Avant-première. Le fondateur du journal Fakir présente son film « Merci patron » au cinéma Diagonal à Montpellier.
La grande salle de 400 places du cinéma Diagonal était archi pleine lundi pour accueillir François Ruffin venu présenter en avant première son dernier film Merci Patron. La majorité de jeunes composant le public, et l’accueil franc et enthousiaste durant et après la projection du film sont de nature à faire remonter le moral des chaussettes au cerveau pour mieux se retrousser les manches.
Le film part d’un bon sentiment. Il met en scène une action sociale pour réinsérer le grand manitou de LVMH Bernard Arnault. L’homme qui, avec l’accord du gouvernement Fabius, promettait en 1983 de redresser le groupe Boussac et de sauver des emplois. Il est vrai qu’il a construit sa fortune sur l’exploitation de la vallée picarde en se débarrassant de la partie industrielle de l’empire Boussac laissant 23 000 salariés sur le carreau après avoir empoché une subvention d’un milliard de francs du gouvernement socialiste. Mais la réussite n’est pas toujours facile à vivre. Pour des raisons fiscales, en 2012 Bernard Arnault demande la nationalité belge et subit une violente charge médiatique. C’est à ce moment que le fondateur du journal Fakir décide de rétablir la justice et de réconcilier la France d’en bas et d’en haut.
La mémoire des travailleurs
François Ruffin, retourne alors dans la région sinistrée avec son camion I love Bernard. Sur place, il rencontre Jocelyne et Serge Klur, un couple licencié du groupe LVMH criblé de dettes qui risque de perdre leur maison. L’occasion rêvée pour toucher le coeur de la 4e fortune mondiale à l’occasion de l’assemblée des actionnaires de son groupe. Faire un petit geste ne pouvait mieux tomber pour Bernard qui venait de se faire épingler en train de fuir à Bruxelles comme Louis XVI l’avait fait en rejoignant Varenne. Mais parfois les choses simples empruntent un parcours un peu complexe et s’avèrent très drôles…
Désacralisation du pouvoir pris à son propre jeu, rénovation de l’action syndicale dépolitisée et ramenée à sa fonction originelle, rétablissement d’un rapport de force entre le capital et le travail que la gauche a abandonné, ce film fait du bien et redonne du sens à l’action. L’auteur des Petits soldats du journalisme mais aussi de La guerre des classes combat le mécanisme structurel de la domination de classe avec conviction en partant de réalités concrètes. Une lucidité qui ne l’empêche pas d’être drôle et efficace. Lorsqu’il se livre à une analyse politique de son film, Ruffin se définit lui-même comme un petit bourgeois, et en tant que tel, un maillon intermédiaire devant rallier la classe populaire pour contraindre les classes les plus hautes au changement. « Le véritable enjeu c’est de restaurer un rapport de force », explique-t-il à la salle restée pleine pour le débat.
JMDH
Merci Patron sur les Ecrans le 24 février 2016
Source : La Marseillaise 03 01 2016
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