une parole urgente et sans concession, rubrique Allemagne, Une jeunesse allemande, rubrique Montpellier, rubrique Politique, Le néolibéralisme est un fascisme,

 

Théâtre. Une parole urgente et sans concession

Stephane Laudier

Stephane Laudier

Théâtre Jean-Vilar. « My secret » du dramaturge allemand Falk Richter, mis en scène par Stéphane Laudier à Montpellier les 13 et 14 mars.

Après Car tu es poussière œuvre dans laquelle Pinter aborde la Shoah, le metteur en scène Stéphane Laudier monte My secret garden de Falk Richter que l’on pourra découvrir les 13 et 14 mars au Théâtre municipal Jean-Vilar à Montpellier qui coproduit le spectacle.

Entre journal intime et autofiction l’enfant terrible du théâtre outre-Rhin mêle fiction et réalité pour livrer une vision de l’Allemagne heurtée par son passé nazi. « Âgé de 45 ans, Falk Richter appartient à la génération d’Européens d’après la chute du mur. Dans cette pièce, son écriture autofictionnelle est une mise en abîme d’où surgissent des avatars porteurs de fantasmes de son propre monde, indique Stéphane Laudier qui a lui-même longuement vécu en Allemagne. « Au premier degré, c’est un journal intime dont la forme est ironique et ludique. L’auteur livre son propre vécu comme sujet à caution. Dans le texte les rapports à l’histoire s’entremêlent. Richter affirme que les générations passées n’ont jamais réglé le problème du nazisme qui par ce fait, devient intergénérationnel. »

Pour Richter la nocivité du nazisme a perduré. « Sur ce point, il est sur une dramaturgie comparable à Fassbinder. Il évoque ses souvenirs d’enfance chargés de peur, ses dégoûts d’adolescent, et ses indignations d’adulte. En parallèle à ce rejet, il pointe l’invasion du capitalisme qui se substitue à toute forme de pensée. Beaucoup de gens qui ont toléré le nazisme sont restés au pouvoir. » Pour Falk Richter, le théâtre doit être politique. Dans sa ligne de mire : l’extrême droite, et tout particulièrement le mouvements xénophobe Pegida et le parti Alternative pour l’Allemagne qui lui ont intenté un procès pour faire annuler sa dernière pièce Fear, et l’ont perdu.

Le travail de mise en scène développé par Stéphane Laudier se concentre sur le contenu. Pour le rendre le plus suggestif possible, il place les trois acteurs (Fanny Rudelle, Vanessa Liautey, Jean-Marc Bourg) au centre, dans une logique de frontalité.

Quant à la forme de continuité que fait émerger Richter par le biais du théâtre, elle devrait permettre d’attirer notre attention sur la situation contemporaine. « Les choses sont en train de bouger. Le capitalisme est une forme de fascisme. Pasolini l’a proféré, rappelle Stéphane Laudier. Les Etats-Unis et l’Europe vivent au cœur de cette problématique. La crise agit comme une sonnette d’alarme. On est prisonnier mais les choses deviennent flagrantes. »

JMDH

Source La Marseillaise 08/03/16

10 et 11 mars à Montpellier, 1er avril au TNT de Marvejols, 12 et 13 avril à Narbonne.

Voir aussi : Rubrique  Théâtre, rubrique Allemagne, Une jeunesse allemande, Renault et la fabrication de chars pour la Wehrmacht, rubrique Montpellier, rubrique Politique, Le néolibéralisme est un fascisme,

 

hTh. Oh nuits d’young !

OHNUITS-1170x350« Et qu’en est-il du mal de crâne des adolescents d’aujourd’hui, qui vivent ici et maintenant dans le fratricide XXIe siècle, cette poubelle ensoleillée archipleine d’informations remixées et d’édifices qui tombent en lambeaux ? » interroge Rodrigo Garcia en préambule du festival pour adolescents Oh nuits d’young ! L’événement se tiendra du 5 au 13 mars à humain Trop humain et au cinéma Diagonal à Montpellier.

Au programme, trois spectacles qui mettent en scène des adolescents. Woe conçue et dirigé par Edit Kaldor évoque la violence. Dans ce spectacle, la hongroise résidant à Amsterdam, évoque la difficulté de raconter une violence subie pendant l’enfance. A quel point peut-on comprendre l’expérience de l’autre ?

Ces questions sont celles que se posent, les interprètes âgés de 16 et 17 ans de Woe donnée du 9 au 11 mars.

On n’a qu’une vie, pièce conçue et dirigée par Ana Borralho et João Galante, rapproche l’espace artistique de l’espace social en faisant intervenir des adolescents non professionnels. Il est question d’évoquer les rêves et les perspectives possibles pour la jeunesse d’aujourd’hui et de réclamer un futur ouvert (du 9 au 12 mars).

Pour Ethan, donné le 13 mars, est une pièce chorégraphique de Mickaël Phelippeau qui aborde « ce moment de la vie qu’est l’adolescence, ce moment où le corps connaît probablement les plus grands changements, les plus grands bouleversements, ce moment de transition entre l’enfance et l’âge adulte. »

Oh nuits d’young ! propose aussi plusieurs films internationaux en rapport avec l’adolescence projetés au Diagonal ainsi que des ateliers conférences et une fête pour le final.

Renseignements : www.humaintrophumain.fr

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La 10e Zone artistique temporaire sera musicale

CcdKKPkWwAAqpfvQuartier. Derrière un grand rideau rouge, Figuerolles se prépare à devenir un théâtre à ciel ouvert les 9 et 10 avril prochains pour la ZAT montpelliéraine.

En présentant hier la 10e édition de la ZAT attendue dans le quartier Figuerolles les 9 et 10 avril prochain, Philippe Saurel n’a pas résisté à mettre en regard  l’événement avec La Commune Libre de Figuerolles, épisode de démocratie participative vécu dans le quartier entre 1948 et 1962. « La Commune de Figuerolles est à l’origine des premiers spectacles de rue, a indiqué le maire de Montpellier, c’était aussi un moyen de tourner en dérision les pouvoirs publics et à travers le carnaval, un moyen pour la culture populaire de rediscuter le contrat social, artistiquement, socialement et politiquement... » A l’heure de la société de surveillance, le parallèle avec cette histoire dont notre collaborateur Thierry Arcaix*, auteur de plusieurs ouvrages sur le quartier est un spécialiste, n’apparaît pas de manière évidente. La dimension historique et populaire du quartier au coeur de cette 10e édition demeure cependant, comme l’esprit frondeur incarné par Philippe Saurel souvent de manière paradoxale, dirait Paul Ricoeur.

Les lieux poussent aux projets

La partition de la manifestation a été composée par le musicien et homme de culture marseillais Pierre Sauvageot qui se consacre depuis de nombreuses années à l’espace public. « La clé de notre travail tourne autour de deux notions : espace public et relations au contexte, a indiqué le chef d’orchestre, c’est-à-dire autour des  gens et des lieux que nous avons croisé durant les trois mois de préparation. » Le spécialiste de l’espace public entend faire de la rue du Faubourg Figuerolles la colonne vertébrale de la manifestation. Une vingtaine de propositions se tiendront durant deux jours. Dans la soirée du 9 avril une cinquantaine de musiciens se disperseront dans le parc de la guirlande plongé dans une ambiance bleutée pour faire vivre aux spectateurs une expérience musicale sensible. La ZAT sera l’occasion de découvrir le quartier fermé à la circulation. En se promenant rue Tour Gayaud on mesurera l’effervescence sonore de pas moins de onze choeurs qui prendront place tour à tour aux balcons. « Ce sont les lieux qui poussent aux projets et non les lieux qui cherchent des projets, explique Pierre Sauvageot qui confie chanter chez lui avec son frigo, dans sa cuisine présumons-nous.

Cité Gely, on passera entre les guinguettes gitanes, on festoiera en partageant son repas rue du Faubourg Figuerolles. L’installation The Speakers de Thor Mc Intyre-Burnie menée avec la complicité de la Boutique d’écriture, restituera la parole des habitants à propos de la bouillante question des réfugiés. Bien d’autres surprises et curiosités devraient donner l’envie d’aller faire un tour à Figuerolles durant ce week-end d’avril.

Pour le maire de Montpellier, Pierre Sauvageot a rempli le cahier des charges avec une grande proportion d’acteurs artistiques locaux ou régionaux et une place laissée aux acteurs du quartiers. Philippe Saurel a repris voix avec Pascal Le Brun Cordier injustement banni après avoir fait monter en puissance l’événement a-t-on appris hier. La question de la direction artistique des ZAT serait de nouveau en discutions.

JMDH

*Dans le cadre de la ZAT Thierry Arcaix, docteur en sociologie, donnera une conférence sur le quartier.

La Marseillaise 02/03/2016

Voir aussi : Actualité Locale, rubrique Festival, rubrique Montpellier, rubrique Politique, Politique Culturelle, Zat dans la tournante, Politique locale, Rubrique Société,

Ruffin, Robin des bois des classes

 Affluence au Diagonal

Affluence au Diagonal

Avant-première. Le fondateur du journal Fakir présente son film « Merci patron » au cinéma Diagonal à Montpellier.

La grande salle de 400 places du cinéma Diagonal était archi pleine lundi pour accueillir François Ruffin venu présenter en avant première son dernier film Merci Patron. La majorité de jeunes composant le public, et l’accueil franc et enthousiaste durant et après la projection du film sont de nature à faire remonter le moral des chaussettes au cerveau pour mieux se retrousser les manches.

Le film part d’un bon sentiment. Il met en scène une action sociale pour réinsérer le grand manitou de LVMH Bernard Arnault. L’homme qui, avec l’accord du gouvernement Fabius, promettait en 1983 de redresser le groupe Boussac et de sauver des emplois. Il est vrai qu’il a construit sa fortune sur l’exploitation de la vallée picarde en se débarrassant de la partie industrielle de l’empire Boussac laissant 23 000 salariés sur le carreau après avoir empoché une subvention d’un milliard de francs du gouvernement socialiste. Mais la réussite n’est pas toujours facile à vivre. Pour des raisons fiscales, en 2012 Bernard Arnault demande la nationalité belge et subit une violente charge médiatique. C’est à ce moment que le fondateur du journal Fakir décide de rétablir la justice et de réconcilier la France d’en bas et d’en haut.

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Fakir, un cailloux dans la chaussure.

La mémoire des travailleurs

François Ruffin, retourne alors dans la région sinistrée avec son camion I love Bernard. Sur place, il rencontre Jocelyne et Serge Klur, un couple licencié du groupe LVMH criblé de dettes qui risque de perdre leur maison. L’occasion rêvée pour toucher le coeur de la 4e fortune mondiale à l’occasion de l’assemblée des actionnaires de son groupe. Faire un petit geste ne pouvait mieux tomber pour Bernard qui venait de se faire épingler en train de fuir à Bruxelles comme Louis XVI l’avait fait en rejoignant Varenne. Mais parfois les choses simples empruntent un parcours un peu complexe et s’avèrent très drôles…

Désacralisation du pouvoir pris à son propre jeu, rénovation de l’action syndicale dépolitisée et ramenée à sa fonction originelle, rétablissement d’un rapport de force entre le capital et le travail que la gauche a abandonné, ce film fait du bien et redonne du sens à l’action. L’auteur des Petits soldats du journalisme mais aussi de La guerre des classes combat le mécanisme structurel de la domination de classe avec conviction en partant de réalités concrètes. Une lucidité qui ne l’empêche pas d’être drôle et efficace. Lorsqu’il se livre à une analyse politique de son film, Ruffin se définit lui-même comme un petit bourgeois, et en tant que tel, un maillon intermédiaire devant rallier la classe populaire pour contraindre les classes les plus hautes au changement. « Le véritable enjeu c’est de restaurer un rapport de force », explique-t-il à la salle restée pleine pour le débat.

JMDH

Merci Patron sur les Ecrans le 24 février 2016

Source : La Marseillaise 03 01 2016

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